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Aujourd’hui, on sait que la peste, très contagieuse, est causée par la bactérie '''Yersinia pestis''', véhiculée par le rat, et transmise à l’homme par la '''puce'''.
[[Fichier:Medecin-peste.png|right|350px|thumb|Docteur Schnabel de Rome, pendant la peste noire (gravure de Paul Fürst 1656) : tunique recouvrant tout le corps, gants, bésicles de protection portées sur un masque en forme de bec, chapeau et baguette.]]


La plupart du temps associée à la malnutrition et à la famine, la peste est '''"le grand massacreur des mal-nourris".'''
== Les origines de la peste ==


Elle se guérit actuellement par des antibiotiques, si le diagnostic est porté à temps
Aujourd’hui, on sait que la peste, très contagieuse, est causée par une bactérie ([http://fr.wikipedia.org/wiki/Yersinia_pestis Yersinia pestis (Wikipédia)]), véhiculée par le rat, et transmise à l’homme par la puce.


Pourtant la peste continue à faire réfléchir. Albert Camus l’a prise comme emblème du mal. Son roman '''« La peste »''' (allégorie du nazisme) décrit les réactions des hommes et de la société face à un fléau : pa-nique, my-s-ticisme, résignation mais aussi résistance et solidarité.
Un traitement réel contre la peste n’a été disponible qu’à partir des dernières années du XIXe siècle, après la découverte du bacille par Alexandre Yersin.  


Trois grandes épidémies de peste sont connues au cours des temps historiques:
Pour nos ancêtres, deux éléments caractérisent la peste :  
* La peste de Justinien
* son extrême contagion,
* La peste noire
* son issue fatale dans la grande majorité des cas
* La troisième pandémie de 1900
==== Vagues successives de peste ==== 


* &nbsp;&nbsp;567 : La peste de Justinien, racontée par Grégoire de Tours. Elle atteint Clermond Ferrand, il y a plus de 300 cadavres dans la cathédrale... La peste qui frappe alors le Bassin méditerranéen aura deux conséquences : à cause de la dépression démographique qu’elle crée, la peste permet l’avancée des peuples barbares, mais surtout elle permet la pénétration des armées des arabes islamisés qui ne rencontrent que très peu de résistance dans le nord de l’Afrique
A partir des ports (en particulier les ports du Levant qui commercent avec l’Afrique, le Moyen Orient) et des frontières (particulièrement celle de l’est du pays), la peste emprunte les grandes voies fluviales et les grands axes de circulation pour se propager. 
 
Le long de ces axes, les porteurs de peste sont principalement des itinérants (soldats, pèlerins, mendiants, colporteurs, voituriers, etc) qui dans leurs malles ou baluchons diffusent la contagion au cours de leur déplacements.
 
La contagion frappe les villes comme les campagnes, même si plus une localité est peuplée plus elle a de chances d’être infectée.
 
== Vagues successives de peste == 
Trois grandes épidémies de peste sont connues au cours des temps historiques :
* La peste de Justinien (an 567)
* La peste noire (début en 1337)
* La troisième pandémie (1894-1914)
 
Mais le détail des épidémies, plus ou moins étendues, est bien plus complexe.
 
