Musée Cernuschi

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Musée Cernuschi
Photo : C.Angsthelm


Localisation

  • L'hôtel particulier se trouve avenue Velasquez, à l'entrée du Parc Monceau, côté avenue Malesherbes.

Histoire.pngHistoire

  • Le Musée des Arts et de l'Asie de la Ville de Paris est né de la volonté d'Henri Cernuschi (1821-1896) son fondateur.
  • Familier de Léon Gambetta, Émile Zola, aussi bien que de Sarah Bernhardt ou d'Edmond de Goncourt, Cernuschi est une figure marquante du Paris intellectuel et artistique de la fin du XIXe siècle.
  • Homme politique d'origine italienne aux engagements républicains, économiste et financier célèbre pour ses théories monétaires, Henri Cernuschi est aujourd'hui principalement reconnu à travers le prisme des arts asiatiques.
Henri Cernuschi (1821-1896)
  • Au début des années 1870, Henri Cernuschi découvre l'Asie, véritable but d'un voyage autour du monde entrepris en compagnie du critique d'art Théodore Duret (1838-1927). Après avoir traversé le continent américain et l'océan Pacifique, il arrive au Japon, porte ouverte sur l'Asie et son art. Du Japon, il gagne la Chine puis Java, Ceylan et Singapour pour achever son périple en Inde.
  • Ce voyage est à l'origine d'une des plus importantes collections européennes d'art asiatique réunie au XIXe siècle. Cernuschi aura envoyé plus de 900 caisses d'œuvres acquises au cours de son voyage.
Le Monde Illustré, exposition collection Cernuschi au Palais de l'Industrie 1873
  • En 1873, dès son retour à Paris, Cernuschi expose sa collection fraîchement constituée au Palais de l'Industrie. Fort de ce succès, il fait construire, dans un quartier récemment aménagé à proximité du Parc Monceau; un hôtel particulier où il vit entouré de ses collections. Dès 1875 Cernuschi organise des visites privées sur rendez-vous dans son hôtel particulier; les collections exercent une grande fascination sur les artistes, Gustave Moreau ou le céramiste Théodore Deck entre autres, les créateurs de manufactures renommées comme Barbedienne ou Christofle y trouveront également l'inspiration.
  • Accueillant les artistes et les amateurs d'arts asiatiques, Cernuschi fait de sa demeure l'un des hauts lieux du japonisme jusqu'à sa mort en 1896.
  • L'hôtel particulier et ses collections sont légués à la Ville de Paris.
  • Ouvert au public en 1898, le Musée Cernuschi devient rapidement le théâtre d'expositions principalement consacrées aux arts de la Chine et du Japon.
  • Pendant la première moitié du XXe siècle, les importantes découvertes archéologiques en Chine et au Vietnam impulsent une nouvelle orientation du Musée Cernuschi, désormais largement consacré aux origines des cultures d'Asie orientale.
  • Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Musée Cernuschi s'est ouvert aux arts asiatiques modernes et contemporains. Au cours des dernières décennies, les multiples collaborations avec les créateurs asiatiques ont fait du Musée non seulement un lieu d'exposition, de conservation, mais aussi de partage des connaissances et des pratiques artistiques actuelles.
  • Héritage de cent cinquante ans de découvertes, les collections du Musée Cernuschi embrassent près de cinq millénaires, de la préhistoire au XXIe siècle. Il s'est enrichi également grâce aux dons, notamment celui de Pierre David-Weill en 1971.
  • Il est le second musée d'arts asiatiques de France après le Musée Guimet. Henri Cernuschi avait rapporté plus de 5 000 pièces de son voyage entre 1871 et 1873 ; de nos jours le musée possède près de 15 000 objets dans ses réserves, et seulement 650 sont exposés. Des expositions à thème sont régulièrement organisées permettant ainsi de montrer les diverses œuvres.

Collections chinoises

  • Dans la première moitié du XXe siècle, le musée s'est principalement orienté vers l'art chinois ancien. Dans les années 1950, il s'ouvrit à la peinture moderne. De nos jours, grâce aux dons, il se développe autant dans l'art ancien que contemporain.

Collections japonaises

  • La collection comprend plus de 3600 objets dont 2000 bronzes et 1600 céramiques, ce qui constitue le tiers des collections du Musée.

