Église Saint-Michel d'Espéraza

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Église Saint-Michel

Présentation

L'Église Saint-Michel du XIIIe siècle à l'origine, détruite en 1575 lors des guerres de Religion, puis reconstruite au XVIIe siècle, inscrite et classée en 1956 aux monuments historiques.

Quelques faits historiques

1777 : Bénédiction des cloches

Le 18.9.1777 François Debosque, curé d'Espéraza, a procédé à la bénédiction de trois cloches. Les parrains ont été Jean Sabatier, curé de Villefloure, Jean-Pierre Barrière, curé de Donazac, Jean-Pierre Debosque, curé à Espéraza ; les marraines ont été Anne Sabatier, Marguerite Debosque, et X (illisible). On peut consulter l'acte sur le site des Archives de l'Aude, état civil, Espéraza, série 100NUM/5E129/5 p. 107d. Les quatre curés présents sont sûrement d’Espéraza ; leurs noms de famille y sont très présents. François Debosque est né à Espéraza le 9 mars 1715 et y est mort le 9 janvier 1785 ; il est le fils de Pierre Debosque (boulanger) et de Jeanne Hugues. Jean-Pierre est peut-être son frère né en 1727. On manque d’éléments pour identifier les autres intervenants, les homonymies étant très fréquentes.

1794 : Saccage de l'église

Archives en ligne département de l’Aude – affaires communales – registre des délibérations communales – 1D4 pages 14 à 16 – transcription.

Du vingt cinquième floréal, an deuxième de la République française une et indivisible, les membres composant le conseil général de la commune d’Espéraza, réunis au lieu ordinaire de leurs séances, absent l’agent national pour cause de mauvaise volonté à se rendre à ladite assemblée, à laquelle il a été dit par le citoyen maire ce qui suit. Citoyens

Aucun de vous n’ignore que depuis peu de jours certains antipatriotes de cette commune reconnus pour tels de tout temps, et lesquels remplis de sentiments analogues à leur personne, se sont imaginés pour nous tracasser, et nuire, de faire une dénonce contre nous municipaux, et le citoyen audouy notre ci-devant curé, au citoyen chauderou Roussau Représentant du peuple, alors séant à Quillan à raison d’une prétendue quête forcée qu’on a osé avancer avoir été par nous faite, pour ledit curé, et pour augmentation de traitement d’icelui, et lesquels dénonciateurs persuadés d’avance de la réussite de leur affaire par l’appui qu’ils avaient et qu’ils ont encore auprès du citoyen Compta agent dudit Représentant du peuple, ils n’hésitèrent pas en effet de faire leur dite dénonce et la firent signer par estienne gabalda cadet, habitant de cette commune, pour les autres luy servir de témoignage en cas de besoin, quoique impossible dans la vérité, mais cette dénonce étant par l’aide dudit compta si bien accueillie, ledit audouy ne manqua pas quelque innocent qu’il peut être, d’être le seizième courant mois, mis en état d’arrestation, et ordre à nous municipaux de la part dudit compta, et grâces aux biens faits de notre comité de nous rendre le lendemain dix-septième à Quillan pour rendre compte de notre conduite. Vous n’ignorez sans doute pas non plus que le lendemain dix-septième, ladite municipalité ne fît faute de se rendre aux ordres dudit compta. MAIS vous ignorez sans doute qu’arrivés audit Quillan, compta après nous avoir conduits dans une chambre particulière de chez le citoyen Lapinouse, et après nous avoir menés comme à des nègres à raison de ladite prétendue quête, et prétendu fanatisme duquel il nous taxa, il nous menaça encore de nous faire guillotiner, et nous ayant ensuite demandé si nous avions fait sortir de notre église tout ce qu’il y avait, et fait un temple de Raison, et si nous avions soin le dimanche de faire travailler les gens, et lui ayant répondu d’une voix tremblante, que non, alors une nouvelle tempête des plus affreuses se leva contre nous, et lequel dit compta après de nouvelles menaces de guillotinement, nous ordonna de nous retirer, et de prendre bien garde que du moment de notre arrivée à Espéraza ladite église fut débagagée, et d’avoir soin de faire travailler le dimanche tous les citoyens et citoyennes, ce qui fit que ledit soir, et le lendemain dix-huitième nous nous hâtâmes pour la conservation de nos têtes à faire débagager ladite église, et ne laissant dans icelle que quelques bancs, cabinets, ??, avec des statues en plâtre adossées auprès des murs, et d’autres appliquées à iceux ; persuadés que nous étions, ou que nous croyions être qu’elles étaient à l’abri de tout danger, et quant à tout ce qui était précieux comme tableaux en figure de peinture, et autres de dorées, nous invitâmes les marguillers et autres de faire mettre le tout dans les endroits les plus secrets pour être à l’abri de la rage des prophanes (sic).

Cependant le lendemain dix-neuvième, jour de foire, nous vîmes arriver le citoyen jaubert officier de la gendarmerie de quillan, accompagné d’une force armée, et certains étrangers à la suite et à nous inconnus jusques à ce moment.

