Lanty (Lanteium, Lantelleium) est situé sur une colline à peu de distance de la rive gauche de l'Aube, Haute-Marne, canton de Châteauvillain, population : 590 habitants; en 1750, 112 feux et 345 communiants.
L'étymologie du nom de Lanty, l'origine de ce village se perdent, l'une dans l'obscurité grammaticale la plus inextricable, l'autre dans la nuit des temps. Il faut renoncer au plaisir de savoir ce qu'était primitivement Lanty, le temps ayant fait disparaître toutes les sources auxquelles on aurait pu puiser, et rien ne pouvant les remplacer.
Ce pays était autrefois du doyenné de Châtillon, du parlement de Paris, du baillage de Chaumont pour la partie où était le château, et du baillage de Langres pour le reste ; généralité de Châlons, élection de Bar-sur-Aube, maîtrise de Chaumont, grenier à sel de Mussy. L'évêque de Langres avait seul et sans partage la haute justice, excepté les hommes du prieuré qui étaient justiciables dudit prieuré et du comte de Champagne [2] . L'abbé de Clairvaux était décimateur; celui de Molême présentait à la cure et l'évêque conférait.
L'église paroissiale, sous le vocable de saint Laurent, n'offre aucun intérêt pittoresque ou archéologique.
La chapelle du château, dédiée à sainte Catherine, était un bénéfice à la nomination du seigneur.
Le prieuré de Lanty, qui fut fondé sous le titre de saint Sulpice, en 1076, par le B. Simon de Valois, comte de Bar-sur-Aube, dépendait de l'abbaye de Montiéramey[3] . La chapelle de ce couvent fut démolie en 1750, et le titre transféré au maître-autel de l'église de la paroisse.
Lanty, éprouva de grands désastres aux XIVe et XIe siècles, de la part des bandes de pillards ou de soldats indisciplinés qui se ruaient sur tous les villages, les pillaient et les ravageaient. Le lorrain Brocard de Fénestrange avec sa soldatesque affamée et sans frein, puis les grandes compagnies vinrent appesantir sur lui leur main de fer. Il fut réduit à une extrême misère, en 1443, par les fréquentes incursions des garnisons de Châteauvillain et de Chaumont. L'indiscipline des troupes était alors intolérable ; elles se livraient au pillage comme sur un pays ennemi.
Dans nos recherches sur Lanty, nous avons découvert plusieurs pièces où on lit ce qui suit :
En 1272, l'évêque de Langres achète de Guillaume de Vanre, ce qui lui revenait de la succession de Geoffroy, sire de Lanty.
En 1275, le pape Grégoire X [4] , par une bulle, prie le seigneur évêque de Langres de dispenser le roi de Sicile et Marguerite, sa femme, comtesse de Tonnerre, de venir en personne lui faire les foi et hommage des comtés de Tonnerre et de Lanty.
En 1286, Guillaume de Lanty [5] engage au seigneur, évêque de Langres, pour de l'argent à lui prêté, le quart du four et autres droits à Lanty ; ce Guillaume s'était croisé pour la Terre-Sainte.
En 1292, Hugues de Saint-Fraigne engage, de concert avec sa femme, sa portion de la terre et seigneurie de Lanty, à l'évêque de Langres.
En 1574, Joachim de Chatenay achète une partie de la seigneurie de Lanty, mouvante de Laferté-sur-Aube et de l'évêque de Langres à cause de Mussy.
En 1584, M. de Lanty rend foi et hommage de sa seigneurie mouvante du château et marquisat de Mussy.
Selon d'autres sources citées en référence
De la famille de Chastenay (XIIIe siècle) aux Coligny (XVIIe siècle).
En 1288, Emard de Chastenay reprend en fief de l'évêque de Langres la terre de Lanty, et son petit-fils Jean fonde avec sa femme Marguerite de Saffre, le 6 juin 1396, une chapelle dans la cour du château, sous l'invocation de la sainte Vierge et de sainte Catherine[6][7][8].
Charles de Coligny né en 1564, converti à la foi catholique, époux d'Humberte de Chastenay et fils de l'amiral Gaspard de Coligny assassiné lors de la Saint-Barthélemy, meurt au château le 27 janvier 1632.
