« Forgeron » : différence entre les versions

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41 octets ajoutés ,  3 juin 2016
(→‎Forgerons celtes : L'étymologie du mot celtique est incertaine. En tout cas, aucun lien avec latin cudere (ni entre ce dernier et discutere, percutere, composés de quatere).)
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De tous les métiers, c'est incontestablement celui de forgeron qui a donné naissance au plus grand nombre de patronymes, du moins en Europe. Et même si les statistiques en la matière sont difficiles à établir, il semble bien que, sous une forme ou sous une autre, ce soit le plus porté de tous les noms de famille, toutes catégories confondues : en Angleterre et aux Etats-Unis, les Smith sont en tête du hit-parade, en Allemagne les Schmidt disputent la première place aux Müller (= meunier), en Italie les Ferrari battent des records de popularité, et en France l'addition des Lefèvre, Faure, Faivre et autres variantes permet sans doute aux forgerons de dépasser les Martin dans la hiérarchie des patronymes.
De tous les métiers, c'est incontestablement celui de forgeron qui a donné naissance au plus grand nombre de patronymes, du moins en Europe. Et même si les statistiques en la matière sont difficiles à établir, il semble bien que, sous une forme ou sous une autre, ce soit le plus porté de tous les noms de famille, toutes catégories confondues : en Angleterre et aux Etats-Unis, les Smith sont en tête du hit-parade, en Allemagne les Schmidt disputent la première place aux Müller (= meunier), en Italie les Ferrari battent des records de popularité, et en France l'addition des Lefèvre, Faure, Faivre et autres variantes permet sans doute aux forgerons de dépasser les Martin dans la hiérarchie des patronymes.


== Un métier prestigieux et indispensable ==
== Métier ==


Il y a une sorte de magie dans le travail du forgeron, qui d'un informe lingot de métal sait tirer les objets indispensables à la vie quotidienne. Lui seul arrive à domestiquer les quatre éléments : la terre, d'où est extrait le minerai, le feu qui permet sa transformation, mais aussi l'eau qui alimente la forge et l'air qui passe dans le soufflet. Que fabriquait-il au moyen âge ? Tout, absolument tout : les outils nécessaires à l'agriculture (socs de charrues et lames d'outils), les clous, les clés, les ferrures de portes, les fers à cheval, et bien sûr l'attirail complet des soldats : épées, casques, armures, boucliers et autres joyeusetés.
Il y a une sorte de magie dans le travail du forgeron, qui d'un informe lingot de métal sait tirer les objets indispensables à la vie quotidienne. Lui seul arrive à domestiquer les quatre éléments : la terre, d'où est extrait le minerai, le feu qui permet sa transformation, mais aussi l'eau qui alimente la forge et l'air qui passe dans le soufflet. Que fabriquait-il au moyen âge ? Tout, absolument tout : les outils nécessaires à l'agriculture (socs de charrues et lames d'outils), les clous, les clés, les ferrures de portes, les fers à cheval, et bien sûr l'attirail complet des soldats : épées, casques, armures, boucliers et autres joyeusetés.
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== Forgerons germaniques ==
===Outils du forgeron ===


* '''Chasse-carré''' : marteau à deux-têtes, dont l'une est carrée et l'autre pointue
* '''Cure-Feu''' : instrument pour ôter le mâchefer du fourneau
* '''Fonçois''' : outil qui a la forme d'un marteau et dont la panne est tranchante


Que ce soit en Allemagne, aux Pays-Bas, en Flandre, en Angleterre et dans un certain nombre de pays scandinaves, on a utilisé une même racine germanique (au sens linguistique du terme, et donc en englobant les anglo-saxons) pour désigner le forgeron : c'est elle qui est à l'origine de l'anglais Smith, de l'allemand Schmidt, du néerlandais Smit et du flamand Smet, ou encore des formes danoise et norvégienne Smidth, Smed.
=== Termes ===


==== Schmid et variantes ====
* Chauffer : faire marcher le soufflet lorsque le fer est au feu


Schmid Désigne un forgeron (voir Schmitt). Variante : Schmied.
==Onomastique ==
Schmitt, Schmidt<br>
Fréquent en Alsace-Lorraine et en Allemagne, désigne un nom de métier, le forgeron (germanique smitte = forge). Variante : Schmit.
Schmitz Forme génitive de l'allemand Schmitt, Schmidt (= forgeron).


