Les noms vendéens

De Geneawiki
Révision datée du 29 janvier 2015 à 13:10 par Thoric (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

< Retour à la page Onomastique
< Retour à la page de la Vendée


Limité par le Marais breton et le Marais poitevin, le département de la Vendée appartient à la région Pays de la Loire, mais on aurait pu tout aussi bien le mettre en Poitou-Charentes. Les noms de famille reflètent cette situation : certains sont à rapprocher des noms poitevins, d'autres sont visiblement plus proches de la région nantaise. Et puis, bien sûr, il y a ceux qui sont avant tout vendéens.

Bien que porté dans d'autres départements, CHARRIER appartient à cette dernière catégorie. C'était en 1900 le nom le plus répandu en Vendée, il demeure aujourd'hui encore très porté, même si les MARTINEAU semblent avoir pris le dessus. En principe, le nom correspond au métier de voiturier, charretier, mais on est en droit de se demander pourquoi il y aurait eu tant de voituriers en Vendée. J'avoue ne pas connaître la réponse et être assez étonné, d'autant que si l'on excepte l'inévitable tisserand (TESSIER, variante TEXIER), les métiers ne sont pas si répandus que ça dans l'anthroponymie vendéenne. On notera cependant les FAVREAU et les DRAPEAU, qui évoquent les métiers de forgeron et de drapier, ou encore les POTIER, et c'est à peu près tout parmi les noms les plus portés.

On vient de le voir, le suffixe diminutif -eau est très répandu en Vendée. Parmi les cinq noms les plus fréquents, trois se terminent par ce suffixe : MARTINEAU bien sûr, mais aussi MOREAU et ROUSSEAU. MARTINEAU correspond à MARTIN, lui-même bien placé dans la liste (mais c'est le cas dans toute la France !), ROUSSEAU évoque en principe un rouquin, et MOREAU devrait être un ancien prénom, diminutif du latin Maurus (= Maur). On retrouve le suffixe -eau dans le patronyme HERBRETEAU, typiquement vendéen, qui est un diminutif du prénom Herbert, avec métathèse du r (déplacement de cette consonne à l'intérieur du nom).

Autre nom terminé par -eau, PINEAU, pour lequel on a envisagé de nombreuses hypothèses allant de la pomme de pin au pineau des Charentes, sans oublier le membre viril, appelé au Moyen Âge pineau par métaphore avec la pomme de pin. Pour ma part je préfère le bois de pins, et donc un toponyme devenu nom de famille, mais il est possible aussi que Pin ait été utilisé comme prénom.

Terminons avec ce suffixe en évoquant les noms BARREAU et PIVETEAU. Le premier est un diminutif de barre, sans doute avec le sens de barrière, péage (le nom BARRE est lui aussi assez répandu en Vendée). Le second évoque le pivert, surnom que chacun peut interpréter à sa façon : M.T. Morlet y voit un sobriquet pour un lourdaud, sens attesté en moyen français.

Plus on se rapproche du Poitou, plus notre suffixe -eau a tendance à devenir -aud. C'est lui que l'on rencontre dans le nom VRIGNAUD, diminutif de Vrin (18), lui-même forme contractée de Verin ou Verain, ancien nom de baptême correspondant au latin Veranus, popularisé par divers saints. Autre nom terminé par -aud, PRAUD, contraction de PERRAUD (diminutif de Pierre). On retrouve la finale -aud dans les noms de personne d'origine germanique GUILBAUD, ARNAUD, RENAUD, REMAUD, BURGAUD ou RAMBAUD, mais là il s'agit en principe d'une racine bien connue, wald, qui correspond au verbe waldan (= gouverner), et non d'un suffixe diminutif.

Autre suffixe, plutôt péjoratif, -ard, qui apparaît notamment dans le nom SOULATD : au Moyen Âge, le terme évoquait celui qui avait bien mangé et bien bu (latin satullus), et donc pas forcément un ivrogne. Dans des noms tels que BERNARD, RICHARD ou GIRARD, on n'a pas affaire à un suffixe, mais à la racine germanique hard (= dur, vaillant).

On terminera avec un nom typique de la Vendée et plus généralement de l'Ouest, GABORIT (dont GAUVRIT semble être une variante), rencontré aussi sous les formes GABORIAU, GABORIEAU, GABORY. Presque toujours, les dictionnaires y voient un surnom pour un personnage moqueur (dérivé de l'ancien français gab = plaisanterie), mais vu la fréquence du nom il doit exister une autre solution. Je pense pour ma part à une variante ou un diminutif du prénom Gabriel, solution déjà évoquée au XIXe siècle par le dictionnaire de Lorédan Larchey. Reste à savoir si effectivement on trouve en Vendée les prénoms Gaborit ou Gabori(e)au dans des textes anciens, certains lecteurs de cette rubrique pourront peut-être me renseigner.

Jean TOSTI