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Les prêtres réfractaires sont mis "hors-la-loi" par le décret des 29-30 vendémiaire an II (20-21 octobre 1793), qui prévoit leur exécution dans les 24 heures.<br>
Les prêtres réfractaires sont mis "hors-la-loi" par le décret des 29-30 vendémiaire an II (20-21 octobre 1793), qui prévoit leur exécution dans les 24 heures.<br>
Plus de 1 000 prêtres et près de 200 religieuses sont fusillés ou guillotinés.
Plus de 1 000 prêtres et près de 200 religieuses sont fusillés ou guillotinés.
=== Le massacre du couvent des Carmes ===
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Le couvent des Carmes devient un dépôt pour des prêtres réfractaires. Cent cinquante prêtres et dix laïcs sont emprisonnés.<br>
Le couvent des Carmes devient un dépôt pour des prêtres réfractaires. Cent cinquante prêtres et dix laïcs sont emprisonnés.<br>
Des enragés pénètrent avec leurs armes à l’intérieur du couvent, blessant à mort plusieurs prêtres.<br>
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Parmi eux, l’on compte l’archevêque d’Arles, Mgr du Lau, mort près de l’autel de l’oratoire, les frères La Rochefoucauld, François-Joseph, évêque de Beauvais, et Pierre-Louis, évêque de Saintes. Mais aussi l’abbé Hébert, confesseur de Louis XVI, l’abbé Gaultier, qui aurait reçu la confession de Voltaire sur son lit de mort, et l’abbé de Pontbriand, grand-oncle de Charles de Foucauld.
Parmi eux, l’on compte l’archevêque d’Arles, Mgr du Lau, mort près de l’autel de l’oratoire, les frères La Rochefoucauld, François-Joseph, évêque de Beauvais, et Pierre-Louis, évêque de Saintes. Mais aussi l’abbé Hébert, confesseur de Louis XVI, l’abbé Gaultier, qui aurait reçu la confession de Voltaire sur son lit de mort, et l’abbé de Pontbriand, grand-oncle de Charles de Foucauld.
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== Les prêtres exilés ==
== Les prêtres exilés ==

Version du 14 février 2020 à 18:53


Histoire

La Constitution civile du clergé force les membres de l’Église à jurer sur la Constitution.
Ceux qui refuseront seront passibles de l’exil, d’emprisonnement ou de mort.

Les prêtres constitutionnels

Les prêtres constitutionnels sont les prêtres qui ont prêté le serment exigé par la Constitution civile du Clergé. [1]
Leur statut est celui de salarié et d'agent de l'État.
Les curés sont élus par les citoyens de leur circonscription.

Les prêtres réfractaires

Le sort des prêtres réfractaires est très variable selon les âges et les circonstances.
Certains connaissent l'exil, d'autres la prison ; certains subissent la déportation, d'autres choisissent la clandestinité

La "Terreur"

Les prêtres réfractaires sont mis "hors-la-loi" par le décret des 29-30 vendémiaire an II (20-21 octobre 1793), qui prévoit leur exécution dans les 24 heures.
Plus de 1 000 prêtres et près de 200 religieuses sont fusillés ou guillotinés.

Le massacre du couvent des Carmes

Le couvent des Carmes devient un dépôt pour des prêtres réfractaires. Cent cinquante prêtres et dix laïcs sont emprisonnés.
Des enragés pénètrent avec leurs armes à l’intérieur du couvent, blessant à mort plusieurs prêtres.
Au lieu de tous les tuer sur le champ, les commissaires de la section du Luxembourg s’amusent à organiser un simulacre de procès, dans la sacristie, pour les forcer à prêter serment.
À chaque refus, c’est l’exécution.
Deux heures plus tard, ce sont en tout cent quinze cadavres jetés dans le puits ou dans le jardin du couvent, massacrés à l’épée par les Sans-Culottes.

Parmi eux, l’on compte l’archevêque d’Arles, Mgr du Lau, mort près de l’autel de l’oratoire, les frères La Rochefoucauld, François-Joseph, évêque de Beauvais, et Pierre-Louis, évêque de Saintes. Mais aussi l’abbé Hébert, confesseur de Louis XVI, l’abbé Gaultier, qui aurait reçu la confession de Voltaire sur son lit de mort, et l’abbé de Pontbriand, grand-oncle de Charles de Foucauld.

