IHLER Jean Alexandre

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Jean-Alexandre Ihler (1745 - 1805)

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Jean Alexandre IHLER est né en 1745 à Thann(Haut-Rhin), il était issu d'une vieille famille installée depuis deux siècles dans la ville.

Il avait, grâce à son père, lui-même militaire (Jean Thiébaut IHLER, capitaine au Régiment d’Alsace, et lieutenant-colonel du Bataillon des milices de Colmar, était l’un des personnages les plus importants de Thann et respecté comme tel), commencé très tôt sa carrière militaire.
Dès 14 ans, en effet, il dirige des soldats, et est lieutenant du bataillon de son père, à Colmar. La chose n'était pas rare à l'époque, dans les milieux aisés. Et si, pour nous autres, humains du XXIème siècle, l'âge de 14 ans est presque encore synonyme de tendre enfance, personne au XVIIIème siècle ne s'offusquait de cet état de choses, pas même les hommes de troupe (guère plus âgés d'ailleurs) dirigés par ces pré-adolescents.
Rappelons aussi que l'armée n'était pas un ensemble uniforme lié à l'Etat. Les régiments étaient achetés, donnés ou échangés par les nobles les plus riches, pour lesquels posséder un bon régiment était gage de prestige à la Cour de Versailles.

En 1761 et 1762, en pleine guerre de Sept ans, Jean Alexandre fut affecté au régiment de Lamarck, et fit campagne en Allemagne, contre les Anglais. La paix étant signée en 1763, Jean Alexandre ne retrouvera l'ivresse des combats qu'en 1768/1770, lors de la Campagne de Corse, aux côtés notamment du Duc de Lauzun, guillotiné lors de la Terreur malgré son enthousiasme pour la cause révolutionnaire.

Il fut nommé Capitaine en 1771, puis Major au régiment de Bouillon en 1781 pendant la guerre d'Indépendance Américaine qui rendit célèbre La Fayette. A ce titre, il participa au siège de Gibraltar. En 1786, Jean Alexandre était devenu Lieutenant-colonel. Il pouvait donc, à son tour, commander un régiment, le 98ème Régiment d'Infanterie, ce qu'il fit pendant la Révolution, dès 1791, devenu alors colonel.

L'année d'après, il fit campagne au sein de l'Armée du Centre, puis fut nommé Maréchal de Camp le 12 juillet 1792. Cependant, Jean-Alexandre, pour une raison que j’ignore, démissionna de ses fonctions le 14 juillet, juste avant d’être averti de sa nomination... (les délais de poste étaient bien plus longs qu’aujourd’hui !). C’est cette démission trop vite donnée qui ne lui permit pas d’obtenir un brevet de Maréchal de Camp définitif, mais seulement provisoire.
Il fut alors employé par Dumouriez, et commanda à Liège en janvier 1793, alors qu'à quelques centaines de kilomètres de là, à Paris, les choses s'envenimaient : Louis XVI passait sur l'échafaud, à l'effroi et à la stupeur de tous les pays européens.

Quelques semaines après, ce fut la célèbre bataille de Neerwinden. Jean Alexandre venait juste d'être affecté à l'Armée du Nord (février 1793), et avait reçu le commandement de la place de Douai en avril.
De cette offensive alliée, dirigée -et perdue- par le général Dumouriez, qui fit 2000 morts parmi les Autrichiens, 2500 tués et blessés et 1500 prisonniers chez les Français, on connait de nombreux détails.
Cette bataille suivit de près la levée du siège de Maastricht, en Belgique. En effet, l'approche des soldats autrichiens, très nombreux, obligea le général Miranda et ses 15000 hommes à partir précipitamment de cette ville.
Dumouriez considéra d’ailleurs cela comme une faute grave. Nous étions alors le 2 mars 1793. L'une des divisions de Miranda, aux ordres de Jean Alexandre Ihler, marcha sur Harcourt et Viset, où elle se réunit aux troupes de Dietamann et Leveneur. Cette quasi-débandade des Français faillit tourner très mal, car dans le même temps les Autrichiens attaquaient le flanc gauche des Français, qui risquaient ainsi de se voir éparpillés, sans chef, la plupart des régiments isolés et vulnérables.