* &nbsp;&nbsp;567 : La '''peste de Justinien''', racontée par Grégoire de Tours. Elle atteint Clermond Ferrand, il y a plus de 300 cadavres dans la cathédrale... La peste qui frappe alors le Bassin méditerranéen aura deux conséquences : à cause de la dépression démographique qu’elle crée, la peste permet l’avancée des peuples barbares, mais surtout elle permet la pénétration des armées des arabes islamisés qui ne rencontrent que très peu de résistance dans le nord de l’Afrique
* [[1120]] : Le mal des Ardents apparaît de nouveau et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais.
* [[1120]] : Le mal des Ardents apparaît de nouveau et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais.
* [[1270]] (25 août) : Saint Louis en meurt de la peste à Tunis.
* [[1270]] (25 août) : Saint Louis meurt de la peste à Tunis.
* [[1337]] : La peste noire a démarré en Chine. Elle a laissé derrière elle 13 millions de morts.  
* [[1337]] : La '''peste noire''' démarre en Chine. Elle a laissé derrière elle 13 millions de morts.  
* [[1348]] : La « peste noire » tua un tiers de la population de l’Europe (soit environ 30 millions de morts), en deux années seulement ! Partie de Marseille et de Gènes, en raison du commerce avec l'Orient, elle touche toute l'Europe, de façon un peu inégale.
* [[1348]] : La « peste noire » tua un tiers de la population de l’Europe (soit environ 30 millions de morts), en deux années seulement ! Partie de Marseille et de [[Italie - Gênes (Genova)|Gênes]], en raison du commerce avec l'Orient, elle touche toute l'Europe, de façon un peu inégale.
* [[1348]] à [[1500]] : Paris connaît une vingtaine d’attaques de la peste.
* [[1348]] à [[1500]] : Paris connaît une vingtaine d’attaques de la peste.
* [[1348]] à [[1649]] On compte à Nîmes trente et une épidémies.
* [[1348]] à [[1649]] On compte à Nîmes trente et une épidémies.
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* [[1577]] : Venise perd 50.000 habitants. Montaigne préfère quitter Bordeaux, la grande ville dont il est échevin ...   
* [[1577]] : Venise perd 50.000 habitants. Montaigne préfère quitter Bordeaux, la grande ville dont il est échevin ...   
* [[1632]] : Peste dans le Morbihan    ''Source : Revue du Cercle Généalogique du Morbihan N° 73''
* [[1632]] : Peste dans le Morbihan    ''Source : Revue du Cercle Généalogique du Morbihan N° 73''
* [[1655]] : Londres perdit d'un coup près de 70 000 de ses habitants.  
* 1664-1665 : Londres perdit d'un coup près de 75 000 de ses habitants (sur une population d’environ 460.000 habitants).
* [[1720]] : La dernière peste à Marseille et en Provence, avait été amenée – comme la première – par un bateau infesté : le Grand Saint Antoine.
* [[1720]] : La dernière peste à Marseille et en Provence, avait été amenée – comme la première – par un bateau infesté : le Grand Saint Antoine.
* [[1894]] : La troisième pandémie débute avec le réveil du vieux foyer du Yunnan et gagne Hong Kong.
* [[1894]] : La '''troisième pandémie''' débute avec le réveil du vieux foyer du Yunnan et gagne Hong Kong.
* [[1896]] : Rats et puces infectés, dont il n'avait nulle part été fait mention durant les deux premières pandémies, allaient trouver dans la navigation à vapeur un exceptionnel moyen de propagation. Partie de Bombay, la peste atteint Suez l'année suivante,
* [[1896]] : Rats et puces infectés, dont il n'avait nulle part été fait mention durant les deux premières pandémies, allaient trouver dans la navigation à vapeur un exceptionnel moyen de propagation. Partie de Bombay, la peste atteint Suez l'année suivante,
* [[1898]] : puis Madagascar,
* [[1898]] : puis Madagascar,
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* [[1908]] : Elle gagne Honolulu,  
* [[1908]] : Elle gagne Honolulu,  
* [[1911]] : Puis Java en 1911,
* [[1911]] : Puis Java en 1911,
* [[1914]] : Le Ceylan en 1914,  
* [[1914]] : Ceylan en 1914,  
* [[1920]] : La France, Marseille.
* 1918-1920 : Une flambée de peste à Paris et Marseille fait une centaine de malades et une trentaine de morts.
* [[1920]] : A Clichy, c’est la « peste des chiffonniers » qui fait une centaine de morts. Toujours les mêmes causes : des ballots de tissus importés d’Orient ont amené avec eux des puces infestées.
* [[1920]] : A Clichy, c’est la « peste des chiffonniers » qui fait une centaine de morts. Toujours les mêmes causes : des ballots de tissus importés d’Orient ont amené avec eux des puces infestées.
* [[1950]] : C'est seulement à partir des années 50 que la maladie peut enfin régresser, grâce aux campagnes de dératisation à grande échelle qui ont eu lieu après la Seconde guerre mondiale  
* [[1950]] : C'est seulement à partir des années 50 que la maladie peut enfin régresser, grâce aux campagnes de dératisation à grande échelle qui ont eu lieu après la Seconde guerre mondiale  
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* [[1966]] : 3.000 cas au Vietnam  
* [[1966]] : 3.000 cas au Vietnam  
* [[2002]] : Deux victimes à New York (USA)
* [[2002]] : Deux victimes à New York (USA)
===={{bibliographie}}====
 
