52093 - Les sorciers - Chalindrey

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Les sorciers de Chalindrey

On donne le nom de "sorciers" à des gens qui, avec le secours des puissances infernales, peuvent opérer des choses extraordinaires, surprenantes, surnaturelles même, en un sens. Ce n’était en général que des imposteurs, des charlatans, que des fourbes, des maniaques, des fous ou des vauriens qui désespéraient de donner quelques importants par leur propre mérite, se rendaient remarquables par les terreurs qu’ils inspiraient. C’était des bandits qui prenaient un masque diabolique pour faire le mal. La plupart de leurs sortilèges étaient des empoisonnements et leurs sabbats d’affreuses orgies. C’était encore des restes de bandes hérétiques, conduites d’aberration en aberration jusqu’à l’adoration du démon.

Chez tous les peuples on trouve des sorciers. Il y en avait trente mille à Paris du temps de Charles IX. On les chasse de la ville. On en comptait plus de cent mille en France sous le roi Henri III. Chaque ville, chaque bourg, chaque village avait les siens. Il n’est donc pas étonnant que Chalindrey ait eu aussi ses sorciers.

C’était généralement des familles de provenance étrangère auxquelles se joignent par alliance mariage ou autrement, les mauvais sujets du pays. Ils étaient capables de tous les forfaits aussi les craignait-on dans tout le voisinage. Pour obtenir ce qu’ils demandaient, rencontrer plus facilement les honnêtes gens et se mettre à l’abri des poursuites, ils inspiraient une terreur superstitieuse, en publiant qu’ils avaient à leurs ordres certains démons familiers par le moyen desquels ils opéraient des choses surhumaines. On les redoutait à tel point qu’on n’osait rien leur refuser et qu’on allait même au devant de leur moindre désir.

Plusieurs, afin de piller plus à leur aise les troupeaux et les fermes, se déguisaient en chiens et en loup et sous cette forme étrange se livraient aux plus grands désordres. Un certain nombre de ces misérables, trompés eux-mêmes par des écrits diaboliques, qui leur promettaient sécurité et réussite en tout, parvenaient à se procurer de la graisse ou des membres d’enfants, violaient les sépultures, les profanaient et quelque fois allaient jusqu’à égorger de pauvres petites créatures qu’ils attiraient dans leur repaire.

Toutes ces atrocités furent commises à Chalindrey. Il ne faut pas s’étonner si la justice ouvrant enfin les yeux poursuivit de telles abominations. On commença sous Henri IV à faire les procès à tous les sorciers ; on continue sous Louis XIII, mais leur nombre ne diminua que sous Louis XIV. Pour ce qui regarde Chalindrey en particulier, quelques personnes en 1598 furent accusées du crime de sorcellerie mais comme à cela se rattachaient toutes les horreurs dont nous venons de parler, elles furent condamnées.

L’un des sorciers se nommait Clément RABIET ; il fut étranglé, pendu, brûlé et ses biens furent confisqués. L’exécution fut faite à Chalindrey même, entre le village et les Archots sur une petite éminence qu’on appel encore aujourd’hui Les Fourches. RABIET avait pour complice un paysan du Pailly et sa femme, celle ci échappa au supplice ayant prouvé par témoin un alibi. RABIET fut condamné à faire amande honorable devant l’église de Chalindrey, tête nue tenant une torche ardente et à genoux crier merci à Dieu au roi et aux Sieurs du chapitre du forfait sortilège et maléfice par lui commis abjurant les dits crimes et toutes les communications qu’il aurait eu avec le diable ennemi du genre humain, qu’il s’en repent et prie humblement Dieu créateur lui vouloir pardonner et le recevoir en sa sainte grâce et miséricorde. Pour ce fait, être conduit en la place ordinaire à faire exécution, lié, attaché et étranglé à un pilier ou poteau qui sera à cet effet dressé tant que mort s’en suive et puis son corps est brûlé et réduit en cendres et ses biens confisqués.

C’est par le doyen du chapitre que le procès fut intenté et Pierre CLERGET du Pailly, le complice de RABIET, subit le même supplice. Ces procès ont eu un certain retentissement, et là vint la dénomination de sorcier de Chalindrey. Les descendants des individus incriminés quittèrent le pays en grandes parties ; ceux qui restèrent ne trouvent pas à s’allier avec les familles honorables, épousèrent généralement des personnes perdues de réputation et perpétuèrent ainsi une génération sinon de sorcier au moins d’êtres immoraux, impies et voleurs qui ne cèdent en rien à leurs malheureux ancêtres et ne cherchent pas à faire oublier leur origine.

Quelques auteurs qui ont écrit sur la Haute-Marne, ont avancé que les sorciers tenaient leurs réunions, leurs sabbats, au Foultot et que son nom lui est venu d’un certain diablotin connu dans nos campagnes sous la dénomination de Foulteus ; mais cela est faux, car la tradition place ces prétendues assemblées au-dessus du Cognelot et tout le monde sait que le Foultot tire son nom des foulons que le chapitre de Langres et les moines de Saints-Geosmes possédaient sur le ruisseau qui coule en cet endroit.

La croyance aux sorciers et aux sorts est encore vivace dans certaines têtes et malgré le ridicule, on redoute les magiciens et on consulte les devins.

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