De ce qu'il advint précisément de la situation des troupes du général Ihler, nous disposons d'un document écrit par Antoine de Jomini (1779-1869, banquier, militaire, historien, ayant fait partie de l'état-major de Napoléon) spécialiste des stratégies militaires. Voici donc, textuellement, ce qu'il écrivit :
« L'armée française se trouva donc le 5 mars, dans une position affreuse : le général Ihler venait à peine d'arriver à Viset que les Impériaux s'emparaient de Tongres et que Valence évacuait Liège. Gagné ainsi par ses deux flancs, sa perte semblait certaine ; mais heureusement que les Autrichiens ignoraient la situation dans laquelle ce corps se voyait engagé. Ihler partit le 5 au matin, et parvint, après une marche pénible à travers les colonnes ennemies, à regagner la route de Liège à Saint-Tron, où il se réunit enfin à l'armée. Dampierre et Champmorin en avaient fait autant ; tandis que Neuily et Stengel, remontant la Meuse sur Namur, y furent recueillis par la division d'Harville qui était restée durant tout ce temps dans l'inaction. L'armée, rassurée sur le sort de tous ces détachements, se replia alors avec un peu plus de confiance sur Tirlemont et Louvain. » Jomini rajoute, à propos de Jean Alexandre : « Il paraît qu'Ihler se dirigeait sur Liège, dont le départ précipité de Miranda et Valence venait de livrer les portes aux Impériaux. Ce général bivouaqua la nuit du 5 au 6, autour de cette ville, occupée par l'ennemi ; et gagna Saint Tron, le 6, avec plus de bonheur qu'on ne devrait y compter. »

Aux mauvaises nouvelles que donnait l'Armée de Dumouriez s'ajoutait la pression des sans-culottes, de plus en plus farouches envers la noblesse et les dirigeants militaires dont ils ne toléraient pas les échecs, les accusant de trahir la Révolution, et d'être à la solde des « égorgeurs ». Aussi, Dumouriez tentat-il un grand coup, à la fois pour redorer son image de marque, et pour porter un coup vraiment sérieux à l'ennemi.
Ce fut alors, quinze jours plus tard, la bataille de Neerwinden. Celle-ci eût lieu le 18 mars, et, hélas, se soldat une nouvelle fois par un échec, encore plus cruel celui-là, qui acheva de discréditer Dumouriez dans l'esprit des dirigeants Parisiens.
Jean Alexandre Ihler fut légèrement blessé, alors que d'autres étaient tués, et de nombreux faits prisonniers. Dumouriez, quant à lui, sentant le vent tourner, choisit de passer à l'ennemi, et il se livra avec quelques-uns de ses hommes aux services des Autrichiens.

A la suite de ces événements, Jean Alexandre fut nommé par le général Dampierre général de division, un des plus hauts grades militaires, à titre provisoire. Le 13 juin, il fut confirmé dans ce grade par les représentants du peuple, près de l'Armée du Nord, mais il n'obtint jamais de certificat, et ne dût se contenter du conseil exécutif que d'un brevet de Maréchal de Camp.
Il participa ensuite aux combats de la forêt de Raismes, commanda le camp de Hecq en juin 1793, participa aux combats de la forêt de Mormal, près de Maubeuge, d'où il fut chassé en août. Une autre défaite suivit la première, car il fut repoussé d’Englefontaine le 12 septembre.
Les nouveaux membres de la Convention accentuaient alors leur pression, car rien n'allait bien au sein de la nouvelle France, et la faute était de plus en plus rejetée sur ceux qui avaient du sang noble, et même bourgeois. Ainsi, seulement deux jours après, le 14 septembre, Jean Alexandre fut suspendu de ses fonctions, et à tort (!) inscrit sur la liste des émigrés de la Moselle, à la suite d'une banale dénonciation. Il était accusé d’être une créature de Dumouriez, Lafayette et Custine, un ex-noble, et en plus un « Allemand ».

Heureusement pour sa tête, il put justifier de sa situation et lever les soupçons qui pesaient sur lui. Il fut malgré tout suspendu de ses fonctions, mais avant que la mesure soit effective, il avait déjà présenté sa démission. Il ne sera rayé de cette liste compromettante qu’en avril 1795, sur justification de résidence ininterrompue en France et aux armées.

Il rentra à Thann en septembre 1794, et son retour fit sensation parmi la population. Il fut admit à la retraite en octobre et bénéficiaire d’une pension de 4396 livres, qui fut immédiatement réduite à 3000.
Jean-Alexandre vécut alors au faubourg des Vosges, chez son beau-frère Nicolas Marandet, époux de sa soeur Marie Emilienne. Lui aussi, pourtant révolutionnaire de la première heure, avait perdu ses illusions, et se faisait oublier depuis quelques temps.

Les turbulences de la Révolution étant apaisées, Jean Alexandre pourra se retirer définitivement à Plantières, près de Metz, où après avoir fait une dernière fois promesse de fidélité, en novembre 1800, il mourra en 1805.

Aussi connu, et tout autant admiré, sinon plus, que Jean Alexandre, il ne faut pas oublier Louis Thiébaut (ou Aloïse Théobald), son frère cadet.

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