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[[Fichier:75107_-_Hôtel_de_Matignon_''L'Abondance''_par_Louis_Philippe_Mouchy_1773.jpg|thumb|right|160px|''L'Abondance'' par Louis-Philippe Mouchy, 1773]]
[[Fichier:75107_-_Hôtel_de_Matignon_''L'Abondance''_par_Louis_Philippe_Mouchy_1773.jpg|thumb|right|160px|''L'Abondance'' par Louis-Philippe Mouchy, 1773]]


*  S'inspirant d'une statue allégorique de l'Abondance du sculpteur Filippo della Valle,  exécutée pour la ''Fontaine de Trevi'' (1762) à Rome,  Louis-Philippe Mouchy (1734-1801) a réalisé cette œuvre entre 1771 et 1773. Celle-ci figurait dans le groupe des six statues allégoriques élevées sur l'attique de la façade principale de l'[[75106 - Hôtel de la Monnaie|Hôtel de la Monnaie]], érigée en 1773 sur le quai Conti à Paris.
*  S'inspirant d'une statue allégorique de l'Abondance du sculpteur Filippo della Valle,  exécutée pour la ''Fontaine de Trevi'' (1762) à Rome,  Louis-Philippe Mouchy (1734-1801) a réalisé cette œuvre entre 1771 et 1773. Celle-ci figurait dans le groupe des six statues allégoriques élevées sur l'attique de la façade principale de l'[[75056 - Paris|Hôtel de la Monnaie]], érigée en 1773 sur le quai Conti à Paris.
*  La sculpture de Mouchy, dégradée, par les intempéries, a été remplacée en 1947 par une copie sur la façade de l'Hôtel des Monnaies. L'original, restauré, fut placé dans la cour des Invalides avant d'être installé en 1978 dans le jardin de l'Hôtel de Matignon.
*  La sculpture de Mouchy, dégradée, par les intempéries, a été remplacée en 1947 par une copie sur la façade de l'Hôtel des Monnaies. L'original, restauré, fut placé dans la cour des Invalides avant d'être installé en 1978 dans le jardin de l'Hôtel de Matignon.
*  La déesse Abondance est représentée, selon une iconographie classique, sous les traits d'une jeune femme tenant dans sa main droite une corne pleine de fruits : corne d'abondance ou corne d'Amalthée.
*  La déesse Abondance est représentée, selon une iconographie classique, sous les traits d'une jeune femme tenant dans sa main droite une corne pleine de fruits : corne d'abondance ou corne d'Amalthée.

Version du 3 octobre 2022 à 08:32

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Hôtel de Matignon, côté jardin
Photo : C.Angsthelm