=== Patronymes Schmid - Pays Anglo-Saxon ===


En Grande-Bretagne, plus de 180.000 abonnés au téléphone s'appellent Smith, le nom de famille étant de loin le plus répandu dans le pays (devant Jones, Williams, Taylor et Brown). Même situation aux Etats-Unis, où les Smith devancent les Johnson, Williams, Jones et Brown. On notera aussi les variantes Smyth, Smither, et les dérivés marquant la filiation (Smithson, Smythson). Les forgerons se sont également différenciés selon le minerai qu'ils travaillaient et le produit qu'ils fabriquaient : le Blacksmith travaille le fer et confectionne des objets domestiques, tandis que le Shoesmith ferre les chevaux (comme sans doute le Marshall, équivalent du français Maréchal) , les Brownsmith travaillent le cuivre, tout comme les Coppersmith, alors que les Greensmith semblent plutôt spécialisés dans le plomb et les Whitesmith dans l'étain.


En Allemagne, le nom actuel désignant le forgeron est Schmied. Mais, comme noms de famille, les formes les plus répandues sont Schmidt, Schmid, Schmitt, Schmedt, ou encore la forme génitive Schmitz. Là encore, les spécialisations sont nombreuses, par adjonction des mots Kupfer (cuivre), Eisen (fer), Stahl (acier), Kessel (chaudron), Messer (couteau), Nagel (clou). Bien entendu, les Goldschmidt sont des orfèvres, et les Silberschmidt travaillent l'argent.
Que ce soit en Allemagne, aux Pays-Bas, en Flandre, en Angleterre et dans un certain nombre de pays scandinaves, on a utilisé une même racine germanique (au sens linguistique du terme, et donc en englobant les anglo-saxons) pour désigner le forgeron : c'est elle qui est à l'origine de l'anglais Smith, de l'allemand Schmidt, du néerlandais Smit et du flamand Smet, ou encore des formes danoise et norvégienne Smidth, Smed.


Même fréquence du nom aux Pays-Bas et en Belgique (le forgeron se dit smid en néerlandais), la différence venant de la présence de l'article défini DE : d'où la présence de nombreux De Smidt, De Smit, De Smet, De Smedt. En Belgique, De Smet arrive en dixième position dans la liste des noms les plus portés, où figurent aussi Smets (19), Desmet (24), De Smedt (46) et Smet (50).
Au Royaume-Uni plus de 180.000 abonnés au téléphone s'appellent Smith, le nom de famille étant de loin le plus répandu dans le pays (devant Jones, Williams, Taylor et Brown). Même situation aux Etats-Unis, où les Smith devancent les Johnson, Williams, Jones et Brown. On notera aussi les variantes Smyth, Smither, et les dérivés marquant la filiation (Smithson, Smythson). Les forgerons se sont également différenciés selon le minerai qu'ils travaillaient et le produit qu'ils fabriquaient : le Blacksmith travaille le fer et confectionne des objets domestiques, tandis que le Shoesmith ferre les chevaux (comme sans doute le Marshall, équivalent du français Maréchal) , les Brownsmith travaillent le cuivre, tout comme les Coppersmith, alors que les Greensmith semblent plutôt spécialisés dans le plomb et les Whitesmith dans l'étain.


* Schmid signifie forgeron dans les langues anglo-saxonnes
:* Variantes selon les pays
::* Schmit, Schmitt, Schmidt, Schmied, Schmitz qui sont les formes les plus répandues en Allemagne, avec des ajouts de préfixes (Kupfer (cuivre), Eisen (fer), Stahl (acier), Kessel (chaudron), Messer (couteau), Nagel (clou)), ce patronyme se spécialise :
:::* Goldschmidt : orfèvre,
:::* Silberschmidt : forgeron d'argent
::* Smid, De Smidt, De Smit, De Smet, De Smedt aux Pays-Bas et en Belgique, le patronyme De Smet arrive en 10{{ème}} position dans les patronymes les plus portés, ainsi que ces variantes
::::*Smets (19), Desmet (24), De Smedt (46) et Smet (50).


== Forgerons celtes ==
=== Patronymes des Pays celtiques ===




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C'est la même racine qui est à l'origine du breton Le Goff (gov = forgeron), de ses variantes Le Gof, Le Goffe et Le Gô, et des diminutifs Le Goffic, Le Goïc, Le Gouic, Le Govic, Le Govec. Le petit forgeron s'appelle Gobian ou Gobiant (bihan = petit) et celui qui a les cheveux ou le teint noirs sera nommé Godu (du = noir).
C'est la même racine qui est à l'origine du breton Le Goff (gov = forgeron), de ses variantes Le Gof, Le Goffe et Le Gô, et des diminutifs Le Goffic, Le Goïc, Le Gouic, Le Govic, Le Govec. Le petit forgeron s'appelle Gobian ou Gobiant (bihan = petit) et celui qui a les cheveux ou le teint noirs sera nommé Godu (du = noir).