Collections coréennes

  • La Corée est présente dans les collections du Musée Cernuschi depuis sa fondation, et son fonds est en constante expansion.

Collections vietnamiennes

  • La collection vietnamienne couvre environ une période de 2500 ans avec ses 1600 objets dont quelques uns remontent à cinq siècles avant notre ère, des céramiques et des bronzes illustrent les périodes suivantes ; les peintures et dessins datent du XXe siècle.
  • Le Musée a subit une profonde réorganisation en 2020, tout en gardant la dimension poétique et intimiste du lieu "proustien", en replaçant le gris pré-existant par un rouge mat qui évoque à la fois les origines italiennes d'Henri Cernuschi mais aussi la couleur des temples et palais chinois L'ancienne présentation consacrées aux anciennes collections n'allait pas au-delà des Song (XIIIe siècle) ; ont été rajoutées, entre autres, : la culture de Dông Son au Vietnam, les bleus et blancs connus dans le monde entier pour leur décor, ou bien encore le mouvement Mingei au Japon qui a influencé les designers.



Patrimoine.png Patrimoine bâti

Reproduction peinture de Pu Jin (1893-1966)
  • L'hôtel, de style néoclassique en vogue en Italie du Nord, a été construit par l'architecte hollandais William Bouwens van der Boijen. Sur la façade un médaillon de Léonard de Vinci et un médaillon d'Aristote, admirés par Henri Cernuschi. Une ample corniche entourant l'hôtel est soutenue par des atlantes barbus.
  • Sur la façade extérieure, une reproduction du peintre Pu Jin (1893-1966). Deux chiens (ou lions) en bronze vous accueillent à l'entrée du Musée, ils ont été rapportés de Chine fin XIXe par Henri Cernuschi.
  • L'hôtel est une maison-musée, à la fois lieu d'exposition et de lieu de vie, où se déroulaient de grands dîners mondains et des bals masqués.



Les collections

Collections chinoises

La Préhistoire (1 700 000 - 2000 av J.C.)
Jarre funéraire peinte, culture Majiayao 3000-2000 av JC
Terres cuites funéraires peintes, culture Majiayao 3300-2000 av JC
  • Le territoire actuel de la Chine est peuplé, au paléolithique (vers 1 700 000-10 000 av.J.C.), de chasseurs-cueilleurs qui se déplacent en fonction des ressources alimentaires disponibles et emploient un outillage en pierre, os et bois de cerf. Celui-ci offre de nombreuses similitudes avec le mobilier préhistorique retrouvé ailleurs dans le monde.
  • Toutefois, le rythme de son évolution et les proportions respectives des différents outils dans les assemblages archéologiques amènent les chercheurs à proposer des périodisations spécifiques à la Chine.
  • Un épisode de glaciation, entre environ 11 000 et 8 000 avant notre ère, semble être l'une des causes d'une modification de l'organisation de ces sociétés humaines. Elles se sédentarisent progressivement et adoptent des innovations expérimentées dès le fin du paléolithique telles que la céramique, la pierre polie et la domestication de végétaux.
  • Perfectionnées et généralisées au fil des millénaires, ces techniques sont considérées comme les marqueurs principaux de l'époque néolithique (vers 10 000-2 000 av.J.C.).
  • La sédentarité est favorisée par les progrès de l'agriculture et l'essor des moyens de stockage. La multiplication des contenants en terre cuite constitue ainsi l'un des signes du changement de société qui caractérise le néolithique.
Hache Fu, néphrite, culture Hongshan 4500-2000 av JC
Disque ajouré à décor d'oiseau, néphrite, culture post Shijiahe 2100-1700 av JC
  • Le travail du jade, en fait des pierres dures appelées néphrites, est un labeur long et fastidieux avant l'apparition d'outils métalliques, ce qui réserve cette matière à une élite. Les objets en jade se multiplient pendant la dernière phase du néolithique, grâce à l'apparition d'organisations sociales fortement hérarchisées



