17300 - La Rochelle - Emigration au Canada

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Émigration au Canada

Ces articles sont essentiellement tirés de la revue Lustucru, réalisée par la Société d'Histoire des Iles Perçées, Boucherville, Québec, Canada, et reproduit quasiment in extenso.

La famille QUINTAL

Le patronyme QUINTAL apparaît en Nouvelle-France avec le Rochelais François QUINTAL, émigré vers 1668 ou peut-être un peu plus tôt. Si nous ne pouvons suivre ses premiers pas en terre canadienne, nous trouvons cet ancêtre le 2 septembre 1668 à Trois-Rivières, où il acquiert une terre située à Boucherville. Il fut donc l'un des premiers habitants de cette ville. Il faut cependant attendre le contrat de mariage de François QUINTAL, passé le 16 octobre 1678 devant le notaire Romain BECQUET, de Québec, pour connaître son origine en France.
Fils du voiturier Michel QUINTAL et de sa deuxième femme Marie JEUNIN (ou JUNIN), épousée à l'église Notre-Dame de La Rochelle, le 23 juillet 1681. Il possède à cette époque 6 arpents de terre, un fusil et une vache. Une concession de 50 arpents lui avait pourtant été octroyée le 4 avril 1673, par Pierre BOUCHER, seigneur de Boucherville. Le défrichement n'avance guère lorsque le terrien fait la traite des fourrures.
Le 17 octobre 1678, François QUINTAL, âgé de 31 ans, conduit à l'autel de Notre-Dame de Québec, Marie GAUTIER qui n'a que 18 ans, fille de Charles GAUTIER dit BOISVERDUN et de défunte dame Catherine LE CAMUS. L'abbé Henri de BERNIERES, premier curé de cette ville, bénit le mariage célébré après la publication d'un seul ban, Monseigneur l'Evesque de Québec ayant donné dispense des deux autres.
De cette union naquirent 10 enfants, dont François, prénommé comme son père, né et baptisé le 6 juin 1682 par Pierre de CAUMONT, prestre faisant les fonctions curiales à Boucherville et autres lieux. Le nouveau-né eut pour parrain Christophe FEVRIER, son oncle, et pour marraine Jeanne ESTIENNE, femme de Jean VINET, l'un des 38 premiers concessionnaires de Boucherville. Le 21 novembre 1712, il épousa Marie GUERTIN, de Verchères. Louis se maria à Marguerite REGUINDEAU (RIENDEAU) en 1722, et Michel à Madeleine GUERTIN en 1727. Leur soeur Marie-Charlotte unissait sa destinée à celle de Louis REGUINDEAU en juillet 1723. Leur postérité se perpétue encore à Boucherville.
Après une vie mouvementée, partagée entre les durs travaux des champs et les excursions aventureuses du coureur des bois, François QUINTAL, premier du nom, s'éteignit à l'âge de 70 ans, et fut inhumé à Boucherville le 4 février 1715.
(d'après Lustucru, Société d'Histoire des Iles Perçées, Boucherville, Québec, Canada, n°1, automne 1974, dépôt légal, quatrième trimestre 1974.)


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Le soldat cordonnier

Un des pionniers de Boucherville, Louis ROBERT, était originaire du Poitou. Il était fils d'André ROBERT dit LAFONTAINE, cabaretier, et de Catherine BONIN qui s'étaient épousés le 20 juin 1620 à La Rochelle. Son grand-père Pierre avait marié Lionne RAIMBAUT vers 1605 à Breuilaufa en Haute-Vienne. Louis ROBERT dit LAFONTAINE se disait aussi La POMMERAIE. Son fils Joseph conserva le nom de LAFONTAINE et son fils François celui de La POMMERAYE.
Débarqué en Nouvelle-France en 1665 avec le régiment de Carignan-Salières, le soldat Louis ROBERT, qui était aussi cordonnier, faisait partie de la compagnie de Laubia dont René GAULTIER de VARENNES était lieutenant.
L'amour a ses raisons que la raison se garde bien d'avoir; Marie BOURGERY, fille de Jean-Baptiste et de Marie GENDRE, annule un contrat de mariage qu'elle a passé en 1664 avec Nicolas LEBLANC dit LABRIE. Elle épousera, le 25 novembre 1666 aux Trois-Rivières, le soldat cordonnier Louis ROBERT, sans doute pour être certaine d'avoir chaussure à son pied ! Le commandant des armées du roi de France, Henri de CHASTELARD sieur de Salières, et le gouverneur des Trois-Rivières, Pierre BOUCHER, sont témoins à la cérémonie.
Au recensement de 1667, Louis ROBERT est toujours aux Trois-Rivières et il possède deux bestiaux. Il suivit Pierre BOUCHER, lorsque celui-ci quitta son poste de gouverneur, pour venir s'installer dans sa seigneurie des Iles Perçées. Fini maintenant le métier des armes, à moins de nécessité ! Il cultivera à présent la terre tout en exerçant son métier de cordonnier.
Avec les 37 autres premiers concessionnaires, Louis ROBERT obtint du seigneur Pierre BOUCHER, le 4 avril 1673, une terre de cinquante arpents et un emplacement dans le bourg. Le recensement de 1681 nous révèle que le cordonnier a 39 ans, sa femme 29, ses enfants, Pierre, Joseph, François et Marie ont respectivement neuf, cinq, trois et un an. Ce document nous apprend de plus, qu'il possède deux vaches; espérons que ce ne sont pas les mêmes bêtes qu'il déclarait au recensement de 1667.
A Boucherville, Louis ROBERT trouve la prospérité. Le 11 juin 1693, Madame de VARENNES lui baille à ferme un îlet situé entre les îles de Lamoureux, Sainte-Marguerite et Notre-Dame. Le 4 mars 1701, Pierre BOUCHER lui concède à titre de cens et rentes, une terre de cinquante arpents en superficie, au bout de sa première concession. Trois ans plus tard et au même titre, mais dans le bourg, le seigneur lui concède cette fois soixante douze pieds en carré tenant d'un côté à l'emplacement de Joseph HUET dit Dulude, d'autre à celui du Sieur Jacques BOURDON, l'autre bout la rue Saint-Louis et le jardin du seigneur. Sur ce dernier emplacement, Louis ROBERT a déjà une maison. Le 12 avril 1707, une autre terre lui est concédée : ... au second rens de la contenance de cinquante arpens de terre, en deux arpens de frons sur vingt de proffond, tenant sur le devant au bout de la concession de deffunt Rochefort, l'autre bout aux terres non concédé, d'un côté aux terres de Madame de VARENNES, l'autre celle de François VIGER....
Louis ROBERT et Marie BOURGERY eurent douze enfants, neuf garçons et trois filles. Décédé le premier janvier 1711 à l'âge de soixante-douze ans, l'ancêtre fut inhumé le lendemain dans le cimetière de Boucherville.

