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== Pierre Woeiriot de Bouzey, graveur, portraitiste, ornemaniste ==
== <big>Pierre Woeiriot de Bouzey, graveur, portraitiste, ornemaniste</big> ==


[[image:Auto_portrait.jpg|300px|right|thumb|<center> Pierre Woeiriot à 24 ans, [[1556]] </center>]]
[[Fichier:WOEIRIOT Pierre (graveur).jpg|300px|right|thumb|<center> Pierre Woeiriot à 24 ans, [[1556]] </center>]]
Pierre Woeiriot, graveur ornemaniste du {{XVIe siècle}}, est né à Neufchateau, d'après son dire, en [[1532]], et est décédé en [[1599]] dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, le Champjanon, dont il était le [[Pierre WOEIRIOT de BOUZEY, seigneur de Champjanon|seigneur]].  
Pierre Woeiriot, graveur ornemaniste du {{XVIe siècle}}, est né à Neufchateau, d'après son dire, en [[1532]], et est décédé en [[1599]] dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, le Champjanon, dont il était le [[Pierre WOEIRIOT de BOUZEY, seigneur de Champjanon|seigneur]].


Il a suivi un solide et dur apprentissage du métier d'orfèvre combiné à une réelle culture générale. Il le raconte dans la préface de son « livre d’anneaux et d’orfèvrerie » paru à Lyon en 1561 : « Parquoy je de mon premier et propre estat, orfèvre, qui des arts manuels traite le plus précieux et le plus incorruptible subjet , qui est l’or, …et depuis à icelui adjousté les arts de pourtraicture, peincture, et sculpture, perspective et architecture, et aussi de taille enlevée et enfoncée, engravure et imitation du naturel, provenant tant de nature propre, que acquises par instruction des maistres eleuz, que aussi par labeur, et exercice continuel et imitation diligente, avec pérégrination lointaine diverse et curieuse : pour voir, connaistre et en suivre les singularités antiques, et icelles à ma possibilités renouveller et representer. En sorte que peu ne me semble et ne me repens y avoir employé partie de ma jeunesse. Je n’ai voulu estre ingrat envers mon premier art d’orfèvrerie qui aux autres m’a ouvert le chemin et par lequel j’ay commencé »
Il a suivi un solide et dur apprentissage du métier d'orfèvre, sans doute près de son père, d’Étienne Briot qui tient école à Damblain, puis à Lyon près de [[Simon COSTIERE orfèvre|Simon COSTIERE]] orfèvre. Cet apprentissage est combiné à une réelle culture générale. Il le raconte dans la préface de son « livre d’anneaux et d’orfèvrerie » paru à Lyon en 1561 : « Parquoy je de mon premier et propre estat, orfèvre, qui des arts manuels traite le plus précieux et le plus incorruptible subjet , qui est l’or, …et depuis à icelui adjousté les arts de pourtraicture, peincture, et sculpture, perspective et architecture, et aussi de taille enlevée et enfoncée, engravure et imitation du naturel, provenant tant de nature propre, que acquises par instruction des maistres eleuz, que aussi par labeur, et exercice continuel et imitation diligente, avec pérégrination lointaine diverse et curieuse : pour voir, connaistre et en suivre les singularités antiques, et icelles à ma possibilités renouveller et representer. En sorte que peu ne me semble et ne me repens y avoir employé partie de ma jeunesse. Je n’ai voulu estre ingrat envers mon premier art d’orfèvrerie qui aux autres m’a ouvert le chemin et par lequel j’ay commencé ''»'' <ref>Chez Guillaume Roville ; le privilège du Roy est daté à Blois le 10 janvier 1555</ref>.


Il obtient sa maîtrise vers [[1555|1554]]. En [[1556|1554]], il dessine et grave les planches de « Pinax iconicus ». Son autoportrait est en première page. (cliché de [[1870]] d'Ambroise Firmin Didot, documentation d'André Gautrot).
Le privilège royal d'impression nous révèle que les quarante feuillets de modèles d'orfèvrerie ont été gravés avant décembre 1554. Il a déjà sa maîtrise. En 1554 aussi il dessine et grave les planches de « Pinax iconicus » nous donne une [http://bmn-renaissance.nancy.fr/items/show/1090 vue de Lyon]  en 1554. Son autoportrait est en première page. (cliché de [[1870]] d'Ambroise Firmin Didot, documentation d'André Gautrot).


