« Famille Goybet » : différence entre les versions

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche
(suite site famille goybet)
Ligne 1 028 : Ligne 1 028 :




=Red Hand Flag et Origines familliales=  
==Red Hand Flag et Origines familliales==  





Version du 2 octobre 2008 à 18:33


PHOTOS

Image.GOYBET.JPG

Explicatif des photos:

En partant de la gauche vers la droite de haut en bas

-Charles Goybet General de Division (1825-1910). -Fort Goybet à Damas -Victor Goybet General de Division (1865-1947) -Perre Goybet Contre Amiral (1887-1963) -Mariano Goybet General de Division (1861-1943) -Marie Bravais (1836-1913) et son mari Jules Goybet industriel ( Fils de Louise de Montgolfier et D'Alexis Goybet ) (1823-1912) qui encadrent Le Chevalier Pierre Adrien Goybet, Chef de Bataillon (1922-1995) -Théodore Lespieau General de Division (1829-1911). -Henri Goybet Capitaine de vaisseau (1868-1958) -Tableau " La vierge du Vietnam" de Pierre Adrien Goybet. -Antoine Goybet Premier Maire de Yenne (1787-1867).


Cet article est rédigé par Henri Goybet tiré de son site Famille du Chevalier Henri Goybet


Filmé à New York, fin 2007, Il participe à la réalisation du film sur le fanion de la 157ème division (composée de deux régiments Africains Americains et d'un régiment Français), commandée par son arrière grand père, le Général Mariano Goybet en 1917-1918, The Red Hand Flag pour la chaine américaine PBS . Il est diffusé en Juillet 2008.



UNE FAMILLE DE NOTABLES

La region de Yenne est souvent appelée "le petit Bugey ". Quoiqu'ils fussent essentiellement Savoyards , ses habitants avaient des rapports fréquents avec le Bugey ; il suffit de rappeler que les paroisses de la vallée dépendaient de l'êveque de Belley qui avait un grand vicaire "pour sa part de Savoie."

Enserrée entre le cours du rhône et la chaine du Mont du Chat avec ses 2 cols élevés à 650 et 1000 metres, la petite vallée dut longtemps être isolée. L'attraction de la metropole Chambery , avec les possibilités qu'offrait l'administration du duché à la bourgeoisie locale désireuse de s'elever, l'emporta cependant.



La famille GOYBET originaire du petit Bugey en Savoie remonte sa filiation jusqu'à Michel Revardel 1380, serf puis homme lige et franc, mort en 1410. Vers 1600, les Revardel reçurent le surnom de Goybet qui resta à la souche cadette, alors que la souche ainée gardait son nom.


Afranchie en 1441, les Revardel, puis les Goybet devinrent notaires et Chatelains d'Yenne, et s'allierent à la meilleure noblesse locale ( Courtois d'Arcollieres,Echalon, Bavoz, Grailly -Foy, Belly .. ; ils descendent de LOUIS VIII par les Artois . Une branche ainée fut anoblie en 1758 (Goybet de Lutrin de GRILLY).Claude François GOYBET de Lutrin de Grilly fut intendant du Chablais et du Genevois. Une autre se fixe à Yenne ou elle exerce la charge Notariale puis le commerce et l'industrie et les carrieres militaires.et donna une lignée de trois légionnaires consécutifs à titre militaire.



Lien sur ançetres des Goybet par Jeanne d'Artois

http://gw0.geneanet.org/index.php3?b=aurejac&lang=fr&m=A&p=jeanne&n=d+artois&v=59&t=N&siblings=on&notes=on&bd=0&color=&after=&before=



LA FAMILLE AU XIV, XV ET XVI ème SIECLE

Michel Revardel né probablement vers 1380 visit

Jehan Revardel a "reconnu être homme liège et taillable à la bonne volonté de Dame de paladru" 1437.Ses 2 fils sont etienne (vit en1465) et Michel qui suit.

Michel revardel vivant en 1441 a reconnu être homme lige et franc de dame de paladru.

Antoine revardel un de ses fils, mineur en 1466 est mort en 1528.


Guillaume son fils, né en 1466 reconnait être homme lige et franc le 13 Fevrier 1529. Reconnaissance féodale en faveur d'andré de Seyssel, seigneur de Choysel. Sa soeur epouse Noble Claude d'Arcollieres.




Michel Revardel dit Goybet son fils vivait à Methenod et mourut en 1633. Il eut 3 fils.

- jehan Claude mort en 1633 et qui fut grand vicaire.

- Claude Revardel dit Goybet qui fut Notaire de Yenne et chatelain de Centagnieu. decedé en 1619. Il eut pour fils claude (1602-1682)Notaire ducal de Yenne , comme petit fils Marc Antoine (1639-1682) et comme arriere petit fils Prudent Revardel né en 1671 qui fut capitaine chatelain de Yenne . Cette branche s'eteignit.

- Jehan dont nous descendons et qui suit

LA FAMILLE AU XVII ET XVIII ème SIECLE

Jean Revardel dit Goybet chatelain de Centagnieu (1632-1638), notaire ducal (1638,1646),habita Methenod puis Trouet ou il etait notaire. Il eut 3 fils. Louis et Anthelme etaient curial de Centagnieu. l'ainé notre Ancetre Charles suit.

Charles Revardel dit Goybet vécut à Trouet et y mourut vers 1684. Il eut 10 enfants. Il est chatelain de Centagnieu (1649-60), notaire ducal à Trouet. Il epouse Françoise Du Goy.


De ce mariage naquit quatres fils : - Messire Claude curé de Meyrieu mort en 1712 - Urbain qui épousa Elisabeth Touvier - Gaspard notre aieul qui suit - Marc revardel dit Goybet dont le fils Claude François d'abord avocat près le souverain Senat de Savoie fut anobli , acheta la seigneurie de Lutrin et remplit les fonctions d'Intendant du Chablais et du Genevois. Il épousa le 17 fevrier 1730 Antoinette du Nant de Grilly. iL se fit appeller Claude François Goybet de Lutrin de Grilly. Son fils unique épousa Claudine de la Forest - Divonne. De ce mariage naquit, en 1759 Pierre Goybet de Grilly de Lutrin. Il mourut sans posterite, tué tragiquement d'un coup de feu au chateau de Veyrier. Avec lui s'eteignit cette branche des Goybet.




Revenons à notre aieul Gaspard Goybet, fils de Charles, né en 1663 epouse Anne fille de Courtois D'Arcollieres. Il est chatelain de meyrieux et de vertemex.

Son fils ainé Joseph Goybet notaire de 1723 à 1750, capitaine chatelain des marquisats d'yenne et de chevelu se maria à Gabrielle Joubert. Il eut plusieurs enfants.

- Louis François Goybet notaire à st paul de 1750 à 1784. Chatelain de yenne et succeda à son père comme notaire. - Alexis Goybet né en 1724 abandonna la fonction traditionnelle de notaire. Il fut marchand à Yenne, conseiller de la communaute (1757) et vice chatelain de Yenne (1771-1782).( trisaieul de mon arriere grand pere mariano) qui épousa Jeanne Belly fille de prudent belly et marguerite de Bavoz, eut 14 enfants dont 4 fils et 10 Filles dont,une Louise épousa dominique Dullin ( Arriere grand père de Charles Dullin , acteur et directeur de théatre bien connu ) - Joseph notaire et Chatelain de 1767 A l'An VIII - Antoine curé de Treize, official, Chanoine, vicaire general de Belley. - Pierre qui suit, le bisaieul de mon arriere grand père Mariano. - Charles negociant à Lyon epousa Eugenie Rodin, sans posterite.Bienfaiteur de sa famille et de la ville de Yenne. il legue 12000 livres pour l'hopital et 18000 à l'ecole des enfants pauvres et legue Volontaz à Charles son petit neveu.




PIERRE GOYBET 1750-1831

iL fait ses etudes au collège de Chambery, vécut à Yenne ou il etait Negociant, syndic d'Yenne, President de l'Administration Cantonale (an IV et V), Maire de la ville ( AN IX A 1815) , President du Conseil d'Administration de l'Hopital ( An II) et du Conseil de Fabrique en 1808. épousa Elisabeth Piolet. Il eut 2 fils . - Alexis qui suit - Antoine (branche dont on reparlera).




LA FAMILLE AU XIX et XX ème SIECLE

ALEXIS GOYBET (1786-1854),


Negoçiant marié à LOUISE DE MONTGOLFIER . Celle ci mourut jeune à Lyon le 14 Juillet 1826 laissant 3 enfants dont Pierre Jules Goybet qui suit., Charlotte et Louise. Alexis voulut imiter son oncle Charles dans le négoce Lyonnais, mais avec moins de bonheur. Il dut abandonner la partie. Il Vecut seul à Paris et mourut A BATIGNOLES le 5 Janvier 1854.





PIERRE JULES GOYBET

Pierre Jules Goybet né à Lyon le 28 Septembre 1823, orphelin de mêre à l'age de 3 ans, il fut elevé par sa Grand - mere de Montgolfier, puis par sa tante, femme d'Antoine Goybet . Eleve aux Colleges de Rumilly et de Chambery, il termina ses etudes chez les R.P. Jesuites de Fribourg . La ruine de son pêre l'obligea à partir à 17 ans , pour aller rejoindre en Espagne, son Oncle Augustin de Montgolfier.

Il fut employé comme Ingenieur à la Fabrique Mécanique du Papier dans l'usine fondée par son oncle, à Toréro, près de Saragosse . Plus tard, après la mort d'Augustin , il s'associa avec Monsieur Averly pour diriger une entreprise de construction de machines à vapeur à Saragosse. Revenu en France pour s'y marier , en 1857 à Marie Bravais d'une vielle Famille du Vivarais, il retourna en Espagne ou la reine le nommait Chevalier D'industrie et membre du Conseil Superieur de l'Industrie. Auparavant il avait reçu le grade de Lieutenant d'Artillerie dans la milice . Deux enfants lui naquirent en Espagne .

Desirant rentrer en France pour raison de la santé de sa belle mere, Pierre Jules Goybet accepta, en 1863, les propositions de la ville de Lyon qui lui demandait d'assumer la direction de l'Ecole de la Martiniere, importante institution professionnelle, fondée grace aux liberalites du Major General Martin.

Sous sa main ferme , cette Ecole prit rang parmi les plus célèbres . Mais en 1879 P.J. Goybet dut s'opposer aux tendances Athées de nouveaux administrateurs. Il refusa de se démettre et fut mis à la retraite. Après avoir été Pdt de la société Nationale d'éducation, Vice Pdt de la societe de Geographie de Lyon, Secretaire de la Societe D'enseignement Libre , il se retire définitivement à yenne. Il Mourut à Yenne en pleine possesion de ses facultés Physiques et intellectuelles le 26 Janvier 1920. Sa compagne ne lui survecut que de quelques mois.

Il eut 2 filles dont Constance qui épouse Joseph Jaillard et 3 fils avec marie Bravais qui embrasserent la carriere des armes :




- Luisa Enriquita Augusta née le 19 Janvier 1858 à Saragosse, decedée à Lyon le 13 Novembre 1938, y épousa le 16 Decembre 1880 Gabriel Gignoux docteur en medecine, né en 1850 et décédé le 13 Avril 1890 dont : - René, - Régis qui fit carriere dans la magistrature marié à Marguerite Canaple Dont Raymond et Gabriel (enfants sont françois, Claude, Genevieve) - Rose Marie Gonzague , né le 21 Juin 1886, mort pour la France à Florina le 25 Septembre 1916, avait épousé Georgette Rossi.




- Constance Marguerite Delphine, née à Annonay le 27 fevrier 1863, morte à Lyon le 25 Aout 1945, épousa à Lyon le 10 Aout 1893 Joseph Marie Emmanuel Jaillard, veuf de louise Laprade, officier d'artillerie. Celui ci finit sa carriere comme Chef d'Escadron, se retira à Lyon et mourut à Melun dans la catastrophe du Chemin de fer du 4 Novembre 1913. De cette union

-Pierre né à Lyon le 9 Juin 1894, officier de marine, mort pour la France à bord du Léon Gambetta le 27 Avril 1915, sans alliance.

- Charles né à l'ile Barbe le 21 Juin 1895, mort accidentellement à Melun .

- Henri, né à Clermont- Ferrand le 24 Octobre 1897, ingénieur, Chevalier de la Legion d'Honneur et de ST Gregoire épouse à Lyon le 20 Septembre 1920 Elisabeth Pariset, née le 26 Juillet 1901 à Lyon dont 9 enfants parmi lesquels Henri Colonel de l'Air et Officier de la Legion d'honneur marié à Odile Rodier qui ont eu une nombreuse postérité dont Pierre Jaillard AHH administrateur de l'INSEE.

- Louise - Marie Née le 15 Aout 1899 à Yenne , épouse le 2 octobre 1919 à Bordeaux Henri Poncelin de Raucourt, né à Gap le 1er Avril 1897, officier d'artillerie dont 11 enfants.

- Marie Madeleine née à Clermont Ferrand le 5 Avril 1903, épousa à l'Ile Barbe le 10 SEPTEMBRE 1921 Henri LEPERCQ, industriel, né et mort à Lyon dont 14 enfants.




-LE GENERAL DE DIVISION VICTOR GOYBET (1865-1947).

Il est né à lyon le 9 Juin 1885. Il est éleve du Lycée de Lyon; sorti de St Cyr ou il avait été Sergent en 1885, Ss Lt au 13eme BCA, il est nommé Lt au 30 EME BCPA en 1888 et servit dans les Alpes jusqu'a sa promotion au grade de capitaine (18 eme B.C.P.) et son entrée à l'Ecole de Guerre. Breveté d'Etat Major en 1898, Victor revint dans les Alpes ou il devait être détaché au service des Renseignements sur la Frontière Italienne, de 1901 à 1907. Chef de Bataillon en 1906, après avoir été au 98 ème R.I., il fut nommé Chef d'Etat Major du gouvernement de Briançon. Au cours de sa carriere Alpine, Victor s'affirma comme un montagnard infatiguable, faisant de nombreuses ascensions, notamment le Mont Blanc par plusieurs itinéraires; comme son oncle et Parrain, Victor Bravais, il étudia la botanique en se spécialisant dans la flore des hauts sommets . A la mobilisation de 1914, Victor partit comme Chef d'Etat Major de la 66 DI; en Novembre, il fut nommé au Commandement du 95 R.I.; au cours de combats dans la Foret d'Aspremont, il fut blessé d'une balle qui lui sectionna trois doigts de la main droite. Sitot guéri de sa blessure, il remplit, pendant quelques semaines, les fonctions de Cdt d'Armes de Gerardmer, puis il reçut le commandement du 1er Groupe Vosgien organisant des positions et des communications en arriere du front). Nommé au commandement du 101 R.I. en Fevrier 1916, Victor participa à la défense de Verdun d'abord comme Commandant de régiment (Mort homme ) puis comme Cdt de la 79ème Brigade Chattancourt et Cumieres; c'est aussi comme Cdt de cette Brigade qu'il prit part à l'offensive de la Somme, dans les secteurs du Calvaire de Curlu- Raucourt, de Maurepas et de Sailly-Saillissel, période du 25 Sept au 17 Nov 1916.

En decembre 1916, Victor prit le commandement de l'I.D. 165, à Conchy-les-Pots et le Bois des loges, puis à la fin du mois et au début de Septembre, sur le canal du Nord, guiscard, jusqu'à l'oise, pour stationner ensuite jusqu'à l'armistice, dans le Secteur de Domény et occuper Mayance le 9 Decembre. Pendant la guerre , Victor avait reçu le grade de colonel ( 24 Juin 1916), la rosette d'Officier de la L.H. 9 citations dont 6 à l'ordre de l'armée. )Il fut nommé genéral de brigade en 1919, il fut promu General de Division en 1926. Il a épousé Franceline Blesson le 3 Mars 1892 et morte en 1942 . 2 Enfants (Marie et Charles). En deuxième noce en 1944, il épouse Sabine Paskovitch


-MARIE

Née à Grenoble le 10 janvier 1893, épouse à Lancié le 2 Octobre 1920 Pierre Tronel avoué dont, Jacques , Maurice, Charles Roger, Françoise


- LE COLONEL CHARLES GOYBET,

fils de victor né à Marly-le-Roy le 30 Juillet 1898; admis à l'école spéciale Mre et Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 27 juillet 1916; Aspirant le 30 Juillet 1917, il rejoint le front au 370 R.I. puis au 277 R.I. Sous Lieutenant le 22 Avril 1918 (277 R.I.), il est gazé et évacué) en Septembre 1918; il avait pris part aux combats du Chemin des Dames (Aout 17), de la Somme (Avril 18) de l'Aisne (Soissons)-Aout-Sept 18) et obtenu 3 citations; après un stage à l'E.S.M., il est affecté au Tir à Saarbruck (sept 19) et nommé Lt en 1920. Il fit la campagne de Syrie en 1920-1921, fut reçu à l'Ecole Sve de Guerre en 1926 et affecté à l'Etat Major de la 43 eme D.I. à Srasbourg puis au S.R. de la 15 eme Reg. (mai 1930). Charles participa à la guerre de 39-45 .( Campagne de Norvege ), Il finit Colonel . croix de guerre . 5 citations et Officier de la Legion d'Honneur. Il épousa à Lyon le 19 Janvier 1935, Juliette Eymazd, née le 31 Mars 1914 de Valéry Eymard, notaire à Lyon et de Suzanne RIVOIRE -VICAT, d'une famille d'industriels grenoblois dont il eut :

Brigitte ; Philippe licencié es Science Economiques et diplomé de l'institut de la statistique; Franceline; Catherine.

Philippe est marié à Catherine journaliste. Très actif à Madagascar ou il se dévoue pour des causes humanitaires. Ils ont 2 filles et un fils Alexis Ingénieur au Sri Lanka ( deux enfants Goybet dont François et Thomas ).






(1868-1958), est élève chez les maristes de la Seyne. Il sort de l'Ecole Navale et en 1886 il navigue comme Aspirant de 2éme Classe à bord de "l'Iphigénie". Comme aspirant de 1ere classe et comme Enseigne (1887-1889) Henri fit sur le Dusquesne, une campagne de 28 mois, dans le pacifique et dans l'atlantique Nord. Nommé lieutenant de vaisseau en 1896, il alla dans le proche-orient, à bord du Courbet, et fit la campagne de Chine (1900-01), comme Second du 'Myto'. Il fut attaché pendant 10 ans (1904-1914), à la Défense fixe de Toulon, (Sezvice des Torpilles et des projecteurs). Le 10 Octobre 1914, Henri est mis à la disposition du Général Galliéni, Gouverneur militaire de Paris pour la défense du camp retranché; il organise 10 sections d'auto-projecteurs et les conduit successivement aux armées; parti comme commandant de la 10 eme section, il est rattaché à la 41 D.I., à St Dié, jusqu'au 1 er janvier 1916, et rend des services signalés pour la défense et l'attaque du secteur. Sa belle conduite lui vaut le grade de Capitaine de Frégate; il est nommé Inspecteur des Auto-Canons et Auto-Projecteurs et Commandant du dépot des marins de Paris; il est chargé de la navigation de la Seine; adjoint au service central d'exploitation des ports, il est envoyé en mission en France et en Algérie pour la Défense contre les Sous-marins. Henri est nommé en Novembre 1917, chef d'etat major du vice Amiral Ronach qu'il rejoint à D unkerque. A l'armistice il fut successivement Commandant de la base navale de Tarente puis celle de Beyrouth. Il termina sa carriere comme Capitaine de Vaisseau à Toulon d'abord à l'etat major des frontieres maritimes puis au commandement du V eme depot des equipages de la flotte. Commandeur de la legion d'honneur, il epouse Valentine Moyne fille d'un Agent de change très riche puisqu'il avait doté chacune de ses 3 filles de 800000 frs Or. il n'eut que 3 filles dont l'une épousa son cousin pierre Goybet qui suit.

- Henriette Goybet née à Tamaris le 16 Juillet 1899 qui épouse le 17 Juin 1918, son cousin-germain Pierre GOYBET, fils de Mariano -Charlotte Goybet née à Tamaris le 22 Janvier 1903. - Marie Therese Goybet née à Ecully , le 20 Octobre 1908 mariée le 7 Septembre 1929 à Remy Ripert de Marseille dont : °Philippe Henri Cadre Bancaire, marié à Rose Rouvière dont Mathilde, Renaud, Mariane, Romain. °Michèle mariée à Yves Garnier.





-LE GENERAL DE DIVISION MARIANO GOYBET (leur ainé)


(1861-1943), Grand Officier de la Legion d'Honneur, eut 1 fille claire et 3 fils dont 2 morts pour la France durant la grande guerre.(Adrien goybet champion international de ski militaire en 1908, fut affecté comme sergent au regiment des tirailleurs marocains. Il fut nommé adjudant et conduisit vaillamment sa section à l'assaut de la tranchée des vandales en 1915. Il tombe glorieusement loin dans les lignes Allemandes devant somme PY.Croix de guerre avec palmes, medaille du Maroc. Né en 1891 Frederic Goybet lycée Louis le Grand et puis reçu 1er sur 42 à l'examen de sous officier. Nommé sergent, il fait un stage dans l'aviation.Il partit pour les vosges en 1914.Le 19 Aout il entraina ses chasseurs à l'attaque des hauteurs de gunsbach. Il y fut mortellement blessé.Croix de guerre avec palmes)


Mariano Goybet épousa la fille de son General à savoir Theodore Lespieau (1829-1911).celui ci fit la campagne de crimée, de Kabylie, de 1870-1871 et la commune .il épousa Clemence Theil, Fille du Savant Philologue Napoleon theil né en 1808 et filleul de l'Empereur,Professeur d'humanité à Henri IV et à ST Louis. Clemence theil fut dotée par l'Empereur Napoleon III.De ce mariage figure Robert Lespieau élève de l'école normale, Academicien des sciences, a collaboré à la formation de 3000 ingenieurs de l'Ecole Centrale.



Mariano est donc né à Saragosse le 17 Aout 1861, baptisé à notre dame du pilar. Eleve au Lycée de Lyon, puis à la rue des postes et aux Chartreux de Lyon. Sorti de St Cyr, ou il avait été sergent en 1884, comme SS Lieutenant au 2eme Rgt de tirailleurs Algériens, Mariano épouse la fille de son General, Marguerite Lespieau. Nommé Lieutenant au 140 ème, à Grenoble, il fut reçu à l'Ecole de Guerre, d'ou il sortit en 1892 ( mention très bien) pour être employé à l'Etat Major de la 27 D.I. et de devenir ensuite officier d'ordonnance du Général Zédé Gouverneur de Lyon (1896). Capitaine depuis 1893, il fit son stage de cdt de Compagnie au 99 R.I. à lyon et à Gap. Nommé à l'Etat Major du gouvernement de Briancon, il fut promu chef de bataillon au 159 R.I. En decembre 1907, il prit le commandement du 30 eme Bataillon de Chasseurs Alpins qu'il conserva comme Lt Colonel. Alpiniste , skieur, le Lieutenant Colonel M. Goybet profita de son séjour prolongé dans les Alpes pour faire de nombreuses ascensions, soit seul , soit avec sa troupe : Mont Blanc, Grande Casse, Meije, Pelvoux, etc...


C'est à la tête de son groupe Alpin ( 30 CH .1ere Bie du 1er R.A.M.°) que le Lte Colonel M.Goybet partit, en Aout 1914, pour le front des vosges et débuta en Alsace par une suite de combats heureux : Satel de Munster- Reichackerkopf. (14 Aout). Gunsbach (19 Aout), Logelbach (22 Aout). Prise du Convoi d'une D.I.Bavaroise au col de Mandray. (24 Aout). Mis à la tête du 152 R.I., il remporta de nouveaux succès en Alsace : Gunsbach (29 Aout). Reichsacker-Kopf (3 Sept); puis dans les vosges au N. DE ST Dié, (Ormont et spitzenberg 11 et 17 Septembre).


Nommé colonel et ayant reçu le commandement de la 81 eme Brigade (152 R.I.- 5 et 15eme B.C.p.)il regagna avec elle l'alsace (vallée de Thann) pour prendre Steinbach ( 25 Dec au 3 Janvier 1915). Toute l'année 1915 se passa en combats à l'HartmannsweilersKopf, à l'Hilsenfirst et au Linge . Le colonel M. Goybet fut blessé deux fois, à l'H.W.K. en Avril, ou il fut soigné à l'ambulance de Moosch, en Dec, ou il fut évacué sur l'intérieur.


A peine guéri, en Mars 1915, le colonel Goybet rejoint le 98 eme R.I. devant Verdun, pour aller ensuite occuper le Secteur de Vic-sur-Aisne. Le 98 eme appartenait à la 50eme Brigade et à la 25 eme D.I. . A l'automne, la 25eme D.I. est transportée dans le Nord ou se continue la Bataille de la Somme. Le colonel M. Goybet est nommé au commandement de la 50 Eme Brigade (attaques de Chaulne et du pressoir 9 et 10 Nov) Au début de 1917, le Colonel, à la réorganisation de l'infanterie, prend le commandement de l'I.D. 25. (16e,98e 105 e). Il occupe le secteur de Plessis-de-Roye-Lassigny. Au moment du recul stratégique de l'ennemi, opérations de poursuite jusqu'au canal Crozat(16 au 23 Mars 1917), puis devant St Quentin (3 au 17 Avril). Au mois d'Aout, la 25 D.I. prend part à la dexieme Bataille de VERDUN. le 20 le Colonel Goybet après de violents combats s'empare des bois d'Avocourt. Après un court séjour dans la forêt d'Argonne, la 25 D.I. va occuper le Secteur des Bezonvaux ou elle a à repousser des contre Attaques presque quotidiennes . En Decembre le Colonel Goybet est nommé General. La 25 D.I. vint au printemps occuper le secteur du Morthomme. Le General M. Goybet y reçut en mai un télégramme du Q.G. l'appelant au Commandement de la 157 eme décimée près du chemin des dames.



L'Infanterie de la 157 eme D.I., fut reconstituée avec le 333 eme R.I. et les 371 et 372 Eme Regiments Americains noirs. (Division "main rouge "Red Hand".) La D.I. alla occuper le secteur Foret d'Argonne - vauquois- cote 304 , jusqu'au moment ou elle fut appelée à participer avec la IV eme Armée, à l'offensive générale en Champagne. Le General Goybet par de violentes attaques, rompit le front ennemi devant Monthois faisant de nombreux prisonniers et s'emparant d'un matériel considérable. La 157 eme alla ensuite occuper les vosges devant ste Marie les Mines.


Ci joint citation concernant la distinguished service medal

Commandement des forces americaines Cabinet du cdt en chef

Mon cher General, le President m'a délégué pour vous conferer la Distinguished Service Medal au nom du gouvernement des Etats Unis. Comme commandant de la 157 eme DI,371 et 372 eme RI vous avez été l'un des facteurs importants de la victoire des allies par votre brillante conduite et votre haute technicité. Les officiers et les soldats de la 157 eme 371 et 372 RI considerent comme un grand honneur d'avoir servi sous vos ordres dans les operations que vous avez conduites en Champagne et dans les vosges. Signé General Persing


Il entretenait une amitié avec rudyard Kipling Site parlant des "red Hand". http://www.lib.byu.edu/~rdh/wwi/comment/Scott/ScottTC.htm


Après l'armistice et la dissolution de la 157 eme D.i., le General Mariano fut choisi par le General Hirchshauer, gouverneur militaire de Strasbourg comme general Adjoint, commandant de la place ( Dec.1918- mars 1920.) Pendant la guerre, il avait reçu 2 blessures, 4 citations à l'ordre de l'Armée, la rosette d'officr de la legion d'Honneur et une proposition pour Cmmandeur, l'ordre du bain de Anglais, la distinguished service medal des Americains ; la croix de commandeur de l'aigle blanc avec glaives lui fut remis à Strasbourg par le roi de Yougoslavie.



Le General Gouraud haut commissaire de la R.F. en syrie fit venir le General Goybet pour lui donner le commandement d'abord de la brigade mixte du littoral puis de la 3 eme D.I. de l'armée du Levant . décidé à en finir avec la duplicité de l'Emir Faycal, le General Gouraud donna l'ordre au general Goybet d'attaquer l'armée Chérifienne avec sa D.I. et d'occuper Damas


Après avoir traversé le liban et l'anti-Liban, la 3 eme D.I. livra un violent combat à Khan Meiseloun; victorieux, le General Goybet fit son entrée à DAMAS, le 25 JUILLET 1920, déposa l'Emir Faycal, pacifia le Hauran révolté et exerca le commandement du territoire de Damas, jusqu'a sa mise au cadre de reserve, le 17 Aout 1921. IL revint en France Commandeur de la Legion d'honneur et titulaire d'une 5 eme citation à l'ordre de l'armée , de la croix de guerre des TOE et de la medaille de Syrie. Le 30 Juin 1923, il fut nommé General de Division.

Ci joint citation du general Gouraud commandant l'armée du levant suite à la prise de Damas par Mariano Goybet. ( j'ajouterai que ni Alexandre Le grand ni les croisés avant lui n'ont pris cette ville de 400000 Ames capitale des Ommiades )." Le fameux Lawrence d'Arabie avait fait l'impossible pour que les arabes liberent eux mêmes la Syrie, afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain, c'est à coup de canon que la colonne française du General Goybet viendra chasser FAYCAL."(extrait de l'enquete sur l'histoire)



Ordre Général n°22

Le General est profondement heureux d'adresser ses felicitations au general Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2eme tirailleurs Algeriens, 11 eme et 10 eme tirailleurs Senegalais, chasseurs d'Afrique, regiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis 8 mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays . Aley le 24 Juillet 1920 signé Gouraud.


Il obtient la croix de Grand Officier de la Legion d'honneur.





L'ainé des fils de mariano, est



*LE CONTRE AMIRAL PIERRE GOYBET

Pierre Frederic Goybet ainé des enfants de Mariano Goybet, né à Mostaganem (Algérie), le 5 Decembre 1887, montra dès son plus jeune age , son gout pour la montagne (ascension du Mont Blanc à 13 Ans ) et son désir de servir dans la marine; éleve au college de la Seyne, puis au Lycée St Louis, il entra à l'école Navale le 1er Octobre 1906.


En 1908, Pierre fit la campagne du Duguay- Trouin (Atlantique et Mediterranée), comme Aspirant nommé Enseigne de 2eme C,en 1909, et attaché d'abord au service du canon sur le "Democratie", il embarqua sur le Montcalm" pour de longs mois de naviguation à travers la méditerranée, la mer rouge, l'océan indien, les mers de Chine, et du Japon et tout le Pacifique. Débarqué à Saigon et embarqué sur la Manche pour une campagne d'Hydrograhie sur les cotes d'Annam et dans la baie d'Along, il fut atteint d'une congestion au foie et rapatrié, en 1911, sur le Polynésien des messageries Maritimes ; il reçoit sa nomination d'Enseigne de 1ere Classe .


Au cours d'un congé de convalescence de six mois, Pierre fit les Marches D'hiver de 1912 avec le 30eme Bataillon de Chasseur Alpins, commandé par son père ; de mai 1912 à Juillet 1914, il fut embarqué sur le Marceau, bateau-ecole des torpilles, d'abord comme Chef de service (Electricité et Cie de débarquement) puis comme Eleve- Torpilleur; breveté Torpilleur, il attendait au Dépot le commandant en second de la Circé, lorsque la Guerre éclata, ce qui fit maintenir à leur poste les Officiers en Second .


Le Vinh-Long est armé à la mobilisation. Pierre Y embarque comme Chef de service ( Manoeuvres , cartes, Montres , Compas) et participe au transport de mines de Bizerte à Corfou, par Malte ; revenu à Toulon, le Vinh- Long se prépare à un nouveau voyage, lorsqu'on demande des officiers de Marine pour organiser la défense de Paris. Pierre s'y rend comme volontaire . De Septembre 1914 à Janvier 1917, Pierre sert au front d'abord comme second puis comme Cdt de pieces de Marine, dans la Forêt de Champenoux, au bois des Railleuses à Barthélemont , à Thionville sur Hauts de Meuse, à Mourmelon -le - petit en Champagne, à Hagenbach en Alsace, enfin, à Verdun, à la pièce du Bois Bourrut.


Pierre détaché au ministère des Inventions, en 1918, mit au point les " nomogrammes" des calculs du tir, dont il avait établi les premiers ; (systeme adopté par la suite en France et en Italie.) En 1917, à Corfou, il embarque sur la Lorraine; puis nommé Lt de Vaisseau sur le Voltaire ; il est alors pris comme aide de camp par le Cdt Amiral Amet qui , nommé Vice Amiral, puis haut commissaire, le garde avec lui, à constantinople (13 Nov 1918) Après un congé de convalescence, Pierre est nommé Second du S.R. Marine, à Constantinople (1919-1921), puis Chef du Service de Renseignements Maritimes à Port Said jusqu'en Decembre 1921. Après quelques mois A Toulon, il obtient un congé d'études en Egypte et à Oxford qui lui vaut le Bt d'interprete D'Anglais.


Rentré à Toulon; Pierre fut affecté au laboratoire du centre d'Etudes (mai 1923-à Oct 1925). puis nommé au commandement de l'aviso les Eparges attaché à ce Centre ; il le garda deux ans et y reçut le grade de Capitaine de Corvette (15 Janv 27). il fut nommé d'office Professeur du cours de torpilles à l'école des Officiers eleves. Commandant de cette école (Octobre 27 à Octobre 29). Pierre embarque en Octobre 29 sur le contre torpilleur le Chacal comme Cdt en Second. Le 13 Janvier 1931 il part en croisière pour l'Afrique du Sud avec le Tigre et le Primauguet. Amiral Morris. Le 7 Mars 1931, il est nommé Capitaine de Frégate. Le 21 Avril nommé second du Primauguet. En mai 1932, il est nommé second du Jules Verne.


Le 20 Juillet 1933 il est nommé commandant de la Ville D'YS. Aviso escorteur qui commande la flotille Terre Neuve , Groenland, Canada , Labrador. Important au niveau diplomatique aussi.Rentré le 1er Novembre 1935.


Nommé le 20 Juillet 35 Président de ' L' E.S.N.de Toulon. Capitaine de Vaisseau le 3 Fevrier 1938. 1939 nommé Cdt de la 3 eme Division de contre torpilleurs ' Bison, Epervier, Milan. Du 25 Aout au 2 Decembre 1940 à Gibraltar, liaison Franco-Anglaise. 2eme Commandement du Croiseur Primauguet .


Comme fait marquant,il débarque à ARUBA en Mai 1940 avec les troupes du Croiseur Primauguet pour défendre les depots petroliers de la SHELL et de la STANDARD il transporta également en Afrique à Casablanca en 1940, l'or de la banque de France, l'Or et les bijoux de la Couronne Belge pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Allemands egalement avec le Primauguet. Il faut signaler que sur le Croiseur Primauguet jacques yves Coustaud eut la chance d'etre embarqué. Croiseur, le plus rapide de la flotte . Ce bateau était désigné pour emmener le gouvernement en cas de besoin.


En 1942 Commandant du Port de Casablanca, il négoçia avec les Americains qui debarquaient et reçut chez lui les Generaux Patton et wilburg. Sa conduite héroique pour la défense du port et les négociations, lui valurent d'être promu Contre Amiral pour "fait de guerre". IL fut désigné juge d'instruction pour le compte de la Marine dans certains dossiers. Il fut aussi à sa retraite chroniqueur scientifique. Commandeur de la legion d'Honneur

Il épousa sa cousine germaine Henriette Goybet fille d'Henri Goybet Capitaine de Vaisseau et frere de mariano LE 17 Juin 1913 à Toulon. Il dut pour cela requerir une autorisation Papale


Il eut 2 fils et 2 filles. Adrien qui suit




- Claude Henri Frederic Marie Goybet né à Tamaris /mer le 30 Mai 1925,* enseigne de vaisseau de réserve, volontaire pour l'indo-chine ou règne la guerre, il commande une cannonière sur le Mekhong (1947), lieutenant sur un bateau d'une compagnie de navigation de Saigon,capitaine en second d'un cargo en Indochine (1957) , Capitaine de Marine Marchande, passionné de généalogie, tout comme son grand pêre marié à Claude Dumoulin dont :

  • Extraits du journal de Marguerite Lespieau.

°Frederic infirmier marié à Genevieve Pourtal dont Pauline et Etienne. ("Sans postérité du Chevalier , Frederic (fils ainé de la branche cadette) et Etienne son fils prendront naturellement le flambeau de notre Branche Familiale Goybet).

°Veronique mariée à Jean Michel Lemoine contrebassiste

°Michel informaticien marié à Agnès Guidicelli dont Pierre et Alexandre.





- Marguerite Henriette Anne Marie Raoult,fille ainée et Doyenne de notre branche, (qui m'a fourni des infos pour ce qui suit), née à Constantinople en 1921 mariée à Roger Pierre Raoult, industriel (Maroc, Casablanca, Carnoux en Provence)auteur de l'ouvrage 'Naissance d'une cité' sur Carnoux en Provence dont 8 enfants :

°Brigitte Mariée à Jean Claude Cellard (Patron du Journal "les Affiches") dont Anne Caroline et Juliette

°Bernadette mariée avec Michel Schaar (Officier de marine) dont Valentine, Gwendoline, Barthélémy, Adrien

°Bruno marié avec Simone Bernabeu

°Bernard ( Avocat) marié avec Odile Guyon dont Sophie; marié avec Valérie Zaniewski dont Martin et Jeanne; marié avec Fatima Ben M'Barek Ben Salah dont Morgane; marié avec Dominique Gohier dont Rachèle.

°Benedicte mariée à Dominique Giuliani (Banquier) dont Charlotte, Arnaud, Thibault

  • Blandine mariée à Patrick de Carné de Carnavalet

dont Agathe, Bérangère, Blaise, Constance.

°Benoit

°Baudouin ( Météo Européenne Angleterre ) marié avec Marie Christine Desfarge dont Nina, Camille, Justine, Maxime.





-Françoise Claire Marie, Professeur de Mathematiques née le 6 Fevrier 1924 qui épousa Pierre Boutellet dont 3 enfants :

°Jacques (interprete Sydney) marié avec Anne Marie Suminne dont Laurent, jérôme, Geneviève.

°Catherine ( Nouvelle Zélande) mariée à Paul Schirley dont Patrick (informaticien) et Anne (Avocate).

°François ( intendant )marié à Christine Bouvet dont David et Nicolas.





- Claire Goybet, soeur de Pierre est née à Condom le 9 Octobre 1896, et epouse à Yenne le 28 Septembre 1915 Emile Thibaudet, médecin de la marine , né le 3 Mars 1883 dont Jacques, Genevieve et Christiane





- LE CHEVALIER CHEF DE BATAILLON D'INFANTERIE DE MARINE ADRIEN GOYBET ( son fils ainé ).



né le 29 Juin 1922 à Ecully (Rhone), décède en 1995. Chevalier de la Legion d'Honneur (obtenue au peril de sa vie) eu de nombreux postes à travers le monde. Indes anglaises, australie (1944-1945) avec l'armée Britanique force 136 dont un Commando a inspiré le fameux "pont de la riviere KWAI". Extrait de lettre de patricia Mountbatten of Burma "I was so interessed to hear you served in force 136 under my father". Il participa à la guerre d'indochine et à l'independance du Cambodge ainsi qu'à la guerre d'Algerie.Postes en Guinée, Congo, Nouvelle Caledonie. Ecrivain livre "les perils de la mer" qu'il illustre egalement. De retour en France il devient professeur d'anglais pour le compte de l'armée puis dans le civil est Directeur Commercial d'une agence d'interim. Artiste peintre à sa retraite il obtient un diplome de la fondation Paul Ricard. Don de la vierge du Gevaudan excécuté pour l'eglise de sainte lucie 48100 Marvejols. Il epousa yvette Tronel, fille d'un negociant en Soie de Lyon Louis Tronel et de marguerite Richard du Montellier, qui lui donna 3 enfants ( Henri cité plus loin, Pierre né à Casablanca le 14 mai 1951 et décédé à Pointe noire le 22 Mai 1957, Huguette citée plus loin.) Famille qui herita du domaine des Dombes (Chateau du montellier). La famille compte egalement Louis Richard Depute aux Etats Generaux et Senateur d'Empire (1743-1818) et Auguste Richard du Montellier president directeur general du Credit Lyonnais ( années 60.)


Principaux faits de Guerre et Decorations



- 31 05 1945 Parachuté en mission de guerre sans comité de réception à Kompong. Speu (cambodge occupé par les japonais ). Proposé pour une citation. Obtient le brevet militaire de parachutiste et croix de combattant volontaire "indochine".

- 2 eme guerre d'indochine 51-54 Faits de guerre divers et combat du Rhenon sept 52 (tonkin nord vietnam) , operations et accrochages à thinh chau (23 1 53 ) et trach 21 3 53 (tonkin nord vietnam) 2 citations à l'ordre de la division pour ces faits .

texte integral d'une de ces citations.

OG n°26343 du 15 8 53 du General de Di COGNY commandant les FINV. CITE A L'ORDRE DE LA DIVISION : GOYBET pierre M. A. lieutenant " Officier de renseignements particulierement dynamique et perspicace qui a su, gràce à son activité et à l'efficacité du réseau qu'il a crée, obtenir des informations de premier ordre. A contribué pour une large part au succès des opérations de nettoyage à caractère local menées dans le kim Bang et le Thanh-liem par le 6eme Bvn en Fevrier et Mars 1953 et personnellement dirigé 2 Raids en zone non controlée, le 23.01.53 à Tninh-Chau et Lat-Son (Nord vietnam) et le 21.1.53 à Trach-To, ramenant de ces 2 opérations plusieurs fusils, des prisonniers importants et de nombreux documents.

cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. avec Etoile d'Argent


--- temoignage de satisfaction delivré par le gouvernement vietnamien en date du 31.10.52.

Le gouvernement du Nord Vietnam décerne à Monsieur Pierre Marie Adrien Goybet, lieutenant, chef du 2eme bureau, secteur militaire de PHU-LY, un témoignage officiel de de satisfaction pour le motif suivant " a rendu de précieux services aux autorités Vietnamiennes dans l'oeuvre de pacification.

Hanoi, le 30 Octobre 1952, le gouverneur du Nord Vietnam PNAM-VAN-RINH .


- 3 eme guerre d'Algerie

7 09 53 Combats de l'ouest Said (secteur philippeville). Adrien Goybet a commandé le bataillon au feu.

Constantine,18 Mars 1959. Citation à l'ordre de la brigade O.G. 189

le Capitaine GOYBET Pierre du 2 eme Bataillon du 16 Eme Regiment d'Infanterie de Marine Pour les motifs suivants :

"Commandant de compagnie courageux et résolu. S'est mis en valeur par son activité au cours de plusieurs opérations dans le Quartier de Jemmapes. S'est particulièrement distingué le 7 Mars 1959, au cours d'un engagement dans l'Oued Said ( Secteur de PHILIPPEVILLE ). Par une manoeuvre judicieuse, a forçé les rebelles au combat, permettant, ainsi la mise hors de quinze d'entre eux dont un chef et la saisie de cinq armes dont une collective . Se lançant à la poursuite de l'adversaire, en liaison avec les unités voisines, a par son esprit de décision et la rapidité de son intervention largement contribué à l'anéantissement de la bande rebelle. "

Cette citation comporte l'attribution de la Crois de la valeur militaire avec Etoile de Bronze.

Le General de Division Divary commandant la 14 ème Division d'Infanterie et le Nord Constantinois


- 1961 Actions de guerre diverses secteur de philippeville .

citations à l'ordre de la brigade O.G. N° 324

Le capitaine Goybet Pierre, Marie, Adrien, du 2eme Bataillon d'Infanterie de Marine

" Officier de valeur adjoint opérationnel du quartier de Jemmapes a préparé et fait exécuter avec intelligence et un sens tactique certain plusieurs opérations qui ont permis :

- Le 10 Fevrier 1961 dans le Mellila (Secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat de cinq rebelles et la saisie d'une arme - Le 17 Fevrier 1961 dans les Douars GHRAR et MELILA (secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat de trois rebelles, la saisie de grenades et la destruction de plusieurs markez - Le 5 Mars 1961 dans le Djebel Grar (secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat d'un rebelle, la saisie de grenades et de munitions et la destruction d'un gîte d'étapes de PC NASIA. - Le 14 Mars 1961 dans la Fôret de l'Oued SOUDANE (Secteur de PHILIPPEVILLE) la destruction de dix- sept Markez et gourbis et la saisie de cinq cent kgs de ravitaillement A fait preuve, à ces différentes occasions, de courage, et de sang froid ainsi que d'une parfaite connaissance du terrain et des methodes de combat de l'adversaire

1er Mai 1961

General de Division LENNUYEUX Commandant la Zone Nord Constantinois et la 14 Division d'Infanterie.



- Chevalier de la legion d'honneur prise de rang le 30 Juin 1962 ce qui fait rentrer cette branche familliale dans le cadre de l'ordonnance de louis XVIII qui honore tout spécialement les 3 generations consecutives de legion d'honneur. Il faut noter à ce propos qu' Adrien Goybet descend de 2 grands parents legionnaires Goybet. le cas devant etre quasi unique se devait d'être signalé. Il y a donc toute la constance de cette lignée au service de la nation.

- Medaille commemorative campagne d'indochine - Croix de guerre des TOE avec 2 etoiles d'Argent - Croix valeur militaire 2 etoiles de bronze - Medaille coloniale avec agrafe "E.O." - Medaille commemorative 1939-45 avec agrafe "EO" - Medaille commemorative operations de sécurité et maintien de l'ordre en AFN Tunisie et Algerie -Diplome de reconnaissance de la nation - Croix du Combattant - merite militaire vietnamien de 1ere classe - Chevalier de l'ordre de l'étoile noire.


Lettre du Prince Norodom Sihanouk au chef de bataillon Adrien Goybet

"Mon commandant permettez moi de vous exprimer ma profonde gratitude pour la noble fidelité de votre amitié Veuillez agréer l'expression de mon affectueuse considération " n. sihanouk

Pékin le 5 Octobre 80



Huguette Fricaudet, fille d'Adrien est née à kANKAN en Guinée le 29 Septembre 1947. Elle épouse Michel Fricaudet (notaire). De ce mariage 2 filles.

-Anne mariée à Frédéric Aureille dont Soline, Adrien et Mathieu.

- Sophie mariée à Gilles Laloux dont Paul et Marie; mariée avec Philippe Rousse dont Thomas; mariée à Frederic Dimitriou dont Pierre-Alexis.




Le CHEVALIER HENRI GOYBET fils d'Adrien est né le 8 Mai 1958 à Pointe Noire au Congo.

De nombreux voyages outre mer avec ses parents ( Congo, Algérie, Nouvelle Caledonie (Tour du Monde), Australie, etc..

Il fut Scout Marin, suivit sa scolarité au célèbre Cours La Bruyere à St Didier En Velay et y passe un Baccalauréat Economique et Social.

Il suit son service militaire au fameux 27 eme Bataillon de Chasseurs Alpins à Annecy (bataillon d'élite qui a obtenu la legion d'Honneur), en memoire de son arriere grand père mariano, lui même Chasseur Alpin. Randonnées à Ski, à fort dénivelé, avec Peaux de Phoque,Combat par - 20 dans la neige, construction d'igloos, recherche de secours aprés avalanches, damages pour équipe de France de ski,courses sur glacier, escalade et marches intensives plus l'entrainement classique du Soldat.

IL suit des études de Droit à l'Université Jean Moulin de Lyon, il rentre à la Société Marseillaise de Credit. Il est attaché de Direction de Groupe Bancaire

Tout comme son arrière Grand père, il est passionné de ski, montagne et de voyages. Irlande (voyages linguistiques), Italie,Espagne,Suisse, etc... Il se rend fréquemment aux Etats Unis ou il a d'importantes attaches.


Il appartient à l'Association des Honneurs Hereditaires.


Lien pour le 27 eme Bataillon de Chasseurs Alpins

http://www.defense.gouv.fr/sites/ terre/decouverte/ presentation_de_l_armee_de_terre/ armes_et_composantes/infanterie/ 27e_bataillon_de_chasseurs_alpins




Revenons à l'oncle de jules GOYBET, ANTOINE GOYBET(1787-1867), maire de yenne Chevalier de la legion d'Honneur et des st maurice et Lazare eut aussi une nombreuse posterite dans laquelle se distinguent ses 4 fils dont :

LE GENERAL DE DIVISION CHARLES GOYBET Inspecteur General de la Cavelerie Française (1825-1910).

Né à Yenne le 3 Decembre 1825. A l'age de 12 Ans , il est éleve à la Royale Academie Militaire de Turin le 15 Janvier 1838. il Sert dans l'armée Sarde dans le régiment de Savoie Cavalerie. Nommé lieutenant le 8 Decembre 1847, il participe à la campagne de Lombardie de 1848-1849. Heros des campagnes Sardes contre l'autriche. A la Campagne de Crimée (1855,1856), il se distingue au combat de TchernaÏa. Il est nommé capitaine le 16 Novembre 1856, puis il est nommé dans les chevaux legers d'Aoste. Il participe à la campagne de liberation de l'Italie en 1859. Il assiste aux combats de Palestro et San Martino. Il est nommé Chef d'Escadron le 20 Mai 1860 dans les Lanciers de Florence.

C'est le plébiscite et Charles opte pour la France. Il a 35 ans. le 11 Decembre 1861 il est prend le commandement du 4 eme Dragon comme Chef d'Escadron. Il est nommé lieutenant Colonel le 10 Aout 1868.

Durant la guerre de 1870, il chargea avec son glorieux 4 eme Dragon à Mars la Tour. Il sauva meme à Metz l'etendard de ce regiment et lorsque plus tard le 4eme Dragons vint tenir garnison à Chambery, le General Goybet remit la precieuse relique au colonel de Chabot. Charles Goybet reçut la croix d'Officier de la legion d'honneur sur le champ de bataille.( Decision du Marechal commandant l'armée du Rhin. Octobre 1870) Il fut fait prisonnier en Allemagne d'Octobre 1870 à Mai 1871.

A sa liberation il est fait Officier de la legion d'honneur et Colonel du 20 eme Dragon le 3 Fevrier 1872. Il est nommé General de brigade le 5 Juin 1877. Brigade Epinal Fontainebleau. En Novembre 1887, il finit sa brillante carriere comme inspecteur de la Cavalerie Francaise. Il est mis au cadre de reserve en 1890. Il est promu Grand Officier de la Legion d'Honneur le 12 Juillet 1890. Il prit sa retraite dans sa propriété de Volontaz qu'il aimait tant.

"Son affection pour les siens se manifeste par la régularité de ses correspondances, la longueur de ses lettres, la franchise des sentiments exprimés, le souci de connaitre les évènements familliaux." "Henri Putz "


Charles goybet aide de camp du général de division le comte Trotti ecrit à son pere Antoine Goybet devant Sebastopol. Son pere est un notable (1787-1867). il est syndic de sa commune sous le regime sarde avant d'en etre le Maire apres 1860 et il partage sa vie dans le bourg d'yenne et à son domaine de volontaz.

kamara le 7 Septembre 1855.

Mon cher Papa,

l'on a commencé à bombarder Sebastopol le 4 de ce mois, et au moment ou je t"ecris cela continue ; c'est un roulement continuel de coups de canons, comme on n'en a jamais entendu, et cela dure jour et nuit, de sorte qu'il faut avoir bien sommeil pour s'endormir avec un tintamare semblable. De notre camp, nous avons été spectateurs pendant la nuit d'avant hier et d'hier d'un magnifique incendie, c'etaient deux vaisseaux russes qui ont éré incendiés par les batteries; d'ici l'on ne pouvait pas voir les flammes, mais l'on voyait une lueur dans le ciel du coté de Sebastopol comme le lever de soleil et cela a duré toute la nuit . J'ai été hier dans l'après midi voir Sebastopol, mais je n'ai pu beaucoup distinguer; il y avait du vent très fort et puis la fumée de la poudre empechait de bien voir; mais ce que j'ai pu remarquer c'est que les russes repondent très faiblement, la tour Malakof ne répond pas du tout; tous les parapets sont endommagés, et les français ont déja poussé leur travaux d'approche jusque dans le fossé, aussi j'espere bien que l'on la prendra, parce qu'une fois Malakof pris, l'on peut bruler tous les vaisseaux qui sont dans le port et couper la communication de Sébastopol, avec le reste des forts. Comme la ligne de défense des Russes est très étendue, l'on a adopté dans le bombardement une très bonne méthode qui consiste en ce que l'on commence à bombarder sur la droite et puis l'on cesse tout à coup; les russes présument qu'on va donner l'assaut, alors ils massent des troupes dans les tranchées, alors on recommence à tirer et comme les tranchées sont pleines cela leur tue beaucoup de monde et l'on continue toute la journée de cette maniere là et eux sont obligés de se tenir en garde parce qu'au moment ou ils s'attendront le moins, on montera à l'assaut....... Nous avons un climat très changeant et nous avons eu un vent chaud avec quelques gouttes de pluie, ce matin au contraire, c'est un vent très froid qui ressemble à nos vents froids du commencement de Novembre; et tu peus voir à mon écriture qui se ressent de l'atmosphere froide. J'ai reçu hier une lettre de Laurent du 20 Aout, tu peux lui dire que j'ai parfaitement reçu sa lettre ainsi que la chartreuse; mais quand j'ai écrit, je ne l'avais pas encore reçue; ici c'est très facile de recevoir les lettres 8 à 10 jours plus tard de ce qu'on devrait les recevoir. Quand à la serge de Sardaigne que Laurent m'offre, cela me serait très utile mais si tu m'envoie le grand paletot que j'ai demandé, cela me suffira; il faudra aussi m'envoyer des bas de laine, mais Laurent m'a dit que la maman y travaille déja; parce qu'il ne faut pas que l'on se fasse des illusions sur notre position, nous sommes presque certains de passer l'hiver ici; aussi les Français font des chemins de fer pour aller à leur campement et tu conçoit que si l'on devait s'embarquer, ce ne serait jamais notre armée qui serait la premiere. Laurent (son frere) m'a dépeint le triste état de nos vignes, c'est vraiment du malheur: Quand il n'y a pas de maladie, il faut que cette maudite tempete vienne encore s'en meler;heureusement que les récoltes étaient presque toutes rentrées; il m'a donné aussi des nouvelles de notre machine à blé, il ne parle pas non plus d'Apollon et de la Saumette qui je crois se portent mieux que mes chevaux car la très mauvaise intendance militaire, qui pour notre malheur se trouve Crimée, les laisse deux ou trois jours sans leur donner d'avoine et se justifie en disant qu'ils n'en ont point. Imagine-toi que maintenant le temps est beau, la mer excellente, ils n'ont des provisions que pour la journée ( quand ils en ont!) aussi cet hiver nos chevaux crèveront de faim; le foin qu'on leur donne est quelquefois si mauvais qu'ils ne veulent pas le manger quoiqu'ayant faim. Pour nous les distributions sont assez régulieres, pourvu que cela continue ! mais ici tout le monde est d 'accord pour dire que notre intendance militaire est tout ce qu'il y a de plus mauvaise et pire que celle des Turcs.

Adieu mon cher papa, embrasse bien de ma part la Maman et dis lui qu'elle se tranquilise. Embrasse aussi Alexis , Pierre Laurent et Célina ainsi qu'antoine, qui doit déja être un beau garçon. Donne moi des nouvelles des démarches d'Alexis. Je t'embrasse de tout mon coeur et suis ton affectueux et respectueux filsCharles



- PIERRE LUC GOYBET

frere de Charles est né le 23 Mai 1828. et décede le 6 Mars 1896. Il est avocat à la Cour et conseiller General de Savoie.

Pierre Goybet, conseiller general, avocat à Chambery, monarchiste catholique, frère du general et du secretaire general de la prefecture se présente aux elections legislatives de 1876.


les sentiments des familles conservatrices à l'égard de la commune sont très bien dépeintes dans une lettre de Pierre A son frere Charles. le 15 mai 1871.


" Lorsque tu nous a quitté , je ne pouvais prévoir que tu irai recommencer cette affreuse guerre. Heureusement tu n'es pas destiné à prendre part très directe au siege ou la cavalerie ne peut jouer un role principal. Cependant , si tu n'en cours pas tous les dangers , tu en as tous les ennuis et j'espère bien que tu les fais payer aux gredins qui tombent entre tes mains. Cette race de Parisiens n'inspire vraiment pas grand intéret; perversité en bas, ou légereté en haut. c'est à desesperer de voir Paris se relever jamais .

L' auteur ajoute une indication relative à l'atmosphère de la préfecture de Chambery ou Laurent Goybet exerçait les fonctions de conseiller. " Laurent s'est presque établi à Yenne fuyant la préfecture ou sa situation est toujours plus difficile, car le mouvement Republicains est accentué à Chambery par les nouvelles elections et emporte completement notre préfet qui vogue à toute voile dans l'element Parent et Pyton l'avoué qui est nommé Maire sur le choix ou plutôt l'injonction du conseil municipal dans lequel trone le fameux Michard et l'énergumene Carret, francs communards assistés de 6 à 8 individus d'une notoriété moindre mais d'égale valeur."

La Savoie dans la vie Française .(jacques Lovie)P.U.F.


- LAURENT GOYBET

Il est né le 13 Septembre 1833 et décède le 28 Juin 1912 . Il est Conseiller de Prefecture à Nice puis Grand Juge à Monaco, Chevalier de la legion d'Honneur et des St Maurice et Lazare, marié sans postérité.



-ALEXIS GOYBET est né le 30 Septembre 1820 et baptisé le 9 octobre à Yenne, Conseiller à la Cour , il mourut à Chambery le 29 novembre 1893. Il avait épousé en 1853 Céline Grange, 1830-1884 fille de François de Rose de la Haye du Coudray et eut 8 enfants dont

- Antoine (1854-1901) - François (1856-1886), religieux - Feliçie (1856-1856). - Charles avocat (1859-1888) - Therese 1863-1927) épouse cyprien CHATEAU, Ingénieur - Louis (1864-1953), Ingenieur E.C.I. Chimiste - Joseph(1865-1872)

- Marguerite, (1878-1961) épouse marcel Putz Colonel d'infanterie :

. dont madeleine née à Caen en 1903 épouse Henri Burguburu ingenieur ( dont pierre ingenieur, maita, jacques, Philippe, Anne-Marie, Alix)

. Dont Gabriel (1904-1957) Colonel d'Infanterie mort pour la France en Algerie dont François, Marie Helene, Michel ,Dominique

. Dont Sabine née a Caen le 15 Juillet 1906, infirmiere. . Elisabeth . Henri professeur agégé dont posterité . Marie Françoise épouse René Charbonneau dont posterite. . Maurice officier de marine 1914, Ingenieur dont postérite . Genevieve née en 1919 èpouse Bernard Merceron, attaché à l'Inspection de la Banque de France dont postérité. . Bernard 1921 épouse Anne Gindre dont postérité . Andrée épouse Jacques Dullin.