57 rue de Varenne


Histoire.pngHistoire

  • En 1719, Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tinguy, maréchal de France, achète un terrain dans le faubourg Saint-Germain, alors en pleine expansion. L'Hôtel est édifié par l'architecte Jean Courtonne (1671-1739) à partir de 1722 sur des terrains marécageux qu'il a fallu assécher et remblayer.
  • Le bâtiment est un remarquable exemple d'hôtel parisien de style Régence conçu entre cour et jardin.
  • En 1723, vente de l'édifice à Jacques III de Matignon, comte de Thorigny, qu'il lègue à son fils Jacques IV, prince de Monaco en 1725. Jacques IV de Matignon qui a épousé en 1715 Louise-Hyppolite de Grimaldi, princesse héritière de Monaco, s'y installe à partir de 1725. L'Hôtel reste la résidence parisienne des princes et princesses de Monaco jusqu'à la Révolution française.
  • L'architecte Jean Mazin achève la décoration intérieure où s'épanouit l'ornementation rocaille, après que Jean Courtonne fut évincé du projet.
  • Après la Révolution, l'Hôtel passe de mains en mains, et en 1808 Talleyrand, ancien ministre des Relations extérieures en devient propriétaire pour trois ans. Il ajoute deux ailes au bâtiment et transforme le jardin, où il donne des fêtes splendides.
  • En 1812, Napoléon achète l'hôtel.
  • En 1815, Louis XVIII échange l'Hôtel de Matignon contre le Palais de l'Élysée appartenant à sa cousine la duchesse de Bourbon. Le domaine passe à la famille d'Orléans. Légué à la sœur de Louis-Philippe qui y habita jusqu'en 1847 ; puis il appartint un temps au duc de Montpensier.
  • En 1852, l'Hôtel est acquis par le duc et la duchesse de Galliera, nobles génois, qui font restaurer la demeure par l'architecte Félix Duban. Le duc et la duchesse marquent durablement leur passage dans ces lieux en modifiant, dans de nombreuses pièces, l'ornementation qui est toujours visible aujourd'hui.
  • Le duc et la duchesse de Galliera accordèrent la jouissance de l'Hôtel au Comte de Paris qui organisa le 15 mai 1886, dans ses salons une fête somptueuse à l'occasion du mariage de sa fille Marie-Amélie avec Manuel de Bragance, prince héritier du Portugal. Le retentissement de cette fête est à l'origine de la loi qui exilait les prétendants royalistes et bonapartistes.
  • En 1889, l'Hôtel est donné à l'empereur François-Joseph de Habsbourg (l'époux de Sissi), qui y installe l'ambassade d'Autriche-Hongrie, jusqu'en 1914.
  • En 1922, l'Autriche cède l'Hôtel à la France.
  • Enfin, 1935, marque le début de l'affectation de l'Hôtel de Matignon au chef de gouvernement français (présidents du Conseil, puis Premiers ministres à partir de la Ve République).


L'hôtel de Matignon, ainsi que son jardin, sont classés au Monuments Historiques depuis le 3 janvier 1923 : [1].

Patrimoine.png Patrimoine bâti

La Cour d'honneur

Cour d'honneur

Portail sur rue

  • Après le portail en forme d'hémicycle, la cour d'honneur et le bâtiment se dévoilent. Jean Courtonne a magnifié la façade grâce à un avant-corps central à pans coupés, disposition que l'on retrouve sur la façade côté jardin.
  • Pour la conception du bâtiment, Jean Courtonne propose un plan désaxé : l'aménagement d'une spacieuse cour pour les remises sur le flanc de la cour d'honneur astreint l'architecte à déplacer l'axe de la façade sur cour par rapport à l'axe de la façade sur le jardin.
  • Cette cour d'honneur n'a connu que peu de changements depuis la construction de l'hôtel : le décor sculpté, très présent, est d'origine, de même que la ferronnerie du balcon au premier étage.
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
  • La modification principale de cet espace se situe en haut de l'aile Est : La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen y a été installée en 1989, sur une toile marouflée sur le mur, pour célébrer le Bicentenaire de la Révolution Française.
  • La façade sur le jardin est posée sur une large terrasse, afin de préserver l'édifice de l'humidité d'un terrain partiellement marécageux. Édifiée en pierres d'Arcueil et surmontée d'un toit droit bordé d'une balustrade, la façade est rythmée par trois avant-corps en légère saillie :
- deux avants-corps latéraux dont le relief est souligné par des pierres à refends disposées aux angles ;
- l'avant-corps central à pans coupés, également composé pour partie de pierres à refends.
  • Pour l'ornementation de la façade, Jean Courtonne fait appel aux sculpteurs Louis Herpin, Jacques Martin et Jean-Martin Pelletier à qui nous devons la réalisation des cartouches et mascarons à têtes allégoriques couronnées de guirlandes de fleurs, de rinceaux de feuilles d'acanthes, de palmettes et de coquilles apposés en agrafe au somment de chacune des baies.
Décor façade Cour d'honneur
  • Un fronton triangulaire, interrompu pour accueillir un grand cartouche ailé destiné à porter des armoiries sculptées, couronne l'avant-corps dont la riche ornementation est confiée au sculpteur François Legrand : les trophées d'armes surmontant le fronton ; les consoles du balcon sculptées de mufles de lion ; les têtes figurant aux clefs d'arcs des baies centrales ; celle de Diane, à l'étage, flanquée de trophées d'instruments pour la chasse, et celle du faune, entourée de rinceaux de pampres, qui surmonte un syrinx.