Dans l’épitre dédicatoire de ce livre il montre au Duc de Lorraine qu’il est fier de son art, fruit d’un travail acharné ; il a vingt-quatre ans. Ce texte en latin est traduit par Louis Jouve <ref>'''Les Wiriot et les Briot, artistes lorrains du XVIe et du XVIIe siècle : nouvelles ...''' Jouve, Louis 1814-1896).</ref>
Dans l’épitre dédicatoire de ce livre il montre au Duc de Lorraine qu’il est fier de son art, fruit d’un travail acharné ; il a vingt-quatre ans. Ce texte en latin est traduit par Louis Jouve <ref>Les Wiriot et les Briot, artistes lorrains du XVIe et du XVIIe siècle : nouvelles ... Jouve, Louis 1814-1896).</ref>
 
'''Les Wiriot et les Briot, artistes lorrains du XVIe et du XVIIe siècle : nouvelles ...''' Jouve, Louis 1814-1896).


'' « A très et très puissant prince Charles par la grâce de Dieu duc de Calabre, de Lorraine, de Bar, de Gueldres, P. Woeiriot, de Lorraine, souhaite gloire et bonheur. Alexandre surnommé le Grand, mettant Lysippe dans l’art de la sculpture et Apelle en peinture au-dessus de tous les autres artistes, défendit par un édit royal que nul autre que Lysippe fit sa statue et nul autre qu’Appelle son portrait ; prince assurément digne d’être honoré par les travaux si parfaits de tels artistes. Aussi à leur exemple, car j’ai tenté avec ardeur de marcher sur leurs traces non seulement dans l’art du dessin, mais aussi, comme l’hébreu Tubal, dans tout travail du cuivre et du fer, de l’argent et de l’or, c’est à vous, qui êtes un grand prince et prenez modèles sur nombre de rois, que je dédie mon œuvre, quelle qu’elle soit, mon œuvre dis-je, non quant à l’explication historique des sujets représentés, car les descriptions sont tirées de Lilius Georgius, mais quand aux dessins des planches d’images. Celles-ci, je les ai fondues et polies ; j’y ai dessiné au simple trait, avec le plus grand art que j’ai pu, suivant la description littéraire ; ensuite dessinée, je les gravées au burin ; enfin gravées, je les ai mises à la presse, tirées à l’ancre et publiées sous les auspices de votre très illustre nom, afin que la France, nourrice des beaux arts, sache que je suis un de vos sujets lorrains, moi qui, dans cette dédicace, vous reconnais pour mon prince sur la terre. Adieu A Lyon. »''
'' « A très et très puissant prince Charles par la grâce de Dieu duc de Calabre, de Lorraine, de Bar, de Gueldres, P. Woeiriot, de Lorraine, souhaite gloire et bonheur. Alexandre surnommé le Grand, mettant Lysippe dans l’art de la sculpture et Apelle en peinture au-dessus de tous les autres artistes, défendit par un édit royal que nul autre que Lysippe fit sa statue et nul autre qu’Appelle son portrait ; prince assurément digne d’être honoré par les travaux si parfaits de tels artistes. Aussi à leur exemple, car j’ai tenté avec ardeur de marcher sur leurs traces non seulement dans l’art du dessin, mais aussi, comme l’hébreu Tubal, dans tout travail du cuivre et du fer, de l’argent et de l’or, c’est à vous, qui êtes un grand prince et prenez modèles sur nombre de rois, que je dédie mon œuvre, quelle qu’elle soit, mon œuvre dis-je, non quant à l’explication historique des sujets représentés, car les descriptions sont tirées de Lilius Georgius, mais quand aux dessins des planches d’images. Celles-ci, je les ai fondues et polies ; j’y ai dessiné au simple trait, avec le plus grand art que j’ai pu, suivant la description littéraire ; ensuite dessinée, je les gravées au burin ; enfin gravées, je les ai mises à la presse, tirées à l’ancre et publiées sous les auspices de votre très illustre nom, afin que la France, nourrice des beaux arts, sache que je suis un de vos sujets lorrains, moi qui, dans cette dédicace, vous reconnais pour mon prince sur la terre. Adieu A Lyon. »''


Il grave en tout une quarantaine de portraits de personnages rencontrés tant en Italie, qu'à Lyon ou en Lorraine. On lui doit aussi quelques vignettes sur bois, 100 illustrations des ''Emblèmes chrestiens''de Georgette de Montenay, des dessins d'ornements ou d'orfèvrerie et même quelques médailles coulées.
Il grave en tout une quarantaine de portraits de personnages rencontrés tant en Italie, qu'à Lyon ou en Lorraine. On lui doit aussi quelques vignettes sur bois, 100 illustrations des ''Emblèmes chrestiens'' de Georgette de Montenay<ref>Emblèmes et Pensées Symboliques en Lorraine. Paulette CHONE. KLINCKSIECK 1991</ref>, des dessins d'ornements ou d'orfèvrerie et même quelques médailles coulées.