Lettre d'Alexis A son frère Charles au moment de l'annexion de la Savoie par la France.

Chambery le 29 Mai 1860.

Ta nomination a été un sujet de joie pour la famille. MM Grange, Besson et tes amis de Chambery sont charmés de te voir passer en France avec le grade de Chef d'Escadron. C'est une belle place. Les lenteurs de la Chambre à quelque chose sont utiles et ce n'est pas nous qui avons à quereller les députés. Du reste , leurs regrets nous font honneur. Ils nous connaissent et nous estiment . " Nous avons ici une garnison des plus nombreuses, au moins 4000 hommes. On rencontre des soldats partout. Ces diables de Français pénètrent dans tous les coins. Ils parcourent la campagne en tous sens, fouillent tous les recoins; ce doivent être de bons fourrageurs. Le pays est tranquille bien que le commerce souffre. La frontière est encombrée de marchandises qui attendent que la douane disparaisse. On fait provision de sucre et on laisse les draps, les cotons, les cuirs, les fers ouvrés, etc, etc, M. Grange gagnera beaucoup pour ses fontes. Il en a des quantités dont il ne veut pas se défaire .

Nos appointments ont augmenté; pour moi, j'aurai plus de deux mille Francs et le rang de procureur impérial. Je ne sais si on maintiendra longtemps le bureau des pauvres; si on le supprime, Je pense ne pas y perdre.

Chambery se prépare à feter dignement la réunion à la France . On va faire de grandes illuminations, des bals et des repas publics. Déja la ville regorge de Français et les Hotels sont encombrés ... à cause du vote de la Chambre qu'on attend ce soir.... Je pense bien que tu auras soin d'entrer en fonction et de te faire reconnaitre promptement . On a dit que les militaires de tous les grades seront appelés immédiatement à revenir, aussi ne te mets pas en grand frais de costume. Tu gagnes joliment au change car les officiers Français ont des chevaux fournis par l'Etat et choisis par eux. Les chefs d'Escadron sont les premiers servis.

Ps " Le télégramme apporte la nouvelle de l'adoption du traité par le parlement . M. Dullin vient d'etre nommé officier de l'Ordre de de Saint Maurice et Président des Assises . Il me charge de te complimenter . Son idée était que tu opterais pour rester au service du Piemont parce que , avant peu, tu passerais Colonel, mais je ne te le conseille pas; dans l'armée Française tu as des chances d'avancement. La guerre se prépare . Les officiers Sardes de cavalerie ne porteront pas ombrage et tu es Français par la mère. Jules Récamier est au mieux avec le General Forey qui a diné chez lui à son passage pour la campagne d'Italie . Tu sais aussi que M. Baraguay d'Hlliers est très bien avec le gendre de M. Labatie . Adieu, mon cher ami, je te réserve une carte de France en relief pour que tu connaisses les plaines et les montagnes de notre nouvelle patrie ...."



Association des Honneurs Hereditaires

L'A.H.H. regroupe les familles qui comptent 3 generations consecutives en ligne masculine dans l'ordre de la legion d'honneur. L'ordonnance royale (louis XVIII) du 8 octobre 1814, jamais abrogée, dispose que lorsque l'aîeul, le fils et le petit fils auront successivement été membres de la légion d'honneur, le petit fils sera noble de droit et transmettra la noblesse à toute sa descendance. L'A.H.H. se propose de contribuer au prestige de la Legion d'Honneur et au soutien des valeurs morales de maintenir parmi ses membres les traditions d'honneur et d'attachement au service de la nation.


-General de Division Mariano Goybet Grand Officier de la Legion d'Honneur -Contre Amiral Pierre Goybet Commandeur de la Legion d'Honneur. -Chef de bataillon Adrien Goybet Chevalier de la legion d'honneur.


Il faut noter que chacun des membres de cette lignée a obtenu sa legion d'Honneur au péril de sa vie.

Nous citerons egalement , l'autre arriere grand pere d'henri Goybet à savoir : - Le capitaine de Vaisseau Henri Goybet Commandeur de la legion d'honneur.

De nombreux autres Goybet se sont distingués dans l'ordre :

- Le frere de Mariano et d'henri, le General de Division, Victor Goybet grand Officier de la Legion d'Honneur - Le fils de Victor, Le Colonel Charles Goybet officier de la Legion d'honneur - Le fils du frere d'Alexis Goybet, le General de Division Charles Goybet Grand officier de la legion d'honneur - Le frere de Charles, Laurent Goybet Grand juge de Monaco, Chevalier de la legion d'honneur. - Le père de Charles et frère d'Alexis, Antoine Goybet Maire de Yenne Chevalier de la Legion d'Honneur

théodore Lespieau General de Division Beau père de Mariano et Aieul de tous les descendants de celui çi, fut Grand Officier de la Legion d'Honneur


On notera que les familles Jaillard et Putz parentes des Goybet ont également des lignées de 3 légionnaires consécutifs


Pour en savoir plus


http://medaille.decoration.free.fr/ France/P_Medaille/M_LH.htm

Armoiries

D'azur à la fasce d'or, accompagnée en chef de 3 etoiles d'argent, et en pointe un croissant du même.

Etymologie du nom

On peut supposer que le nom Goybet vient de mots par lesquels on designe en Savoie la serpe; c'est le Goyet, le goué, le gouet, la goyarde, les premiers qui reçurent ce surnom auraient été bucherons, profession qui peut se cumuler avec celle de cultivateur pour un habitant des flancs du mont du chat. Le nom de goué a lui-même une origine fort ancienne: virgile parle de "l'alpina goess", c'etait l'arme des Allobroges. Toutes reserves sont bien sur à faire sur cette étymologie.




DEVISE

"Quocunque vocer"

j'irai là ou l'on m'appelle




DES ARTOIS AUX GOYBET

-Jeanne D’Artois arrière, arrière petite fille de Louis VIII le Lion (1187-1226) et arrière petite fille d’Henri III plantagenet Roi d’Angleterre (1207-1272) ( décédée en 1343 se marie à Gaston de Foix en 1301.

-Blanche de Foix sa fille se marie à Jean II de Grilly Seigneur de Ville-La –Grand Sénéchal de Guyenne dont

- Jean de Grilly Seigneur de Langon épouse Pernette de Saint-Priest dont

- Aymon de Grilly qui se marie avec Agnès de Grailly . Coseigneur de Ville – La –Grand dont

- Amédée de Grilly (SR de Ville-la Grande ) marié à Jeanne deTerrier. ( Anglaise) dont

- Amédée de Grilly décédé après 25 Fevrier 1554 Julien qui s’est marié à Claude Echallon en 1503 et ils donnent naissance à leur tour à Pernette d’Echalon mariée à Anselme de Gruel en 1523.

- Enfant André de Gruel ( SR de la Poype) (1523-1589) marié à Louise de Lucinge (1534-1589). - Enfant François de Gruel (Seigneur de Beaufort ) (1573…) marié à Suzanne de Nicole (Après 17 Fevrier 1613) .

- Enfant Jean Melchior de Gruel (1613-1676) Seigneur de Monthoux marié à Claudine Vullet en 1662.

- Enfant Claudine François de Gruel (1662-1726). Union avec Pierre de Bavoz (--,1725)

- Enfant Marguerite de Bavoz (1701-1738 ) union avec Prudent Belly (1696 ; --)

- Enfant Jeanne Belly (1727-1797) union avec Alexis Goybet (1724-1791).


Le Général Mariano Goybet (1861-1943) mon arrière grand père était fils de Pierre Jules Goybet industriel, Directeur de la Martinère (1823-1912) . Son père était le négociant Alexis Sebastien Goybet (1786-1854) marié à Louise de Montgolfier (1805-1826). Pierre Goybet son père (1750-1831) négociant et Maire de Yenne est le fils d’Alexis Goybet et de Jeanne Belly .



LIENS AVEC LES U.S.A.: DES COUSINS PRESTIGIEUX

Si la famille Goybet et ses ascendants ont de nombreux liens avec les Etats unis ( Benjamin Franklin avec les Montgolfier; Le General Mariano Goybet qui commandait une division de noirs Americains et fut décoré de la Distinguished Service Medal par le General Pershing et qui entretenait une correspondance avec Rudyard Kipling, ou bien mon Grand Pere l'Amiral Pierre Goybet qui a reçu chez lui les Généraux Patton, Kees et Wilburg, j'etais alors loin de me douter que nous étions cousins avec l'Actuel President des Etats Unis ainsi qu'avec Franklin Delano Roosevelt et Georges Washington . Article d'Henri Goybet


GEORGE W. BUSH

En effet, Le Président des Etats Unis Georges W. Bush partage des ancetres communs , avec la famille Goybet à savoir, Henri 1er Roi d'Angleterre (+1135) (Fils de Guillaume Le Conquerant), qui est son ancetre à la 33 eme génération.

Jeanne d'Artois notre ancetre est l'arriere petite fille D'Henri III Plantagenet Roi d'angleterre 1207-1272 dont le bisaieul est Henri Ier.



FRANKLIN DELANO ROOSEVELT

- Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) est egalement descendant à la 28 ème generation du roi Henri 1er d'Angleterre comme Jeanne d'ARTOIS ce qui en fait egalement notre cousin



GEORGES WASHINGTON

l'Arriere Grand Père de jeanne d'Artois n'est autre que Henry III Plantagenet Roi d'Angleterre (1207-1272), c'est également l'aïeul à la 17 ème génération de Georges Washington (1732-1799).


12 Presidents Americains ont des ancetres communs avec Jeanne d'Artois dont nous descendons. Les 9 autres sont :

- George Bush (1989-1993) - lien Henry III plantagenet Roi D'Angleterre (1207-1272). - Richard Nixon (1969-1974) lien Henry III Roi d'Angleterre - Herbert Hoover(1929-1933) lien Robert Ier le bon Comte d'Artois ( 1216-1250) - warren G.Harding (1921-1923) lien Louis VII Roi des Francs (1120-1180) . - willam H. Taft (1909-1913) lien Henri III et Alphonse VIII le noble Roi de Castille (1155-1214) - Benjamin Harrison (1889-1893) lien Geoffroy V Plantagenet Duc de Normandie (1113-1151) - William H. Harrison (1841-1841)lien Geoffroy V Plantagenet Duc de Normandie (1113-1151) - James Monroe (1817-1825) lien Philippe Ier D'Artois Seigneur de Conches (1269-1298). - James Madison (1809-1817)lien Henry III ainsi que Margaret Princess of Scotland (1139-1201).


Lien pour retrouver la parenté entre Jeanne D'Artois notre ancetre et ces Presidents Americains

http://www.geneastar.org/fr/frame.php3?url=http://geneweb.inria.fr/roglo

Lien sur Presidents Americains

http://presidentusa.free.fr/guppy/

Liens familliaux

Bibliographie

Extraits de l'oeuvre d'art de la famille  : livre à enluminures de 200 pages du General Mariano Goybet dont le blason est extrait.

livre d'Henri Jaillard : les Goybet de la vallée de Yenne 25.08.1964

Correspondance de Charles Goybet détenue par Henri Putz

Informations de Pierre Jaillard

Informations du Chevalier Henri Goybet, Arriere petit fils de Mariano


La suite de ce site est soumise à copyright . Vous pouvez donc le lire ou le diffuser dans un cadre famillial


SITE FAMILLE DU CHEVALIER GOYBET

Red Hand Flag et Origines familliales

Ce livre de 800 pages vous transportera sur les cinq continents et à travers dix siecles à la recherche de la famille Goybet et de ses illustres ancètres.

Nous introduirons exceptionnellement ce livre avec tout d'abord le tournage du film the Red Hand Flag pour lequel j'ai apporté ma contribution, diffusé dès Juillet 2008 aux Etats Unis consacré au Fanion de Division du Général Mariano Goybet, à ses succès pour briser le front en Champagne en 1918 et à la conduite admirable de ses troupes dont deux régiments étaient Africains Américains qui sera suivi d'un document que j'ai réalisé en Anglais en hommage à Mariano et ses troupes et destiné à apporter une source de renseignements pour le film The Red Hand flag .

L'introduction proprement dite sera basée à partir de l’article encyclopédique de wikipedia sur le Général Mariano Goybet qui a été rédigé par Henri Goybet son arrière petit fils en hommage à celui-ci.

....................


AVANT PROPOS



Ce site n'a pas pour but, ni la prétention d'une généalogie exhaustive ou d'une histoire objective. Au fil de ces pages, à travers le prisme de ma sensibilité et grâce à des témoignages de mes ancêtres, vus avec leur propre subjectivité,ou bien de contemporains qui ont vécu des évenements avec eux, vous allez découvrir ou redécouvrir des façettes passionnantes de cette famille composée d'hommes et de femmes, faits avant tout de chair, de sang et de convictions avec, souvent, en toile de fond, les tumultes de la guerre.

"Chaque homme est une histoire qui n'est identique à aucune autre "(l'homme cet inconnu)

Alexis Carrel.



THE RED HAND FLAG ( Drapeau de la main rouge)




LE CONTEXTE HISTORIQUE


- 1917: Une Europe exsangue et une Allemagne triomphante


La premiere guerre mondiale fait rage en Europe. Les offensives d'Avril 1917 en Artois en Picardie s'enlisent après des succès initiaux. Les pertes sont lourdes et nulle part le front ne peut être perçé. En Roumanie l'offensive Austro Allemande submerge le pays à la fin de 1916 et la révolution Russe rend précaire le maintien des débris de l'armée Roumaine en Moldavie. Si la Grèce s'est jointe aux Franco-Britanniques du camp de Salonique, le front stagne dans le sud des Balkans . La guerre sur mer redouble avec l'accentuation des attaques des sous marins Allemands contre les transports maritimes alliés. Le commerce des Etats-Unis en pâtit.L'espoir de vaincre est même si limité que les Américains s'inquiêtent du remboursement des dettes importantes contractées outre-atlantique par les gouvernements alliés.

Extraits du dictionnaire d'Histoire de France sous la direction D'Alain Decaux et André Castelot. Edition Perrin 1981.


- Le télégramme Zimmermann :




Le télégramme Zimmermann est un télégramme qui a été envoyé par le ministre des Affaires étrangères de l'Empire allemand, Arthur Zimmermann, le 16 janvier 1917 à l'ambassadeur allemand au Mexique, Heinrich von Eckardt, au plus fort de la Première Guerre mondiale. Il donnait l'instruction à l'ambassadeur de se mettre en contact avec le gouvernement mexicain et de lui proposer une alliance contre les États-Unis. Il fut intercepté par le Royaume-Uni et son contenu a accéléré l'entrée en guerre des États-Unis. Berlin, 19 janvier 1917


‘’Nous avons l'intention d'inaugurer la guerre sous-marine à outrance, le 1er février. En dépit de cela, nous désirons que les Etats-Unis restent neutres, et si nous n'y réussissons pas, nous proposons une alliance au Mexique. Nous ferons la guerre ensemble et nous ferons la paix ensemble. Nous accorderons notre appui financier au Mexique, qui aura à reconquérir les territoires du Nouveau Mexique, du Texas et de l'Arizona. Les détails du règlement sont laissés à votre initiative. Vous aurez à informer le président du Mexique de la proposition ci-dessus aussitôt que vous serez certain de la déclaration de guerre avec les Etats-Unis, et vous suggérerez que le président du Mexique, de sa propre initiative, communique avec le Japon, proposant à cette dernière nation d'adhérer immédiatement à notre plan, et vous offrirez en même temps d'agir comme médiateur entre l'Allemagne et le Japon. Veuillez attirer l'attention du président du Mexique sur l'emploi sans merci de nos sous-marins qui obligera l'Angleterre à signer la paix dans quelques mois.’’

Signé: Zimmermann


Bien que le télégramme débutait par la déclaration que l’Allemagne était plus intéressée par le maintien de la neutralité américaine que par l’attaque de sa flotte, cette confirmation de l’hostilité profonde provoqua une montée du sentiment anti-allemand. Wilson répondit à cette manifestation d'hostilité allemande à l'égard des États-Unis en demandant au Congrès d'armer des navires américains qui pourraient repousser de possibles attaques de sous-marins allemands. Quelques jours plus tard, le 2 avril 1917, Wilson demanda au Congrès de déclarer la guerre à l’Allemagne. Le 6 avril 1917, le Congrès accepta, faisant entrer les États-Unis dans la Première Guerre mondiale.

Les sous-marins allemands avaient déjà attaqué des navires des États-Unis près des Îles Britanniques, de sorte que le télégramme ne fut pas la seule cause de la guerre ; il joua, pourtant, un rôle très important en faisant évoluer l'opinion publique américaine. On a perçu comme particulièrement traîtreux que le télégramme ait été transféré la première fois à partir de l’ambassade des États-Unis à Berlin vers l'ambassade allemande à Washington avant d’être transféré au Mexique. Quand le public américain tint le télégramme pour vrai, l’entrée des États-Unis dans la Grande Guerre devint inévitable.

Source Wikipedia




- 6 Avril 1917 : L’ Engagement des Etats-Unis et les soldats Africains Americains


Avril 1917. Les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne devenant officiellement partie de la première guerre mondiale qui a fait rage durant 3 ans . Plus de deux millions d’Africains Américains s’enregistrèrent pour la mobilisation , avides de prouver leur patriotisme . Mais l’armée est ségrégationniste et la plupart de ces troupes ne sont pas autorisées à combattre . Il y en a toutefois qui ne prendront pas un non pour une réponse …. Des hommes déterminés à se battre pour le pays qui les discriminaient .

Maintenant Anne Clarkson de Leesville , Caroline du Sud a acquis un drapeau singulier qui peut révéler une histoire oubliée à propos de la guerre qui termina toutes les guerres.


Plus de 700 000 Africains Américains se sont enrôlé pour la mobilisation le premier jour , et plus de deux millions au total . Ils voulaient montrer qu’ils étaient des américains loyaux , et aussi souhaitaient démontrer qu’ils étaient les égaux des blancs américains qui étaient également enrôlés pour la mobilisation. Quand les Etats-Unis rejoignirent la guerre en Avril 1917, l’armée U.S. permanente était de seulement 127 500 hommes. Mais en dépit de son urgent besoin , l’armée répugnait à utiliser des Africains américains au combat .

400 000 environ furent appelé au service, mais très peu virent les combats . En ces temps, dans la communauté américaine beaucoup de gens disaient que les hommes noirs étaient soit inaptes au combat ou bien ne voudraient pas combattre.

Au début les hommes furent relégués aux unités de travail , déchargeant des bateaux , construisant des chemins de fer et enterrant les soldats tués en action mais les protestations forcèrent les politiques à changer d’optique .

Il y avait des réticences de la communauté Africaine Américaine et ce qui en découla, c’est que l’armée fut forcée à former deux divisions Africaines Américaines : La 92ième division et la 93ième division temporaire .L’armée fit volte face . Mais il y a une complication ….. Bien que la 92ième et 93ième furent les premières unités noires entraînées au combat , en Europe, elles furent transmises à l’armée Françaises .

Les Français avaient combattu dans une guerre épuisante durant trois ans et ils avaient récemment souffert de pertes sévères et ils avaient besoin d’hommes désespérément. L’appel fut ‘’ S’il vous plait envoyez nous des hommes et les Etats-Unis répondirent avec ces 4 Régiments . Les Africains Américains furent bien accueillis par les Français qui avaient l’habitude de se battre avec leurs propres troupes coloniales d’Afrique.

Beaucoup d’Africains Américains furent choqués de voir qu’il y avait des gens qui ne leur faisaient pas de discrimination à cause de leur race et ils apprirent , qu’ils pouvaient être égaux .






PRESENTATION DU RED HAND FLAG




Dans le cadre de la fameuse série Américaine ‘’History Detective ‘’produite par Lion TV pour La chaine PBS qui est fournisseur de contenu pour 355 chaines publiques Americaines et couvre 91 % de la population Américaine,( chaque semaine l’audience de PBS est de 80 millions de télespectateurs et plus de 133 millions s' orientent vers PBS chaque mois), Je fus interviewé par l’historien d’art , Elyse Luray et expert D’History Détectives .J’ai été filmé à New York dans le prestigieux Seven Armory Regiment le 15 Décembre 2007 . En effet j’ai contribué par mes documents et ma participation à la réalisation de l’épisode ‘’The Red Hand Flag’’ , saison 6. Il s’agit d’une enquête sur le drapeau de ‘’la main Rouge ‘’. Mon arrière grand père, le général de Division Mariano Goybet (1861-1943) dont il est question dans ce film est issu d’une vieille famille Savoyarde alliée à la meilleure noblesse locale. Les Goybet descendent de louis VIII. Sa grand-mère Louise de Montgolfier était la petite nièce des inventeurs. Il dirigea pendant la première guerre mondiale une division , la 157 ème , composée de trois régiments, un français le 333ième R.I.. et deux Régiments Africains Américains 371ème et 372ème (Elle incluait les troupes de gardes nationaux de Washington D.C.) de 1917 à 1918. Il parvint avec ses troupes à briser le front ennemi en Champagne. La 157ième division fut le corps le plus décoré des huit unités Africaines Américaines engagées dans la première guerre mondiale et fut récompensé de la croix de guerre Française. Le film documentaire sera diffusé à partir du 7 juillet 2008 aux Etats-Unis.


Lien vers le Red Hand Flag tiré de la série History Detectives de PBS.

http://www.pbs.org/opb/historydetectives/investigations/602_redhandflag.html


LE DRAPEAU DE LA MAIN ROUGE



Le drapeau de la main rouge en coton , The Red Hand Flag , est composé de trois bandes . Rouge, blanc, Rouge. Sur la bande blanche est représenté une main Rouge de feutre cousue au centre. Sur le coin gauche il y a un petit drapeau américain. Les deux bandes rouges symbolisent les deux régiments Africains Américains. La bande blanche signifie le régiment de Français et la main rouge est l’insigne de division.



ANNE CLARKSON ET LE DRAPEAU


Madame Anne Clarkson, qui détient ce drapeau en Caroline du Sud, Vétérante de la tempête du désert et qui fut stationnée à Camp Jakson, là ou furent rassemblé les troupes Africaines Americaines du 371ième R.I. originaires de Caroline du Sud en 1917 , intéressée par tout ce qui concerne les troupes africaines américaines pendant la première guerre mondiale, ayant elle-même un grand oncle ayant servi dans le 369ième régiment WWI et un autre dans les ‘Red Ball Express’ (convoyage routier qui accompagnait la perçée des alliés en 1944 ) , demanda à History Detectives en 2007 de mener l’enquête sur l’authenticité de ce drapeau.


Elle avait étudié l’histoire du 371ième régiment et d’un de ses plus fameux soldat , Freddie Stowers. En 1988, plusieurs membres du Congrès commencèrent une campagne sur la conduite des soldats noirs de la première guerre mondiale qui n’avaient pas été correctement reconnus, c’est ainsi que Freddie Stower reçut la médaille d’honneur en 1991 sur l’instigation du Congrès et après enquête en France pour avoir agi avec un exceptionnel héroisme le 28 Septembre 1918, bien que caporal, en officier commandant une unité qui avait été décimée par les Allemands. Les Allemands tenaient une forte position sur une colline , cote 188, près d’Ardeuil en Champagne secteur de la Marne, et par ruse les Allemands avaient feint de se rendre . Les Allemands ouvrirent alors le feu et la compagnie fut réduite de moitié , perdit ses officiers commandants et ses principaux sous officiers. Stower réunit les troupes, pris en charge le commandement de la compagnie. Il mena celle-ci à l’assaut de nids de mitrailleuses et de mortiers et quand il fut mortellement blessé, il continua à encourager son unité à prendre une seconde ligne de tranchée. Il fut le premier soldat noir de la première guerre Mondiale à avoir obtenu la médaille d’honneur du Congrès. Le 24 Avril 1991. Les sœurs survivantes de Freddie Stowers, Georgina et Mary reçurent pour celui çi la médaille d’honneur du Président Georges H.W. Bush à la Maison Blanche.



NOVEMBRE 2007 : PREMIER CONTACT


Je fus contacté par Madame Lindsay Carswell une des coproductrice de la série, étant l’arrière petit fils du Général Goybet . J’avais la chance d’aller à New York quand le tournage commença et donc j’ai pu collaborer à cet épisode qui sera diffusé à partir du 7 Juillet 2008. J’ai notamment apporté des documents décisifs dans la résolution du Mystère et évoqué la conduite admirable des troupes Africaines Américaines. . Le show s’est transporté également début 2008 à la salle du souvenir de Caroline du sud et au musée militaire à Colombia . Anne Clarkson résidente de Battesburg-leesvile, détentrice du drapeau y fut interviewée. L’émission fait aussi d’autres connexions avec des interviews de Sarah Wooston, conservateur de la salle du souvenir en Caroline du Sud et du musée militaire et un résident d’Orengeburg , Russel Wolfe cousin en second de Benjamin Francis Simmons qui était un chef de bataillon du 371ième régiment..

Je suis donc contacté par un mail en Anglais de Madame Lindsay Carswell le 6 Novembre 2007. Voici ce qu’elle m’écrit :


Cher Monsieur Goybet j’ai trouvé votre Email sur un site Web parlant de la 157ème Division de l’armée Française durant la première guerre mondiale , avec laquelle les 371ème et 372ème régiments d’Infanterie U.S. ont combattu. En particulier j’essaye d’identifier un drapeau . Je suis portée à croire qu’il existe plus d’une version du drapeau de la 157ème Division qui pourrait expliquer le drapeau rouge et blanc , plutôt que bleu , blanc et rouge .

Je me demande si vous avez jamais vu quelque chose comme ce drapeau . Trouvez attaché une copie du drapeau . Merci pour votre aide

Sincerement

Lindsay

Lindsay Carswell Associate Producteur History Detectives (PBS) Lion Television 304 Hudson Street SUITE 505 New York NY 10013


Le drapeau attaché porte sur le coin en haut à gauche un rectangle représentant le drapeau Américain. Une date 1918, une bande rouge une bande blanche et une bande rouge . Au centre de la bande blanche une main rouge . Sous la main rouge le chiffre 157 .


Ce mail suscite un intérêt mêlé d’une certaine excitation. Je consulte sur le champ la copie numérisée du livre de famille de Mariano Goybet. Un superbe livre avec couverture en cuir. 200 pages parchemin avec de nombreuses enluminures (or , argent et autres matières nobles), écrit par Mariano Goybet de 1898 à 1931 . Je vérifie a coté du texte parlant des troupes Américaines qu’il avait sous son commandement que le drapeau de la 157ème Division est bien représenté et qu’il porte les mêmes caractéristiques que celui que l’on me présente. Je me dis que cette femme a du trouver mon mail sur le site de 800 pages que j’ai conçu sur la famille Goybet appelé famille du Chevalier Henri Goybet et qui parle de la Red Hand Division . 157ème Division composée de 3 régiments dont 2 noirs Américains commandés par mon arrière grand père le Général Mariano Goybet entre 1917 et 1918.


Mail d' Henri Goybet du 14 Novembre 2007 :


Chère madame Carswell,

mon arrière grand père appelait la 157ème Division ‘ La Division main rouge’ et il parlait aussi de la ‘main ensanglantée’. J’ai un drapeau sur le livre de famille écrit par lui de 1898 à 1931. Je vous donne l’adresse de mon site web . Vous trouverez beaucoup de choses à propos de mon arrière Grand père qui a notamment effectué la prise de Damas après Lawrence d’Arabie à Damas en 1920.

Je suppose que vous travaillez sur un projet télévision à propos de la 157ème Division. Je pense que de plus en plus de personnes seront intéressées par cette période, dans les prochaines années (1914-2014), pour renouer avec les racines de la liberté. J’espère que mon site vous intéressera . Je serai dans votre pays dans quelques jours . Deux fois à New York.

Sincèrement votre Henri Goybet


Mail de Lindsay le même jour :


Monsieur Goybet,

Merci pour votre réponse , c’est magnifique d’apprendre que le dessin du drapeau de la main rouge venait du livre de votre arrière Grand Père et qu’il avait été dessiné par lui.


Vous avez raison de croire que nous travaillons sur un projet de Télévision . Le show est actuellement en train de faire des investigations à propos du drapeau de la main rouge et donc aussi à propos des 371ème et 372ème régiments et la 157ème Division . Je pense que c’est un très importante période de l’histoire que peu de gens connaissent .


Vous dites que vous venez aux Etats-Unis bientôt en incluant New York .Je me demande s’il serait possible que vous apportiez le livre de votre arrière Grand Père et si vous êtes disposé à être interviewé à propos de votre arrière Grand père pour notre Film Documentaire.


Mes meilleurs sentiments

Lindsay


A la lecture du mail de Lindsay , je suis à la fois très excité de participer au film documentaire sur les troupes de mon arrière Grand père 90 ans après et à 7000 miles de distance du théâtre des opérations. Cela prouve une fois de plus que les Américains n’oublient pas le Général Goybet.



LES ETATS UNIS : LES FINGER LAKE


Je suis reçu comme chaque année chez une amie Proviseur et professeur de Français et d’Espagnol.

J’aime venir l’hiver là bas . La région est située à mi chemin entre New York et La frontière avec le Canada.. Le secteur de Binghamton est une aire de 300 000 habitants située à la jonction des rivières Susquehanna et Chenango ou l’on trouvait la présence indienne . C’est une région de collines et de lacs . Endwell, là ou je réside est situé au bout des Finger lake , ces lacs qui se sont formés après la fonte des glaces et qui ont une profondeur et une pureté exceptionnelle. Je suis dans une villa au bord d’une grande zone boisée.

La région connut un essor extraordinaire par l’arrivée de la première compagnie de cigares en 1870 . Une autre industrie celle de la chaussure emploiera jusqu'à 20 000 personnes. Enfin il ne faut pas oublier la fondation en 1889 de la Bundy Time Recorder Compagnie qui s’est fusionnée avec d’autres petites compagnies et qui a donné naissance au Géant IBM qui emploie 250 000 personnes à travers le monde.


Les flux migratoires ont apporté une grande variété de population. : Italiens, Irlandais, Allemands, Anglais , Africains américains, beaucoup de personnes de l’Est Européen dont les Polonais et les Russes.. On y trouve quelques Français Canadiens. Un Melting Pot de communautés , riches culturellement, fédérées avec fierté tout sous la bannière étoilée. Il est fréquent de trouver un drapeau Américain au fronton des villas.


Le climat est rude l’hiver avec des températures oscillant généralement entre -20 et le point de congélation. L’influence des grands lacs plus au Nord entraîne beaucoup d’humidité et donc il est fréquent de trouver un pied de neige voire plus.

Dès que l’on sort de l’aire urbaine, s’étalent jusqu’à l’horizon de grandes étendues sauvages. Il n’est pas rare de croiser des cerfs sur les routes ou même de voir un grand rapace.

C’est dans ces collines sauvages à une vingtaine de miles, près de Wyalusing au bord de la Susquehanna river qu’en 1793, fuyant la révolution Française, un camp de Royalistes Français fut établi . Il était envisagé que Marie Antoinette y trouve asile .


Quand je suis dans cette région , qui jouxte le Canada et dont le climat est sensiblement le même, je pense souvent à mon plusieurs fois arrière grand oncle Etienne Montgolfier , oncle des célèbres inventeurs de la Montgolfière (la famille Goybet descend de leur père et du grand père d’Etienne) .

Etienne Montgolfier injustement moins connu que ses célèbres neveux était supérieur de St Sulpice au Canada et par là même Seigneur de l’île de Montréal . Il arrive au Canada en 1751 et décède en 1791. En 1760 les français capitulaient devant les anglais ce qui rendit le mandat de Montgolfier très difficile .Ensuite il y eut l’invasion des Américains poursuivant l’élan de la guerre d’indépendance entre 1775 et 1776 repoussée par les Anglais .

Montgolfier durant toute cette période troublée a revendiqué la liberté religieuse , l’amour de la France et de sa culture.

Je n’oublie pas , qu’au-delà des Grands Lacs, dont nous subissons la versatilité météorologique, à Montréal , mon grand oncle veille avec son église notre Dame du Bon Secours incendièe et reconstruite par ses soins au cœur de la ville.



LIVRE DE FAMILLE DE MARIANO



Parmi les documents majeurs que j’ai fourni, il y a la copie Cd Rom du livre à enluminures de mon arrière Grand père de 200 pages écrit de 1898 à 1931 ou est représenté son fanion de Division et ou il parle de ses troupes Africaines Américaines . Ce livre est une pure merveille Voici le texte que j’ai lu en Français et en Anglais:


« Le général Mariano Goybet reçut en Mai un télégramme du G.Q.G. l’appelant au commandement de la 157ème décimée près du chemin des dames . L’infanterie de la 157ème fut reconstituée avec le 333ème R.I. et les 371ème et 372ème Régiments Américains Noirs Division Main rouge –Red Hand ! ) »

« La division alla occuper le secteur Foret d’ Argonne-Vauquois –cote 304, jusqu’au moment (Septembre) où elle fut appelée à participer , avec la IVème Armée , à l’offensive générale en Champagne . Le Général Goybet par de violentes attaques rompait le front ennemi devant Monthois, faisant de nombreux prisonniers et s’emparant d’un matériel considérable . La 157ème alla ensuite occuper les Vosges devant Saintes-Marie aux Mines . »


« Après l’armistice et la dissolution de la 157ème D.I., le Général Goybet fut choisi par le Général Hirchshauer Gouverneur Militaire de Strasbourg comme général Adjoint commandant la place. »’

« Pendant la guerre il avait reçu 2 blessures , 4 citations à l’ordre de l’Armée, la rosette d’Officier de la Légion d’Honneur et une proposition pour commandeur , l’ordre du Bain des Anglais, la Distinguished Service Medal des Américains ; la croix de Commandeur de l’Aigle Blanc avec Glaives lui fut remise à Strasbourg, par le roi de Yougoslavie . »’



CORRESPONDANCE DE PERRY MILES


J’ai aussi lu la correspondance du Général Perry Miles alors Colonel dirigeant le 371ème régiment destinée à mon arrière Grand père parlant du fanion confié à son régiment et de son valeureux chef le général Mariano Goybet. Lettre du 13 Novembre 1933 qui nous permet de voir ce que ce drapeau est devenu après la guerre.


« ’Naturellement nous avons pensé à vous et parlé de vous de nombreuses fois au cours de notre dîner Annuel. Nous avons eu notre programme signé par tout ceux qui étaient présents . Le voici . »’


« ’Il est décoré avec la reproduction de votre fanion de division que vous nous avez si gracieusement offert . Ils étaient très fiers de la main rouge et demeurent fiers de leur service dans la 157ème Division Française et de leur chef distingué ‘Notre général. »

« ’Cette année quelques uns de nos officiers ont voyagé plus de 700 miles pour atteindre Washington et assister à notre réunion. » « Avec les meilleures félicitations et appréciations de votre amitié et de la manière dont vous nous avez commandé . »’

« Je suis votre ami et admirateur . »

Perry Miles.


Je numérise la lettre , le programme et la reproduction du fanion joints ainsi que les signatures des combattants et l’envoie à Lindsay Luray Associate Producer avec la copie du livre de famille.

Il est évident que cette une lettre essentielle pour résoudre le mystère de l’appartenance et du devenir du Fanion. De plus quel symbole avec les signatures des soldats sur le programme .


Voici sa réponse datée du 5 Decembre 2007

« Tout ceci semble extraordinaire spécialement les pages écrites par le Général Goybet lui-même , si élaborées ! aussi bien que la lettre de Perry Miles . »

« ’Un grand merci . »’



RAPPORT DE RECHERCHE DE Jim BALL ET Richard FORD



Sujet :Drapeau militaire non identifié . Connexion possible avec le 371ème Régiment D’Infanterie U.S.


Suit une description du drapeau. Puis il nous est dit que le propriétaire actuel du drapeau est madame Anne Clarkson . Elle a acheté celui–ci sur le site d’enchères E Bay . Suit une description de l’organisation des troupes de la 157ème Division avec les deux régiments de couleur. (371ème et 372ème) ainsi que différentes investigations et théories sur le drapeau.

On nous indique que Richard Ford et Jim Ball ont été contactés en Octobre 2007 par Lindsay Carswell de Lion Télévision demandant leur aide pour identifier le drapeau soumis par Madame Clarkson et qui sera l’objet d’un épisode du programme de télévision de History Detectives.


Extraits de la théorie sur le Red Hand flag

« Le 2 Juillet 1918 le Général Mariano Goybet commandant la 157ème Division émis l’Ordre Général N° 1630/3 .Cet ordre dit que l’empreinte de la main rouge ensanglantée a été approuvée comme l’emblème officiel de la Division. L’Ordre spécifie plus loin que la main ensanglantée doit être exposée sur tous les drapeaux de la Division. ……… »’

« ’L’emblème de la Red Hand était aussi porté comme insigne sur les manches d’épaule des soldats des 371 et 372ème régiments . »’

« ’Peut-être la pièce la plus convaincante en support de notre identification suggérée provient du Chevalier Henri Goybet, l’arrière petit fils du Général Goybet et conservateur des archives de famille . Durant la période de 1898 à 1931 le Général , en artiste accompli, a réalisé un livre enluminé à la main sur l’histoire de la famille Goybet. Dans ce livre le Général inclut une enluminure presque identique au fanion étudié. La seule différence est que le fanion dans le livre a le numéro 157 localisé sous la main rouge. Notre opinion est que le drapeau décrit n’est autre que le fanion de Division du Général Mariano Goybet, commandant de la 157ème Division. . »

Jim BALL et Richard Ford




MARIANO ETAIT FIER DE SES TROUPES




Je lus beaucoup de documents sur Mariano. Goybet et notamment le livre de Emmet .J. SCOTT the American negro in the World war 1929 dédicaçé à mon arrière Grand père et Negro Combat Troops in the World War by Chester D. Heywood 1928 ainsi que les documents et citations que je détenais de Mariano et d’autres recherches sur la famille et Mariano que j’avais au préalable effectué. J’en sorti un document de 23 pages en Anglais que j’envoyais à la productrice Lindsay Carswell traitant de ma famille, de Mariano et de ses troupes. Durant l’interview je lus des passages en Anglais des citations adressées par Mariano à ses troupes . Mon objectif pour montrer que Mariano reconnaissait la valeur de ses soldats était rempli.

Voici un extrait de l’ordre general n°234 du 8 Octobre 1918.


‘’Je veus vous dire comme votre chef et comme du fond de mon cœur combien je suis reconnaissant pour toute la gloire que vous avez acquis pour notre splendide 157ème Division .

Durant ces 9 jours de bataille vous avez fait une percée de 8 kilomètres à travers une organisation ennemie puissante, capturé plus de 600 prisonniers, pris 15 canons, 20 mortiers d’infanterie , des munitions d’artillerie et abattu par fusils, trois avions .

La main rouge de cette division est maintenant en réalité une main ensanglantée . J’ai saisi les boches à la gorge et je les ai fait crier pour demander grâce .Nos glorieux camarades sont bien vengés.’’

Général Goybet



Citation émise par le général Goybet

157 th Division Etat major Ordre général n°245

« Le 12 décembre 1918, le 371 et 372 RI ont été placés à la disposition du haut commandement américain » « Avec un profond sentiment d'émotion de la part de la 157ème Division et en mon nom personnel, je viens faire mes adieux à nos braves camarades. Durant 7 mois, nous avons vécu comme des frères d'armes, S'associant dans les mêmes actions, partageant les mêmes épreuves et les mêmes dangers. Cote à cote, nous avons participé dans la grande bataille de Champagne qui a été couronnée par une formidable victoire. » « La 157ème Division n'oubliera jamais l'indomptable énergie, la charge héroïque des régiments Américains sur la crête d'observation et dans les plaines de Monthois. Les défenses les plus puissantes, les bastions les plus fortement organisés, les barrages d'artillerie les plus lourds, rien ne pouvait les stopper. Ces régiments extraordinaires surmontèrent tous les obstacles avec le plus grand complet mépris du danger, avec leur dévouement permanent. La division "main rouge" pendant 9 jours de combat violent fut constamment un modèle d'exception pour l'avance victorieuse de la 4e Armée. »

« Officiers, sous officiers, et soldats, je salue respectueusement nos soldats qui sont tombés, et je salue vos couleurs, cote à cote avec le drapeau du 333 Régiment d'Infanterie, ils nous ont montré le chemin de la victoire. Chers amis d'Amérique, quand vous serez de retour de l'autre coté de l'océan, n'oubliez pas la division "main rouge". Notre fraternité a été cimentée dans le sang des braves et un tel lien ne sera jamais détruit." "Souvenez vous de votre Général qui est fier de vous avoir commandé et soyez sur de sa reconnaissance éternelle. »

Général Goybet Commandant la 157 eme DIVISION traduit par henri Goybet du livre de Emmet .J. SCOTT the American negro in the World war 1929.



EVOCATION DE LA PRISE DE DAMAS EN 1920.



Evocation de Mariano avec un autre fait historique. C’est la suite de Lawrence d’Arabie et son rève brisé d’une Syrie gouvernée par les arabes.

« Nous avons je crois changé le cours de l’histoire au proche Orient. Je me demande comment les grandes puissances laisseront les arabes faire leur chemin’ T. E. lAWRENCE 14 Octobre 1918. »

La conférence de San Remo en Avril 1920 confirmant les accords Sykes-Picot donne à la France les mandats sur le Liban et la syrie. Après le dur combat de Khan Meiseloun ou le ministre de la guerre Asmy Bey trouve la mort le 24 Juillet 1920 et la défaite de l’émir Faycal , les troupes Françaises entrent à Damas le lendemain sous le commandement du général Goybet.



LE BUT D’HISTORY DETECTIVES


Le but d’History Detective est de relier un objet avec l’histoire avec un grand H. History Detective reçoit 3000 soumissions d’objets par an par le biais des télespectateurs. Seuls 27 sont choisis par an pour leur haute portée symbolique et leur intérêt historique.


Pour cet épisode Lindsay Carswell Associate Producer m’écrit « c’est une histoire tellement merveilleuse et importante »’ (.Mail du 14.12.2007)


OVERVIEW

History Detectives est consacré à l’exploration de la complexité des mystères historiques., recherchant les faits, mythes et les énigmes qui connectent les cultures populaires locales , les légendes familiales, et les objets intéressants. Les techniques d’investigation traditionnelle, les technologies modernes et beaucoup de recueil d’information sont les instruments que l’équipe des experts d’History Detectives utilise pour donner de nouveaux et parfois stupéfiant éclairages dans notre histoire nationale. Les personnes du programme sont constituées par un quartet très dynamique d’experts renommés dans le monde des investigations historiques.

Leur expertise couvre les domaines de l’architecture , la culture populaire, la sociologie , l’archéologie, les objets rares et la généalogie.

Les hôtes du programme parcourent des centaines de miles chaque saison traversant le pays pour investiguer les mystères dans notre passé.


Ayant juste achevé sa cinquième saison, History Detectives peut s’enorgueillir d’une audience loyale et dévouée qui contribue à plus de 75% des investigations dans les histoires.


L’EQUIPE

Pour être reconnu comme History Detective , une personne a besoin d’un savoir faire éprouvé sur le terrain, d’intuition et de logique, une consécration la vie durant au sujet et par-dessus tout une exceptionnelle ouverture d’esprit..



L’équipe se compose de :

- Wes Cowan , commissaire priseur, expert.


C’est un explorateur passionné de la grande panoplie de l’histoire américaine. Spécialité : Culture américaine, objects, œuvres des américains indigènes.


-Gwen Wright : Professeur d’architecture, auteur, conseiller en Architecture

Elle s’occupe des mystères avec une pensée innovante et une curiosité enthousiaste et aiguisée. Spécialisée dans l’histoire de l’architecture et la culture américaine.

- Tukufu Zuberi : Professeur de sociologie , auteur.

Observateur pointu et enthousiaste des forces culturelles et sociales qui entourent un mystère. Spécialisé dans l’histoire africaine-américaine et de la société américaine.

- Elyse Luray expert , historien d’art. Capable de charmer quiconque pour révéler les indices et partager les secrets. Spécialité Histoire de la culture américaine et les objets de collection.


« Les grandes découvertes existent toujours dans ce monde .On peut toujours espérer qu’une découverte révèlera quelque chose de formidable. »


La première fois qu’Elyse Luray fut captivée par un sujet historique , c’était en étudiant l’architecture dans le quartier français de la Nouvelle Orléans. Elle fut fasciné par une de ces merveilleuses vieilles maisons et consacra vite tout son temps en recherchant l’architecture des maisons, les propriétaires antérieurs, et même l’ameublement.

Ses recherches intensives en art et architecture finalement amenèrent Elyse à la salle de vente aux enchères de Christie’s .

Considéré comme l’un de ses meilleurs experts , elle fut autorisée à rechercher l’authenticité de quelques objets extraordinaires incluant les pantoufles de Rubis de Judy Garland.

Quand Elyse parle de ses recherches c’est aisé de voir qu’elle n’a pas perdu son enthousiasme plein de vigueur pour explorer le passé.

« Quiconque aimant l’histoire et les recherches peut devenir un détective . Pour devenir un détective couronné de succès vous devez raisonner, disséquer et conclure. »

« Vous devez aussi être capable de dire si quelque chose est valable à rechercher. Quand vous décidez de faire des recherches c’est important de savoir ou regarder et qui appeler pour aider à répondre à vos questions. »

« Le plus important , ne jamais renoncer ! Vous êtes obligé de briser les murs de brique, mais il y a toujours une réponse quelque part. »



INVESTIGATIONS TECHNIQUES


Pour résoudre les Mystères , History Detectives fait appel à son équipe d’experts . Voici une partie de leurs techniques utilisées.

Estimation, balistique,analyses ADN , l’examen des documents, la recherche d’experts, l’anthropologie judiciaire (science de la mort), les analyses géologiques, les recherches historiques, l’analyse des papiers, la recherche de brevets, la recherche de propriété, l’analyse textile, le datage du bois, datage et authenticité des armes.


Sources : Site consacré à PBS www.pbs.org/opb/historydetectives


PBS’HISTORY DETECTIVE

Tiré du site http:/collectibles.about.com. Auteur Barbara Crews


From PBS :

« History Detectives est le seul show sur la télévision américaine qui sollicite les soumissions directement des téléspectateurs’’ dit David Davis producteur exécutif avec Oregon Public Television . ‘’ L’interaction que nous avons avec nos téléspectateurs est la clef de la popularité de la série. Il y a un excellent retour , si nous pensons que l’ objet d’un spectateur mérite notre intérêt, ils obtiennent une minutieuse expertise de leurs objets par une équipe de professionnels et il y a en plus le bonus de passer à la télévision nationale. »


La série History Detectives est une coproduction de Lion Television et de Oregon Public Broadcasting.


Depuis 2004 la série a reçu plus de 14 000 soumissions (une moyenne de 3500 par an) de l’engouement des spectateurs de PBS pour avoir leurs découvertes historiques expertisées par l’équipe des cracks de History Detectives . Si un objet proposé est considéré comme digne d’intérêt pour un examen, les producteurs mobilisent les détectives ainsi que d’autres experts qui vont travailler à l’investigation de l’authenticité des pièces et de leur valeur.


Un segment de 20 minutes est ensuite construit autour de l’histoire de l’article, l’origine et la signification culturelle. Chaque épisode de la série présente trois différents segments dans lequel les mystères de la provenance, l’authenticité et la valeur d’un objet sont résolus. Un total de 27 nouvelles investigations est conduit chaque année.


‘’La chose la plus importante que nous regardons dans les propositions envoyés par notre audience de PBS c’est une histoire qui a une signification historique’’ dit Tony Tackaberry producteur exécutif pour Lion TV. ‘’Nous recherchons des objets qui feront de la bonne télévision et qui peuvent nous diriger dans des moments réellement importants dans l’histoire Américaine.’’


History Detectives voyage d’Etat en Etat, examinant les objets potentiellement extraordinaires trouvé chaque jours dans les foyers américains, aussi bien dans les grandes villes que dans les petites . L’équipe a été aussi loin que l’Alaska et visite souvent les nombreuses archives et bibliothèques de Washington DC et de New York.


‘’La majorité des objets examinés sur History Detectives provient des collections de famille , des greniers et des caves, des acquisitions faites dans les marchés, les dépôts vente. Nous essayons d’équilibrer divertissement populaire et découvertes historiques significatives qui ont une portée universelle,’’dit Kevin Mcloughlin, principal directeur de production pour lion TV. ‘’Par exemple , nous pouvons faire une recherche sur une Harley Davidson aussi bien que sur une photo de la guerre civile dans le même show.’’


‘’Combinant les éléments de participation de notre populaire Antique Road Show series avec l’argumentation scientifique d’une investigation TV type CSI., History Detectives est une combinaison de deux genres télévisuels qui ont trouvé une audience dévouée et croissante sur PBS, ‘’dit john Wilson Vice président et chef exécutif des programmes pour PBS . ‘’Maintenant avec la saison 5 nous approfondissons plus profondément dans les mystères de l’histoire qui peuvent seulement être résolus par une combinaison d’investigations scientifiques et un travail classique de détective. ‘’


NEW YORK TIME ET HISTORY DETECTIVE


Extraits de l’article du 25 Juin 2007 du New York Time consacré à History Detectives.

Monsieur Cowan qui a une salle de vente aux enchères à Cincinatti est parmi l’une des 4 personnes à se faire appeler Détective dans la série PBS ‘’History Detectives ‘’qui commence sa cinquième saison cette nuit.

‘’J’appelle histoire avec un grand H , l’histoire que nous apprenons à l’école avec les guerres et les dates ‘’ dit il..‘’Cela fait écarquiller les yeux ,mais il y a une autre histoire avec un petit h. qui rend les personnes très excitées. Les gens veulent savoir ou leur grand père combattit durant la guerre civile ou la deuxième guerre mondiale.Ils ont une boite de lettres ou un uniforme connecté avec quelque évènement important. Cela ne me dérange pas qui vous êtes .Chaque famille a une histoire qui les connecte à une histoire avec un grand H.’’

Depuis 2003 ‘’History Detectives ’’, un programme d’une heure, qui est quelque chose entre ‘CSI’ et ‘Antique Road Show’ , a nourri un appétit pour l’histoire . La direction de PBS dit que c’est devenu un de leurs programmes les plus populaires , captant une audience qui s’étend de l’école élémentaire aux transporteurs routiers.

‘’C’est définitivement un show dans notre top 10 et le second show d’histoire derrière ‘Expérience Américaine’ ‘’ dit John F. Wilson, Vice président et directeur de programme à PBS. . ‘’Malgré le fait que c’est une série d’été, les professeurs réellement l’apprécient parce que cela montre comment l’histoire est découverte et transmise. ‘’

Tony Tackaberry le Vice Président Exécutif de Lion TV qui coproduit le show avec Oregon Public Broadcasting, dit que les équipes de mise au point indiquaient que l’audience adore regarder le processus.’’


‘’Cela soulève le rideau sur le monde du milieu universitaire et des endroits comme Christie’s et Sotheby’s que vous voyez rarement. ‘’ dit il . ‘’ La découverte des indices , la trouvaille des conclusions réellement détermine le show comme à part. ‘’


La plupart des requêtes de programme proviennent de spectateurs recherchant des informations à propos d’enregistrements , peintures, livres, vieux films et d’autres choses qu’ils trouvent dans les greniers et les marchés aux puces, parmi d’autres places . La collection d’objets qui ont été recherchés au fil des ans – Fusil à chien du 18ème , un portrait de George Washington, une boite en bois destinée à transporter une mesure d’opium- pourrait remplir un vrai musée éclectique. Pas moins de 14000 questions à propos des mystères que les gens veulent résoudre, sont venues depuis que le show a commencé. Les objets qui posent un mystère durant la nouvelle saison inclut une inscription aluminium avec les mots ‘Amo’s & Andy’ écrit à la main sur l’étiquette, une dactylographie qui a pu appartenir au journaliste Ernie Pyle et une lettre qui semble signée par Abraham Lincoln.


La plupart des objets fournissent une fenêtre dans des plus larges thèmes : Guerre, les relations entre les races, le suffrage des femmes. Cette nuit par exemple, le professeur Wright a la chance de localiser l’illustrateur de ce qui apparaît être une peinture à l’eau avec les mots ‘’ Programme officiel du défilé du suffrage des femmes Washington D.C. 3 Mars 1913.’’ Son investigation l’emmène à Cambridge, Mass et Washington pour apprendre plus sur le rôle que la marche de 1913 avait dans la défense du droit de vote des femmes.


Le programme est un challenge pour les experts et les diplômés d’université qui sont plus accoutumés aux salles de classes qu’aux feux des projecteurs de la télévision.


‘’ Il y a six ans si vous m’aviez dit que je serai à la télévision faisant ce genre de show , j’aurai ri .’’ dit le professeur Zuberi. ‘’Mais j’aime cela. Nous prenons des gens ordinaires et nous les plaçons exactement au milieu de l’histoire , laquelle est quelque chose de très fort et important .’’

‘’ Par exemple un homme en Maryland avait une lettre de son oncle disant qu’il avait fabriqué le moteur pour l’avion dans lequel Lindberg avait fait son vol historique. Personne ne pouvait l’ oublier. Cela renvoyait au fait que leur oncle avait fait le moteur. En ce temps là , une personne construisait un moteur entier. Ses neveux , la quarantaine versèrent des larmes sur la télévision Nationale.’’



NEW YORK LIEU DU TOURNAGE



New York , j’y suis venu la première fois en Décembre 2000 . Une ville cosmopolite et bigarrée , un vrai melting pot ethnique et culturel . Ces rues sont grouillantes de vie, sillonnées des fameux taxi jaunes (Yellow Cab), de grosses voitures américaines et de limousines.


Je suis monté au top du World Trade Center. Un endroit magique ou la vue s’étendait sur toute la ville et surplombait les gratte ciels de Manhattan ou se dressait fièrement l’Empire State Building , ce vieux monsieur resté très digne des années 30 . La Statue de la liberté était dans un écrin argenté au milieu de la baie .

New York se remet doucement de ses blessures et en lieu et place du building martyr sera construite la Freedom Tower en hommage aux victimes. Projet de mémoire mais aussi projet ambitieux et dynamique à l’image d’une ville qui tient à se relever.


J’aime prendre le Ferry pour Staten Island . En S’éloignant on voit toute la Presqu’ile de Manhattan, le pont de Brooklin sur l’East River, la Statue de la Liberté et Ellis Island ou tant de candidats à l’immigration ont transité , point de contrôle obligatoire pour le nouveau monde et symbole vivant du flux migratoire aux Etats-Unis. On y sent pendant la traversée cette forte odeur iodée de l’océan .

J’aime assister à des shows à Broadway et me balader dans les quartiers . Le ‘Borough’ que j’affectionne le plus est Chinatown. Cette communauté asiatique au cœur de Manhattan vit dans des maisons de quelques étages seulement . A Canal Street vous longez toutes sortes de commerces bien achalandés : Etal de poissonniers, marchands de légumes et de vêtements , bijouteries . Vous y rencontrez même un Mac Donald avec son enseigne chinoise ainsi que des maisons en forme de pagode, des lieux de cultes bouddhistes et fait remarquable, une église catholique chinoise avec une Vierge Marie aux traits asiatiques. Je mange chez Wong , une sorte de cantine Chinoise ou l’on déguste de très bonnes soupes de canard et ou l’on voit d’ailleurs les fameux volatiles dorés à point et pendus à un crochet. Ce type de quartier brasse une variété ethnique et culturelle comme je pense peu d’endroits au monde peuvent se comparer . Il faut songer qu’à New York plus d’un habitant sur deux n’est pas né dans la ville ce qui en fait sa richesse socio culturelle et sa constante vitalité .



LE SEVEN ARMORY REGIMENT : LIEU DU TOURNAGE (15/12/2007)



Localisé au cœur de Manhattan entre les 66th et 67th Streets, l’arsenal du septième régiment d’inspiration médiévale avec ses magnifiques salles de réception et de compagnies, a été décrit par les leaders du mouvement esthétique américain comme la plus importante collection d’intérieur du 19ème siècle à demeurer intact en un seul bâtiment .


Il a été construit de 1877 à 1881 pour le prestigieux septième régiment . Il a une glorieuse histoire .Ce fut la première milice à répondre à l’appel du Président Lincoln pour des volontaires en 1861 et le nom des gardes nationaux a débuté avec ce régiment .

Les sociétés les plus remarquables de New York y ont travaillé pour fournir les intérieurs richement décorés. Des artistes comme Louis Comfort, Tiffany , Stanford White, Candace Wheeler , Jasper Cropsey et d’autres ont collaboré à créer les intérieurs éblouissants.


La salle de réception du Colonel ou eu lieu le tournage fut conçue par Herther Brothers dans le style néo renaissance avec des touches néo coloniales . Pour le boisage de cette salle le noyer noir français fut utilisé . Un portrait de George Washington peint par Rembrant Peale fait face à un autre portrait du Colonel Lafayette présenté par le gouvernement français .

Ce texte est tiré du site The seventh Regiment Armory Conservancy 2006.


Le septième régiment à Manhattan qui occupait le Seventh Régiment Armory est le descendant de la première organisation militaire à utiliser le terme de gardes nationaux .



New York city le 14 juillet 1825.

Le second bataillon , second régiment d’artillerie de l’Etat de New York accueille le héros de la révolution Américaine , le Marquis de Lafayette qui a amené la France dans le conflit de cette nouvelle nation contre les britanniques pour qu’elle obtienne son indépendance . Pour l’honorer le jour de son départ en France, l’unité adopta le nom de Gardes Nationaux, en souvenir des Gardes Nationaux de Paris que Lafayette avait commandé durant les premiers jours de la révolution Française. Prenant note du nouveau nom de l’unité, Lafayette laissa son carrosse et alla devant la ligne de troupe et serra les mains.

En 1847 le bataillon fut réorganisé comme infanterie et renommé le septième Régiment . Ses crédits de campagne incluent la guerre de 1812 , la guerre civile, la première et la seconde guerre mondiale.


Source : Maj. Paul Fanning, Militia Times Staff published Nov-dec 96 Militia Times.


On se rappellera que Mariano Goybet avait dans sa 157ème Red Hand Division pendant la première Guerre Mondiale les unités de gardes nationaux qui étaient la principale composante du 372ème régiment d’infanterie et qui assuraient la défense de Washington et du Capitole .