*Les Chemins de la peste : Le rat, la puce et l'homme de Frédérique Audouin-Rouzeau
== Se préserver de la peste==
 
=== La fuite ===
 
Pour nos ancêtres qui croyaient que la corruption de l’air était à l’origine des contagions, la fuite préventive semblait la solution la plus efficace. Mais encore fallait-il avoir les moyens financiers de quitter les lieux infectés ! Les souverains, notables fuyaient les villes dès le début d’épidémies pour trouver refuge dans leurs résidences de campagne.
 
=== L’isolement===
 
Pour tous ceux qui ne peuvent quitter la localité infectée l’isolement semble le seul recours possible.
 
Dès l’annonce de l’état de contagion d’une localité, cela entraîne la mise en interdit de la ville. Les portes sont fermées, des gardes interdisent de franchir les portes.
 
Depuis la fin du XIVème siècle, la durée de mise à l’écart des personnes suspectées d’avoir contracté la maladie ou des convalescents est fixée à 40 jours (d'où quarantaine). Les villes emploient des sergents chargés de séquestrer les malades dans leur propre maison. Si la maladie se propage rapidement, les malades sont au contraire expulsés de leur domicile et sont isolés loin des murs de la cité.
 
Lorsque les premiers décès suspects surviennent, un médecin est chargé d’inspecter les cadavres. Si la peste est confirmée, la victime sera généralement enterrée de nuit dans des cimetières loin de la ville (dans le but d’éviter la panique et de dissimuler le nombre de morts).
 
Les porteurs de morts et de malades, qui ramassent les cadavres dans les rues se protègent avec un masque au long bec blanc recourbé (le masque de corbeau) et chargent les défunts grâce à de grands crochets. Le travail est fait souvent par des bagnards ou autres condamnés de droit commun.
 
=== Les remèdes ===
 
Malgré une méconnaissance de la nature de l’infection et de son mode de transmission, les médecins ont très vite compris la nécessité d’éliminer le mal par diverses méthodes :
* la sudation destinée a faire transpirer le malade (grâce à l’utilisation de plantes infusées dans du vin ou de l’eau bouillante)
* la suppuration des ganglions : le médecin pratique des cataplasmes puis incise et saigne les ganglions au fer rouge et applique enfin des crèmes à base de cuivre pour aseptiser les plaies.
 
=== La prière ===
 
Pour nos ancêtres, la peste est tout d’abord une manifestation de la colère divine. Ainsi, le meilleur des traitements pour prévenir ou éradiquer l’épidémie reste la prière.
 
En cas d’épidémie les rassemblements sont interdis qui empêchent toute prière collective. Ainsi, lors de l’épidémie de 1628, à Lyon, le bourdon de la cathédrale  St-Jean sonne et chaque fidèle est invité à prier là où il se trouve.
 
Malgré cela, des processions solennelles pour implorer la Vierge ou un saint sont parfois organisées, au risque de renforcer l’épidémie.
 