Le vestibule

Vestibule
  • Le perron central par lequel on pénètre dans le bâtiment est celui utilisé lors des évènements protocolaires tels que les visites officielles ou les passations de pouvoir lors des changements de gouvernement. Au quotidien, la Première ministre, ses collaborateurs et leurs invités, empruntent davantage l'entrée située dans l'angle Ouest du bâtiment, donnant directement accès à l'escalier d'honneur et au premier étage.
  • Le vestibule, où la minéralité et la sobriété dominent, est conçu comme un espace de transition entre la cour d'honneur et les salons du rez-de-chaussée. Il s'agit de l'un des derniers espaces aménagés par Jean Courtonne en 1723 avant qu'il ne soit évincé du projet et remplacé par Jean Mazin.
  • Si la pièce conserve son aspect du XVIIIe avec ses pilastres ioniques, le plafond et le sol, fait d'un pavage en marbre blanc et rouge, datent tous les deux du siècle suivant.

Le grand escalier

Le grand escalier
Ferronnerie aux disques solaires
  • L'escalier majestueux est réalisé au milieu du XIXe à l'époque où le duc et la duchesse de Galliera occupent les lieux. Pour les murs, contrairement aux apparences, il ne s'agit pas de panneaux de marbre polychrome mais d'un trompe-l'œil en peinture. Du XVIIIe subsiste la rampe en fer forgé, ornée de disques solaires, dessinée par Jean Courtonne et attribuée au maître ferronnier Antoine Caron en 1724.
  • Cet escalier est l'axe principal de communication entre le rez-de-chaussée et le premier étage, et dessert à ce titre le bureau de la Première ministre et les bureaux de ses proches collaborateurs.


L'antichambre

Antichambre
  • Cette pièce au décor mural sobre est un espace à la fois de croisement pour accéder à différents bureaux des membres du cabinet et d'attente pour les invités de la Première ministre.
  • Les siècles dialoguent à travers le mobilier : aux sièges et à la table ronde, marquetée de marbre, d'époque Empire, répondent les fines consoles de Laurence Montano, deux tapisseries contemporaines de Le Corbusier et de Bernard Dorny ainsi qu'un tapis réalisé à la Manufacture de la Savonnerie en 1966 d'après un carton de Lucien Fleury (Végétation).

Le bureau de la Première ministre

Bureau de la Première ministre
  • Dans ce salon blanc, pièce centrale du premier étage, les boiseries sont attribuées à Louis Pelletier, Jean-Martin Herpin et Jacques Martin, sculpteurs en charge de l'intégralité des décors de cet Hôtel au moment de sa construction.
  • En complément de ce décor d'origine, des peintures ont été installées à l'époque du duc et de la duchesse de Galliera. De part et d'autre de la porte d'entrée, deux médaillons ronds (Le jeune pêcheur, et La diseuse de bonne aventure) sont des pastiches du XIXe siècle dans le style de François Boucher, réalisés par le peintre Pierre-Nicolas Brisset. Les peintures au-dessus des portes représentent Les Saisons réalisées par Fragonard entre 1751 et 1756. La quatrième saison L'Hiver est conservée au musée des Beaux-Arts de Los Angeles.
  • L'ameublement évolue selon les goûts et les besoins de chaque Premier ministre. Le bureau de style Louis XV actuellement utilisé est celui de Léon Blum sur lequel il signa les Accords de Matignon en 1936.
  • Le salon disposé autour de la cheminée est résolument contemporain avec notamment la présence d'un tapis inédit, tissé en 2017 à la Manufacture de la Savonnerie d'après un carton d'Annabelle d'Huart (Hauts fonds).