N’est ce pas une curieuse pirouette du destin qui fit que l’arrière petit fils du seul français qui dirigea des troupes composées de Gardes Nationaux Américains, soit interviewé à son propos, dans le saint des saint , dans le building du Seventh Regiment Armory , dont le régiment est à l’origine de la toute première unité de Gardes Nationaux. aux Etats Unis . Etre encadré dans cette salle du Colonel, dans ce contexte , par un portrait du père de la nation Georges Washington et du marquis de Lafayette , qui aidèrent à la naissance de cette nouvelle nation , est très émouvant, alors même que mon arrière grand père avec l’aide des troupes américaines et la vaillance de cette mixité de race et nation, a contribué à la libération de la France de l’oppresseur Allemand, tout comme ces deux hommes prestigieux , l’un français, l’autre américain étaient libérateurs du joug britannique . Un beau symbole

Voiçi le discours de célébration pour le 4 Juillet 1918 par Mariano Goybet

Le général Goybet commandant la 157ième Division pris spécialement note du fait que c’était le premier 4 Juillet à être célébré par sa division Franco-Américaine .

"C’est une démonstration remarquable de l’ancienne amitié cimentée dans le sang qui lie ensemble nos deux grandes nations. Les fils des soldats de Lafayette accueillent les fils des soldats de Washington qui sont venu participer à la lutte comme en 1776., dans une nouvelle et plus grande voie d’indépendance. Le même succès qui suivit les glorieuses batailles pour la cause de la liberté est sur de couronner notre commun effort maintenant et d’amener la victoire finale du droit et de la justice sur la barbarie et l’oppression."

Général Goybet commandant la 157ième Division.


NEW YORK SEVEN REGIMENT ARMORY 15/12/2007



Arrivée 11h00 devant le plus grand magasin du monde à Macy’s New York sur la 34ème rue . Le trafic est dense comme d’habitude en cette période de fêtes. On ne peut pas l’ignorer avec un gros mickey devant le magasin qui fait tout un patté de maison de New york et des décorations de noël à profusion . Les enseignes lumineuses électroniques clignotent même en plein jour dans ce quartier. C’est tout près d’ici, que j’ai assisté à un tragique accident un jour de Décembre 2000. Un car venait de faucher sur un passage clouté un groupe de six personnes vers 17h30 à la nuit tombée. La 34ème rue avait été fermée complètement à la circulation et un hélicoptère s’était posé sur le bitume, de nombreux véhicules de secours et de police s’étaient déplaces . Si ce n’était pas tragique, on se serait cru dans un film catastrophe américain. Ce jour là j’ai eu rétrospectivement un grand frisson songeant qu’à 15 minutes près mon destin aurait pu basculer.

Je hèle un taxi jaune (Yellow cab) et je demande au chauffeur Sri Lankais qui parle un anglais affreux de m’emmener au Seventh Regiment Armory situé 643 Park Avenue.


Cette imposante forteresse de briques rose soutenu , en plein cœur de Manhattan et ses tours crénelées avec ses escaliers, sa porte monumentale ornée des armes du 7ème régiment, est très impressionnante.


A la descente du taxi je suis accueilli par Lindsay , une jeune femme rousse . Nous entrons dans le bâtiment . Assis dans un bureau surélevé dressé dans l’entrée , un homme imposant de couleur , en tenue militaire contrôle les entrées. Lindsay lui dit que je fais partie du tournage qui à lieu ce jour dans les locaux.


Ensuite nous déambulons dans un immense corridor orné de lustres anciens et décoré avec des peintures et des cadres de citation à la gloire du septième régiment. Au fond , un vieux canon sur roues qui a pu servir durant la guerre civile et une grande verrière d’où la lumière irradiait à travers une composition florale exubérante. Ce lieu est intimidant .

Lyndsay entrouvre une porte Elle m’explique que c’est la salle ou s’entraînait la septième compagnie . 60 mètres de large sur 90 mètres de long capable de recevoir 1100 personnes.

Lyndsay devant la salle du Colonel me présente le producteur du film , brun la quarantaine et plutôt décontracté. Elle me présente aussi à la charmante History Detective, Elyse Luray , expert et historien d’art. C’est une jeune femme pétillante qui sera la personne qui m’interrogera . Nous pénétrons dans la salle du Colonel.


3 techniciens s’affairent à l’intérieur. On me présente le technicien du son , des lumières et le caméraman. . Des projecteurs sur pied jouxtent de grands panneaux blancs. C’est là que je prend vraiment conscience malgré le coté décontracté de l’importance des heures à venir.


Cette salle de belle proportion avec de jolies boiseries est sous le patronage bienveillant du regard de Washington qui fait face à celui du Marquis de Lafayette.


Au milieu de la pièce un bureau est dressé . On dispose le livre de Chester D.Heywood . Negro troops in the World War que j’ai emmené ainsi que des copies de pages du livre de famille qu’ils ont reproduites et d’autres documents que j’ai apporté. Le fameux fanion est encore enroulé .

Elyse Luray me demande comment je suis connecté avec le Général Goybet. Je lui explique mes liens avec cet homme. Je présente une copie de la page de garde de mon site ‘’Famille du Chevalier Henri Goybet’’ . Ce document est préféré à l’arbre généalogique de Mariano car j’y représente en photo mes ancêtres . Je pointe du doigt sur mon arrière grand père , le général, sur mon grand père, l’amiral et mon père, le chef de bataillon d’infanterie de marine. J’explique que cette lignée a engendré 3 générations consécutives de légion d’honneur. Au centre de cette page figure le blason familial dessiné par Mariano et au bas le portrait de la vierge du Vietnam , une peinture de mon père.

Je décris le livre de famille, œuvre artistique incontestable de mon arrière Grand Père et je montre une copie de la page de garde et lit ce qui y est écrit.


Je présente ensuite au fur à mesure des questions les pages du livre de famille consacrées aux fameuses troupes de la 157ème Division ‘’ Red Hand Division’’ et je les lis d’abord en Français puis en Anglais comme souhaité par le producteur.

Je montre l’enluminure, fanion de division sur une des pages ou figure la main rouge .

Elyse Luray déroule alors le fanion sur le bureau . Quel symbole , que c’est impressionnant de toucher, tenir ce Fanion de mon arrière Grand père, 90 ans après la fin de la première guerre mondiale et en plus de l’autre coté de l’atlantique à New York. Quelle était la probabilité d’une telle occasion . Infime je suppose.

Mes pensées se bousculent . Je pense à mon arrière Grand Père , le Général et cette brave lignée de légionnaires au service de la nation . Je pense à ses deux fils qui sont morts dans ce terrible conflit . Je pense à tous ces soldats Noirs et blancs de peau qui en frères d’armes ont servi ce drapeau pour notre liberté, dont un grand nombre est mort avec bravoure et abnégation ou a été grièvement blessé. L’instant est solennel .


Je montre le livre de Chester D Heywood et sa dédicace à mon arrière grand père . Je lis des passages du livre dont j’avais sélectionné des extraits dans mon essai de 23 pages sur Mariano et ses troupes. Je démontre dans cet essai que les troupes Africaines américaines ont acquis une citoyenneté mondiale par leur sacrifice pour une cause universelle . On voit dans ces extraits tirés principalement des ordres généraux à ses troupes que Mariano avait une grande admiration pour leur conduite à ses cotés.


Au cours des questions d’Elyse Luray, je montre la lettre de Perry Miles (décrite plus haut) devenu Général qui était alors chef du 372ème régiment. Dans cette lettre se trouve une des clefs de l’énigme. Cette lettre est accompagnée de la reproduction du fanion de Division ,d’un programme de dîner annuel et de la signature des anciens combattants présents à ce dîner

Dans ma tête raisonnent les phrases de mon arrière Grand père félicitant ses troupes en 1918.


"Chers amis d’Amérique, quand vous serez de retour de l’autre coté de l’océan n’oubliez pas la ‘’Division Main Rouge’’. "

……………

"Souvenez vous de votre Général qui a été fier de vous avoir commandé."

Non me suis-je dit, tu n’as pas été oublié de l’autre coté de l’Atlantique et nous travaillons en équipe à faire vivre ton souvenir et celui de tes vaillantes troupes.


Nous faisons des reprises. La caméra se ballade avec des angles et des lumières différentes. On me demande de pointer du doigt les lignes que je lis et les documents que je montre.


On me dit que maintenant nous allons tourner en extérieur. On me demande de stationner devant l’imposante porte du Seventh Regiment Armory sur Park Avenue. Je suis chargé d’accueillir Elyse Luray qui va gravir les marches.


Ils placent le Caméraman sur le terre plein central au milieu de Park Avenue . La circulation à cette heure là n’est heureusement pas trop dense. Je tiens à la main le livre de Chester D. Heywood et des documents insérés entre les pages. Après le fameux ‘’Hi’’ , j’ouvre la porte pour laisser entrer Elyse. Nous tournons ensuite à l’intérieur de l’immense Corridor.


Je suis aux cotés d’Elyse qui me donne des explications sur ce lieu prestigieux. Nous entrons dans la salle du Colonel.

C’est fini. Ils sont satisfaits de leurs prises et me le font signifier. Elyse me prend dans ses bras pour me remercier de l’opportunité qu’ils ont eu. Le producteur est aussi satisfait .


Je dois maintenant reprendre un taxi pour mon point de départ à Macy’s sur la 43ème. Il n’est que temps. Il est 16h30 passé. 5 heures de tournage, ce n’est pas rien.


Il est maintenant, 17h40, je m’éloigne de la presqu’ile de Manhattan . La nuit est noire et magique avec en toile de fonds ces immenses flèches scintillantes dressées vers le ciel .



UNE CHAINE INVISIBLE


Je puis enfin me détendre et penser. ‘’Mariano, pour toi et le souvenir de tes troupes héroiques , ‘’I did it ! ‘’. Je pense que Mariano et ses troupes font partie d’une chaîne invisible qui commence à l’abolition de l’esclavage en 1865 et qui se poursuit par Martin Luther King qui se battit contre la ségrégation et aujourd'hui Barack Obama . La guerre de sécession si elle rendit la liberté aux noirs , n’enterra pas pour autant la ségrégation.


les troupes Africaines Américaines, un des maillons de la chaine, se sont battues pour notre liberté et ont acquis une nouvelle citoyenneté par leur bravoure et leur sacrifice et J'en veus pour symbole comme denier maillon actuel , la nomination à l’investiture démocrate de Barack Obama. Que de chemin parcouru pour que les Africains Americains acquièrent une véritable citoyenneté !


MAIL DU 18 DECEMBRE 2007


Je reçois un mail du 18 Décembre 2007 de Lindsay dont voici un extrait.


Cher Henri,

Merci encore pour être venu à New York pour l’interview . Nous savons que cela constituera une merveilleuse partie de notre investigation historique.

All the Best

Lindsay Associate Producer


UNE DECOUVERTE SURPRENANTE


A ce propos comme anecdote, la famille Goybet descend du roi Henri III Plantagenet d’Angleterre mais également de Jeanne D’Artois .C’est une descendante à la septième génération D’Henri Ier d’écosse père de guillaume premier le lion Guillaume Ier le Lion est l’ancètre d’Obama et de Mac Cain. qui partagent la même ligne royale. (Source Telegraph 14.01.2008)



MARIANO GOYBET AND THE RED HAND DIVISION


Ecrit par le Chevalier Henri Goybet le 10-12-2007 en Hommage à Mariano et ses vaillantes troupes Franco Americaines.


AN OLD SAVOYARD FAMILLY


The Goybet family is an old family of Savoie which can be traced back to the fourteenth century They descend from Louis VIII , father of Louis IX, “ St. Louis” and are allied to the best local nobility They were notaries, dealers, mayor, lords of the manor, military and industrial people.

One branch of the family was ennobled. There was a provincial governor in 1753 . He was called Goybet de Lutrin de Grilly. He oversaw the provinces of Chablais and Genevois. The family has a coat of arms: a field of blue with three silver stars at the head and an upturned crescent at the point. Traversing the center is a bar of gold.

Mariano was born in Saragoza, Spain in 1863 and died in Yenne, France in 1943.

He was the son of Pierre Jules Goybet , an industrialist (1823-1912) and Marie Bravais . She was the niece of the physician Auguste Bravais , who studied the composition of crystal.

His grandmother was Louise de Montgolfier, niece of the famous inventors of the hot air balloon. The first flight human flight in the world was made with the Montgolfière at the end of the eighteenth century.

Mariano’s father and uncle brought the fabrication of paper to Spain. He also fabricated steam machinery and was made Chevalier and a member of the superior Council of Industry by the Queen of Spain.



BEFORE THE WAR


Mariano was in the military school of St Cyr in 1884 and afterward attended L’Ecole de Guerre ( the school of war).


He married Marguerite Lespieau, the daughter of his general Theodore Lespieau. (Campaigns of Crimea , Kabyli and Commune .


In 1907 he took command of the 30th Alpine battalion . He was still in command of this battalion when he was promoted to Colonel . He was a good alpinist and skier and he made many treacherous climbs with his troops in the Alps ( Mont Blanc, la Meige).


1914 ALSACE AND VOSGES


At the start of the war he is assigned to the Vosges front with his Alpine battalion. In August, the first battles in Alsace were victorious :Gunsbach, Logelbach, Munster. He seized a convoy of infantry (Bavarois) at Col Manday.

Placed at the head of the 152nd infantry regiment , the success in Alsace was followed by that of the Vosges ( Ormont and Spitzenberg ).

He then took command of the 81st Brigade . His troops took Steinbach in Alsace .


1915 -VERDUn

He was wounded twice at Hartmanweilerskopf .

Afterward, he joined the 98th infantry regiment under the command of the 50th brigade and 25th division at the Verdun front .

In Autumn his division was transported north to the Battle of the Somme. He commanded the 50th brigade .

He was awarded the Order of the Army By Marechal Petain

March 19, 1919

Extract

“He showed the best qualities of Chief at the battles of Ormont and Spitzenberg in September 1914, and at the battle of Steinbach and in the Vosges during the winter of 1914-1915. He was wounded in April 1915.”

Petain , Marechal de France



1917 - THE PURSUIT OF THE GERMANS


In the beginning of 1917 he took command of the 25th Infantry Division . As the enemy retreated, he pursued them to the city of St. Quentin.

In August his men seized the woods of Avocourt after heavy fighting . In December, the Colonel was promoted toGeneral .


1918 -VICTORY WITH THE RED HAND


In May 1918 , General Goybet was called by Headquarters to command the 157th division that had been decimated after the “Chemin des Dames.” It was reconstituted by putting together the 333rd infantry regiment (French) with the 371st and the 372nd American Regiments- the 372nd , being one of the oldest black battalions in the country , dating back to the civil war. The nuclear part of the 372nd was the National Guard unit who had defended the Capitol Building and Washington, D.C. Those troops were chosen because the were considered to be extremely loyal.


General Goybet, commanding the 157th Division of infantry took special notice of the fact this was the first 4th of July to be celebrated by his Franco-American Division.

“It is striking demonstration of the long standing and blood-cemented friendship which binds together our two great nations . The sons of the soldiers of Lafayette greet the sons of the soldiers of Washington who have come over to fight as in 1776 , in a new and greater way of independence . The same success which followed the glorious fights for the cause of liberty is sure to crown our common effort now and bring about the final victory of right and justice over Barbarity and oppression.”

General Goybet commanding the 157th Division


The 157th Division participated with the fourth Army to the general offensive at Champagne . With violent attacks General Goybet broke the enemy front at Monthois. He took many prisoners and considerable materiel . After that he occupied the Vosges at the front of Sainte Marie les Mines .




Distinguished service medal given by General Pershing .


“My dear General, the President delegated me to confer you the Distinguished Service Medal in the name of the United States government”

“As Commander of the 157th French Division of Infantry, you have been an important factor in the success of the allies by your valiant leadership and eminent tactical ability. The officers and soldiers of the 371st and 372nd American Iinfantry Regiments count it a great honor to have served as part of your command in the operations conducted by you in Champaign and in the Vosges. .”

General Pershing


October 8, 1918

General Order No. 234


“I am proud to forward you herewith the thanks and congratulations of General Garnier-Duplessix and I want at the same time, dear friends of all ranks Americans and French, to tell you as your leader and as soldier, from the bottom of my heart how grateful, I am to you all for the glory you have acquired for our splendid 157th Division. In these nine hard days of battle you have pushed ahead for eight kilometers , fought powerful enemy organization , captured close to 600 prisoners , taken 15 guns light and heavy , 20 infantry Mortars and artillery ammunition and brought down by rifle 3 aeroplanes . The red hand of this division is now in truth a blood- reeking hand . I grappled the Boche at the throat and made him yell for mercy. Our glorious comrades who died are well avenged.”


General Goybet, Commanding the 157th Division


December 12, 1918

General Order No. 245

“The red hand division during nine days of violent fight was always an exceptional model for the victorious advance of the fourth army. Dear Friends of America you will be back home to the other side of the ocean, don’ t forget ‘’ The Red Hand Division. ‘’ .”

“Our friendship has been cemented in the blood of the brave and such a link will be never destroyed Remember your General who is proud to have commanded you and be sure of his endless recognition. .”


General Goybet commanding the 157th Division


H.Q. 19 December 1918


General Order No. 248

Officers, Non-commissioned Officers, sappers, soldiers, gunners and cavalry men of the 157th Division :

“The Marshal of France, commander in chief of the French Army, has ordered the dissolution of our division on the 20th of December 1918. It is therefore the last farewell I address to you this day, which is the last one I have the honor to command you. During seven months you gave everything I demanded of you. You have shown yourself strong in the defensive hardy and aggressive in the ‘Coup de mains’ magnificently brave and gallant in the offensive.”

“You have gloriously ended the 157th Division ‘career in the course of the great battle of Champaign, in breaking strongly fortified position, in progressing in a fierce struggle of nine days for more than eight kilometers, taking from the enemy a thousand prisoners, more than 20 guns,, several hundred machine guns and enormous material. During our mutual life, the powerful bonds which kept us together have been tightened by the sorrow of our cruel losses, as well as in then joy of victory. You gave me your confidence. In my turn I have given you the most precious thing I have to give: MY MILITARY HONOR. It has been put in good hands. With my soldier’s heart I think you.”

“The Divisions elements will be distributed in other organizations. You will take with your traditions of courage, discipline and affection to your new chiefs. To those who will ask were you come from, you will answer with pride, ‘We are the soldiers of the Division Goybet, the Division with the Red Hand: it was a fine Division! And you will give a proof of it by you conduct, In the memory of our dear dead I piously kiss the sacred folds of your banners. They have been worn out in the battle , they now wave on the winds of victory .”

General Goybet



The Leviathan Press give us details on the troops that came back to America.

February 8, 1918

The U.S.S. Leviathan, upon her 11th Westbound trip has on board 11,795 persons, officers and crew total 2241; Navy passengers, 84; Army passengers 9470;


- 371st 104 Officers 2645 Men - 372nd 76 Officers 2626 Men

There are 2151 sick and wounded aboard in the charge of 15 casual Medical Officers. There was on board the boat 11795 persons. (Other troops on the boat.). The 371st and 372nd Infantry Regiments (Colored) have seen some of the heaviest fighting of the war , being brigaded with the French .Both regiments have been cited in French Army Orders, and the regimental colors of each decorated just prior to embarkation at Brest . These regiments have received between them - 38 Distinguished Crosses , 168 Croix de Guerres and 2 Legions of Honor.


371st R.I.U.S.


On August 31, 1917 there was organized at Camp Jackson, Colombia, S.C. in accordance with war Department General Order N 109 the First Provisional Infantry Regiment (colored) later designed as the 371st Infantry .

Colonel Perry L. Miles was placed in command of this regiment.



371 R.I.U.S. was decorated with Croix de guerre


For the 371st there was killed and wounded:

-4 officers killed in action, 41wounded in action, died or wounded 5

-Enlisted Men killed 113, wounded 859, died or wounded 25.




CITATION

G.Q.G.

French Armies of the East

Extract

After approval of the General commanding in Chief of the A.E.F. in France, the Marshal of France, Commander in Chief of the French Armies of the East, cites in the order of the Army :

The 371st R.I.U.S.

‘Has shown during its first engagement the very best qualities of bravery and audacity which are characteristic of shock troops Under the command of Colonel Miles, it launched itself with a superb spirit and admirable disregard of danger at the assault of a position stubbornly defended by the enemy It took it by terrific fighting under an exceptionally violent machine gun fire.”

“It then continued its progression in spite of the fire of enemy artillery and cruel losses taking numerous prisoners, securing cannon, machine guns and important material.”

Petain , Marshal of France


Major Tobe C. Cope 3rd Battalion Distinguished Service Cross



Major Cope personally led the attacking companies of his battalion during the Champaign offensive . On September 30 he was wounded in the arm by the machine-gun bullets and refused to be evacuated .On October 6, while the remnants of the battalion were in reserve near the town of Ardeuil. Major Cope was hit in the upper lip by a very small piece of shell fragment. The wound was so small that he again refused to have it tended to.. The battalion was pulled out of the offensive and sent into the lines in the Vosges Mountains. The Major’s face became infected and he was evacuated while is battalion was in line.

“By the direction of the President under provision of the act of Congress approved July 9, 1918, the distinguished Service Cross was posthumously awarded by the Commanding General American Expeditionary Forces – ‘ For extraordinary heroism in action at Trieres Farm , France , September 30, 1918, wounded in the arm , Major Cope remained on duty throughout the engagement , led his battalion , and encouraged his men by his gallant example and refused to be evacuated .”


The men never flinched


Capt A.V.R. Richard of Laurens, South Carolina who commanded a company of the 371st Regiment, in writing of the men of that regiment said : ‘’ On the afternoon of September 26, 1918, we received orders to move forwards . We slept that night in a French communicating trench. I say slept, but really there was no sleep, as it was raining, and the noise from the guns would not lead one sleep . The French had gone over the top and were pursuing the Huns.

‘’ On Sunday morning my company went over the hill. We arrived at the position the attack was to start from at 7: 30, after having a deadly artillery barrage on us over the hill. At 10 o’clock Sunday morning we were ordered to advance up the valley, but in the meantime an enemy plane flew down low, discovered our position, and signaled his artillery, which opened on us and every minute seemed to be the last one. However, by the rifle fire we brought the plane down, killing the pilot and observer.

‘ Long before we reached the village we could see the cowards running up a steep hill beyond, leaving lots of machine guns to stick out, and believe me, when we reached our objective and rounded up the machine gummers the men the 371st made quick work of them .

‘ In all, during the two days Sunday and Monday, our battalion advanced about five miles without the aid of a single friendly artillery shot or any other help . We killed lots of Germans captured lots of them, and also captured any quantity of material and several big guns.

‘ I am proud of all my officers and all of my men. The whole regiment fought like veterans and with a fierceness equal to any regiment. This was the first time any of them had been under aimed shell and machine-gun fire and they stood it like moss-covered old-timers. They never flinched or showed the least sign of fear. All that was necessary was to tell them to go and they went. Lots were killed and wounded, but they will go down in history as brave soldiers.’





372nd R.I.U.S



372 R.I.U.S. was decorated with Croix de Guerre


In this Regiment there is the famous First Separate Battalion of the District of Colombia

- The 9th Ohio separate battalion: Company L of Massachusetts, the first separate company of Connecticut, The first separate company of Maryland . All these being National Guard troops, and 250 Drafted men from Camp Custer Michigan.


Colonel Tupes commanding the Regiment


The 372nd played a key role in the Meuse-Argone offensive and suffered casualties of 500 hundred men killed or wounded or gassed in action. They fought gallantly at Verdun, Bussy farm and Seichaut to name a few of their other accomplishments .

Two men of the Regiment earned a triple award. Croix de Guerre with Palm, the medaille militaire and the Distinguished Service Cross.

157th D.I. N0 5508

From Colonel Quillet commanding 157th D.I. to Colonel Tupes commanding 372nd Infantry.


The Colonel Commanding the I.D. has recommended your regiment for citation in the order of the French Army worded as follows :


“Gave proof, during the first engagement of the finest qualities of bravery and daring which are virtues of assaulting troops.”

“ Under the orders of Colonel Tupes dashed with superb gallantry and admirable scorn of danger to the assault of a position continuously defended by the enemy, taking it by storm under an exceptionally violent machine gun fire . Continued the progression in spite of enemy artillery fire and very severe losses. They made numerous prisoners, captured cannons, machine guns and important material.”

(Signed) Quillet


Washington men Win Honors


In the 372nd Infantry was the first battalion of the District of Columbia National Guard whose heroes were prevented by the Armistice from winning added glory. It would have fallen to its lot to have the honor of being the vanguard of the French Army of Occupation .Of the nearly 600 District of Columbia colored men who were with the 372nd at least 200 were wounded more or less seriously, and about 33 were killed.


The District of Columbia men proclaimed sergeant Ira Payne as the hero of heroes among the District of Columbia fighters. He wears the Croix de Guerre and ‘Isn’t afraid of devil himself’, according to the men of his company.

Sergeant Payne speaks modestly of this exploits.He says: “ during the fighting at Sechault the Germans were picking off the men in my platoon from behind the bush and kept up a deadly fire in spite of our rifle fire directed at the bush. We did our best to stop those machine guns, but the German aim became so accurate that they were picking off five of my men every minute. We couldn’t stand for that, so I decided I would get that little machine gun nest t myself and I went after it . I left our company, detoured, and by a piece of luck got behind the bush. I got my rifle into action and knocked off two of those German machine gunners. That ended it. The other German couldn’t stand so much excitement. The Boches surrendered , and I took them in our trenches as prisoners .”

Another man is Benjamin Butler, a private, awarded the Croix de Guerre. His citation reads:‘ For displaying gallantry and bravery and distinguished himself in carrying out orders during the attack on Sechault on September 29, 1918, under heavy bombardment and machine gun fire ‘


January 23, 1919

Order General N 1599

The General commanding the forth Army cite to the order of the army:

“General of Brigade Goybet Mariano Francisco Julio commanding the 157th Division:

Remarkable General Officer, full of strength,, vivacity and a communicative confidence.

He took the command of his Division at the moment of its reorganization with Black American troops. Grace to his very personal action, to his untiring activity and his perfect tact, succeed to transform in a few month this great unit in a splendid combat instrument.”

“During the hard battle of Champaign , from the 27 of September to the 6 of October, he realized with his Division a glorious advance shooting the enemy from successive positions strongly defended , taking many prisoners , guns and considerable materiel.”


The general commanding the IVArmy

Gouraud


November 17, 1918

10th Army Corps Staff (French)

General Order No. 339

‘’It has been an honor for the 10th Army corps to receive and welcome the 157th Division after is success in Champagne .”

“During the few weeks that the division belonged to the Army Corps its Regiments of Americans and French have by their conduct and biting activity produced the best impression”.


“It had prepared in its sector the ways of penetrating in Alsace and it should have deserved the honor of entering it . But military necessities bring today the higher command to consider its use in another part of the front and to give to the Americans a part of the front facing Belgium, Luxemburg and a corner of Lorraine.”


“The General commanding the 10Th Army Cops sees with pain the gallant Division and her Chief General Goybet move away from him.. He cannot defend himself from the painful thought that General Goybet will not have the consolation of treading with his Division that reconquered land that keeps the remains of one of his sons.”

“To all he wishes good luck and express the hope of meeting again one day”

( signed) VANDENBERGER General, commanding the 10th Army Corps




General Goybet had his three sons engaged in the first conflict. Two of them died and one was under his orders. Sergeant Frederic Goybet died in the Vosges in 1914 and Adjudant Adrien Goybet killed in front of Some Py in 1915.


Marguerite Lespiaud , the wife of General Goybet writes in her private journal about him.

“During the war he had no fear to cross two times a day fields sprinkled by heavy artillery shells to be close to his wounded.”

“He walked under fire beside his men. Two times wounded to the leg,, he didn’t leave the front the first time and few times the second time . He shortened always his leaves to go back to the danger. If he had a sick soldier we guessed it immediately.”

“One day my daughter, upon seeing him excessively preoccupied with a light –infantry alpine man , said to him :

- “Father they are not your children!” - “Yes they are!” he said and that was true.


BY THEIR SACRIFICE, CITIZENS OF THE USA , CITIZENS OF THE WORLD


Distinguished Service Cross

Private Holmes Burton ( Deceased ). “ For extraordinary heroism in an attack in the Champaign sector Hill 188, Sept 28, 1918. Private Holmes after his automatic trifle was out of commission and he himself badly wounded, returned to the company’s headquarters of his own volition, got a reserve automatic rifle, went back and fired with it on the enemy until he was killed.. This happened under heavy machine gun and shell fire.”

Croix de Guerre, Silver star

Private Lee Robert (deceased). For extraordinary heroism in an attack on Hill 188, Champagne sector. September 28, 1918. Private Lee showed remarkable bravery and disregard of personal danger under heavy machine gun and shell fire. Being caught in a shell hole by the crossed fire of two enemy machine guns, he helped to kill the crew of a machine gun nest and was still fighting when killed .


Speaking about black men and women engaged in the war effort Emmet J. Scott writes:

“It is difficult to indicate which rendered the greater service to their country. – The 400,000 or more of them who entered active military service (Many of whom fearlessly and victorious fought upon the battlefields of France) or the millions of others loyal members of this race whose useful industry in fields, factories, forest, mines, together with many other indispensable civilian activities, so vitally helped the federal authorities in carrying the war to a successful Conclusion. .”


General Pershing on those Troops:

“A tour of inspection among American Negro troops by officers of these headquarters shows the comparatively high degree of training and efficiency among these troops. Their training is identical with that of other American troops serving with the French Army, the effort being to lead all American troops gradually to heavy combat duty by a preliminary service in trenches in quiet sectors.”

“Colored troops in trenches have been particularly fortunate as one regiment had been there a month before any losses were suffered. This was almost unheard of the western front.”

‘The exploits of two colored infantrymen in repelling a much larger German patrol, killing and wounding several Germans and winning the Croix de Guerre by their Gallantry, has aroused a fine spirit of emulation throughout the colored troops, all of whom looking forwards to more activity service.”

“The only regret expressed by colored troops is that they are not given more dangerous work to do. I cannot commend to highly the spirit shown among the colored combat troops, who exhibit fine capacity for quick training and eagerness for the most dangerous work .”


Former President Roosevelt on the Negro’s part in the war :


Carnegie, Hall New York, on November 2, 1918

Extract

“Well, thank Heaven we went in, and our men on the other side, our sons and brothers on the other side, white men and black, white soldiers and colored soldiers, have been so active that every American now can walk with his hand up and look the citizen of any other country in the world straight in the eyes, and we have the satisfaction of knowing that we have played the decisive part.”


“And now friends I want as an American to thank you, and as a your fellow American to congratulate you upon the honor won and the service rendered by the colored troops on the other side.”


What the Negro go out the war by E.J. Scott

Extract

“What has American Negro go out of the war? Time alone can bring the full answer to this sweeping question. To some of the manifold implications which the query itself involves, however, some answers can already be made. For one thing the war has brought to the American Negro a keener and more sharply defined consciousness, not only of his duties as a citizen, but of his rights and privileges as a citizen of the United States. The colored people of America performed to the utmost of their ability the duties which the war imposed upon all citizens, black and white alike.”

“A summery of what the Negro wants may be stated: He wants justice in the courts substituted for lynching, the privilege of serving on juries, the right to vote, and the right to hold office like others citizens. He wants, moreover, universal suffrage, better educational facilities, the abolition of the ‘Jim Crow’ car, discontinuance of unjust discriminatory regulations and segregation in the various departments of the Government, the same military training for Negro Youths as for white, the removal of ‘dead lines’ in the recognition of fitness for promotion in the army and navy, the destruction of the peonage system, an economic wage scale to be applied to white and blacks alike, better housing conditions for Negro employees in industrial centers, better sanitary conditions in the Negro sections of cities and reforms in the Southern penal institutions . If after having fulfilled the obligations of citizenship Negroes do not get these things, then indeed, they feel, will the war have been fought in vain.”


From E. J. Scott, Special adjutant to the secretary of war. The American Negro in the World War ; 1919 Chapter XXXI



In the Southwestern Christian Advocate of New Orleans, Louisiana , the Reverend Dr Robert E. Jones, an outstanding leader of the Negro race, voices the sense of this new recognition of the Negro’s position as a citizen. He says:




Extract

“The Negro has won his decorations in France on soldierly merit. He has won at the same time by manifestation of his courage and his devotion and his loyalty , a more even chance in American life . And the victory should be made sure. And let us not mince words . We do not intend now that we have served the Nation in every war of the republic and that we have borne our full share, according to our capacity, in every phase of the world war, to further accept the indignities heaped upon us as a race without a solemn protest to every sense of conscience and right in America and without appeal to the sense of conscience of civilization the world over.”

“There is one thing this World War has done. It has lifted the Negro problem out of the provincialism of America into the circumspection of the civilized world. We purpose to carry our cause into the circumspection of the civilized world.”

“We purpose to carry our cause into the open forum of the world. We purpose to let the world know that the soldiers that brought glory to the American flag on the fields of France are denied the common courtesies in too many cases when they return home. And surely our appeal to the world will not fall altogether on deaf ears. There will be an awakening, you may rest assured, a sense of right and of justice that will react upon American life. We make this appeal to the world in no sense of disloyalty to our nation. We do it because we are loyal . We will be heard. We will not be lynched and robbed and hedged about without a solemn protest. We do not plead for pity or sympathy. We want what we have earned by every rule of the game.”

Reverend Dr. Robert E. Jones


“The valiant conduct of black troops in the World War, their loyalty, their self-sacrifice in front of danger, their blood poured with bravery in fields of shell and under the machine-gun bullets helped I think colored people to be more conscious of their rights because they were very proud to save the world from the barbarian and they felt not only citizens of USA but citizens of the world with all the rights that goes with that new world citizenship .”

Henri Goybet , Grandson of General Goybet who commanded black troops to freedom the nations in the World War. December 11, 2007




THE FAMILY BOOK AND THE FANION of 157th Red hand Division.


It was written by my great grandfather between 1898 and 1931.

He said in this book- I begin this book as Captain. if God wishes it, I hope to finish it as General of Division.

The cover of the book is in leather with inside 200 pages richly illuminated with letters in gold, silver and many kinds of others elements.

In this book you can see the fanion composed of the 333rd French Infantry (white) , the 371st infantry and 372nd American infantry (colored).

The composition of the division is shown in the make up of the divisional flag. French flag with an American flag as a field and a red hand, the divisional insignia in the white panel.


Captain Chester D. Heywood in his book spoke about Colonel Miles commanding the 371st regiment said that the men in the regiment were very proud of the Red Hand “ I remember” he says that “most of our officers and men hated to take it off.”


The Ministry of War in Paris states that at no time this emblem was recognized or recorded. It was worn, so far as the French were concerned, by mere tolerance and therefore no historical data was ever kept about the Red Hand insignia.


The French helmet symbolizes the service with the French


I have a letter of my great-grand father’s written by General Miles, commanding the 371st regiment dated from 13 November 1933.


“Naturally we have thought to you and spoke of you many times at our annual dinner. We had everyone present sign our program. Here it is.”

“You imagine that it is decorated with the reproduction of your Division Fanion that you have so graciously offered to us.”

“They were very proud of the Red Hand and they also remain proud of their service in the 157th French division and of their distinguished chief ‘’Our General.’’ .”

“This year some of our officers have traveled more than 7OO miles to reach Washington and to attend our meeting.”

“With best wishes and appreciation of your friendship and the manner in which you commanded us.”

“I am your friend and admirer.”


DAMASCUS , THE HOLY CITY


In 1920 General Goybet was called by General Gouraud to command the third division of Levant.

The Arab revolt begun in 1916 goes as far as Damascus. It is a fight for the independence of Arabs from Ottoman Empire (Turks). “Laurence of Arabia” helped the Arabs in this fight on the side of Faysal.

They are helped with the English troops of General Allenby.

The first of October 1918 Damascus is taken.


We have, I think changed the current of history in the Near East,, I ask myself how the great powerful nations will let the Arabs have their way.


T.E. Lawrence October 18, 1918


Faysal is proclaimed King of Syria in March 1920. The powerful nations will share the Near East at the conference of San Remo in Italy in April 1920. Mandate has been given to France on Lebanon and Syria.

July 1920, the 24th Division commanded by General Goybet marches on Damascus. After the fight at Khan Meiseloun , the General Goybet with his troops arrives victorious in Damascus. Faysal has escaped.


GENERAL ORDER No. 22

Aley, 24 July 1920


‘’The General is deeply happy to address his congratulations to the General Goybet and his valiant troops: 415th of line , 2nd Algerian sharpshooters , 11th and 10th Senegalese sharpshooters, light-infantry-men of Africa, Moroccan trooper regiment , batteries of African groups , batteries of 155, 314, company of tanks, bombardment groups and squadrons who in the hard fight of 24 of July , have broken the resistance of the enemy who defied us for 8 months. “”

“They have engraved a glorious page to the history of our country.”

General Gouraud



An ancestor of General Goybet had been made prisoner in Damascus. It is Jean Montgolfier during the Second Crusade in 1147.

“ Isn’t it justice that allowed to the descendant of the slave to come in victorious to the Holy City.”’ Mariano Goybet


Mariano was appreciated by his chiefs that found him a good tactician and a very cultivated man. He was friend with General Gouraud , Debenay, Petain . They admire his personnel library. He had passion for the arts and drew very well. The family book he made is an example of his artistic side. He liked also poetry. He had a correspondence with his favorite author Rudyard Kipling.


Here an extract from the private journal of Marguerite Lespieau , wife of Mariano


“As an officer at General Headquarters, , Mariano understood all questions and astonished his chiefs . He was Chief of the 159th, 30th Alpine battalion during the war. No one took care more of his men. I remember that in 1912 a controller was so amazed by the way the 30th battalion was maintained, that before leaving Grenoble , he wrote to the Minister of War.”

“This letter permitted this magnificent battalion to represent Alpine troops at the July 14th celebration{ in Paris}. My husband, an excellent skier always accompanied his Alpine troops and accomplished with them surprising alpine prowess in the most difficult places and without accident. Everything was foreseen.”


MILITARY TRADITION IN THE FAMILLY


CHARLES GOYBET (1825-191O) Division General


His uncle Charles Goybet was in the cavalry in the Army of Sardinia. He made an Italian campaign, Crimea. In 1860 he was squadron chief in the lancers of Florence and he choose France . He finished his brilliant career as General Inspector of French Cavalry


VICTOR GOYBET (1845-1947) Division General


His brother Victor was General in the Alpine troops. He participated to the defense of Verdun. He occupied Mayence in 1917.


HENRI GOYBET (1868-1958) Vessel Captain


His brother Henri was Captain and organized the defense of Paris by creating 10 section of cars with projectors .He is also Chief general staff of the Admiral Ronach in 1917.


PIERRE GOYBET (1887-1963) Rear Admiral


The third son of Mariano is Rear Admiral Pierre Goybet. He was in the fight in Verdun.


He commanded the cruiser Primauguet and landed at Aruba in the Antilles in April 1940 to protect Standard and Shell Petroleum installations against attacks from the Germans.


June 25, 1940 , he brought a part of the French Gold Reserve from the Bank of France to Casablanca (Morocco) to be protected from the Germans.

November 1942, Casablanca

Debarcation of the Americans…He is the commanding officer of the port of Casablanca. He receives Generals Patton , Kees and Wilburg to discuss the cessation of hostility.


ADREN GOYBET (1922-1995) Marine Infantry Battalion Chief


My father Adrien Goybet, the son of the Admiral, was Battalion Chief in the Marine Infantry . He was trained with British troops under the orders of Lord Admiral Mountbattan (Force 136 whose commandos inspired the famous movie “Bridge Over the River Kwai”.

He is parachuted in 1945 into Cambodia that was at that time occupied by the Japanese He prepared the landing of the troops of General Leclerc. He made the Indo-Chinese Campaign (1951-1954) as an Intelligence service officer as well as the Algerian campaign ( 1958-1961) . He is a Chevalier of the French Legion of Honor. There is in this family three generations of Legion of Honor recipients. The association of hereditary honors A.H.H. regroups all the families who have the necessary credentials. (Regulation of 1814 by Louis XVIII “to perpetuate in families the zeal for the good of the state by honorable souvenirs”). Chevalier Henri Goybet his son wanted to honor his Great -Grandfather who was in the Alpine troops for his military Service in the 27th Alpine Infantry Division. He is a member of A.H.H. The association includes 300 families in France.

  • Something particular is that the family descends from Jeanne d’Artois , Louis VIII and Henry III King of England ( 1207-1272) and has common ancestors with a number of American Presidents, among them George Washington and Franklin D. Roosevelt .

Henri III is the great grandfather of Jeanne d’Artois


SOURCES


- Henri Goybet from his websit Famille du Chevalier Henri Goybet - Familly book written by Mariano Goybet between 1898 and 1931 - Negro Combat Troops in the World War by Chester D. Heywood 1928 - The American Negro in the World War by Emmet J. Scott 1919 - Henri Jaillard Les Goybet de la vallee de Yenne 25.08.64 - Note from Richard Ford - Informations d’Henri Goybet - Photograph and Illustrations by D. Lester Dickson - Others illustrations from the family book by Mariano






INTRODUCTION



En introduction voici l’article qui servit de base à l’article encyclopédique de wikipedia sur le Général Mariano Goybet qui a été rédigé par Henri Goybet son arrière petit fils. Comme Mariano Goybet est un peu le fil conducteur de ce site et que ce site est dédié en hommage à celui-ci , il m’a paru intéressant de rentrer directement dans le vif du sujet , quitte à ensuite dans une première partie évoquer la généalogie familiale en détail avec ses alliances, puis dans une seconde partie d’apporter des informations détaillées sur des membres de cette famille en retraçant parfois le contexte historique et en utilisant dans la mesure du possible des matériaux vivants , tels que le journal ou les lettres d’un capitaine à Sebastopol ; d’un officier de marine au XIXème siècle ; d’une arrière grand mêre qui mène la dure vie de femme d’officier en Afrique ; d’un avocat qui voyage au temps des diligences en Italie et s’y rend pour une entrevue avec le pape, d’un général qui savoure sa victoire à la suite de la prise de Damas et puis la vie d’un superieur de St Sulpice , seigneur de Montreal dans les années 1760-1790, etc ……


Mariano Goybet (Mariano Francisco Julio Goybet, Saragosse le 17 août 1861-1943) est un général français. Il est grand officier de l'ordre de la Légion d'honneur.




I ) L'ENFANCE DE MARIANO DANS L'UNIVERS FAMILLIAL




Mariano Francisco Julio nait à Saragosse le 17 août 1861.Il est baptisé à Notre Dame del Pilar. Petit-fils d'Alexis Goybet et de Louise de Montgolfier, il est fils de Pierre Jules Goybet industriel (1823-1912) et Marie Bravais, nièce du physicien Auguste Bravais. Par son père, il descend d'une vieille famille savoyarde (XIVe siècle). Ils devinrent notaires et châtelains de Yenne puis furent commerçants, industriels et militaires. Ils s'allièrent avec la meilleure noblesse locale. Les Goybet descendent de Louis VIII par les Artois, Grailly-Foy, Echalon, Gruel, Bavoz et Belly.Une branche fut d'ailleurs anoblie en 1758 et porta le nom de Goybet de Lutrin de Grilly. Claude François Goybet de Lutrin de Grilly fut intendant du Chablais et du Genevois.

Armes : "d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois étoiles d'argent en chef et un croissant du même en pointe."

On notera que Charles Dullin (1885-1949) Acteur, créateur et directeur de théâtre descend des Goybet.




Alexis Goybet son Grand père : Alliance avec les Montgolfier



Le Grand père de Mariano est Alexis Goybet (1786-1854)qui épouse Louise de Montgolfier petite nièce des célèbres inventeurs Joseph et Etienne De Montgolfier . Il travailla dans le négoce Lyonnais. Ci-après quelques membres de cette famille illustre dont Mariano et les Goybet portent les gènes.


-Pierre de Montgolfier (1700-1793) Père des inventeurs issu de la plus ancienne famille de papetiers d'Europe est l'ancêtre direct de Mariano. En lui donnant ses lettres de noblesse Louis XVI écrit "Ayant reçu de ses parents une papeterie située à Annonay dans le Vivarais, il l'a rendue par ses soins et son intelligence l'une des plus considérables du Royaume"


-Etienne Montgolfier (1712-1791) frère de Pierre fut Supérieur des Sulpiciens au Canada et à ce titre Seigneur de l'ile de Montréal. Il fut aussi Grand Vicaire Général du Québec et même proclamé évêque du Québec. Il défendit les convictions religieuses et la culture française de la communauté contre les invasions anglaises et américaines.



-Marc Seguin (1786-1875) neveu des inventeurs est lui même l'inventeur de la Chaudière Tubulaire, du bateau à vapeur, de techniques de ponts suspendus (Le "Golden Gate" est issu de ses techniques), créateur de la première ligne de chemin de fer de France. Son petit-fils est inventeur du moteur "Gnome" qui permit à Henri Fabre de doter la France de nouveaux records.


-Adrien de Montgolfier (1831-1896), fils du frère de Louise fut le parrain du fils Adrien de Mariano Goybet (tué à l'ennemi en 1915). Député de l'assemblée nationale; Senateur de la Loire; administrateur des compagnies de Chemin de Fer, Paris, Lyon, Méditerranée; Directeur général des Forges et Aciéries de la Marine en 1870;Administrateur des Usines franco-russes. Commandeur de la Légion d'honneur.



Pierre Jules son père



Pierre Jules (1823-1912), son père fit ses études au collège des Jésuites de Fribourg, fut emmené à 16 ans par son oncle Augustin de Montgolfier dans son usine de Torero près de Saragosse ou il introduisait la fabrication du papier en Espagne. Il dirigera ensuite une entreprise de construction de machine à vapeur près de Saragosse. Nommé Chevalier et membre du conseil supérieur de l'industrie par la reine d'Espagne. Il avait reçu le grade de lieutenant d'artillerie dans la milice. Naissance de Mariano à Saragosse en 1861. La famille rentre en France en 1862 en raison de l'état de santé de la belle mère de Pierre Jules et reste quelques temps à Annonay ou naquit Constance, puis Pierre Jules est nommé principal de l'Ecole professionnelle de la Martinière ou il demeura 16 ans logé dans l'établissement. Henri et Victor naquirent là.




II ) PREMIERES ETUDES



Mariano commença ses classes près de Saint-Jean, puis à Ecully, puis au grand lycée de Lyon où il fut reçu au baccalauréat avec la mention Bien. Ce fut ensuite la rue des postes et reçu en 1882 aux Chartreux de Lyon. Il y fut sergent.

Ci joint notes de la compagne de Mariano

"Dès l'enfance il a aimé la lecture et les arts de sorte qu'en arrivant aux classes intelligentes, il se trouva savoir quantité de choses et remporta presque tous les prix. Artiste il l'était en tout … Il était réellement poete, dessinait et peignait avec un goût et une sureté rares et quelle imagination dans ses croquis."



III) PREMIERES ANNEES DE SERVICE




Suite à l'Ecole militaire de Saint-Cyr en 1884 dont il en sort 21ème de l'infanterie, il est promu sous-lieutenant à sa sortie. Il est affecté au 2e régiment de tirailleurs algériens. Il épouse la fille de son général, Marguerite Lespieau. Il est ensuite nommé lieutenant au 140e régiment (d'infanterie alpine ?), à Grenoble. Il est ensuite reçu à l'École de guerre, d'où il sort en 1892 avec la mention très bien. Il est employé à l'état-major de la 27e division d'infanterie. Promu capitaine en 1893, il est nommé en 1896 officier d'ordonnance du général Zédé, gouverneur de Lyon. Il fait ensuite son stage de commandant de compagnie en 1899 au 99e régiment d'infanterie à Lyon et à Gap. Après un passage à l'état-major du gouvernement de Briançon, il est promu chef de bataillon au 159e régiment d'infanterie qui portait le béret alpin. En décembre 1907, il prend le commandement du 30e bataillon de chasseurs alpins, poste qu'il conserve quand il est promu lieutenant-colonel. Alpiniste et skieur, le lieutenant-colonel Goybet profita de son séjour prolongé dans les Alpes pour faire de nombreuses ascensions, soit seul, soit avec sa troupe : Mont Blanc, Grande Casse, La Meije, Pelvoux, etc.



IV) PREMIERE GUERRE MONDIALE



1) 1914 : Les troupes Alpines


Au déclenchement de la guerre en août 1914, le lieutenant-colonel Goybet et le groupe alpin qu'il commande 30 CH .1ere Bie du 1er R.A.M. sont affectés au front des Vosges. Les premiers combats en Alsace sont victorieux : Satel de Munster - Reichsacker-Kopf (14 août), Gunsbach (19 août]]), Logelbach (22 août), prise du convoi d'une division d'infanterie bavaroise au col de Mandray (24 août). Placé à la tête du 152e régiment d'infanterie, il remporte de nouveaux succès en Alsace : Gunsbach (29 août), Reichsacker-Kopf (3 septembre), puis dans les Vosges, au nord de Saint-Dié (LOrmont et Spitzenberg, les 11 et 17 septembre). Il est promu au rang de colonel et reçoit le commandement de la 81e brigade (152e RI, 5e et 15e bataillon de chasseurs à pied (B.C.P.). Il est de nouveau affecté en Alsace, dans la vallée de Thann. Ses troupes prennent Steinbach (25 décembre 1914 au 3 janvier 1915).

Citation Comme Cdt du 30e B.C.A. Ordre de la 1ère Armée n°44 du 17 septembre 1914 Citation à l'ordre de l'armée Le général commandant la 1re Armée cite à l'ordre de l'Armée :


Le lieutenant-colonel Goybet, commandant le 30e groupe alpin a montré au feu les plus grandes qualités militaires. Ayant perdu son fils mort au champ d'honneur sous ses ordres le 19 août, a donné à tous le plus bel exemple de dévouement patriotique et de force d'âme en continuant à remplir tous ses devoirs de chef dans des circonstances difficiles, avec le même sang froid et la même lucidité d'esprit . Le général commandant la 1re Armée Signé : Dubail



2) 1915 : Sous le feu des combats



Le colonel Goybet passe toute l'année 1915 à combattre à l'Hartmannsweilerskopf, à l'Hilsenfirst et au Linge. Il est blessé deux fois : à l'Hartmannsweilerskopf en avril, où il fut soigné à l'ambulance de Moosch, et en décembre, où il fut évacué sur l'intérieur. À peine guéri, en mars 1915, le colonel Goybet rejoint le 98e régiment d'infanterie (qui appartient à la 50e brigade et à la 25e division d'infanterie) devant Verdun. À l'automne, sa division est transportée dans le nord où se déroule la bataille de la Somme. Le colonel Goybet est nommé au commandement de la 50e brigade (attaques de Chaulne et du pressoir, les 9 et 10 novembre).


Citation Comme Cdt de la 81 eme Brigade Ordre n° 13.983 'D' Le Marechal de France Commandant en Chef les Armées Françaises de l'Est, cite à l'ordre de l'Armée. M. Goybet Mariano, colonel commandant une brigade d'infanterie : " A montré les plus belles qualités de Chef aux combats de l'ORMONT et du SPITZENBERG, en septembre 1914 et aux attaques de Steinbach et de la Région Vosgienne au cours de l'hiver 1914-1915. Blessé en avril 1915." Au Grand quartier général, le 5 mars 1919 Le Maréchal Commandant en Chef les armées de l'Est Signé : PETAIN




3) 1917 : Verdun



Au début de 1917, le colonel, à la réorganisation de l'infanterie, prend le commandement de la 25e division d'infanterie (16e, 98e et 105e régiments d'infanterie). Il occupe le secteur de Plessis-de-Roye-Lassigny. Au moment du recul stratégique de l'ennemi, il mène des opérations de poursuite jusqu'au canal Crozat (16 au 23 mars 1917), puis devant Saint-Quentin (3 au 17 avril). Au mois d'août, sa division prend part à la deuxième bataille de Verdun. Le 20, ses hommes s'emparent des bois d'Avocourt après de violents combats. Après un court séjour dans la forêt d'Argonne, sa division va occuper le secteur des Bezonvaux ou elle repousses des contre-attaques allemandes preque quotidiennes. En décembre, le colonel Goybet est nommé général.


Citation Comme Cdt de de l'I.D. 25 Le General Cdt la 11 ème Armée cite à l'ordre de l'armée le Colonel Goybet Mariano Cdt de l'I.D. 25

"A, le 20 Aout 1917, enlevé tous les objectifs qui lui étaient assignés et a fait de nombreux prisonniers, pris un important matériel et repoussé plusieurs contre-attaques ." Signé Linder




4) 1918 : Vers la Victoire avec les Red Hand




a) La division franco-américaine héroïque


La 25e division d'infanterie est affectée au printemps au secteur du Morthomme. Le général Goybet y reçoit en mai un télégramme du quartier général l'appelant au commandement de la 157e décimée près du Chemin des Dames. L'infanterie de la 157e division d'infanterie fut reconstituée avec le 333e régiment d'infanterie et les 371 et 372 Eme Régiments Américains noirs (division "main rouge "Red Hand" ).

Les Unités de Gardes nationaux qui étaient le noyau du 372e régiment étaient composées des plus vieux Bataillons de noirs dans le pays avec des racines qui remontaient jusqu'à la guerre civile. Ces troupes dites 'loyales' assuraient la défense de Washington et du Capitole.

La 157e allait occuper le secteur de la forêt d'Argonne- Vauquois côte 304, jusqu'au moment ou elle fut appelée à participer avec la IVe armée à l'offensive générale en Champagne. Le général Goybet, par de violentes attaques, rompt le front ennemi devant Monthois, fait de nombreux prisonniers et s'empare d'un matériel considérable. La 157e va ensuite occuper les Vosges devant Sainte-Marie-les-Mines.



b) La Distinguished Service Medal des Américains et Honneurs Français



Citation pour la Distinguished Service Medal


Commandement des forces americaines Cabinet du cdt en chef Mon cher général, le président m'a délégué pour vous conférer la Distinguished Service Medal au nom du gouvernement des États-Unis. Comme commandant de la 157e DI,371 et 372e RI vous avez été l'un des facteurs importants de la victoire des allies par votre brillante conduite et votre haute technicité. Les officiers et les soldats de la 157e 371 et 372 RI considèrent comme un grand honneur d'avoir servi sous vos ordres dans les opérations que vous avez conduites en Champagne et dans les Vosges. Signé General Persing


Citation du Général Gouraud


Le 23 Janvier 1919 Ordre Général N° 1599 Le Général commandant la IV ème Armée cite à l'ordre de l'Armée : General de Brigade Goybet Mariano Francisco julio commandant la 157ème Division : " Remarquable officier général, plein de vigueur, d'entrain et d'une foi communicative." "A pris le commandement de sa division, au moment même de sa réorganisation avec des régiments Noirs américains . Grâce à son action très personnelle, à son activité inlassable et à son tact parfait, a réussi à transformer en quelques mois cette grande unité nouvelle en un splendide outil de combat." "Au cours de la rude batille de Champagne, du 27 Septembre au 6 octobre, a réalisé avec sa division une glorieuse avance en chassant l'ennemi de positions successives ardemment défendues , en s'emparant de nombreux prisonniers, de canons et d'un matériel considérable."Le général commandant la IVème Armée " Signé Gouraud



c) Reconnaissance de Mariano à ses troupes



Citation émise par le général Goybet

157 Th Division H.Q. October 8 th, 1918 Etat-Major GENERAL ORDER NO. 234 "i am proud to forward you herewith the thanks and congratulations of General Garnier-Duplessix and i want at the same time , dear friends of all ranks Americans and French , to tell you as your leader and as soldier, from the bottom of my heart how greatful i am to tell you all for the Glory you have acquired for our splendid 157 TH Division. " "I had the utmost confidence in you all ; you have stood up to in beyond all my expectations ." " In these nine hard days of battle you have pushed ahead for eight kilometers , through powerfull enemy organizations, captured close to 600 prisoners, taken 15 guns light and heavyy, 20 Infantry Mortars, close to 150 Machines Guns and a very important supply of Engineer material and Artillery ammunition, and brought down by rifle fire 3 Aeroplanes . The Red Hand, emblem of this division , is now in truth a blood reeking hand . I grappled the Boche at the throat and made him yell for mercy . Our glorious comrades who died are well avenged."

General Goybet, Commanding the 157 th Division.



Citation émise par le général Goybet


157 th Division Etat major Ordre général n°245 Le 12 décembre 1918, le 371 et 372 RI ont été placés à la disposition du haut commandement americain "Avec un profond sentiment d'émotion de la part de la 157ème Division et en mon nom personnel, je viens faire mes adieux à nos braves camarades. Durant 7 mois, nous avons vécu comme des frères d'armes, S'associant dans les mêmes actions, partageant les mêmes épreuves et les mêmes dangers. Cote à cote, nous avons participé dans la grande bataille de Champagne qui a été couronnée par une formidable victoire." "La 157ème Division n'oubliera jamais l'indomptable énergie, la charge héroïque des regiments Americains sur la crête d'observation et dans les plaines de Monthois. Les défenses les plus puissantes, les bastions les plus fortement organisés, les barrages d'artillerie les plus lourds, rien ne pouvait les stopper. Ces régiments extraordinaires surmontèrent tous les obstacles avec le plus grand complet mépris du danger, avec leur dévouement permanent." La division "main rouge" pendant 9 jours de combat violent fut constamment un modèle d'exception pour l'avance victorieuse de la 4e Armée." "Officiers, sous officiers, et soldats, je salue respectueusement nos soldats qui sont tombés, et je salue vos couleurs, cote à cote avec le drapeau du 333 Regiment d'Infanterie, ils nous ont montré le chemin de la victoire. Chers amis d'Amerique, quand vous serez de retour de l'autre coté de l'océan, n'oubliez pas la division "main rouge"." "Notre fraternité a été cimentée dans le sang des braves et un tel lien ne sera jamais détruit." "Souvenez vous de votre Général qui est fier de vous avoir commandé et soyez sur de sa reconnaissance éternelle."

Général Goybet Commandant la 157 eme DIVISION traduit par henri Goybet du livre de E.J. SCOTT the American negro in the world



d) Reportage du NEW YORK HERALD décembre 1918


" Les combattants américains au nombre de 3000 étaient avec la fameuse "division main rouge". Ils sont devenus des héros sur beaucoup de fronts de bataille et se trouvaient dans les montagnes des Vosges quand l'armistice fut signée." Témoignage du sergent WM Hendrey de la 372 eme d'infanterie à l'armistice. (source E.J Scott). traduction Henri Goybet

"Une des scènes les plus incroyable, dont j'ai pu être témoin, fut aujourd'hui à 11H05. L'orchestre du régiment jouait la Marseillaise, "the star bangled" et "god save the king". Dès que les dernières notes se turent, de joyeuses acclamations par l'ensemble des soldats et des civils, étaient presque assourdissant. Des hommes âgés sautaient et jetaient leurs chapeaux, les femmes dont le cœur était lourd d'un épuisement, causé par une guerre implacable, agitaient leurs mains et exultaient de joie et les enfants gambadaient joyeusement à travers les rues. Les cloches et les carillons à l'église qui étaient précédemment silencieux, envoyaient leur bruyante résonnance à toute volée. En effet, ces sonneries étaient des messages de joie. Au même moment, l'orchestre attaqua une marche endiablée et entonna sa marche dans les rues accompagnée par " Old Glory". Le régiment de couleur et les soldats americains et français. La scène était un beau mélange de couleurs Les Khakhi et les bleu. C'etait comme s'ils voulaient s'unir comme une grande famille pour célébrer les glorieux évènements et voir le reflet de leur propre allégresse sur les visages de leurs compagnons d'arme. Les rues étaient emplies d'une forte émotion et d'une bouillante abondance d'humanité. Il me semblait que la fraternité des tranchées appelait la fraternité des hommes." Fin



e) Discours du Président Roosevelt (10-1918).



