Deux orthographes pour la commune : Villeneuve-lès-Avignon ou Villeneuve lez Avignon.
Bref historique
Vue générale du village depuis le fort
En 1290, Philippe IV le Bel échange le Maine et l'Anjou contre une part de seigneurie en Avignon, mais, pour conserver un emplacement stratégique à la frontière du royaume, il fonde Villeneuve, « la dotant de toutes sortes de franchises »[1]. Il cosigne la charte de fondation avec l'abbé de Saint-André à la suite de l'acte de pariage en 1292. Ce contrat prévoit de fortifier l'accès au pont d'Avignon, ce qu'il réalise vers 1300-1307 en rebâtissant le châtelet, appelé tour Philippe-le-Bel sur la rive ouest.
Dès 1302, le roi remet en question la propriété du fleuve et du port avignonnais.
Lorsque Avignon devient cité pontificale, les tensions perdurent et la querelle entre les deux rives se poursuivra jusqu’à la Révolution. Cette volonté royale de fortifier la rive droite du Rhône s'accompagne sans doute aussi d'une ambition de concurrencer un jour la puissante cité d'Avignon, par la création d'une ville neuve au pied du mont.
De 1305 à 1376, les dignitaires de la cour pontificale font de la rive droite, plus campagnarde, leur lieu de villégiature. Le pape Clément VI y possède une grande propriété. Au milieu du XIVème siècle, 12 cardinaux y ont leur résidence avec jardins et vergers, dont celle d'Étienne Aubert, installée sur le flanc du mont Andaon. Devenu pape sous le nom d'Innocent VI, il fonde en 1356, contre son palais, la chartreuse du Val-de-Bénédiction.
Héraldique
Parti : au premier d'azur aux trois fleurs de lys d'or, au second de gueules au sautoir d'or.
Blason sur une plaque de rue
Histoire administrative
Département - 1801-2025 : Gard
Arrondissement - 1801-1926 : Uzès --> 1926, Nimes [Nîmes]
La Chartreuse du Val de Bénédiction doit son origine à la volonté du Pape Innocent VI. Celui-ci après son élection en 1352, fit don à l’ordre des Chartreux[2] de ses terres et de sa livrée (hôtel particulier) qu’il possédait à Villeneuve lez Avignon du temps où il était cardinal.
Le premier élément est une église placée sous le vocable de Jean-Baptiste, qui est achevée et dédicacée en 1358. Quatre ans plus tard, elle devient Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction. Le pape fondateur meurt en 1362, mais ses neveux vont poursuivre la fondation en doublant le nombre des membres et en installant une boulangerie.
Au XVIe siècle des remaniements ont lieu et le mur d'enceinte est renforcé. Au XVIIe siècle, de nombreuses constructions viennent compléter l'ensemble : église, chapelle, trois cloîtres entourés de 40 cellules, trois fermes, bugade[3], hôtellerie et prison forment « un domaine de près de 400 hectares »[4], ce qui en fait la plus grande chartreuse de France à cette époque. Et aussi une des plus prospères.
Durant ce même siècle, de nombreux éléments viennent embellir la chartreuse, décorations intérieures, fontaine, mais aussi le monumental porche d'entrée façon arc de triomphe, réalisé en 1649 par François Royer de la Valfenière.
Au moment de la Révolution, le site est démembré et vendu sous forme de petits lots.
Au début du XXe siècle, la chartreuse est classée aux Monuments historiques[5] et l'on confie à Jules Formigé le soin de restituer à l'ensemble son allure d'origine.