Huit ans plus tard, le 10 septembre 1719, Marie BOURGERY le suivit dans la tombe. Se sentant malade elle avait convoqué le notaire Tailhandier pour lui dicter ses dernières volontés. Après avoir recommandé son âme à Dieu, Marie BOURGERY lègue 50 livres en argent de cartes, au curé de la paroisse de Boucherville, pour lui dire des messes de Requiem, aussitôt que faire ce peut après son décès. Elle donne à Angélique ROBERT, sa petite-fille, son lit garnit d'un traversain, couverte de poil de chèvres, deux draps et la paillasse, la coitte (matelas), pleine de cottonnier, de plus lui donne toutes ses hardes et linge servant à son usage, le lin qu'Angélique a fait et ramassé, chaussures faites et à faire, ce pour les bons services qu'elle a rendu et qu'elle promet de rendre à sa grand-mère. Les enfants se partagent les autres biens entre eux selon la coutume.
Dès le 4 octobre 1719, les héritiers de Louis ROBERT et de Marie BOURGERY vendent à Daniel POIRIER, menuisier, l'emplacement de 72 pieds de terre dans le bourg, tenant sur le devant à la rue Saint-Pierre, la parallèle joins au jardin de Mr de BOUCHERVILLE, joignant du côté du norois à l'emplacement dud POIRIER, et sur lequel emplacement il y a une maison en pautaux entourée de pieux de cèdre, couverte de paille, cheminée de terre, porte fenêtres en méchant estat au pignon de lad maison, duquel emplacement il y a une partie en jardin. Cette description nous laisse entrevoir le genre de maison construite dans le bourg à cette époque.

Trois jours auparavant, les meubles et bestiaux de la communauté des défunts Louis ROBERT et Marie BOURGERY avaient été vendus à l'encan après en avoir averty les peuples du voisinage, au plus offrant et dernier enchérisseur. La criée faite par maître Jacques BOURDON greffier royal. Sont ajugés entre autres les items suivants :
deux boeufs de cinq à six ans... à François VIGER, une vache toute poil rouge... à François ROBERT, une taure rouge le nes blan... à Mr DE LA Bruère, une jument avec son poulain malle... à Mr de Sabrevois, une charrette avec ses roues et les frettes... à Daniel POIRIER, une paire de courroyes à boeuf... à madame LAVIGNE, un cochon et une truye... à Marinbaut, une marmite avec son couvercle... à Antoine ROBERT, un pot de fayence et un bassin d'étain... à madame de Niverville, quatre fourchette dachier, un baril de lart et une petite chaudière à beurre... à Antoine DAUNAY.
Les outils de cordonnier de Louis ROBERT : une petite tenaille, une méchante forme, une allaine et une broche à cordonnier... à GAUTIER cordonnier.
Travailleurs infatigables Louis ROBERT et son épouser laissaient leurs enfants bien pourvus. A l'aveu et dénombrement de 1724, Antoine ROBERT fils de Louis, possède deux arpents de front sur vingt-cinq de profondeur, il a une maison, une grange, étable, bergerie, écurie, trente-huit arpents de terre labourable et deux arpents de prairie. Son frère Joseph possède deux arpents et demi de front, une maison, grange, dix arpents de terre labourable et six arpents de prairie.
En amenant avec lui Louis ROBERT dans sa seigneurie des Iles Perçées, Pierre BOUCHER ne se trompait pas. Des ROBERT il y en eut dans presque tous les rangs pour cultiver la terre. Ils défrichèrent, bâtirent leur maison et surent acquérir une prospérité certaine.
A Boucherville, de nombreux descendants du soldat cordonnier témoignent toujours de la grandeur et de la continuité de l'oeuvre de l'ancêtre Louis ROBERT.
(d'après Lustucru, Société d'Histoire des Iles Perçées, Boucherville, Québec, Canada, n°2, automne 1975, Laurence Robert, dépôt légal, quatrième trimestre 1975, ISSN 0316.9073.)


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