Extrait du discours Américain de l'ancien Président THEODORE ROOSEVELT à Carnegie Hall, New York (traduction Henri GOYBET) le 2 novembre 1918 sur la part des troupes Noires dans la guerre.

" Et bien je remerçie le ciel, nous y sommes allé, et nos hommes de l'autre coté, nos fils et freres de l'autre coté, hommes blancs et noirs, soldats blancs et soldats de couleur ont été si actifs que chaque Américain, maintenant peut marcher en levant la tête et regarder le citoyen de chaque autre pays dans le monde , droit dans les yeux et nous avons la satisfaction de savoir que nous avons joué la part décisive . Je ne dis pas cela dans un esprit d'autosatisfaction, si chacun d'entre vous m' a écouté parler durant les 4 dernières années, vous savez que je ne me suis pas adressé au peuple Americain à la recherche d'éloges." "Mais Sans autosatisfaction, nous pouvons dire que c'etait notre action qui a pesé le plus pour la liberté et contre la plus dangereuse tyrannie que le monde n'ait jamais vu. Nous avons agi comme de vrais amis de la liberté par notre action." "Je félicite tous les hommes et femmes de couleur et tous leurs camarades blanc américains sur la vaillance et l'efficacité avec laquelle les hommes de couleur se sont comporté au front et l'efficacité et la détermination de rendre service qui a été montré à l'ensemble des hommes et des femmes de couleur derrière eux dans ce pays. " THEODORE ROOSEVELT


Mariano Goybet entretenait une amitié avec rudyard Kipling Site parlant des "red Hand" Pendant la guerre, il avait reçu 2 blessures, 4 citations à l'ordre de l'Armée, la rosette d'officier de la Légion d'honneur et une proposition pour Commandeur, l'ordre du bain de Anglais, la distinguished service medal des Americains ; la croix de commandeur de l'aigle blanc avec glaives lui fut remis à Strasbourg par le roi de Yougoslavie.



V ) UNE EXIGENCE DOUBLEE D'HUMANITE



Ci Joint note de sa compagne


" Mon mari a su s'occuper avec la plus stricte régularité de son métier et de tout ce qui en découle . Comme officier à l'Etat-major, il a compris toutes les questions à en étonner ses chefs. Chef lui même au 159ème, au 30ème Bataillon de Chasseurs pendant la guerre, nul n'a eu plus soin de ses hommes." "Il me souvient qu'en 1912 un controleur fut si émerveillé de la manière dont le 30ème Bataillon était tenu qu'avant de quitter Grenoble, il en écrivit au ministre… Ce qui valut à ce beau Bataillon d'aller à Paris représenter les Chasseurs à la revue du 14 juillet. Mon mari excellent skieur accompagnait toujours ses chasseurs et accomplit avec eux des prouesses alpines étonnantes dans les endroits les plus difficiles et sans accident, tout étant prévu." " S'il avait un malade grave nous le devinions de suite : Un jour ma fille le voyant préoccupé à l'excès d'un chasseur hospitalisé lui dit : -Mais enfin papa ce ne sont pas vos enfants ." -" Si" répondit il et c'était vrai ! "Pendant la guerre il n'hésitait pas à traverser deux fois par jour des champs arrosés de marmites pour aller auprès de ses blessés. Il marchait au feu à coté de ses hommes. Deux fois blessé à la jambe, il ne quitta pas le front la première et bien peu la seconde. Il écourtait toujours ses permissions pour retourner au danger. " Madame Mariano Gobet


Notes d'Henri Goybet son arrière petit fils concernant les Red Hand


"Le Souvenir de Mariano et des fameux Red Hands est toujours bien vivant aux U.S.A. Respect mutuel entre le Général et des Americains qui se souviennent qu'il a traité comme il se devait des êtres dignes qui imposent le respect pour avoir risqué leur vie." "Il a notamment traité plus dignement les troupes noires qu'il avait sous ses ordres que ne l'avaient fait les militaires Americains qui les commandaient auparavant . Le fait est avéré. Le Quartier Général Americain a reçu beaucoup de télégrammes du Général Goybet applaudissant la conduite de ces soldats.

Grand humaniste il les considérait comme des frères d'armes et les tenait en haute estime. Il ne regardait que leur bravoure et leur apreté au combat." En défendant la liberté de tous avec leur sang et en y mettant tout leur coeur, ils ont heurté les consciences et ils ont montré qu'ils étaient pleinement citoyens Américains et citoyens du monde."


constant souci de la reconnaissance de ses troupes.


Par lettre du 14 Mai 1932 il avait appuyé une demande formulée par le Général Perry L. Miles de l'armée des Etats Unis tendant à accorder aux ançiens soldats du 371e R.I.U.S. l'autorisation de porter la médaille Commémorative Française de la Grande Guerre. Cette demande était adressée au ministre de la Guerre.


Ses troupes le reconnaissait


Extrait de la lettre du général Perry L. Miles du 13 novembre 33 commandant le 371 ST Infantry. Headquarters sixteen Brigade Washington D.C.

"Naturellement nous avons pensé à vous et parlé de vous plusieurs fois à notre diner annuel. Nous avons fait signer nos programmes par ceux présents. Ci inclus votre programme." "Vous imaginez qu'il est orné de la reproduction de votre Fanion de division que vous nous avez si gracieusement offert." "Ils ont tous été très fiers de la main rouge et ils le restent. Ils restent aussi fiers de leurs services à la 157ème Division Française et de leur chef distingué "Notre général" Cette année certains de nos officiers ont voyagé plus de 700 milles pour atteindre Washington et assister à notre réunion." "Avec mes meilleurs voeux et appréciation de votre amitié et de la façon dont vous nous avez commandés, Je suis votre ami et admirateur. " Perry L. Miles L'entre deux Guerres



Après l'armistice et la dissolution de la 157ème D.i., le Général Mariano fut choisi par le General Hirchshauer, gouverneur militaire de Strasbourg comme Général Adjoint, commandant de la place (Dec.1918-mars 1920.)



VI) L’ENTRE DEUX GUERRES



1) Sur les traces de T. E. Lawrence dit "Lawrence d'Arabie"


Le Général Gouraud haut commissaire de la R.F. en syrie fit venir le Général Goybet pour lui donner le commandement d'abord de la brigade mixte du littoral puis de la 3 eme D.I. de l'armée du Levant . Marche sur Damas du Général Goybet le 24 Juillet 1920 à peine plus d'un an après après l'entrée à Damas De T.E. Lawrence et du général Anglais Allenby.


a) Situation Géopolitique à Damas(1918-1920)



La révolte Arabe (1916-1918) commencée en 1916 avec Hussein poursuit son avancée vers Damas.Elle est lançée pour obtenir l'indépendance de l'Arabie de l'Empire Ottoman. T.E. Lawrence aide les arabes dans ce combat aux cotés de Faycal.Les Anglais appuient le mouvement avec les troupes anglaises du Général Allenby. 1er Octobre 1918, prise de Damas ou Lawrence entre aux cotés de Faycal fils d'Hussein. A Damas . Il est promu au grade de Colonel . Il bénéficie d’un immense prestige , qualifié abusivement par le who’s who de « prince de la Mecque ». Ce prestige pèsera peu face à l’intérêt des puissances.

"Nous avons , je crois changé le cours de l'histoire dans le Proche-Orient.Je me demande comment les grandes puissances laisseront les Arabes faire leur chemin." T.E. Lawrence 14 octobre 1918


L’entrée des troupes anglaises le 1er octobre sous le Commandement du Général Allenby en 1918 à Damas, puis celle de Fayçal le 3 oct., est humiliante pour la France après plusieurs siècles d’influence et de protectorat religieux au Levant. Cette victoire anglaise qui réveille de vieux antagonismes entre les alliés de la veille est due à la présence sur le terrain d’une force militaire considérable, un million d’hommes, qui témoigne de l’ampleur de l’engagement britannique en Orient, contre de maigres effectifs entretenus par la France dans la région.


Quoiqu’il en fut, Allenby et Fayçal se rendirent le même jour à Damas le 3 octobre, et firent connaissance à l’hôtel Victoria en présence de Lawrence. Un jour auparavant, soutenu par les nationalistes et politiciens damascènes locaux, Ali Riza Rikaby avait repris le contrôle du gouvernement militaire arabe des mains de Choukri Pacha al-Ayoubi, proclamé gouverneur provisoire deux jours auparavant. On avait alors hissé le drapeau chérifien et la nouvelle administration arabe avait proclamé son allégeance à Hussein en tant que roi de tous les Arabes.


- 11 novembre 1918, retour de Lawrence à Londres ou il propose la création de 3 royaumes arabes ; la Syrie serait attribuée à Faycal. - 8 janvier 1919 Conférence de Paris ou Lawrence assiste Faycal. Les promesses faites aux arabes se heurtent aux intérèts Franco-Britanniques pour le partage du Proche Orient. Pour protester en Mars Lawrence décline l’honneur de recevoir l’ordre du bain.


Durant l’absence de Faysal en Europe s’occupant à défendre en vain les intérêts arabes contre la détermination française, abandonné par ses alliés britanniques, son pouvoir en Syrie avait faibli. Les critiques contre lui devenaient virulents, surtout après l’accord Fayçal-Clémenceau à Paris le 9 janvier 1920. Débarrassée de son allié rival britannique, la France a les mains libres sur le terrain. Sa politique en faveur de la création d’un grand Liban, ainsi que sa volonté de contrôler l’ensemble de la Syrie, rend inévitable à terme la confrontation avec Fayçal. Le 8 octobre 1919, le général Gouraud est nommé Haut-commissaire en Syrie-Cilicie, et les troupes françaises commencent à relever les Britanniques au Liban et sur le littoral syrien.


À partir de cette date, la situation se dégrade en Syrie et les nationalistes radicaux décrètent la mobilisation générale. Le 8 mars 1920, le Congrès arabe réuni à Damas, rejetant les accords Fayçal-Clémenceau, proclame unilatéralement l’indépendance et la création d’un royaume arabe syrien dans ses frontières naturelles, y compris la Palestine, et Fayçal comme roi de Syrie. Mais en avril 1920, la conférence de San Remo en Italie, confirmant les accords Sykes-Picot modifiés (accords sur les pétroles), donne à la France les mandats sur le Liban et la Syrie, à l’Angleterre les mandats sur la Palestine, la Syrie du sud (Transjordanie) et l’Irak.


La tension est à son comble en Syrie et au Liban, les incidents se multiplient. Le 14 juillet 1920, le général Gouraud lance un ultimatum à Fayçal. Le 24 juillet 1920, la colonne française commandée par le général Goybet marchait sur Damas.



b) Chez le Marechal Allenby par Mariano Goybet(25-03-1920)



Notes de Mariano en transit au Caire appelé par Gouraud en Syrie : sa rencontre avec le maréchal Allenby le 25 mars 1920 qui ne manque pas d'intérêt.


"En sortant du Musée (du Caire), visite au maréchal Allenby. La résidence est une belle demeure toute blanche, au milieu d’un vaste parc, dont les Gazons très Anglais descendent jusqu’au Nil . Un capitaine de Lanciers du Bengale me conduit au Maréchal qui me reçoit fort aimablement et veut bien m’inviter à déjeuner. A 13h30, je suis introduit au salon ou je suis reçu par une amie de la maison , la baronne De Lagrange, aimable Française qui s’est occupée pendant la guerre, d’œuvres charitables et voudrait faire maintenant de la propagande Française dans le Proche-Orient. C’est elle qui me présente à Lady Allenby charmante femme à tous égards qui veut bien me faire le meilleur accueil . Elle parle Français comme une parisienne. D’ailleurs, à la résidence, il semble que tout le monde peut s’exprimer dans notre langue."


"Promenade dans le parc , après déjeuner . Le Maréchal va nourrir de sa main deux immenses échassiers à becs formidables qui ressemblent d’une manière frappante ‘’ aux Adjudants’’ qui font la voirie à Calcutta ; si j’en crois du moins Kipling car je ne connais l’Inde qu’à travers les vivants récits de mon auteur de prédilection. Le Maréchal me conduit ensuite dans son bureau. Là en tête à tête , devant des cartes allant de la Mecque à Damas, mon hôte illustre me fait connaître sa pensée sur la situation assez confuse du Proche-Orient ."


"Je soupçonne que le Haut- Commissaire en Egypte ne serait pas fâché de déposer dans le cerveau d’un Général Français, appelé à devenir un des collaborateurs du Général Gouraud, un peu de bonne semence Anglaise. Quoi d’étonnant à ce que cette éminente personnalité, qui me parait d’ailleurs un franc et loyal soldat, cherche à parler en faveur de son pays et des amis ou des créatures de son pays ? J’avais dit au Maréchal que j’arrivai directement de Strasbourg, sans aucune donnée précise sur la situation actuelle en Syrie. Cela me limitait tout naturellement au rôle d’un auditeur attentif et muet. L’entretien, ou plus exactement la conférence, commença par un exposé très clair et très complet des questions politiques dans le Hedjaz, l’ Iemen et la Région Transjordanienne . Le Maréchal insista sur les liens de réelle vassalité ou d’amicale alliance qui existaient entre les différentes tribus ou grandes familles habitant ces régions et le Roi Hussein et ses fils . Et l’on voyait assez bien à travers ses paroles, cette famille de rois ou de futurs rois, créatures de l’Angleterre, tendant la main à l’Emir Faycal installé par les Anglais à Damas, dans le but plus ou moins avoué de dominer l’Est Syrien et de resserrer de plus en plus les Français dans la zone libanaise . Comme péroraison -- à répéter sans doute à qui de droit -- ‘’ L’Emir Faycal , à la tète des Bédouins de son père, a rendu des services aux alliés pendant l’expédition de Palestine . Il a de légitimes ambitions et il tient à ne pas être déçu dans ses espérances . Il serait sans doute dangereux de le pousser au désespoir . ‘’."


"Avant de lever l’audience le Maréchal me charge de ses cordiales amitiés pour le Général Gouraud, qu’il serait heureux de recevoir au Caire. Il compte bien lui voir faire ce voyage et il lui réserve un chaleureux accueil. En rentrant à l’hôtel, j’apprend que Monsieur Georges Clemenceau ‘’ Notre Tigre’’, retour des Indes vient d’arriver au Caire. Cette nouvelle réjouit tous les officiers présents, car nous n’avons pas encore oublié ce que l’Armée victorieuse doit au glorieux Vieillard . Je m’empresse d’aller me faire inscrire au Shéphéard’s Hôtel ou il est descendu."



c) Le Roi FAYCAL



Tiré des notes de Mariano

"A Damas, l’Emir a pris la couronne royale, il augmente le nombre de ses divisions, il mobilise, il défend l’usage de la monnaie Syrienne, il empêche les blés du Hauran de venir dans notre zone , il gène, par tous les moyens possibles, le commerce entre le Liban et les territoires chérifiens , il met de multiples entraves à mes ravitaillements par la voie ferrée vers le Nord. Bien mieux , enhardi par notre apparente inertie, il achète soit par des promesses, soit par des napoléons , la conscience élastique de personnalités syriennes qui doivent aller en Europe demander du secours en faveur de la Syrie tyrannisée par la France. Cette perfide machination disons- le tout de suite, échoua complètement grâce à l’habileté du service de la sûretè du Haut-commissariat, grâce aussi à la vigilance des postes de la 3e division qui arrêtèrent les autres suspects et cueillirent à temps les missionnaires de Faycal."

"En haut lieu on envisage la nécessité d’avoir un puissant groupement de forces prêtes à repousser une offensive peu vraisemblable d’ailleurs, malgré les rodomontades Damascaines , soit, plutôt , à porter dans l’Etat la menace de nos obus. C’est une division qui sera éventuellement chargée de ces opérations et nous allons examiner quels seront les moyens mis à ma disposition."



d) Sur le chemin de Damas



Décidé à en finir avec la duplicité de l'Emir Faycal, le général Gouraud donna l'ordre au Général Goybet d'attaquer l'armée Chérifienne avec sa D.I. et d'occuper Damas peu après le passage de T.E._Lawrence dit Lawrence d'Arabie.

La colonne du général Goybet comprenait d’importants effectifs : infanterie constituée surtout de bataillons et de régiments sénégalais et marocains, batteries de 75 et de 155, sections d’auto-canons et d’automitrailleuses, deux formations de chars d’assaut, des compagnies de génie, de l’aviation ainsi que des éléments de réserve. Les effectifs chérifiens sont les suivants: - 1300 hommes avec 8 canons pres de Medjel and-jar - 1800 réguliers et bedoins avec 3 canons à Khan meisseloun et Aîn Djedeidé - 1800 Hommes avec canons vers voie férrée de Damas.


Après avoir traversé le liban et l'anti-Liban, la 3ème D.I. livra un violent combat à Khan Meiseloun; victorieux, le Général Goybet fit son entrée à DAMAS, le 25 juillet 1920, déposa l'Emir Faycal, pacifia le Hauran révolté et exerca le commandement du territoire de Damas, jusqu'a sa mise au cadre de reserve, le 17 août 1921. Il revint en France Commandeur de la Légion d'Honneur et titulaire d'une 5 eme citation à l'ordre de l'armée, de la croix de guerre des TOE et de la médaille de Syrie. Le 30 juin 1923, il fut nommé général de division. Le fameux Lawrence d'Arabie avait fait l'impossible pour que les arabes liberent eux mêmes la Syrie, afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain, c'est à coup de canon que la colonne française du Général Goybet viendra chasser FAYCAL."(extrait de l'enquête sur l'histoire)(j'ajouterai que ni Alexandre le Grand ni les croisés avant lui n'ont pris cette ville de 400000 Ames capitale des Ommiades).



Citation


Citation du Général Gouraud commandant l'armée du levant suite à la prise de Damas par Mariano Goybet.


Ordre Général n°22 Le général est profondement heureux d'adresser ses felicitations au géneral Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2eme tirailleurs algériens,11e et 10 eme tirailleurs sénégalais, chasseurs d'Afrique, régiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis 8 mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays. Aley le 24 Juillet 1920 signé Gouraud.



citation

Ordre général N° 80 Cdt en chef de l'armée du Levant Le Général en chef cite à l'ordre de l'armée le Général Goybet Cdt la 3ème Division

Venu en Syrie , sur sa demande , a pris le commandement de la brigade du littoral au moment ou les intrigues chérifiennes suscitaient des troubles dans toute l'étendue de son territoire, et avec des effectifs réduits, a pu grâce a son inlassable activité en parcourant toutes les régions en effervescence , en coordonant les efforts des différentes colonnes, rassurer les populations et annihiler en grande partie les effets d'une propagande hostile. Nommé au Commandement de la 3ème Division et chargé par le Général Commandant en chef des opérations sur Damas, a eu l'honneur d'entrer dans cette capitale à la tête de ses troupes victorieuses, au lendemain du combat de Khan Meiseloun. A montré dans le Commandement de sa division le belles qualités de cœur, de sentiment du devoir et d'abnégation qui l'ont caractérisé pendant toute sa belle carriere.

Signé : Gouraud

Il obtient la croix de Grand Officier de la Legion d'honneur




2) La victoire de Khan Meiseiloun



Myriam Harry dans l'illustration du 21 AOUT 1920 dit ceci Le combat extrêmement acharné dura 8 heures dans le fameux défilé long de 6 kilomètres . les Chérifiens avaient barré la route par un mur garni de mitrailleuses, croyant empecher le passage des tanks, mais les tanks se sont glissés dans le ravin entre le mur et la montagnee et , passant dans le bled, ils sont montés à l'assaut de la crête suivis par les fantassins du 415 eme, les algériens et les Sénégalais marocains, lancés à tout galop, enveloppaient les positions d'un mouvement débordant. Et de la haut pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heures les tanks sont restés face à face avec les batteries et c'est seulement quand ils réussirent à mettre le feu aux caisses de munitions que les chérifiens lachèrent pied et s'enfuirent désemparés complètement par la mort du ministre de la guerre Asmy Bey, tué à son poste par un éclat d'obus.............. Un colonel commandant les arrieres gardes nous donne encore quelques détails. Quand l'armée en déroute est affluée vers Damas, le désarroi était absolu . L'émir Faycal et son frère s'étaient enfuis. Hier soir est arrivé ici le nouveau ministre de la guerre, déclarant au général Goybet que la ville était à sa merçi et n'opposait aucune résistance à ses troupes. Le Général Goybet veut qu'on enterre Asmy Bey avec les honneurs militaires. "ce fut un remarquable officier Turc. Si vous aviez vu ses positions, organisées comme les nôtres, avec des batteries, des tranchées et reliés aux postes de combat par des fils téléphoniques! On se serait cru à la grande guerre. D'ailleurs tous les canons, tous les équipements venaient de chez les Boches, et toutes les caisses de munitions portaient l'inscription : Munitionen fur die Turkei...." (Le témoin plus loin a rattrapé les troupes du Général Goybet.) Nous sommes arrivés à temps. Des 2 cotés du Barada se développent les troupes Françaises, les premieres troupes européennes qui soient jamais entrées dans la capitale des Ommiades - Les croisés l'ont assiégée en vain - et devant l'ancienne caserne turque , le conquérant de Damas, le Général Goybet à cheval, regarde halé et rayonnant, défiler son armée victorieuse.


3) Une fascination pour l'Orient



Tiré des notes du General Goybet Commandant la 3 ème Division de l'Armée du Levant .


a) La ville des mille et une nuits


L'oasis de Damas s'étale devant nous . Dans la blonde transparence de cette soirée d'été, les milliers de toits en terrasse, les innombrables minarets se teintent d'un rose doré, sous les derniers rayons du soleil qui se couche derrière nous. Tout autour, sur des kilomètres de profondeur, c'est l'infini moutonnement de sombres frondaisons des fertiles jardins qui font à la "perle de l'orient" la "ceinture d'émeraude "chantée par les poètes arabes . Vers le Sud , une chaîne de collines teintées de toutes les nuances du bleu, limite notre vue du côté du Hauran; vers l'est, l'horizon plus lointain s'estompe vers les avancées du désert de SYRIE, dans une brume transparente ou dominent les violets exquis et des mauves délicats . Nous restons muets devant la beauté du spectacle et nous jouissons avec ferveur du calme impressionnant qui nous entoure. Il semble invraisemblable qu'hier encore ce fut la rude journée de combat , l'assaut forcené des lignes chérifiennes, la sanglante victoire de Khan Meiseloun. L'esclave de Damas Je suis à Damas ! Ce nom représentant pour moi quelque chose de fabuleux et de chimérique lorsque, encore enfant, je le lisais dans les archives de ma famille. Jean Montgolfier, lointain ancêtre de ma grand - mêre paternelle , Louise de Montgolfier , fut fait prisonnier , au cours de la deuxième Croisade, en 1147, et conduit précisément à Damas . Il comptait sans doute parmi ‘’ Les gens de pied ‘’ ; aussi les Sarrasins n’eurent ils pas pour lui les égards réservés aux brillants Chevaliers. Les Damascains du temps en firent tout bonnement un esclave , pour travailler dans une manufacture où l’on fabriquait du papier de coton . Le pauvre Jean y travailla trois ans, durement, s’évada et rejoignit enfin l’armée des Croisés, à travers mille périls .

Rentré dans son pays natal , après dix ans d’absence, il installe le premier moulin à papier connu en Europe. N’est ce pas ‘’la justice immanente ‘’ qui a permis, au descendant de l’esclave des Croisades , d’entrer en vainqueur dans la ville Sainte ?.



b) Dans le Palais de l'Emir Faycal avec les conteurs Arabes



La rédaction de ce récit , c’a été comme du temps où j’étais Lieutenant ‘’Mon travail d’Hiver ‘’ . Hiver ! Peut- on prononcer ce nom sous ce ciel toujours transparent , sous ce soleil toujours jeune ardent qui semble, chaque matin, bondir d’un seul élan au dessus de l’horizon lointain où se cache Palmyre ?" "Et cependant, aujourd’hui, d’étincelantes blancheurs poudrent les boules d’or de mes orangers , sous l’œil étonné de trois Autruches et de deux gazelles . C’est étrange et charmant , cette neige à Damas . Elle est tombée cette nuit et pendant une heure à peine elle mettra sa miraculeuse poudre au front de la ville des Mille et une nuit . Je relis sur place les récits des conteurs Arabes et surtout leurs poésies si admirablement traduites par le Docteur Mardrus."

‘’ A Damas , j’ai passé un jour et une nuit . Damas ! Son créateur a juré que jamais plus il ne pourrait faire une œuvre pareille . ‘’ ‘’ La nuit couvre Damas de ses ailes, amoureusement. Et le matin étend sur elle l’ombrage des arbres touffus . ‘’ ‘’ La rosée sur les branches de ses arbres n’est point rosée , mais perles, perles neigeant au gré de la brise qui les secoue ‘’. ‘’ Là dans les bosquets c’est la Nature qui fait tout : l’oiseau fait sa lecture matinale ; l’eau vive c’est la page blanche ouverte ; la brise répond et écrit sous la dictée de l’oiseau et les blancs nuages font pleuvoir leurs gouttes pour l’écriture ‘’

C’est ces gouttes qu’il m’aurait fallu pour rendre exactement mon impression profonde devant les formes, les couleurs , les mirages de la divine Oasis d’Ech Cham.


DAMAS DECEMBRE 1920

Signé GOYBET



VII) RETRAITE ARDENTE




Il était très attaché aux anciens combattants et lorsque ceux de Yenne le choisirent comme president il se dévoua de tout son cœur à leur service Sa devise Unis comme au front . les partis lui étaient indifférents. Pour lui une seule chose comptait "La France à aimer et à servir . Il était ami avec les Gouraud, Pétain, Debeney. IL fut respecté et aimé par ses soldats car il avait le souci constant d'être juste. Il a eu le souci de bien traiter les troupes noires Americaines dont il avait la charge. Il était admiré par ses supérieurs qui le considérait comme un Tacticien Hors Pair et un homme valeureux. Pétri de culture, possédant une belle bibliothèque, il était un grand artiste . L'oeuvre artistique de sa vie. le livre de famille Goybet relié cuir et entièrement enluminé.


VIII) SON ALLIANCE, SES ENFANTS,SA FAMILLE AU SERVICE DE LA NATION



1) Son alliance



Mariano Goybet épousa Marguerite Lespieau (1868-1963), fille de son Général à savoir Théodore Lespieau (1829-1911) Grand Officier de la Legion d'Honneur. celui ci fit la campagne de crimée, de Kabylie, de 1870-1871 et la commune. Il épousa Clemence Theil, Fille du Savant Philologue Napoléon Theil né en 1808 et filleul de l'Empereur, Professeur d'humanité à Henri IV et à ST Louis. Clemence theil fut dotée par l'empereur Napoléon III. De ce mariage figure Robert Lespieau, academicien des sciences, a collaboré à la formation de 3000 ingenieurs de l'École centrale


General de Division Théodore Lespieau (1829-1911) Grand Officier de la Legion d'Honneur :

Le Général Théodore Lespieau naît à Figueras le 15 Avril 1829, a fait les Campagnes de 'Dobrutcha', de 'Crimée', de 'Kabylie' , de '1870-1871', de 'la Commune'. Nommé capitaine et décoré à la prise de 'Malakof, blessé à 'Spickeren, colonel du 109eme R.I.. Général de brigade en 1878, à 'Bourg' puis à 'Orleansville' et à 'Mascara'. General de Division en 1887, il commande à Grenoble la 27 D.I. jusqu'en 1894.


Robert Lespieau (1864-1947) Academicien des sciences Officier de la Legion d'Honneur Robert Lespieau élève de l'école normale,membre de l’institut, Officier de la Legion d’Honneur , professeur à la Sorbonne et à l’École centrale, directeur du laboratoire de Chimie de l’Ecole Normale Superieure, écrit un traité de Chimie et effectue de nombreuses expériences. Il travailla dans le laboratoire de Pasteur.



2) Ses Enfants : Le sang des Braves



Il eut 1 fille Claire née en 1896 et 3 fils dont Pierre Goybet (1887-1963) Contre Amiral qui suivra et 2 autres fils morts pour la France durant la grande guerre.

-Adrien Goybet (1889-1915)(champion international de ski militaire en 1908) Il fut affecté comme sergent au regiment des tirailleurs marocains. Il fut nommé adjudant et conduisit vaillamment sa section à l'assaut de la tranchée des vandales en 1915. Il tombe glorieusement loin dans les lignes Allemandes devant somme PY.Croix de guerre avec palmes, médaille du Maroc.


-Frederic Goybet( 1891-1914) lycée Louis le Grand Reçu 1er sur 42 à l'examen de sous officier. Nommé sergent, il fait un stage dans l'aviation. Il partit pour les vosges en 1914.Le 19 Aout il entraîna ses chasseurs à l'attaque des hauteurs de gunsbach. Il y fut mortellement blessé. Croix de guerre avec palmes).



3) Sa famille au service de la nation (Légion d'Honneur)


a) Ses oncles



- Antoine Goybet( 1787-1867) Chevalier de la Légion d'honneur Alexis Goybet grand père de Mariano marié à Louise de Montgolfier petite nièce des Montgolfier, est le frère d'Antoine Goybet, maire de la ville de Yenne entre 1836 et 1867.


-Général de Division Charles Goybet(1825-1910) Grand Officier de la Légion d'Honneur Inspecteur Général de la cavalerie Elève à la Royale Académie Militaire de Turin. De nombreuses campagnes dans l'armée Sarde : Campagne de Lombardie de 1848-1849, de Crimée (1855), de libération de l'Italie (1859). En 1856 il reçoit le grade de capitaine dans les "Chevaux légers d'Aoste". Début 1860 il est nommé Chef d'Escadron dans les "Lanciers de Florence". Il opte pour la Françe quand la Savoie y est rattachée alors qu'il n'a que 35 ans . Il est l'un des deux seuls savoyards ayant opté pour la Françe qui a fini Général . Le Commandement du 4e Dragon lui est confié dans l'armée Française.Il fait la guerre de 1870 comme lieutenant-colonel. A Gravelottes, il est décoré de la Légion d'Honneur sur le champ de bataille. Colonel au 20e Dragon en 1871.Général de brigade en 1877, nommé Général de divison en 1887. Il termine sa brillante carrière comme inspecteur de Cavalerie à Fontainebleau.Il servit jusqu'en 1890.

Extrait de lettre de Charles Goybet à son père datée du 11 Septembre 1855 devant Sebastopol durant la Campagne de Crimée.


"L'on a commencé à bombarder Sebastopol le 4 de ce mois, et au moment ou je t"écris cela continue ; c'est un roulement continuel de coups de canons, comme on n'en a jamais entendu, et cela dure jour et nuit, de sorte qu'il faut avoir bien sommeil pour s'endormir avec un tintamare semblable ." "De notre camp, nous avons été spectateurs pendant la nuit d'avant hier et d'hier d'un magnifique incendie, c'étaient deux vaisseaux russes qui ont éré incendiés par les batteries; d'ici l'on ne pouvait pas voir les flammes, mais l'on voyait une lueur dans le ciel du coté de Sebastopol comme le lever du soleil et cela a duré toute la nuit."' "J'ai été hier dans l'après midi voir Sebastopol, mais je n'ai pu beaucoup distinguer; il y avait du vent très fort et puis la fumée de la poudre empéchait de bien voir; mais ce que j'ai pu remarquer c'est que les russes repondent très faiblement, la tour Malakof ne répond pas du tout; tous les parapets sont endommagés, et les français ont déja poussé leur travaux d'approche jusque dans le fossé, aussi j'espère bien que l'on la prendra, parce qu'une fois Malakof pris, l'on peut bruler tous les vaisseaux qui sont dans le port et couper la communication de Sebastopol, avec le reste des forts." "Comme la ligne de défense des Russes est très étendue, l'on a adopté dans le bombardement une très bonne méthode qui consiste en ce que l'on commence à bombarder sur la droite et puis l'on cesse tout à coup; les russes présument qu'on va donner l'assaut, alors ils massent des troupes dans les tranchées, alors on recommence à tirer et comme les tranchées sont pleines cela leur tue beaucoup de monde et l'on continue toute la journée de cette manière là et eux sont obligés de se tenir en garde parce qu'au moment ou ils s'attendront le moins, on montera à l'assaut."



-Laurent Goybet (1833-1912)Chevalier de la Légion d'honneur Conseiller de préfecture à Nice, Grand Juge de Monaco.



b) Ses frères



- Général de division Victor Goybet (1865-1947) Grand Officier de la Légion d'Honneur Il accomplit presque toute sa carrière dans les Troupes Alpines . Blessé en 1914 et en 1916 Commandant du 101 R.I. puis Commandant de la 79ème Brigade, il participe à la défense de Verdun. Il prend part à l'offensive de la Somme (1916). Il prend le commandement de la 65 ème Division D'infanterie . Il occupe Mayance le 9 Decembre 1917. (Il eut pour fils le colonel Charles Goybet né en 1898. Officier de la Légion d'honneur qui participa aux deux guerres 1914-1918 (Chemin des Dames, Somme) et 39-45 (Campagne de Norvège ). Il fit également la Campagne de Syrie (1920-1921))



- Capitaine de Vaisseau Henri Goybet (1868-1958) Commandeur de la Légion d'honneur. Il prit part à la Campagne de Chine à bord du MYTHO (1900-1901). En 1914 il organise pour la défense du camp retranché de Paris 10 sections d'autos-Projecteurs sous le Commandement du général Galliéni. Envoyé en mission en France et en Algérie pour la défense contre les sous marins. En Novembre 1917 il est chef d'état-major du vice-amiral RONACH qu'il rejoint à Dunkerque. A l'armistice il est successivement Commandant de la base navale de Tarente puis de celle de Beyrouth.



c) Sa descendance



Le fils de Mariano Pierre Goybet (1867-1963) (Contre Amiral) est Commandeur de la Légion d'Honneur. Le petit-fils de Mariano , le chef de bataillon Adrien Goybet (1922-1995) perpétua également le service de la nation, élevé au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur créant une lignée de trois légionnaires au service du bien commun répondant aux critères de l'ordonnance de 1814 destinée à "Perpétuer dans les familles le zèle pour le bien de l'État par d'honorables souvenirs." Henri Goybet, fils d'Adrien fit son service dans les chasseurs Alpins (27ème B.C.A) en hommage à Mariano, Alpin lui même. Il appartient à l'A.H.H.[1].



-Contre Amiral Pierre GOYBET (1887-1963)commandeur de la Légion d’honneur



Pierre Goybet épousa sa cousine Germaine Henriette Goybet fille d'henri. Pour ce mariage il fallut demander l'autorisation du pape. Ils eurent Marguerite,Adrien légionnaire dont nous reparlerons,Françoise et Claude Capitaine de Marine Marchande.


Il commence la guerre de 14-18 comme canonnier marin (Lorraine, Verdun) et la termine comme aide de Camp du Contre Amiral Amet. Pierre détaché au ministère des Inventions, en 1918, mit au point les " nomogrammes" des calculs du tir.


Entre les deux guerres il est notamment Le 20 Juillet 1933, nommé commandant de la Ville D'YS., Aviso escorteur qui commande la flottille Terre Neuve, Groenland, Canada, Labrador puis il exerce sur le Jules-Vernes (ravitailleur de Sous marins). En 1940 il est Commandant du Croiseur ‘Primauguet’ le plus rapide de la flotte. Il débarque à Aruba (Antilles) en Avril 40 avec ses troupes marines pour protéger les installations de la ‘Standard ‘ et ‘Shell’ Petroleum contre les attaques Allemandes. Le 25 Juin 1940 , bien qu’attaqué au départ par les Allemands au départ du Verdon, il porte une partie des réserves du stock d’or de la Banque de France, l’or et les Bijoux de la couronne Belge pour le mettre en lieu sur à Casablanca . 'Croiseur Primauguet commandé par Pierre Goybet. Présentation par lui-même. " Le Primauguet croiseur de 8000 Tonnes "washington" ce qui lui en faisait bien 11500, 120000 chevaux, quatre hélices, 32 noeuds , 8 canons de 155 en tourelles doubles, merveilleux battiment de mer, avait un état major que j'aurai choisi, si j'en avais eu le droit, et équipage hors série qui avait toujours le sourire et qui ne demandait qu'à avoir l'occasion de se bagarrer. Un bateau comme ça , ça se commande tout seul. De plus ce bateau béni n'était embrigadé dans aucune escadre, dans aucune division et naviguait toujours "à la part" . On le prétait de Casa, Fort de France, ou à Dakar" En novembre 42 , débarquement des Américains . Il est commandant du port de Casablanca. Il reçoit les généraux Patton, Kees et Wilburg pour traiter de la cessation des hostilités. Il est nommé Contre Amiral pour fait de guerre le même jour que Wilburg passait général.



-Chef de Bataillon Adrien GOYBET (1922-1957)Chevalier de la Légion d’Honneur


Chef de Bataillon d’Infanterie de Marine Parachutiste. Il suit l’entraînement spécial des missions marines ( Commando ; Parachute ; renseignement, démolition) en Australie et en Inde (1944-1945) avec les troupes Britanniques de la force 136 sous les ordres de l’amiral Mountbatten (unité dont un commando inspira le fameux « Pont de la ‘rivière Kwai’.».) En juin 1945 il est parachuté en mission spéciale au Cambodge encore occupé par les Japonais . Parachutage en ‘’Blind’ sans comité de réception au sol. Il prépare le débarquement des troupes du général Leclerc.

Ensuite c’est la Guinée, le Maroc, puis l’Indochine (1951-1954) comme officier de renseignement du secteur le plus exposé du Tonkin à savoir Phu Ly. Il participe à toutes les opérations du secteur à la tête des unités qu’il renseigne . Extrait de lettre du général Bigeard du 14/01/95. ……….. En souvenir de ce coin pourri de PHU LY Au Tonkin ou en qualité d’officier de Renseignement vous avez donné le meilleur de vous-même. Si fidèlement Signé : Bigeard

Il est ensuite commandant de l’escadron blindé de Pointe Noire (Congo). (1955-1958). Guerre d’Algérie (1958-1961) . Il est notamment Commandant des sous quartiers de Rokmia et de Lannoy dans les montagnes du Constantinois . (Il s’est particulièrement distingué le 7 mars 1959 ou sa compagnie à accroché et donné l’assaut à deux reprises à une bande rebelle invincible depuis plus de quatre Ans). A Nouméa en 1962, il est affecté à l’Etat-major du Commandement Supérieur des troupes du Pacifique. Il finit sa carrière militaire comme directeur de l’enseignement de l’anglais à l’école d’application de l’infanterie (St Cyriens) de St Maixent.



Décorations principales



Grand Officier de la Légion d'honneur Croix de guerre 1914-1918 (4 citations à l’ordre de l’armée) Croix de guerre des TOE (1 citation à l’ordre de l’armée) Chevalier de l'Ordre du Nichan el-Anouar Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 Médaille commémorative de la Syrie-Sicile Insigne des blessés militaires Médaille de la Victoire Distinguished Service Medal (USA) Commandeur de l'Aigle blanc de Serbie avec glaives (Yougoslavie) Compagnon de l'ordre du Bain Chevalier de la couronne d'Italie Officier du Sauveur de Grèce Chevalier de St Olaf de Norvège Chevalier du merite militaire Espagnol Medaille Interalliée











ORIGINES FAMILLIALES




La region de Yenne est souvent appelée "le petit Bugey ". Quoiqu'ils fussent essentiellement Savoyards , ses habitants avaient des rapports fréquents avec le Bugey ; il suffit de rappeler que les paroisses de la vallée dépendaient de l'êveque de Belley qui avait un grand vicaire "pour sa part de Savoie."

Enserrée entre le cours du rhône et la chaine du Mont du Chat avec ses 2 cols élevés à 650 et 1000 metres, la petite vallée dut longtemps être isolée. L'attraction de la metropole Chambery , avec les possibilités qu'offrait l'administration du duché à la bourgeoisie locale désireuse de s'elever, l'emporta cependant.



La famille GOYBET originaire du petit Bugey en Savoie remonte sa filiation jusqu'à Michel Revardel 1380, serf puis homme lige et franc, mort en 1410. Vers 1600, les Revardel reçurent le surnom de Goybet qui resta à la souche cadette, alors que la souche ainée gardait son nom.


Afranchie en 1441, les Revardel, puis les Goybet devinrent notaires et Chatelains d'Yenne, et s'allierent à la meilleure noblesse locale ( Courtois d'Arcollieres,Echalon, Bavoz, Grailly -Foy, Belly .. ; ils descendent de LOUIS VIII par les Artois . Une branche ainée fut anoblie en 1758 (Goybet de Lutrin de GRILLY).Claude François GOYBET de Lutrin de Grilly fut intendant du Chablais et du Genevois. Une autre se fixe à Yenne ou elle exerce la charge Notariale puis le commerce et l'industrie et les carrieres militaires.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58


Michel Revardel "vixit 1410"

Jehan Revardel a "reconnu être homme liège et taillable à la bonne volonté de Dame de paladru" 1437.Ses 2 fils sont etienne (vit en1465) et Michel qui suit.

Michel revardel vivant en 1441 a reconnu être homme lige et franc de dame de paladru.

Antoine revardel un de ses fils, mineur en 1466 est mort en 1528.


Guillaume son fils, né en 1466 reconnait être homme lige et franc le 13 Fevrier 1529. Reconnaissance féodale en faveur d'andré de Seyssel, seigneur de Choysel. Sa soeur epouse Noble Claude d'Arcollieres.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58 2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)


Michel Revardel dit Goybet son fils vivait à Methenod et mourut en 1633. Il eut 3 fils.

- jehan Claude mort en 1633 et qui fut grand vicaire.

- Claude Revardel dit Goybet qui fut Notaire de Yenne et chatelain de Centagnieu. decedé en 1619. Il eut pour fils claude (1602-1682)Notaire ducal de Yenne , comme petit fils Marc Antoine (1639-1682) et comme arriere petit fils Prudent Revardel né en 1671 qui fut capitaine chatelain de Yenne . Cette branche s'eteignit.

- Jehan dont nous descendons et qui suit


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)~


Jean Revardel dit Goybet chatelain de Centagnieu (1632-1638), notaire ducal (1638,1646),habita Methenod puis Trouet ou il etait notaire. Il eut 3 fils. Louis et Anthelme etaient curial de Centagnieu. l'ainé notre Ancetre Charles suit.

Charles Revardel dit Goybet vécut à Trouet et y mourut vers 1684. Il eut 10 enfants. Il est chatelain de Centagnieu (1649-60), notaire ducal à Trouet. Il epouse Françoise Du Goy.


De ce mariage naquit quatres fils : - Messire Claude curé de Meyrieu mort en 1712 - Urbain qui épousa Elisabeth Touvier - Gaspard notre aieul qui suit - Marc revardel dit Goybet dont le fils Claude François d'abord avocat près le souverain Senat de Savoie fut anobli , acheta la seigneurie de Lutrin et remplit les fonctions d'Intendant du Chablais et du Genevois. Il épousa le 17 fevrier 1730 Antoinette du Nant de Grilly. iL se fit appeller Claude François Goybet de Lutrin de Grilly. Son fils unique épousa Claudine de la Forest - Divonne. De ce mariage naquit, en 1759 Pierre Goybet de Grilly de Lutrin. Il mourut sans posterite, tué tragiquement d'un coup de feu au chateau de Veyrier. Avec lui s'eteignit cette branche des Goybet.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58


Revenons à notre aieul Gaspard Goybet, fils de Charles, né en 1663 epouse Anne fille de Courtois D'Arcollieres. Il est chatelain de meyrieux et de vertemex.

Son fils ainé Joseph Goybet notaire de 1723 à 1750, capitaine chatelain des marquisats d'yenne et de chevelu se maria à Gabrielle Joubert. Il eut plusieurs enfants.

- Louis François Goybet notaire à st paul de 1750 à 1784. Chatelain de yenne et succeda à son père comme notaire. - Alexis Goybet né en 1724 abandonna la fonction traditionnelle de notaire. Il fut marchand à Yenne, conseiller de la communaute (1757) et vice chatelain de Yenne (1771-1782).( trisaieul de mon arriere grand pere mariano) qui épousa Jeanne Belly fille de prudent belly et marguerite de Bavoz, eut 14 enfants dont 4 fils et 10 Filles dont,une Louise épousa dominique Dullin ( Arriere grand père de Charles Dullin , acteur et directeur de théatre bien connu ) - Joseph notaire et Chatelain de 1767 A l'An VIII - Antoine curé de Treize, official, Chanoine, vicaire general de Belley. - Pierre qui suit, le bisaieul de mon arriere grand père Mariano. - Charles negociant à Lyon epousa Eugenie Rodin, sans posterite.Bienfaiteur de sa famille et de la ville de Yenne. il legue 12000 livres pour l'hopital et 18000 à l'ecole des enfants pauvres et legue Volontaz à Charles son petit neveu.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)~~


PIERRE GOYBET 1750-1831

iL fait ses etudes au collège de Chambery, vécut à Yenne ou il etait Negociant, syndic d'Yenne, President de l'Administration Cantonale (an IV et V), Maire de la ville ( AN IX A 1815) , President du Conseil d'Administration de l'Hopital ( An II) et du Conseil de Fabrique en 1808. épousa Elisabeth Piolet. Il eut 2 fils . - Alexis qui suit - Antoine (branche dont on reparlera).


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58


ALEXIS GOYBET (1786-1854),


Negoçiant marié à LOUISE DE MONTGOLFIER . Celle ci mourut jeune à Lyon le 14 Juillet 1826 laissant 3 enfants dont Pierre Jules Goybet qui suit., Charlotte et Louise. Alexis voulut imiter son oncle Charles dans le négoce Lyonnais, mais avec moins de bonheur. Il dut abandonner la partie. Il Vecut seul à Paris et mourut A BATIGNOLES le 5 Janvier 1854.





PIERRE JULES GOYBET

Pierre Jules Goybet né à Lyon le 28 Septembre 1823, orphelin de mêre à l'age de 3 ans, il fut elevé par sa Grand - mere de Montgolfier, puis par sa tante, femme d'Antoine Goybet . Eleve aux Colleges de Rumilly et de Chambery, il termina ses etudes chez les R.P. Jesuites de Fribourg . La ruine de son pêre l'obligea à partir à 17 ans , pour aller rejoindre en Espagne, son Oncle Augustin de Montgolfier.

Il fut employé comme Ingenieur à la Fabrique Mécanique du Papier dans l'usine fondée par son oncle, à Toréro, près de Saragosse . Plus tard, après la mort d'Augustin , il s'associa avec Monsieur Averly pour diriger une entreprise de construction de machines à vapeur à Saragosse. Revenu en France pour s'y marier , en 1857 à Marie Bravais d'une vielle Famille du Vivarais, il retourna en Espagne ou la reine le nommait Chevalier D'industrie et membre du Conseil Superieur de l'Industrie. Auparavant il avait reçu le grade de Lieutenant d'Artillerie dans la milice . Deux enfants lui naquirent en Espagne .

Desirant rentrer en France pour raison de la santé de sa belle mere, Pierre Jules Goybet accepta, en 1863, les propositions de la ville de Lyon qui lui demandait d'assumer la direction de l'Ecole de la Martiniere, importante institution professionnelle, fondée grace aux liberalites du Major General Martin.

Sous sa main ferme , cette Ecole prit rang parmi les plus célèbres . Mais en 1879 P.J. Goybet dut s'opposer aux tendances Athées de nouveaux administrateurs. Il refusa de se démettre et fut mis à la retraite. Après avoir été Pdt de la société Nationale d'éducation, Vice Pdt de la societe de Geographie de Lyon, Secretaire de la Societe D'enseignement Libre , il se retire définitivement à yenne. Il Mourut à Yenne en pleine possesion de ses facultés Physiques et intellectuelles le 26 Janvier 1920. Sa compagne ne lui survecut que de quelques mois.

Il eut 2 filles dont Constance qui épouse Joseph Jaillard et 3 fils avec marie Bravais qui embrasserent la carriere des armes :




- Luisa Enriquita Augusta née le 19 Janvier 1858 à Saragosse, decedée à Lyon le 13 Novembre 1938, y épousa le 16 Decembre 1880 Gabriel Gignoux docteur en medecine, né en 1850 et décédé le 13 Avril 1890 dont : - René, - Régis qui fit carriere dans la magistrature marié à Marguerite Canaple Dont Raymond et Gabriel (enfants sont françois, Claude, Genevieve) - Rose Marie Gonzague , né le 21 Juin 1886, mort pour la France à Florina le 25 Septembre 1916, avait épousé Georgette Rossi.




- Constance Marguerite Delphine, née à Annonay le 27 fevrier 1863, morte à Lyon le 25 Aout 1945, épousa à Lyon le 10 Aout 1893 Joseph Marie Emmanuel Jaillard, veuf de louise Laprade, officier d'artillerie. Celui ci finit sa carriere comme Chef d'Escadron, se retira à Lyon et mourut à Melun dans la catastrophe du Chemin de fer du 4 Novembre 1913. De cette union

-Pierre né à Lyon le 9 Juin 1894, officier de marine, mort pour la France à bord du Léon Gambetta le 27 Avril 1915, sans alliance.

- Charles né à l'ile Barbe le 21 Juin 1895, mort accidentellement à Melun .

- Henri, né à Clermont- Ferrand le 24 Octobre 1897, ingénieur, Chevalier de la Legion d'Honneur et de ST Gregoire épouse à Lyon le 20 Septembre 1920 Elisabeth Pariset, née le 26 Juillet 1901 à Lyon dont 9 enfants parmi lesquels Henri Colonel de l'Air et Officier de la Legion d'honneur marié à Odile Rodier qui ont eu une nombreuse postérité dont Pierre Jaillard AHH administrateur de l'INSEE.

- Louise - Marie Née le 15 Aout 1899 à Yenne , épouse le 2 octobre 1919 à Bordeaux Henri Poncelin de Raucourt, né à Gap le 1er Avril 1897, officier d'artillerie dont 11 enfants.

- Marie Madeleine née à Clermont Ferrand le 5 Avril 1903, épousa à l'Ile Barbe le 10 SEPTEMBRE 1921 Henri LEPERCQ, industriel, né et mort à Lyon dont 14 enfants.




- LE GENERAL DE DIVISION VICTOR GOYBET (1865-1947).

Il est né à lyon le 9 Juin 1885. Il est éleve du Lycée de Lyon; sorti de St Cyr ou il avait été Sergent en 1885, Ss Lt au 13eme BCA, il est nommé Lt au 30 EME BCPA en 1888 et servit dans les Alpes jusqu'a sa promotion au grade de capitaine (18 eme B.C.P.) et son entrée à l'Ecole de Guerre. Breveté d'Etat Major en 1898, Victor revint dans les Alpes ou il devait être détaché au service des Renseignements sur la Frontière Italienne, de 1901 à 1907. Chef de Bataillon en 1906, après avoir été au 98 ème R.I., il fut nommé Chef d'Etat Major du gouvernement de Briançon. Au cours de sa carriere Alpine, Victor s'affirma comme un montagnard infatiguable, faisant de nombreuses ascensions, notamment le Mont Blanc par plusieurs itinéraires; comme son oncle et Parrain, Victor Bravais, il étudia la botanique en se spécialisant dans la flore des hauts sommets . A la mobilisation de 1914, Victor partit comme Chef d'Etat Major de la 66 DI; en Novembre, il fut nommé au Commandement du 95 R.I.; au cours de combats dans la Foret d'Aspremont, il fut blessé d'une balle qui lui sectionna trois doigts de la main droite. Sitot guéri de sa blessure, il remplit, pendant quelques semaines, les fonctions de Cdt d'Armes de Gerardmer, puis il reçut le commandement du 1er Groupe Vosgien organisant des positions et des communications en arriere du front). Nommé au commandement du 101 R.I. en Fevrier 1916, Victor participa à la défense de Verdun d'abord comme Commandant de régiment (Mort homme ) puis comme Cdt de la 79ème Brigade Chattancourt et Cumieres; c'est aussi comme Cdt de cette Brigade qu'il prit part à l'offensive de la Somme, dans les secteurs du Calvaire de Curlu- Raucourt, de Maurepas et de Sailly-Saillissel, période du 25 Sept au 17 Nov 1916.

En decembre 1916, Victor prit le commandement de l'I.D. 165, à Conchy-les-Pots et le Bois des loges, puis à la fin du mois et au début de Septembre, sur le canal du Nord, guiscard, jusqu'à l'oise, pour stationner ensuite jusqu'à l'armistice, dans le Secteur de Domény et occuper Mayance le 9 Decembre. Pendant la guerre , Victor avait reçu le grade de colonel ( 24 Juin 1916), la rosette d'Officier de la L.H. 9 citations dont 6 à l'ordre de l'armée. )Il fut nommé genéral de brigade en 1919, il fut promu General de Division en 1926. Il a épousé Franceline Blesson le 3 Mars 1892 et morte en 1942 . 2 Enfants (Marie et Charles). En deuxième noce en 1944, il épouse Sabine Paskovitch


-MARIE

Née à Grenoble le 10 janvier 1893, épouse à Lancié le 2 Octobre 1920 Pierre Tronel avoué dont, Jacques , Maurice, Charles Roger, Françoise


- LE COLONEL CHARLES GOYBET,

fils de victor né à Marly-le-Roy le 30 Juillet 1898; admis à l'école spéciale Mre et Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 27 juillet 1916; Aspirant le 30 Juillet 1917, il rejoint le front au 370 R.I. puis au 277 R.I. Sous Lieutenant le 22 Avril 1918 (277 R.I.), il est gazé et évacué) en Septembre 1918; il avait pris part aux combats du Chemin des Dames (Aout 17), de la Somme (Avril 18) de l'Aisne (Soissons)-Aout-Sept 18) et obtenu 3 citations; après un stage à l'E.S.M., il est affecté au Tir à Saarbruck (sept 19) et nommé Lt en 1920. Il fit la campagne de Syrie en 1920-1921, fut reçu à l'Ecole Sve de Guerre en 1926 et affecté à l'Etat Major de la 43 eme D.I. à Srasbourg puis au S.R. de la 15 eme Reg. (mai 1930). Charles participa à la guerre de 39-45 .( Campagne de Norvege ), Il finit Colonel . croix de guerre . 5 citations et Officier de la Legion d'Honneur. Il épousa à Lyon le 19 Janvier 1935, Juliette Eymazd, née le 31 Mars 1914 de Valéry Eymard, notaire à Lyon et de Suzanne RIVOIRE -VICAT, d'une famille d'industriels grenoblois dont il eut :

Brigitte ; Philippe licencié es Science Economiques et diplomé de l'institut de la statistique; Franceline; Catherine.

Philippe est marié à Catherine journaliste. Très actif à Madagascar ou il se dévoue pour des causes humanitaires. Ils ont 2 filles et un fils Alexis Ingénieur au Sri Lanka ( deux enfants Goybet dont François et Thomas ).





- LE CAPITAINE DE VAISSEAU HENRI GOYBET,

(1868-1958), est élève chez les maristes de la Seyne. Il sort de l'Ecole Navale et en 1886 il navigue comme Aspirant de 2éme Classe à bord de "l'Iphigénie". Comme aspirant de 1ere classe et comme Enseigne (1887-1889) Henri fit sur le Dusquesne, une campagne de 28 mois, dans le pacifique et dans l'atlantique Nord. Nommé lieutenant de vaisseau en 1896, il alla dans le proche-orient, à bord du Courbet, et fit la campagne de Chine (1900-01), comme Second du 'Myto'. Il fut attaché pendant 10 ans (1904-1914), à la Défense fixe de Toulon, (Sezvice des Torpilles et des projecteurs). Le 10 Octobre 1914, Henri est mis à la disposition du Général Galliéni, Gouverneur militaire de Paris pour la défense du camp retranché; il organise 10 sections d'auto-projecteurs et les conduit successivement aux armées; parti comme commandant de la 10 eme section, il est rattaché à la 41 D.I., à St Dié, jusqu'au 1 er janvier 1916, et rend des services signalés pour la défense et l'attaque du secteur. Sa belle conduite lui vaut le grade de Capitaine de Frégate; il est nommé Inspecteur des Auto-Canons et Auto-Projecteurs et Commandant du dépot des marins de Paris; il est chargé de la navigation de la Seine; adjoint au service central d'exploitation des ports, il est envoyé en mission en France et en Algérie pour la Défense contre les Sous-marins. Henri est nommé en Novembre 1917, chef d'etat major du vice Amiral Ronach qu'il rejoint à D unkerque. A l'armistice il fut successivement Commandant de la base navale de Tarente puis celle de Beyrouth. Il termina sa carriere comme Capitaine de Vaisseau à Toulon d'abord à l'etat major des frontieres maritimes puis au commandement du V eme depot des equipages de la flotte. Commandeur de la legion d'honneur, il epouse Valentine Moyne fille d'un Agent de change très riche puisqu'il avait doté chacune de ses 3 filles de 800000 frs Or. il n'eut que 3 filles dont l'une épousa son cousin pierre Goybet qui suit.

- Henriette Goybet née à Tamaris le 16 Juillet 1899 qui épouse le 17 Juin 1918, son cousin-germain Pierre GOYBET, fils de Mariano -Charlotte Goybet née à Tamaris le 22 Janvier 1903. - Marie Therese Goybet née à Ecully , le 20 Octobre 1908 mariée le 7 Septembre 1929 à Remy Ripert de Marseille dont : °Philippe Henri Cadre Bancaire, marié à Rose Rouvière dont Mathilde, Renaud, Mariane, Romain. °Michèle mariée à Yves Garnier.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58 2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)


- LE GENERAL DE DIVISION MARIANO GOYBET (leur ainé)

(1861-1943), Grand Officier de la Legion d'Honneur, eut 1 fille claire et 3 fils dont 2 morts pour la France durant la grande guerre.(Adrien goybet champion international de ski militaire en 1908, fut affecté comme sergent au regiment des tirailleurs marocains. Il fut nommé adjudant et conduisit vaillamment sa section à l'assaut de la tranchée des vandales en 1915. Il tombe glorieusement loin dans les lignes Allemandes devant somme PY.Croix de guerre avec palmes, medaille du Maroc. Né en 1891 Frederic Goybet lycée Louis le Grand et puis reçu 1er sur 42 à l'examen de sous officier. Nommé sergent, il fait un stage dans l'aviation.Il partit pour les vosges en 1914.Le 19 Aout il entraina ses chasseurs à l'attaque des hauteurs de gunsbach. Il y fut mortellement blessé.Croix de guerre avec palmes)

Mariano Goybet épousa la fille de son General à savoir Theodore Lespieau (1829-1911).celui ci fit la campagne de crimée, de Kabylie, de 1870-1871 et la commune .il épousa Clemence Theil, Fille du Savant Philologue Napoleon theil né en 1808 et filleul de l'Empereur,Professeur d'humanité à Henri IV et à ST Louis. Clemence theil fut dotée par l'Empereur Napoleon III.De ce mariage figure Robert Lespieau élève de l'école normale, Academicien des sciences, a collaboré à la formation de 3000 ingenieurs de l'Ecole Centrale.

