Port-Bail-sur-Mer est une commune du Cotentin dans le département de la Manche (Région Normandie) ; sa nouvelle appellation de commune vient de la fusion des communes de Portbail, Denneville et Saint Lô d'Ourville le 1er janvier 2019.
Portbail est située sur la Cote des Isles, face aux îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey.
Des vestiges maçonnés de l'époque gallo-romaine, parmi lesquels un établissement thermal des Ier-IIIe siècles ont été mis au jour par une équipe de l'Inrap en 2017 au lieu-dit Le Genestel, avec leur système d'égouts pour la vidange des piscines et baignoires.
Durant la Guerre des Gaules, en 596 avant J.C., Jules César vainc et soumet les habitants à son autorité, Portbail devient alors une station romaine Grannonum .
Suite aux invasions wiking, Portbail devient le siège d'une abbaye, propriété d'Adèle de France, épouse de Richard III.
Au XIe siècle, construction de l'église Notre Dame.
En 1235, Louis IX s'approprie le village de Gouey qui a fusionné aujourd'hui avec Portbail.
Entre 1337 et 1423, Portbail sera un point stratégique pendant la Guerre de Cent Ans.
En 1862, la cale d'embarquement est réalisée sur le port La Caillouterie.
En 1876, la construction du pont aux 13 arches et de sa route ont permis de relier la plage et le bourg.
En 1889, la compagnie des Chemins de fer ouvre la gare de Portbail.
Le 18 juin 1940 Portbail est occupé par l'armée allemande, plus de 1 500 soldats ennemis occupent le village, soit un Allemand pour un habitant. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, Portbail est survolé toute la nuit par des avions de la 101e Airborne faisant de ses habitants les premiers témoins du débarquement allié en Normandie. Le 16 juin 1944, avec l'avancée américaine, Portbail se retrouve sous un bombardement de feu de l'aviation et l'artillerie américaines, les habitants doivent fuirent dans les hameaux voisins.
Témoignage d'un libérateur du 357e régiment
Le 18 juin 1944, le 357e Régiment de la 90e Division américaine doit tenir la ligne de front Portbail/Saint Lô d'Ourville face aux offensives allemandes ; pendant les 15 jours de combats le 357e aura 127 hommes tués, 105 prisonniers et 250 blessés. Portbail est détruit à plus de 75 % et brûle pendant plus de 8 jours. Entre le 25 et le 28 juin 1944 les Allemands réquisitionnent les hommes de Denneville et Varreville et les emmènent de force dans le Sud du département. Ils en reviendront trois semaines plus tard. Le 1er juillet 1944, la 90e Division contrôle le secteur et les habitants reviennent progressivement dans le village. Le 4 juillet Denneville, Portbail et Saint Lô d'Ourville sont libérés. Le 4 juin 1944, les généraux Dwight Eisenhower et Omar Bradley se rendent au camp de la 79e Division d'Infanterie près du Haut de Gris à Denneville pour faire un point sur l'offensive lancée la veille vers la Haye du Puits.
Le 11 novembre 1948, la commune se voit attribuer la Croix de guerre.
Héraldique
D'azur au chevron abaissé d'or, accompagné en chef de trois étoiles du même rangées en chef et en pointe d'un fer de lance d'argent.
Sous l'ancien Régime, la paroisse de Gouey relevait du bailliage de Saint-Sauveur-le-Vicomte secondaire du bailliage de Cotentin, celle de Portbail du bailliage de Valognes secondaire du bailliage de Cotentin. Les deux paroisses dépendaient de l'élection de Valognes, de la généralité de Caen. Elles dépendaient de la sergenterie de Beaumont.
Le 1er janvier 2019, les communes de Portbail, Denneville et Saint-Lô-d'Ourville fusionnent. Ces communes donnent naissance à la commune de Port-Bail-sur-Mer qui prend le statut administratif de commune nouvelle [1]. Son chef-lieu est fixé au chef-lieu de l’ancienne commune de Portbail. Les 3 anciennes communes deviennent des communes déléguées.[2]
Canton - 1801-1962 : Barneville--> 1962-1964 : Barneville-sur-Mer--> 1964-2015 Barneville-Carteret--> 2015-2018 : Les Pieux
Commune - 1801-2018 : Portbail
Résumé chronologique :
1801-.... :
Patrimoine bâti
Portbail fait partie des communes du Cotentin riche en monuments avec :
- 5 églises : 2 églises Notre Dame (celle au bord du havre et celle d'Ourville), Saint Rémi, Saint Lô et Saint Martin ;
- une chapelle Saint Siméon ; un ancien prieuré de l'abbaye de Lessay également au bord du havre ; un baptistère paléo-chrétien du VIe siècle (découvert en 1956 lors de travaux à l'école primaire)
- trois châteaux : Denneville, Olonde, Omonville
- des manoirs : le Parc, le Dicq, la Comté, Lanquetot et Montfiquet
- de nombreuses maisons rurales dont le remarquable ensemble du hameau Au Bel
- des ouvrages portuaires du XIXe, dont la cale de la Caillouterie et sa jetée submersible en pierres sèches debout, et le pont des 13 arches.
Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame
Eglise Notre Dame Photo : V.Brossier
L'église Notre Dame est le plus ancien monument religieux de Portbail datant de l'époque romane. Les chartes de l'abbaye de Saint Wandrille font état de l'existence de Portbail au VIIe siècle et d'un monastère qui aurait été détruit par Les Normands en 856. C'est ce monastère restauré en 1026 qu'il convient d'attribuer l'origine à l'église Notre Dame.
Elle se dresse au bord du havre et à une allure de forteresse avec sa tour couronnée de créneaux et machicoulis.
La tour est caractéristique des XVe siècle et XVIe siècle, elle est complétée par une flèche pyramidale, d'un transept et d'un porche orienté du côté méridional. Cette tour a servi, au fil du temps, de tour de guet, de garde pour la défense, de caserne et de nos jours elle sert de point de repère pour les bateaux entrant dans le port.
Elle fut donnée à l'abbaye de Lessay en 1056 par le fondateur, Richard dit Turstin-le-Haudu, mais non intégralement et sans charges, car Anquetil de Claids, Robert, son fils, et Alix, sa fille, complétèrent la donation un demi siècle plus tard en donnant les dîmes, les aumônes et en supprimant toutes les redevances. L'abbaye fonda à une époque postérieure un prieuré ; en 1279, il n'y avait pas de moines, et on n'y donnait pas l'hospitalité, ajoute le Livre-Noir[3].
À l'intérieur, l'église a gardé sa charpente en bois du XVe, ses chapiteaux romans du XIIe siècle, plusieurs statues polychromes du XVIe ainsi que des dalles funéraires. Original par sa forme octogonale, le baptistère datant du VIe siècle, est le seul connu au nord de la Loire. Une seule de ses verrières est figurée et représente Le Cœur Immaculé de Marie ; les autres, réalisées en 1990 de style abstrait, sont l'oeuvre de Sylvie Gaudin.
L'église a été désacralisée en 1909 lors de la fusion avec l'église Saint Martin de Gouey ; elle sert régulièrement de lieu d'exposition et de concert.
L'église Notre Dame est classée aux Monuments historiques, ainsi que de nombreux objets contenus à l'intérieur [4]
Église Saint-Martin du Gouey
Église Saint-Martin. Photo C. Belliere
L'église Saint-Martin, église du Gouey jusqu'en 1818, est l'actuelle église paroissiale des deux communes qui ont fusionné (en 1909). Elle était à la présentation de l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Les deux paroisses dépendaient, sous l'ancien régime, du diocèse de Coutances, de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Barneville.
L'église Saint Martin du Gouey a été incendiée dans la nuit du 16 au 17 juin 1944 lors des bombardements de l'aviation alliée ; l'église a été rendue au culte en 1956.
Le clocher avec sa toiture à bâtière et sa fenêtre à lancette datent du XV ou XVIe siècle. Le mur Nord de la nef a gardé ses modillons romans tels que les têtes de grotesques, et d'animaux ainsi que les motifs géométriques.
Chapelle Saint-Siméon Styliste
Chapelle Saint-Siméon Photo : V.Brossier
Saint Siméon Styliste est un ermite connu pour guérir les affections dermatologiques et verrues plantaires, il est vénéré dans la Manche et en particulier à Portbail. Il est né vers 398 et mort vers 459 ; il vit reclus au fond d'un puits pendant de longues années dans la région d'Antioche, puis il s'enchaîne sur une colonne chaque fois de plus en plus haute jusqu'à atteindre 16 mètres, tout en évangélisant et conversant avec les païens.
La chapelle du XIVe siècle semble avoir été construite sur les base d'un édifice du XIIe siècle. Elle servait alors de culte paroissial pendant la semaine. Au XVIIe siècle, elle est entretenue par les sieurs de La Valette, les Rossignol, et administrée par le curé de Notre-Dame de Portbail comme annexe. On y célébrait tous les dimanches et "fêtes d'apôtres" les matines , la messe et les vêpres.
En 1791 elle est vendue comme bien national, puis rouverte au culte en 1804.
En juillet 1944 elle subit de gros dégâts pendant les bombardements de juillet : toiture partiellement soufflée, vitraux détruits. La toiture ne sera refaite qu'en 1947.
La chapelle possède plusieurs objets classés :
M. MICLOT, La petite histoire de Portbail, Imprimerie commerciale, Cherbourg, 1970, 84 p. Reprend les articles de Robert Asselin dispersés dans le bulletin paroissial entre les deux guerres.