Après quoi le dit jaubert se transporta seul chez le citoyen Barrière officier municipal, et lui demanda s’il avait les clefs du temple de la Raison, et lui ayant répondu qu’il les avait, jaubert le somma de venir de suite le lui ouvrir, mais faisant difficulté d’adhérer à sa demande, alors le dit jaubert le somma de plus fort avec des fortes menaces de venir de suite lui ouvrir le dit temple, et la peur ayant saisi le dit Barrière icelui se transporta avec le dit jaubert dans le dit temple, et lequel y étant entré avec la force armée, et les gens qui étaient venus avec lui, ensemble certains individus de la commune, créatures à jaubert, et lesquelles le dit Barrière ne se rappelle pas qui elles sont à cause du trouble qu’il était alors, mais qui dans les suites sans doute seront découvertes, et enfin jaubert étant dans le dit temple, et ayant trouvé un gros marteau commença à s’amuser à écraser plusieurs statues qui étaient appliquées aux murs, et notamment aux fonds Baptismaux, en demandant ce qu’on vouloit faire de ce Begnoir, et qu’ayant ensuite rencontré une grande perche, lui jaubert avec les étrangers de question Renversèrent par terre deux grandes statues en plâtre qui s’écrasèrent en tombant, et venant à Ste Catherine pour renverser un lambris attaché sur l’hautel (sic), lui Barrière fut obligé d’y accourir avec michel Siau de léon pour le soutenir afin que en tombant il ne s’écrasât pas, sur quoi le dit jaubert lui dit : il semble que tu veuilles le conserver, à quoi le dit Barrière répondit qu’il lui semblait qu’il serait mieux de le conserver, parce que cela pourrait se vendre au profit de la République, vous observant au surplus que si le dit jaubert oubliait à écraser quelque chose certains de ses courtisans de cette commune ne manquaient pas de l’en faire apercevoir, et lequel revenant sur ses pas, comme un enragé, écrasait tout. Finalement vous ignorez bien moins encore que le jour d’hier vingt quatrième du dit courant mois, le dit compta en costume, accompagné du fameux jaubert et d’une force armée considérable ne se serait l’après dinée transporté avec tout son cortège à la maison du maire servant de maison commune, et que là, de force ou de gré, il fallut à la faveur des menaces de la guillotine et de la force armée signer une délibération dictée par ifavré qui était à la suite de compta, tendant à livrer aux dits compta et jaubert les images et figures en peinture, et celles en dorure, pour le tout être brulé sur la place publique, et pour avoir voulu faire certaines petites représentations à ce sujet, et de l’incivisme du dénonciateur ci-dessus, jamais l’on n’a été plus Rugissant que les dits compta et jaubert, et d’après la peur qui nous avait saisi, et celle que nous mit le citoyen menier d’alet ci-devant homme de loi, que de vouloir nous opposer aux volontés de compta nous étions tous perdus, et que nous allions être arrêtés dans l’instant, ce qui fit que nous nous déterminâmes à faire tout ce qu’on voulut, et ce, qu’encore non content de cela, ils nous firent mettre présent à ce délibéré une quantité de citoyens qui n’y étaient pas, et qui ne savent certainement pas encore qu’on les aient nommés, et qu’il n’y avait seulement de présens (sic), que les vraies créatures de compta et jaubert, et nous tous qui y étions de force.

Cela fait il fallut encore rester décoré de nos écharpes qu’on nous avait fait prendre de force, et aller accompagner à l’église les dits compta et jaubert, et y achever de boire le calice avec toute son amertume, en délibérant de nouveau que ce que nous avions de plus précieux et de plus à cœur dans notre dite église serait brullé (sic) sur la place publique, et après y être arrivés compta toujours en costume et accompagné de sa force armée, quoique armé lui-même de son côté d’un gros sabre, icelui fit un discours sur le danger du fanatisme, et instruit au tuyau de l’oreille par quelqu’une de ses créatures de cette commune qu’il n’y avait jusques à ce moment sur la place publique que très peu de chose à pouvoir être brullé (sic), et ayant indiqué au dit compta les maisons où étaient la plupart des choses précieuses cachées, il fallut alors de force que les particuliers qui en étaient nantis les remissent sur ladite place publique, tant en tableaux de figure de peinture que dorées, pour le tout être la proie des flammes du feu qui allait se faire sur la dite place.