Celui-ci est acheté en 1680 par Louise, Françoise de Rabutin, fille de Roger de Rabutin, comte de Bussy, lieutenant-général des armées de Louis XIV, tombé en disgrâce suite à des écrits peu aimables à l’encontre des puissants du jour.[9]
En 1675, âgée de trente-cinq ans, Mlle de Bussy avait épousé Gilbert Allire de Langeac, comte de Dalet, marquis de Coligny, Le mari est tué l’année suivante, au siège de Condé-sur-l'Escaut . Un fils, Roger-Marie de Langeac nait de cette union.
Jeune veuve, Louise retourne au logis paternel ou elle tombe amoureuse d’un ami de celui-ci : Henri‑François de la Rivière, ancien aide-de-camp dans les armées du roi. Elle l’épouse sans autorisation paternelle et, pour échapper à sa colère, elle s’installe au château de Lanty.
Le père voulut annuler le mariage, et un procès mémorable s’ensuivit dont le bruit se fit entendre jusqu’à la cour de Louis XIV[10][11].
Cadastre de 1806 : Le château de Lanty
XVIIIe siècle : des Bussy-Rabutin aux familles Huché et Frécot.[12]
Après la mort du comte de Bussy-Rabutin, Louise, sa fille, reste propriétaire de la seigneurie de Lanty jusqu'en 1699. Son fils Roger-Marie de Langeac prend sa succession.
En 1717, la seigneurie est vendue à messire Hubert Huché, conseiller du roi, le 19 mars 1720, qui de ce jour en prend le nom et titres.
Angélique-Marie, fille unique d'Hubert Huché, épouse en 1741 en l'église Saint Nicolas des Champs à Paris, à l'âge de 16 ans, Jacques Frécot, à qui elle apporte en dot la terre et baronnie de Lanty.
A la mort de son fils qui succède à celle de sa femme, Jacques Frécot vend les fiefs et baronnie de Lanty en 1758 à Antoine Marque du Coin qui avait épousé Jeanne Huché, cousine germaine de sa femme.
En 1762, Alexandre François Marque, baron de Lanty, né à Paris le 21 mars 1754, encore mineur, succède à son père décédé à l'âge de quarante-cinq ans.
Le 6 novembre 1781 a lieu la bénédiction de la nouvelle église de Lanty par l'abbé Alexandre le Brun, marquis de Dinteville, vicaire général du diocèse de Metz.
L'église dédiée à Saint Laurent, fut construite sur un terrain donné par le châtelain en remplacement de l'ancienne église aujourd’hui disparue. Elle se trouvait dans l’enceinte du cimetière.
Le château de Lanty après la Révolution
Au début de l'Empire, l’ancien château se trouve dans un état lamentable. Le plan cadastral de 1806, montre qu’il s'étendait jusqu'aux douves, à l'exception d'un carré de jardin (voir plan ci-contre ; les bâtiments apparaissent en rose). L'entrée, munie d'un pont-levis, se trouvait au sud, là où le fossé a été comblé. La façade avait environ 28 mètres de largeur. La partie est du château, le long des douves, devait être imposante. Sa longueur était de 50 mètres, l'ensemble de l'édifice occupant une surface proche de 1000 m2, sans compter les étages dont nous ne savons rien.
En 1807, l’ancien château est rasé. Le baron Alexandre de Lanty[13] fait construire au même emplacement une gentilhommière de dimensions beaucoup plus modestes. Juge au tribunal de 1ère instance de Chaumont [14] , il décède en 1831.
En 1863, le château est acheté par l'abbé Claude, Joseph Drioux, (1820-1898) personnalité de premier plan au XIXe siècle. Ordonné prêtre en 1843, il devient rapidement célèbre par ses écrits. Traducteur de la somme théologique de saint Thomas d'Aquin (1854), ses manuels scolaires connaissent une vogue immense pendant plus de trente ans. Retiré à Lanty, il y décède le 13 mai 1898 et repose au cimetière du village.[15]
Héraldique
D'or au coq hardi de sinople, crêté, becqué, barbé et membré de gueules, accompagné de trois roses de gueules, deux en chef et une en pointe (armoiries des Chastenay).