Portail extérieur, avec Vierge, saint Bruno et Le pape Innocent VI, et l'inscription "Domus beatae mariae vallis benedictionis"
Portail intérieur, au décor plus profane
Allée des muriers longeant le quartier des convers
Historique
L'église conventuelle
Cette église d'abord dénommée Saint-Jean-Baptiste, puis Sainte-Marie, a été édifiée par le pape Innocent VI. À sa création (1353-1356) elle ne comportait qu'une unique nef et trois travées. Cette église sera agrandie une première fois en 1360-1361 pour abriter le tombeau de ce pape avec la construction au sud de l'église d'une nouvelle abside pentagonale et d'une travée de nef. Cette construction sera prolongée en 1363-1365 par la réalisation d'une deuxième et troisième travée. Enfin, en 1372, à l'ouest des deux nefs, sera réalisée une quatrième travée, séparée du chœur par un jubé de pierre et réservée au chœur des convers. L'ensemble présente une sobriété typique de cette époque en Avignon, ce qui n'empêche pas des sculptures historiées au niveau des culots.
L'église a perdu au XIXe siècle son abside qui s'est effondrée.
Dans la chapelle latérale de la Trinité se dresse le tombeau du pape Innocent VI, structure monumentale en pierre de Pernes, présentant un sarcophage avec gisant en marbre et un dais très ouvragé avec statues en albâtre. Ce tombeau était compris dans le lot de la chapelle vendue à un agriculteur à la Révolution, et abandonné dans cette famille pendant plus d'un siècle, jusqu'à ce que Prosper Mérimée le découvre en 1834 et qu'il retrouve sa place en 1959.
Sur un mur de cette même chapelle existait une seule peinture, mais de taille impressionnante : Le couronnement de la Vierge, d'Enguerrand Quarton, maintenant visible au musée Pierre-de-Luxembourg.
La chapelle adjacente abritait une sépulture plus modeste, le tombeau de Pierre de Monteruc, neveu du pape.
Place de l'église, oculus axial et vestiges du portique
Nef côté chœur des religieux et vue sur le fort
Nef côté jubé et chœur des convers
Contreforts de la nef côté chapelles
Tombeau du pape Innocent VI dans la chapelle latérale de la Trinité
Le petit cloître appartient à la première période de la fondation de la chartreuse, sa galerie méridionale est dite « du colloque » car les dimanches et jours fériés, les religieux pouvaient y rompre le silence pendant un court moment.
La galerie occidentale jouxtait le réfectoire.
La galerie orientale conduisait d'une part à la sacristie et au logement du sacristain, avec la rasure[6], ainsi qu'à la salle du Chapitre. Cette dernière, voûtée, abrite des fragments du tombeau de Pierre de Monteruc et des culots historiés dont celui du moine et du bouc symbolisant le diable.
Galerie
Puits jouxtant la rasure
Culot du moine et du bouc
Le cloître des morts ou grand cloître
Au centre de ce cloître se trouve un grand espace vert qui servait, dans sa partie sud, de lieu de sépulture des moines qui étaient enterrés à même la terre ; c'est pour cela qu'en bordure de ce cimetière est construite la « chapelle des morts ». Tout autour, le long des trois galeries, se trouvent les douze cellules de la première fondation. Chaque cellule s'étendait sur deux niveaux, celui du bas avec logement et jardinet, l'étage avec atelier permettant aux Chartreux de développer des activités artisanales. À coté de la porte d'accès à la cellule, un petit guichet servait de passe-plat.
Galerie
La chapelle des fresques ou chapelle Saint-Jean-Baptiste
Cette chapelle, ainsi que le tinel[7] avec lequel elle communique, appartient au palais que s'était fait construire Étienne Aubert après avoir été élu pape. Elle est réduite à une abside à cinq pans dont les murs ont conservé de belles fresques réalisées entre 1346 et 1355 par Matteo Giovannetti, peintre attitré des papes Clément VI et Innocent VI.
Les scènes peintes représentent la vie de saint Jean-Baptiste sous une voûte céleste d'un bleu intense.
Mur ouest : en partie inférieure La Décollation de Jean et L'ensevelissement de Jean
Mur Est : en haut à droite La Visitation ; en bas à gauche La Nativité de Jean
Détail sur une arcature
Le cloître Saint-Jean ou cloître supérieur
Le cloître Saint-Jean est situé à l'emplacement de l'ancienne cour du palais du cardinal Aubert et a été réalisé en 1372, lorsque le neveu du pape transforma le palais pour y faire bâtir des cellules supplémentaires.