Les prêtres exilés

Un bon nombre de prêtres, ayant refusé de prêter le serment, et remplacés par des constitutionnels, devant la menace d'une déportation, décident de quitter le sol de France.
Son importance numérique est, au minimum, de 22 000 à 25 000 prêtres et religieux sur les 120 000 ecclésiastiques de 1789.
On en retrouve dans une douzaine de pays d'Europe, jusqu'en Russie

Alexandre Hyacinthe DULAURENT est né à Concarneau en 1758.
Prêtre en 1782, il est nommé recteur de Trégunc en 1789.
Ayant refusé de porter serment, il est privé de traitement et ne peut exercer aucune fonction publique.
Il décide de partir vers 1792 à Orléans où il tiendra un petit commerce (un bureau de tabac, d’après Arthur Le Beux) pour ne pas être à la charge de sa famille d’accueil.
Il y restera jusqu’à la fin de la Révolution.
En 1796, il apparaît sur la liste des émigrés établie par le Directoire du district de Quimper.
Après le Concordat, il reçoit le 9 décembre 1802 son certificat d’amnistie pour fait d’émigration, bien qu’émigré à Orléans !
Il réintègre la Bretagne et, en 1803, est nommé chanoine titulaire du Chapitre à Quimper et aumônier des sœurs de l’Hôpital.
Le typhus s’est alors déclaré à Quimper ; au service des malades, il en est atteint et meurt en 1818.

Les prêtres clandestins

M. Guillon, devenu M. Pastel, médecin résidant à Sceaux.

Un jour, à la barrière d'Orléans, il subit un examen en règle.
Le factionnaire regarde longuement sa carte, le dévisage et finalement la lui rend en disant :

« C'est faux ! Tu mens, citoyen ! Tu mens ! Tu es un calotin de la pire espèce et tu ne t'appelles pas Pastel mais Guillon. »

Et voyant que son interlocuteur, troublé, cherche la parade, il ajoute :

« Médecin des corps, soignez bien les âmes ! »

Alors M. Guillon reconnait, sous l'uniforme du garde, l'abbé Borderies du collège Sainte-Barbe.

Les prêtes réfractaires déportés

Le 25 janvier 1794, un arrêté est pris ordonnant que les prêtres réfractaires soient conduits de brigade en brigade jusqu’au port le plus proche : Bordeaux ou Rochefort.
Ils y seront détenus jusqu’à ce que des bâtiments de commerce nécessaires à leur transfert aient été affrétés. Pour être déportés en Guyane.

Bordeaux

600 autres prêtres détenus à Bordeaux et dans la citadelle de Blaye, sont embarqués sur trois navires en 1794 : Le Jeanty, Le Dunkerque et Le Républicain.
Alors qu'ils descendent la Gironde, ils sont pris dans une tempête et obligés de se mettre à l'abri dans la rade de l'île d'Aix, à côté des deux négriers.
Les victimes subissent de mauvais traitements, des épidémies se développent.
De nombreux prêtres décèdent sur place et sont enterrés à l'Île Madame.
Afin d'éviter une contamination générale, les autorités décident de transférer les autres à la Citadelle de Brouage ou à Saint-Jean-d'Angély.

La Citadelle de Brouage

  • La citadelle trouve une autre fonction, peu glorieuse, lors de la Révolution : elle sert de prison pour des prêtres réfractaires arrivés par bateaux dans la rade de l'île d'Aix[2] et pour 143 religieuses.
Pictos recherche.png Article détaillé : pour en savoir plus et découvrir la liste des prêtres...

Rochefort

Sur les 829 prêtres arrivés à Rochefort en mars - avril 1794, seuls 228, à peine le quart, ont survécus,

  • 36 enterrés à Rochefort,
  • 254 à l’île Madame,
  • les autres dans les vases de l’île d’Aix et des forts qui gardent la Charente.
Pictos recherche.png Article détaillé : pour en savoir plus sur les pontons de Rochefort...