Il a beaucoup voyagé pendant et après sa formation. On le trouve à Rome, Bologne d'après Paulette Choné, sans doute Florence, centre de l'orfèvrerie, puis à Lyon où il côtoie l'orfèvre Simon Costière, chez qui il a pu suivre une partie de son apprentissage et de qui il grave et coule une médaille en [[1555]]. La même année il grave le portrait de la célèbre poétesse Louise Labé et y exprime déjà tout son talent.
Il a beaucoup voyagé pendant et après sa formation. On le trouve à Rome, Bologne d'après Paulette Choné, sans doute Florence, centre de l'orfèvrerie, puis à Lyon où il côtoie l'orfèvre Simon Costière, de qui il grave et coule une médaille en [[1555]]. La même année il grave le portrait de la célèbre poétesse Louise Labé et y exprime déjà tout son talent.


Il s'installe pour un temps à Lyon à cette époque et y côtoie un cercle d'artistes et de poètes, comme ses amis Barthélémy Aneau, à qui il dédiera ses modèles d'orfèvrerie, ou Louis Desmasures dont il fera le portrait; il y dévoile ses talents d'ornemaniste. Les troubles religieux du début des années 1560 l'éloignent provisoirement de Lyon.
Il s'installe pour un temps à Lyon à cette époque et y côtoie un cercle d'artistes et de poètes, comme ses amis Barthélémy Aneau, à qui il dédiera ses modèles d'orfèvrerie, ou Louis Desmasures dont il fera le portrait; il y dévoile ses talents d'ornemaniste. Les troubles religieux du début des années 1560 l'éloignent provisoirement de Lyon.
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Parallèlement, il travaille pour le duc de Lorraine. Il revient provisoirement à Lyon où sont édités les ''Emblèmes Chrestiens'' de Georgette de Montenay, qu'il illustre. Son penchant pour la réforme semble ici évident ; il a d'ailleurs fait deux portraits de Calvin. Louis Desmasures se range du côté de la réforme à cette époque. Barthélémy Aneau meurt en [[1561]] au cours des troubles lyonnais : Pierre Woeiriot lui dédie son ''Livre d'aneaux d'orfèvrerie'', quarante dessins de bagues et pendants d'oreilles, avec une dédicace et deux quatrains. La préface de cet ouvrage est très précieuse ; il y explique qu'il a reçu une formation d'orfèvre, puis s'est tourné vers "l'art du portrait, la peinture, la sculpture, la perspective, l'architecture, la taille enlevée et enfoncée et la gravure". À ce propos, sur ses vignettes gravées sur bois, il montre qu'il possède l'art de la perspective.
Parallèlement, il travaille pour le duc de Lorraine. Il revient provisoirement à Lyon où sont édités les ''Emblèmes Chrestiens'' de Georgette de Montenay, qu'il illustre. Son penchant pour la réforme semble ici évident ; il a d'ailleurs fait deux portraits de Calvin. Louis Desmasures se range du côté de la réforme à cette époque. Barthélémy Aneau meurt en [[1561]] au cours des troubles lyonnais : Pierre Woeiriot lui dédie son ''Livre d'aneaux d'orfèvrerie'', quarante dessins de bagues et pendants d'oreilles, avec une dédicace et deux quatrains. La préface de cet ouvrage est très précieuse ; il y explique qu'il a reçu une formation d'orfèvre, puis s'est tourné vers "l'art du portrait, la peinture, la sculpture, la perspective, l'architecture, la taille enlevée et enfoncée et la gravure". À ce propos, sur ses vignettes gravées sur bois, il montre qu'il possède l'art de la perspective.


Il a pu rencontrer Georgette de Montenay à Bar le Duc ou à Lyon, lors du tour de France de Catherine de Médicis et de son fils [[Charles IX de France|Charles IX]] en [[1564]]. Mademoiselle de Montenay était protégée de Jeanne de Navarre, qui était du voyage, accompagnée de son fils Henri, le futur [[Henri IV de France|Henri IV]].
Il a pu rencontrer [[Georgette de MONTENAY|Georgette de Montenay]]<ref>Son portrait par Pierre Woeriot est en première page de ses "Emblèmes". Il est daté de 1566.
</ref> à Bar le Duc ou à Lyon, lors du tour de France de Catherine de Médicis et de son fils [[Charles IX de France|Charles IX]] en [[1564]]. Mademoiselle de Montenay était protégée de Jeanne de Navarre, qui était du voyage, accompagnée de son fils Henri, le futur [[Henri IV de France|Henri IV]].
 