== Qui sont les victimes de la peste ?  ==
 
La mort par la peste est-elle sélective ? Quelles sont les personnes les plus exposées a la contagion ?
 
Des études d’historiens montrent que :
* les cas de nourrissons qui échappent à la maladie sont assez fréquents, ce qui n’est pas sans poser des problèmes en raison du grand nombre d’orphelins. Néanmoins les décès des nourrissons ne sont pas tous enregistrés dans les registres.
* les adolescents et les adultes jeunes (15 - 45 ans) sont les plus infectés
* la peste frappe autant les hommes que les femmes
* les classes privilégiées échappent plus facilement à la peste que les classes populaires. En effet, elles possèdent des propriétés à la campagne dans lesquelles elles peuvent se replier et ce sont chez elles que l’on rencontre le plus de poêles en faïences qui dessèchent l’atmosphère  et détruisent ainsi les puces.
* certaines professions sont plus exposées que d’autres. Logiquement, tout ceux qui prennent en charge les malades (personnel médical, fossoyeurs, moines, prêtres, notaires…) mais aussi les meuniers, boulangers, bouchers, hôteliers (les réserves des boutiques sont infestées de rats qui y trouvent une nourriture abondante). De même les marchands ambulants, colporteurs, cordonniers, ouvriers du textiles sont plus touchés (c’est souvent dans des balles de tissus que la peste débarque dans les ports).
* au contraire, certaines professions sont plus épargnées : bergers, cochers, palefreniers (la puce ne supporte pas l’odeur des moutons, chèvres et chevaux) ou les forgerons, tonneliers, charrons dont le bruit faire fuir les rats.
 
== Quelles conséquences ?  ==
 
 
Quelles conséquences ?
 
Du XIVème au début du XVIIème siècle, pratiquement toutes les familles ont été confrontées au moins une fois à l’épreuve de la peste et les conséquences furent nombreuses :
* les registres paroissiaux ne sont pas toujours tenus (faute de papier suffisant)
* certaines familles pour fuir la contagion se dispersent dans d’autres localités
* certaines familles subissent des pertes considérables, voire s’éteignent.  Le sort des orphelins de la peste est particulièrement dramatique.
* de nombreuses femmes enceintes décèdent et les naissances diminuent fortement. Dès la fin de l’épidémie, au contraire on assiste à de nombreux remariages et à une forte hausse de la natalité.
* la peste perturbe le cours des générations et la distribution des patrimoines. Ainsi, certaines familles perdent tous leurs biens (les maisons infectées sont parfois brûlées), d’autres par le jeu des décès s’enrichissent. De même certains commis ou apprentis deviennent parfois les nouveaux patrons grâce au mariage avec la veuve ou la fille de leur patron.
 
=={{bibliographie}}==
 
* [http://www.geneanet.org/boutique/index.php?id_product=10749&controller=product “Nos ancêtres et la peste”], Thierry Sabot - Editions Thisa
 
* Les Chemins de la peste : Le rat, la puce et l'homme de Frédérique Audouin-Rouzeau
 
== {{Voir aussi}} ==
 
* [[Le mur de la peste et les soldats de la ligne]]
* [[Lyon - La grande peste de 1628]]
 
== Liens utiles ==
 
* [https://www.geneanet.org/anecdotes/search?categories=4-28 La rubrique "Épidémie de pestes" sur la rubrique Actes insolites de Geneanet]
 
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Version du 17 mars 2020 à 22:26

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Docteur Schnabel de Rome, pendant la peste noire (gravure de Paul Fürst 1656) : tunique recouvrant tout le corps, gants, bésicles de protection portées sur un masque en forme de bec, chapeau et baguette.

Les origines de la peste

Aujourd’hui, on sait que la peste, très contagieuse, est causée par une bactérie (Yersinia pestis (Wikipédia)), véhiculée par le rat, et transmise à l’homme par la puce.

