Verreries et Verriers à St Christophe de Double

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Verreries et verriers à St Christophe de Double en Gironde


les sources consultées

  • Cet article peut voir le jour grâce à l'aimable courtoisie de David REDON président du GRAHC qui m'a fourni les sources textuelles suivantes:

« Verreries et Verriers en Périgord » ouvrage du comte de SAINT-SAUD paru en 1941 Imprimerie Générale du Sud-Ouest – Bergerac (« simple notice » de 114 pages toutefois !).

Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord – tome LXVII de mai-juin 1940 comprenant 4 articles de Emile DUSSOLIER.

mais on trouve aussi

    • les références glanées en ligne sur les sites :

http://pagesperso-orange.fr/saint-pons-de-thomieres/riols-gentilshommes.html

http://saint-pons-de-thomieres.pagesperso-orange.fr/verreries-de-moussans.html

ces deux sites donnent une bonne approche de la condition des verriers sous l'Ancien Régime

      • pour la fabrication du verre

http://gremlin.chez.com/verrerie.html page du « Chemin des verriers » en Languedoc

Four verrerie.jpeg
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l'histoire locale

Dans la mémoire collective de Saint-Christophe il subsiste un souvenir très vague de fabrication de verrerie locale que le lieu-dit « la Verrière » illustre bien.

Mais pour aller plus loin il convient à partir des sources accessibles de replacer le contexte historique et social local dans le dossier plus général de l'artisanat de la verrerie dans la Double qui disparaîtra avec l'apparition de la verrerie industrielle 18ème siècle

Où pouvaient se trouver les verreries de Saint-Christophe-de-Double ?

Dussolier mentionne (source Arch. Departement. Gironde – notaire Jean Doamlup, E4656)

1) la verrerie de la mothe ...(près de la Mothe Soudane ou bien de l'actuelle  la Verrière  toute proche ?) située tout de même dans la paroisse de St Christophe de Double jurid[icti]on de Coutras en fronsadois.

Le 1er avril 1556 Jean Grenier confesse debvoir a … Jehan Roy, marchand de verres, demourant en ...bourd[eaulx], cinquante six livres tournoys pour raison de vendition de salicorn et dargent a luy preste … led[ict] Grenier a promis … paier en verres ...scavoir la tierce partie en verres blancs, l'autre tierce partie en en verres de deux, et l'autre tierce partie en verre de troys ….dedans la fin du mois d'aougst prochain venant ....

en 1609 – cinquante ans plus tard - Jean Juliot, habitant de saint christophe en bourdellois confesse devoir … a Denys Sylvestre la somme de soixante quinze livres … pour … la vente et délivrance de six cens vingt cinq livres de sallicorn despaigne ...led. Jullyot a promis de bailher et paier en verres blancs ...

2) la verrerie de l'Etang ...

le 11 juillet 1608, Jean Juilhot, écuyer,sieur de sainct martin et la baste, paroisse de saint christophe en fronssadois et Jehan Robert, aussi écuyer, habitant au repaire de Lestant se reconnaissent solidairement redevables de 350 grosses de verres blancs envers Denys Sylvestre, bourgeois et marchand de Bordeaux, pour fourniture de salicorn et s'engageait à les livrer cent grosses dedans le jour et feste de Toussains et le restant dedans le jour et feste de Nouel

Le 2 janvier 1609, Jean Juilhot, écuyer, est dit habitant au lieu de lestan et paraît à partir de cette date à la tête de la verrerie de l'Etang … absente des archives passé le 30 mars 1609.

Le décès d'un Louis Juilhot, sieur de Létang, âgé de 70 ans est constaté en 1725 dans l'église de Saint Michel l'Ecluse (paroisse limitrophe en Double périgourdine.

Que peut-on dire sur ces verriers de Saint-Christophe ?

Nous n'avons pas beaucoup de détails spéciaux à notre territoire à avancer mais il y a deux constatations à faire :

L'existence de verreries à St Christophe est à considérer comme faisant partie de contexte de la Double, donc des verreries du Périgord en activité au même moment. Les verriers de St Christophe ne se distinguaient pas des autres verriers voisins car :

Ils étaient membres des mêmes familles et nobles ( du moins pour les ceux qui dirigeaient) et ils ne devaient pas rouler sur l'or car ils avaient recours à l'avance de fonds et de produits de base auprès des marchands auxquels ils devaient livrer le produit fini selon contrat !