L'art nomade des steppes (1500 av.J.C.)
Plaque de ceinture, bronze doré, Sibérie méridionale IIe siècle av.J.C.
Plaque, bronze, Chine du Nord Ve siècle av.J.C.
  • Vers 1500 av.J.C. une modification du climat pousse les communautés de la steppe orientale, jusque là sédentaires, à adopter un mode de vie plus mobile, avec une économie plus centrée sur l'animal. L'élevage extensif induit des migrations saisonnières, un habitat démontable, ainsi que l'importance du cheval , de la chasse et des vertus guerrières, utiles à la protection des troupeaux.
  • Chez ces peuples, la métallurgie du bronze sert à la fabrication d'armes mais aussi de plaques conçues pour orner les vêtements ou servir au harnachement des chevaux.
  • Malgré la diversité des cultures, le style nomade s'unifie autour de la représentation d'animaux, en particulier dans des scènes de prédation montrant l'attaque d'un herbivore par un fauve, reflet de l'idéal guerrier et de la valorisation du combat dans ces sociétés nomades antiques.


Dynastie Shang (1500 - 1050 av J.C.)
Lame Zhang, néphrite, période Shang
Hache sacrificielle Yue, période Shang
  • En Chine, la métallurgie du bronze apparaît au sein de plusieurs cultures néolithiques. Dans la première moitié du IIe millénaire, cette technique connait un développement remarquable, attesté par des sites urbains qui peuvent être rattachés à des ensembles politiques et culturels distincts.
  • Dans la province du Sichuan, la culture de Shanxingdui (1750-1050 av.J.C.) se caractérise par des représentations anthropomorphes monumentales. Parallèlement, dans la vallée du fleuve Jaune, les cultures d'Erlitou (1900-1500 av.J.C.), et Erligang (1600-1300 av.J.C.) présentent des cités fortifiées qui préfigurent le site d'Anyang (1520-1050 av.J.C.), dernière capitale de la dynastie Shang.
  • La découverte des premiers témoignages de l'écriture chinoise à Anyang a mis en évidence un système politique centré autour d'un roi dont le pouvoir s'exerce par l'intermédiaire de lignées familiales. Cette dimension clanique de la société Shang est confirmée par l'importance du culte des ancêtres royaux au sein des pratiques religieuses et funéraires de l'élite.
  • La technique du bronze : En Chine, la métallurgie du bronze est caractérisée par l'abondance des ressources minières (cuivre et étain) et la maîtrise de la production des hautes températures, héritée des techniques céramiques. Les bronziers de la période Shang développent ainsi une technique de fonte dans des moules à sections, permettant la réalisation de formes complexes. Le décor est gravé directement à l'intérieur du moule ou sur le modèle en argile, qui sont détruits après la fonte, après l'extraction du bronze. Ces objets, d'aspect cuivré et brillant à l'origine, se sont couverts avec le temps d'une patine verte ou brune.
Coupe jue pour l'alcool, dynastie Shang
Vase gui pour les céréales, période Shang
  • Les bronzes rituels sont classés selon leur fonction. Les uns sont destinés aux ablutions, les autres aux offrandes ou à la consommation de nourriture ou d'alcool. Les coupes et vases de type gu, jue ou jia appartiennent à cette dernière catégorie. On les retrouve fréquemment associés sur les sites archéologiques de la période Shang, en particulier dans les tombes. Ils contenaient probablement une sorte de bière de céréales.
Vase fonglei pour les liquides, période Shang
  • Le vocabulaire décoratif de l'époque des Shang s'applique aussi bien au métal, à la pierre qu'à la céramique. Son expression la plus achevée est néanmoins associée à la vaisselle de bronze. Pendant plusieurs siècles, les éléments ornementaux se développent autour du masque de taotie, dont l'évolution permet de dater les objets. De chaque côté de cette figure zoomorphe aux yeux proéminents, pourvue de crocs et de cornes, le décor se déploie de manière symétrique. D'autres animaux mythiques, comme le dragon, ou réels, comme les bovidés ou les oiseaux, sont aussi souvent représentés.


Vase pou pour l'alcool, dit la tigresse XIe av JC
  • Ce vase en forme de tigre enserrant un être humain est l'un des chefs-d'œuvres du musée. Vase rituel de type pou, comportant une anse et un couvercle, il est destiné à recevoir de l'alcool. Le décor zoomorphe foisonnant qui recouvre la totalité de l'objet se prête à de multiples lectures : en particulier, l'interprétation du rapport entre l'être humain et l'animal, reste ouverte ; les uns y voient une scène de prédation, tandis que d'autres la considèrent comme une forme de relation protectrice.