Un traitement réel contre la peste n’a été disponible qu’à partir des dernières années du XIXe siècle, après la découverte du bacille par Alexandre Yersin.

Pour nos ancêtres, deux éléments caractérisent la peste :

  • son extrême contagion,
  • son issue fatale dans la grande majorité des cas

A partir des ports (en particulier les ports du Levant qui commercent avec l’Afrique, le Moyen Orient) et des frontières (particulièrement celle de l’est du pays), la peste emprunte les grandes voies fluviales et les grands axes de circulation pour se propager.

Le long de ces axes, les porteurs de peste sont principalement des itinérants (soldats, pèlerins, mendiants, colporteurs, voituriers, etc) qui dans leurs malles ou baluchons diffusent la contagion au cours de leur déplacements.

La contagion frappe les villes comme les campagnes, même si plus une localité est peuplée plus elle a de chances d’être infectée.

Vagues successives de peste

Trois grandes épidémies de peste sont connues au cours des temps historiques :

  • La peste de Justinien (an 567)
  • La peste noire (début en 1337)
  • La troisième pandémie (1894-1914)

Mais le détail des épidémies, plus ou moins étendues, est bien plus complexe.

  •   567 : La peste de Justinien, racontée par Grégoire de Tours. Elle atteint Clermond Ferrand, il y a plus de 300 cadavres dans la cathédrale... La peste qui frappe alors le Bassin méditerranéen aura deux conséquences : à cause de la dépression démographique qu’elle crée, la peste permet l’avancée des peuples barbares, mais surtout elle permet la pénétration des armées des arabes islamisés qui ne rencontrent que très peu de résistance dans le nord de l’Afrique
  • 1120 : Le mal des Ardents apparaît de nouveau et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais.
  • 1270 (25 août) : Saint Louis meurt de la peste à Tunis.
  • 1337 : La peste noire démarre en Chine. Elle a laissé derrière elle 13 millions de morts.
  • 1348 : La « peste noire » tua un tiers de la population de l’Europe (soit environ 30 millions de morts), en deux années seulement ! Partie de Marseille et de Gênes, en raison du commerce avec l'Orient, elle touche toute l'Europe, de façon un peu inégale.
  • 1348 à 1500 : Paris connaît une vingtaine d’attaques de la peste.
  • 1348 à 1649 On compte à Nîmes trente et une épidémies.
  • 1349 : La Faculté de médecine de Paris consultée par le roi répond que l'origine éloignée et première de la cruelle épidémie qui sévit est due aux constellations célestes
  • 1354 : Autre épidémie en Picardie et en Artois; on parle encore souvent du feu redoutable dans le cours du XVe siècle; cependant, les cas ne sont plus aussi nombreux; la maladie devient sporadique.
  • 1361 : La peste revient à Avignon, on accuse 17 000 inhumations; nombre d'évêques et de cardinaux succombent.
  • 1418 :
  • Un bourgeois parisien écrit dans son journal  :
« en moins de cinq sepmaines trespasse en ville de Paris plus de L mil [cinquante mille] personnes. »
  • Monstrelet donne un chiffre encore plus élevé :
« A Paris on se mouroit d'épidémie très merveilleusement dedans la ville car comme il fut trouvés par les curés des paroisses, il y mourut cette année oultre le nombre de quatre-vingts mille personnes. »
  • On trouve à Compiègne mention de « deux escus de Roy » délivrés à «-ung bon homme a quy on a brullé sa maison, où ses enffans sont morts. ».
  • Le Conseil de ville de Troyes fait livrer aux flammes un petit bâtiment dans lequel un homme et ses quatre enfants viennent de mourir.
  • On expulse les pauvres ou on les renferme.
  • A signaler aussi des hécatombes de chiens et de chats comme étant susceptibles de transmettre la peste, mais les rats, vecteurs plus certain de la maladie, ne sont pas inquiétés.
  • 1510 (16 novembre)  : Une ordonnance du Prévot de Paris :
« enjoint de plus à toutes personnes qui ont été malades de la contagion et à toutes celles de leur famille, de porter à leur main en allant par la ville, une verge ou bâton blanc, à peine d'amende arbitraire. »
  • 1577 : Venise perd 50.000 habitants. Montaigne préfère quitter Bordeaux, la grande ville dont il est échevin ...
  • 1632 : Peste dans le Morbihan Source : Revue du Cercle Généalogique du Morbihan N° 73
  • 1664-1665 : Londres perdit d'un coup près de 75 000 de ses habitants (sur une population d’environ 460.000 habitants).
  • 1720 : La dernière peste à Marseille et en Provence, avait été amenée – comme la première – par un bateau infesté : le Grand Saint Antoine.
  • 1894 : La troisième pandémie débute avec le réveil du vieux foyer du Yunnan et gagne Hong Kong.
  • 1896 : Rats et puces infectés, dont il n'avait nulle part été fait mention durant les deux premières pandémies, allaient trouver dans la navigation à vapeur un exceptionnel moyen de propagation. Partie de Bombay, la peste atteint Suez l'année suivante,
  • 1898 : puis Madagascar,
  • 1899 : Elle arrive en Alexandrie, au Japon, dans l'Est africain et au Portugal;
  • 1900 : Elle est à Manille, à Sydney, à Glasgow et à San Francisco en 1900,
  • 1908 : Elle gagne Honolulu,
  • 1911 : Puis Java en 1911,
  • 1914 : Ceylan en 1914,
  • 1918-1920 : Une flambée de peste à Paris et Marseille fait une centaine de malades et une trentaine de morts.
  • 1920 : A Clichy, c’est la « peste des chiffonniers » qui fait une centaine de morts. Toujours les mêmes causes : des ballots de tissus importés d’Orient ont amené avec eux des puces infestées.
  • 1950 : C'est seulement à partir des années 50 que la maladie peut enfin régresser, grâce aux campagnes de dératisation à grande échelle qui ont eu lieu après la Seconde guerre mondiale
  • 1962 : 700 cas mondiaux dont certains aux USA !
  • 1966 : 3.000 cas au Vietnam
  • 2002 : Deux victimes à New York (USA)