Mariano est donc né à Saragosse le 17 Aout 1861, baptisé à notre dame du pilar. Eleve au Lycée de Lyon, puis à la rue des postes et aux Chartreux de Lyon. Sorti de St Cyr, ou il avait été sergent en 1884, comme SS Lieutenant au 2eme Rgt de tirailleurs Algériens, Mariano épouse la fille de son General, Marguerite Lespieau. Nommé Lieutenant au 140 ème, à Grenoble, il fut reçu à l'Ecole de Guerre, d'ou il sortit en 1892 ( mention très bien) pour être employé à l'Etat Major de la 27 D.I. et de devenir ensuite officier d'ordonnance du Général Zédé Gouverneur de Lyon (1896). Capitaine depuis 1893, il fit son stage de cdt de Compagnie au 99 R.I. à lyon et à Gap. Nommé à l'Etat Major du gouvernement de Briancon, il fut promu chef de bataillon au 159 R.I. En decembre 1907, il prit le commandement du 30 eme Bataillon de Chasseurs Alpins qu'il conserva comme Lt Colonel. Alpiniste , skieur, le Lieutenant Colonel M. Goybet profita de son séjour prolongé dans les Alpes pour faire de nombreuses ascensions, soit seul , soit avec sa troupe : Mont Blanc, Grande Casse, Meije, Pelvoux, etc...

C'est à la tête de son groupe Alpin ( 30 CH .1ere Bie du 1er R.A.M.°) que le Lte Colonel M.Goybet partit, en Aout 1914, pour le front des vosges et débuta en Alsace par une suite de combats heureux : Satel de Munster- Reichackerkopf. (14 Aout). Gunsbach (19 Aout), Logelbach (22 Aout). Prise du Convoi d'une D.I.Bavaroise au col de Mandray. (24 Aout). Mis à la tête du 152 R.I., il remporta de nouveaux succès en Alsace : Gunsbach (29 Aout). Reichsacker-Kopf (3 Sept); puis dans les vosges au N. DE ST Dié, (Ormont et spitzenberg 11 et 17 Septembre).

Nommé colonel et ayant reçu le commandement de la 81 eme Brigade (152 R.I.- 5 et 15eme B.C.p.)il regagna avec elle l'alsace (vallée de Thann) pour prendre Steinbach ( 25 Dec au 3 Janvier 1915). Toute l'année 1915 se passa en combats à l'HartmannsweilersKopf, à l'Hilsenfirst et au Linge . Le colonel M. Goybet fut blessé deux fois, à l'H.W.K. en Avril, ou il fut soigné à l'ambulance de Moosch, en Dec, ou il fut évacué sur l'intérieur.

A peine guéri, en Mars 1915, le colonel Goybet rejoint le 98 eme R.I. devant Verdun, pour aller ensuite occuper le Secteur de Vic-sur-Aisne. Le 98 eme appartenait à la 50eme Brigade et à la 25 eme D.I. . A l'automne, la 25eme D.I. est transportée dans le Nord ou se continue la Bataille de la Somme. Le colonel M. Goybet est nommé au commandement de la 50 Eme Brigade (attaques de Chaulne et du pressoir 9 et 10 Nov) Au début de 1917, le Colonel, à la réorganisation de l'infanterie, prend le commandement de l'I.D. 25. (16e,98e 105 e). Il occupe le secteur de Plessis-de-Roye-Lassigny. Au moment du recul stratégique de l'ennemi, opérations de poursuite jusqu'au canal Crozat(16 au 23 Mars 1917), puis devant St Quentin (3 au 17 Avril). Au mois d'Aout, la 25 D.I. prend part à la dexieme Bataille de VERDUN. le 20 le Colonel Goybet après de violents combats s'empare des bois d'Avocourt. Après un court séjour dans la forêt d'Argonne, la 25 D.I. va occuper le Secteur des Bezonvaux ou elle a à repousser des contre Attaques presque quotidiennes . En Decembre le Colonel Goybet est nommé General. La 25 D.I. vint au printemps occuper le secteur du Morthomme. Le General M. Goybet y reçut en mai un télégramme du Q.G. l'appelant au Commandement de la 157 eme décimée près du chemin des dames.

L'Infanterie de la 157 eme D.I., fut reconstituée avec le 333 eme R.I. et les 371 et 372 Eme Regiments Americains noirs. (Division "main rouge "Red Hand".) La D.I. alla occuper le secteur Foret d'Argonne - vauquois- cote 304 , jusqu'au moment ou elle fut appelée à participer avec la IV eme Armée, à l'offensive générale en Champagne. Le General Goybet par de violentes attaques, rompit le front ennemi devant Monthois faisant de nombreux prisonniers et s'emparant d'un matériel considérable. La 157 eme alla ensuite occuper les vosges devant ste Marie les Mines.

Ci joint citation concernant la distinguished service medal

Commandement des forces americaines Cabinet du cdt en chef

Mon cher General, le President m'a délégué pour vous conferer la Distinguished Service Medal au nom du gouvernement des Etats Unis. Comme commandant de la 157 eme DI,371 et 372 eme RI vous avez été l'un des facteurs importants de la victoire des allies par votre brillante conduite et votre haute technicité. Les officiers et les soldats de la 157 eme 371 et 372 RI considerent comme un grand honneur d'avoir servi sous vos ordres dans les operations que vous avez conduites en Champagne et dans les vosges. Signé General Persing

Il entretenait une amitié avec rudyard Kipling Site parlant des "red Hand". http://www.lib.byu.edu/~rdh/wwi/comment/Scott/ScottTC.htm

Après l'armistice et la dissolution de la 157 eme D.i., le General Mariano fut choisi par le General Hirchshauer, gouverneur militaire de Strasbourg comme general Adjoint, commandant de la place ( Dec.1918- mars 1920.) Pendant la guerre, il avait reçu 2 blessures, 4 citations à l'ordre de l'Armée, la rosette d'officier de la legion d'Honneur et une proposition pour Cmmandeur, l'ordre du bain de Anglais, la distinguished service medal des Americains ; la croix de commandeur de l'aigle blanc avec glaives lui fut remis à Strasbourg par le roi de Yougoslavie.

Le General Gouraud haut commissaire de la R.F. en syrie fit venir le General Goybet pour lui donner le commandement d'abord de la brigade mixte du littoral puis de la 3 eme D.I. de l'armée du Levant . décidé à en finir avec la duplicité de l'Emir Faycal, le General Gouraud donna l'ordre au general Goybet d'attaquer l'armée Chérifienne avec sa D.I. et d'occuper Damas

Après avoir traversé le liban et l'anti-Liban, la 3 eme D.I. livra un violent combat à Khan Meiseloun; victorieux, le General Goybet fit son entrée à DAMAS, le 25 JUILLET 1920, déposa l'Emir Faycal, pacifia le Hauran révolté et exerca le commandement du territoire de Damas, jusqu'a sa mise au cadre de reserve, le 17 Aout 1921. IL revint en France Commandeur de la Legion d'honneur et titulaire d'une 5 eme citation à l'ordre de l'armée , de la croix de guerre des TOE et de la medaille de Syrie. Le 30 Juin 1923, il fut nommé General de Division.

Ci joint citation du general Gouraud commandant l'armée du levant suite à la prise de Damas par Mariano Goybet. ( j'ajouterai que ni Alexandre Le grand ni les croisés avant lui n'ont pris cette ville de 400000 Ames capitale des Ommiades )." Le fameux Lawrence d'Arabie avait fait l'impossible pour que les arabes liberent eux mêmes la Syrie, afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain, c'est à coup de canon que la colonne française du General Goybet viendra chasser FAYCAL."(extrait de l'enquete sur l'histoire)


Ordre Général n°22

Le General est profondement heureux d'adresser ses felicitations au general Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2eme tirailleurs Algeriens, 11 eme et 10 eme tirailleurs Senegalais, chasseurs d'Afrique, regiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis 8 mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays . Aley le 24 Juillet 1920 signé Gouraud.


Il obtient la croix de Grand Officier de la Legion d'honneur.


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)~~


L'ainé des fils de mariano, est

LE CONTRE AMIRAL PIERRE GOYBET

Pierre Frederic Goybet ainé des enfants de Mariano Goybet, né à Mostaganem (Algérie), le 5 Decembre 1887, montra dès son plus jeune age , son gout pour la montagne (ascension du Mont Blanc à 13 Ans ) et son désir de servir dans la marine; éleve au college de la Seyne, puis au Lycée St Louis, il entra à l'école Navale le 1er Octobre 1906.

En 1908, Pierre fit la campagne du Duguay- Trouin (Atlantique et Mediterranée), comme Aspirant nommé Enseigne de 2eme C,en 1909, et attaché d'abord au service du canon sur le "Democratie", il embarqua sur le Montcalm" pour de longs mois de naviguation à travers la méditerranée, la mer rouge, l'océan indien, les mers de Chine, et du Japon et tout le Pacifique. Débarqué à Saigon et embarqué sur la Manche pour une campagne d'Hydrograhie sur les cotes d'Annam et dans la baie d'Along, il fut atteint d'une congestion au foie et rapatrié, en 1911, sur le Polynésien des messageries Maritimes ; il reçoit sa nomination d'Enseigne de 1ere Classe .

Au cours d'un congé de convalescence de six mois, Pierre fit les Marches D'hiver de 1912 avec le 30eme Bataillon de Chasseur Alpins, commandé par son père ; de mai 1912 à Juillet 1914, il fut embarqué sur le Marceau, bateau-ecole des torpilles, d'abord comme Chef de service (Electricité et Cie de débarquement) puis comme Eleve- Torpilleur; breveté Torpilleur, il attendait au Dépot le commandant en second de la Circé, lorsque la Guerre éclata, ce qui fit maintenir à leur poste les Officiers en Second . Le Vinh-Long est armé à la mobilisation. Pierre Y embarque comme Chef de service ( Manoeuvres , cartes, Montres , Compas) et participe au transport de mines de Bizerte à Corfou, par Malte ; revenu à Toulon, le Vinh- Long se prépare à un nouveau voyage, lorsqu'on demande des officiers de Marine pour organiser la défense de Paris. Pierre s'y rend comme volontaire . De Septembre 1914 à Janvier 1917, Pierre sert au front d'abord comme second puis comme Cdt de pieces de Marine, dans la Forêt de Champenoux, au bois des Railleuses à Barthélemont , à Thionville sur Hauts de Meuse, à Mourmelon -le - petit en Champagne, à Hagenbach en Alsace, enfin, à Verdun, à la pièce du Bois Bourrut. Pierre détaché au ministère des Inventions, en 1918, mit au point les " nomogrammes" des calculs du tir, dont il avait établi les premiers ; (systeme adopté par la suite en France et en Italie.) En 1917, à Corfou, il embarque sur la Lorraine; puis nommé Lt de Vaisseau sur le Voltaire ; il est alors pris comme aide de camp par le Cdt Amiral Amet qui , nommé Vice Amiral, puis haut commissaire, le garde avec lui, à constantinople (13 Nov 1918) Après un congé de convalescence, Pierre est nommé Second du S.R. Marine, à Constantinople (1919-1921), puis Chef du Service de Renseignements Maritimes à Port Said jusqu'en Decembre 1921. Après quelques mois A Toulon, il obtient un congé d'études en Egypte et à Oxford qui lui vaut le Bt d'interprete D'Anglais.

Rentré à Toulon; Pierre fut affecté au laboratoire du centre d'Etudes (mai 1923-à Oct 1925). puis nommé au commandement de l'aviso les Eparges attaché à ce Centre ; il le garda deux ans et y reçut le grade de Capitaine de Corvette (15 Janv 27). il fut nommé d'office Professeur du cours de torpilles à l'école des Officiers eleves. Commandant de cette école (Octobre 27 à Octobre 29). Pierre embarque en Octobre 29 sur le contre torpilleur le Chacal comme Cdt en Second. Le 13 Janvier 1931 il part en croisière pour l'Afrique du Sud avec le Tigre et le Primauguet. Amiral Morris. Le 7 Mars 1931, il est nommé Capitaine de Frégate. Le 21 Avril nommé second du Primauguet. En mai 1932, il est nommé second du Jules Verne.

Le 20 Juillet 1933 il est nommé commandant de la Ville D'YS. Aviso escorteur qui commande la flotille Terre Neuve , Groenland, Canada , Labrador. Important au niveau diplomatique aussi.Rentré le 1er Novembre 1935. Nommé le 20 Juillet 35 Président de ' L' E.S.N.de Toulon. Capitaine de Vaisseau le 3 Fevrier 1938. 1939 nommé Cdt de la 3 eme Division de contre torpilleurs ' Bison, Epervier, Milan. Du 25 Aout au 2 Decembre 1940 à Gibraltar, liaison Franco-Anglaise. 2eme Commandement du Croiseur Primauguet .

Comme fait marquant,il débarque à ARUBA en Mai 1940 avec les troupes du Croiseur Primauguet pour défendre les depots petroliers de la SHELL et de la STANDARD il transporta également en Afrique à Casablanca en 1940, l'or de la banque de France, l'Or et les bijoux de la Couronne Belge pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Allemands egalement avec le Primauguet. Il faut signaler que sur le Croiseur Primauguet jacques yves Coustaud eut la chance d'etre embarqué. Croiseur, le plus rapide de la flotte . Ce bateau était désigné pour emmener le gouvernement en cas de besoin.

En 1942 Commandant du Port de Casablanca, il négoçia avec les Americains qui debarquaient et reçut chez lui les Generaux Patton et wilburg. Sa conduite héroique pour la défense du port et les négociations, lui valurent d'être promu Contre Amiral pour "fait de guerre". IL fut désigné juge d'instruction pour le compte de la Marine dans certains dossiers. Il fut aussi à sa retraite chroniqueur scientifique. Commandeur de la legion d'Honneur

Il épousa sa cousine germaine Henriette Goybet fille d'Henri Goybet Capitaine de Vaisseau et frere de mariano LE 17 Juin 1913 à Toulon. Il dut pour cela requerir une autorisation Papale


Il eut 2 fils et 2 filles. Adrien qui suit


- Claude Henri Frederic Marie Goybet né à Tamaris /mer le 30 Mai 1925,* enseigne de vaisseau de réserve, volontaire pour l'indo-chine ou règne la guerre, il commande une cannonière sur le Mekhong (1947), lieutenant sur un bateau d'une compagnie de navigation de Saigon,capitaine en second d'un cargo en Indochine (1957) , Capitaine de Marine Marchande, passionné de généalogie, tout comme son grand pêre marié à Claude Dumoulin dont :

  • Extraits du journal de Marguerite Lespieau.

°Frederic infirmier marié à Genevieve Pourtal dont Pauline et Etienne. ("Sans postérité du Chevalier , Frederic (fils ainé de la branche cadette) et Etienne son fils prendront naturellement le flambeau de notre Branche Familiale Goybet).

°Veronique mariée à Jean Michel Lemoine contrebassiste

°Michel informaticien marié à Agnès Guidicelli dont Pierre et Alexandre.



- Marguerite Henriette Anne Marie Raoult,fille ainée et Doyenne de notre branche, (qui m'a fourni des infos pour ce qui suit), née à Constantinople en 1921 mariée à Roger Pierre Raoult, industriel (Maroc, Casablanca, Carnoux en Provence)auteur de l'ouvrage 'Naissance d'une cité' sur Carnoux en Provence dont 8 enfants :

°Brigitte Mariée à Jean Claude Cellard (Patron du Journal "les Affiches") dont Anne Caroline et Juliette

°Bernadette mariée avec Michel Schaar (Officier de marine) dont Valentine, Gwendoline, Barthélémy, Adrien

°Bruno marié avec Simone Bernabeu

°Bernard ( Avocat) marié avec Odile Guyon dont Sophie; marié avec Valérie Zaniewski dont Martin et Jeanne; marié avec Fatima Ben M'Barek Ben Salah dont Morgane; marié avec Dominique Gohier dont Rachèle.

°Benedicte mariée à Dominique Giuliani (Banquier) dont Charlotte, Arnaud, Thibault

  • Blandine mariée à Patrick de Carné de Carnavalet

dont Agathe, Bérangère, Blaise, Constance.

°Benoit

°Baudoin ( Météo Européenne Angleterre ) marié avec Marie Christine Desforge dont Ninon, Camille, Justine, Maxime.



-Françoise Claire Marie, Professeur de Mathematiques née le 6 Fevrier 1924 qui épousa Pierre Boutellet dont 3 enfants :

°Jacques (interprete Sydney) marié avec Anne Marie Suminne dont Laurent, jérôme, Geneviève.

°Catherine ( Nouvelle Zélande) mariée à Paul Schirley dont Patrick (informaticien) et Anne (Avocate).

°François ( intendant )marié à Christine Bouvet dont David et Nicolas.





- Claire Goybet, soeur de Pierre est née à Condom le 9 Octobre 1896, et epouse à Yenne le 28 Septembre 1915 Emile Thibaudet, médecin de la marine , né le 3 Mars 1883 dont Jacques, Genevieve et Christiane


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)~~



- LE CHEVALIER CHEF DE BATAILLON D'INFANTERIE DE MARINE ADRIEN GOYBET ( son fils ainé ).


né le 29 Juin 1922 à Ecully (Rhone), décède en 1995. Chevalier de la Legion d'Honneur (obtenue au peril de sa vie) eu de nombreux postes à travers le monde. Indes anglaises, australie (1944-1945) avec l'armée Britanique force 136 dont un Commando a inspiré le fameux "pont de la riviere KWAI". Extrait de lettre de patricia Mountbatten of Burma "I was so interessed to hear you served in force 136 under my father". Il participa à la guerre d'indochine et à l'independance du Cambodge ainsi qu'à la guerre d'Algerie.Postes en Guinée, Congo, Nouvelle Caledonie. Ecrivain livre "les perils de la mer" qu'il illustre egalement. De retour en France il devient professeur d'anglais pour le compte de l'armée puis dans le civil est Directeur Commercial d'une agence d'interim. Artiste peintre à sa retraite il obtient un diplome de la fondation Paul Ricard. Don de la vierge du Gevaudan excécuté pour l'eglise de sainte lucie 48100 Marvejols. Il epousa yvette Tronel, fille d'un negociant en Soie de Lyon Louis Tronel et de marguerite Richard du Montellier, qui lui donna 3 enfants ( Henri cité plus loin, Pierre né à Casablanca le 14 mai 1951 et décédé à Pointe noire le 22 Mai 1957, Huguette citée plus loin.) Famille qui herita du domaine des Dombes (Chateau du montellier). La famille compte egalement Louis Richard Depute aux Etats Generaux et Senateur d'Empire (1743-1818) et Auguste Richard du Montellier president directeur general du Credit Lyonnais ( années 60.)

Principaux faits de Guerre et Decorations - - - - - - 31 05 1945 Parachuté en mission de guerre sans comité de réception à Kompong. Speu (cambodge occupé par les japonais ). Proposé pour une citation. Obtient le brevet militaire de parachutiste et croix de combattant volontaire "indochine".

- 2 eme guerre d'indochine 51-54 Faits de guerre divers et combat du Rhenon sept 52 (tonkin nord vietnam) , operations et accrochages à thinh chau (23 1 53 ) et trach 21 3 53 (tonkin nord vietnam) 2 citations à l'ordre de la division pour ces faits .

texte integral d'une de ces citations.

OG n°26343 du 15 8 53 du General de Di COGNY commandant les FINV. CITE A L'ORDRE DE LA DIVISION : GOYBET pierre M. A. lieutenant " Officier de renseignements particulierement dynamique et perspicace qui a su, gràce à son activité et à l'efficacité du réseau qu'il a crée, obtenir des informations de premier ordre. A contribué pour une large part au succès des opérations de nettoyage à caractère local menées dans le kim Bang et le Thanh-liem par le 6eme Bvn en Fevrier et Mars 1953 et personnellement dirigé 2 Raids en zone non controlée, le 23.01.53 à Tninh-Chau et Lat-Son (Nord vietnam) et le 21.1.53 à Trach-To, ramenant de ces 2 opérations plusieurs fusils, des prisonniers importants et de nombreux documents.

cette ciatation comporte l'attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. avec Etoile d'Argent

--- temoignage de satisfaction delivré par le gouvernement vietnamien en date du 31.10.52.

Le gouvernement du Nord Vietnam décerne à Monsieur Pierre Marie Adrien Goybet, lieutenant, chef du 2eme bureau, secteur militaire de PHU-LY, un témoignage officiel de de satisfaction pour le motif suivant " a rendu de précieux services aux autorités Vietnamiennes dans l'oeuvre de pacification.

Hanoi, le 30 Octobre 1952, le gouverneur du Nord Vietnam PNAM-VAN-RINH .


- 3 eme guerre d'Algerie

7 09 53 Combats de l'ouest Said (secteur philippeville). Adrien Goybet a commandé le bataillon au feu.

Constantine,18 Mars 1959. Citation à l'ordre de la brigade O.G. 189

le Capitaine GOYBET Pierre du 2 eme Bataillon du 16 Eme Regiment d'Infanterie de Marine Pour les motifs suivants :

"Commandant de compagnie courageux et résolu. S'est mis en valeur par son activité au cours de plusieurs opérations dans le Quartier de Jemmapes. S'est particulièrement distingué le 7 Mars 1959, au cours d'un engagement dans l'Oued Said ( Secteur de PHILIPPEVILLE ). Par une manoeuvre judicieuse, a forçé les rebelles au combat, permettant, ainsi la mise hors de quinze d'entre eux dont un chef et la saisie de cinq armes dont une collective . Se lançant à la poursuite de l'adversaire, en liaison avec les unités voisines, a par son esprit de décision et la rapidité de son intervention largement contribué à l'anéantissement de la bande rebelle. "

Cette citation comporte l'attribution de la Crois de la valeur militaire avec Etoile de Bronze.

Le General de Division Divary commandant la 14 ème Division d'Infanterie et le Nord Constantinois


- 1961 Actions de guerre diverses secteur de philippeville .

citations à l'ordre de la brigade O.G. N° 324

Le capitaine Goybet Pierre, Marie, Adrien, du 2eme Bataillon d'Infanterie de Marine

" Officier de valeur adjoint opérationnel du quartier de Jemmapes a préparé et fait exécuter avec intelligence et un sens tactique certain plusieurs opérations qui ont permis :

- Le 10 Fevrier 1961 dans le Mellila (Secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat de cinq rebelles et la saisie d'une arme - Le 17 Fevrier 1961 dans les Douars GHRAR et MELILA (secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat de trois rebelles, la saisie de grenades et la destruction de plusieurs markez - Le 5 Mars 1961 dans le Djebel Grar (secteur de PHILIPPEVILLE) la mise hors de combat d'un rebelle, la saisie de grenades et de munitions et la destruction d'un gîte d'étapes de PC NASIA. - Le 14 Mars 1961 dans la Fôret de l'Oued SOUDANE (Secteur de PHILIPPEVILLE) la destruction de dix- sept Markez et gourbis et la saisie de cinq cent kgs de ravitaillement A fait preuve, à ces différentes occasions, de courage, et de sang froid ainsi que d'une parfaite connaissance du terrain et des methodes de combat de l'adversaire

1er Mai 1961

General de Division LENNUYEUX Commandant la Zone Nord Constantinois et la 14 Division d'Infanterie.


- Chevalier de la legion d'honneur prise de rang le 30 Juin 1962 ce qui fait rentrer cette branche familliale dans le cadre de l'ordonnance de louis XVIII qui honore tout spécialement les 3 generations consecutives de legion d'honneur. Il faut noter à ce propos qu' Adrien Goybet descend de 2 grands parents legionnaires Goybet. le cas devant etre quasi unique se devait d'être signalé. Il y a donc toute la constance de cette lignée au service de la nation.

- Medaille commemorative campagne d'indochine - Croix de guerre des TOE avec 2 etoiles d'Argent - Croix valeur militaire 2 etoiles de bronze - Medaille coloniale avec agrafe "E.O." - Medaille commemorative 1939-45 avec agrafe "EO" - Medaille commemorative operations de sécurité et maintien de l'ordre en AFN Tunisie et Algerie -Diplome de reconnaissance de la nation - Croix du Combattant - merite militaire vietnamien de 1ere classe - Chevalier de l'ordre de l'étoile noire.

Henri58

Lettre du Prince Norodom Sihanouk au chef de bataillon Adrien Goybet

"Mon commandant permettez moi de vous exprimer ma profonde gratitude pour la noble fidelité de votre amitié Veuillez agréer l'expression de mon affectueuse considération " n. sihanouk

Pékin le 5 Octobre 80


Huguette Fricaudet, fille d'Adrien est née à kANKAN en Guinée le 29 Septembre 1947. Elle épouse Michel Fricaudet (notaire). De ce mariage 2 filles.

-Anne mariée à Frédéric Aureille dont Soline, Adrien et Mathieu.

- Sophie mariée à Gilles Laloux dont Paul et Marie; mariée avec Philippe Rousse dont Thomas; mariée à Frederic Dimitriou dont Pierre-Alexis.



Le fils d'Adrien "heritier du nom selon l'expression de celui çi, le CHEVALIER HENRI GOYBET est né le 8 Mai 1958 à Pointe Noire au Congo.

De nombreux voyages outre mer avec ses parents ( Congo, Algérie, Nouvelle Caledonie (Tour du Monde), Australie, etc..

Il fut Scout Marin, suivit sa scolarité au célèbre Cours La Bruyere à St Didier En Velay (3eme taux de réussite au Bac de Françe) et y passe un Baccalauréat Economique et Social.

Il suit son service militaire au fameux 27 eme Bataillon de Chasseurs Alpins à Annecy (bataillon d'élite qui a obtenu la legion d'Honneur), en memoire de son arriere grand père mariano, lui même Chasseur Alpin. Randonnées à Ski, à fort dénivelé, avec Peaux de Phoque,Combat par - 20 dans la neige, construction d'igloos, recherche de secours aprés avalanches, damages pour équipe de France de ski,courses sur glacier, escalade et marches intensives plus l'entrainement classique du Soldat.

IL suit des études de Droit à l'Université Jean Moulin de Lyon, il rentre à la Société Marseillaise de Credit. Il y passe son CAP de Banque, puis le Brevet Professionnel de Technique Bancaire. Guichetier vendeur puis Technicien Administratif ou il est affecté notamment au Service du Controle de la Direction Regionale (police de la banque), puis devient Responsable de Site Pilote du Groupe Informatique. Il exerce ensuite les fonctions d'Assistant Statistiques et Marketing du Groupe de Vaucluse-Bouches du Rhone ( Animation commerciale, conception, organisation et mise en oeuvre de Campagnes Commerciales, eclairages statistiques avec analyse et diffusion), devient attaché de Direction Regionale et participe activement à la politique du Groupe en matiere commerciale tout en apportant son appui aux commerçiaux.

Contemplatif (le spectacle de la nature ne le lasse jamais), sensible avec toutefois un esprit Cartésien,Il aime la poésie, tout ce qui touche à l'économie, les films style Arts et Essais et pratique le Rock And Roll.


Il appréçie particulièrement Claude Monnet et Vincent Van Gogh qui a magnifié la provence d'une façon très particulière,les peintures de son père, aux couleurs chaudes, emplies d'exotisme, de sensibilité et de sensualité; et dans le domaine musical Grieg,Dvorak, Beethoven, Elton john, Pink Floyd....Coup de coeur actuel pour James Blunt "good bye my Lover".

Ses auteurs préférés : Tarjee Vesaas ( Les Oiseaux, Palais de Glace) et Marie Cardinal ( Les mots pour le dire).

Sa philosophie est bien exprimée dans l"oeuvre de Jean Paul Sartre "L'existentialisme est un humanisme".(1946).


Tout comme son arrière Grand père, il est passionné de ski, montagne et de voyages. Irlande (voyages linguistiques), Italie,Espagne,Suisse, etc... Il se rend fréquemment aux Etats Unis ou il a d'importantes attaches.

Il appartient à l'Association des Honneurs Hereditaires.


Lien pour le 27 eme Bataillon de Chasseurs Alpins

http://www.defense.gouv.fr/sites/ terre/decouverte/ presentation_de_l_armee_de_terre/ armes_et_composantes/infanterie/ 27e_bataillon_de_chasseurs_alpins


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)Henri58 2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)


Revenons à l'oncle de jules GOYBET, ANTOINE GOYBET(1787-1867), maire de yenne Chevalier de la legion d'Honneur et des st maurice et Lazare eut aussi une nombreuse posterite dans laquelle se distinguent ses 4 fils dont :

-LE GENERAL DE DIVISION CHARLES GOYBET Inspecteur General de la Cavelerie Française (1825-1910).

Né à Yenne le 3 Decembre 1825. A l'age de 12 Ans , il est éleve à la Royale Academie Militaire de Turin le 15 Janvier 1838. il Sert dans l'armée Sarde dans le régiment de Savoie Cavalerie. Nommé lieutenant le 8 Decembre 1847, il participe à la campagne de Lombardie de 1848-1849. Heros des campagnes Sardes contre l'autriche. A la Campagne de Crimée (1855,1856), il se distingue au combat de TchernaÏa. Il est nommé capitaine le 16 Novembre 1856, puis il est nommé dans les chevaux legers d'Aoste. Il participe à la campagne de liberation de l'Italie en 1859. Il assiste aux combats de Palestro et San Martino. Il est nommé Chef d'Escadron le 20 Mai 1860 dans les Lanciers de Florence.

C'est le plébiscite et Charles opte pour la France. Il a 35 ans. le 11 Decembre 1861 il est prend le commandement du 4 eme Dragon comme Chef d'Escadron. Il est nommé lieutenant Colonel le 10 Aout 1868.

Durant la guerre de 1870, il chargea avec son glorieux 4 eme Dragon à Mars la Tour. Il sauva meme à Metz l'etendard de ce regiment et lorsque plus tard le 4eme Dragons vint tenir garnison à Chambery, le General Goybet remit la precieuse relique au colonel de Chabot. Charles Goybet reçut la croix d'Officier de la legion d'honneur sur le champ de bataille.( Decision du Marechal commandant l'armée du Rhin. Octobre 1870) Il fut fait prisonnier en Allemagne d'Octobre 1870 à Mai 1871.

A sa liberation il est fait Officier de la legion d'honneur et Colonel du 20 eme Dragon le 3 Fevrier 1872. Il est nommé General de brigade le 5 Juin 1877. Brigade Epinal Fontainebleau. En Novembre 1887, il finit sa brillante carriere comme inspecteur de la Cavalerie Francaise. Il est mis au cadre de reserve en 1890. Il est promu Grand Officier de la Legion d'Honneur le 12 Juillet 1890. Il prit sa retraite dans sa propriété de Volontaz qu'il aimait tant.

"Son affection pour les siens se manifeste par la régularité de ses correspondances, la longueur de ses lettres, la franchise des sentiments exprimés, le souci de connaitre les évènements familliaux." "Henri Putz "


Charles goybet aide de camp du général de division le comte Trotti ecrit à son pere Antoine Goybet devant Sebastopol. Son pere est un notable (1787-1867). il est syndic de sa commune sous le regime sarde avant d'en etre le Maire apres 1860 et il partage sa vie dans le bourg d'yenne et à son domaine de volontaz.

kamara le 7 Septembre 1855.

Mon cher Papa,

l'on a commencé à bombarder Sebastopol le 4 de ce mois, et au moment ou je t"ecris cela continue ; c'est un roulement continuel de coups de canons, comme on n'en a jamais entendu, et cela dure jour et nuit, de sorte qu'il faut avoir bien sommeil pour s'endormir avec un tintamare semblable. De notre camp, nous avons été spectateurs pendant la nuit d'avant hier et d'hier d'un magnifique incendie, c'etaient deux vaisseaux russes qui ont éré incendiés par les batteries; d'ici l'on ne pouvait pas voir les flammes, mais l'on voyait une lueur dans le ciel du coté de Sebastopol comme le lever de soleil et cela a duré toute la nuit . J'ai été hier dans l'après midi voir Sebastopol, mais je n'ai pu beaucoup distinguer; il y avait du vent très fort et puis la fumée de la poudre empechait de bien voir; mais ce que j'ai pu remarquer c'est que les russes repondent très faiblement, la tour Malakof ne répond pas du tout; tous les parapets sont endommagés, et les français ont déja poussé leur travaux d'approche jusque dans le fossé, aussi j'espere bien que l'on la prendra, parce qu'une fois Malakof pris, l'on peut bruler tous les vaisseaux qui sont dans le port et couper la communication de Sébastopol, avec le reste des forts. Comme la ligne de défense des Russes est très étendue, l'on a adopté dans le bombardement une très bonne méthode qui consiste en ce que l'on commence à bombarder sur la droite et puis l'on cesse tout à coup; les russes présument qu'on va donner l'assaut, alors ils massent des troupes dans les tranchées, alors on recommence à tirer et comme les tranchées sont pleines cela leur tue beaucoup de monde et l'on continue toute la journée de cette maniere là et eux sont obligés de se tenir en garde parce qu'au moment ou ils s'attendront le moins, on montera à l'assaut....... Nous avons un climat très changeant et nous avons eu un vent chaud avec quelques gouttes de pluie, ce matin au contraire, c'est un vent très froid qui ressemble à nos vents froids du commencement de Novembre; et tu peus voir à mon écriture qui se ressent de l'atmosphere froide. J'ai reçu hier une lettre de Laurent du 20 Aout, tu peux lui dire que j'ai parfaitement reçu sa lettre ainsi que la chartreuse; mais quand j'ai écrit, je ne l'avais pas encore reçue; ici c'est très facile de recevoir les lettres 8 à 10 jours plus tard de ce qu'on devrait les recevoir. Quand à la serge de Sardaigne que Laurent m'offre, cela me serait très utile mais si tu m'envoie le grand paletot que j'ai demandé, cela me suffira; il faudra aussi m'envoyer des bas de laine, mais Laurent m'a dit que la maman y travaille déja; parce qu'il ne faut pas que l'on se fasse des illusions sur notre position, nous sommes presque certains de passer l'hiver ici; aussi les Français font des chemins de fer pour aller à leur campement et tu conçoit que si l'on devait s'embarquer, ce ne serait jamais notre armée qui serait la premiere. Laurent (son frere) m'a dépeint le triste état de nos vignes, c'est vraiment du malheur: Quand il n'y a pas de maladie, il faut que cette maudite tempete vienne encore s'en meler; heureusement que les récoltes étaient presque toutes rentrées; il m'a donné aussi des nouvelles de notre machine à blé, il ne parle pas non plus d'Apollon et de la Saumette qui je crois se portent mieux que mes chevaux car la très mauvaise intendance militaire, qui pour notre malheur se trouve Crimée, les laisse deux ou trois jours sans leur donner d'avoine et se justifie en disant qu'ils n'en ont point. Imagine-toi que maintenant le temps est beau, la mer excellente, ils n'ont des provisions que pour la journée ( quand ils en ont!) aussi cet hiver nos chevaux crèveront de faim; le foin qu'on leur donne est quelquefois si mauvais qu'ils ne veulent pas le manger quoiqu'ayant faim. Pour nous les distributions sont assez régulieres, pourvu que cela continue ! mais ici tout le monde est d 'accord pour dire que notre intendance militaire est tout ce qu'il y a de plus mauvaise et pire que celle des Turcs.

Adieu mon cher papa, embrasse bien de ma part la Maman et dis lui qu'elle se tranquilise. Embrasse aussi Alexis , Pierre Laurent et Célina ainsi qu'antoine, qui doit déja être un beau garçon. Donne moi des nouvelles des démarches d'Alexis. Je t'embrasse de tout mon coeur et suis ton affectueux et respectueux fils

Charles



- PIERRE LUC GOYBET

frere de Charles est né le 23 Mai 1828. et décede le 6 Mars 1896. Il est avocat à la Cour et conseiller General de Savoie.

Pierre Goybet, conseiller general, avocat à Chambery, monarchiste catholique, frère du general et du secretaire general de la prefecture se présente aux elections legislatives de 1876.


les sentiments des familles conservatrices à l'égard de la commune sont très bien dépeintes dans une lettre de Pierre A son frere Charles. le 15 mai 1871.


" Lorsque tu nous a quitté , je ne pouvais prévoir que tu irai recommencer cette affreuse guerre. Heureusement tu n'es pas destiné à prendre part très directe au siege ou la cavalerie ne peut jouer un role principal. Cependant , si tu n'en cours pas tous les dangers , tu en as tous les ennuis et j'espère bien que tu les fais payer aux gredins qui tombent entre tes mains. Cette race de Parisiens n'inspire vraiment pas grand intéret; perversité en bas, ou légereté en haut. c'est à desesperer de voir Paris se relever jamais .

L' auteur ajoute une indication relative à l'atmosphère de la préfecture de Chambery ou Laurent Goybet exerçait les fonctions de conseiller. " Laurent s'est presque établi à Yenne fuyant la préfecture ou sa situation est toujours plus difficile, car le mouvement Republicains est accentué à Chambery par les nouvelles elections et emporte completement notre préfet qui vogue à toute voile dans l'element Parent et Pyton l'avoué qui est nommé Maire sur le choix ou plutôt l'injonction du conseil municipal dans lequel trone le fameux Michard et l'énergumene Carret, francs communards assistés de 6 à 8 individus d'une notoriété moindre mais d'égale valeur."

La Savoie dans la vie Française .(jacques Lovie)P.U.F.


- LAURENT GOYBET

Il est né le 13 Septembre 1833 et décède le 28 Juin 1912 . Il est Conseiller de Prefecture à Nice puis Grand Juge à Monaco, Chevalier de la legion d'Honneur et des St Maurice et Lazare, marié sans postérité.


-ALEXIS GOYBET est né le 30 Septembre 1820 et baptisé le 9 octobre à Yenne, Conseiller à la Cour , il mourut à Chambery le 29 novembre 1893. Il avait épousé en 1853 Céline Grange, 1830-1884 fille de François de Rose de la Haye du Coudray et eut 8 enfants dont

- Antoine (1854-1901) - François (1856-1886), religieux - Feliçie (1856-1856). - Charles avocat (1859-1888) - Therese 1863-1927) épouse cyprien CHATEAU, Ingénieur - Louis (1864-1953), Ingenieur E.C.I. Chimiste - Joseph(1865-1872)

- Marguerite, (1878-1961) épouse marcel Putz Colonel d'infanterie :

. dont madeleine née à Caen en 1903 épouse Henri Burguburu ingenieur ( dont pierre ingenieur, maita, jacques, Philippe, Anne-Marie, Alix)

. Dont Gabriel (1904-1957) Colonel d'Infanterie mort pour la France en Algerie dont François, Marie Helene, Michel ,Dominique

. Dont Sabine née a Caen le 15 Juillet 1906, infirmiere. . Elisabeth . Henri professeur agégé dont posterité . Marie Françoise épouse René Charbonneau dont posterite. . Maurice officier de marine 1914, Ingenieur dont postérite . Genevieve née en 1919 èpouse Bernard Merceron, attaché à l'Inspection de la Banque de France dont postérité. . Bernard 1921 épouse Anne Gindre dont postérité . Andrée épouse Jacques Dullin.


Lettre d'Alexis A son frère Charles au moment de l'annexion de la Savoie par la France.

Chambery le 29 Mai 1860.

Ta nomination a été un sujet de joie pour la famille. MM Grange, Besson et tes amis de Chambery sont charmés de te voir passer en France avec le grade de Chef d'Escadron. C'est une belle place. Les lenteurs de la Chambre à quelque chose sont utiles et ce n'est pas nous qui avons à quereller les députés. Du reste , leurs regrets nous font honneur. Ils nous connaissent et nous estiment . " Nous avons ici une garnison des plus nombreuses, au moins 4000 hommes. On rencontre des soldats partout. Ces diables de Français pénètrent dans tous les coins. Ils parcourent la campagne en tous sens, fouillent tous les recoins; ce doivent être de bons fourrageurs. Le pays est tranquille bien que le commerce souffre. La frontière est encombrée de marchandises qui attendent que la douane disparaisse. On fait provision de sucre et on laisse les draps, les cotons, les cuirs, les fers ouvrés, etc, etc, M. Grange gagnera beaucoup pour ses fontes. Il en a des quantités dont il ne veut pas se défaire .

" Nos appointments ont augmenté; pour moi, j'aurai plus de deux mille Francs et le rang de procureur impérial. Je ne sais si on maintiendra longtemps le bureau des pauvres; si on le supprime, Je pense ne pas y perdre.

Chambery se prépare à feter dignement la réunion à la France . On va faire de grandes illuminations, des bals et des repas publics. Déja la ville regorge de Français et les Hotels sont encombrés ... à cause du vote de la Chambre qu'on attend ce soir.... Je pense bien que tu auras soin d'entrer en fonction et de te faire reconnaitre promptement . On a dit que les militaires de tous les grades seront appelés immédiatement à revenir, aussi ne te mets pas en grand frais de costume. Tu gagnes joliment au change car les officiers Français ont des chevaux fournis par l'Etat et choisis par eux. Les chefs d'Escadron sont les premiers servis.

Ps " Le télégramme apporte la nouvelle de l'adoption du traité par le parlement . M. Dullin vient d'etre nommé officier de l'Ordre de de Saint Maurice et Président des Assises . Il me charge de te complimenter . Son idée était que tu opterais pour rester au service du Piemont parce que , avant peu, tu passerais Colonel, mais je ne te le conseille pas; dans l'armée Française tu as des chances d'avancement. La guerre se prépare . Les officiers Sardes de cavalerie ne porteront pas ombrage et tu es Français par la mère. Jules Récamier est au mieux avec le General Forey qui a diné chez lui à son passage pour la campagne d'Italie . Tu sais aussi que M. Baraguay d'Hlliers est très bien avec le gendre de M. Labatie . Adieu, mon cher ami, je te réserve une carte de France en relief pour que tu connaisses les plaines et les montagnes de notre nouvelle patrie ...."


2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)2 octobre 2008 à 16:14 (UTC)



LOUIS VIII LE LION (1187-1226)


La famille Goybet descend de Louis VIII ^par les Artois (Grailly-Foy, Echalon, Gruel, Bavoz, et Belly). Louis VIII heritier de la couronne de France envisage en 1216 de ceindre egalement celle d'Angleterre. Les barons révoltés contre jean Sans Terre, le proclament Roi d'Angleterre. Le monarque Anglais etant décédé, un revirement se produit en faveur de son jeune fils, reconnu sous le nom d'Henri III.Louis VIII après la défaite de Lincoln en 1217 quitte le sol Anglais avec une solide indemnité. Successeur de son père en 1223, Louis VIII justifie son surnom de Lion en elevant à son rival Anglais le Poitou, la Saintonge, l'Angoumois, le Perigord et une partie du Bordelais. L'heresie Cathare lui permet d'arrondir son domaine vers le sud en occupant de force le languedoc. Il fit le siege d'Avignon pendant 3 mois. La ville capitule. les remparts sont rasés. Louis VIII organise une procession pour Honorer le saint sacrement. Revetu d'un sac couleur terre, ceint d'une corde, la tête nue avec un flambeau à la main suivi de sa cour et d'une grande foule. Cette procession honorant le st Sacrement donna naissance à la dévote compagnie des penitents gris. En trois ans de regne , le souverain prolonge sans coup ferir ses possessions jusqu'au Rhone et à la mediterranée préparant le regne glorieux de son fils Saint Louis (Louis IX ) issu de son union avec Blanche de Castille.


FAMILLE BRAVAIS :



Marie Bravais. femme de Jules Goybet industriel est issue d'une vielle famille de ST Perey puis Annonay. Les hommes de la famille recevaient une solide instruction chez les oratoriens et terminaient leurs etudes dans les facultés de Toulouse ou Montpellier. Ils furent magistrats, pretres, medeçins. Au XIV eme siecle un constant Bravais est bailli du comté de Crussol. La revolution a ébreché la fortune de la famille et ils s'installent à annonay. François Bravais né en 1764 est docteur en medecine. Botaniste passioné, on lui doit l'introduction en Françe de la culture du Dahlia. Le docteur Louis Bravais décède en 1843. Un de ses fils fut medecin savant botaniste, auteur de nombreux memoires a l'academie des sciences.

Auguste Academicien des Science, frere de Louis né en 1811,fut Academicien des Sciences en 1854. Eleve au College Stanislas puis à l'ecole polytechnique navigua en mediterranée. Continuant à travailler les sciences naturelles et les mathematiques, il fut reçu docteur par la faculté des sciences de Lyon. le ministre de la marine lui fit faire 2 voyages d'etudes au pitzberg. il hiverna en laponie ou il completa ses travaux sur les aurores boreales , halos, etc.. Il professa l'astronomie et les mathematiques. Il organisa une expedition scientifique au Mont Blanc. il fut professeur de physique à Polytechnique, membre de l'institut en 1854, il fut Officier de la legion d'Honneur. On lui doit de nombreux mémoires (mouvements du soleil, cristallographie, rotation de la terre, etc...et des études botaniques avec son frère Louis Ses premieres recherches furent consacrées à l'optique des phénomenes atmospheriques notamment aux parelys et aux Halos, c'est pour les observer qu'il effectuera la premiere ascension scientifique au Mont Blanc 1844. Il est auteur de la celebre hypothese selon laquelle les cristaux auraient une structure reticulaire(1849). Cette théorie expliquant l'anistropie et les systemes des milieux cristallins fut vérifiée plus tard grace à la diffraction des rayons X.



FAMILLE DULLIN


L'Arrière Grand mère de Charles Dullin est Louise Goybet (1753-1827) epouse de Dominique Dullin (1740-1810).

Lien Genealogique et Biographique

http://www.geneastar.org/fr/perso.php3?metier=comedien&nom=dullin

Texte ci dessous tiré Encyclopédie Encarta


-Dullin, Charles (1885-1949), acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français, membre du Cartel des quatre.

Né à Yenne (Savoie), Charles Dullin est issu d une famille attachée aux valeurs traditionnelles, qui le destine à la carrière ecclésiastique. À dix-huit ans, après avoir occupé plusieurs emplois à Lyon, souhaitant devenir acteur, il se rend à Paris, ayant pour seule qualification ses nombreuses lectures dans le domaine du théâtre et de la poésie. Il se forme dans de petits théâtres et entre en 1906 dans la troupe d Antoine à l Odéon. En 1908, il crée son propre théâtre, installé dans une baraque de foire, donnant par ailleurs des lectures au Lapin agile, un cabaret de Montmartre. En 1910, il est engagé au Théâtre des Arts, dirigé par Jacques Rouché. Il se fait remarquer l année suivante pour son interprétation de Smerdiakov dans l adaptation scénique du roman de Dostoïevski, les Frères Karamazov, réalisée par Jacques Copeau.

Il participe à l aventure de la troupe du Vieux-Colombier, fondée par Copeau en 1913. Après la Première Guerre mondiale, où il est engagé volontaire, il joue avec Copeau à New York au Garrick Theatre. Il collabore ensuite avec Firmin Gémier, donnant notamment des cours d art dramatique dans son Conservatoire syndical, puis fonde en 1923 sa propre compagnie, l Atelier, qui établit ses quartiers dans un théâtre de Montmartre. Fidèle aux principes énoncés par Copeau, il accorde une grande attention à la formation des acteurs et cherche à mettre en valeur les textes. Sa troupe devient rapidement l une des plus créatives de France. En 1922, il fait découvrir Pirandello au public français en mettant en scène la Volupté de l honneur, puis Marcel Achard (Voulez-vous jouer avec moâ ?, 1924 , le Joueur d échec, 1927) et Armand Salacrou (Atlas-Hôtel, 1931 , La Terre est ronde, 1938). Il se consacre également à des réinterprétations de grands classiques, notamment des pièces de Shakespeare, Ben Jonson et Aristophane. En 1927, il fonde avec Baty, Jouvet, et Pitoëff le Cartel des quatre.

Pendant les années de guerre, il est chargé de la direction du Théâtre Sarah-Bernhardt (rebaptisé Théâtre de la Ville), où il crée les Mouches de Sartre en 1943. Il en démissionne en 1947, laissant derrière lui de lourdes dettes et se retrouvant, à plus de soixante ans, sans ressources et sans théâtre. Il meurt pendant la tournée d une pièce d Armand Salacrou.

Dullin a exercé une grande influence sur le théâtre français. Excellent pédagogue, il a formé dans son théâtre de l Atelier toute une génération d acteurs, notamment Roger Blin, Alain Cuny, Jean Marais, Jean Vilar et Jean-Louis Barrault, fondant son enseignement sur l improvisation et l étude des grands textes. Il s est rendu lui-même célèbre comme acteur dans La vie est un songe de Calderòn (1922), Volpone d après Ben Jonson (1928) et l Avare de Molière, qu il a interprété à plusieurs reprises. Il a toujours mis son théâtre au service du public et s est prononcé en faveur de la décentralisation théâtrale et du financement par l État d un théâtre populaire, conceptions que mettra en pratique son élève Jean Vilar.


FAMILLE LESPIEAU



Marguerite Lespieau fille du General de Division theodore Lespieau épouse le 23 Juillet 1868, le futur General de Division Mariano Goybet.

Ils appartiennent probablement à une même souche dont l'origine est l'Armagnac, en Gascogne.

Jean Pierre Lespieau médecin, né à Condom, ou il meurt en 1831; marié à Juana Capdeville originaire de Bayonne. Son fils Gérard Lespieau né et mort à Condom (1801-1879). Docteur en medecine, marié en 1928 à thérese Paler de Figueras fille de Manuel Paler y Cay, maître de langue latine de Figueras.

De ce mariage : -Theodore Lespiau qui suit - camille Lespieau, né à Schletadt, en 1835, Capitaine, adjoint Major au 20eme R.I., blessé à la bataille de Sedan(1870), mort le même jour à l'ambulance de Divonne -Paul Lespieau, né à Strasbourg, en 1839, mort à Condom en 1858.

THEODORE LESPIEAU GENERAL DE DIVISION

Grand officier de la Legion d'Honneur, né à Figueras, le 15 Avril 1829; a fait les campagnes de la Dobrutcha, de Crimée, de Kabylie, de 1870-71, de la commune . Nommé capitaine et décoré à la prise de Malakof; blessé à Spickeren; Colonel du 109 eme R.I.; General de Brigade, en 1878, à Bourg , puis à Orleansville et à Mascara. General de Division, en 1887, il commande, à Grenoble jusqu'en 1894, la 27 D.I.; il meurt à Paris, le 18 Avril 1911; il avait épousé en 1858, Clémence Theil, fille du savant philologue, dotée par l'empereur Napoleon III, morte à Paris dans sa 94 eme Année (1933). De ce mariage

-1/ Frederic Lespieau; né le 2 Juin 1859, à Paris. Capitaine d'infanterie Coloniale. Campagnes du Tonkin( Lang-son). et du Soudan; glorieusement tué à la prise de Djenné , le 12 Avril 1893. -2 Mathilde née en 1860 -3 Robert Lespieau qui suit -4 Marguerite Lespieau , née à Verdun le 23 Juillet 1868, épouse le 1er Fevrier 1887 à Mascara Mariano Goybet S/L au 2eme Rgt de Tir Algerien .

4/ Robert lespieau, Academicien des Sciences, né à Paris en 1864 mort au Cannet 1947. Ancien éleve de l'école Normale Superieure, Professeur agrégé de la Sorbonne et à l'Ecole Centrale, Directeur du labo de l'Ecole Normale Superieure. Officier de la legion d'Honneur .

Il fit de nombreuses recherches scientifiques - Disque de l'ozone en haute atmosphere - Cryométrie -ebulliometrie -Isomerie et hylenique - Effet Raman Il a réalisé la synthese de nombreux composés organiques. Professeur réputé qui forma un grand nombre de chimistes; il est encore l'auteur d'un "traité de chimie" et d'un livre sur la molecule chimique.

Nommé Academicien des Sciences 1934.

Il épouse en 1900, Gabrielle Cause . de ce mariage : - Madeleine Lespieau 1901 - Clemence lespieau 1902 elle epouse en 1922 , Marcel Clavel , éléve de lecole normale Superieure, professeur agregé à la faculté d'aix , Chevalier de Legion d'honneur, croix de guerre.



FAMILLE DE MONTGOLFIER



Armes :D'argent à une montagne de Sinople mouvante du coté droit au pied de laquelle est une mer d'azur aussi mouvante de la pointe de l'ecu et en chef un globe Aerostatique de Gueules ailées de même.

Louise de Montgolfier mère de jules Goybet est originaire d'une famille de papetiers venus d'auvergne en Vivarais. Son père etait andre benigne ((1777-1851) directeur des monnaies de Lyon et son petit fils est Adrien de Montgolfier qu'on evoque plus loin.; l'invention de la montgolfiere qui value à toute la famille son annoblissement est due au grand oncle de Louise. Le pêre de celle çi avait une papeterie à Beaujeu. Louis XVI anoblit le pere des inventeurs dont nous descendons .


La famille de Montgolfier est donc une des plus ancienne famille de papetiers d'Europe

Jean Montgolfier fit partie de la 2eme croisade en 1147, fut fait prisonnier 3ans , s'enfuit et rejoignit la croisade. Rentré à Frankenthal, il installe une fabrique de papier.

Jean fut donc esclave à Damas, ou il travailla pendant 3 ans à la fabrication du papier de coton. Or sept cent soixante dix ans après, un descendant de l'esclave de Damas, le General Mariano Goybet, commandant de la 3eme Division de l'armée Française du levant, entrait vainqueur dans cette ville, le 25 Juillet 1920, après avoir écrasé la veille, au dur combat de Kar-Meiseloun, l'armée de l'Emir Faycal.

"j'ai "régné" pendant un an sur Damas et son oasis; me souvenant de Jean de Montgolfier, j'ai tenu à visiter sur les rives du Barada les vieux moulins à papier, ou l'on fait du papier de coton à la forme. Etant donné l'immobilité de l'orient, j'ai certainement vu les vieilles cuves auprès desquelles travaillait notre parent." Cette "revanche" à longue échéance n'est elle pas curieuse ?". (General mariano Goybet, 19 Janvier 1933).

Vers la fin du XVIeme siecle , une fabrique de papier est crée à Ambert puis plus tard à Beaujeu. Michel et Raymond épouserent en 1693 les filles d'Antoine Chelles, propriétaire des moulins à papier de vidalon les Annonay. C'est là que depuis cette époque les Montgolfier fabriquent leur papier de père en fils.

Louis XVI donne ses lettres de noblesse au père des inventeurs Pierre Montgolfier dont nous descendons.

" Louis par là gràce de Dieu, Roi de Françe et de Navarre à tous présent et avenir salut..

Les Machines aérostatiques inventées par les 2 freres, les sieurs Etienne-Jacques et Joseph-Michel Montgolfier sont devenus si célèbres, l'expérience qui en à été faite devant nous, le 19 Septembre dernier, par ledit Sieur Etienne Jacques Montgolfier, et celles qui l'ont suivie, ont eu un tel succes, que nous ne doutons point que cette invention fasse une époque mémorable dans l'histoire de la Physique........... Nous avons appris que le sieur Pierre Montgolfier, leur père était issu d'une famille Ancienne, honorable et qu'ayant reçu de ses parents une papeterie située à Annonay dans le vivarais, il l'a rendue par ses soins et son intelligence l'une des plus considerables du royaume......Ces circonstances personnelles au sieur Pierre Montgolfier suffiraient pour le placer dans la classe des propriétaires de grandes manufactures qui par leur Zèle, leur activité et leurs talents peuvent esperer de recevoir la gràce la plus flatteuse et la plus distinguée que nous puissions accorder, celle d'être élevé aux droits et prérogatives de la noblesse,mais ce qui nous détermine surtout à nous empresser d'en faire jouir ledit Sieur Pierre Montgolfier; c'est que ce sera tout à la fois récompenser dignement et les travaux du père et la belle découverte des machines aérostatiques entierement due aux connaissances et recherches de ses 2 fils...."


La famille Montgolfier compte Marc Seguin en son sein. Il est neveu de joseph de Montgolfier, inventeur des ponts suspendus , de la chaudiere à tubulaire . Il est à l'origine de la premiere ligne de chemin de fer de France entre St Etienne et Lyon. Son petit fils est inventeur des moteurs gnome dans le domaine de l'aviation.

On peut citer egalement Adrien de Montgolfier (Parain du fils Adrien de Mariano Goybet (tué à l'ennemi en 1915 devant somme py) et fils du frere de louise ). Il fut ingenieur des ponts et chaussés, commandant des mobiles de la loire en 1870, député de l'assemblée nationale, Senateur de la loire, directeur general des forges et acieries de la marine, Administrateur des compagnies de chemin de fer, paris lyon mediterranee, des usines franco russes, des mines de Krivoi-rog, etc.. Commandeur de la Legion d'Honneur, de st Anne de Russie, ...

Une autre figure, Etienne de Montgolfier (1712-1791), fils de raymond Montgolfier Grand pere des inventeurs , pretre de St sulpice et superieur du seminaire de villemarie au canada a partir de 1751. Les sulpiciens en recevant en 1644 la propriete de l'ile de montreal avaient pris l'engagement d'y fonder une colonie et 3 communautes..Cette haute dignité l'ammena à s'occuper des interets spirituels et affaires de la colonie . Il lutta avec energie contre le gouvernement Anglais qui voulait faire une caserne à la place de l'eglise du bon secours incendiée .Il replaça la premiere pierre de l'edifice . Elle fut achevée en moins de 2 ans. C'est à Montréal que les canadiens viennent encore honorer sa mémoire. Il n'oublient pas qu'il a eu l'insigne mérite de revendiquer, au nom de leurs ancêtres la liberté religieuse qui, aujourd'hui leur sert de sauvegarde qui n'ont jamais cessé d'inculquer dans le coeur de la jeunesse confiée à leurs soins, avec l'amour de la France, le respect de ses coutumes et de son vieux langage.


<a href="http://www.monsieur-biographie.com/celebrite/biographie/joseph_montgolfier-865.php" id="monsieur-biographie.com" title="La biographie de Joseph MONTGOLFIER">Biographie de Joseph MONTGOLFIER</a>



FAMILLE COURTOIS D'ARCOLLIERES



La famille Courtois D'Arcollieres dont notre famille descend (anne d'Arcollieres mariée à Gaspard Goybet né en 1663 chatelain de meyrieux et de verthemex) compte dans ses rangs Etienne Courtois d'Arcollieres qui "Courtois de nom et de faict" lui dit le Roi François Ier , sauva par deux fois la vie à celui ci à Pavis, d'ou les armes données par le roi : de gueule à l'épée d'argent accostée de deux fleurs de lys d'or.