Le centre du cloître est occupé par une fontaine qui distribuait en eau l'ensemble de la chartreuse. La vasque centrale du XVIIe siècle a été recouverte d'une rotonde circulaire avec toiture octogonale en 1750.
La tour Philippe-le-Bel est une forteresse des XIIIe siècle et XIVe siècle, construite pour contrôler l’accès au Pont d’Avignon.
Le traité de pariage entre le roi de France Philippe le Bel et l'abbé de Saint-André ordonne, en 1292, la construction d'une forteresse dont faisait partie la tour.
Jusqu'à la fin du XVe siècle, le Rhône séparait les terres du Saint Empire Romain et du Royaume de France. Le Fort Saint-André assurait la garde de la frontière face à la rive orientale défendue par la cité d'Avignon et le Château du Roi René à Tarascon .
Dominant un pont romain sur le Rhône, le mont Andaon est un rocher idéal pour le guet. Au Xème siècle, il est occupé par le bourg et l'abbaye Saint-André, tandis que sur l'autre rive Avignon se développe grâce au pont. Mais au XIIème siècle les rois de France cherchent à étendre le royaume vers le sud et le Rhône devient une frontière. Louis VIII (1223-1226) signe un acte de pariage avec l'abbé de Saint-André et s'engage a fortifier le mont. L'abbé se dégage ainsi de la tutelle de l’évêque d'Avignon et désormais les deux rives s'opposent, française à l'ouest, provençale à l'est.
Pour concurrencer Avignon, Philippe IV le Bel (1285-1314) fonde en 1293 une ville neuve sur la rive ouest. Les fortifications du mont sont entreprises sous Jean II le Bon (1350-1364), dans le contexte d'insécurité de la guerre de Cent Ans, au moment ou les papes résident en Avignon.
Le fort perd son rôle stratégique lorsque la Provence est rattaché à la France en 1481 et plus encore quand le Rhône déplace son lit à 900 mètres du mont vers 1770.
Le fort est entretenu par l’administration militaire jusqu’en 1792.
Historique
Le cardinal Arnaud de Via (neveu du pape Jean XXII) achète des terrains et édifie une chapelle consacrée en 1333, puis y crée quelques mois plus tard un chapitre collégial. Après le décès du cardinal, des travaux sont effectués pour créer un cloître et retourner l'orientation de l'église. Une nouvelle consécration a lieu en 1426. Au XVIIIe siècle, un nouveau chœur de chanoines est aménagé. Quand la Révolution met fin au Chapitre, ses biens sont vendus. Après avoir servi de Temple de la Raison, elle est réouverte et accueille des œuvres d'art provenant de la chartreuse ou d'autres édifices.
La collégiale est classée aux Monuments historiques depuis 1862[10] et restaurée peu à peu. Architecture
Cette église est de style gothique méridional. La nef unique comporte six travées et est entourée de douze chapelles latérales. Les piliers supportant les voûtes d'ogives sont traités de deux façons différentes : ils partent du sol dans la partie Est (réservée aux fidèles) et reposent sur des consoles historiées[11] dans la partie Ouest (ancien chœur liturgique). La façade ouest correspond justement à l'ancien chevet plat et est ouverte par une longue verrière. Le chœur avec stalles, aménagé vers 1746 par J.B. Franque, est surmonté d'une voûte en plein cintre avec caissons peints en trompe l'œil. À l'arrière l'abside est recouverte d'une voûte pentagonale, en forme d'ellipse. Œuvres d'art
Nombreuses sont les œuvres d'art provenant de l'abbaye Saint-André, de la Chartreuse ou des Récollets. Se remarque notamment le maître-autel en tombeau avec haut-relief : en marbre de Carrare, il a été réalisé en 1745 par Antoine Duparc pour la chartreuse. Se remarque aussi une copie de 1907 d'un original conservé au Louvre : La Pieta de Villeneuve lez Avignon, attribuée à Enguerrand Quarton, auteur du Couronnement de la Vierge (voir section "Musée" ci-dessous).