Se préserver de la peste

La fuite

Pour nos ancêtres qui croyaient que la corruption de l’air était à l’origine des contagions, la fuite préventive semblait la solution la plus efficace. Mais encore fallait-il avoir les moyens financiers de quitter les lieux infectés ! Les souverains, notables fuyaient les villes dès le début d’épidémies pour trouver refuge dans leurs résidences de campagne.

L’isolement

Pour tous ceux qui ne peuvent quitter la localité infectée l’isolement semble le seul recours possible.

Dès l’annonce de l’état de contagion d’une localité, cela entraîne la mise en interdit de la ville. Les portes sont fermées, des gardes interdisent de franchir les portes.

Depuis la fin du XIVème siècle, la durée de mise à l’écart des personnes suspectées d’avoir contracté la maladie ou des convalescents est fixée à 40 jours (d'où quarantaine). Les villes emploient des sergents chargés de séquestrer les malades dans leur propre maison. Si la maladie se propage rapidement, les malades sont au contraire expulsés de leur domicile et sont isolés loin des murs de la cité.

Lorsque les premiers décès suspects surviennent, un médecin est chargé d’inspecter les cadavres. Si la peste est confirmée, la victime sera généralement enterrée de nuit dans des cimetières loin de la ville (dans le but d’éviter la panique et de dissimuler le nombre de morts).

Les porteurs de morts et de malades, qui ramassent les cadavres dans les rues se protègent avec un masque au long bec blanc recourbé (le masque de corbeau) et chargent les défunts grâce à de grands crochets. Le travail est fait souvent par des bagnards ou autres condamnés de droit commun.