Il s'installe un temps à Augsbourg, puis se fixe à Damblain en [[1571]], où il vient d'hériter du fief et du titre de sa mère Urbaine de Bouzey. Sa production artistique devient moins abondante. Il devient écuyer et il consacre une partie de son temps à la gestion de son fief, qu'il défend avec âpreté contre les habitants de Damblain, avec qui il est par deux fois en conflit, contre sa famille aussi. Il meurt en [[1599]] dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, laissant une veuve démunie, Giénette Sallet, et cinq garçons dont quatre très jeunes : Pompée, Hanibal, Scipion, César et Josué<ref>Information donnée en 2003 par Alain Cullière, directeur de l'UFR de lettres et langues de l'université de Metz</ref>. Seul ce dernier a une descendance dans le village par Marie de Bouzey, fille de Josué.
 
== {{Notes et références}} ==
{{Références}}


Il s'installe un temps à Augsbourg, puis se fixe à Damblain en [[1571]], où il vient d'hériter du fief et du titre de sa mère Urbaine de Bouzey. Sa production artistique devient moins abondante. Il devient écuyer et il consacre une partie de son temps à la gestion de son fief, qu'il défend avec âpreté contre les habitants de Damblain, avec qui il est par deux fois en conflit, contre sa famille aussi. Il meurt en [[1599]] dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, laissant une veuve démunie, Giénette Sallet, et cinq garçons dont quatre très jeunes : Pompée, Hanibal, Scipion, César et Josué. Seul ce dernier a une descendance dans le village par Marie de Bouzey, fille de Josué.




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Pierre Woeiriot de Bouzey, graveur, portraitiste, ornemaniste

Pierre Woeiriot à 24 ans, 1556

Pierre Woeiriot, graveur ornemaniste du XVIe siècle, est né à Neufchateau, d'après son dire, en 1532, et est décédé en 1599 dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, le Champjanon, dont il était le seigneur.

Il a suivi un solide et dur apprentissage du métier d'orfèvre, sans doute près de son père, d’Étienne Briot qui tient école à Damblain, puis à Lyon près de Simon COSTIERE orfèvre. Cet apprentissage est combiné à une réelle culture générale. Il le raconte dans la préface de son « livre d’anneaux et d’orfèvrerie » paru à Lyon en 1561 : « Parquoy je de mon premier et propre estat, orfèvre, qui des arts manuels traite le plus précieux et le plus incorruptible subjet , qui est l’or, …et depuis à icelui adjousté les arts de pourtraicture, peincture, et sculpture, perspective et architecture, et aussi de taille enlevée et enfoncée, engravure et imitation du naturel, provenant tant de nature propre, que acquises par instruction des maistres eleuz, que aussi par labeur, et exercice continuel et imitation diligente, avec pérégrination lointaine diverse et curieuse : pour voir, connaistre et en suivre les singularités antiques, et icelles à ma possibilités renouveller et representer. En sorte que peu ne me semble et ne me repens y avoir employé partie de ma jeunesse. Je n’ai voulu estre ingrat envers mon premier art d’orfèvrerie qui aux autres m’a ouvert le chemin et par lequel j’ay commencé » [1].

Le privilège royal d'impression nous révèle que les quarante feuillets de modèles d'orfèvrerie ont été gravés avant décembre 1554. Il a déjà sa maîtrise. En 1554 aussi il dessine et grave les planches de « Pinax iconicus  » nous donne une vue de Lyon en 1554. Son autoportrait est en première page. (cliché de 1870 d'Ambroise Firmin Didot, documentation d'André Gautrot).

Dans l’épitre dédicatoire de ce livre il montre au Duc de Lorraine qu’il est fier de son art, fruit d’un travail acharné ; il a vingt-quatre ans. Ce texte en latin est traduit par Louis Jouve [2]

