Lion de Belfort

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

<Retour à Belfort
<Retour à Auguste BARTHOLDI

Lion de Belfort
Photo C. PIEMINOT

Situation

Cette œuvre d'Auguste BARTHOLDI surplombe la ville de Belfort car l'artiste a choisi de l'installer au pied de la citadelle érigée selon les plans de Sébastien LE PRESTRE de VAUBAN.
De taille imposante, elle est visible de loin, le grès rose se détachant de la falaise en arrière fond et des pelouses environnantes.

L'auteur

De renommée mondiale pour sa Statue de la Liberté, Auguste Bartholdi est né en 1834 à Colmar et décédé en 1904 à Paris.
Il a commencé à sculpter dès son plus jeune âge et a réalisé de nombreuses œuvres. Une douzaine environ ornent sa ville natale. D'autres, dont certaines de grande taille, peuvent encore être admirées dans de grandes villes françaises, aux États-Unis ou à Bâle.

Contexte historique

L'issue de la guerre de 1870 est catastrophique pour l'Alsace et la Lorraine. Mais en novembre 1870, quand les Prussiens cherchent à s'emparer de Belfort (dernier verrou protégeant encore la France), ils se heurtent à une forte résistance. Le colonel Denfert-Rochereau et sa garnison de 15 000 hommes, ainsi que la population, parviennent à tenir un siège de 104 jours avant que l'ordre de reddition soit donné.
Dès l'année suivante, en décembre, la ville de Belfort décide d'honorer la mémoire de ses héros, et organise un concours en vue d'ériger un monument.

Réalisation de l'œuvre

Les propositions de statue laissant à désirer, le maire belfortain se tourne vers Auguste Bartholdi, lequel accepte aussitôt, gracieusement, mais impose sa vision personnelle, sous-tendue par le désir de grandeur que nous lui connaissons déjà. Le lieu prédéfini du Pré-Gaspard (où ont été enterrées les victimes du siège) ne lui convient pas. Il tient à tout prix à mettre sa sculpture en exergue devant la falaise, au pied de la citadelle. Alors que les élus proposaient du marbre blanc, le statuaire préfère du grès rose, provenant du village de Pérouse, à 3 kilomètres du site.

Une patte, Bartholdi et son contremaître, toutes proportions gardées. Musée Bartholdi, Colmar

Son travail sur le fauve va durer quatre ans, car l'artiste est fort occupé avec son projet américain, mais aussi parce qu'il cherche la meilleure posture. Le statuaire ne veut pas un lion agressif, au risque de froisser le pays voisin, mais un lion digne et sûr de lui : « Acculé mais résistant... L'image de Belfort en 1871 ! »[1]. Son félin aura une tête fièrement dressée, tournée vers l'ouest pour éviter le défi revanchard, une de ses pattes écrasant toutefois les armes des assaillants.
Les blocs de grès sont taillés un à un puis transportés sur le site. Le colossal défenseur de la cité mesurant 22 mètres de long sur 11 mètres de haut, est terminé en 1875. Une dédicace y est gravée : « Aux défenseurs de Belfort, 1870-1871 ». Le Lion sera classé monument historique en 1931[2].



De l'appropriation à l'emblème

Un monument symbolique

La situation exceptionnelle du Lion dominant la ville en a fait un "phare", un symbole d'idéal patriotique, un lieu de mémoire, de résistance pacifique et d'espoir, un point de ralliement, voire de revendication. Tout le monde s'est approprié son image, la population belfortaine ainsi que les Alsaciens en deuil de leur province, mais aussi les artistes et les commerçants. Bartholdi ira même jusqu'à intenter un procès pour dérive de sa propriété artistique.
En 1911, l'aviateur Védrines y laisse tomber un drapeau tricolore. Quand il le déploie, on peut y lire « Honneur - Patrie - Au Lion invaincu - Confiance »[3].
En 39-40 ce sont les Allemands qui se l'approprient en le marquant d'une croix gammée.
La ville de Belfort en a fait son emblème et sera surnommée "La cité du Lion".

Une officialisation tardive

La ville de Belfort n'a pas organisé d' inauguration officielle après la finalisation de l'œuvre, peut-être à cause de certaines tensions dans les relations avec l'artiste ou à cause du contexte politique. C'est le sculpteur lui-même qui est venu allumer des feux de bengale sur fond musical durant une petite heure. « Cette cérémonie officieuse fera office d'inauguration officielle pendant 130 ans »[4].
Cet oubli diplomatique sera cependant réparé en 2010 par une cérémonie d'inauguration officielle organisée par la municipalité en place.

Réplique bartholdienne : le Lion de Belfort à Paris

Place Denfert-Rochereau, le Lion de Belfort de Bartholdi Photo J. GALICHON


Cette réplique en cuivre repoussé, trois fois plus petite que le Lion en grès, est également l'œuvre de Bartholdi.

Elle avait été présentée par le sculpteur lors d'une exposition et acquise par la ville de Paris. D'abord destinée à une autre place, elle est finalement installée en 1880 Place Denfert-Rochereau, lieu approprié puisqu'il rappelle la résistance héroïque du colonel en question et de ses soldats lors du siège de Belfort.

Cependant, contrairement au Lion belfortain qui se voulait résistant mais pacifique, le Lion parisien est devenu plus ou moins un outil politique sous les convictions nationalistes de Déroulède en 1901.

Nuvola apps bookcase.png Bibliographie

  • Robert Belot, Daniel Bermond, Bartholdi, Paris, éditions Perrin, 2004, 466 pages, ISBN, 2-262-01991-6
  • Dépliant "Bartholdi", édité par le musée Bartholdi de Colmar, et fiche descriptive de la visite.
  • Nicolas Mengus, Ces Alsaciens qui ont fait l'Histoire, Villeveyrac, Le papillon Rouge Éditeur, 2017, 264 pages, ISBN 978-2-917875-87-2
  • Stéphane Muret, Belfort de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, 2010, 128 pages, ISBN 978-2-8138-0210-1
  • Robert Belot, La Liberté, histoire d'un hyper-monument, collection "Le goût du savoir", Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2018, 118 pages, ISBN 978-2-86272-712-7

Voir aussi.png Voir aussi (sur Geneawiki)

Logo internet.png Liens utiles (externes)

Référence.png Notes et références

Medaille geneawiki.png
Cet article a été mis en avant pour sa qualité dans la rubrique "Article de la semaine" sur l’encyclopédie Geneawiki.
  1. Page 13, inStéphane Muret, Belfort de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, 2010, 128 pages, ISBN 978-2-8138-0210-1
  2. Base Mérimée
  3. Page 14, in Stéphane Muret, Belfort de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, 2010, 128 pages, ISBN 978-2-8138-0210-1
  4. Page 14, in Stéphane Muret, Belfort de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, 2010, 128 pages, ISBN 978-2-8138-0210-1