Période Zhou (1050 - 256 av.J.C.)
Vase rituel, période Zhou, avec inscription intérieure commandée par le duc Wen de Guo pour rappeler la descendance à utiliser ce vase rituel
  • Vers le milieu du XIe siècle avant notre ère, la dynastie des Shang (1500 env.-1050 av.J.C.) est renversée par les Zhou, qui seraient originaires du bassin de la Wei. Ces derniers établissent une lignée royale qui perdure plus de huit siècles. Ils doivent toutefois déplacer leur capitale vers l'est en 771 av.J.C. face à la pression de peuples établis au nord-ouest du royaume et voient une diminution progressive de leur pouvoir sur les seigneurs féodaux au cours des périodes des Printemps et automnes (771-453 av.J.C.) et des Royaumes combattants (453-221 av.J.C.).
  • Les Zhou héritent du système religieux et politique des Shang, mais l'adaptent à l'évolution de leurs rapports à l'aristocratie et aux différents fiefs. Dans la seconde moitié de la période, de nouvelles structures administratives et de nouvelles conceptions du pouvoir se substituent progressivement à l'idéal de légitimité rituelle des rois Shang. Ces changements génèrent l'éclosion de nombreuses écoles de pensée, parmi lesquelles le légisme, le taoïsme et le confucianisme.
Extrémités d'essieu de char, période Zhou
Emblème de char, période Zhou de l'Ouest
  • Le char dans la culture Zhou : Chars et chevaux sacrifiés accompagnent depuis les Shang (vers 1500-vers 1050 av JC) certaines sépultures de l'élite. Sous les Zhou, le char reste un marqueur statutaire fort. Il est en effet uniquement utilisé par l'aristocratie pour les chasses ou la guerre. Dans les tombes, il peut être retrouvé entier ou symbolisé par quelques éléments.


Le royaume Chu (VIIIe siècle - 223 av.J.C.
Support de tambour, Royaume des Combattants 453-221 av.J.C.)
Gardien de tombe, Royaume des Combattants (453-221 av.J.C.)
  • À partir de l'époque des Printemps et automnes, le royaume de Chu (VIIIe siècle-223 av.J.C.) se lance dans une politique d'expansion. Établi dans le centre-sud de la Chine, il finit par s'étendre à l'est jusqu'au littoral. Il devient ainsi l'une des plus puissantes entités politiques de l'époque des Zou de l'Est (771-256 av.J.C.). Il se caractérise par un profil culturel hybride. Son aristocratie partage nombre de valeurs avec l'élite des autres États. Toutefois les multiples ethnies qui composent le royaume de Chu introduisent dans sa culture matérielle des objets et des iconographies témoignant de croyances spécifiques à cette région.



La formation de l'Empire (453 - 206 av. JC)
  • La multiplicité des principautés fait progressivement place, pendant la période des Zhou de l'Est (771-256 av. J.C.), ), à une concentration du pouvoir entre quelques royaumes rivaux, au nombre de sept au IIIe siècle av.J.C. Parmi eux, l'État de Qin (IXe - 221 av.J.C.), soumet un à un ses adversaires. La chute du dernier d'entre eux, en 221 av.J.C., permet l'unification du territoire et la fondation du Premier Empire. L'empire Qin (221-206 av.J.C.) rompt avec le système des fiefs et étend à tous les anciens royaumes les principes du légisme adopté à Qin dès le siècle précédent. Cette méthode de gouvernement qui repose sur un système de punitions et de récompenses, suppose un encadrement étroit de la population et la circulation rapide des décisions impériales.
  • Les différents échelons administratifs sont ainsi mis au service d'une bureaucratie centralisée qui contrôle une large part de l'activité économique, lève l'impôt et mobilise la population dans des guerres ou la réalisation d'infrastructures telles que des routes, des canaux ou la Grande Muraille.