Le 15 avril 1776, Edmé Joseph Aubert établit un devis pour la reconstruction entière de l’église. Il est validé par Nicolas Lancret, architecte des Eaux et Forêts.
Les décimateurs de Lanty-sur-Aube sont les moines de Clairvaux.
Les travaux ont été confiés à Antoine Brigonnet, entrepreneur à Chaumont et débutés en 1778.
La première pierre, posée par la baronne châtelaine du lieu, Jeanne HUCHÉ, fut bénie le 14/05/1779 par Nicolas SEUROT, prêtre.
Les ouvrages ont été réceptionnés le 24 mai 1782 [16] .
Affinerie
Au lieu-dit "La Forgeotte". Affinerie devenue grange [17] .
Domaine de Beaumont
Vue d'ensemble du Domaine de Beaumont depuis l'Est C. PIEMINOT
Coutumièrement appelé "La Ferme de Beaumont", ce domaine présente des caractéristiques géographiques et administratives particulières. Son territoire (forêt comprise) est en effet partagé entre trois communes, Cunfin au nord, Riel-les-Eaux au sud et Lanty-sur-Aube à l'est, relevant chacune d'un département différent : l'Aube, la Côte-d'Or et la Haute-Marne. Cette situation originale ne résulte pas d'une évolution récente mais d'une longue hésitation entre Champagne et Bourgogne.
... La Ferme de Beaumont était autrefois nommée Beaumont-l'Abbaye. Le premier titre où nous ayons vu Beaumont cité est de 1164; c'est une transaction par laquelle un prieur de Laferté-sur-Aube, nommé Matthieu, cède aux moines de Clairvaux un cens annuel de 3 sous sur les bois de Cruchemont. Cette ferme est construite dans une vallée spacieuse et agréable ; elle est entourée de forêts giboyeuses et très bien située pour la chasse. Ses bâtiments sont partie sur Cunfin et partie sur Riel-les-Aulx. Les limites des deux finages traversent la cour. Cette propriété, qui est considérable et dont les revenus étaient de 1 500 livres, appartenait à l'abbaye de Clairvaux. Elle a été vendue par la nation au commencement de la Révolution ; elle a passé successivement entre les mains de plusieurs acquéreurs. Elle a appartenu pendant environ quarante ans, à M. Viesse-de-Marmont, maréchal de France, duc de Raguse, qui y faisait assez souvent acte de présence aux temps de la Restauration. Cette ferme possédait une chapelle placée sous l'invocation de saint Georges. Le curé de Cunfin y célébrait la messe une fois par semaine [18] .
Repères géographiques
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
538
613
570
553
591
658
643
590
614
479
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
457
439
413
394
385
355
329
292
255
273
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
239
215
191
205
182
160
193
185
163
156
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
153
146
146
139
128
125
114
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Probablement de 1790 à 1792 ; Maire de Lanty en 1791 à la date de son mariage.