Les remèdes

Malgré une méconnaissance de la nature de l’infection et de son mode de transmission, les médecins ont très vite compris la nécessité d’éliminer le mal par diverses méthodes :

  • la sudation destinée a faire transpirer le malade (grâce à l’utilisation de plantes infusées dans du vin ou de l’eau bouillante)
  • la suppuration des ganglions : le médecin pratique des cataplasmes puis incise et saigne les ganglions au fer rouge et applique enfin des crèmes à base de cuivre pour aseptiser les plaies.

La prière

Pour nos ancêtres, la peste est tout d’abord une manifestation de la colère divine. Ainsi, le meilleur des traitements pour prévenir ou éradiquer l’épidémie reste la prière.

En cas d’épidémie les rassemblements sont interdis qui empêchent toute prière collective. Ainsi, lors de l’épidémie de 1628, à Lyon, le bourdon de la cathédrale St-Jean sonne et chaque fidèle est invité à prier là où il se trouve.

Malgré cela, des processions solennelles pour implorer la Vierge ou un saint sont parfois organisées, au risque de renforcer l’épidémie.

Qui sont les victimes de la peste ?

La mort par la peste est-elle sélective ? Quelles sont les personnes les plus exposées a la contagion ?

Des études d’historiens montrent que :

  • les cas de nourrissons qui échappent à la maladie sont assez fréquents, ce qui n’est pas sans poser des problèmes en raison du grand nombre d’orphelins. Néanmoins les décès des nourrissons ne sont pas tous enregistrés dans les registres.
  • les adolescents et les adultes jeunes (15 - 45 ans) sont les plus infectés
  • la peste frappe autant les hommes que les femmes
  • les classes privilégiées échappent plus facilement à la peste que les classes populaires. En effet, elles possèdent des propriétés à la campagne dans lesquelles elles peuvent se replier et ce sont chez elles que l’on rencontre le plus de poêles en faïences qui dessèchent l’atmosphère et détruisent ainsi les puces.
  • certaines professions sont plus exposées que d’autres. Logiquement, tout ceux qui prennent en charge les malades (personnel médical, fossoyeurs, moines, prêtres, notaires…) mais aussi les meuniers, boulangers, bouchers, hôteliers (les réserves des boutiques sont infestées de rats qui y trouvent une nourriture abondante). De même les marchands ambulants, colporteurs, cordonniers, ouvriers du textiles sont plus touchés (c’est souvent dans des balles de tissus que la peste débarque dans les ports).
  • au contraire, certaines professions sont plus épargnées : bergers, cochers, palefreniers (la puce ne supporte pas l’odeur des moutons, chèvres et chevaux) ou les forgerons, tonneliers, charrons dont le bruit faire fuir les rats.

Quelles conséquences ?

Quelles conséquences ?

Du XIVème au début du XVIIème siècle, pratiquement toutes les familles ont été confrontées au moins une fois à l’épreuve de la peste et les conséquences furent nombreuses :

  • les registres paroissiaux ne sont pas toujours tenus (faute de papier suffisant)
  • certaines familles pour fuir la contagion se dispersent dans d’autres localités
  • certaines familles subissent des pertes considérables, voire s’éteignent. Le sort des orphelins de la peste est particulièrement dramatique.
  • de nombreuses femmes enceintes décèdent et les naissances diminuent fortement. Dès la fin de l’épidémie, au contraire on assiste à de nombreux remariages et à une forte hausse de la natalité.
  • la peste perturbe le cours des générations et la distribution des patrimoines. Ainsi, certaines familles perdent tous leurs biens (les maisons infectées sont parfois brûlées), d’autres par le jeu des décès s’enrichissent. De même certains commis ou apprentis deviennent parfois les nouveaux patrons grâce au mariage avec la veuve ou la fille de leur patron.

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  • Les Chemins de la peste : Le rat, la puce et l'homme de Frédérique Audouin-Rouzeau

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