Le fumoir

Fumoir
  • L'appellation fumoir rappelle la fonction passée de cet espace de détente plus informel que le salon blanc. De nos jours, cette pièce peut encore être utilisée en tant que salon ou comme bureau pour de proches collaborateurs de la Première ministre. Il n'accueillit qu'une seule le bureau d'un Premier ministre, celui d'Édith Cresson, en 1991-1992.
  • Ses murs sont recouverts de soieries dorées et sont ornés d'œuvres du Musée national d'art moderne et du Fonds national d'art contemporain.

La salle du conseil

Salle du Conseil
  • À l'origine, se situaient ici les appartements privés de la princesse de Monaco. En supprimant les cloisons intermédiaires, Félix Duban, crée, à l'époque du duc et de la duchesse de Galliera, une grande salle à manger d'apparat où se déroulaient de somptueuses réceptions.
  • Au-dessus du buffet en marbre rouge, des trophées de chasse et de pêche entourant les armes des Galliera rappellent bien la fonction dévolue à cette pièce à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Le décor est complété par des pilastres corinthiens, des boiseries dorées et des médaillons en stuc blanc , représentant les Fables de La Fontaine.
Tapisserie de la Manufacture des Gobelins d'après carton de Coypel Le bal de Don Quichotte 1763
  • En 1935, à l'installation de la Présidence du Conseil à l'Hôtel de Matignon, la salle du conseil est ornée d'une tapisserie de la Manufacture des Gobelins, tissée entre 1763 et 1765 d'après un carton de Charles-Antoine Coypel (Le bal de don Quichotte). N'ayant jamais quitté l'Hôtel de Matignon (sauf pour restauration il y a une dizaine d'années), elle est le témoin depuis presque 100 ans de la vie politique française ; cette pièce est en effet le lieu où se déroulent les réunions les plus importantes, sur un rythme de 350 par an en moyenne,.
  • D'importants travaux ont été conduits à l'été 2021 afin de restaurer le parquet et les décors muraux.


Le salon jaune

  • La soie dorée qui garnit les murs baptise la pièce et évoque le confort de l'époque où cette pièce servait de chambre de parade aux princesse de Monaco. Le thème floral est très présent grâce au dessus-de-porte représentant des bouquets de fleurs, réalisés en 1864 par Pierre-Adrien Chabal-Dussergey et au guirlandes de fleurs au plafond peintes par Thomas Couture.
  • À partir de 1935 et jusqu'en 1956, cette pièce devient le bureau des présidents du Conseil, avant qu'ils ne s'installent définitivement au premier étage du bâtiment. À ce titre, c'est ici que furent signés les Accords de Matignon par Léon Blum en 1936.
  • En Septembre 2022 le salon jaune est fermé pour rénovation.

Le salon bleu

Salon bleu
  • Ce salon est au cœur de l'Hôtel de Matignon, tant par son emplacement que par son usage. Situé à l'aplomb du bureau de la Première ministre, on découvre à travers les fenêtres de l'avant-corps central la magnifique perspective du jardin.
  • Cette pièce occupe une fonction protocolaire importante puisqu'elle est le lieu d'entretien des délégations françaises et étrangères dans le cadre des visites officielles.
  • Les fines boiseries des murs ont été réalisées en 1725 par Michel Lange. Du XVIIIe siècle datent également les peintures situées au-dessus des portes, bien qu'elles n'aient été installées qu'après l'arrivée de la Présidence du Conseil en 1935. Attribuées à l'Atelier de Christophe Huet (1694-1759), ces peintures en camaïeu bleu représentent des chinoiseries, reflet du goût de l'époque pour l'exotisme et l'Extrëme-Orient.


Le salon rouge

Salon rouge
  • Dans cette pièce de réception, chaque époque à laissé sa marque. Le décor d'origine, constitué de boiseries dorées datent du XVIIIe siècle, époque au cours de laquelle ce salon servait de salle du trône aux princes de Monaco.
  • Au XIXe siècle, le duc de Galliera et la duchesse, née Brignole-Sale, l'enrichissent de six médaillons en marqueterie de pierres dures. Une trentaine de variétés différentes de pierres a été nécessaire pour élaborer ce décor foisonnant représentant des bouquets de fleurs agrémentés des initiales B et G des commanditaires.
  • À la même époque, Pierre-Nicolas Brisset (1810-1890) peint les dessus-de-porte symbolisant les Arts.
  • Certaines portes donnent accès au Bureau du Secrétariat général du Gouvernement. Sans cette institution peu connue, pas de travail gouvernemental ; en effet, ce service assure pour la Première ministre et son cabinet, la gestion administrative, l'expertise juridique, la rédaction et le contrôle constitutionnel des projets de lois.