Nicolas CORNET
An 9 - 1807
VIRLON
1807 - 1812
Louis Jean Marie DUBUAT
1813 - 1830
Pierre François TRIDON
1831 - 1840
François NOIROT
1840 - 1848
Jacques DUPONT
1848 - 1850
Auguste CHAUFOUR
1851
Laurent COLLIGNOT
1851 - 1852
François NOIROT
1853
Joseph COLLOMB D’ARCINE
1854 - 1864
Nicolas GÉRARD
1864
Premier membre du Conseil municipal remplissant, à défaut du Maire démissionnaire et de son adjoint décédé, les fonctions d’Officier de l’état-civil de Lanty-sur-Aube
Fait une fondation à la chapelle du cloître de Saint-Mammès
Antoine DE SAVARY
1516
Arnoul D’AUBIGNY
1516
Vicaire
LÉPARGNEUR
1540
Pierre PERROT
1558
Vicaire
Philippe DE CHASTENAY
1560
Sous doute parent du seigneur de Lanty
Pierre PAQUOT
1560
Vicaire
Jacques DUPOISSON
1669 - 1693
Sans publication de bans, ni dispense de l’ordinaire, il maria le 19 juin 1681, la dame du lieu, Louise DE RABUTIN, veuve du marquis DE COLIGNY, avec Henri François DE LA RIVIERE. Ce mariage, attaqué par la famille DE RABUTIN, fut déclaré valide par arrêt du 16 mai 1684 - Meurt en 1693
Dit Emile - Né le 30/04/1873 à Orges (52) - Fils de François Didier, vigneron, et de Justine Marceline DUPRÉ - Recensements population 1901, 1906, 1911, 1921, 1926, 1931 et 1936 - Décédé le 10/12/1952 à Lanty-sur-Aube
Fils de François, marchand négociant, et de Marie Anne PLIVARD - Capitaine au 22e Régiment d’Infanterie Chevalier de la Légion d'Honneur par Décret du 15/04/1846 → Base Leonore - Dr LH/27/11
Patronyme orthographié BELIARD dans l’acte de baptême - Fils de Pierre, vigneron, et de Marguerite BEAUVALLET - Sergent de Grenadiers à pied Chevalier de l’Ordre royal de la Légion d'Honneur par Décret du 21/02/1814 → Base Leonore - Dr LH/165/43
Fils de Jean, forgeron marteleur, et de Marie JEANNOT - Lieutenant-colonel à la Légion de la Haute-Marne Officier de l’Ordre royal de la Légion d'Honneur par Décret du 17/03/1815 → Base Leonore - Dr LH/1253/83
Paul CHAULOT le 24/03/1914.
Commissaire de police. Poète et écrivain français.
Alors auteur de « Disque incolore » et « Attaque à main armée », le prix de poésie « Guillaume Apollinaire » lui est décerné en 1950 pour son recueil « Contre-Terre » [21] .
Il décède le 19/12/1969.
Sa maison natale fut acquise par la commune pour être réhabilitée en l'actuelle mairie.
Protonotaire apostolique (ordonné prêtre en 1843). Vicaire général du diocèse de Langres. Professeur d'histoire ecclésiastique au grand séminaire de Langres puis de philosophie à Paris. Auteur de manuels scolaires qui connurent une grande vogue.
Egalement réputé pour ses activités dans les domaines cartographique et géographique [22] .
↑Lanty-sur-Aube (Haute-Marne) Pages 125 à 127 de la Notice Historique sur le Bourg de Cunfin par l'abbé Maurice Tynturié (Gallica - Bibliothèque Nationale de France)
↑DE LANTY Fichier Chandon aux Archives Départementales de l'Aube
↑"Histoire de la seigneurie et de la ville de Châteauvillain" par l'abbé Nicolas Charles Didier, membre de la Société historique et archéologique de Langres, (1881). Nouveau tirage limité de décembre 2001 par "Le Livre d'histoire" : monographies des villes et villages de France.
↑"Châteauvillain en Champagne de Jacques Desormeau et Paulette Rumeau : pages 259-261. Dominique Gueniot, imprimeur-éditeur ; Langres 1981
↑"La Haute-Marne ancienne et moderne" Dictionnaire géographique, statistique, historique et biographique de ce département, par Emile Jolibois ; Chaumont 1858.
↑« Bussy-Rabutin Grand Seigneur disgracié » : Revue des Deux Mondes (1829-1971) du 15 janvier 1958, pages 316 à 326.
↑« Histoire généalogique de la maison de Coligny », par Roch de Pillot de Coligny (Axor-Danaé éditeur).
↑"En flânant à travers la France : Bourgogne, Bourbonnais, Velay et Auvergne" par André Hallays. Librairie Académique Perrin : 1912.
↑ 12,0 et 12,1Registres paroissiaux et d'état-civil (Lanty-sur-Aube, Chaumont, Langres...)
↑"Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres" du 15 novembre 1935, page 46.
↑"Alexandre-François Marque de Lanty : "La franchise députée par la vérité" : Imprimerie Cousot ; Chaumont 1814.
↑Liste des ouvrages écrits par l'abbé Drioux utilisée au Québec, avec notice biographique : www.bibl.ulaval.ca/ress/manscol/auteurs/auteursd.html.