21271 - Flavigny-sur-Ozerain - Abbaye Saint-Pierre

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Historique

  • L'abbaye est fondée en 719 par Widerad (ou Wideradus, parfois, Ware ou Uware), un des trois fils du seigneur CORBON, qui, lui, est à l'origine de l'abbaye de Corbigny. Compte-tenu de sa date de fondation, il s'agit d'une des plus anciennes abbayes de France. Elle est placée sous la règle bénédictine[1].
  • En 755, le quatrième abbé (du nom de Manassès) y apporte les reliques de saint Prix[2], évêque de Clermond-Ferrand au VIIe siècle. L'abbaye commence alors à susciter l'intérêt des pèlerins.
À la fin du VIIIe siècle, l'édifice religieux est doté d'un grand scriptorium.
  • En 812, l'empereur Charlemagne ordonne la culture de l'anis dans les couvents. Les moines de Saint-Pierre décideront d'enrober les graines d'anis dans du sucre pour en faire des confiseries : elles vont rencontrer un certain succès et devenir peu à peu des épices de chambre prisées à la Cour.
  • En 864 ou 866, Alise-Sainte-Reine étant menacée par les invasions normandes, les reliques de sainte Reine sont transférées ici. Ce qui accroit encore l'engouement des pèlerins et amène la cité de Flavigny à s'équiper en auberges et maladreries ou maisons de soins.
L'église abbatiale terminée est consacrée en 878 par le pape Jean VIII.
  • Tout au long du XIe siècle, l'abbaye acquiert plusieurs prieurés, et son essor s'accroît encore au siècle suivant en même temps que se développe la cité.
Au XIIIe siècle, l'église est reconstruite dans un style gothique, sauf le sanctuaire.
Durant les deux siècles suivant, le domaine et la bourgade s'entourent de nouvelles fortifications.
  • En 1644, ce sont des bénédictins de Saint-Maur qui s'installent dans les lieux. Ils effectuent de nombreux travaux de restauration.
  • En 1792, les moines sont chassés. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux. Une partie de l'abbatiale est détruite et les pierres réemployées dans la construction de maisons du bourg.
L'abbaye est rachetée en 1896 par Jacques Edme GALIMARD. Il regroupe les huit confiseries artisanales et familiales qui avaient pris la relève des moines, et établit dans les lieux abbatiaux subsistants une unique fabrique d'anis.
  • Entre 1956 et 1960, la crypte est redécouverte, et des campagnes de fouilles s'organisent.
  • Les vestiges de l'abbatiale (apparents ou enfouis) sont classés aux Monuments historiques[3].

Description

Vestiges de l'abbatiale et entrée de la crypte
Photo B.ohland
  • Il existe des dessins ou gravures représentant l'abbaye après sa reconstruction gothique. L'abbatiale était très grande : sa nef occupait l'allée actuelle qui mène du coin de la boutique des Anis® jusqu'aux vestiges, à gauche de l'arcade en ogive (sur cette photo). Et ce que nous voyons à droite de l'arcade gothique correspond au collatéral sud menant vers des oratoires et une confession[4] centrale (entrée du collatéral notée A sur le plan ci-dessous).
À droite de l'ouverture en plein cintre de la crypte, nous repérons un escalier, et, au-dessus de la porte, une ouverture rectangulaire : c'étaient des entrées et sorties destinées au passage des pèlerins, leur évitant ainsi de pénétrer dans le sanctuaire. Cette disposition originale est de conception germanique et ressemble fort à celle de l'église Saint-Germain d'Auxerre.
Restitution du plan de l'ancien édifice
Photo B.ohland
  • L'abbaye possède un rare plan vertical carolingien intact.
À gauche de l'arcade en ogive (devant la camionnette) s'élève encore « l'ancienne paroi latérale sud du chœur »[5], qui a connu une restauration au XIe siècle. Au niveau inférieur, les arcatures aveugles sont soutenues par des colonnes avec chapiteaux ornés de feuillage. Le niveau supérieur présente des baies géminées avec chapiteaux épannelés, et permet un passage communiquant avec celui qui est visible sur la photo. Cette élévation (et son passage pour les pèlerins) courait tout autour du sanctuaire.
  • Il subsiste encore des éléments du cloître, dont deux galeries ont laissé place aux anciens et nouveaux ateliers de la fabrique d'Anis de Flavigny®. Et la longue façade du bâtiment conventuel, reconstruite au XVIIIe siècle, donnant sur la rue de l'Abbaye.


Étendue du domaine abbatial

Borne des trois abbés, recto : saint Pierre et sa clé Photo B.ohland
Borne des trois abbés, verso : saint Seine sur son âne Photo B.ohland


Au cours du XIIIe siècle, les prieurés et les diverses possessions de l'abbaye Saint-Pierre s'étendaient au-delà d'Autun, de Dijon et de Langres.

Une charte de 1288 entérine un accord entre l'abbé de Saint-Pierre et celui de Saint-Seine, et autorise le bornage de leurs domaines grâce à l'installation de six bornes.