Après quoi compta et jaubert furent par nous toujours décorés de nos écharpes accompagnés avec tout le cortège sur la dite place, où étant, et vu qu’il n’y avait pas du bois pour faire le feu de question il n’en fallut pas moins que cela pour nous faire donner une nouvelle secousse de la part de compta, nous disant après plusieurs menaces, que nous nous en repentirions, que le tonnerre de chauderon Roussau nous tomberait sur la tête et que si c’était pour faire des quêtes pour le curé nous ne manquerions pas de nous acquitter de cela faire, paroles et menaces du tonnerre de chauderon Rousseau qui furent réitérées en différentes fois par estienne gabalda cadet et léon gabalda son neveu, tous deux créatures dudit compta et jaubert, et qu’encore un coup répéta compta nous nous en repentirions, si vous ne faites pas apporter au plus vite du bois ; sur lesquelles paroles, et de séant, pierre Sabatier ainé fils d’estienne de ladite commune, autre créature du susdit compta et jaubert, s’empressa de leur dire, et bien, on ne veut pas donner du bois, je vais en chercher, ce qu’en effet il fit, et en porta considérablement, et en le jettant (sic), il disait, tiens notre ami compta, il y en a ici qui ne tiennent pas plaisir. Ensuite jean pierre Sabatier oncle dudit pierre, dit tu as porté le bois, et bien moi je vais chercher du feu, et en effet il y fut, et en arrivant en alluma le bois de question, ce qui fit que tous les tableaux et statues furent à l’instant consommées (sic) par les flames, et autour du quel dit feu, moi, avec mes collègues, ainsi que presque tous les citoyens qui étaient par là, avons été obligés, et malgré nos plus grands regrets, de danser, et chanter comme les autres autour du dit feu.

Ensuite compta et jaubert ont été réaccompagnés dans la ci-devant église, qui de ce moment fut appelé temple de la Raison, où étant, un citoyen et une citoyenne de cette commune vinrent offrir audit compta un enfant en baptême, quoiqu’on nous ait au contraire fait signer que c’était nous qui l’avions offert, et l’enfant porté et remis aux mains dudit compta, ce dernier prononça un discours à ce sujet, disant que ledit enfant était très heureux que d’être né dans un aussi beau siècle, et que les père et mère d’icelui devaient s’en féliciter, et lui ayant fait un baiser, pour sans doute tenir lieu de l’eau et de toutes huiles audit enfant auquel il donna le nom de valériane, et par ce moyen le baptême fut entièrement consommé avec toute l’exactitude possible, de prières dont est habitué d’exercer le dit compta. Compta voulant ensuite se retirer il fut par nous et toute la suite accompagné à son logis, après quoi il monta en voiture avec ifavré et une jeune citoyenne qui ne s’était pas encore offerte aux yeux de personne, et lequel dit compta en partant conjointement avec le fameux jaubert recommandèrent mille fois pour une de ne laisser exister aucune croix en aucun endroit quelconque, et de faire du moins travailler les gens de tout sexe les jours des dimanches et fêtes. Et comme il semble qu’il serait essentiel de conserver la mémoire de tous les délits commis dans ladite commune par le dit compta, jaubert et autres qui pourront être désignés, et que cela ne peut se faire qu’en dressant procès-verbal de tout, c’est pourquoi je vous invite citoyens à cela faire, pour icelui une fois dressé nous servir aux besoins ce que de droit et dans un temps néanmoins plus favorable que le présent.

Sur quoi le conseil général a unanimement dit que persuadés des faits exposés par ledit maire concernant les menaces faites par compta, à Quillan, à cette municipalité, et que d’autre côté convaincu de tous les autres faits ramenés dans le dire que vient de faire ledit maire, soit pour la plus grande partie du conseil l’avoir vu, soit les autres pour en être convaincus d’après l’attestation de nombre de gens dignes de foi, et que tous ces délits se sont commis dans ladite commune les dits jours dix-neuf et vingt-quatrième courant mois par les dits compta, jaubert et autres de leurs adhérans (sic) désignés au présent et à désigner dans la suite s’il se peut, à raison de quoi ledit conseil général unanimement adhéré à la proposition faite par ledit maire de dresser procès-verbal, tant pour en conserver la mémoire que pour servir au besoin si faire se peut dans un temps plus favorable, et en effet icelui dresse tout présentement et conjoinctement avec ladite municipalité le présent procès-verbal pour leur valoir et servir dans le temps ce que de droit, à l’époque duquel, et non plutôt crainte de nos vies, extraits dudit verbal seront envoyés à qui de droit afin que les auteurs des délits de question désignés et à désigner par le témoignage qui interviendra, soient poursuivis et punis suivant la rigueur des lois, et lequel susdit verbal a été par nous signé et notre secrétaire greffier audit espéraza, les dits jour, mois et an que dessus, à l’exception du citoyen jean pierre clamou officier municipal pour ne savoir, Baptiste Basset, Barthélémi Salva et Bernard Audounet notables pour cause d’absence ./.

Signatures : Roquefort ainé maire, Barrière off. municipal, Astruc off. mun., B. Bierne off mun, Antoine Fonvielle off mun, Bernad Roquefort, Malet, Izoulet, Pierre Vié, M. Sabatier, G. Fau, Conté, B. Basset greffier.

Observations : COMPTA est un nom des Pyrénées-Orientales ; PINET de LAPINOUSE existe à Quillan ; ainsi que JAUBERT à Quillan et ailleurs dans l’Aude ; on a des MENIER à Alet. Les noms des habitants d’Espéraza sont bien connus, mais attention aux homonymes. L’enfant baptisé Valériane est le fils d’Etienne DEBOSQUE et Anne BARRIERE. Ifavré figure sur la bibliothèque généanet. Il est précisé que les règles d’orthographe n’étaient en 1794 pas nécessairement les mêmes que de nos jours en 2020. Par exemple on n’impose pas la majuscule aux noms propres.