FAMILLE CHOMEL :



La grand mere Bravais de Mariano Goybet mon arriere grand père etait la petite fille de pierre Françoise Chomel . La maison des Chomel d'annonay est la plus ancienne de toute la province. Le premier Chomel qui s'établit etait noble et Anglais de nation. Dans les dernieres années du IX eme siecle, il vint en France accompagnant en sa qualite de premier gentilomme, la Reine Ogive , fille du Roi Edouard d'Angleterre lorsqu'elle vint epouser le roi Charles le simple . Le Roi le fit Chevalier. La captivite du roi Charles jusqu'a sa mort mit la France en desordre. La reine dut retourner en Angleterre. Chomel n'abandonna pas la reine mais affecté par une longue maladie dut s'etablir definitivement en Françe. Retabli il devient le lieutenant General de Raymond . Il commanda sur tout le Vivarais. Basé à Annonay, sa garnison etait de 300 chevaux et 600 arbaletriers. Son fils Etienne Chomel fut nommé en 1775 Procureur fiscal d'Annonay.

armes : Pointe d'or à la fasce d'Azur chargée de 3 carreaux d'Argent


FAMILLE DE BAVOZ :



armes : de sable au mufle de Lion et d'Argent

Seigneurs d'Oncien, des terreaux et de la maison forte de billieme. Guillaume de Bavoz épouse en 1666 demoiselle Françoise revardel dit Goybet, fille de Claude Revardel dit Goybet Notaire ducal , curial d'Yenne Famille originaire de Billieme . le personnage le plus connu de cette famille est Geoffroy de Bavoz. En 1600 il fut President au Souverain Senat de Savoie . Therese de Bavoz apres la revolution fonda en France plusieurs abbayes de l'ordre de St Benoit . Elle est morte en odeur de Saintete le 17 Aout 1738.


FAMILLE DE LA FOREST-DIVONNE



Cette famille est une des plus marquantes de l'ancien duché De Savoie . Aun pied du mont du Chat existe le vieux chateau de la Forest.

En 1232 Chambery voit un Chevalier Martin de la Forest, témoin dans la chartre des franchises accordées à la ville par le Comte Thomas. C'est un Chevalier Guillaume de la Forest qui figure au tournoi du comte Vert en 1348, à Chambery; il porte de SInople à la bande d'or frettée de gueule avec cette valeureuse devise "Tout à travers ". Le blason des La Forest a pour cimier un Aigle de sable. Antoine de la Forest, seigneur de Rian, conseiller et Chambellan ducal, ambassadeur extraordinaire du duc de Savoie , pour épouser en son nom, Blanche de Montferrat, en 1485, fut un des personnages les plus distingués de la cour de Charles Ier, Duc de Savoie, Roi de Chypre et de Jerusalem . Les La Forest-Divonne ont eu au XVIII eme siecle une alliance avec la famille Goybet


FAMILLE DE LA FLECHERE



Comtes de la Flechere, seigneurs de Beauregard, Bellegarde et Sallanche, Hauteville, Chatillon, etc en Genevois et Faucigny, en Chablais.

D'azur au sautoir d'or, cantonné de quatre aiglettes d'Argent.

On croit qu'ils sont venus d"Ecosse vers la fin du XVIII eme Siecle. Suite non interrompue d'hommes distingués dans l'armée et dans l'église. Je citerai comme exemple François de la Flechere Prieur de Sillingy qui fut Parrain de St François de Sales. Le plus ancien connu vivait en 1302. Hugues de la Flechere, fut Chevalier . Il est établi à Beauregard qui parait avoir été leur premier fief. Le mariage des 3 freres avec les héritieres des anciens seigneurs de Molliens leur donna de nombreux biens en Sémine et en Genevois. Il existe des branches en Savoie, vers Myons et Lyon. Pierre Claude de la Flechere né en 1722, comte de Veyrier-Chatillon epousa le 3 mars 1753, demoiselle Benoite Goybet de Lutrin de Grilly. Elle était la fille de l'intendant Noble Claude François Goybet, Seigneur de Lutrin et de Dame Du nant de Grilly son épouse. En 1753, le Comte de Veyrier- Chatillon habitait le Chateau de Chatillon. De ce mariage étaient nés 7 enfants : 3 fils et 4 filles. Claude François marie né à Veyrier le 6 Juin 1762, épousa Egénie de Baudry . Il fut lieutenant colonel de la Brigade de Savoie, Chevalier des Ordres de Savoie et des Saints Maurice et Lazare. Il mourut à Veyrier, le 12 Janvier 1835.


FAMILLE DU NANT DE GRILLY :



Seigneurs d'Allemand , Saint Paul, grilly, hons, feterne, etc....

Originaires d'évian , issus du notariat et qualifiés nobles à la fin du XV eme Siecle. Possesseurs de fiefs considérables en Chablais . Ils s'alierent avec des familles illustres telles que Seyssel , la Serraz, etc... Alliance avec la famille Goybet . Jacques du Nant de grilly épouse demoiselle Marie Chollet. Sa fille Antoinette, qui devait qui devait heriter le 30 Mars 1774 de son frere Jacques, la maison forte de Grilly, fut recherchée en mariage par noble Claude Francois Goybet, Intendant du Chablais . le 10 Fevrier 1730 le roi victor Amédée écrivit une lettre pour exprimer son désir d'accomplissement de l'union projetée à laquelle s'opposaient les oncles de Chollet de la future épouse. le mariage eut lieu le 18 Fevrier 1730.

Antoinette fut mère en 1732 de noble Jacques François qui devait épouser marie Claudine de la Forest-Divonne. Elle eut aussi une fille Benoite qui épousa, le 3 Mars 1753, Pierre-Claude de la Flechere, Comte de Veyrier-Chatillon. Noble François Goybet avait acheté le 30 Mars 1733, le fief de Lutrin à François Compais de Feterne. Ses enfants portèrent donc le nom de Goybet de Lutrin de Grilly. Jacques François Goybet eut de son mariage avec Marie Claudine de la Forest un fils Pierre Gabriel tué d'un coup de feu au chateau de Veyrier Chatillon. sans postérité

Armes : D'Azur à la coquille d'or.


FAMILLE MILLANAIS :



Millanois puis Millanais, seigneurs de la Salle, La Baleme, la thibaudiere, Orange, Lucenas.

Armes : D'argent au Lion de gueules portant un ecusson &cartelé, au 1 et 4, d'or aux 3 pals de gueules, , d'or à la croix de sable.

Pierre jules Goybet eut sa mere Louise de Montgolfier décédée alors qu'il avait 3 ans . Il fut élevé par sa grand mère Louise Elisabeth de Montgolfier Née Millanais de la Salle.

Cette famille originaire de Bretagne venait d'Italie. On les trouve à Lyon au XVI Eme Siecle.

Nous pouvons citer 2 figures de cette grande famille. -Joseph Leonard conseil rapporteur au tribunal des Marechaux de France. Il eut 3 enfants dont Jean Jacques né en 1749, premier Avocat du Roy en la Senechaussée de Lyon , député du tiers Etat aux etats generaux, LT Colonel d'artillerie des troupes lyonnaises luttant contre la convention, excecuté pendant la terreur.

-Charles Millanois mort en 1773 fut Directeur de la Monnaie de Lyon, Secretaire du roi et anobli à cette occasion.


FAMILLE ODOARD



Armes : de gueules à trois molettes d'or, au chef de même chargé d'un lion passant de sable

Pierre Odoard était maitre de la monnaie de Crémieu, en 1406, et un Pierre Odoard vivait à Romans en 1426. On croit que le premier était de la même famille et avait pu commencer sa carriere à la monnaie de Romans. Humbert Odoard, Chatelain delphinal et capitaine d'arbaletriers, en 1519, prête au roi 500 marcs d'argent, remboursés à ses héritiers, en 1550. D'humbert vinrent 2 branches, l'une fixée en Normandie et l'autre restée en Dauphiné. Cette derniere a joué un role important dans l'histoire de la ville de romans et des environs . Très nombreuse, elle a donné ses enfants à l'armée, au clergé, à la magistrature et tous ont rempli avec honneur leur destinée. plusieurs ont reçu des lettres de noblesse.

Louis François Bravais épouse constance odoard fille de jean michel Achille Odoard et de laurence delphin Clemaron.


FAMILLE JAILLARD



Constance Goybet, soeur de Mariano épouse le 10 Aout 1893 Joseph Marie Emmanuel Jaillard.

Nom de Famille connu en Normandie des le XI eme siecle Il apparait dans le Lyonnais en 1424. Pierre Jaillard y tient à Champonost des Terres appelées "le jaillard" qu'un autre Pierre Jaillard possédera encore au XVII eme siecle.

-Francois jaillard, son petit fils quitte le Jaillard et s'etablit tailleur d'habits à Lyon. De lui vint Pierre Jaillard (1788-1851)qui épousera Mademoiselle Charmy et se fixa à l'ile Barbe, antique monastere sur la Saone ou demeurent toujours ses descendants. Industriels légitimistes et catholique social comme son cousin Ozaman. Son fils Louis (1819-1891), Chevalier de St Gregoire-le-Grand, épousa une soeur de Mgr Neyrat et laissa 5 fils dont trois firent souche .

Parmi ses descendants, on voit l'ingénieur civil de l'air Paul-émile Jaillard, le chef d'escadron d'artillerie Joseph Jaillard né en 1857, chevalier de la légion d'honneur qui coula avec le "léon Gambetta" pendant la grande guerre.

Henri Jaillard né en 1897 Ingénieur, Chevalier de la legion d'honneur et de St Grégoire , a épousé Elisabeth Pariset dont il eut 6 fils . L'Ainé Joseph est mort au champ d'honneur en 1945; Henri né en 1927 est colonel de l'air et officier de la légion d'honneur. De son épouse Odile Rodier, sont issus 9 enfants, dont Pierre Jaillard AHH, administrateur INSEE

Armoiries modernes : d'Azur semé d'étoiles d'Argent

( Source AHH "l'honneur de servir par pierre Gentil) "

Ce nom apparaît dans le Lyonnais en 1424 : Pierre Jaillard y tenait à Chaponost des terres appelées Le Jaillard, que possédaient encore au XVIIe siècle les Jaillard à partir desquels commence la filiation continue. François Jaillard (E) quitta le Jaillard et s'établit tailleur d'habits à Lyon, où ses descendants firent fortune au XIXe siècle dans la tréfilerie.

GENEALOGIE

A. Henri Jaillard, laboureur à Chaponost, testa en 1644. Marié avant 1614 avec Anthoinette Montagnon. B. Pierre Jaillard (vers 1615 - avant 1644). Marié en 1634 avec Pernette Besson. C. Pierre Jaillard (vers 1634 - avant 1682), laboureur à Chaponost. Marié le 20 octobre 1651 à Chaponost avec Claudine Peyrachon († après 1690). D. Benoît Jaillard (1657 - Chaponost, 3 juin 1732), propriétaire cultivateur à Chaponost. Marié en octobre 1682 avec Marguerite Carye. E. François Jaillard (1683 - Lyon Ve, 19 mai 1756), maître marchand tailleur d'habits d'hommes à Lyon. Marié le 21 juillet 1715 à Lyon avec Anne Bressan (1687 - 15 avril 1762). F. François Fleury Jaillard (Lyon, 10 juin 1723 - Lyon Ier, 9 juin 1779), maître marchand tailleur d'habits d'hommes à Lyon, cofondateur de l'Œuvre des hospitaliers (1744). Marié le 3 septemrbe 1753 à Lyon Ve avec Claudine Bourret (Seyssel, 20 septembre 1730 - Lyon, après 1807), couturière à Lyon Ve, fille de Michel Bourret, sergent royal et commissaire à terriers à Seyssel, et de Charlotte Favret. G. Jean Claude Jaillard (Lyon Ier, 19 janvier 1760 - Caluire, 11 octobre 1789), maître de pension à Caluire. Marié le 15 janvier 1784 à Lyon Ier avec Benoîte Bénier (1760), raccommodeuse de dentelles, fille de Pierre Bénier, maître bourrelier à Lyon, et d'Antoinette Laverrière, remariée le 8 mars 1791 à Lyon IIe avec François Ricou, instituteur à Paris. H. Pierre Jaillard (Caluire, 29 octobre 1788 - Saint-Rambert-l'Île-Barbe [actuellement Lyon IXe], 12 juin 1851), industriel en tréfilerie, maire de Saint-Rambert (1843 - 1846), prud'homme puis juge au tribunal de commerce, catholique social comme son cousin Frédéric Ozanam mais légitimiste, se fixa à l'île Barbe, antique monastère sur la Saône où demeurent toujours ses descendants. Marié le 6 juin 1812 à Lyon avec Cornélie Charmy (Lyon, 7 germinal an II [27 mars 1794] - 4 janvier 1875). I. Louis Marie Jaillard (Lyon, 1er octobre 1819 - ibidem, 15 mai 1891), industriel et négociant en tréfilerie, juge au tribunal de commerce de Lyon, chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand. Marié le 29 octobre 1845 à Lyon avec Anne Louise Neyrat (Lyon, 8 mars 1821 - ibidem, 12 février 1895), il eut cinq fils, dont trois firent souche : I,1. Pierre Jaillard. I,2. Camille Jaillard, parmi les descendants de qui on voit l'ingénieur civil de l'air Paul-Émile Jaillard. I,3. Joseph Jaillard (1). 1. Joseph Marie Emmanuel Jaillard (Lyon Ier, 14 avril 1857 - gare de Melun, 4 novembre 1913), chef d'escadron d'artillerie, mort avec son fils Charles dans une catastrophe ferroviaire. Chevalier de la Légion d'honneur. Marié le 27 novembre 1883 à Lyon avec Marie Henriette Louise Laprade (17 septembre 1862 - morte en couches, 1er décembre 1886), sans postérité, puis le 10 août 1893 à Lyon IIe avec Constance Goybet* (Goybet : N,3). 1,1. Pierre Jaillard (1894 - 1915), enseigne de vaisseau, chevalier de la Légion d'honneur, coula avec le Léon-Gambetta. 1,2. Charles Jaillard (1895 - 1913). 1,3. Henri Jaillard (2). 1,4. Louise, mariée avec Henri Poncelin de Raucourt, colonel d'artillerie, officier de la Légion d'honneur, dont postérité. 1,5. Magdeleine, mariée avec Henri Lepercq, industriel, chevalier de la Légion d'honneur, dont postérité. 2. Henri Marie Camille Jaillard (Clermont-Ferrand, 24 octobre 1897 - Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, 2 juin 1987), ingénieur électrotechnique, directeur du personnel chez Électricité de France à Lyon. Chevalier de la Légion d'honneur. Croix de guerre 1914-1918, croix du combattant volontaire, médaille d'honneur du travail en vermeil, chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand. Marié le 18 septembre 1920 à Lyon Ier avec Élisabeth Pariset (Lyon IIe, 26 juillet 1901 - Lyon Ier, 8 janvier 1990), médaille d'argent de la famille française, dont six fils et trois filles. 2,1. Joseph Jaillard († sous les drapeaux, 1945). 2,2. Henri Jaillard (3). 3. Henri Marie Paul Jaillard (Saint-Rambert-l'Île-Barbe, 17 juillet 1927), colonel de l'air. Chevalier de la Légion d'honneur (10 octobre 1956 ; Journal officiel du 13 octobre 1956), officier (décret du 10 juillet 1968 ; Journal officiel du 13 juillet 1968 ; reçu le 2 octobre 1968). Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs, croix de la valeur militaire, etc. Marié le 31 juillet 1950 à Saint-Rambert-l'Île-Barbe avec Jeanne Jacqueline Odile Rodier (Marseille XIVe, 18 février 1932), ancienne élève de la Maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis, fille de Louis Rodier, chevalier de la Légion d'honneur, et d'Yvonne Burtschell, petite-fille d'officier et de commandeur de la Légion d'honneur. 3,1. Joseph Marie Jacques Jaillard (Meknès [Maroc], 13 juin 1951 - Casablanca [Maroc], 17 avril 1977), lieutenant de marine marchande, disparu en mer, sans postérité. 3,2. Luc Marie Claude Jaillard (Cognac, 2 juin 1952), ingénieur civil des mines (Nancy), géologue consultant. Marié le 20 avril 1979 à Casablanca avec Élisabeth Lalain (Roubaix, 6 août 1945), assistante sociale, fille de Marcel Lalain et de Jacqueline Pannetier. 3,21. Christelle Yasmine Lise (Lyon IVe, 26 septembre 1981). 3,22. Magali Naouelle Lucille (Lyon IVe, 17 décembre 1982). 3,3. Benoît Marie Michel Jaillard (Blida [Algérie], 22 mars 1955), ingénieur agronome (Montpellier), docteur ès sciences, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique. Marié le 18 septembre 1976 à Antony avec Michèle Baritaux (Sauzé-Vaussais, 23 janvier 1955), infirmière diplômée d'État, fille de Gérard Baritaux et d'Henriette Pinganneau. 3,31. Tristan Marie-Joseph Jaillard (Pointe-à-Pitre, 31 octobre 1981). 3,32. Quentin Jean-Florent Jaillard (Montpellier, 20 juillet 1983). 3,4. Jérôme Marie Romaric Jaillard (Lyon VIe, 26 juillet 1956), ingénieur physicien électronicien, informaticien chez France-Télécom. Marié le 4 septembre 1982 à Cervières avec Bernadette Pellegrin (Gap, 23 juin 1960), technicienne de laboratoire, fille d'André Pellegrin et de Lucienne Miollan, divorcé. 3,41. Constance Marie Élise (Blois, 17 juin 1990). 3,5. Étienne Marie Charles Jaillard (Ivato [Madagascar], 10 mars 1958), docteur en géologie structurale, guide de haute montagne, chercheur à l'Institut de recherche sur le développement. Marié le 10 août 1990 à Grenoble avec Assia Serradj (Marseille, 30 mars 1959), fille d'Amor Serradj et de Danielle Bouquet, divorcé. 3,51. Aliénor (Quito [Équateur], 22 décembre 1993). 3,6. Louis Marie Pierre Jaillard (Ivato, 24 février 1959), technicien supérieur du travail du bois, instituteur. Vivant avec Hoëlle Ferrandez (1969). 3,61. Léa Morgane (Nice, 12 mai 1994). 3,62. Lilian Jaillard (Pertuis, 19 août 1996). 3,63. Ninon (Villefranche-de-Rouergue, 25 novembre 2000). 3,7. Paul Marie Henri Jaillard (Saint-Doulchard, 14 juin 1962), ingénieur civil de l'aéronautique, responsable de système d'information chez Bongrain. Marié le 22 octobre 1988 à Toulouse avec Marie Martín (Tocina [Espagne], 1er mars 1958), secrétaire, fille d'Antoine Martín et de Marcelline Saballette. 3,71. Claire Joseph Claude (Toulouse, 9 juin 1989). 3,72. Cécile Joseph Geneviève (Toulouse, 22 mai 1991). 3,73. Hélène Marie Pascale (Toulouse, 15 septembre 1993). 3,8. Pierre Marie Luc Jaillard (Brazzaville [Congo], 14 juillet 1964), statisticien-économiste, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, administrateur hors classe de l'Institut national de la statistique et des études économiques, conseiller municipal de Sceaux, adjoint au maire (1995 - 2001), conseiller héraldique de l'AHH, chevalier du Mérite agricole. 3,9. Geneviève Marie Élisabeth (Antony, 10 juin 1967), conseillère en économie sociale et familiale. Mariée le 11 juin 1988 à Sceaux avec Christian Delacoux (Chartres, 7 juillet 1962), maître ébéniste, éducateur spécialisé, sculpteur, fils de Raymond Delacoux et de Christiane Veyrenc, dont postérité.

ARMES

Joseph (1) et ses frères relevèrent le blason de la famille Neyrat, conformément aux dernières volontés de leur oncle maternel, monseigneur Stanislas Neyrat (1825 - 1913), prélat du pape, dernier du nom : " d'azur étincelé d'argent ". Timbre : une couronne de comte.

Pierre (3,8) assume " d'or étincelé d'azur, à la bande de gueules chargée d'une étoile d'argent à cinq doubles branches ". Timbre : un casque d'argent à trois grilles taré de profil à dextre.


REFERENCES

AHH, dossier 272. Pierre GENTIL, l'Honneur de servir, 1997. Henri JAILLARD et Pierre JAILLARD, " la famille Jaillard ", in la Gazette de l'île Barbe, n° 47 et n° 51. Benoît FAURE-JARROSSON, " de nouveaux Jaillard au XVIIe siècle ", in la Gazette de l'île Barbe, n° 54.




FAMILLE PUTZ :



La petite fille d'Antoine Goybet , Marguerite Goybet epouse le 25 Septembre 1902 Marcel Putz Colonel d'infanterie.

Hubert putz est Membre AHH 4b. Hubert Henri Marie Putz (Paris XIVe, 28 octobre 1945), ingénieur de l'École navale (1965), commandant du sous-marin Galatée (1980 - 1982) et du sous-marin nucléaire lanceur d'engins Le Redoutable (1988 - 1989), contre-amiral (2000). Chevalier de la Légion d'honneur (25 juillet 1990), officier (décret du 6 juillet 2000) ; membre de l'AHH (660). Chevalier de l'ordre national du Mérite. Marié le 28 juillet 1977 au Viviers-du-Lac avec Anne-Catherine Marie Parmentier (Boulogne [Boulogne-Billancourt depuis 1925], 13 mars 1956). 4b,1. Anne-Laurence (Chambéry, 17 juin 1982).


GENEALOGIE issue du dictionnaire des familles au service de la nation (3 descendants consecutifs dans la légion d'honneur ) fait par pierre Jaillard

A. Jean Putz († avant 1713), marié avec Marie Lacreau. B. Jean-Jacques Putz (1690 - 1750), marié le 26 septembre 1713 avec Marie Everling, puis avec Ève Pierre († après 1758). C. Du second lit, Joseph Putz (Thionville, 30 octobre 1730 - ibidem, 24 novembre 1815), marié le 11 juillet 1758 à Thionville avec Marie Catherine Gosselin (Thionville, 9 juin 1738 - ibidem, 2 mai 1770), fille d'Antoine Gosselin et de Catherine Mathieu, et le 20 novembre 1770 avec Marie Jacquin (9 septembre 1738 - 2 février 1772). D. Jean-Baptiste Putz (24 mars 1769 - 6 août 1840), négociant à Thionville. Marié le 10 juin 1793 avec Barbe Bodard (1778 - 1848). E. Dominique Félix Putz (Thionville, 1er mars 1796 - 14 juillet 1879), négociant. Marié le 22 juillet 1822 avec Antoinette Henriette Élisabeth Gougeon (Metz, 4 août 1800 - ibidem, 30 juillet 1878). 1. Jean Baptiste Henry Putz (Metz, 19 janvier 1824 - Fontainebleau, 19 janvier 1903), polytechnicien (1844 - 1846), élève à l'École d'application de l'artillerie et du génie (Metz, 1846 - 1848), lieutenant (volontaire pour l'Afrique, affecté à Constantine, 11 juin 1853 ; campagne de Crimée, mai 1854 - juin 1856), capitaine en second (10 janvier 1855 ; inspection des forges du nord-est, Metz, 20 juin 1856), capitaine en premier (14 mars 1860 ; aide de camp du général Bertrand, Strasbourg, 9 janvier 1865), chef d'escadron (commandant du groupe de batteries de la 1re division d'infanterie du 4e corps d'armée, 1870 ; blessé légèrement au genou, Borny, 14 août 1870 ; un cheval tué sous lui, Saint-Privat, 16 août 1870 ; prisonnier de guerre, 28 octobre 1870 - 11 avril 1871 ; commandant de l'artillerie de la 1re division du 5e corps d'armée, 25 avril 1871 ; siège de Paris ; commandant en second de l'École polytechnique, 17 février 1872 ; état-major de l'armée, 2e bureau, section des statistiques, 3 janvier 1873 ; comité de l'artillerie, 21 juillet 1873 ; commandant du parc des équipages, Vernon, 9 avril 1874), lieutenant-colonel (26 avril 1874 ; directeur de l'atelier de construction, Vernon, 1er novembre 1875), colonel (31 mai 1877 ; commandant le 32e régiment d'artillerie, Orléans, 7 juin 1879 ; directeur d'artillerie à Constantine et commandant de l'artillerie du corps expéditionnaire sur les frontières tunisiennes, 18 avril 1881), général de brigade (28 juin 1881 ; commandant l'École d'application de l'artillerie et du génie, 28 juin 1881 ; commandant de l'artillerie du 1er corps d'armée, Douai, 31 août 1884 ; 2e section, 19 janvier 1886). Chevalier de la Légion d'honneur (14 septembre 1855), officier (19 octobre 1870), commandeur (selon son acte de décès et la demande de pension militaire de sa veuve). Marié le 14 avril 1858 avec sa cousine germaine Marie Madeleine Adeline Gougeon (Metz, 7 octobre 1837 - Fontainebleau, 16 mai 1916), fille de Gabriel Gougeon (vers 1825) et de Madeleine Florange (Sierck, vers 1835). 1,1. Gabriel Putz (Metz, 26 janvier 1859 - 22 février 1925), polytechnicien (1877, premier), général de corps d'armée. Grand officier de la Légion d'honneur. Inhumé dans la crypte des généraux aux Invalides. Marié le 5 novembre 1901 avec Aline Marie, dite Jeanne Lacombe (1870 - 1931), dont postérité. 1,2. Marcel Putz (2). 2. Henri Pierre Adophe Marcel Putz (Paris VIe, 31 janvier 1874 - Yenne, 22 novembre 1959), lieutenant-colonel d'infanterie. Chevalier de la Légion d'honneur (3 mai 1916), officier (25 décembre 1929). Marié le 25 septembre 1902 avec Marguerite Sabine Goybet* (Chambéry, 30 décembre 1878 - Volontaz, Yenne, 12 septembre 1961) (Goybet : L,211). 2,1. Gabriel Putz (3a). 2,2. Maurice Putz (3b). 3a. Gabriel Putz (Cren, 23 novembre 1904 - mort pour la France, Algérie, 28 février 1957), colonel d'infanterie. Commandeur de la Légion d'honneur (31 décembre 1956, décret du 19 février 1957, Journal officiel du 28 février 1957). Croix de guerre 1939-1945 et des théâtres d'opérations extérieurs. Marié avec Marie-Anne Juvanon du Vachat. 3a,1. François Putz (4aa). 3a,2. Marie-Hélène (14 décembre 1935), mariée en 1961 avec Jean Silvy-Leligois, dont postérité. 3a,3. Michel Putz (4ab). 3a,4. Dominique Putz (26 août 1938), médecin des armées. Marié le 28 août 1971 avec Jacqueline Rioufol. 3a,41. Guilhem Putz. 3a,42. Cyrille Putz. 3a,43. Marie-Églantine. 4aa. François Putz (18 juin 1933), lieutenant-colonel. Officier de la Légion d'honneur. Célibataire.

4ab. Michel Putz (23 octobre 1936), saint-cyrien, lieutenant-colonel. Chevalier de la Légion d'honneur. Croix de la valeur militaire. Marié le 20 septembre 1969 avec Pascale Dumont. 4ab,1. Valéry Putz, chef de bataillon de la légion étrangère. 4ab2. Emmanuelle. 4ab,3. Charles-Henri Putz (1980).

3b. Marcel Marie Maurice Putz (Volontaz, Yenne, 5 août 1914 - Clamart, 28 décembre 1986), ingénieur de l'École navale (1934), officier chargé de la sécurité dans les hauts sur le Dunkerque (attaque de Mers-el-Kebir, juillet 1940), rescapé du sous-marin le Héros (coulé par des avions du HMS Illustrious, devant Madagascar, 7 mai 1942), commandant du chasseur 51 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, premier commandant de l'escorteur rapide Le Béarnais (1957), capitaine de vaisseau (1973). Chevalier de la Légion d'honneur (21 juillet 1941), officier (11 novembre 1957, décret du 5 décembre 1957). Croix de guerre 1939-1945 avec une étoile d'or. Marié le 27 janvier 1945 au Viviers-du-Lac avec Jacqueline Césarine Marie Henriette Gaillard (Rabat, 10 octobre 1915). 3b,1. Hubert Putz (4b). 3b,2. Ségolène (Oran, 5 décembre 1946), mariée le 21 juillet 2001 au Viviers-du-Lac avec Marcel Almeida, sans postérité. 3b,3. Vincent Putz (5 septembre 1950), marié le 21 janvier 1978 avec Catherine Cottin. 3b,31. Arnaud Putz (Chambéry, 30 avril 1979), marié le 27 septembre 2003 à Briançon avec Stéphanie Costes. 3b,32. Stéphane Putz (Chambéry, 18 septembre 1980). 3b,33. Fabrice Putz (Chambéry, 19 octobre 1983). 3b,4. Gabriel Putz (13 novembre 1951), marié le 27 juillet 1977 avec Isabelle Caubet. 3b,41. Adeline (Versailles, 17 mars 1979). 3b,42. Thibaut Putz (Carthage [Tunisie], 13 octobre 1980). 3b,43. Grégoire Putz (Paris, 12 octobre 1984). 3b,44. Constance (Copenhague, 9 novembre 1988). 3b,5. Pascale (Toulon, 1er avril 1954), mariée le 9 juillet 1988 avec Pierre Pouillevet, dont postérité. 4b. Hubert Henri Marie Putz AHH (Paris XIVe, 28 octobre 1945 (carriere citée plus haut) Marié le 28 juillet 1977 au Viviers-du-Lac avec Anne-Catherine Marie Parmentier (Boulogne [Boulogne-Billancourt depuis 1925], 13 mars 1956). 4b,1. Anne-Laurence (Chambéry, 17 juin 1982).

References :

AHH, dossier 660. Henri JAILLARD et Pierre JAILLARD, " la famille Goybet ", in la Gazette de l'île Barbe, n° 11 et n° 39. Informations d'Hubert Putz (4b). Bottin mondain.


FAMILLE THOME


Armes : Pointe D'Azur à la tête et cou de Cerf d'or.

Le docteur louis Bravais grand pere de mariano Goybet etait le petit fils du Docteur François Victor Bravais qui epousa en 1797 Aurelie Adelaide Thomé.

En 1266 un Thomé rend hommage au dauphin pour des biens qui sont encore en 1370, en la possesion de Jehan Thomé. En 1458 philippe thome est procureur à la cour commune de Romans. Son fils pierre en 1499 y sera Notaire et procureur. Son fils est juge royal à Romans, puis conseiller au parlement de Chambery. Son fils Michel conseiller au parlement de 1578 à 1580 fut en butte à Catherine de Medicis en raison de son influence sur le roi durant les guerres de religion.

Sous louis XV Louis Thomé, Lieutenant general écrit inutilement à madame de pompadour pour reclamer des sommes importantes à lui dues pour la solde des troupes pendant que sa femme et sa fille se meurent de miseze .

Paul Thomé de maison neuve épouse en 1890 anne Marie Soulier fille d'henri Soulier Professeur à l'ecole de Medecine de Lyon.


Affranchissement


En 1441, Michel fut donc Affranchi de la taille personnelle. On notera la promotion d'homme liège et taillable , il devient homme liège mais franc. Il ne devra plus au seigneur que les servis attachés aux terres ( la taille réelle), et le chivelage.


Les intendants


Au XVIII eme siecle Ce sont les veritables maitres des provinces. ils supplantent les gouverneurs retenus à la cour, les baillis et les senechaux plus ou moins déchus de leurs fonctions. Investis d'attributions plus variées que les prefets d'aujourd'hui, ils ne subissaient pas le controle d'assemblées élues et n'étaient responsables que devant le roi ou ses ministres.


Chatelain-curial-fermier


L'ancien régime avait laissé aux seigneurs une partie de l'administration du pays, survivance de l'époque féodale ou les seigneurs vassaux du roi assuraient pour lui toutes les fonctions, y compris celles militaires, de justice, etc.... les seigneurs déléguaient leurs attributions à un chatelain rémunéré. L'importance des chatellenies ou mandements etant très inégale et ne correspondant pas toujours à la division à la division en territoire ou en fiefs, les seigneurs répartissaient les droits ou les fonctions entre un ou plusieurs chatelains. Par exemple Joseph Goybet, notaire entre 1700 et 1750, était chatelain de Chevelu pour le marquis de Yenne, de Champrovent pour le marquis de Lucey et Champrovent, de Centagneu pour jacques de Mareste comte de Rochefort, baron de centagneu. Au 17eme siecle et après, le chatelain est nommé par le souverain. On choisit souvent un notaire pour avoir une guarantie de compétence. Il reçoit les plaintes et requêtes, rend la justice en premier ressort s'occupe des chemins, des impots. Le curial est le greffier suppléant le chatelain dans toutes ses taches . Le chatelain peut être fermier des autres droits féodaux : taille, Cens, servis, droits sur les ventes...


Le chateau de la Martiniere XIII ET XIV eme Siècle



Le Fief de la Martiniere appartenait aux Du Coudray de Blancheville et fut vendu ensuite aux Du Goy de Navette (1675). Louis Goybet admodia des terres de la Martinière à un Rossin en 1652.

il fut acheté et remis en etat par jules Goybet en 1878 pour recevoir ses enfants et petits enfants. il appartient tjs a des descendants.

Pierre Jules Goybet d’Yenne (Lyon, 28 septembre 1823-Yenne, 26 décembre 1912)

Monsieur Goybet acquière la Martinière vers 1878/1879 (…) Il épouse Marie-Louise Bravais (Annonay, 4 novembre 1836 – Lyon, 9 août 1913) le 16 mars 1857 à Annonay (généalogie de Claude Goybet) Ils ont 4 enfants qui héritent, chacun, d’un quart de la Martinière : Mariano, Henri, Constance, et Louisa. Mariano Fransisco (Saragosse/Espagne, 17 août 1861 – 29 octobre 1943, Yenne), épouse Marguerite Lespiau le 1ier février 1887 à Mascara/Algérie Henri Jules (Lyon, 25 mai 1868 - Nice, 19 janvier 1958), épouse Valentine Moyne (Lyon, 8 mars 1876 – Chambéry, 18 octobre 1953) le 29 mai 1898 à Ecully. Ils eurent 2 enfants : Charlotte et Henriette (La Seine sur mer, 16 juillet 1899 – Sanarry sur mer, 14 juin 1986) (généalogie de Claude Goybet) Henri Goybet «récupère» la part de son frère Mariano et détient donc alors la moitié de la Martinière. Louisa Vend sa part à HenriJaillard (1/8) et HenriLepercq (1/8) en 1922.


Constance Goybet (18__-1945)

Fille de monsieur Goybet. Elle épouse Joseph Jaillard (__/__/18__ - Melun 4 novembre 1913) Joseph mourra avec son fils Charles dans la catastrophe de ferroviaire de la gare de Melun.

Elle a 5 enfants : - Pierre Louis Marie Antoine (Lyon, 9/6/1894 – mer adriatique 27 avril 1915), enseigne de vaisseau - Charles Marie Louis Antoine (Ile Barde, 21 juin 1895 - Melun 4 novembre 1913) - Henri Marie Camille (Clermont Ferrand, 24 octobre 1897 – St Cyr mont d’or, 2 juin 1987) - Louise Marie, appelé tante Lison (Yenne, 15 août 1899 – 199_) - Magdeleine (cf ci-après)

Un Charles Goybet était un oncle de Constance.

"Mes souvenirs" mémoires de Constance – extraits "(…) C’était 2 août 1878, nous avions eu la visite d’un ami de Mariono, Monsieur Paul Trillat, et pour occuper notre hâte, papa avait proposé une course au château de la Martinière que nous ne possédions pas encore à cette époque. (…) le 8 avril 1879, le vendredi Saint, nous montâmes à la Martinière par un temps superbe; je ne connaissais pas encore la nouvelle acquisition de mon père, aussi je fus complètement enthousiasmée du vieux donjon aux murailles sombres sur le compte duquel courait les légendes les plus fantastiques. (…) Après le dîner, nous partîmes pour la Martinière où nous devions rejoindre le reste de la famille. Le chemin pierreux que nous suivions, surplombait l’étroite vallée de Novalaise et nous apercevions non loin de nous, séparée de notre route par un profond et sauvage ravin, les grands bois de la Martinière et les quelques sapins gigantesques qui se dressaient sombres et mornes sur la colline. Le trajet fut des plus gais, Charles nous racontait des légendes à faire dresser d’épouvante les cheveux sur la tête : l’histoire du sire de Montmayeur, les sinistres chroniques du château de Miolans et mille anecdotes amusantes – après une heure et demi de route nous arrivâmes à la Martinière. L’aspect sauvage et désolé du donjon me fit frissonner de la tête au pieds et je me sentie envahir par une étrange mélancolie en contemplant ces hautes et sombres murailles couronnées de poivrières démantelées, ce vieux nid d’aigle à l’aspect fantastique perché au dessus d’une gorge étroite et profonde. Un sentier demi caché sous l’herbe et les ronces nous conduisit dans un frais ravin qu’ombrageaient des arbres séculaires. (…)"


Magdeleine Jaillard (Clermont-Ferrand5 avril 1903-Lyon, 19 janvier 1985)

Fille de Constance Goybet. Elle épouse Henri Lepercq (industriel, né à Lyon le 16 septembre 1897, décédé à Lyon le 26 décembre 1963) le 10 septembre 1921 à Notre Dame de Grâce de l’île Barbe.

Elle hérite d’un quart de la Martinière à la mort de sa mère Constance (1945).

Henri Lepercq rachète les parts de Louisa Goybet (en 1922) : 1/8 Henri Jaillard (en 1945?) : 1/8 Henri Goybet (en 19??) : 1/2


Luc Lepercq (Marseille, 17 novembre 1936- ) Michel Lepercq (Marseille, 10 mars 1939- ) Chantal Lavelle (Marseille, 13 février 1942- ) Fils et fille de Magdeleine Jaillard, propriétaires actuels.

Extraits du site de la Martinière et informations d'Henri Jaillard




Des origines de Nicolas Sarkozy près du château de la Martinière : Fief Goybet. ......................................................................................................................................




Il est à 50 % hongrois, pour être issu d’une vieille famille de ce pays, dont le patronyme avait initialement dénommé l’homme originaire du « Sarkoz », désignant une région marécageuse située entre les cours d’eau. Anoblie dès 1628 par l’empereur d’Autriche, elle porte un blason orné d’un loup, armé d’un cimeterre – image très représentative du contexte guerrier de l’époque. Au fil des siècles, elle ajoutera à son nom celui de son domaine de Nagy-Bocsa, pour devenir officiellement Sarkozy de Nagy-Bocsa (prononcer Chakeuzy de Nailly-Botcha).



Par sa mère, née Andrée Mallah, Nicolas Sarkozy est à 25 % issu de «Juifs de Grèce», par son grand-père Bénédict Mallah, natif de Salonique et établi à Paris comme urologue-vénérologue, et à 25 % français, par sa grand-mère. Cette dernière, née Adèle Bouvier, était la fille d’un grainetier-épicier lyonnais, originaire de Sermerieu, dans l’Isère, et d’une savoyarde, originaire du village de Traize, situé entre le lac du Bourget et la montagne de l’Epine près du château de la Martinière fief Goybet


Source Jean-Louis Beaucarnot - 26 avril 2007 tiré du site SeniorPlanet.fr



Au XIème siècle, le second royaume de Bourgogne touchait à sa fin. Le diocèse de Belley, comprenant entre autres le Bugey de la rive droite du Rhône et le Petit Bugey de la rive gauche, en faisait partie. Dans cette partie se constituaient de nombreux fiefs seigneuriaux. Les châteaux et maisons fortes s’y multipliaient.

Le grand feudataire régional était alors l’évêque comte de Belley. Son successeur immédiat fut le comte de Maurienne (1060), devenu ensuite comte de Savoie, chef féodale indépendant, sous l’autorité purement nominale des derniers rois de Bourgogne, puis des empereurs d’Allemagne.

Sous ce comte suzerain se groupèrent tout d’abord les seigneurs du Bugey et ceux du Petit Bugey. L’histoire de cette noblesse qui fit la Savoie est en somme l’histoire nationale. Le Petit Bugey dût, à sa situation géographique, d’être souvent saccagé par les routiers et partisans, puis occupé par les Bourguignons, les Dauphinois, les Français, les Espagnols.



Sur la commune de Traize (prés d’Yenne) se trouve le vieux château de la Martinière ayant gardé, dans sa plus grande partie son cachet des XIIIe et XIVe siècles; il est admirablement bien situé sur un sommet aux dessous boisés, dominant la vallée au loin.



Le territoire de la commune de Traize est compris entre le torrent le Flon à l’est, le ruisseau du Merderet au sud, le ruisseau des Couleur au nord, et les pieds des pentes de la commune de Loisieux à l’ouest.


Depuis le Flon, on trouve des pentes boisées avec châtaigniers, très inclinées et ravines qui s’élèvent jusqu’au plateau où se trouvent les villages et les terres de culture. Le territoire est traversé en partie par la voie romaine commerciale venant de Saint-Maurice-de-Rotherens pour descendre sur Yenne, et par la voie romaine secondaire venant de Trouet par la Chapelle-Saint-Martin, et sur le chemin celte joignant le Rhône par le Puits de Bacchus.

Source : Histoire des communes savoyardes… - Philippe Paillard/André Palluel Guillard)



Nous pouvons imaginer sans peine que l’arrière Grand mêre du Président de la République Française Nicolas Sarkozy devait connaître le château féodal du XIII et XIV ème siècle et ses terres adjointes (le château de Beyrin et les Plantets ) , situés précisément sur la petite commune de Traize (pas plus de 200 âmes ), et qui sait a-t-elle pu être présentée à pierre jules Goybet le chatelain . Pierre Jules Goybet ( 1823-1912) acquit la Martinière en 1878 , fils d’Alexis Goybet et de Louise de Montgolfier , il introduit la fabrication du papier en Espagne et dirige une entreprise de construction de machines. Il fut nommé membre du conseil supérieur de l’industrie d’Espagne . Il fut ensuite directeur de l’école professionnelle de la Martinière . Il était marié à Marie Bravais nièce d’auguste Bravais l’Académicien des sciences . Les descendants de Pierre Jules sont toujours propriétaires du château


Armoiries : ‘D’azur à la fasce d’or, accompagnée en chef de 3 étoiles d’argent , et en pointe d’un croissant du même.’




Le Chateau de volontaz


Il fut la propriété de Charles Goybet , inspecteur de la cavalerie.


Le Primauguet



Croiseur commandé par Pierre Goybet Presentation par lui même

" Le Primauguet croiseur de 8000 Tonnes "washington" ce qui lui en faisait bien 11500, 120000 chevaux, quatre hélices, 32 noeuds , 8 canons de 155 en tourelles doubles, merveilleux batiment de mer, avait un état major que j'aurai choisi, si j'en avais eu le droit, et équipage hors série qui avait toujours le sourire et qui ne demandait qu'à avoir l'occasion de se bagarrer. Un bateau comme ça , ça se commande tout seul. De plus ce bateau béni n'était embrigadé dans aucune escadre, dans aucune division et naviguait toujours "à la part" . On le prétait de casa, Fort de France, ou à Dakar."


__________________________________________________

La photo est une copie d'une page du livre de famille ecrite par mon arriere grand pere Mariano Goybet . Une oeuvre magnifique de 200 pages. __________________________________________________

Archives familliales

SAINT VLADIMIR PERE DE LA SAINTE RUSSIE ET SA DESCENDANCE



Quadrisaïeul de Louis VIII père de Saint Louis, notre ançètre Henri Ier , Roi de France (1008-1060) épouse Anne de Kiev. Elle est la fille du Grand Prince de Russie Iaroslav Ier . c’est la première alliance entre la France et la Russie . Iaroslov est le fils de celui qui constitue notre ancêtre direct, à savoir Saint Vladimir considéré comme le père de la Sainte Russie et dont le territoire sur lequel il régnait allant de la Baltique à la mer noire était le plus grand d’Europe. ‘’Kiev égale de Byzance’’.



HISTOIRE RUSSE DES ORIGINES A LA VEILLE DE LA REVOLUTION


L'histoire russe commence en 862 avec l'arrivée en Russie du roi viking Rourik, fondateur à Novgorod de la première dynastie russe. Par la suite, tout au long du 9ème siècle, des Vikings ont quitté la Scandinavie pour s'implanter dans la partie européenne de la Russie actuelle. Au 7ème siècle, au cours des invasions barbares, des peuples slaves de l'est s'étaient déjà installés dans la région s'étendant entre Novgorod et Kiev. Peu à peu, les différents peuples se sont unifiés au fur et à mesure de l'expansion de la religion chrétienne. En effet, en 988, le grand-prince Vladimir le Saint adopta la religion grec orthodoxe. Son territoire s’étendait de la mer noire à la Baltique.

Pendant tout le 11ème siècle, la principauté de Kiev joua un rôle dominant dans la région. Mais en 1240, Kiev tomba sous les coups des envahisseurs tataro-mongoles et fut presque entièrement détruite. Toute la région fut alors partagée en petites principautés, appelées "Khanats". L'Empire mongole s'étendait alors sur une bonne partie du continent asiatique et jusqu'en Russie européenne (où regnait le Khanat de la Horde d'or). Les deux siècles suivants ont vu la ville de Moscou prendre de plus en plus d'importance comme capitale régionale et centre de l'Eglise orthodoxe. A la fin du 15ème siècle, le Tsar Ivan III libéra définitivement la Russie du joug mongol et s'empara des villes de Novgorod et de Tver. Le Tsar Ivan IV Le terrible (1533-1584), premier tsar à véritablement résider à Moscou, acheva de faire de sa ville la capitale de l'empire en liquidant les princes et les Boiars, alors en rivalité constante.

En 1613, Michel Romanov fonda la dynastie des Romanov, qui régna jusqu'à la Révolution d'octobre. Le petit-fils de Michel Romanov, Pierre le Grand (1689-1725), fit de la Russie une puissante dominante en Europe du nord. Grâce à sa victoire sur Charles XII de Suède à la bataille de Poltava (1709), il étendit les frontières de son empire loin vers l'ouest. Catherine la Grande (1762-1796) poursuivit cette politique d'ouverture sur l'Europe, s'empara de la Crimée, d'une partie de l'Ukraine et de l'est de la Pologne. La Russie était alors devenue une monarchie absolue et centralisée calquée sur le modèle français. Le tsar Paul Ier (1796-1801) n'hésita pas à envoyer le général Souvorov en Italie pour combattre l'armée révolutionnaire française. Sous le règne d'Alexandre 1er (1801-1825), la Russie résista victorieusement aux menées impériales de Napoléon. Celui-ci avait commencé par remporter des victoires éclatantes sur les Russes, notamment lors des batailles de Smolensk et de Borodino. L'incendie de Moscou en 1812 arrêta net l'avancée des troupes françaises et l'hiver russe contraint Napoléon à reculer. La Russie mit à profit les guerres napoléoniennes pour s'emparer de la Finlande (1809) et de la Bessarabie (Moldavie actuelle; 1812). Le séjour des troupes russes a Paris permit aux jeunes officiers russes de découvrir les idées libérales à l'origine de la Révolution française, alors même qu'Alexandre 1er sera a l'origine de la constitution de la Sainte Alliance, qui lutta contre ces mêmes idées. En 1825, la tentative d'un groupe de jeunes officiers réformateurs (les Décabristes) d'imposer une monarchie constitutionnelle fut réprimée dans le sang.


Lors de la guerre de Crimée (1853-1886), qui vit la Turquie s'allier à l'Angleterre et à la France contre la Russie, cette dernière perdit une grosse partie de la Crimée et du sud de l'Ukraine. Alexandre II (1855-1881) s'empara par la suite de l'Asie centrale et mena une série de réformes, notamment l'abolition du servage en 1861. Il encouragea également le développement industrielle et commença le chantier de la ligne de chemin de fer la plus longue du monde, le Transsibérien, de Moscou à Vladivostock. En 1881, Alexandre II fut assassiné. Des nouvelles guerres, notamment avec la Turquie, permirent à la Russie de s'emparer du Caucase, du Turkestan et des territoires de l'Amour. Après la défaite de la Russie face au Japon (guerre russo-japonaise, 1904-1905), les mouvements libéraux et révolutionnaires exigèrent du tsar Nicolas II (1894- 1917) qu'il accepte la constitution d'un parlement (Douma). La Douma, élue en 1906, n'avait cependant qu'un pouvoir limité.






SAINT VLADIMIR, GRAND-PRINCE DE KIEV, PERE DE LA SAINTE RUSSIE ORTHODOXE ( 958-1015)



Vladimir est le fils de Sviatoslav, (fils de la Princesse Olga (Sainte Olga) ) et d’une esclave.

Son père régna à Kiev à partir de 957. Il vainquit les Khazars et les Bulgares. Il lutta contre l’Empereur byzantin Tzymiscès et fut tué par les Petchénègues en 972.

A la suite du siège manqué de Constantinople (864), le Patriarche Saint Photios envoya à Kiev un Evêque accompagné de Prêtres, afin d'y semer les premières semences du Christianisme (1). Mais cette mission fut bientôt interrompue lors de la prise de la ville par les princes varègues (Vikings) Oleg et Igor (880-883), qui favorisèrent l'implantation de leur congénères idolâtres. Par la suite, les trois attaques tentées par les Russes contre la capitale byzantine (911, 944 et 971) conduisirent à l'installation de marchands qui embrassèrent le Christianisme et devinrent missionnaires en rentrant dans leur patrie, si bien qu'en 945 Kiev possédait une assez grande Communauté Chrétienne, qui se rassemblait dans l'église du prophète élie . La veuve du prince Igor, Sainte Olga, se fit baptiser alors qu'elle était régente , mais cette conversion resta personnelle et n'eut pas de répercussion notable dans son peuple. Bien au contraire, dès que son fils Sviatoslav prit le pouvoir, restant sourd aux exhortations d'Olga, il encouragea le paganisme, car la conversion au Christianisme était considérée comme une transgression de la tradition de son peuple et une honte.


À la mort de Sviatoslav, son fils laropolk, qui était plus favorable aux Chrétiens, devint prince de Kiev, alors que son frère cadet, Vladimir, s'installait à Novgorod. Chassé de là par laropolk, il alla se réfugier en Scandinavie, d'où il revint peu après avec un fort contingent de Varègues. Il expulsa son frère, qui mourut au cours du combat, et s'installa à Kiev (980). Les instructions de sa grand-mère, Sainte Olga, et de sa mère, Malousa, n'avaient pu décider Vladimir à renoncer à l'idolâtrie et animé d'un zèle ardent pour les dieux des Vikings, dès son intronisation, il fit édifier sur les hauteurs de la cité un temple dédié au dieu du tonnerre, Péroun, où l'on faisait même des sacrifices humains. Et, conséquence de cette impiété, le prince menait une vie excessivement débauchée, qui le rendit tristement célèbre. Monarque belliqueux et soucieux d'étendre son territoire, il avait déclaré une guerre sans merci aux peuples voisins : Bulgares et Lituaniens. Au retour d'une campagne victorieuse contre les Jatvagues (983), il décida de rendre grâces aux dieux par un sacrifice humain. Le sort tomba sur un marchand varègue, Théodore, et son fils Jean, qui étaient Chrétiens et qui devinrent ainsi les premiers-Martyrs du sol russe .


Cet ignoble sacrifice fit cependant une forte impression sur l'âme de Vladimir. Il se mit alors à méditer sur la religion et à nourrir des doutes à propos de l'idolâtrie. Ces préoccupations vinrent à la connaissance des peuples qui vénéraient un seul Dieu: les Bulgares musulmans de Kama, les Juifs Khazars, les Germains, Chrétiens latins, et les Grecs Orthodoxes. Ils envoyèrent des émissaires à Kiev, qui essayèrent d'influencer le prince en présentant leurs arguments; mais seul l'envoyé de Byzance parvint à capter son attention en réfutant toutes les autres religions et en lui exposant l'oeuvre salvatrice de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après avoir consulté ses boïars, le prince décida d'envoyer ses propres ambassadeurs dans ces différents pays, afin de se rendre compte par eux-mêmes de la manière dont on y vivait la religion. Quand les émissaires envoyés dans la capitale byzantine assistèrent à la Divine Liturgie et aux diverses cérémonies qui avaient lieu à Sainte-Sophie, leur impression fut si forte qu'ils en restèrent stupéfaits et rapportèrent ensuite à leur souverain : « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre. Car il n'y a pas sur terre un tel spectacle, ni une telle beauté, et nous sommes incapables de l'exprimer. Nous savons seulement que c'est là que Dieu demeure avec les hommes, et que leur culte dépasse celui de tous les pays. Cette beauté nous ne pouvons l'oublier, et nous savons qu'il nous sera désormais impossible de vivre en Russie d'une manière différente! » Convaincu que cette gloire manifestée dans la Liturgie ne pouvait être que le respIendissement de la Vérité, Vladimir se décida donc à devenir chrétien.

Entre-temps, l'empereur de Byzance, Basile II, affaibli par la guerre contre le tsar des Bulgares, Samuel, et menacé d'être expulsé de Constantinople par la révolte de Bardas Phocas (987), fit appel au grand-prince de Kiev. Vladimir proposa de lui envoyer six mille Varègues, mais demanda en échange la main de sa soeur, Anne Porphyrogénète, en promettant de se convertir au Christianisme avec tout son peuple. Grâce à l'intervention des Varègues la révolte de Bardas fut réprimée, mais l'empereur tarda à tenir sa promesse et à envoyer à Kiev sa soeur qui répugnait à s'unir à un païen. Jamais, en effet, une princesse de rang impérial n'avait été mariée à un barbare. Vladimir marcha alors vers la Crimée et s'empara de la ville de Cherson, menaçant de poursuivre vers Constantinople si l'empereur ne tenait pas sa promesse(2). Effrayé, Basile envoya sans retard sa soeur, accompagnée de l'Evêque Saint Michel (cf. 30 sept.) et des Prêtres qui avaient été assignés pour la mission en Russie. Le grand-prince fut baptisé, sous le nom de Basile, le jour de la Théophanie(3) avec les officiers de sa suite, puis on célébra les noces(4). En cadeau Vladimir rendit la ville de Cherson aux Byzantins, puis il repartit pour Kiev, avec la princesse et les Clercs qui avaient pris à Cherson un fragment des Reliques de Saint Clément de Rome ainsi que d'autres glorieux trophées, Icônes et objets de culte.

Aussitôt arrivé dans sa capitale, le prince libéra de leurs obligations ses épouses païennes, déclarant qu'il ne pouvait désormais avoir qu'une seule épouse, et il commença à purifier la ville de tout culte idolâtre. Avec le même zèle qu'il avait auparavant pour le culte des faux dieux, il fit renverser leurs idoles et ordonna d'attacher la statue de Péroun à la queue de chevaux, qui lui firent dévaler la colline et allèrent la précipiter dans le Dniepr aux yeux de tout le peuple. Saint Michel commença alors à prêcher la parole de Dieu, aidé par Vladimir en personne. Le jour de la Pentecôte, une multitude d'habitants de Kiev fut baptisée dans le fleuve: jeunes et vieux entrèrent ensemble dans le bain de la nouvelle Naissance, les uns plongés dans l'eau jusqu'au cou, d'autres jusqu'à la taille, les enfants groupés au bord et les nourrissons dans les bras de leurs mères. L'Evêque célébra le Baptême et demanda au prince Vladimir de servir de parrain à tout son peuple.

Changeant complètement son caractère et adoptant la douceur des moeurs évangéliques, Vladimir supprima la peine de mort et mena dès lors une vie agréable à Dieu, qui le fit surnommer par son peuple: le "Soleil radieux". Il fit édifier des églises à la place des temples païens, et en particulier une splendide église, dédiée à la Dormition de la Mère de Dieu, fut érigée à l'endroit même du Martyre de Saint Théodore et de son fils, à laquelle le prince affecta un dixième de ses revenus(5). Il fonda aussi des écoles pour l'instruction du peuple et la formation des Prêtres. Des missionnaires furent envoyés dans les autres principautés, afin d'y proclamer la Bonne Nouvelle en langue slave(6). La ville de Kiev devint ainsi le siège de l'Evêque métropolitain, dépendant du Patriarcat de Constantinople, ayant juridiction sur cet immense territoire. Du fait de la résistance des prêtres païens, seule la principauté de Novgorod resta rétive, et c'est par la force que Vladimir y imposa le Christianisme.

Vers la fin de sa vie, après la mort de sa femme, le Saint prince eut à endurer de cruelles afflictions de la part de ses deux fils aînés, Sviatopolk et Iaroslav. Sous l'influence de son beau-père, le roi de Pologne, qui l'avait convaincu de se convertir au catholicisme, Sviatopolk s'insurgea contre Vladimir, qui fut mis en prison, et une guerre de courte durée éclata entre la Pologne et la Russie (1013). L'année suivante, Iaroslav, profitant de la haine que nourrissait la principauté de Novgorod à l'égard de Kiev qui lui avait retiré l'hégémonie au temps d'Oleg, fomenta une révolte. Mais avant que la guerre ne soit déclarée, saint Vladimir tomba gravement malade. Il envoya son fils Boris combattre contre les Petchénègues, païens endurcis et de moeurs sauvages, qui attaquaient son territoire, et relâcha Sviatopolk avant de rendre son âme à Dieu, le 15 juillet 1015. Sviatopolk essaya de cacher au peuple la mort de son père(7); mais au matin la cathédrale, dans laquelle le corps avait été transporté, se trouva entourée de milliers de personnes de toutes qualités, qui versaient d'abondantes larmes et élevaient vers Dieu leurs lamentations, car ils venaient de perdre leur père et le nouvel-Apôtre qui leur avait apporté la lumière de la foi et qui, tel un autre Constantin, avait élevé leur peuple au rang des grandes nations chrétiennes. Ses précieuses Reliques furent cachées pendant l'invasion mongole, et on ne les retrouva, dans les ruines de l'église, qu'en 1631. Son crâne est conservé dans l'église principale du Monastère des Grottes de Kiev, sa mâchoire dans la Cathédrale de la Dormition à Moscou, et d'autres fragments dans divers Sanctuaires de Russie.