La borne rapportée ici est appelée borne des trois abbés, car le territoire abbatial de Saint-Pierre jouxtait également celui de l'abbaye de Fontenay.

Les inscriptions de cette borne sont une reproduction de l'originale, par le Père Jean Bosco Marie, en 2015. Une face nous montre saint Pierre tenant une grande clé indiquant la direction de l'abbaye flavignienne à 40 km. L'autre face nous montre saint Seine qui accomplit sa course légendaire sur son âne.

Témoins architecturaux dans la fabrique d'Anis de Flavigny®

Lorsque nous regardons attentivement la façade d'entrée dans la boutique, nous remarquons la conservation d'un arc en ogive. Il correspond à une entrée de l'abbatiale donnant accès au bâtiment conventuel (endroit matérialisé par la lettre K sur le plan ci-dessus.)

Comme nous l'avons déjà vu, les ateliers ont été aménagés dans deux ailes du cloître (le long de la rue de l'abbaye et le long de l'allée qui monte aux vestiges et à la crypte).

Une porte en bout de galerie mène soit à la troisième galerie soit à une autre partie du bâtiment conventuel. Enfin un escalier d'honneur est également visible dans cet angle.


Redécouverte de la crypte

  • Avant 1956, seule une partie de la crypte était connue : la confession où reposait la sépulture de sainte Reine, et un morceau du collatéral sud ouvrant sur un petit oratoire dédié à saint Jean l'Évangéliste.
  • Puis des architectes des Monuments historiques[6] ont réalisé diverses campagnes de fouilles de 1956 à 1960. Il s'avère que la crypte comprend deux niveaux : l'un de plain-pied accessible par l'ouverture en plein-cintre, le second 2,5 m au-dessus (au niveau de l'ouverture rectangulaire sur la façade).
Le couloir inférieur de la crypte a été plusieurs fois remanié mais il conserve un beau pilier carolingien du IXe siècle, avec un décor de rinceaux. On accède ensuite à une nef qui se divise en plusieurs espaces :
Un oratoire dédié à saint Jean l'Évangéliste, où se trouvent des sarcophages.
À l'ouest, la confession de sainte Reine, incomplète. La voûte est soutenue par des colonnes avec chapiteaux carolingiens, et peut-être même des réemplois gallo-romains pour certains (comme le visage humain).
À l'est, un grand sanctuaire présentant de nombreuses colonnes : il s'agit de la « rotonde primitive »[7]remaniée vers le XIe siècle « en plan hexagonal »[7]. Parmi toutes ses colonnes, certaines sont monolithes avec une base trilobée.
  • Il est à noter que les fouilles ont également révélé des fragments de mosaïque qui se trouvaient vraisemblablement devant l'autel, ainsi que des carreaux de céramique. Tous les éléments recueillis sont mis en valeur dans un musée lapidaire (pas toujours ouvert).


Quelques abbés

Prénom(s) NOM Période Observations
Magnoalde - 745 Décède en 745  
Widerad ou Wideradus 745 - 747 Fondateur de cette abbaye, pis de deux autres - Uniquement abbé laïc - Décède en 747  
Gayroïnus 747 - 755 Décède en 755  
Manassès le Grand 755 - 788 C'est lui qui amène les reliques de saint Prix - Décède en 788  
- -  
Hugues Ier 855 - 863 Décède en 863  
- -  
Heldricus 990 - 1010 Auparavant abbé de Saint-Germain d'Auxerre - Muté à Flavigny pour y rétablir la discipline - Décède en 1010  
- -  
Hugues II de FLAVIGNY 1098 - 1101 Connu pour avoir écrit une chronique  
- -  
Ferry de CLUGNY 1470 - 1473 Nomme évêque de Tournai  
- -  
Michel Louis FRÉMONT du FOURNEAU 1778 Dernier abbé ?  

Bibliographie

  • Brochure Flavigny-sur-Ozerain, guide réalisé par la société des "Amis de la cité de Flavigny", association loi de 1901, avec la contribution de l'abbaye Saint-Joseph de Clairval

Voir aussi (sur Geneawiki)

Liens utiles (externes)

Notes et références

  1. Règle édictée par saint Benoît de Nursie (480-547), fondateur de l'ordre des Bénédictins.
  2. Appelé aussi saint Projet (Projectus en latin). Né en 600, décédé en martyr en 676.
  3. Base Mérimée, abbatiale Saint-Pierre
  4. Cette "chapelle" abritait traditionnellement une tombe ou des reliques. Les pèlerins ne pouvaient pas y entrer, seulement passer devant.
  5. Brochure Flavigny-sur-Ozerain, guide réalisé par la société des "Amis de la cité de Flavigny", association loi de 1901, avec la contribution de l'abbaye Saint-Joseph de Clairval
  6. René LOUIS, Jean MARILLIER et Georges JOUVEN
  7. 7,0 et 7,1 Brochure Flavigny-sur-Ozerain, guide réalisé par la société des "Amis de la cité de Flavigny", association loi de 1901, avec la contribution de l'abbaye Saint-Joseph de Clairval