Dynastie Han (206 av J.C. - 220 ap.J.C.)
Cavalier en terre cuite, dynastie Han
  • La dynastie Qin ne survit guère au Premier Empereur : les guerres qui entraînent sa chute se concluent par la victoire de Liu Bang, fondateur de la dynastie Han.
  • La superficie de l'empire Han est comparable au territoire unifié par le Premier Empereur. Au nord, la grande muraille symbolise ses limites. À l'intérieur du pays, les circonscriptions administratives qui, depuis les Qin, ont été substituées aux anciens royaumes, contribuent à l'exercice d'un pouvoir centralisé et participent à la stabilité de l'empire. L'unification de la monnaie, de l'écriture, des poids et mesures, héritage du Premier Empereur, contribuent à la continuité du système impérial.
La Chine des Han, 1er siècle av.J.C.


  • L'époque de Han, divisée en deux périodes, dure quatre siècles. Par sa longue histoire, son étendue géographique, et son rayonnement, l'empire des Han a souvent été comparé à l'empire romain. Il est suivi d'une période de fragmentation progressive du territoire, marquée par la pénétration de peuples venus du nord et de l'Asie centrale.


Fantassins, terre cuite, dynastie Han
Danseuse, chanteur et joueur de cithare Qin, dynastie Han de l'Est (Sichuan)
  • Les statuettes de fantassins et de cavaliers sont très nombreuses dans les tombes de l'époque des Han. Comme dans les fosses mises à jour dans le vaste complexe funéraire du premier empereur, elles sont souvent disposées sur le modèle d'un corps d'armée aux lignes ordonnées. Les vêtements et cuirasses des soldats sont le plus souvent directement modelés où moulés dans la terre, avant d'être peints.
  • Dans le cas de ces fantassins, ils étaient habillés de costumes en textile qui ont disparu avec le temps, tout comme leurs bras, probablement réalisés en bois.




Les Six dynasties (IVe siècle)
Les six dynasties, Wei du Nord 386-534,
Bête gardienne de tombeau à visage humain
Les Six dynasties, Jin de l'Ouest 265-316
Huzi, grès revêtu d'une couverte céladon
  • À la chute des Han, en 220, le vaste territoire que contrôlait la dynastie se morcelle. La période des Trois Royaumes est une époque de transition qui aboutit à une brève réunification sous la dynastie des Jin de l'Ouest (265-316). Le chaos du début du IVe siècle permet à des populations non Han de fonder, en Chine du Nord, d'éphémères États (période des Seize Royaumes 304-439), tandis que le sud de la Chine est gouverné par la dynastie de Jin de l'Est (317-420). Entre 420 et 589, s'opère une nette division entre le nord, gouverné par des dynasties d'origine turque, et le sud de la Chine, resté aux mains d'aristocrates Han. Néanmoins des phénomènes culturels de grande ampleur, comme la diffusion du bouddhisme, sont communs au nord et au sud du pays.



Dynastie Sui (581 -618)
Boeuf attelé, terre cuite, traces de polychromies sur engobe blanc, Dynasties du Nord, VIe s.
  • La brève dynastie Sui qui réunifie les régions du nord et du sud de la Chine, en 589, est à la fois l'héritière des traditions des dynasties du Nord et, par bien des aspects, annonciatrice de l'empire Tang (618-907). Ce constat se vérifie tant dans les institutions politiques et l'organisation sociale que dans les pratiques funéraires. Dans ce dernier domaine, les Sui perpétuent les traditions architecturales des tombeaux du nord de la Chine. Parallèlement se fixe pour longtemps l'habitude de placer une épitaphe gravée sur pierre dans la tombe, ainsi que la coutume de protéger l'entrée de la chambre funéraire par une paire d'animaux fantastiqueset une autre de guerriers.
Personnages calendaires hybrides, dynastie Tang, terre cuite pigments
  • Traditionnellement, les chinois utilisent un calendrier soli-lunaire reposant sur la combinaison de deux séries d'éléments, les dix troncs célestes et les douze rameaux terrestres, ce qui aboutit à un cycle sexagésimal (60 ans). Aux douze rameaux terrestres correspondent des animaux qui président chacun à une année. Sous les dynasties Sui et Tang, ils sont fréquemment inclus dans le mobiliser funéraire où ils prennent le plus souvent une forme hybride associant un corps humain à une tête d'animal.