1). Selon d'autres, ils furent envoyés par le Patriarche Saint Ignace. 2). Selon certains historiens, la prise de Cherson ne fut pas un acte de menace. Au contraire Vladimir serait venu alors en aide à Basile en prenant cette ville qui s'était insurgée et avait pris parti pour Bardas Phocas. 3). En 989 à Cherson ou selon d'autres en 988 à Kiev. La Chronique russe rapporte que Vladimir étant devenu aveugle peu avant son baptême, recouvra la vue en sortant des eaux baptismales. 4). Il semble que le mariage ait plutôt eu lieu à Kiev, après le Baptême du peuple. 5). Lors du grand incendie de 1070, 700 églises furent détruites à Kiev. Ce qui montre l'importance de la christianisation. En ce temps-là Kiev était considérée comme une des principales capitales d'Europe en ce qui concerne les arts et les lettres. 6). C'est de Bulgarie, où l'oeuvre des Sts Cyrille et Méthode avait été poursuivie par leurs disciples, que furent importées les traductions indispensables à la formation de la culture ecclésiastique de la Russie de Kiev. Ce fut surtout Iaroslav le Sage, successeur de St Vladimir (1019-1054), qui favorisa cette activité de traduction des livres grecs. 7). C'est lui qui fit assassiner peu après les deux fils préférés de Vladimir, qu'il avait eu de la Princesse Anne.


IAROSLAV Vladimirovitch ( Iouri) GRAND PRINCE DE RUSSIE (978-1054)






Septième souverain de Russie Kévienne , né en 978, mort à Vyszogrod en 1054. Fils de Saint Vladimir baptisé avec lui en 988 . Il reçut alors le nom chrétien de Georges (Iouri) , il lui succéda en 1015 comme prince de Novgorod ; mais il dut lutter contre deux de ses frères , et ne se trouva en possession de l’héritage de son père qu’en 1035.


Il reprit la Russie Rouge aux polonais , étendit sa domination vers la Baltique (1030) , et essaya en 1043 , de s’emparer de Constantinople. C’était un excellent administrateur. Il a laissé un code nommé Rouskaï Pravda, la loi fondamentale Russe. C’était un homme cultivé et amateur de littérature. Très pieux il fit construire la Basilique Sainte Sophie et tenta de conformer sa pratique politique Aux Saintes Ecritures. Sa fille, Anne de Kiev épouse le Roi de France Henri 1er.





ANNE DE KIEV OU ANNE DE RUSSIE REINE DE FRANCE





Elle naît en 1024, fille de Iaroslov , grand Prince de Russie,petite fille de Vladimir le Saint et du Roi Olaf III de Suede,. elle épouse en en 1051 , Henri 1er de France , veuf depuis sept ans. En choisissant une princesse aussi lointaine, le roi était assuré que la papauté ne l’accuserait pas d’épouser une de ses parentes.

Dans toutes les cours d’Europe, on loue les splendeurs de la principauté de Kiev . La ‘’cité aux 400 clochers égale à Byzance ‘’

En 1048, l’êveque Roger de Chalons est envoyé à Kiev en mission . En 1050 une seconde Ambassade ramène en Françe Anne agée de 20 ans, la plus jeune des filles de Iaroslov 1er.


Des mois pour traverser l’Europe avec de riches présents et ramener Anne de Kiev à la beauté blonde et lumineuse. ( Elle a du sang viking) . Elle apporte avec elle des richesses de son pays.


Peaux d’Ours de l’Oural, fourrures d’Astrakan, soiries d’Ispahan, miel et Or de Colchide (actuelle Georgie), parfums d’Arménie, etc… Les noces sont célébrées à la cathédrale de Reims le 19 Mai 1051.


A compter de 1059 et jusqu’à la fin du XVIII ème Siècle les Rois de France en accédant au trône prêtaient serment sur un très ancien évangéliaire Ruthée écrit en écritures Cyrillique et glogolotique. Il s’agit de l’évangéliaire de Reims , un des plus anciens documents de la langue littéraire Ruthène (Ukrenienne), aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris. C’est Anne de Kiev qui a amené cet évangéliaire en France.



Anne donna à Henri 1er quatre enfants dont le futur Philippe 1er . Veuve en 1060, réputée pour sa grande beauté de plus très instruite, elle est enlevée par le Comte de Crépy , Raoul de Péronne, qui l’épouse .


Raoul Le Grand, Comte de Crepy et Valois Proche du Roi Raoul , descendant de Charlemagne était comme l’écrivait un historien Français ‘’Un des magnats les plus puissant et un des plus indépendants de tous ceux de France . Il ne reconnaissait aucun pouvoir supérieur au sien, surtout si ce pouvoir contrariait ses desseins . Il ne craignait ni l’armée Royale , ni les foudres de l’Eglise.’’.


Le Roi Henri ne put empêcher des relations intimes entre Anne et Raoul et demanda l’aide du pape Nicolas II à cet effet . On a conservé la lettre que ce pape a adressé à Anne , lettre dans laquelle , louant la piété et la dévotion de la Reine de France , il la priait de ‘’ prendre soin du Roi ‘’.


Henri 1er appartenait à la dynastie française des Capétiens . Le fondateur fut Hugues Capet élu en 987. Elle s’éteignit en 1328 après la mort du Roi Charles 1V . Dans le cas ou Philippe ne serait pas d’Henri mais celui de Raoul, la lignée des Capétiens ne s’est pas éteinte en 1328 mais en 1059, lorsque Philippe 1er fut proclamé Roi.


Après la mort d’Henri, Raoul épousa Anne Yaroslavna et devint le tuteur du Roi mineur aidant Anne à gouverner la France .


Seule Anne connaissait la réponse à une des plus grandes énigmes de notre histoire.


Le mariage officiel d’Anne et de Raoul eut lieu en 1062 . Auparavant Raoul avait deux épouses et cinq enfants . Sa première épouse n’accepta pas sa répudiation et s’adressa au pape. Le pape Alexandre II excommunia Raoul et proclama nul son mariage avec Anne . Mais Anne et Raoul continuèrent à mener une vie conjugale jusqu’à la mort de ce dernier en 1074.


Après la mort d’Henri, Anne vécut au Château de Senlis . Comme l’a écrit un chroniqueur français du moyen age , elle aimait Senlis , vieille ville royale ‘’ Non seulement pour l’air pur qu’on y respirait , mais surtout pour le plaisir de la chasse qu’elle appréciait particulièrement ‘’


On édifia sur son ordre l’église Saint Vincent et une abbaye .





- Dictionnaire de l’histoire de France Alain decaux, Andre castelot Edition Perrin - Larousse du XX ème Siècle - Monastère Orthodoxe des Saints Elie et Elisée- - Du prince au Tsar de Jean Pierre Arrignon - Extraits textes de Halyna et Ihor Nabytovytch (1998)





Du prince au tsar Jean-Pierre Arrignon Professeur à l'université d'Artois


Les Russes sont entrés tardivement dans l'histoire. Il faut attendre la seconde moitié du IXe siècle pour que soit évoqué le prince Rjurik qui donnera son nom à la première dynastie des princes russes, les Rjurikides, qui régneront de 862 à 1598. Suit alors le « Temps des troubles » (1598-1604) qui s'achève par l'élection de Michel Romanov, le fondateur de la dynastie du même nom qui gouverne la Russie jusqu'au 17 juillet 1918. Ainsi l'histoire russe n'a connu que deux dynasties régnantes dont les souverains ont porté successivement les titres de prince, grand-prince, tsar et empereur.

Le knjaz, prince païen puis chrétien


Pour la période glorieuse de l'histoire russe médiévale prémongole, de 862 à 1054, le seul titre porté par les princes russes est celui de prince ou knjaz. Ce titre est d'ailleurs reconnu par les empereurs de Constantinople qui le traduisent par archonte. En fait, le prince détient un pouvoir de facto, en grec une arkhè. Les empereurs de Constantinople se bornent à reconnaître le pouvoir régnant à Kiev, se refusant à lui donner un caractère aulique spécifique. D'ailleurs, le prince, païen, est tout à la fois le chef politique et le chef religieux de la tribu. Cette logique poussera Vladimir à tenter d'unifier les tribus slaves autour du dieu païen Perun dont il fait son dieu tutélaire.

L'échec de cette tentative d'unification autour du paganisme et le baptême du prince Vladimir en 988/989 changent la donne. Désormais les Russes font partie de la communauté des États chrétiens que préside l'empereur de Constantinople. Pourtant les princes de Kiev conservent leur titulature princière et ne semblent pas attachés à en changer. On ne trouve pas chez eux de tentatives d'usurper la titulature impériale comme chez les Bulgares ou les Serbes. Seul le prince Jaroslav le Sage, dont la fille, Anne, épouse le roi de France Henry Ier en 1049, est tenté de valider son pouvoir par un titre souverain. Pour ne pas heurter les empereurs de Constantinople et surtout pour éviter d'être exclu de la communauté des États chrétiens, son métropolite, Hilarion, lui propose le titre de kagan, titre souverain laissé vacant par la disparition de l'État khazar. Cette titulature nouvelle qui ménage les susceptibilités impériales et confère à son détenteur un pouvoir d'auctoritas, ne parvint cependant pas à s'imposer. Les princes russes conservent leur titre initial de knjaz. Pourtant sur les graffiti de Sainte-Sophie de Kiev nous rencontrons le titre de tsar appliqué à Vladimir ! Dans ce cas, le titre de tsar est toujours attribué à un prince mort, alors considéré comme « empereur dans les cieux ».



Le grand-prince, logntemps vassal du khan mongol


Il faut attendre le morcellement féodal de l'État unitaire et centralisé de Kiev, entériné par les princes russes réunis au congrès de Ljubeč, en 1097, pour voir apparaître le titre de grand-prince reconnu au prince de Kiev, puis avec le transfert de la résidence de la chaire métropolitaine de Kiev à Vladimir en 1199, au prince de Vladimir.

Le titre grand-princier confère à son titulaire la reconnaissance d'un pouvoir d'auctoritas sur les autres princes et suscite de nombreuses jalousies et conflits qui poussent à l'usurpation de ce titre. Il faut cependant attendre la mise en place du joug mongol, après la prise de Kiev le 6 décembre 1240, pour voir ce titre prendre une valeur particulière. Tout d'abord, l'attribution de ce dernier est désormais le monopole du khan mongol de Karakorum qui le concède à un prince russe par une charte, un jarlyk, qu'il faut aller chercher dans la lointaine capitale mongole. C'est d'ailleurs au retour de ce long voyage qu'en 1263 meurt le prince Alexandre Nevskij. En conséquence, les princes russes qui portent ce titre sont en premier lieu les représentants du khan mongol au sein de l'empire mongol. Ils reçoivent en même temps le privilège de lever l'impôt, la dan', dont ils assurent le versement au khan. Alexandre Nevskij, grand-prince de Vladimir de 1252 à 1263 a parfaitement tenu ce rôle.

Naturellement, les khans mongols ont su jouer des rivalités des princes russes pour les diviser et générer de terribles affrontements notamment, au XVe siècle, entre les princes des maisons de Moscou et de Tver' pour la possession du titre grand-princier.


Le tsar : un titre politique, militaire et religieux


Avec la chute de Constantinople en 1453 et la disparition du dernier empereur romain, l'Église orthodoxe est privée de son guide temporel. Or, pour les théologiens orthodoxes, il est constant d'affirmer que l'harmonie ici-bas résulte de la symphonie qui doit prévaloir entre le patriarche et l'empereur. Les milieux ecclésiastiques russes vont donc tout mettre en œuvre pour amener les grands-princes de Moscou à prendre le titre de tsar laissé vacant depuis 1453 et assumer la continuité de la communauté des peuples orthodoxes passés pour la majeure part d'entre eux sous la tutelle des Turcs ottomans. La pression des milieux ecclésiastiques russes sur les grands-princes de Moscou est particulièrement visible dans la célèbre épître du moine Philothée, du monastère Eléazar de Pskov écrite probablement entre 1515 et 1521 et adressée au grand-prince de Moscou Vassilij III, dans laquelle il explicite la théorie de la troisième Rome.

« À celui qui a été établi par la très haute, toute puissante et suprême main de Dieu par qui les rois règnent, les grands sont grands et les puissants disent le droit : à toi, souverain Grand-prince resplendissant, tsar chrétien orthodoxe, seigneur de tous, à toi qui sièges sur le grand trône, à toi, régent des saints trônes divins de la sainte Église universelle et apostolique, Église de la Sainte-Mère-de-Dieu, de son Assomption vénérable et glorieuse, Église qui a répandu la lumière à la place des Églises de Rome et de Constantinople… « Il convient, Tsar, que tu maintiennes le royaume dans la crainte de Dieu… « Écoute et souviens-toi, Tsar très pieux, que tous les royaumes chrétiens se sont réunis dans ton royaume, que deux Romes sont tombées, mais que la troisième est debout et qu'il ne saurait y en avoir une quatrième : ton royaume chrétien ne sera par nul autre remplacé. »

Comme il est clairement explicité, le titre de tsar est étroitement lié à la fonction religieuse ; il appartient au tsar de conduire ici-bas le peuple chrétien vers la Jérusalem céleste dans la vision eschatologique de la troisième Rome.

L'aboutissement de cette pression des milieux ecclésiastiques est bien sûr le couronnement du jeune Ivan IV en 1547. Désormais sur le trône de Moscou règne un tsar qui, au-delà de sa fonction politique et militaire, assume aussi le destin du monde orthodoxe.


Empereur de toute la Russie


Cet ordonnancement du pouvoir est pourtant remis en cause par Pierre le Grand qui, après sa grande victoire de Poltava en 1709 sur Charles XII de Suède, se fait décerner par décret du Sénat et du Saint-Synode le titre d'empereur de toute la Russie. Par ce titre, Pierre le Grand veut privilégier l'aspect victorieux et conquérant du prince aux dépens du religieux. Désormais le titre d'empereur de toute la Russie est le seul titre qui figure dans les actes officiels de la chancellerie impériale russe. Néanmoins, pour le peuple russe, le tsar continue d'assumer le destin du peuple et de l'État russe jusqu'à l'abdication de Nicolas II et son meurtre le 17 juillet 1918. L'Église orthodoxe russe a récemment décidé d'assimiler aux « princes souffre-douleurs » Boris et Gleb (1), les membres de la famille impériale qui ont assumé leur destin jusque dans leur martyre.


(1) Boris et Gleb sont les fils du prince Vladimir (948-1015) à la mort duquel s'ouvre une féroce guerre civile au cours de laquelle deux de ses fils, Boris et Gleb, sont assassinés par des mercenaires envoyés par leur frère, probablement Jaroslav le Sage plus que celui qui est traditionnellement accusé du double meurtre, Svjatopolk le maudit. Leur entourage les ayant informés de la menace qui pesait sur eux, ils refusèrent néanmoins de s'enfuir et acceptèrent leur destin. C'est cette attitude qui leur confère le titre de princes « souffre-douleurs ».


Jean-Pierre Arrignon Mai 2004







LOUIS IX OU SAINT LOUIS , FILS DE LOUIS VIII


le LION


Le règne Glorieux de Louis IX tient beaucoup à son père qui agrandit le royaume et fut un homme épris de religion , notre ascendant par les Artois .


Roi de France. Petit-fils de Philippe Auguste (1165-1223) et grand-père de Philippe Le Bel (1268-1314), Louis IX (1214-1270), plus connu sous le nom de Saint Louis, est l'un des maillons essentiels de l'histoire Capétienne, qui, au fil des siècles, assit la légitimité de l'autorité royale sur la France. Son règne contribua à fonder l'idée de l'incarnation d'un pouvoir politique et spirituel en un homme singulier et non plus seulement en un Dieu universel. L'idée de justice, profondément associée à sa personne, et les croisades assureront sa postérité spirituelle. Son action politique atténue les excès de la féodalité au profit de la notion d'intérêt général.


LES ANNEES DE REGENCE

Né le 25 avril 1214 à Poissy, le futur monarque est le troisième enfant de Louis VIII(1187-1226) et de Blanche de Castille (1188-1252).


LA VIE ET LA SUCCESSION DE LOUIS VIII


Fils et successeur de Philippe Auguste et d'Isabelle de Hainaut, LOUIS VIII il continua la reconquête, commencée par son père, des domaines français du roi d'Angleterre en chassant les Anglais du Poitou (victoire sur Jean sans Terre, le 2 juillet 1214, à La Roche-aux-Moines, près d'Angers). Il se vit proposer la couronne d’Angleterre par les barons anglais révoltés contre leur roi (1215), couronné roi D’Angleterre et, malgré l'opposition du pape, il entreprit de conquérir l'Angleterre (mai 1216), dans laquelle il échoua (défaite de Lincoln, mai 1217). Il fit néanmoins flotter les bannières Fleurdelysées sur la Tour de Londres et quitta le sol Anglais sans honte avec une indemnité si considérable que le trésor Anglais ne put y faire face.

Malgré l’echec final , ce fut tout de même la grande aventure de sa vie, il a conquis plus des trois quart du Royaume de par delà , il s’est assis sur le trône des Plantagenêts et il a pu imaginer , sans poursuivre de chimères, qu’il serait un jour le premier Roi de France et D’Angleterre. Situation unique dans notre histoire


Il reconquit néanmoins sur les Plantagenêts une partie de la Gascogne et de la Saintonge (1224), puis prépara le rattachement du Languedoc à la Couronne de France en prenant la tête de la croisade contre les Albigeois et en s'emparant d'Avignon (1226). Il prépara ainsi le règne glorieux de son fils.


Avignon et les pénitents gris : .................................


En ce temps là , les Avignonnais étaient alliés de Raymond VII Comte de Toulouse et protecteur des Albigeois .

Le roi de France Louis VIII Le Lion , père de St Louis , en route pour une nouvelle croisade contre ces derniers, avait levé une armée et se dirigeait dans le Languedoc, fort de l’héritage de Simon de Montfort .

Le seul moyen de franchir le Rhône , à cette époque, était d’emprunter le pont construit à Avignon par St Benezet de 1177 à 1185. C’était le seul existant sur le fleuve entre la mer et Lyon. Les Avignonnais après un accord initial le 6 Juin 1226, changèrent subitement d’attitude . Craignant semble t’il le pillage, ils fermèrent leur porte à l’armée royale.

Devant ce geste, le roi ne tergiversa pas et mis d’autorité le siège à la ville, pour l’obliger à entendre raison. Nous étions en été , la chaleur torride à laquelle étaient habitués les Avignonnais, leurs hautes murailles de protection, leur firent penser qu’ils pourraient tenir tête au souverain.

Ils résistèrent malgré les injonctions du légat du pape , Romain Bonaventure , Cardinal de St- Ange qui lança contre eux un manifeste le 9 Juin 1226. Le monarque s’entêta et durcit sa position, essuyant de lourdes pertes parmi ses croisés, atteint de surcroît par une épidémie qui fit de nombreuses victimes. Les deux camps étaient très éprouvés. Au bout de trois longs mois de luttes acharnées, bien qu’ayant vainement tenté plusieurs sorties, Avignon capitule, vaincu par la famine, le 12 Septembre 1226. L’avenir leur fera regretter de n’avoir pu tenir plus longtemps, car sous l’effet d’une grosse crue de la Durance, les lieux qu’occupaient les assiégeants furent envahies 5 jours plus tard par les eaux bouillonnantes du fleuve. Résignée et soumise la ville dut se plier aux dures conditions imposées par le Légat apostolique.

300 maisons fortes, susceptibles d’abriter des résistants, et les tours établies dans l’enceinte furent rasées. Les remparts en grande partie mise à bat, les fossés comblés par des poutres en bois et les pierres de la muraille, avec interdiction formelle de relever les murs avant 5 ans, condition de plus assujettie à l’approbation de l’église et du roi. 300 otages sont exigés comme contribution de guerre ainsi que : 7000 Marcs d’amende, tous les chevaux de combat, les armes et les machines à projectiles. Pour faire bonne mesure, et sans doute aussi pour préserver ses arrières, LOUIS VIII fit abattre une bonne partie du pont, objet du conflit , ne laissant derrière lui qu’un étroit pont en bois.

Dans une brochure écrite par un pénitent en 1740, intitulée « institution de la compagnie des Pénitents gris d’Avignon » , se trouve l’explication qui suit :

« Le pieux Monarque LOUIS VIII , voulut célébrer sa victoire en faisant triompher CELUI qu’il en reconnaissait l’auteur. Comme les Albigeois niaient la présence réelle de Jesus Christ dans la sainte Eucharistie , LOUIS VIII pour célébrer la victoire qu’il venait de remporter sur eux voulait faire au Sauveur du Monde une réparation publique des outrages qu’il avait reçu de ces sectaires, dans le sacrement adorable de son autel

Le 14 Septembre de la même année 1226, jour de l’exaltation de la Sainte Croix, fut désigné pour cet acte solennel, et la ville d’Avignon vit le spectacle le plus auguste et le plus touchant qui eût encore paru .

Nicolas de Corbie récemment nommé Eveque d’Avignon, porta le Saint Sacrement à une chapelle bâtie en l’honneur de la Sainte Croix hors les murs de la ville ( ou se trouve actuellement la chapelle des Pénitents Gris ), et puis le roi assista à la procession, revêtu d’un SAC COULEUR DE TERRE, ceint d’une corde, la tête nue et un flambeau à la main, suivi de toute sa cour et d’une multitude innombrable de peuple, qu’attirait la nouveauté de ce spectacle .

Voilà la première origine de cette procession qui se renouvelle tous les 25 Ans et qui se fait avec tant de pompe ».

« On laissa le Saint Sacrement dans cette chapelle et pendant tout le temps que LOUIS VIII passa encore dans AVIGNON, ce prince alla tous les jours lui rendre de nouveaux hommages

Rien ne résiste à l’exemple : Celui que donne les grands est toujours plus frappant que tout autre Les habitants d’AVIGNON, imitèrent la piété du Roi , et ceux là même qui s’étaient le plus déclarés en faveur des sectaires, furent les plus empressés d’aller adorer JESUS- CHRIST caché sous les voiles eucharistiques.

Ce concours donna lieu à l’Etablissement d’une DEVOTE COMPAGNIE , sous le titre de PENITENTS GRIS, qu’on nomma aussi la CONFRERIE DES DISCIPLINES ou encore des BATTUS DE LA CROIX , ou les FLAGELLES , parce les confrères allaient tous les Vendredi à la Chapelle de la Croix, réciter les Psaumes de la pénitence, et déchiraient leurs corps par de » sanglantes disciplines, pour expier la faute d’avoir donné retraite à l’erreur . Le roi se déclara fondateur de cette confrérie ; l’ EVËQUE Nicolas de CORBIE donna des règles aux confrères et le Cardinal Légat les confirma . »

Le Saint Sacrement restera exposé en permanence pendant toute une année, afin que la population satisfasse à la pénitence imposée d’aller réciter les 7 Psaumes tous les Vendredi.

Passé ce délai obligatoire , nombreux furent ce »ux qui voulurent continuer, par pure dévotion , à poursuivre la pénitence. L’Evêque accorda donc , dira l’abbé de Veras « que le TRES HAUT y restera exposé nuit et jour ».

Naquit ainsi l’ADORATION PERPETUELLE , Approuvée par les papes successifs et que les Pénitents Gris ont eu, reconnaissons-le, le mérite de conserver jusqu’à nos jours. Parmi les Pénitents célèbres, nous citerons outre le Roi Fondateur, 3 Papes : JULES II , CLEMENT XIII , CLEMENT XIV, le prince de CONDE : Henri de Bourbon, Guillaume d’Orange, …..


Marié en 1220 à Blanche de Castille, il fut le père de Saint Louis.


La sœur du futur Louis IX disparaît au moment de sa naissance et son frère aîné, Philippe, quatre ans plus tard, à neuf ans, en 1218. Unique héritier du trône, Louis est sacré à Reims le 29 novembre et, pour la première fois dans l'histoire capétienne, une reine assure la régence, conformément au testament de Louis VIII et en dépit des réticences des barons. Pour la première fois aussi, un enfant de douze ans succède à son père sans difficulté notable. La preuve est faite que la dynastie capétienne est désormais solidement implantée.


BLANCHE DE CASTILLE


La régente, Blanche de Castille, est la petite-fille d'Aliénor d'Aquitaine. Femme énergique et pieuse, elle a laissé un souvenir mitigé: certes les contemporains reconnaissent ses qualités et son efficacité dans l'exercice du pouvoir, mais ils lui reprochent volontiers l'influence, à leurs yeux excessive, qu'elle a exercée sur son fils. Les historiens d'aujourd'hui nuancent ce jugement et soulignent l'importance du précepteur de Louis et des conseillers de son père dans la formation du jeune souverain.


UNE PERSONNALITE COMPLEXE


Mince, de haute taille mais de santé fragile, le roi est blond et élégant. Son caractère est volontiers emporté et il a le sentiment très vif de son autorité. S'il écoute sa mère, c'est parce qu'il est convaincu de la pertinence de ses conseils plutôt que par docilité. Peu expansif dans ses témoignages d'affection, il semble avoir été très attaché à Marguerite de Provence, qu'il épouse le 27 mai 1234, alors qu'il vient d'atteindre sa majorité. Le couple aura onze enfants; le roi restera toujours attentif à leur éducation. Il demeure également proche de ses frères: Robert, à qui il confie l'Artois; Alphonse, nanti de l'apanage du Poitou et soutien efficace; Charles, enfin, installé en Anjou et qu'il doit, à plusieurs reprises, rappeler à l'obéissance. Des élans spirituels Le roi apparaît comme un homme dont la dévotion répond aux aspirations spirituelles du XIII e siècle. Il prie chaque jour, est assidu à la messe et communie lors des grandes fêtes. Fortement inspiré par les ordres mendiants - le souverain apprécie la compagnie des dominicains et des franciscains -, il est un auditeur passionné de sermons. Il aime citer des exemples et des anecdotes qui lui permettent d'affirmer sa foi. Sa piété s'appuie sur les œuvres, sur des aumônes généreuses, comme sur la participation aux travaux de construction de l'abbaye de Royaumont, fondée grâce à un legs de son père. Louis est également très attaché aux reliques: en 1239, il rachète aux Vénitiens celles de la Passion (couronne d'épines, clou du Christ en croix), que ces derniers avaient reçues en gage de Baudouin II; afin de leur donner un cadre digne d'elles, il fait construire entre 1241 et 1248 la Sainte-Chapelle, à Paris.


LE ROI DANS SON ROYAUME


Louis VIII a laissé un domaine royal certes agrandi, mais amputé des différents apanages prélevés pour ses fils. Blanche de Castille et le jeune roi - qui laisse à sa mère la conduite des affaires au moins jusqu'en 1242 - doivent ainsi faire face à des révoltes de barons dès 1226, et toute la première partie du règne jusqu'à la croisade est occupée par le souci de mater les rébellions - en particulier celle de Pierre Mauclerc, duc de Bretagne - et de consolider le pouvoir royal. Louis se montre bon guerrier et habile stratège. Avec ses propres méthodes, il poursuit l'effort d'unification du territoire français entrepris par ses prédécesseurs. La soumission du Languedoc Entre 1209 et 1229, la situation en pays cathare est préoccupante, tout comme l'attitude du comte Raimond VII de Toulouse. Finalement, après la croisade contre les albigeois, le traité de Lorris (1243) confirme la soumission du Languedoc et couronne de succès la lutte contre l'hérésie, entreprise depuis 1229. Cette victoire de Louis IX consacre, avec la présence royale dans le Midi, la ruine de la culture d'oc. Le traité de ParisLa question principale est celle des relations avec le roi d'Angleterre, Henri III, qui avait apporté son soutien à la révolte dans le Sud-Ouest. Lors du traité de Paris (28 mai 1258, ratifié en décembre 1259), Louis IX rend à Henri III une partie des domaines qu'il réclamait dans les diocèses de Limoges, de Cahors et de Périgueux, et dont la possession n'avait jamais été clairement définie. A cela s'ajoute la promesse de la partie de la Saintonge, au sud de la Charente, qui devait revenir à Henri III à la mort d'Alphonse de Poitiers. En échange, Henri III reconnaît l'appartenance à la couronne de France de la Normandie, de l'Anjou, de la Touraine, du Maine et du Poitou. Louis peut considérer que les clauses, âprement discutées, du traité instaurent une entente durable entre la France et l'Angleterre. Le traité de Corbeil Dans le même esprit que pour le traité de Paris, Louis IX signe en 1258 le traité de Corbeil avec le roi d'Aragon et renonce à ses droits sur le Roussillon et Barcelone, tandis que le roi d'Aragon abandonne toute prétention sur la Provence et le Languedoc, Narbonne exceptée. Par son mariage avec Marguerite de Provence, le souverain avait acquis un droit de regard sur la France du Sud et ouvrait ainsi de nouvelles perspectives à la monarchie capétienne.


L'OEUVRE INTERIEURE


Louis IX cherche à exercer un gouvernement efficace et multiplie à cet effet les ordonnances royales. Il associe les barons à cette entreprise et développe son administration.

Les officiers royaux

Une mesure essentielle concerne les officiers royaux: des enquêteurs sont envoyés en province, et des baillis établis dans des circonscriptions. A Paris, le parlement, spécialisé dans les actions judiciaires, et la Cour des comptes, chargée des finances, redoublent d'activité. A son retour de croisade, le roi affirme davantage encore son souci de justice, et les ordonnances de 1254 et de 1256 définissent les devoirs et les procédures de contrôle des officiers royaux.


Les mesures monétaires

C'est dans le sens d'un affermissement des prérogatives royales que s'inscrivent les ordonnances de 1263 et de 1265: désormais, la monnaie royale jouit d'un cours forcé sur tout le royaume, et dès 1266 on frappe deux nouvelles monnaies: un gros d'argent et une pièce d'or. Le règne de Louis devient celui de la «bonne monnaie» qu'évoqueront avec nostalgie les générations suivantes. Ces décisions, qui ne furent pas populaires chez les barons, répondent à un souci d'ordre moral tout en affirmant la supériorité du pouvoir royal. Et c'est bien là l'originalité du règne de Louis IX: la combinaison de la spiritualité et de l'intérêt du royaume, en l'occurrence celui de la monarchie. La symbolique du pouvoir Souverain convaincu de la dignité royale et des devoirs inhérents à sa charge, Louis IX a développé toute une symbolique du pouvoir. Ainsi organise-t-il la nécropole royale à Saint-Denis après 1239: dans le chœur reconstruit de l'abbatiale apparaissent exclusivement les tombeaux des rois et des reines ayant régné sur la France depuis les Carolingiens témoins de la supériorité du sang royal et de la continuité des dynasties. C'est également au nom de cette très haute idée de la fonction royale que le roi conduit ses relations avec les autres souverains, se refusant à soutenir le pape contre l'empereur Frederic II (1194-1250) ou les barons anglais en révolte contre Henri III.


LE ROI CROISE


Lorsque Louis monte sur le trône, l’idéal de croisade qui avait marqué les deux siècles précédents s'est fortement affaibli. En Terre sainte, les positions sont désormais fixées; aucun appel à l'aide ne vient d'Orient et il ne semble pas que puisse à nouveau se lever un mouvement comparable à l'élan enthousiaste des premières croisades. En 1239-1240 pourtant, les barons menés par Thibaud de Champagne (1201-1253) tentent une expédition, mais elle se révèle désastreuse. En fait, la décision de partir relève de Louis seul.


La VIIe croisade

En décembre 1244, à la suite d'une grave maladie, le roi fait le vœu personnel de se croiser. Aucune remontrance de son entourage ne parvient à le détourner de son projet, quelles que soient les inquiétudes que suscite une inévitable régence.

Les préparatifs

Le pape Innocent IV (1195-1254) réunit à Lyon un concile qui se tient en août 1245 et envoie un légat prêcher la croisade. Louis va consacrer trois ans à préparer son expédition - il fait construire le port d'Aigues-Mortes - et à réorganiser son administration. En 1247, une grande enquête est confiée à des moines mendiants pour relever toutes les injustices commises auprès des populations et y porter remède. Le roi se montre aussi soucieux d'assurer la paix intérieure que la paix extérieure. Espérant convaincre les Mongols de l'intérêt d'une alliance militaire contre les sarrasins, il leur envoie une ambassade menée par André de Longjumeau.


L'échec de la conquête d'Egypte

Le roi, accompagné de son épouse, de son frère Charles d'Anjou (1226-1285) et du légat pontifical, quitte le royaume le 25 août 1248, laissant la régence à Blanche de Castille. Il a été convenu de diriger l'attaque vers l’Egypte et l'armée royale débarque près de Damiette après avoir fait étape à Chypre. Pour des raisons qui tiennent au choix du terrain et à la division des forces occidentales, et en dépit du succès initial de la prise de Damiette, l'expédition est un échec certain: le roi est fait prisonnier à Mansourah le 5 avril 1250. Avec l'aide de son épouse, qui tient Damiette, Louis négocie sa rançon et celle de ses chevaliers (Damiette et 500'000 livres sont offertes au sultan d'Egypte) et obtient une trêve de dix ans avec l'Egypte.


Le retour

Louis ne rentre pas pour autant immédiatement en France et aide les villes chrétiennes - Jaffa, Sidon, Acre - à renforcer leur défense et leur administration. Ce n'est qu'après avoir appris la mort de sa mère (Blanche de Castille s'éteint en décembre 1252, mais la nouvelle ne parvient aux croisés qu'au printemps 1253) que le roi accepte de rentrer en France.


L'esprit de pénitence

Le roi et son armée entrent à Paris le 7 septembre 1254, après six années d'absence. Très affecté par son échec en Orient, qu'il interprète comme la punition de ses péchés, Louis va s'efforcer de réformer sa vie et son royaume dans un esprit pénitentiel qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort.


Les grandes ordonnances

Si la première partie du règne a permis de distinguer la sphère royale du système féodal, cette dernière période souligne encore plus profondément l'identification d'un homme à la fonction suprême de roi agissant dans l'intérêt du bien commun. C'est de cette époque que datent les grandes ordonnances: celle de 1254, qui interdit les jeux de hasard et d'argent; celle de 1258, contre les Juifs; et d'autres, qui interdisent le duel judiciaire, la prostitution et le blasphème. Enfin, en 1262, une ordonnance confirme la tutelle royale sur les villes.


La VIIIe croisade

N'abandonnant pas l'espoir de prendre sa revanche en Terre sainte, le roi prépare la VIII eme croisade qui, en 1270, se dirige vers Tunis. Lors du siège de la ville, l'armée est décimée par la peste, qui emporte Louis le 25 août. Charles d'Anjou ramène en France, avec son armée, le corps du roi, qui sera enterré à Saint-Denis auprès de ses ancêtres.

BILAN DU REGNE


Un bilan positif Louis IX a connu des échecs indiscutables, dont les plus flagrants sont ceux des croisades. Il a toutefois bénéficié d'une estime générale, qui tenait autant à la sagesse de ses ambitions (s'il refuse pour ses frères la couronne d'Allemagne en 1240, puis celle de Sicile en 1253, il l'acceptera finalement en 1266) qu'au rôle de défenseur de la paix et d'arbitre impartial qu'il a accepté de jouer entre les grands de son royaume, auprès de ses sujets et dans les affaires européennes. Son règne, marqué par la prospérité, la paix et le souci de justice, laissera un souvenir nostalgique aux générations suivantes («le bon temps Monseigneur Saint Louis»), qui connaîtront des temps difficiles.


LA CANONISATION


Aussitôt après sa mort, Louis IX apparaît comme un saint aux yeux de son entourage et de ses sujets. Aussi, dès 1272, une demande de canonisation est déposée auprès du pape. En 1278, Nicolas III ordonne une enquête, et c'est pendant le pontificat de Boniface VIII, en 1297, qu'est accordée la canonisation. Cette décision répond à un souci politique et sert les intérêts de la monarchie capétienne, fière de compter désormais un saint dans ses rangs. Tout en reconnaissant les vertus du roi, l'Eglise a surtout voulu sanctifier un laïc, un homme de son temps qui a su mener sans ostentation une vie édifiante. C'est ainsi que passe à la postérité l'image de Saint Louis, roi juste et pieux.


Un vendredi saint , Saint Louis, qui réside dans son château de Compiègne et visite pieds nus les églises de la ville rencontre dans une rue un lépreux. Il traverse la rue en mettant un pied dans l’eau boueuse et froide au milieu de la rue et arrive devant le ‘mesel’ lui donne l’aumône et baise sa main . Les assistants se signent et se disent l’un à l’autre : « regardez ce que le roi a fait : il a baisé la main du ‘ Mésel ‘

Rien d’étonnant si cette conduite trouve un écho dans le sermon de Boniface VIII du 6 Aout 1297, puis dans la bulle de canonisation. Dans le sermon, le pape le rappelle :

Le roi, pieux médecin de ce lépreux, le visita souvent et le servit humblement, en essuyant soigneusement le pus de ses ulcères et en lui procurant de ses mains le manger et le boire. Ces choses et d’autres, il les accomplit habituellement dans les maisons-Dieu et les léproseries. Dans sa bulle Boniface cite « Les visites que le roi faisait personnellement à des malades et à des infirmes dans divers monastères et hôpitaux ».


La dévotion au Christ crucifié et à la Croix a conduit Saint Louis à parcourir lui-même le chemin du sacrifice : pénitent de cette pénitence supérieure à toute autre, la croisade, tourmenté par la maladie, la défaite, la prison, il est parvenu à sa seconde croisade au martyre. Roi s’autosacrifiant – un des aspects de la royauté sacrée dans diverses sociétés- Roi–hostie, il parvient au terme d’une longue agonie à la gràce de mourir, à l’image de jésus.

Ce saint est donc finalement un Roi-modèle par la souffrance. Gràce à elle, il met la royauté au-dessus et au-delà de tous les avatars. Plus que ses victoires, plus que ses richesses, ce qui fait sa gloire pour ses contemporains, c’est son comportement dans la maladie, la prison, l’échec, le deuil. Roi Christ, ce souvenir extraordinaire qui réunit en un mélange indissociable sens politique et sentiment religieux a fait de la souffrance l’instrument d’un salut personnel en même temps que d’une réussite politique.


Bibliographie :

-De la porte Limbert au Portail Peint de Marc Maynegre Typof7 (1991) -Louis VIII le Lion de Jacques Choffel Editions Lanore (1983) -Le site de l’histoire ‘Hachette’ -Saint Louis de Jacques Le Goff Gallimard 1996.




ETIENNE MONTGOLFIER SUPERIEUR DE ST SULPICE AU CANADA ( 1712- 1791)



Le dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amerique publié en 1857 par Bibaud Jeune President general de l’institut polytechnique et Docteur de la faculté des droits de l’université de St jean de New york présente la biographie d’Etienne Montgolfier. Il est donc juste de donner à notre grand Oncle toute la place qu’il mérite . Sans avoir été aussi connu que ses neveux, les fameux aerostiers , il n,en a pas néanmoins joué un role clef dans la préservation de la religion catholique et de la culture Française au Canada.

La Nouvelle-France désignait l'ensemble des territoires de l'Amérique du Nord sous administration française, avant 1763. Dans sa plus grande dimension, avant le Traité d'Utrecht (1713), la Nouvelle-France comprenait cinq colonies possédant, chacune, une administration propre : le Canada, l'Acadie, la Baie d'Hudson, Terre-Neuve, la Louisiane. La frontière occidentale de ces colonies était ouverte sur tout l'ouest du continent, sans délimitation précise.


QUÉBEC: Deux possibilités quant à l'origine et la signification de ce mot. La première est qu'il viendrait de la langue iroquoise et signifierait «Là où le fleuve se rétrécit». La seconde veut qu'il découle plutôt du mot montagnais «képak» qui veut dire «débarquez». Champlain aurait donc pris l'invitation faite par les autochtones de débarquer pour le nom de l'endroit.


CANADA: Ce mot est originaire de la langue iroquoise, plus particulièrement du mot «kanata» qui signifie «village». Jacques Cartier crut qu'il s'agissait là du nom de tout le pays. Le nom de Canadien ne sera utilisé que par la population francophone de la vallée du Saint-Laurent (les Québécois d'aujourd'hui), jusqu'à ce que les compatriotes anglais se l'approprient vers la fin du XIXe siècle. Désireux de souligner le caractère distinct de leur identité, les Canadiens deviendront Canadiens-Français, puis finalement Québécois dans les années 1960.

ACADIE: Ce nom provient peut-être de «Arcadie» (la légendaire province grecque) ou encore «La Cadie» (une adaptation française d'un mot micmac qui signifie «endroit fertile»). En 1755, plusieurs Acadiens sont déportés et se réfugieront en Louisiane pour devenir les Cadiens ou "Cajuns"

Aux 17e et 18e siècles, la société se découpe en trois groupes principaux : la noblesse, la bourgeoisie et les roturiers ou « petites gens ». L'habitant en Nouvelle-France, appartient à ce dernier groupe qui représente 90 pour cent de la population adulte laïque.

Quelques roturiers obtiennent la concession de seigneuries ou, encore, ils les achètent, grâce aux revenus tirés de la traite des fourrures ou de leur toute autre source. On les appelle « seigneurs habitants ». D'autres occupent des charges civiles comme marguilliers ou capitaines de milice, ce qui les place au-dessus du commun, sans toutefois leur apporter le prestige dont jouissent les classes supérieures. On peut pourtant dire qu’une «élite rurale» se dessine dans ce milieu.

S’il ne vit pas richement, l’habitant de la Nouvelle-France vit bien et peut-être mieux que le paysan français. C’est ce qu’indique une lettre signée en 1699 par l'intendant Jean Bochart de Champigny :

« Les habitants qui se sont attachés à la culture des terres et qui ont tombé dans de bons endroits, vivent assez commodément, trouvant des avantages que ceux de France n'ont point, qui sont d'être presque tous placés sur le bord de la rivière [fleuve], où ils ont quelque pêche et leur maison étant au milieu du devant de leur terre qui se trouve par conséquent derrière et aux deux côtés d'eux. Comme ils n'ont point à s'éloigner pour la faire valoir et pour tirer leur bois qui est à l'endroit où se terminent leurs terres, ils ont en cela de très grandes facilités pour faire leurs travaux. »

Cette description ne s’applique pas à tous les habitants qui doivent composer avec des facteurs aussi aléatoires que le hasard, la longévité des parents ou le nombre de fils qui les soutiennent dans leurs travaux.


Puis il y eut l’invasion Anglaise puis Americaine et la fin de la nouvelle France.

Etienne Montgolfier a assumé la responsabilité de la seigneurie de Montreal et de sa communaute religieuse dans des circonstances difficiles entre les pressions de la royaute Anglaise sur le clerge et les administrations et la guerre d’independance Americaine qui voulait faire du Canada sa 14 eme colonie . Nous retracerons le contexte historique, detaillerons les populations qui se trouvaient deja en nouvelle France avant la conquete puis nous evoquerons en detail la biographie de deux fameux Superieurs de St Sulpice . Dollier De Casson ( 1636-1701). et Etienne Montgolfier et celle de Jean de Brebeuf patron du Canada.


LE CONTEXTE HISTORIQUE :

Des dates Importantes :

1492 : Christophe Colomb decouvre l’amerique

1534 : Jacques Cartier decouvre le golfe du St Laurent et aborde à Gaspé , ou il prend possession du territoire au nom du roi François 1er

1608 : Champlain fonde Quebec au pied du lac diamand

1609: Pour prouver ses bonnes intentions à ses allies hurons, alguonquins et montagnais, Champlain se joint à eux sur le sentier de la guerre. Il remonte la rivière des Iroquois (Richelieu) jusqu'à un lac auquel il laissera son nom. C'est là que Champlain affronte les Iroquois pour la première fois. Champlain et ses alliés sont vainqueurs mais les Iroquois seront désormais les ennemis mortels de la Nouvelle-France.

1610: Etienne Brulé, quitte les Français pour aller vivre parmi les Hurons. Ce faisant, il devient le premier Européen à atteindre les lacs Ontario, Huron et Supérieur

1627: Fondation de la Compagnie de la Nouvelle France, un regroupement de marchands qui a pour but l'exploitation des fourrures et pour mandat la colonisation de la colonie. Le régime seigneurial est instauré.

1634 : A la suite de la demande du chef Améridien Capitanal, Champlain envoie le sieur de la Violette fonder un poste de traite des fourrures à l’embouchure de la riviere St Maurice, trois rivieres. La compagnie des cent associes cree la premiere seigneurie à Beauport.

1641 : Début de la première guerre Franco Iroquoise

7 Mai 1642 : Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance , accompagnés d’une cinquantaine de personnes debarquent sur l’ile de Montreal . Fondation de Ville – Marie c est a dire Montreal. Paul Chomedey de Maisonnneuve represente la societe notre dame de Montreal.

1649: Début du génocide de la nation huronne par les Iroquois

22 Septembre 1653 : Maisonneuve revient de France avec 100 soldats engages pour defendre Montreal contre les Iroquois A bord du navire se trouve marguerite Bourgeois venue ouvrir une ecole . Elle ecrit qu’ á Quebec tout est si pauvre que cela fait pitié . A son arrivée á Montreal , elle ne trouve pas d’enfants d’age scolaire à cause d’une forte mortalite infantile.

1657 : Arrivée des Sulpiciens à Montreal .

1660 : Dollard des Ormeaux et ses compagnons sauvent Montréal d'une attaque iroquoise, au prix de leurs vies.

1663 : Louis XIV depuis peu au pouvoir , après avoir demandé des comptes à la compagnie des cent associés et remarquant qu’elle n’ a pas rempli son devoir d’assurer la colonisation de la nouvelle France, dissout la compagnie et rattache la colonie à la couronne. C’est la fin de 60 ans de compagnie privillégiées.

1669 : Dollier de Casson se joint a l’expedition de Robert Cavelier de la Salle. Lac Ontario, Niagara, lac Erié… Il prend possession des territoires au nom du roi de France .

1670 : Dollier de casson est nommé Superieur de St Sulpice, seigneur de Montreal

1682 : Rene Robert Cavalier de la Salle descend le Mississipi jusqu’a son embouchure et prend possession de cet immense basin au nom du roi de France . L’empire Français en Amerique s’ etend depuis Quebec jusqu’au delta du mississipi. .

1689: 1500 guerriers iroquois, sous les ordres des Anglais, débarquent secrètement à Lachine, sur l'île de Montréal. Ils brûlent 56 des 77 maisons du village, tuent 24 habitants et en capturent environ 90 autres. De ces prisonniers, 46 reviennent dans la colonie, les autres sont torturés et brûlés en Iroquoisie. C'est le tristement célèbre Massacre de Lachine.

1690 : Les Anglais sous les orders de l’Amiral Phipps , assiègent Quebec . Phipps dépeche un envoyé auprés de Frontenac , le Commandant des troupes Françaises et exige qu’il se rende sur l’heure.

Frontenac retorque : << Je n’ai point de réponse ä faire à votre general que par la bouche de mes canons et à coups de fuzil. >>. Les Anglais seront battus et Quebec sauvé.

1701 : La Grande Paix de Montréal est enfin signée entre les Iroquois et les Français. Le gouverneur Callière accueille 1300 ambassadeurs amérindiens lors de grandioses festivités qui eurent lieu à la mission iroquoise de Sault-Saint-Louis (aujourd'hui Kahnawake. Ce traite permet l’etablissement de nouvelles paroisses.

1711: Les Britanniques mettent sur pied une invasion de Québec et Hovender Walker en est nommé commandant en chef. Lorsque l'imposante flotte pénètre dans le Saint-Laurent, huit navires heurtent des récifs et coulent, causant la mort de 900 personnes. Le conseil de guerre décide de rebrousser chemin.

1713: L'Acadie est cédée à l'Angleterre. Très rapidement, il devient évident que les nouveaux dirigeants anglais n'ont aucune intention de respecter les libertés des Acadiens. On les empêche de quitter le territoire conquis pour éviter qu'ils aillent s'allier aux forces de la Nouvelle-France. On a également besoin d'eux pour fournir les garnisons anglaises en nourriture. En 1730, le lieutenant Lawrence Armstrong commence à octroyer des terres à des colons bostonnais mais refuse d'en faire autant pour les Acadiens dont la population s'accroît sans cesse.

1713: Avec le traité d'Utrecht, la France doit céder Terre-Neuve et la Baie d'Hudson à l'Angleterre. La Nouvelle-France se trouve désormais stratégiquement encerclée.

Octobre 1751 Etienne Montgolfier quitte La Rochelle pour joindre ses confreres de Montreal.

1755 : Debut de la deportation des Acadiens. Les Acadiens refusent de prêter serment à la couronne britannique. Désireux d'empêcher ces valeureux colons français de quitter l'Acadie pour aller défendre le Canada, le gouverneur Charles Lawrence met sur pied un projet militaire.

Il s’empare de la population desarmée, l,entasse sur des navires et la disperse par groupes dans les colonies Americaines.. Les familles sont déchirées, les enfants séparés de leurs parents et les maris de leurs épouses. C'est la déportation des Acadiens, un des crimes les plus odieux de toute l'histoire de la Nouvelle-France. On compte environ 12 000 personnes ainsi déportées.

Lawrence ordonne à ses hommes: "Vous devez faire tous les efforts possibles pour réduire à la famine ceux qui tenteront de s'enfuir dans les bois."

Decembre 1756 : William Pitt ( pere) devient premier ministre de la grande Bretagne . Il est convaincu que la guerre se gagnera en Amerique et non en Europe . Il projette de s’emparer de Louisbourg et de Quebec ; une fois ces conquetes realisées , le reste de la colonie suivra. Debut de la guerre de 7 ans

17 Septembre 1759 : Claude Nicolas Roch de Ramezey , lieutenant du roi à Quebec , remet la ville de Quebec au general George Townshend , successeur de Wolfe. Durant le siege de Quebec, la cathedrale et l’eglise Notre Dame des victoires sont incendiées.

Montgolfier cette annee là est nommé Superieur de St Sulpice et á ce titre dirige la seigneurie de Montreal.

8 Septembre 1760 : capitulation de la nouvelle France . La ville de Montreal est prise. Fin de la nouvelle France en Amerique . Instauration d’un regime militaire.

1763 : La Proclamation royale accorde la liberté à la religion catholique au pays tant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne." Donc, non-reconnaissance de la suprématie du pape, interdiction de toute communication avec Rome, contrôle civil étendu sur les propriétés ecclésiastiques, extinction projetée des congrégations masculines par l'interdiction imposée d'entrer dans la colonie aux religieux. En même temps, l'Église anglicane est désormais « établie» et les Canadiens encouragés à se convertir au protestantisme. Bref, Londres limite la liberté religieuse aux seuls actes du culte, en attendant l'assimilation planifiée de ses nouveaux sujets.

L'article IV du Traité de Paris garantissait aux descendants des pionniers français le droit de « pratiquer le culte de leur religion suivant les rites de l'Église romaine », mais avec cette restriction inquiétante : « en tant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne ». Or, ces lois - Bill du Test et autres - écartaient précisément les Catholiques de toutes les charges publiques, de tous droits politiques, voire de maints droits civils.

L'Abbé Montgolfier est nommé en secret évêque de Québec.

1764 : Les deux premières paroisses anglicanes se forment à Montréal et à Québec.

1766 : Le 21 janvier, le pape Clément XIII signe la bulle nommant Jean-Olivier Briand évêque de Québec. Il sera consacré à Paris le 16 mars 1766. Le docile Jean-Olivier Briand doit faire un serment d'allégeance au roi pour son intronisation comme «surintendant» de l'Église romaine au Canada. On refuse ainsi le titre romain d'évêque de Québec.

Le clergé canadien est réduit à 138 prêtres. Mgr Briand est nommé surintendant du culte catholique. Il devient le 7e évêque de Québec.

1767 : Les sulpiciens fondent à Montréal le Collège Saint-Raphaël (futur Collège de Montréal)..

1774 : Suivant les recommandations du gouverneur Carleton, Londres décrète le «Quebec Act» dont le but est d'apaiser les Canadiens pour qu'ils ne se joignent pas à la révolution américaine des 13 colonies. Le territoire du Québec est considérablement agrandi pour inclure la vallée de l'Ohio et la région des Grands Lacs. Le Serment du Test est changé; les catholiques peuvent maintenant avoir accès à la fonction publique si toutefois ils prononcent un serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre (qui existe d'ailleurs toujours pour nos députés fédéraux). Le texte demeure muet au sujet du statut des langues française et anglaise.

L'Acte de Québec délie les Canadiens de l'obligation de prêter le serment du Test pour accéder à une charge publique; il redonne aussi à l'Église le droit de percevoir la dîme des catholiques, dispensés en conséquence de la payer à l'Église anglicane. C'est une première concession majeure rendant de nouveau possible la viabilité économique des paroisses.

Au même moment, Londres approuve le choix de Monseigneur Briand quant à son coadjuteur. Or, comme Rome a pouvu ce poste du droit de succession, l'Église canadienne est assurée de la présence perpétuelle d'un évêque en Amérique du Nord.

Les Américains sont outrés que l'Angleterre permette aux Canadiens de garder leur religion catholique et empêche leur expansion vers l'ouest. Pour cette raison et en réaction à des taxes jugées excessives, les Américains lancent leur révolution. Ils tentent de convaincre les Canadiens se joindre à eux alors que le clergé prend position pour l'Angleterre. Les habitants choisiront finalement la neutralité.

1775: Après la signature du Quebec Act, des Anglais choqués vandalisent le buste de George III qui avait été installé sur la Place d'Arme à Montréal. Ils y inscrivent sur la base «Voici le pape du Canada et l'idiot d'Angleterre» (traduit de l'anglais). Ceci démontre bien le mécontentement des marchands anglais établis ici. Les «Bastonnais» (nom que les Canadiens donnaient aux rebelles américains) tentent alors de conquérir le Québec par les armes. En septembre, ils assiègent le fort Saint-Jean et sont victorieux sur l'armée britannique.

Le 12 septembre, Montréal capitule et devient une ville américaine. Les nouveaux occupants établissent leur quartier général au château Ramezay. Les Anglais quant à eux, fuient vers Québec qui est assiégée à son tour.

C’ est dans la nuit du 30 au 31 Decembre que les generaux Montgomery et Arnold tentent un assaut qui s’averrera infructueux . Montgomery y trouve la mort .

C'est le début de la fin pour les Américains qui devront évacuer le territoire en juin 1776. Le sort en est jeté, le Canada sera britannique.

Mgr Briand et Mgr Montgolfier, le supérieur des Sulpiciens à Montréal, prêchent et font prêcher par les curés la loyauté à la Couronne, surtout lors de l'invasion américaine alors que se manifestent les sympathies pro-américianes des Canadiens. À ceux qui ne comprendraient pas, les cures refusent les sacrements. Après l'expulsion des Américians en 1776, l'évêque ordonne que soit chanté un Te Deum dans toutes les églises.


LES AMERINDIENS


vraissembablement venus à pied d'Asie pendant la dernière ère glacière les premières nations s'établissent sur tout le continent américain. Il faudra toutefois attendre le réchauffement du climat et le retrait des glaciers pour voir arriver les premiers humains sur l'actuel territoire québécois. Contrairement aux civilisations urbaines qui existent en Amérique du Sud (Aztèques, Incas et Mayas), les habitants du Nord vivent généralement en nomades. Mais il est faux de croire que ces populations étaient primitives et simples. Les nations amérindiennes étaient parfois réunies en confédération et avaient des croyances et des philosophies très développées. Dans la partie qu'occupera la nouvelle France on retrouve plusieurs nations autochtones. Voici donc les trois principaux groupes, ainsi que le lieu qu'ils occupaient lors de l'arrivée de Champlain en 1605.


1 / LES ALGONQUIENS (Algonquins, Crees, Ojibwés, Micmacs, Naskapis, Abénaquis, Montagnais)

Le premier groupe est celui des Algonquiens. Ils se subdivisent en plusieurs nations. En Gaspésie et en Acadie, on retrouve les Micmacs. Il s'agit d'un peuple très brave et d'humeur joyale, et très tôt ils se lieront d'amitié avec les Français. Ils partagent ce territoire (aujourd'hui appelé le Nouveau-Brunswick) avec les Abénaquis et les Malécites. Un autre groupe algonquien habite la rive nord du Saint-Laurent, le Labrador et les régions du Saguenay et du Lac Saint-Jean. Il s'agit des Montagnais (ou Innu). Ce peuple est également tout à fait amical à l'égard des Français et accueille les missionnaires très pacifiquement. Ils aiment beaucoup faire du troc avec les Français... surtout pour obtenir des fusils dans l'échange (ce qui était toutefois interdit par les autorités françaises). Au nord du territoire montagnais on retrouve les Cris, et à l'est, la péninsule du Labrador est occupée par les Naskapis. Les Algonquiens étaient des peuples nomades. Les hommes pêchaient et chassaient alors que les femmes recueillaient baies, racines ainsi que différentes graines. Ils vivaient dans des wigwams, des tentes de forme de cônes renversés faites de bois et recouvertes d'écorce ou de peaux de bêtes. Leurs vêtements étaient confectionnés de peaux et de fourrures d'animaux. L'été, leur moyen de transport de prédilection était le canot. L'hiver, les raquettes et le toboggan étaient de mise. Leur hiérarchie sociale était patriarcale, c'est-à-dire que les hommes étaient les chefs des familles et des tribus. Le shaman occupait aussi une place importante dans la société algonquienne. Il était réputé pour ses talents de guérisseur ainsi que pour ses capacités d'influencer les forces de la nature et de chasser les mauvais esprits.


2/ LES INUITS


Un autre grand groupe occupe la région au nord de la baie d'Hudson et le Grand Nord du Nouveau-Québec, il s'agit bien sûr des Inuits (mot qui signifie «personnes»). Jadis appelés «Esquimaux» par certaines tribus ainsi que par les Français, le terme fut changé parce que peu flatteur (il signifie «mangeurs de viande crue»). Leurs voisins algonquiens les nommaient "ayaxkyimewa" (qui parlent la langue d'une terre étrangère», selon l'ethnolinguiste José Mailhot. Les Inuits sont probablement le groupe qui eut le moins de contact avec les Français compte tenu de leur situation géographique.


3 / LES IROQUOIENS (Hurons, pétuns et confédération iroquoise)


Les Iroquoiens habitaient originalement la région des Grands Lacs, les Hurons et les Pétuns (ou Tobaccos) au nord de ceux-ci et les Iroquois au sud. Les villages étaient généralement fortifiés et très grands. Ils habitaient des «maisons longues» très distinctives qui pouvaient atteindre jusqu'à 200 pieds de long. Ces structures étaient construites de bois et recouvertes d'écorce d'orme. Les Hurons étaient probablement les alliés les plus fidèles aux Français. «Wyandots» de leur vrai nom (ce qui signifie «peuple insulaire»), ils étaient originalement situés entre le lac Simcoe et la baie Georgienne, sur un territoire de 2300 kilomètres carrés (région jadis appelée «Huronie»). Au début du XVIIe siècle, on estimait que la population huronne comptait environ 30 000 individus. Vivant principalement de l'agriculture et du commerce (maïs et tabac), la nation huronne était, à cette époque, l'un des groupes les plus prospères d'Amérique du Nord. La zone commerciale des Hurons était considérable. Elle comprenait la région des Grands-Lacs, la Mauricie et même la Baie d'Hudson. Les Hurons étaient bien conscients de la supériorité de leur système de commerce et très orgueilleux de l'influence dont ils jouissaient parmi les autres peuples amérindiens. Ils refusaient d'ailleurs d'apprendre d'autres langues que la leur, forçant ainsi les nations voisines qui trafiquaient avec eux à apprendre le huron.