Chœur et maître-autel
Console historiée : Annonciation
Verrière de la façade ouest
Pieta de Villeneuve lez Avignon (copie)
Cloître
Musée Pierre-de-Luxembourg
Le musée, situé en face de l'hôtel de ville, a pris place dans un ancien palais du cardinal Ceccano (du XIVe siècle) qui a été transformé en hôtel particulier au XVIIe siècle. L'édifice est classé aux Monuments historiques.
Outre une collection de peintures, dont des tableaux de grande envergure, et du mobilier, le musée abrite trois chefs-d'œuvre :
- une Vierge à l'Enfant, en ivoire, réalisée entre 1310 et 1320 par un atelier parisien. Sculptée dans une défense d'éléphant, des détails minutieux ont été peints et/ou dorés. Elle figurait dans le trésor de la collégiale.
- une Vierge double face, en albâtre cette fois. Son auteur est inconnu, mais elle est datée de la deuxième moitié du XIVe siècle.
- le Couronnement de la Vierge, chef d'œuvre d'Enguerrend Carton, réalisé en 1453-1454. Ce tableau de grande taille avait été commandé par Jean de Montagnac pour la Chartreuse et était accroché dans la chapelle de la Trinité où repose le tombeau du pape Innocent VI.
Ces trois éléments sont bien sûr classés au titre d'objet[12].
L'église Saint-Pons, première église paroissiale édifiée au XIIIe siècle.
Depuis le transfert en 1792 de ce premier lieu de culte paroissial à la collégiale Notre-Dame, l'église Saint-Pons est devenue bien national en 1793 et a servi successivement d'entrepôt, d'habitation particulière, de garage, de cave et de remise à charbon. La ville l'a acquise en 1985. Quelques années plus tard elle a modifié la partie sud pour y installer les services du Centre communal d'action sociale jusqu'en 2008.
Autres édifices religieux
Ancienne chapelle de l'Hôpital
Chapelle Notre-Dame-de-Consolation (Colline des Mourgues)
Commune Languedocienne du département du Gard (Région Languedoc-Roussillon), limitrophe du département du Vaucluse, Villeneuve-lès-Avignon est située à quatre kilomètres de la ville d'Avignon, à quarante quatre kilomètres de Nîmes, et à environ quatorze kilomètres de l'aéroport d'Avignon.
La commune de Villeneuve-lès-Avignon est traversée, à l'est de son territoire, par le Rhône.
En photos
Photos
Vue générale depuis le Rhône
Cartes postales anciennes
Eglise des Pénitents Gris
Portail de la chartreuse
Église conventuelle de la chartreuse
Fontaine de la chartreuse
Fort Saint-André en 1902
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
3 300
3 297
3 279
3 232
3 564
3 633
3 671
3 723
3 733
3 252
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
3 162
3 067
2 730
2 910
2 630
2 644
2 622
2 735
2 922
2 890
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
2 709
2 561
3 035
3 635
3 740
4 399
5 157
6 422
6 977
8 540
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
9 282
10 730
11 791
12 471
12 266
11 901
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Villeneuve-lès-Avignon, le fort Saint-André et la chartreuse du Val-de-Bénédiction, Paris, Éditions du patrimoine, 2001, 64 pages, ISBN 978-2-85822-638-2
↑Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Villeneuve-lès-Avignon, le fort Saint-André et la chartreuse du Val-de-Bénédiction, Paris, Éditions du patrimoine, 2001, 64 pages, ISBN 978-2-85822-638-2
↑Ordre monastique contemplatif, fondé en 1084 par saint Bruno, et aussi appelé ordre cartusien
↑Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Villeneuve-lès-Avignon, le fort Saint-André et la chartreuse du Val-de-Bénédiction, Paris, Éditions du patrimoine, 2001, 64 pages, ISBN 978-2-85822-638-2