Leurs techniques de production n'étaient pas originales. Ils utilisaient le « salicorn » importé d'autres provinces – ils exerçaient près de forêts où se trouvait le bois nécessaire à leurs fours – il leur fallait un sol siliceux (disons sabloneux)- ils avaient recours à des marchands de Bordeaux pour écouler leurs produits – la production était limitée à du verre à usage familial : verres à boire et peut-être bouteilles .

Que savons-nous des verriers de la Double en Périgord ?

Saint Saud traite de ce sujet dans son ouvrage précité.

Il décrit bien que les verriers avaient une longue histoire derrière eux, telle qu'on les nommait  gentilshommes verriers car ils étaient de statut nobiliaire par tradition et aussi au bénéfice de lettres patentes royales.

  • Le statut de noble

A l'origine leur statut viendrait qu'au retour des croisades certains nobles (qui avaient vendus leurs fiefs pour y participer, se retrouvaient sans ressources) le roi (Saint Louis) leur aurait permis de d'exercer le métier de verrier sans déroger ( sans perdre leur qualité de noble ) et leur aurait donné l'autonomie nécessaire en les exemptant de toute taxe et autres redevances pour eux, leur famille, leurs biens et leurs productions … allant jusqu'à donner les mêmes privilèges aux marchands des produits verriers fabriqués par ces gentilshommes ! Il faut dire que le gentilhomme verrier avait le droit de porter un chapeau brodé et de porter l'épée au côté quand il sortait de sa verrerie !

Mais ce statut était difficile à conserver et à prouver notamment en évitant les mariages hors corporation, en luttant contre les tentatives de taxation des Fermiers ( les percepteurs d'alors) et en prouvant leur qualité lors des « Recherches sur la Noblesse » diligentées par le roi.

Ci-dessous un exemple de conflit

Parmi les extraits des Registres du Conseil d'Etat (du 14 juin 1701, n°55), nous trouvons une requête de Helliès Mercier, marchand et syndic des marchands de verre de bordeaux, contre la seconde présentée par Pierre Domergue,ci-devant fermier général des Fermes Unies de Sa Majesté.

La première se basait sur les privilèges accordés aux gentilshommes verriers, confirmés par lettres patentes de décembre 1655.

La seconde, présentée par Maître Domergue, tendait à assimiler les verres aux autres marchandises et à leur faire payer des droits d'entrée et de sortie.

L'ordonnance rendue par M. de Bezons, Intendant de Languedoc, du 4 décembre 1669, en faveur du nommé de Laroque, et lui accordant main levée de la saisie de quatre charges de verres saisies à la requête de Jean Rivière, fermier du droit de Leude et péages du lieu de Sainte-Colombe, justifiait la première thèse.

Etant donnés les précédents, le roy, en son conseil, sans s'arrêter à la requête dudit Domergue, a ordonné et ordonne que les verres et bouteilles provenant des Verreries de Périgord, qui seront transportés dans la sénéchaussée de Bordeaux seront exempts des droits de connétablie

  • L'histoire familiale de ces gentilshommes verriers

Selon Saint Saud il faut considérer nos verriers doublauds comme des sous-cadets des cadets de familles-clans de gentilshommes verriers du Languedoc. Les cadets ayant émigré vers nos provinces du Sud-Ouest et nos sous-cadets s'étant fixés en Périgord, Gascogne et Quercy.

Selon lui il y aurait bien identifiés en Périgord : les Grenier, les Robert, les Coulon, les Juilhot et les Berbigier … tous orthographiés avec des variantes

  • L'organisation de la profession

L'acte écrit fondateur du statut des verriers est la charte de 1445 du roi Charles VII. A la tête des verriers du Languedoc était nommé par le roi le Capitaine Viguier de Sommières qui avait juridiction sur tous les verriers du Languedoc au Sud-Ouest.

Au-dessous se trouvaient les Départements ( pour nous de Grésigne) et à l'échelon le plus bas les Maîtrises/Syndics ( pour nous du Périgord/La Double, maîtrise de Bazas ou le Bordelais).

Le métier de verrier et sa "sociologie"

N'oublions pas tout de même que pour produire de la verrerie les verriers employaient des « ouvriers » qui n'étaient pas nobles … pour les tâches de manutention

Mais certains savoir-faire étaient réservés aux nobles... comme par exemple « souffler » le verre.


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