Dynastie Tang (618 - 907)
Orchestre de 8 cavalières musiciennes, terre cuite et pigments, dynastie Tang
  • La charge exercée sur la population chinoise par la politique d'expansion et de grands travaux menés sous les Sui (581-618), génère un mécontentement aggravé par des catastrophes naturelles.
  • Le général Li Yuan, basé au Shanxi, tire profit de ces troubles pour renverser le pouvoir et installer la dynastie des Tang. Les Tang héritent des Sui une structure administrative qu'ils développent en un système centralisé complexe dont les multiples échelons permettent un contrôle étroit du territoire. Ils déploient également une activité diplomatique et militaire intense en direction de l'Asie centrale, de la Mandchourie et du Vietnam. La Chine des Tang est alors un modèle politique et culturel dans toute l'Asie orientale.
Chameau, terre cuite à glaçures sancai destinée à une tombe d'aristocrate
  • La défaite face aux Arabes engagés une expansion vers l'est et la rebellion d'un général de l'empire, An Lushan, sonnent le glas, à partir du milieu du VIIIe siècle, de cette période faste. Les Tang perdent le contrôle des voies commerciales vers l'ouest et voient plusieurs chefs militaires s'affranchir progressivement de leur tutelle.
  • Point d'aboutissement des routes de la soie et modèle politique autant que culturel de toute l'Asie orientrale, la capitale Chang'an est un creuset où se côtoient pèlerins bouddhistes, voyageurs arabes, marchands d'Asie centrale et diplomates de tous horizons. La multiplicité des contacts avec des cultures étrangères, de la Perse au Japon, génère des transferts culturels qui nourrissent la littérature, la pensée et l'artisanat de l'époque Tang. La Cour est des lieux privilégiés de cette synthèse. Elle accueille des ambassades, recrute des chefs militaires issus de peuples conquis ou alliés et noue des alliances stratégiques, scellées par des mariages.
Danseuse, terre cuite et pigments, dynastie Tang
Figures féminines, terre cuite et pigments, dynastie Tang
  • Les substituts funéraires qui peuplent les tombes Tang sont produits en grandes quantités dans des ateliers, dont les plus importants sont contrôlés par l'État. Réalisés en plusieurs parties au moyen de moules, puis assemblés, ils sont peints après cuisson et ont souvent perdu une large partie de leur polychromie. Les représentations de beautés de la Cour permettent de documenter l'évolution rapide des modes et les multiples emprunts effectués à l'Asie centrale aussi bien dans la coupe des robes que dans les coiffures et le maquillage.


Gardien de tombe, terre cuite et pigments
Bête gardienne de tombeau, terre cuite glaçure 3 couleurs
  • Depuis l'époque des Wei du Nord deux statuettes de quadrupèdes ailés et cornus étaient placées dans la sépulture. L'une avait un visage anthropomorphe, l'autre un visage zoomorphe. Ces monstres qui protégeaient le défunt, étaient en règle générale accompagnés au moins d'un couple de guerriers.
  • Le décor de glaçures colorées dit sancai (trois couleurs) est employé presque exclusivement sur du mobilier funéraire produit dans le nord de la Chine entre la fin du VIIe s. et le milieu du XIIIe s.



  • Les miroirs, constitués d'une face étamée réfléchissante et d'un revers au décor varié, se voient attribuer un symbolisme magique et cosmologique et sont d'ailleurs fréquemment placés dans les tombes. Dans la vie quotidienne ils sont utilisés pour la toilette, notamment féminine. La mise en forme des coiffures sculpturales et l'emploi de maquillage les rendent indispensables.
Miroir portant poème, bronze argenté
  • Le miroir porte un poème répété sur de nombreux autres miroirs réalisés sur le même modèle : "Son éclat est celui de la lune argentée, sa nature originelle est d'essence subtile. Comme le ciel sans nuage reflète l'eau, la lumière renvoyée parachève la pureté. De toute antiquité et pour toujours solide, s'il a l'éclat du jade, alors on y voit l'âme".