== Forgerons slaves ==
=== Patronymes dans les Pays slaves ===
 


Encore une autre racine pour désigner le forgeron dans les pays de langue slave : le verbe kovat (= forger, devenu kowac en polonais), qui pourrait se rattacher au vieux-haut-allemand houwan (= couper, tailler). C'est à lui que nous devons le polonais Kowal (= forgeron) et ses nombreux dérivés, les plus courants étant Kowalski, Kowalczyk, Kowalewski, Kowalik, Kowalczuk. Formes ukrainiennes : Koval, Kovalski, Kovalevski. Forme lithuanienne : Kalvaitis.
Encore une autre racine pour désigner le forgeron dans les pays de langue finno-ougrienne : le verbe kovat (= forger, devenu kowac en polonais), qui pourrait se rattacher au vieux-haut-allemand houwan (= couper, tailler). C'est à lui que nous devons le polonais Kowal (= forgeron) et ses nombreux dérivés, les plus courants étant Kowalski, Kowalczyk, Kowalewski, Kowalik, Kowalczuk. Formes ukrainiennes : Koval, Kovalski, Kovalevski. Forme lithuanienne : Kalvaitis.
Les formes hongroises les plus courantes sont Kovacs, Kovats, Kovach. On retrouve le même mot (avec des variantes typographiques qu'il est impossible de reproduire ici) en République Tchèque et en Slovaquie (Kovac, Koval, Kovar), ainsi qu'en serbo-croate (Kovac, Kovic, Kovacevic).
Les formes les plus courantes sont Kovacs, Kovats, Kovach. On retrouve le même mot (avec des variantes typographiques qu'il est impossible de reproduire ici) en République Tchèque et en Slovaquie (Kovac, Koval, Kovar), ainsi qu'en serbo-croate (Kovac, Kovic, Kovacevic).
La même racine apparaît en Russie, légèrement modifiée : c'est elle qui est à l'origine du nom Kuznetsov (kuznets = forgeron) et des formes voisines Kuznitz, Kuznits, Kuznitski, Kuznicki, rencontrées également en Pologne et souvent portées par des juifs askhénazes.
La même racine apparaît en Russie, légèrement modifiée : c'est elle qui est à l'origine du nom Kuznetsov (kuznets = forgeron) et des formes voisines Kuznitz, Kuznits, Kuznitski, Kuznicki, rencontrées également en Pologne et souvent portées par des juifs askhénazes.


 
=== Patronymes dans les Pays latins ===
== Forgerons latins ==




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Mais le mot faber et ses dérivés ont peu à peu été abandonnés par les diverses langues romanes. En France, le mot forgeron a détrôné fèvre à partir du XIVe siècle (d'abord écrit forjeron). Il est d'ailleurs porté comme nom de famille dans le Limousin et en Poitou-Charentes. Ailleurs, en particulier en Espagne et en Italie, on a préféré utiliser des dérivés du mot fer. Ceci explique en Italie le succès des Ferrari, forme plurielle de Ferrario, nom issu du latin faber ferrarius (= celui qui forge le fer). Formes similaires : Ferrero, Ferreri, Ferraris, Ferrai.
Mais le mot faber et ses dérivés ont peu à peu été abandonnés par les diverses langues romanes. En France, le mot forgeron a détrôné fèvre à partir du XIVe siècle (d'abord écrit forjeron). Il est d'ailleurs porté comme nom de famille dans le Limousin et en Poitou-Charentes. Ailleurs, en particulier en Espagne et en Italie, on a préféré utiliser des dérivés du mot fer. Ceci explique en Italie le succès des Ferrari, forme plurielle de Ferrario, nom issu du latin faber ferrarius (= celui qui forge le fer). Formes similaires : Ferrero, Ferreri, Ferraris, Ferrai.
Même chose dans la péninsule ibérique : en Espagne, les Ferrero et les Herrero sont légion , ils côtoient les Ferreiro portugais ou galiciens et les Ferrer catalans (variantes : Farrer, Farré, Ferré). La France n'est pas en reste, avec les Ferrier et autres Ferron, et même l'Angleterre utilise les noms Farrar et Farrier.
Même chose dans la péninsule ibérique : en Espagne, les Ferrero et les Herrero sont légion , ils côtoient les Ferreiro portugais ou galiciens et les Ferrer catalans (variantes : Farrer, Farré, Ferré). La France n'est pas en reste, avec les Ferrier et autres Ferron, et même l'Angleterre utilise les noms Farrar et Farrier.
Il en est de même en Roumanie : le forgeron se dit fierar et a donné Fieraru, Feraru (il existait aussi une forme ancienne : faur).


Un point important à savoir est que le mot même de "forge" est l'évolution du latin "fabrica" qui a subi un phénomène d'amuïssement alors qu'il était prononcé par des bouches gauloises.
Un point important à savoir est que le mot même de "forge" est l'évolution du latin "fabrica" qui a subi un phénomène d'amuïssement alors qu'il était prononcé par des bouches gauloises.


== D'autres forgerons ==
=== Variantes Autres Pays ===




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