Liste des Premiers ministres de la Ve République

Prénom(s) NOM Période Observations
Michel DEBRE 1959-1962 UNR  
Georges POMPIDOU 1962-1968 UNR puis UDR  
Maurice COUVE de MURVILLE 1968-1969 UDR  
Jacques CHABAN-DELMAS 1969-1972 UDR  
Pierre MESSMER 1972-1974 UDR  
Jacques CHIRAC 1974-1976 UDR, sera Président de la République de 1995 à 2007  
Raymond BARRE 1976-1981 DVD  
Pierre MAUROY 1981-1984 PS  
Laurent FABIUS 1984-1986 PS  
Jacques CHIRAC 1986-1988 RPR  
Michel ROCARD 1988-1991 PS  
Édith CRESSON 1991-1992 PS  
Pierre BÉRÉGOVOY 1992-1993 PS  
Édouard BALLADUR 1993-1995 RPR  
Alain JUPPÉ 1995-1997 RPR  
Lionel JOSPIN 1997-2002 PS  
Jean-Pierre RAFFARIN 2002-2005 UMP  
Dominique de VILLEPIN 2005-2007 UMP  
François FILLON 2007-2012 UMP  
Jean-Marc AYRAULT 2012-2014 PS  
Manuel VALLS 2014-2016 PS  
Bernard CAZENEUVE 2016-2017 PS  
Édouard PHILIPPE 2017-2020 DVD  
Jean CASTEX 2020-2022 DVD  
Élisabeth BORNE 2022-  
-  

Le Jardin

Jardin
  • Avec une superficie de près de deux hectares, le jardin de l'Hôtel de Matignon est le plus grand jardin privé de Paris. Son ampleur lui permet de marier harmonieusement trois siècles d'histoire des jardins.
Allée tilleuls replantée en 1950
- En direction de la statue de l'Abondance, ce sont des plantations d'arbres rectilignes et structurés qui rappellent les jardins classiques, dit à la française, tels que celui de Versailles . Il faut attendre 1739, date de l'extension de la propriété, pour qu'apparaisse cet axe majeur. Il est alors centré sur le bâtiment et débouche à l'origine sur la rue de Babylone. Les arbres que l'on voit ne sont pas d'origine, ils ont été replantés en 1950.
- En direction du sophora pleureur sur la droite, la vue dégagée vers les boisements du fond du jardin et les grands arbres isolés sur la pelouse, témoigne de la période romantique du jardin du XIXe, dit à l'anglaise. C'est Talleyrand en 1808 qui transforme le jardin abandonné. L'idée est maintenant d'exprimer une nouvelle sensibilité pour la nature, au travers de lieux pour se ressourcer et se promener. À cette époque, l'esprit du parc est en réaction à l'art des jardins réguliers du XVIIIe siècle. Le cadre pastoral antique est idéalisé et le jardin cherche à reproduire un paysage sans l'intervention humaine.
Plan du parc en 1811
Hêtre pourpre, planté vers 1811, 21 m haut, 3.70 m circonférence
  • C'est dans cet esprit que le jardin de Matignon est transformé en 1810 en parc paysager. Les parterres de broderies et le potager sont aussi remplacés par deux grandes pelouses. De part et d'autre de la pelouse, les allées transversales sont sinueuses et prolongent la promenade. C'est probablement à cette époque que sont plantés des arbres remarquables comme l'arbre de Judée, le hêtre pourpre et le tulipier de Virginie. Ce patrimoine arboré est encore présent dans le parc aujourd'hui.;
- En regardant vers l'Hôtel, au contraire, s'étale une vaste pelouse avec des massifs aux lignes souples qui datent du XXe siècle.
  • En 1905, l'Ambassade d'Autriche-Hongrie fait intervenir l'une des grandes signatures de l'époque  : Achille Duchêne (Vau-le-Vicomte, Champs-sur-Marne). Le parc est alors en très mauvais état. Achille Duchêne conserve les arbres sains et renouvelle les autres. À la demande de ses commanditaires, il transforme le parc en un lieu de fêtes.