Dynastie Liao, Mongolie intérieure (907 - 1125)
Coiffe et masque funéraires féminins, métal doré, dynastie Liao
Oreiller, métal doré
  • La dynastie Liao fondée par le peuple khitan, étend son empire sur le nord de la Chine. Bien qu'elle emprunte parfois les traditions de la Chine des Tang, l'élite khitan développe un costume funéraire singulier dont l'élément principal est un masque métallique. Il peut être accompagné d'une coiffe en métal ou en tissu. Un linceul formé de mailles métalliques enserre le corps du défunt dont la tête repose sur un oreiller, le plus souvent en bois mais qui peut être peint, doublé de tissu ou plaqué de métal précieux.
Ceinture, bronze doré sur cuir, dynastie Liao
  • Les ceintures ornées de plaques métalliques, originaires de la steppe eurasiatique, sont adoptées dans le bassin du Fleuve Jaune dès le VIIIe siècle. Les ceintures, qui font partie intégrante du costume des vivants, sont toutefois conservées sur le corps des défunts avec d'autres éléments d'apparat.


Dynasties Song et Yuan (960 - 1368)
Paire de jarres funéraires, porcelaine à décor modelé rehaussé d'incisions, dynastie Song du Sud
Jarre à décor de dragon et de phénix, de type Cizhou, grès revêtu d'un engobe à décor peint
  • Sous les Yuan (1279-1368), les souverains mongols établissent un certain nombre d'ateliers officiels. Ces mesures jointes aux exemptions fiscales, profitent au secteur artisanal. Dans ce contexte, une partie des fours céramiques actifs sous les Song (960-1279) prolongent leur activité. Les grès Jun et Cizhou connaissent ainsi un développement remarquable. Par ailleurs, les céramiques produites par certains fours, comme ceux de Longquan, sont largement exportées vers le Moyen-Orient, grâce au réseau de voies transcontinentales de l'empire mongol.



Dynastie Ming (1368 - 1644)
Boucles d'oreilles et épingle à cheveux, cristal de roche, améthyste et or, argent, dynastie Ming
Potiche à décor de garçons parmi les pivoines, porcelaine peinte d'émaux à cinq couleurs
  • Piraterie, catastrophes naturelles et incurie croissante du gouvernement des Yuan (1279-1368) suscitent de nombreuses révoltes populaires à partir des années 1340. Zhu Yuanzhang, issu de la paysannerie pauvre, prend la tête d'une insurrection et, après de nombreuses victoires, fonde les Ming.
  • Les premiers empereurs de cette dynastie réorganisent l'État, lancent de grands travaux et, dans le courant du premier tiers du XVe siècle, mettent en œuvre une diplomatie ambitieuse. Dès le milieu du siècle, il apparaît toutefois évident que cette politique n'est plus en adéquation avec les capacités financières de l'empire et sa puissance militaire. Cette faiblesse est aggravée par des luttes de faction dues au pouvoir grandissant des eunuques au sein de la cour et par une corruption devenue endémique à la fin de la dynastie. Cependant l'essor sans précédent du commerce privé et l'existence d'une classe éduquée nombreuse contribuent à développer, dans bien des villes, une culture riche et raffinée, illustrée aussi bien par les arts que par la littérature.


Dynastie Qing (1644 - 1912)
Ornement aux motifs antiquisants, néphrite,
Néolithique puis période Qing
Grand Vase, émaux cloisonnés sur cuivre, dynastie Qing
  • Les insurrections qui ébranlent la dynastie Ming favorisent la prise de pouvoir par leurs voisins mandchous, fondateurs d'une nouvelle dynastie , les Qing.
  • Pour affermir leur domination, les souverains mandchous s'appuient sur l'administration chinoise tout en imposant certaines de leurs coutumes, comme le port de la natte. Progressivement les élites chinoises prêtent leur concours à des empereurs mandchous qui s'approprient largement la culture chinoise.
Couple vêtu à l'occidentale, porcelaine peinte d'émaux "famille verte", Ere Kangsi

C'est dans ce contexte politique que la Chine connaît, au XVIIIe siècle, une période de prospérité sans précédent. Le développement conjoint de l'agriculture, de l'industrie et du commerce en fait alors le pays le plus développé au monde. Cependant au XIXe siècle, une série de conflits remettent en question la stabilité de l'empire. À l'intérieur, la rébellion des Taiping affecte profondément la dynastie Qing, qui fait également face à la menace extérieure des puissances colonisatrices. La crise politique, économique et sociale qui s'ensuit aboutit à la fin du système impérial et à la proclamation de la république en 1912.



