VEILANDE Michel

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Retour Brécy-Brières

Michel VEILANDE

Extrait de « Villages d’Argonne, Brécy-Brières »


« Michel VEILANDE naquit à Manre le 16 Octobre 1767. Son père, Michel Veilande, et sa mère, Marguerite Reick, étaient domestiques du Comte de Roucy. Leurs 4 fils firent leur service militaire. Le second, Michel comme son père, était ouvrier boulanger et avait 18 ans lorsqu’il s’engagea en 1786 au Régiment de Berwick, plus tard le 88ème d’Infanterie. La tradition veut qu’on lui ait dit « Quand reviendras-tu petit Michel ? » et qu’il aurait répondu « Quand je serai général ». Le petit Michel ne croyait pas si bien dire.

Il gagna ses premiers grades pendant les premières campagnes de la Révolution, à l’armée du Rhin et, en 1793, fut nommé capitaine. Son élection s’était faite à la majorité des suffrages. Le nouveau capitaine sut se montrer digne de son titre et, bientôt après, le 11 Décembre 1794, fut félicité devant ses grenadiers pour avoir repoussé, avec sa seule compagnie, une sortie de l’adversaire au siège de Mannheim.

Adjudant-major le 14 Février 1796, il se distingua de nouveau au siège du pont de Kehl et, le premier, entraîna ses soldats contre les Autrichiens.

Peu après, nous le retrouvons à l’Armée d’Italie, à la 53ème demi-brigade. Deux fois, il attira l’attention sur lui par sa belle conduite, à Savigliano en Piémont et à St-Jacques en Ligurie. Cependant, on voulut un moment le mettre en réforme comme le plus jeune chef de bataillon mais ses chefs protestèrent et Berthier le fit nommer major au 67ème à Savone. Veilande permuta aussitôt pour aller au 18ème à Brescia.

En 1806, Veilande fut nommé colonel au 88ème, c’est dans ce régiment qu’il avait fait ses premières armes. Comme colonel, et bientôt comme général, il eut souvent ses chevaux tués sous lui, à Iéna, à Pultusk, à Ocana, etc… Son titre de baron de l’Empire (…) lui fut accordé pour avoir, à Pultusk en 1808, avec moins de 30 hommes, sauvé l’aigle du régiment que les masses russes entouraient.

De 1808 à 1812, il fit la guerre d’Espagne et prit part aux sièges de Saragosse, de Badajoz, de Campo Major, etc… En 1810, le grade de général de brigade était venu récompenser son zèle. Il était sous-gouverneur de Badajoz lorsque les Anglais investirent la ville pour l’enlever d’assaut en 1812. (….). Et il fallut vivre 27 mois sur les pontons de l’Angleterre.

Le 28 Mai 1814, le prisonnier délivré rentra en France. Napoléon, détrôné, était à l’Ile d’Elbe. Veilande n’hésita pas à passer au service du Roi et, grâce aux excellents témoignages de ses chefs Suchet, Mortier, Girard, qui tous louaient sa vaillance et ses talents, il obtint le commandement du Havre le 31 Août 1814.

Mais au retour de l’Empereur, il accepta aussi facilement de servir au Havre, puis dans la Haute Garonne ; enfin, il partit à l’Armée du Nord à Laon. Arrivé trop tard pour prendre part à la lutte, il n’en fut pas moins traité comme transfuge et, au retour des Bourbons, dut quitter Paris pour Brières sans pouvoir obtenir un nouveau poste. Le 18 Octobre 1815, le baron fut mit à la retraite par ancienneté de service avec 4000 francs de rente. Il avait servi 29 ans et 3 mois. (….).

C’est alors qu’il vint résider définitivement au château de Brières qu’il avait acheté entre deux campagnes et dans lequel il n’avait passé que quelques rares congés. Entre temps, il avait épousé Maria Thérèse Françoise Eulalie Huot, née à Suzanne, canton de Tourteron et, le 26 Mai 1817, on baptisait en grande pompe à Brières le 1er né du baron, Charles Michel Gustave (…). En 1818, le 26 Juillet, naquit un second fils, Charles Anatole que l’on baptisa le 2 Août et qui ne vécut que 15 mois. En 1819, le 17 Septembre, vint au monde Marguerite Eulalie (…). En 1821, naquit un 4ème enfant, Louis Frédéric (…).

En 1820, les habitants de Brières apportaient à leur châtelain l’écharpe de maire ; cette écharpe, le baron devait la garder jusqu’en 1827, époque où la commune de Brières fut supprimée et le pays réuni à la commune de Brécy. De 1821 à 1824, le baron remplit les fonctions de député des Ardennes et fut élu de 1834 à 1844 conseiller général des cantons de Monthois et Machault, ces cantons étant réunis jusqu’en 1868.

Lorsqu’éclata la révolution de 1830, un moment le général eut l’espoir de reprendre sa carrière.Il redemanda du service et fut même placé dans le cadre de réserve en 1831, mais ce fut pour bien peu de temps ; en 1832, on le remettait à la retraite.

Dès lors, il ne quitta plus guère son château de Brières, goûtant les joies de vie familiale, ce qui ne lui avait guère été possible jusque là, et gérant en homme entendu la fortune importante qu’il s’était acquise. Ses concitoyens le croyaient fort riche, (…) on racontait une histoire de mulets chargés d’or et d’argent et perdus pour la plupart au passage de la frontière d’Espagne (…).

Marguerite Eulalie Veilande mourut en 1845, à l’âge de 25 ans seulement, et ce fut pour son père qui l’aimait beaucoup une perte cruelle. Il ne put supporter cette épreuve, lui qui avait connu tant de mauvais jours dans sa carrière aventureuse, et mourut la même année, à 1 mois d’intervalle, âgé de 78 ans.

Le baron fut inhumé dans un cimetière particulier qu’il s’était fait établir dans un jardin ouvrant sur le cimetière public. Une grille et une porte en fer forgé portant les armes des Veilande, ornaient ce cimetière Sur la tombe, une pyramide rappelle ses titres et ses décorations : « Ici repose le baron Veilande, Commandeur dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, Chevalier de la Couronne de Fer d’Autriche et Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis ; ancien député et ancien membre du Conseil Général du département des Ardennes, mort le 1er Avril 1845, dans sa terre de Brières ».

Dix ans plus tard, près de sa tombe et celle de sa fille, venait reposer le corps de son fils Louis Frédéric Veilande, mort à Paris le 23 Décembre 1855 dans sa 35ème année. Puis, en 1862, mourait à son tour Mme Marie Thérèese Eulalie Huot, veuve du baron. Enfin, en 1876, eut lieu l’inhumation de Charles Michel Gustave, baron Veilande, âgé de 60 ans.

Ainsi finit brusquement cette famille à laquelle son chef avait su donner du renom et laisser des biens importants que les héritiers dilapidèrent rapidement »

Maurice Martin