Statue de Méléagre

Gloriette avec statue de Méléagre
  • La statue de Méléagre est exécutée par Pierre Lepautre, sans doute entre 1685 et 1690, lors de son séjour à l'Académie de France à Rome de 1683 à 1701. Au cours de cette période, plusieurs copies d'antiques figurent parmi ses travaux.
  • Pour réaliser son Méléagre, Pierre Lepautre s'inspire d'un marbre du IIe siècle découvert à Rome, copie romaine d'un original grec attribuée au sculpteur Scopas né à Paros (actif entre -370 et -330).
  • La statue romaine que Pierre Lepautre prend pour modèle était conservée dans le monastère San Cosimato, près de Rome. Entrée en 1770 dans les collections du Vatican, est est actuellement exposée au musée Pio-Clementino.
  • En 1715, la statue de Pierre Lepautre, conservée jusqu'alors à l' Académie de France, est chargée depuis Rome avec 13 autres œuvres, sur un navire qui remonte la Seine jusqu'à Marly. D'abord installée dans le jardin du château de Marly, puis en 1717 au jardin des Tuileries, la statue est présentée depuis 1935 au centre de la gloriette, grand cabinet de treillage érigé dans le jardin de Matignon vers la fin du XIXe siècle.
Statue de Méléagre par Pierre Lepautre, marbre 1785


  • Pierre Lepautre représente Méléagre victorieux, la tête tournée vers la gauche, il a enroulé sa chlamyde autour de son bras armé d'un javelot ; à sa droite, un chien appose sa patte sur la hure du sanglier de Calydon. L'œuvre illustre un épisode de la vie de Méléagre, rapporté notamment par Homère, Ovide et Appolodore.


Statue de l'Abondance

L'Abondance par Louis-Philippe Mouchy, 1773
  • S'inspirant d'une statue allégorique de l'Abondance du sculpteur Filippo della Valle, exécutée pour la Fontaine de Trevi (1762) à Rome, Louis-Philippe Mouchy (1734-1801) a réalisé cette œuvre entre 1771 et 1773. Celle-ci figurait dans le groupe des six statues allégoriques élevées sur l'attique de la façade principale de l'Hôtel de la Monnaie, érigée en 1773 sur le quai Conti à Paris.
  • La sculpture de Mouchy, dégradée, par les intempéries, a été remplacée en 1947 par une copie sur la façade de l'Hôtel des Monnaies. L'original, restauré, fut placé dans la cour des Invalides avant d'être installé en 1978 dans le jardin de l'Hôtel de Matignon.
  • La déesse Abondance est représentée, selon une iconographie classique, sous les traits d'une jeune femme tenant dans sa main droite une corne pleine de fruits : corne d'abondance ou corne d'Amalthée.
  • Dans la religion romaine ancienne, Abondance (du latin abundare, déborder) divinité protectrice des récoltes, figure de l'opulence et de la prospérité et Pomone (du latin pomum fruit) divinité veillant sur les fruits, les vergers et les jardins, sont toutes deux des personnifications de la fertilité de la terre. À ce titre, les représentations de l'Abondance et de Pomone comptent des attributs communs et sont parfois confondues.

Les arbres plantés par les Premiers ministres

Les arbres plantés par les Premiers ministres
  • Chaque Premier ministre a la possibilité de planter un arbre dans le parc. Cette tradition remonte à Monsieur Barre, alors Premier ministre, a reçu en cadeau de la part d'une classe canadienne un érable à sucre en 1978. Il a souhaité le planter dans le jardin de l'Hôtel de Matignon. Cette démarche participe ainsi au renouvellement et à l'enrichissement du patrimoine arboré du parc. En effet, tout en respectant le cadre historique, elle contribue à la diversité végétale du jardin en apportant de nouvelles ambiances autour des cheminements.