Le bouddhisme

Grand Bouddha Amida, bronze, Epoque Edo XVIIIe siècle

Au premier étage, dans une vaste salle, un imposant bouddha, de près de 4 mètres de hauteur, en bronze, trône au milieu de la pièce, sans doute construite pour le mettre en valeur.

  • Assis sur un siège de lotus, Amida (Amitābha), figure centrale du bouddhisme de la Terre Pure (Jōdokyō), est représenté la main droite levée, paume en avant, le pouce et l'index se touchant. Une telle position (vitarka mudrā) symbolise l'argumentation de la doctrine.
  • Rescapée de l'incendie qui détruisit le Banryũji, le temple du quartier de Meguro à Tōkyō d'où elle provient, cette sculpture fut démontée afin d'être transportée à Paris, où les ateliers Barbedienne réassemblèrent ses différents éléments.


Diffusion du bouddhisme en Asie centrale
  • D'après les textes canoniques, le bouddhisme est fondé par Siddhārthā Gautama (VI-Ve siècle av.J.C.), personnage dont l'existence n'est attestée que par des textes ultérieurs. Né au sein d'une famille aristocratique dans les contreforts himalayens du Népal, il devient, au cours d'un long cheminement spirituel, le Bouddha, c'est-à-dire "l'Éveillé". Il prêche dès lors l'idée que tout est illusion et que le désir est source de douleur. Le salut de l'homme réside donc en sa capacité à échapper au cycle des réincarnations. Ce cœur théorique du bouddhisme est enrichi de nombreux développements doctrinaux. Les bouddhistes distinguent notamment les écoles anciennes et le courant du mahāyāna, dans lequel les bodhisattvas, figures d'intercesseurs et de protecteurs des fidèles, jouent un rôle éminent.
Boudhisattva Avalojistevara dynastie Sui (581-618), pierre
  • Le bouddhisme se diffuse dans la péninsule indienne, puis, par l'intermédiaire des voies maritimes et terrestres, en Asie centrale et en Asie du Sud-Est. Au premier siècle de notre ère, il finit par gagner la Chine, où le māhāyāna devient prédominant.
  • Terres pures : À partir du IVe siècle, s'implante en Chine la notion de Terres pures, appelée à devenir un concept central dans de nombreuses écoles bouddhiques chinoises. Les Terres pures sont des lieux hors du temps et de l'espace présidés par un bouddha Amitābha, qui est l'objet d'un culte important dans toute l'Asie orientale. Un simple acte de foi est censé être nécessaire pour pouvoir renaître en son sein.
  • Le bouddhisme connaît un âge d'or sous les Tang (618-907). La constitution de grands domaines monastiques et leurs exemptions de taxe deviennent toutefois un problème politique et économique. La persécution anti-bouddhique de 845 porte un coup brutal à cet essor institutionnel et doctrinal. Les écoles liées aux Terres pures et au bouddhisme chan continuent toutefois à occuper une place importante, parmi d'autres, dans le quotidien de la population.




Collection japonaise

La majorité des pièces exposées appartiennent à l'ère Èdo (1603-1868), et au début de l'époque Meiji (1868-1912).

Tigre
Epoque Edo, bois laqué doré, yeux incrustés
  • Admiré dans les milieux japonisants de la fin du XIXe siècle, ce tigre fut acheté par Sarah Bernhardt chez le marchand Siegfried Bing. Elle fut ensuite obligée de s'en défaire pour des raisons financières. Si l'on en croit le témoignage d'Edmond de Goncourt, la comédienne aurait écrit à Cernuschi à l'époque où elle jouait le rôle éponyme de Théodora, drame de Victorien Sardou : "je suis pauvre comme mon aïeul Job, voulez-vous m'acheter 3000 francs mon tigre, que j'ai payé 6000 francs chez Bing ? (...) Je m'adresse à vous, parce que mon tigre est superbe et japonais.".



Collection vietnamienne


La Corée

La peinture chinoise


Illustrations - Photos anciennes.png En photos


Référence.png Notes et références

  • Informations affichées dans le Musée.