Hôpital de l'Ile Madame

Après être restés des mois sur les pontons mouillés en Charente et en rade d'Aix, ils furent transportés sur cette île pour éviter la contamination
En 1794, un hôpital de campagne est installé à l’île Madame dont le nom vient d’être changé en île Citoyenne.
ils furent transportés sur cette île pour éviter la contamination et y demeurèrent de juillet à novembre 1794.
Sur 83 malades débarqués, 36 sont morts quelques heures après. Dès le début octobre 1794, des rafales de vent emportent les tentes. Le 30, on ferme l’hôpital et les prêtres sont à nouveau enfermés dans les pontons

Depuis 1910, un pèlerinage a lieu chaque année au mois d’août dans l’île Madame où un grand nombre des victimes des évènements de 1794 sont inhumées depuis deux siècles. »

A Savoir

L'Île Madame est la plus petite île de la Charente-Maritime.
Elle changea de nom en fonction des époques, et c'est en 1688 qu'elle prit son nom actuel.

  • 1634 : Île de Veuare,
  • 1650 : Île de la Garenne,
  • 1794 : Île Citoyenne.


Quelques anecdotes

Deux frères s’aimaient tendrement et ne se quittaient guère. Un d’eux tombe malade et sur le champ est transporté à l’hôpital.
Son frère supplie le capitaine de permettre qu’il soit infirmier.
Son intention était de rendre à un frère chéri tous les services dont il était capable.
On acquiesce à sa demande, mais par un raffinement de barbarie, on l’envoie infirmier dans le second hôpital qui venait d’être dressé et où n’était pas son frère.
Ces deux bons prêtres moururent bientôt et n’eurent pas la consolation de confondre leurs derniers soupirs

Le capitaine du Washington vint un jour voir le nôtre. Nous étions à bord des Deux Associés.
La conversation qu’ils eurent ensemble fera connaître leur humanité.
Je ne la rapporte pas peut être bien exactement quant aux paroles dont ils se servirent, mais le sens est le même.
J’omets à dessein les termes indécents et blasphématoires.

«  Was. Bonjour, camarade, comment accommodes-tu tes brigands ?
  • Il n’y a point de jour où la mort ne me délivre de quelqu’un. Quelque fois il en meurt deux, rarement trois.
Tu n’y entends goutte et si tu continues tu risques de garder longtemps cette f… cargaison.
  • Que faut-il donc faire ?
Que ne fais-tu comme moi ? Que ne les fumes-tu comme des renards dans leurs terriers, aussi les menai-je bon train.
  • Tu as plus d’esprit que moi, camarade, je ne m’avisais pas de ce moyen, je te promets de faire cette expérience au plutôt. »

En effet, depuis cette conversation, la fumigation fut doublée dans notre vaisseau et les vœux de notre barbare capitaine furent exaucés au-delà de ses espérances.

A la mort. Les premières paroles que nous entendîmes à notre arrivée au Borée, vaisseau à trois points qui était à la rade de Rochefort sont celles-ci :
« Scélérats, brigands. Il faut avoir une vertu plus qu’humaine pour vous laisser subsister. »
On tient du capitaine des Deux Associés où l’on nous emprisonna, à la sortie du Borée, où nous ne demeurâmes que le temps nécessaire aux pirates
pour s’emparer de nos livres et de notre argent (les Deux Associés et le Washington devaient piller le reste de nos effets comme linge, habits etc.
et suppléer aux recherches du Borée, ne laissant presque rien à faire aux matelots et aux mousses qui malgré cela ne laissèrent pas de glaner)
on tient, dis-je de ce capitaine, et on a su d’ailleurs que le projet de nos persécuteurs était de se défaire des prêtres déportés lorsqu’on serait en pleine mer

Extraits du Manuscrit d’un prêtre rescapé
Cette relation des évènements, datée du 30 mars 1795, a été faite à Saintes, par un prêtre de l’Allier, Antoine LEQUIN, après avoir été libéré.
Un autre exemplaire, de la main de ce même prêtre, est conservé aux archives de l’Evêché de Moulins.

Le Concordat

Les persécutions des prêtres prennent fin lorsque le Saint-Siège conclut un Concordat avec la France (ratifié le 5 avril 1802).
Cet accord, signé par le Pape Pie VII et le 1er consul Bonaparte, réorganise le catholicisme dans le pays .

Nuvola apps bookcase.png Bibliographie

  • Martyrologe du clergé français pendant la Révolution - 1840

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Sources

Référence.png Notes et références

  1. votée par l’Assemblée constituante le 12 juillet 1790.
  2. 42 prêtres sont morts à Brouage pendant leur détention