Des ruches dans le jardin

  • En 2013, des ruches sont placées dans la partie boisée au sud du jardin. Elles participent à l'augmentation de la biodiversité et rentre dans la démarche écoresponsable, engagée par les servies du Premier ministre depuis plus de dix ans (élimination des pesticides, utilisation d'engrais organiques et installation de pièges à insectes.

Les serres froides

Le serres froides au XIXe siècle
  • Au XIXe siècle, des serres froides se trouvaient dans le jardin à l'écart de l'Hôtel. Elles renfermaient une collection de camélias, de palmiers et d'orangers. Prestigieuses, mais d'un entretien difficile, elles ont ensuite disparu.
  • Le massif arbustif dans lequel se trouvaient les serres froides abrite aujourd'hui le rucher du jardin de l'Hôtel de Matignon. Cette partie boisée et abritée est plantée de noisetiers, de cornouillers, de houx et de sureaux qui donnent l'impression aux visiteurs de se trouver en forêt alors qu'ils sont en plein cœur de Paris.

Sur les traces de l'Ambassade d'Autriche-Hongrie

Pierre tombale d'un chien sous le magnolia
  • Sous le magnolia, dans un tapis de lierre, se trouvent deux petites pierres tombales de chien datant de l'époque où l'Ambassade d'Autriche-Hongrie occupait les lieux.
  • L'une d'entre elles porte la mention suivante : "MIME 1898 WACHSAM UND TREU" (Attentif et Fidèle).
  • Dans cette partie du parc, se trouvent des arbres venus de pays lointains, très à la mode au XIXe : le magnolia à grandes fleurs, le tulipier de Virginie, l'arbre de Judée...
  • À cette époque, se trouvait sur cette pelouse, un terrain de tennis. En 1890, l'un des jardiniers était chargé de maintenir en bon état ce terrain de tennis. Aujourd'hui, les jardiniers n'ont plus cet entretien à réaliser. Néanmoins, alors que cette appellation ne figure sur aucun plan, les jardiniers continuent d'appeler ce secteur, la pelouse de tennis, preuve qu'en matière d'art des jardins, la transmission orale fonctionne bien.

Vers une gestion plus durable du jardin

  • Depuis plus de dix ans, le jardin de Matignon élabore des stratégies pour la protection de la biodiversité végétale et animale. Les jardiniers qui se sont succédés en ces lieux ont ainsi mis en place des actions exemplaires en matière de politiques publiques liées aux problématiques environnementales. La transformation écologique de près de deux hectares d'espaces verts dans un contexte parisien fortement urbanisé est devenu, pour les services du Premier ministre, l'un des enjeux majeurs de ces dernières années.
  • Parmi les actions mises en place dans le plan de gestion écologique, on compte l'élimination des produits phytosanitaires, le paillage des sols, le forage d'un puits, la modernisation des systèmes d'arrosage, l'utilisation d'outils et d'engins électriques peu bruyants, la gestion in-situ des déchets bio-dégradables.
  • Le renouvellement du patrimoine végétal du jardin tant sur sa strate arborée qu'arbustive et herbacée, se fait notamment par un choix de végétaux résistants à la sécheresse, permettant de réduire l'arrosage dès sa plantation avec l'introduction de couvre-sols mais aussi par un choix de plantes mellifères, souvent indigènes.
  • Toutefois, cette gestion durable se doit de maintenir l'aspect patrimonial et esthétique des lieux notamment par le respect des tracés historiques du jardin et la préservation des savoir-faire horticoles français (découpe aux ciseaux des pelouses, fleurissement des massifs de fleurs avec des bulbes et des annuelles, ...).


Illustrations - Photos anciennes.png En photos


Référence.png Notes et références

  • Texte du dépliant remis lors des Journées du Patrimoine 2022.
  • Panneaux d'informations répartis dans le jardin.