 « A très et très puissant prince Charles par la grâce de Dieu duc de Calabre, de Lorraine, de Bar, de Gueldres, P. Woeiriot, de Lorraine, souhaite gloire et bonheur. Alexandre surnommé le Grand, mettant Lysippe dans l’art de la sculpture et Apelle en peinture au-dessus de tous les autres artistes, défendit par un édit royal que nul autre que Lysippe fit sa statue et nul autre qu’Appelle son portrait ; prince assurément digne d’être honoré par les travaux si parfaits de tels artistes. Aussi à leur exemple, car j’ai tenté avec ardeur de marcher sur leurs traces non seulement dans l’art du dessin, mais aussi, comme l’hébreu Tubal, dans tout travail du cuivre et du fer, de l’argent et de l’or, c’est à vous, qui êtes un grand prince et prenez modèles sur nombre de rois, que je dédie mon œuvre, quelle qu’elle soit, mon œuvre dis-je, non quant à l’explication historique des sujets représentés, car les descriptions sont tirées de Lilius Georgius, mais quand aux dessins des planches d’images. Celles-ci, je les ai fondues et polies ; j’y ai dessiné au simple trait, avec le plus grand art que j’ai pu, suivant la description littéraire ; ensuite dessinée, je les gravées au burin ; enfin gravées, je les ai mises à la presse, tirées à l’ancre et publiées sous les auspices de votre très illustre nom, afin que la France, nourrice des beaux arts, sache que je suis un de vos sujets lorrains, moi qui, dans cette dédicace, vous reconnais pour mon prince sur la terre. Adieu A Lyon. »

Il grave en tout une quarantaine de portraits de personnages rencontrés tant en Italie, qu'à Lyon ou en Lorraine. On lui doit aussi quelques vignettes sur bois, 100 illustrations des Emblèmes chrestiens de Georgette de Montenay[3], des dessins d'ornements ou d'orfèvrerie et même quelques médailles coulées.

Il a beaucoup voyagé pendant et après sa formation. On le trouve à Rome, Bologne d'après Paulette Choné, sans doute Florence, centre de l'orfèvrerie, puis à Lyon où il côtoie l'orfèvre Simon Costière, de qui il grave et coule une médaille en 1555. La même année il grave le portrait de la célèbre poétesse Louise Labé et y exprime déjà tout son talent.

Il s'installe pour un temps à Lyon à cette époque et y côtoie un cercle d'artistes et de poètes, comme ses amis Barthélémy Aneau, à qui il dédiera ses modèles d'orfèvrerie, ou Louis Desmasures dont il fera le portrait; il y dévoile ses talents d'ornemaniste. Les troubles religieux du début des années 1560 l'éloignent provisoirement de Lyon.

Parallèlement, il travaille pour le duc de Lorraine. Il revient provisoirement à Lyon où sont édités les Emblèmes Chrestiens de Georgette de Montenay, qu'il illustre. Son penchant pour la réforme semble ici évident ; il a d'ailleurs fait deux portraits de Calvin. Louis Desmasures se range du côté de la réforme à cette époque. Barthélémy Aneau meurt en 1561 au cours des troubles lyonnais : Pierre Woeiriot lui dédie son Livre d'aneaux d'orfèvrerie, quarante dessins de bagues et pendants d'oreilles, avec une dédicace et deux quatrains. La préface de cet ouvrage est très précieuse ; il y explique qu'il a reçu une formation d'orfèvre, puis s'est tourné vers "l'art du portrait, la peinture, la sculpture, la perspective, l'architecture, la taille enlevée et enfoncée et la gravure". À ce propos, sur ses vignettes gravées sur bois, il montre qu'il possède l'art de la perspective.

Il a pu rencontrer Georgette de Montenay[4] à Bar le Duc ou à Lyon, lors du tour de France de Catherine de Médicis et de son fils Charles IX en 1564. Mademoiselle de Montenay était protégée de Jeanne de Navarre, qui était du voyage, accompagnée de son fils Henri, le futur Henri IV.

Il s'installe un temps à Augsbourg, puis se fixe à Damblain en 1571, où il vient d'hériter du fief et du titre de sa mère Urbaine de Bouzey. Sa production artistique devient moins abondante. Il devient écuyer et il consacre une partie de son temps à la gestion de son fief, qu'il défend avec âpreté contre les habitants de Damblain, avec qui il est par deux fois en conflit, contre sa famille aussi. Il meurt en 1599 dans sa maison forte de Damblain, sise en haut de la rue de Poiseul, laissant une veuve démunie, Giénette Sallet, et cinq garçons dont quatre très jeunes : Pompée, Hanibal, Scipion, César et Josué[5]. Seul ce dernier a une descendance dans le village par Marie de Bouzey, fille de Josué.

Référence.png Notes et références

  1. Chez Guillaume Roville ; le privilège du Roy est daté à Blois le 10 janvier 1555
  2. Les Wiriot et les Briot, artistes lorrains du XVIe et du XVIIe siècle : nouvelles ... Jouve, Louis 1814-1896).
  3. Emblèmes et Pensées Symboliques en Lorraine. Paulette CHONE. KLINCKSIECK 1991
  4. Son portrait par Pierre Woeriot est en première page de ses "Emblèmes". Il est daté de 1566.
  5. Information donnée en 2003 par Alain Cullière, directeur de l'UFR de lettres et langues de l'université de Metz



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