50082 - Bricquebec -annuaire1833

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Bricquebec est un gros bourg situé presque au milieu de la forêt de ce nom, à 3 lieues de Valognes, 3 de la mer, 6 de Cherbourg ; connu par les grosses toiles, draps et droguets qu’on y vend dans les foires et marché ; rénommée pour ses jambons ; ayant une petite manufacture de dentelles et un hopital. Il existe des fabriques de sabots et menus meubles en bois dans la forêt, où il y eu même autrefois de grosses forges, qui furent abandonnées sans motif connu. Cet abandon s’explique d’autant moins que les hommes de l’art ont remarqué les affleurements les plus flatteurs de charbon de terre ; des grès composés de quartz brisés, arrondis, agglutinés avec le mica et le schorl, déposés par couches très régulières ; du schiste par lits parallèles et alternants avec le grès ; veines d’argile noire, mélées de géodes ferrugineuses. On assure dans le pays qu’il a été extrait près de Bricquebec et de sa forêt, du charbon de terre à peu de profondeur. On y a remarqué aussi quelques indices de mines de fer, et soupçonné du minerai de cuivre et même d’argent. On y voit un puit qui fut creusé pour en tenter l’exploitation au ccommencement du XVIIème siècle. On y trouva des paillettes de différentes couleurs, très brillantes : elles annoncent l’arsenic ; ce n’était peut-être que du mica.

La couche végétale des terrains des environs de Bricquebec est un peu grumeleuse, parce qu’elle est assise sur un lit de schiste dont la première couche, qui est à peu de profondeur, est faible. Nouvellement extraite de la carrière, sa couleur est d’un violet foncé qui prend à l’air une cou leur rougeatre. Les lames sont trop épaisses et les fils trop irréguliers pour qu’on s’en serve comme ardoises. Dans la forêt, il y en a d’une couleur bleuatre, on l’emploie quelquefois, mais elle est de médiocre qualité. On trouve au village de Saint-Martin, une carrière de sulfate de Baryte ou spath pesant.

Près du bourg est une fontaine minérale qui fuit dans le schiste noir et pyriteux ; une autre à une demi-lieue de distance, dans la forêt, sort d’un rocher de pierre calcaire ; elle est peu fréquentée.

Une notice manuscrite attribue à un certain Marc-Varron, favori de César, la fondation de Bricquebec, sur l’étymologie duquel les esprits sont encore partagés. M. de Gerville pense que ce nom dérive du celtique et signifie bois près d’un ruisseau.

Le vieux château-fort de Bricquebec, quoique en grande partie démoli, présente encore des ruines imposantes et d’un effet très pittoresque. Il est situé au milieu du bourg, au bas de la place des Buttes, dans un lieu peu élevé, et près d’un ruisseau dont les eaux remplissaient les fossés qui entourent cette forteresse. Son enceinte était à peu près circulaire. La partie la plus remarquable était un donjon de plus de 80 pieds de hauteur, d’une grande largeur, terminé par une plate-forme qu’une voûte soutient et d’où l’on peut découvrir tout le pays. Ce donjon de la figure d’un codécagone, et dont les murs sont d’une grande épaisseur, communiquait par un rempart élevé à une tour carrée où est placée l’horloge, et sous laquelle est la porte d’entrée du château, devant laquelle furent jadis un pont-levis et un fort. L’enceinte était encore défendue par six tours d’une grande solidité. M. de Gerville peense que la majeure partie des batiments de ce château date du XIV° la fin du XVI° siècle ; on remarque dans la cour des colonnes du XI° siècle.

Le premier seigneur de Bricquebec fut un parent de Rollon, nommé Anslech, dont les descendants, qui prirent le nom de Bertrand, possédèrent cette baronnie jusqu’au milieu du XIV° sièccle, époque où elle passa dans la maison Paisnel, baron de Hambye ; puis de celle-ci dans celle d’Estouteville. Pendant son occupation par les anglais, la baronnie de Bricquebec appartint au duc de Suffolk, puis au sire Berty-Entwizle ; mais après la bataille de Formigny, elle revint aux d’Estouteville, passa dans la famille Boubon-Saint-Paul et d’Orléans-Longueville, enfin dans celle de Matignon, qui en fut dépossédé en 1792.

La forêt de Bricquebec renferme des monuments druidiques en assez grand nombre. Des médailles et d’autres objets trouvés à différentes époques dans cette commune y atteste le séjour des Romains. Comme monument du Moyen-Age, on remarque à l’extrémité est du bourg, l’église bâtie vers l’an 1040.

(Une partie de cette note est due aux renseignements procurés par M. Pierre Le Fillastre).


source : Annuaire du département de la Manche de 1833, p. 55 à 58.


Avertissement au lecteur : Il s’agit là d’une description publiée, en 1833, dans un annuaire. Elle est significative de cette époque. Pour autant, toutes les réserves d’usage doivent être faites quant à sa rigueur historique.


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