Au début du XVIIe siècle, les Hurons cultivaient environ 2800 hectares de terre. On dit que, chez eux, il était plus facile de se perdre dans un champ de maïs que dans la forêt. La Huronie était rien de moins que le grenier des tribus du Nord.


Mais leur alliance aux Français ne fera qu'exacerber leurs ennemis de longue date, les Iroquois, et la Huronie sera mise à feu et à sang par ces derniers en 1649. C'est alors un long exode qui commence. Quelques centaines de survivants viennent se réfugier au Québec. Ils sont toujours poursuivis par les Iroquois qui les relancent jusqu'à leur dernier retranchement. Les Hurons se déplacent successivement à sept emplacements différents avant de se fixer de façon permanente dans la région de Québec, plus précisément à La Jeune-Lorette en 1697. Des Hurons vinrent également s'établir parmi les Français peu après la fondation de Montréal. L'harmonie entre les deux peuples est complète. Malgré le fait qu'on ne comptait qu'environ 179 membres en 1829, la population huronne se chiffre maintenant à 2751 membres dont 1100 résident toujours à Wendake (Jeune-Lorette, Québec). Ils forment aujourd'hui une petite communauté prospère.


Nous en venons enfin aux Iroquois. Ce mot vient du surnom «Irinakhoiw» que leur donnaient leurs ennemis et qui signifie «langues de serpent». Les hommes iroquois étaient les plus féroces guerriers d'Amérique.Lors de l’arrivee de Cartier, ils habitaient deux bourgades dans les basses terres du Saint-Laurent ; Stadaconé (maintenant Québec) et Hochelaga (aujourd'hui Montréal). Toutefois, a l’arrivee de Champlain, 60 ans plus tard, ils ont complètement disparu de la région de la vallée du Saint-Laurent et occupent plutôt l'actuelle région au sud des Grands Lacs (aujourd'hui l'État de New York). Cet inexplicable déplacement constitue une des grandes énigmes de notre histoire.

Les Iroquois étaient réunis en une confédération de cinq nations: les Agniers (Mohawks), les Onneitouts, les Onontagués, les Goyogouins et les Tsonnontouans. La confédération iroquoise est présidée par 50 chefs représentant autant de tribus. Contrairement aux autres peuples amérindiens, plusieurs nations iroquoises parlent une langue apparentée à la langue aztèque, parlée dans l'actuel Mexique. Ils seront d'abord les alliés des colons de New Amsterdam (le New York hollandais), et ensuite ceux des Anglais qui leur fournirent des fusils (ce que la France refusa toujours de faire). Les Hollandais et les Anglais se serviront d'eux pour plusieurs raids de guérilla sur la jeune colonie française. Les guerriers Iroquois massacreront sans pitié et à plusieurs reprises les paysans de la Nouvelle-France. L'arme préférée des Iroquois est le «casse-tête». Le «scalp» , pratique qui consiste à arracher le cuir chevelu d'un ennemi pour le porter comme trophée à sa ceinture, est aussi très populaire. Les Anglais échangeront aux Iroquois des scalps de colons Français contre des fusils. Les Iroquois sont également très doués pour la torture.

Les Iroquois étaient sédentaires, leurs villages étaient donc établis au même endroit pour de longues périodes de temps. Ils se déplaçaient pour des raisons militaires ou lorsque la terre avait été épuisée (à tous les 20 ans environ). L'agriculture fournissait la majeure partie de la diète iroquoise; maïs, haricots et courges. La société iroquoise était soumise à une hiérarchie matriarcale, c'est-à-dire que ce sont les femmes qui étaient les propriétaires terriens et qui déterminaient les liens de parenté. Après son mariage, un homme allait vivre dans la maison longue de sa femme et leurs enfants devenaient alors membres du clan de celle-ci.

Les femmes possédaient et exploitaient les champs de culture sous la supervision de la mère de clan. Les hommes quittaient d'habitude le village en automne pour la grande chasse annuelle et revenaient au milieu de l'hiver. Au printemps, ils pêchaient. Comme celle des Algonquiens, la religion des Iroquois était basée sur le culte du «Grand Esprit» tout-puissant qui régnait sur toute les créatures vivantes. C'est le système politique confédératif des Iroquois qui les rendait toutefois unique et c'est celui-là qui leur permit de dominer militairement les 200 premières années de l'Amérique coloniale.


LE CHOC DES CULTURES


Il est important de comprendre que, contrairement aux Espagnols et plus tard aux Américains, les Français de l'époque n'ont jamais eu l'intention de conquérir les Indiens par les armes. Il n'y a donc pas eu de génocides dans l'histoire de la Nouvelle-France (à part ceux qui sont l'œuvre des Iroquois), contrairement à celle de la Nouvelle-Espagne ou des États-Unis. L'objectif des Français fut d'abord de commercer avec eux et ensuite de les «évangéliser», croyant ainsi sauver leurs âmes. Les relations furent en général harmonieuses, il n'était pas rare de croiser des groupes d'Amérindiens dans les rues des villes et des villages.

Ces gens qu'on appelait «Indiens» ou «Sauvages» apprirent beaucoup aux Français, comme l'art de transformer la sève en sirop d'érable et les moyens à prendre pour survivre aux rigoureux hivers et au scorbut. Les gens d'ici modifièrent l'habillement traditionnel européen pour y incorporer des emprunts vestimentaires faits aux Amérindiens pour des raisons pratiques. Et bien que les mariages officiels entre Français et Amérindiennes étaient assez rares, les unions temporaires l'étaient beaucoup moins. Selon les compilations de Louis Tardivel, les langues amérindiennes auraient donné quelque 200 mots au français moderne et autant à l'anglo-américain. Un grand nombre d'aliments dont personne ne peut plus se passer provient d'Amérique: la pomme de terre, la tomate, le maïs, la cacahuète, le piment et bien d'autres. On estime que les trois cinquièmes des aliments cultivés aujourd'hui dans le monde seraient originaires des Amériques.

Toutefois, il ne faut pas nier que l'arrivée des Européens en Amérique du Nord constitue un choc culturel profond. Plusieurs coutumes de ces premières nations perdront de leur importance, et des maladies qui leur étaient étrangères (comme par exemple la variole) décimeront la population.

Apres nous etre interessé à camper la scene ou nos sulpiciens vivaient nous allons maintenant evoquer leur compagnie hier et aujourd'hui et nous focaliser sur la compagnie au Canada dont fut responsable Etienne de Montgolfier , notre Ancetre.



LES SULPICIENS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI :


AU CANADA

Les missionnaires avaient prié maintes fois la compagnie de la nouvelle France d.occuper l’ile de Montreal dont la situation etait avantageuse pour contenir les Iroquois et pour étendre le domaine d’évangélisation. Le projet fut repris par Jerome le Royer. Il choisit comme associé un jeune pretre Jean Jacques Olier , future fondateur de St sulpice et 2 gentilshommes . Les associes furent au nombre de 47. Ils consacrerent l’ile de Montreal à la sainte famille sous la protection particuliere de la vierge marie. La societe Notre Dame ainsi crée fut composée de personnes riches et puissantes.

Dans une lettre au souverain pontif Urbain VIII , ils exprimaient les vrais mobiles qui les animaient

“ Un certain nombre de personnes eloignant d’elles, toute vue de lucre temporal et d’interet de commerce, declaraient ils , et ne se proposant d’autre fin que la gloire de Dieu et l’etablissement de la religion dans la nouvelle France , sont entrées dans cette société afin de contribuer par leurs soins leurs richesses et leurs voyages au delà des mers à répandre la foi parmi ces nations barbares. “

Le 7 Juin 1640 la Societe Notre Dame de MONTREAL obtient de Jean Lauzon la concession toute entiere de l’ile de Montreal.

Les Sulpiciens en 1644 recoivent la propriété de Montreal . Ils sont Seigneurs de Montreal. Ils avaient pris l’engagement d’y fonder une colonie et 3 communautes . Le Superieur de St Sulpice Etienne Montgolfier s’occupa des interets spirituels et affaires de la colonie. Comme representant du superieur general de Paris , il etait responsable de l’administration de tous les domaines que le seminaire de ST sulpice possedait au Canada. Et qui comprenait 3 seigneuries. Celle de Montreal, celle de St sulpice, celle du lac des 2 montagnes. Ils avaient aussi la moitie du fief de Saint –herman et la moitie du fief de Bourgchemin.

Graduellement, la France a transplanté au Québec le régime féodal d'organisation sociale existant en Europe, bien que ce régime ait été adapté au caractère colonial du pays, au rôle important qu'y tenait le commerce (presque exclusivement la traite des fourrures), à l'existence de peuples indigènes et d'un milieu géographique plus vaste et au climat plus rude que celui de la France. Quoiqu'il y ait des nobles, des commerçants, des soldats, «seigneurs et censitaires forment l'élément de base de l'organisation sociale du pays». Les compagnies concédaient des terres à des particuliers qui, devenus seigneurs, recrutaient des censitaires pour cultiver en partie pour eux-mêmes les lots taillés dans la seigneurie. Huit millions d'acres de terres sont ainsi concédées sous le régime français, dont le quart environ à l'Église. Les Jésuites eurent jusqu'à 2000 censitaires, les Sulpiciens de Montréal jusqu'à 3000. C'était un nombre important pour l'époque, relativement au faible peuplement. Ce pouvoir économique de l'Église était associé à celui qu'elle a eu pendant longtemps sur les institutions d'enseignement et les services hospitaliers.

Dans toutes les seigneuries y compris celles appartenant à l'Église, «les paysans devaient payer un loyer annuel (les cens et rentes), verser un impôt sur la vente de leur terre (les lods et ventes), la défricher et la mettre en valeur, et faire moudre leur grain au moulin seigneurial. Faute de se plier à ces obligations, ils pouvaient être évincés.»

Les seigneurs détenaient certains autres pouvoirs et privilèges, comme celui d'imposer la corvée. Outre les revenus de ses seigneuries l'Église, comme aujourd'hui, passait la quête et recevait des dons. Elle percevait surtout la dîme que le gouverneur, en 1663, avait fixée au vingtième de la récolte.

La vie des colons a été très difficile. . De la naissance jusqu'à la mort, l'Église, ses rites, ses croyances, sont omniprésentes ..

La religion jouait un rôle vital en Nouvelle-France. En fait, avec la famille et la terre, elle participait de la tradition de survivance. Pendant que la famille constituait la cellule de base de la société, et que la terre la nourrissait, c'est la religion qui imposait le contexte moral et spirituel. La Nouvelle-France était presque entièrement peuplée de catholiques romains d'où l'influence énorme de l'Église qui marquait les étapes importantes de la vie, du baptême à l'enterrement, en passant par les cérémonies de passage comme la confirmation et le marriage. La religion n'offrait pas seulement un cadre moral et spirituel aux citoyens, elle constituait aussi la base de leur vie sociale. Tous assistaient à la messe dominicale et bien des échanges sociaux se tenaient avant et après la célébration. L' église était l'endroit où se tenaient plusieurs cérémonies au cours de l'année. L'Église dirigeait aussi les hôpitaux et les écoles et faisait oeuvre de charité. Montgolfier par exemple edicta des regles concernant l'enseignement des mathematiques. Elle est aussi devenue un important mécène en employant une variété d'artistes et de musiciens. L'Église devint aussi une force économique importante à cause de la valeur de ses terres et des rentes annuelles qu'elle en tirait.


DANS LE MONDE

• Jean Jacques Ollier est donc le fondateur de cette compagnie de St Sulpice. Cette compagnie a toujours donné la priorité à la formation des futurs pretres. Issue du mouvement de renovation de l’ eglise au XVIIeme . Devise Auspice Maria ‘’ Sous la protection de Marie ‘’

• Le développement de la Compagnie s'est opéré à partir du séminaire de Saint-Sulpice et de son expérience originale. Des évêques de France font appel à ses membres pour prendre en charge leur séminaire.

Supérieur général de 1676 à 1700, Louis Tronson donne à la Compagnie son organisation, avec la volonté de garder ainsi une exacte fidélité aux grandes orientations reçues de Jean-Jacques Olier.

La Compagnie est présente au Canada dès 1657, année de la mort de son fondateur. Elle y assure le service spirituel de Ville-Marie, qui deviendra Montréal.

À la veille de la Révolution française la Compagnie dirige, en France, une quinzaine de séminaires. Le nombre de ses membres est passée de 70 en 1704 à 140 en 1789.

La Révolution française éprouve durement la Compagnie. Elle favorise aussi son implantation hors de France. En 1791, en réponse à l'appel de Monseigneur Carroll, premier évêque des États-Unis, monsieur Emery envoie quatre sulpiciens à Baltimore, en vue de la fondation d'un séminaire.

Au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, la Compagnie se développe tout à la fois en France, au Canada et aux États-Unis.

En France, monsieur Emery qui fut supérieur général de 1782 à 1811 regroupe ses confrères et accepte la charge de dix séminaires. Supprimée par Napoléon en 1811, la Compagnie est bientôt rétablie. Elle est approuvée par Louis XVIII en 1816 comme " congrégation autorisée ". Le nombre de ses membres s'accroît régulièrement. Peu à peu elle va prendre en charge une vingtaine de séminaires en France.

Au Canada, où elle avait, depuis le début de sa présence, la responsabilité de la paroisse Notre-Dame et l'aumônerie de plusieurs communautés religieuses, la Compagnie fonde plusieurs collèges et, en 1840, le séminaire de Montréal, qui aura le statut d'université pontificale. Au 20ème siècle, la Compagnie a eu la charge du séminaire de saint Boniface, au Manitoba.


Aux États-Unis, la Compagnie a un large rayonnement. Passée la période difficile des débuts, le séminaire de Baltimore rassemble un grand nombre d'étudiants. Plusieurs sulpiciens reçoivent la charge épiscopale. Les directeurs du séminaire sont en relation avec sainte Élisabeth Seton et l'aident dans ses oeuvres et ses fondations. Un sulpicien fonde une communauté de religieuses noires. La Compagnie prend la charge de quatre séminaires hors de Baltimore.

Une nouvelle étape de l'histoire de la Compagnie est marquée par la reprise du mouvement missionnaire, avec le départ de deux confrères français au Viêt-nam en 1929, de deux canadiens au Japon, en 1933, de deux français en Chine, en 1934, et la fondation des séminaires de Hanoi, de Fukuoka et de Kunming. A partir de 1950 la Compagnie prend en charge plusieurs séminaires en Amérique latine et en Afrique.

Nous allons evoquer maintenant les années de tourmente avec les invasions britanniques et Americaines au Canada et nous y decouvrirons l'engagement d'Etienne de Montgolfier.


LES INVASIONS BRITANNIQUES ET AMERICAINES :


Quand les armées britanniques prirent Québec en 1759 et Montréal en 1760, la colonie française du Canada devint un territoire occupé administré par un gouverneur étranger. Jusqu’en 1763, les Canadiens (c’est-à-dire les habitants francophones du Canada) pouvaient espérer que cette situation ne soit que temporaire et que le Canada soit un jour rendu à la France. Mais le 10 février de cette année-là, la France reconnut sa défaite dans la guerre de Sept-Ans et signa le Traité de Paris, qui cédait le Canada à la Grande-Bretagne. En 1763, les Canadiens étaient donc justifiés de s’attendre à passer le reste de leur vie dans la nouvelle province britannique de Québec, petit coin du grand empire britannique.

Pourtant, à l’heure même de son triomphe, le premier empire britannique commençait à se disloquer. À court d’argent pour rembourser les prêts qui avaient financé la guerre de Sept-Ans, le gouvernement britannique tenta de recueillir de l’argent en Amérique du Nord grâce à des taxes directes sur des biens tels que le thé et les journaux. Ces mesures suscitèrent un profond ressentiment, tant dans les colonies américaines originelles de la Grande-Bretagne que parmi les marchands britanniques du Canada, qui partageaient nombre des valeurs et des aspirations de leurs homologues américains. La tension montant et le monde anglophone s’acheminant vers la guerre civile, les stratèges britanniques en vinrent à voir dans les Canadiens des alliés potentiels.

Le premier gouverneur britannique du Canada, James Murray, avait déjà pris des mesures pour se concilier les Canadiens. Il ignora des ordres de Londres d’imposer le droit civil anglais, subventionna les communautés religieuses et appuya la nomination de Jean-Olivier Briand comme évêque de Québec en un moment où le gouvernement britannique mettait en doute la loyauté de l’Église catholique romaine. ( le gouverneur etienne Murray etait jaloux d'Etienne Montgolfier et avait refusé sa nomination par le chapitre qui avait aussi reçu l'aval du roi D'Angleterre et du pape ).

Le successeur de Murray , Guy Carleton, persuada le gouvernement britannique d’adopter en 1774 l’Acte de Québec. Les Britanniques tentaient ainsi de consolider leur position au Canada en se montrant conciliants à l’égard des seigneurs et du clergé, en qui ils voyaient les leaders naturels des Canadiens. L’acte garantissait la tolérance pour les catholiques canadiens, leur permettant de détenir des postes dans l’administration et de siéger au conseil législatif. Il obligeait aussi les Canadiens à payer la dîme et reconnaissait la langue et le droit civil français ainsi que la tenure seigneuriale. Les frontières du Canada se déplacèrent vers l’ouest pour inclure la région des Grands Lacs et le « Territoire indien » entre la rivière Ohio et le fleuve Mississippi.

Populaire auprès de l’élite francophone du Canada, l’Acte de Québec ignorait les préoccupations des « habitants » concernant les tentatives des seigneurs de hausser les loyers et de dominer les communautés rurales. Il mit aussi en fureur les marchands britanniques du Canada, qui s’indignaient de l’absence d’assemblée élue et de la reconnaissance du droit civil français. Les Américains, contrariés par la tolérance du catholicisme et l’expansion du Canada dans des terres qu’ils avaient espéré se réserver pour eux-mêmes, considéraient l’Acte de Québec comme un « acte intolérable », autre exemple de l’insupportable tyrannie britannique.

Les Américains, qui envisageaient une rébellion armée, cherchèrent aussi à s’assurer le soutien des Canadiens. À l’automne 1774, le premier Congrès continental invita « les habitants opprimés de la province de Québec » à envoyer des délégués. Les Américains traduisirent l’invitation en français et en envoyèrent deux mille exemplaires à Thomas Walker, marchand de Montréal s’opposant farouchement à l’Acte de Québec. Au printemps 1775, quand ces invitations arrivèrent, Walker les distribua aux Canadiens de la région de Montréal. Très lu et discuté, ce texte provoqua peut-être une certaine sympathie à l’égard de la cause américaine, même quand une guerre contre la Grande-Bretagne en découla. Le 15 avril 1775, les soldats britanniques et les rebelles américains s’affrontèrent à Lexington Green, dans le Massachusetts. Ce fut le début de la guerre de l’Indépendance américaine. Trois semaines plus tard, des Américains conduits par Benedict Arnold et Ethan Allan s’emparèrent des forts Ticonderoga et Crown Point, sur le lac Champlain, juste au sud de Montréal. Leur prise permit aux Américains d’avoir accès aux réseau de voies navigables lac Champlain–Richelieu–Saint-Laurent et prépara la voie à une invasion du Canada.

George Washington, le commandant en chef américain, espérait que la conquête du Canada et la prise de Québec garantiraient le flanc nord des rebelles contre toute intervention britannique. Encouragé par les rapports optimistes de Thomas Walker, il s’attendait à ce que les Canadiens se joignent aux rebelles et transforment l’invasion en guerre de libération. Le gouverneur Carleton était tout aussi certain que les Canadiens, acceptant désormais l’autorité britannique grâce à l’Acte de Québec, se rallieraient à lui pour défendre la province. Il reconstitua la milice canadienne, importa des uniformes et des armes et attendit que se présentent des recrues.

À l’automne 1775, quand les rebelles américains envahirent le Canada, Carleton et Washington furent tous deux déçus. Certains Canadiens appuyèrent les rebelles, d’autres les Britanniques. La majorité demeura neutre. Les marchands anglophones du Canada ne se montrèrent pas davantage empressés à s’engager en bloc pour un camp ou pour l’autre et se partagèrent en factions probritanniques et proaméricaines. Tandis que les Canadiens et les marchands examinaient les choix qui s’offraient à eux, une armée américaine conduite par Richard Montgomery gagna le nord en bateau par le lac Champlain et attaqua Chambly et Saint-Jean, sur le Richelieu. Quand les garnisons de l’armée régulière britannique et les miliciens canadiens capitulèrent, Montgomery occupa Montréal, le 12 novembre, et poursuivit sa route le long du Saint-Laurent jusqu’à Québec. Le 3 décembre, il y rejoignit une deuxième armée américaine, sous le commandement de Benedict Arnold. Après une marche épouvantablement difficile le long des rivières Kennebec et Chaudière, souffrant du froid, d’épuisement, de la faim et de maladies, les survivants de la colonne d’Arnold avaient atteint Québec le 15 novembre.

À elles deux, les armées rebelles avaient réduit le territoire aux mains des Britanniques à une minuscule étendue à l’intérieur des murs de Québec. Pourtant l’issue du siège était douteuse avant même qu’il ait commencé. Quoique rudimentaires par rapport à ce qu’on pouvait trouver en Europe, les fortifications de Québec étaient bien assez solides pour résister à un ennemi qui ne disposait pas du moindre canon assez gros pour endommager les murs. En outre, les triomphes américains sur terre n’eurent aucun effet sur la maîtrise des mers des Britanniques. Sans gros navires leur permettant d’affronter la Royal Navy et de bloquer le Saint-Laurent, les rebelles ne purent empêcher les navires britanniques de transporter approvisionnements et renforts .

Donc, tandis que les Américains souffraient de la faim et du froid sur les Plaines d’Abraham, les 357 soldats de l’armée régulière, les 450 marins ainsi que les 543 miliciens canadiens et les 300 miliciens anglophones de la garnison, bien pourvus en nourriture, vêtements, habitations, armes et munitions, étaient prêts à affronter l’hiver. La stratégie de Carleton était entièrement passive. Au lieu de risquer la défaite en sortant défier l’envahisseur, il préférait garder son armée à l’intérieur des murs et attendre que la Royal Navy lève le siège au printemps.

Incapable de nuire à la garnison depuis l’extérieur, voire de la gêner véritablement, les Américains tentèrent de s’emparer de la basse ville au cours d’une attaque désespérée dans la nuit du 30 au 31 décembre 1775. Vers 4 heures du matin le 31, alors que Québec était balayé par des vents furieux et une poudrerie cinglante, un officier de la garnison jeta un coup d’œil à travers les Plaines d’Abraham et vit des lumières clignotantes, peut-être des lanternes. Il sonna l’alarme et la garnison se mit en état d’alerte au moment même où deux fusées s’élançaient dans le ciel, signalant le début de l’attaque américaine. Quelques secondes plus tard, le feu commença, des groupes de Canadiens, servant avec les rebelles, faisant des attaques de diversion.

Près du fleuve, en aval, Richard Montgomery menait 300 New Yorkers vers Près-de-Ville, du côté ouest de la basse ville. Suivant un sentier étroit entre la falaise et le Saint-Laurent, progressant avec peine à travers la neige profonde et des blocs de glace géants, la colonne de Montgomery passa sous le bastion du cap Diamant et se fraya un passage à travers deux palissades. Apercevant la première maison de la basse ville, Montgomery cria « Québec est à nous! » et chargea. À l’intérieur de cette maison, une trentaine de miliciens canadiens commandés par le capitaine Chabot et le lieutenant Alexandre Picard, et quelques marins britanniques sous les ordres du capitaine Barnsfare, étaient en état d’alerte.

Quand les Américains s’approchèrent, ils ouvrirent le feu et tuèrent Montgomery et plusieurs de ses officiers. La colonne américaine, gagnée par la panique, s’enfuit et ne revint pas.

Au nord de la ville, Arnold et 600 soldats se rassemblèrent dans la banlieue de Saint-Roch et marchèrent sur Québec. D’énormes bancs de neige les ralentissaient; de minuscules flocons de neige s’infiltraient dans leurs mousquets et détrempaient les charges de poudre. Poursuivant sa progression, toujours dans l’obscurité, fouettée par la tempête, la colonne d’Arnold avança à l’aveuglette dans un déroutant dédale de maisons, de hangars, d’entrepôts et de quais reliés par d’étroites rues et ruelles. Conduite par Arnold, la tête de la colonne emporta d’assaut une barricade barrant la rue du Sault-au-Matelot. Arnold tomba, blessé à la jambe, mais ceux qui le suivaient continuèrent de remonter la rue jusqu’à une seconde barricade. Là, ils hésitèrent, attendant des renforts, tandis que derrière eux le reste de la force d’Arnold errait d’une rue à l’autre, perdu et désorienté. De l’autre côté de la barricade, les soldats de la force régulière britannique menés par le colonel Henry Caldwell s’alignèrent dans la rue tandis que les miliciens canadiens commandés par le colonel Noël Voyer prenaient position dans les bâtiments environnants. Les Américains avancèrent munis d’échelles et occupèrent une maison ayant vue sur les défenseurs. Puis Charles Charland, de la milice canadienne, traîna une échelle par-dessus la barricade et la plaça contre le côté de la maison. John Nairne et François Dambourgès, du Royal Highland Emigrants, conduisirent un groupe d’Écossais des Highlands et de miliciens canadiens dans cette maison en escaladant l’échelle. Ils expulsèrent les rebelles et ouvrirent le feu sur les Américains se trouvant dans la rue en dessous. Attaqués de tous les côtés et pris au piège par une colonne britannique venant de l’arrière, les Américains capitulèrent, mettant fin à la bataille. En tout, les rebelles perdirent entre soixante et cent hommes, morts ou blessés, et 426 prisonniers. Cinq des défenseurs furent tués et un fut blessé.

Les survivants américains se retirèrent sur les Plaines d’Abraham, où ils restèrent, souffrant de la faim, du froid et de la variole, jusqu’à l’arrivée du Surprise le 6 mai 1776. L’armée rebelle évacua le Canada et n’y reviendrait pas du reste de la guerre.

L ’invasion américaine de 1775-1776 fut l’une des campagnes les plus importantes de l’histoire du Canada. Si les envahisseurs avaient réussi, le Canada ferait maintenant vraisemblablement partie des États-Unis. Il demeura donc britannique et devint plus tard un dominion autonome, puis un pays indépendant. Au moment même où Arnold et Montgomery envahissaient le Canada, d’autres Américains se ralliaient aux Britanniques. Connus sous le nom de loyalistes, ils furent la cible d’insultes, furent victimes de vols et de violences, et furent arrêtés par des voisins rebelles. Poussés par la persécution et par leur allégeance à la Couronne, les loyalistes étaient nombreux à fuir pour se retrouver en sécurité derrière les lignes britanniques, où beaucoup se joignirent à des unités levées à divers endroits telles que le Butler’s Rangers et le King’s Royal Regiment of New York. Les Iroquois des Six-Nations, conduits par Konwatsi’tsiaiénni et Thayendanegea (Molly et Joseph Brant) étaient également des loyalistes. Ceux-ci espéraient que le fait de combattre aux côtés des Britanniques leur éviterait que leurs terres soient occupées par des Américains.

Quand un second Traité de Paris mit fin en 1783 à la guerre de l’Indépendance américaine, il n’y avait pas de place dans les nouveaux États-Unis pour les loyalistes britanniques ou iroquois. Les Iroquois s’établirent le long de la rivière Grand, dans ce qui est aujourd’hui le sud-ouest de l’Ontario, et à Deseronto, sur le lac Ontario. Plus de 40 000 loyalistes britanniques les suivirent en exil, se rendant au Québec et en Nouvelle-Écosse. Les loyalistes transformèrent le Canada. En 1784, le gouvernement britannique sépara la colonie du Nouveau-Brunswick de la Nouvelle-Écosse pour constituer un refuge pour les loyalistes. Au Québec, leur présence ajouta un élément anglophone important à la population et amena l’adoption de l’Acte constitutionnel de 1791. Ce dernier divisait le Québec en deux nouvelles provinces, le Haut et le Bas-Canada (aujourd’hui l’Ontario et le Québec), chacune dotée d’une assemblée élue et d’un Conseil législatif non élu. La guerre de l’Indépendance américaine, en provoquant la migration loyaliste, influença fondamentalement la démographie du Canada, ses provinces et ses institutions, et contribua à créer le Canada que nous connaissons aujourd’hui.


Mais revenons En janvier 1776. Pour le Congrès qui siège à Philadelphie, la situation militaire est désespérée et désespérante. Ses troupes occupent toujours la région de Montréal mais l’invasion américaine s’est enlisée devant Québec après l’échec de l’attaque qui a coûté la vie à son général en chef, Montgomery. Si un homme peut encore sauver la mise en se rendant sur le terrain pour tenter de rallier les Canadiens à la cause des Insurgeants, c’est Benjamin Franklin, l’agent le plus persuasif de la Révolution.

En février 1776, le Congrès se réunit pour discuter le rapport de son comité secret sur l'invasion du Canada. Le Comité de correspondance secrète, [lit-on dans le Jouurnals of the Continental Congress rapporte qu'il a conféré avec une personne qui vient d'arriver du Canada. ... Il dit que lorsque les Canadiens entendirent parler pour la première fois de la Dispute ils étaient en général pour le parti américain, mais que par l'influence du clergé et de la noblesse, qui n'avaient cessé de prêcher et de les persuader contre nous, ils sont plongés dans un état de doute et l'incertitude au sujet du parti à suivre. Que des journaux imprimés par les Tories à New-York leur ont été lus par les prêtres, leur assurant que notre dessin était de leur enlever leur religion aussi bien que leurs possessions... Qu'ils pensent alors qu'ils serait très profitable que quelques personnes du Congrès soient envoyées an Canada pour expliquer de vive voix au peuple la nature de notre Dispute avec l'Angleterre.

Le choix de l’émissaire du Congrès est un peu ironique. Mené au bord de la faillite personnelle par la défaite du général Braddock à la Monongahéla en 1755, Franklin a été par la suite le grand responsable de l’annexion du Canada par l’Angleterre. C’est sa présence et ses constantes interventions à Londres de 1757 à 1762 qui ont poussé le gouvernement britannique à réclamer la possession du Canada lors des négociations du Traité de Paris (1763). Le champion du droit des colonies à lever leurs taxes a maintenant 70 ans. Il souffre de la goutte. Mais il ne sera pas dit que le Canada sera perdu pour la future république parce que Benjamin Franklin aura refusé de s’y rendre même en hiver.

Pour l’imprimeur-journaliste-éditeur, c’est d’abord et avant tout une question d’information. La propagande du clergé et de la noblesse auprès des habitants du pays doit être neutralisée par une contre-propagande révolutionnaire simple, directe et démocratique, dans l’esprit de son célèbre almanach du peuple, le Poor Richard’s Almanack.


L’inventeur du paratonnerre amènera donc dans ses bagages une presse d’imprimerie et un imprimeur-journaliste, Fleury-Mesplet. Pour sa mission diplomatique, il est accompagné de deux commissaires : un patriote sûr, Samuel Chase, et Charles Carroll, l’homme le plus riche des colonies. Son cousin le jésuite John Carroll qui deviendra plus tard le premier évêque catholique américain fait également partie de la délégation. Les deux Carroll parlent le français.

Après un voyage éprouvant qui a duré 25 jours, la commission du Congrès débarque à Montréal le 27 avril 1776. Dès le lendemain matin, Franklin s’attaque à sa tâche pour se rendre immédiatement compte qu’au Canada, son prestige personnel est inexistant et que la raison d’être du Congrès n’est pas connue et encore moins reconnue. Les Canayens s’avèrent encore plus pragmatiques que les Américains. La seule propagande qu’ils sont prêts à écouter est celle qu’annonçait la lettre d’intention de George Washington. Nous recevrons avec reconnaissance les nécessaires et les munitions que vous nous fournirez et nous en payerons la pleine valeur. Mais à l’usage l’armée révolutionnaire s’est révélée chiche.


De son côté, John Carroll doit se contenter d’une réunion secrète avec quelques membres du clergé sans la présence de Monsieur de Montgolfier. Le supérieur du Séminaire refuse de le rencontrer officiellement. La réunion ébranle les convictions révolutionnaires du jésuite. Le clergé canadien est bien informé et parfaitement au courant de la violente réaction antipapiste du Congrès en 1774 lors de l’adoption de l’Acte de Québec par le gouvernement de Sa Majesté. « Est-ce que notre sang ne se glace pas dans nos veines, lorsque vous songez qu’un parlement anglais a pu adopter un acte pour établir le pouvoir arbitraire et le papisme dans un pays aussi étendu ? » écrivait alors Alexander Hamilton, un des futurs pères de la Constitution états-unienne.

La déclaration que le Congrès de Philadelphie adresse au dit parlement est tout aussi incendiaire. « Nous ne pouvons nous empêcher d’être étonnés qu’un parlement britannique ait consenti à établir une religion qui a inondé de sang votre île et qui a répandu l’impiété, la bigoterie, la persécution, le meurtre et la rébellion dans toutes les parties du monde. »

Le père Carroll peut difficilement contester les faits : le gouvernement de la vieille Angleterre a su faire preuve d’une plus grande tolérance et d’une plus grande maturité politique à l’égard du catholicisme que le jeune Congrès américain.

Franklin n’avait pas envisagé la possibilité que des papistes français aient pu lire les journaux londoniens où les objections américaines à l’Acte de Québec ont été pourtant largement diffusées. Dès qu’il a compris son erreur, l’émissaire du Congrès ne s’attarde pas. Sa conclusion est on ne peut plus explicite. Si on ne peut trouver de l’argent pour soutenir notre armée avec décence, c’est notre avis unanime qu’il vaut mieux se retirer immédiatement plutôt que d’être haï par le peuple.



En juin 1776, le superieur des Jesuites de Montreal est interdit par Monsseigneur Briand . IL avait a pluisieurs fois rencontré le P. Carroll qui avait été désigné par le congres Americain pour tenter d’influencer le clergé Canadien à sa cause.

Les faits sont racontés en détail dans une lettre de Montgolfier à Mgr Briand, du 17 juin 1776 « Je viens au P. Floquet. Il est certainement bien coupable. et je n'entreprends pas sa défense. On en a beaucoup dit sur on compte qu'il ne méritait pas; mais aussi je sais d'ailleurs qu'on a passé sous silence bien des choses qui pourraient le charger. Je l'ai averti quelquefois en ami, et j'ai été longtemps incrédule sur beaucoup de choses dont on le chargeait, jusqu'à un dernier éclat arrivé le lundi d'après la semaine de Pâques. Trois habitants qui portaient publiquement les armes au service du Congrès et faisaient sentinelle aux portes de la ville, s'étant présentés ce jour-là à la communion, à la messe de M. Brasier, qui les connaissait, il leur refusa la communion, qu'il presumait pascale, sous prétexte qu'ils étaient étrangers et n'avaient point de billet de leur curé. Ils répondirent publiquement qu'ils étalent de la. paroisse du P. Floquet, qui les avait confessés; et lui ayant porté leurs plaintes, il les fit entrer dans son église, et leur donna la communion. Instruit de ce scandale, dont chacun raisonnait, je fus moi même trouver le Père. Il devait prêcher dans notre église le dimanche d'après. Je le remerciai pour toujours de ses sermons, au moins jusqu'à nouvel ordre, et lui déclarai que si je ne lui retirais pas entièrement vos pouvoirs, c'était par prudence, et par ménagement de sa Compagnie, que j'estime toujours; que le temps de la pâque étant passé, je pensais bien qu'il ne serait plus dans le cas de confesser les gens d'une étoffe semblable à ceux qu'il venait de passer, qui ordinairement ne se confessent pas plusieurs fois dans l'année, et que d'ailleurs j'étais bien persuadé qu'en tout autre article il exercerait utilement son ministère. L'affaire en est demeurée là. Mais au premier jour je lui intimera vos ordres. Je ne suis pas tout à fait content du P. Huguet, missionnaire du Saut Saint Louis. Je ne connais pas assez les sentiments du P. Well, sur qui je n'ai point de soupçon. Le P. Gordon est toujours un excellent missionnaire, qui parle et qui agit avec droiture et prudence .»

Signé : Montgolfier




Le courrier qui part pour Philadelphie croise celui qui arrive de Québec avec la mauvaise nouvelle que les premiers renforts britanniques commencent à arriver. Franklin laisse Chase et Carroll derrière pour organiser la retraite américaine et reprend le chemin de ce qui deux mois plus tard, le 4 juillet 1776, deviendra les États-Unis d’Amérique.

Cette première impression est en tout point exemplaire. Le modèle de la Grande république n’existe pas encore qu’il cherche déjà à s’imposer en présupposant qu’une campagne d’information sur les vertus salvatrices de la démocratie appuyée par une invasion militaire présentée comme une guerre de libération nationale suffisent pour que les populations tirées des griffes de la tyrannie – c’est ainsi qu’on qualifiait l’Angleterre à l’époque – adoptent spontanément pour leur plus grand bien le modèle made in USA


Le séjour à Montréal de Benjamin Franklin a duré 10 jours. C’est le seul échec diplomatique de toute sa carrière. Son verdict sur le Canada est sans appel. Ça nous coûterait sûrement moins cher de l’acheter que de le conquérir ! Ou de le convaincre .




2 GRANDES FIGURES DE SUPERIEURS DE ST SULPICE et UN MARTYR : Dollier de Casson et Montgolfier et un martyr patron du Canada Jean de Brebeuf.

Au travers de ces biographies, nous traverserons les XVII eme et XVIII eme Siecle au Canada.l'evangelisation des indiens et les risques encourrus, Les explorations, la seigneurie de Montreal tenue par les sulpiciens et Montgolfier qui doit assumer sa tache de SUperieur de la communauté dans une periode charniere de l'histoire du Canada pris en tenaille par deux invasions.


JEAN DE BREBEUF

Jean de Brébeuf: Né le 25 mars 1593 à Condé-sur-Vire en Normandie, Brébeuf était un des premiers pères jésuites à venir en Nouvelle-France. Il arriva à Québec en juin 1625 et alla vivre auprès des montagnais et plus tard des Hurons. Il décrivit de façon admirable dans son journal le mode de vie et les moeurs de ces premiers peuples. Ces notes qui furent par la suite reproduites dans les Relations des Jésuites sont aujourd'hui précieuses pour nous aider à comprendre la vie des Hurons avant les guerres et les épidémies qui décimèrent leurs populations. Il traduisit un cathéchisme et plusieurs prières dans la langue des Hurons et entreprit même la rédaction d'un dictionnaire et d'une grammaire.


Brébeuf établit plusieurs missions en Huronie dont celle de Ihonatiria (Saint-Joseph). Peu après l'arrivée des Européens, les Hurons furent ravagés par plusieurs vagues d'épidémies (variole, grippe et dysentrie), ce qui rendit le travail de convertion de Brébeuf difficile et peu efficace. Lors d'une émeute en 1640, Brébeuf et les autres Jésuites furent sauvagement battus et la chapelle fut détruite. Mais c'est en 1642 que les vrais problèmes commencent. Soutenus par les Anglais dans leur entreprise, les Iroquois mirent en branle une vaste offensive contre leurs anciens ennemis les Hurons et leurs alliés français. Ils bloquèrent les routes commerciales et multiplièrent les pillages et les massacres sanglants. En 1647, la crainte des Iroquois était devenue telle que les Hurons refusaient d'entreprendre des voyages vers Québec.

Le 4 juillet 1648, alors que les guerriers hurons étaient partis pour échanger avec des voisins, les Iroquois attaquèrent les missions de Saint-Joseph et Saint-Michel en Huronie. Plusieurs habitants furent massacrés dont le père Antoine Daniel qui fut criblé de flèches. Les Iroquois prirent 700 prisonniers. Le 16 mars 1649, plus de 1000 Iroquois attaquèrent les missions de Saint-Ignace et de Saint-Louis où se trouvaient alors les pères Brébeuf et Lalemant. Les deux hommes furent fait prisonniers et amenés dans un village dans l'actuelle région de Midland, en Ontario.

Le père Jean de Brébeuf subit alors une des plus horribles et atroces tortures des annales de la chrétienté. Ces tortures furent rapportées par le donné Christophe Regnault qui put observer le cadavre. Le corps avait été sauvagement battu et avait reçu au moins 200 coups de bâtons. On avait arraché la chair des bras et des jambes de Brébeuf jusqu'aux os et on l'avait aspergé d'eau bouillante pour ridiculiser le sacre du baptême. Les Iroquois avaient également placé un collier de haches incandescentes autour de son cou et de son ventre et lui avaient arraché les lèvres parce qu'il ne cessait de parler de Dieu alors qu'ils le torturaient. Finalement, il fut scalpé et on lui arracha le coeur de la poitrine, probablement pour le dévorer (les Iroquois croyaient ainsi absorber les qualités de leurs ennemis).

La nation huronne toute entière fut bientôt décimée. Quelques survivants se réfugièrent chez des nations alliées du nord ou encore allèrent chercher refuge près de Québec où leurs descendants vivent toujours. Brébeuf fut proclamé Saint Patron du Canada en 1940.


A travers les 2 biographies qui suivent , nous pouvons voir le role clef joué par les Sulpiciens au Canada.


DOLLIER DE CASSON FRANCOIS :

Capitaine de cavalerie, prêtre, sulpicien, aumônier militaire, explorateur, supérieur des Sulpiciens en Nouvelle-France (1671–1674 et 1678–1701) et, à ce titre, seigneur de l’île de Montréal, curé de la paroisse de Trois-Rivières puis de Ville-Marie, vicaire général du diocèse de Québec, architecte et historien, né en 1636 au château de Casson-sur l’Erdre en Basse-Bretagne, diocèse de Nantes, décédé à Montréal le 27 septembre 1701. Ses parents, Charles de Casson et Françoise de Cailleux, faisaient partie de la petite noblesse bourgeoise et militaire et possédaient une certaine richesse. Les armoiries de la famille, de gueules à trois fasces d’argent à la bande d’azur brochant sur le tout, portaient de plus des molettes d’éperon, signes de son ascendance chevaleresque et martiale.

Il servit comme capitaine de cavalerie sous les ordres du maréchal de Turenne et sa bravoure lui valut l’estime du général. Après trois ans de vie militaire, Dollier entra chez les Sulpiciens pour continuer ses études et devenir prêtre.

Dollier lui-même qui nous apprend qu’il fut l’une des trois « victimes » désignées par le supérieur de Saint-Sulpice pour venir au Canada. Arrivé à Québec le 7 septembre 1666, il repartit une semaine plus tard pour accompagner l’expédition de Prouville* de Tracy contre les Agniers en qualité d’aumônier militaire. Il n’apprécia pas beaucoup cette prise de contact avec la Nouvelle-France ; outre les difficultés du voyage, il dut entendre les confessions une partie de la nuit et subir un sévère rationnement de vivres. Il qualifia ce régime de « noviciat d’abstinence » et son capitaine de « grand maître du Jeûne [digne de] servir de père maître en ce point chez les pères du désert ». Il en fut tellement affaibli qu’il ne put porter secours à un homme qui se noyait.

Il n’était pas encore remis de son expédition et d’une mauvaise saignée pratiquée par un chirurgien que son supérieur le désignait, à l’automne de 1666, pour porter les secours de la religion à 60 soldats en garnison au fort Sainte-Anne de l’île Lamothe sur le lac Champlain. Il résolut de partir malgré sa faiblesse et réussit à persuader une dizaine de soldats de l’escorter sur une partie du trajet. À son arrivée, les deux tiers de la garnison souffraient du scorbut ; ses soins empressés lui permirent de sauver la plupart d’entre eux.

De retour à Montréal au début de l’été de 1667, Dollier fut envoyé à Trois-Rivières pour y exercer les fonctions curiales. Il remplit pendant un an les devoirs de sa charge dans cette petite paroisse de quelques centaines d’habitants. À l’automne de 1668, il partit en mission chez les Népissingues afin d’apprendre la langue algonquine. Peut-être y apprit-il aussi à fumer, car on rapporta plus tard qu’il adorait le tabac. Il passa l’hiver chez un chef qui possédait un petit esclave venu des régions du Sud. Le sulpicien, enthousiasmé par les propos du jeune Indien, fit part à son supérieur des possibilités d’évangélisation qu’il entrevoyait chez les « nations outaouas » de la région du Mississipi. Queylus [Thubières*], désireux d’ouvrir de nouveaux champs d’apostolat aux Sulpiciens, approuva les desseins missionnaires de Dollier. Ce dernier descendit alors à Québec pour obtenir des autorités civiles et religieuses les permissions nécessaires et préparer son voyage et son séjour chez les Indiens. Il « avoit résolu [en effet] de ne jamais revenir [à Montréal] s’il pouvoit trouver quelque nation qui l’eust voulu recevoir ». À la demande du gouverneur, il accepta cependant de se joindre à l’expédition de l’aventureux Robert Cavelier* de La Salle. Mais le supérieur des Sulpiciens, qui se méfiait de La Salle, remplaça le compàgnon désigné de Dollier, Michel BARTHÉLEMY, par René Bréhant* de Galinée qui possédait quelques notions de géographie.

L’équipe d’explorateurs, formée de 22 Européens et d’interprètes algonquins, quitta Montréal le 6 juillet 1669. Les voyageurs atteignirent le lac Ontario au début du mois d’août. L’absence d’un bon interprète – La Salle avouant enfin son ignorance de la langue iroquoise – et la mauvaise volonté des Tsonnontouans à leur fournir un guide les immobilisèrent pendant près d’un mois. La rencontre d’un Iroquois qui retournait chez lui et qui offrait de les conduire les tira d’embarras. Ils longèrent le sud du lac Ontario, traversèrent la rivière Niagara et remontèrent jusqu’à Tinaouataoua (près de la ville actuelle de Hamilton). Ils y rencontrèrent Adrien Jolliet, le frère de Louis*, qui revenait d’une mission aux Grands Lacs. Il leur décrivit la route à suivre pour atteindre les « nations outaouas », les possibilités d’évangélisation chez les Potéouatamis, et leur indiqua l’endroit où il avait laissé un canot. Cette rencontre renouvela l’enthousiasme des missionnaires ; elle eut un effet contraire sur La Salle. L’ aventurier sans scrupule prétexta une indisposition causée par la fièvre pour abandonner les Sulpiciens.

Ces derniers, accompagnés de sept hommes et équipés de trois canots, poursuivirent leur route jusqu’à la rive nord du lac Érié où ils décidèrent d’hiverner. La richesse de la faune et de la flore leur permit d’amasser rapidement une grande quantité de vivres et de passer un hiver très calme. Dollier affirmait souvent que ce séjour dans la solitude de la grande nature valait plus pour l’éternité que les dix meilleures années de la vie, et allait jusqu’à souhaiter mourir au milieu des bois plutôt qu’entouré de ses confrères du séminaire. Cette joie quasi mystique n’empêcha pas Dollier de songer aux fins politiques du voyage ; le 23 mars 1670, il planta une croix et prit officiellement possession du territoire au nom du roi de France. Il signa l’acte rédigé à cette occasion « francois dollier, prestre du diocèse de nantes en bretagne ». Les missionnaires se mirent en route dès le lendemain afin d’arriver au plus tôt chez les Indiens du Mississipi. Peu après le départ, cependant, Bréhant de Galinée perdit son canot avec tout son contenu. Avec deux canots seulement, sans vivres, ils allaient abandonner la partie quand ils découvrirent par hasard le canot laissé par Jolliet ; puis un troupeau de biches vint se placer sous leurs fusils. Ce n’était qu’un répit. Quelques jours plus tard, une tempête s’éleva au cours de la nuit et les vagues furieuses emportèrent le canot de Dollier. Le missionnaire perdit son bien le plus précieux : l’autel portatif avec tous ses accessoires. Après délibération, les sulpiciens décidèrent de revenir à Montréal.

Par esprit d’aventure et pour bien connaître la région, ils effectuèrent leur retour par la « route du Nord », bien connue des Jésuites et des coureurs de bois ; ayant passé par la rivière du Détroit et le lac des Hurons, ils abordèrent la mission de Michillimakinac, franchirent la baie Georgienne, le lac Nipissing et la rivière des Outaouais, pour arriver à Montréal le 18 juin 1670. Le voyage avait duré 347 jours et aboutissait à un échec partiel. Si l’entreprise missionnaire avait échoué, les administrateurs politiques pour leur part étaient satisfaits des résultats acquis. Les sulpiciens n’avaient pas découvert les lacs Ontario, Érié ou Huron, mais ils avaient établi formellement que ces lacs communiquaient entre eux. De plus, premiers Européens à entrer dans la rivière Niagara à partir du lac Ontario, ils avaient pris possession officiellement de cette contrée, avaient fait un relevé précis de sa géographie et laissé un récit de leur expédition Le sulpicien espérait bien repartir chez les Indiens peu après son retour à Montréal en juin 1670, mais la guerre entre les Algonquins et les Iroquois le força à retarder son projet. Il accompagna cependant les 56 volontaires assemblés par Rémy* de Courcelle pour aller sur le lac Ontario calmer les Iroquois à l’été de 1670. De retour de cette brève expédition à la mi-août, il remplaça Queylus comme supérieur à Montréal. La tâche du nouveau supérieur ne s’annonçait pas facile. La population de Montréal avait triplé depuis son arrivée au Canada et se composait en grande partie de soldats, plus intéressés à la traite qu’à la terre. De plus, cet avant-poste recevait chaque année un fort contingent d’Indiens venus y porter leurs pelleteries. À titre de supérieur, Dollier devait remplir les devoirs de seigneur haut-justicier ; cela nécessitait de la fermeté et de la diplomatie. Il s’en tira avec honneur.

Au lendemain de sa nomination comme supérieur, Dollier consacra son temps à diverses tâches qui lui tenaient particulièrement à cœur : l’organisation de la ville, la construction d’une église et la rédaction de son Histoire du Montréal. La population de Ville-Marie se chiffrant par près de 1 500 âmes, la construction d’une église paroissiale s’imposait. Dollier en traça le plan, choisit et bénit le site et posa l’une des premières pierres le 30 juin 1672. L’église Notre-Dame, ouverte au culte dès 1678, fut parachevée le 16 juin 1683 par la bénédiction de sa cloche et desservit la paroisse jusqu’en 1829. Désirant organiser le développement de la ville, Dollier traça les premières rues, en 1672, avec l’aide du notaire-arpenteur Bénigne Basset*. Il marqua l’emplacement des rues Saint-Joseph, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Charles, Saint-François, du Calvaire, Saint-Lambert, Saint-Gabriel et Notre-Dame, et fit respecter son travail en s’opposant à l’ensemencement du tracé de ces rues par les habitants. Il rappela en outre aux concessionnaires leur obligation de tenir feu et lieu.

Premier historien de Montréal, Dollier donne des renseignements uniques sur la fondation, les pionniers et le premier quart de siècle de cette ville. À l’exemple des célèbres Relations, il résume année par année les principaux événements de la colonie, et il déborde largement le cadre de l’activité sulpicienne. Il a également laissé des phrases inoubliables que les historiens et les patriotes se plurent à citer par la suite. On lui doit, entre autres, la fière réponse de Maisonneuve [Chomedey*] au gouverneur : « il est de mon honneur, et vous trouverez bon que j’y monte [à Montréal] pour commencer une colonie, quand tous les arbres de cet Isle se devraient changer en autant d’Iroquois ». Pour ces raisons et parce qu’elle constitue une source indispensable de l’histoire de Montréal et de la colonie, l’œuvre de Dollier a exercé une influence considérable sur l’historiographie canadienne-française. Dollier a généralement fixé et pour longtemps le caractère, l’œuvre ou la renommée des Montréalais.

Dollier se préoccupa aussi du respect des droits seigneuriaux du séminaire de Saint-Sulpice

Ami de Mgr de laval, il fut quand même l’homme de confiance de Mgr de Saint-Vallier [La CROIX] qui le nomma vicaire général et qui, en veine de compliment, écrivit de lui : « Leur Superieur [des Sulpiciens] est un sujet de merite et de grace qui a recue de Dieu un merveilleux discernement pour placer ceux qui sont sous sa conduite selon la diversité de leurs talens. Il sçait l’art de ménager tous les esprits, et sa prudence jointe à sa douceur et à ses autres vertus luy a gagné l’estime et l’affection de toutes sortes de personnes ». Dollier entretint d’excellentes relations avec les communautés religieuses en Nouvelle-France : Jésuites, Récollets et prêtres des Missions étrangèrs ; il contracta d’ailleurs une union spirituelle avec le séminaire des Missions étrangères en 1688.


Sa franchise, sa compréhension des problèmes et ses fonctions, jointes à son expérience de la vie au Canada, lui valurent une grande autorité. Ainsi, quand le gouverneur Le Febvre* de La Barre convoqua en 1682 une assemblée des grands du pays, Dollier fut invité à exposer la situation de Montréal relativement au péril iroquois. Sur le plan religieux, sa compétence fut aussi reconnue par Mgr de Saint-Vallier qui fit de lui son grand vicaire pour la région de Montréal et qui, au moment de rentrer en France en 1694, ordonna au grand vicaire de la région de Québec de se mettre au besoin en rapport avec Dollier. Comme supérieur, il dut organiser la vie interne de son institution religieuse ; au dire de Tronson, le supérieur à Paris, et de Souart*, ancien supérieur à Ville-Marie, le séminaire de Montréal fonctionnait très bien sous sa direction. Mais Dollier était avant tout un homme d’action : il construisit un nouveau séminaire où les Sulpiciens emménagèrent en 1686. Il donna son appui aux autres communautés de la région de Montréal : il organisa une collecte qui rapporta 8 000ª pour la reconstruction de l’Hôtel-Dieu, procura des secours spirituels et matériels à la congrégation de Notre-Dame et accepta ‘le poste d’administrateur de l’hôpital au décès de Jeanne Mance. Il fonda aussi des paroisses autour de Ville-Marie et géra les missions des Sulpiciens à Montréal et en Acadie. Dollier se préoccupa aussi de promouvoir l’éducation à Montréal. Depuis l’invitation que leur en avait faite le roi en 1668, les Sulpiciens prodiguaient leur enseignement aux Indiens, s’il est fort douteux que Dollier leur ait lui-même enseigné, il apporta néanmoins beaucoup d’attention à cette activité, qui donnait l’occasion d’évangéliser les Indiens.

Dollier fut inhumé dans l’église paroissiale et Joseph Grandet, qui l’avait bien connu, fit de lui cet éloge : « Il s’était acquis dans tout le Canada une estime générale et un crédit universel par un abord prévenant, par des manières honnêtes et polies, et par une conversation facile et pleine de bonté, soutenue par un air de qualité, un port et une dignité qui, sans fard et sans affectation, lui conciliaient les cœurs et lui donnaient une autorité imposante de laquelle on ne pouvait se défendre ». Mais toute cette littérature, ces louanges répétées et toute l’admiration qu’il suscitait par l’ensemble de ses qualités, les Indiens les résumaient bien plus simplement en disant : « Voilà un homme ».

Jacques Mathieu





EVENEMENTS MARQUANTS DE MONTREAL (1760-1800)


Avant d’aborder en détail la vie de Montgolfier attachons nous à un bref historique dans cette période trouble de la ville de Montreal qui était son fief et ou il était le gardien de la foi.

Après sa reddition en 1760, Montréal est sous contrôle britannique. Après avoir été occupée par les rebelles Américains en 1775 et 1776, la ville a repris ses activités courantes. Toujours importante comme entrepôt militaire, elle étend sa présence de plus en plus profondément à l'intérieur du continent grâce au commerce des fourrures désormais dirigé par un puissant cartel, la Compagnie du Nord-Ouest.


- 8 septembre 1760 : Reddition de Montréal face à l'armée britannique. - 10 février 1763 : La signature du traité de Paris met fin à la Guerre de Sept Ans : le Canada est cédé à la Grande-Bretagne. - 7 octobre 1763 : La Proclamation royale établit la province du Québec dans un territoire réduit par rapport à la Nouvelle-France, promet une assemblée et instaure les lois anglaises dans la colonie. - 29 avril 1764 : Cession de la seigneurie de l'île de Montréal par le Séminaire de Saint-Sulpice de Paris au Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal. - août 1764 : Les Canadiens qui souhaitent quitter la colonie et passer en France doivent vendre leurs propriétés avant cette date. -17 septembre 1764 : Inauguration de l'administration municipale par les juges de paix. - 1765 : Construction des casernes dans l'est de la ville fortifiée. - 1765 : Transformation d'une partie du couvent des Jésuites en prisons. - 1765 : Épidémie. - 18 mai 1765 : Incendie majeur dans le quartier de la place du Marché, 102 maisons détruites. - 11 avril 1768 : Incendie majeur dans le quartier entre les prisons et l'hôtel de Vaudreuil; 88 maisons détruites. - décembre 1768 : Fondation de la synagogue Shearith Israel. - 1769 : Crise économique. - 1770 : Fondation de la Union Fire Society, une société d'aide mutuelle qui vise la prévention des incendies. - 1771-1773 : Construction de la seconde chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. - 1774 : Achat de l'hôtel de Vaudreuil par la fabrique de la paroisse Notre-Dame afin d'établir un collège. - 1774 : L'Acte de Québec assure le maintien du droit français et de la religion catholique dans la « Province of Quebec ».


- 1775-1783 : Guerre d'Indépendance américaine. - 1er mai 1775 : Le buste de George III, sur la place d'Armes, est vandalisé par des inconnus, que l'on suppose républicains. - 13 novembre 1775 : Reddition de Montréal, assiégée par l'armée américaine. - 13 nov. 1775-15 juin 1776 : Montréal est occupée par l'armée américaine. - 1776 : Épidémie de variole. - 29 avril 1776 : Arrivée des delégués du « Continental Congress » — Benjamin Franklin, Charles Carroll, et Samuel Chase. - 15 juin 1776 : Face à l'avance des troupes britanniques, les Américains quittent Montréal.


- 1778 : Fondation du journal La gazette de Montréal/The Montreal Gazette, premier périodique montréalais, par Fleury Mesplet, rue Capitale. - 1783 : La signature du traité de Versailles met fin à la guerre d'Indépendance américaine. - 1783 : Établissement de la Compagnie du Nord-Ouest. - 1785 : Fondation du Beaver Club, une association qui regroupe exclusivement des négociants ayant passé l'hiver dans les pays d'en haut (à l'ouest des Grands Lacs). - 1786 : Fondation de la Compagnie de la distillerie de Montréal sous la direction de Thomas McCord. - 1788 : Ouverture des Grands Lacs à la navigation privée. - 1789 : Disette. - 1789 : Transformation de l'ancienne église des jésuites en église anglicane. - 1791 : Fin des permis de traite pour les pays d'en haut. - 1791 : L'Acte constitutionnel établit les provinces du Bas-Canada et du Haut-Canada, avec des assemblées législatives élues. - 1792 : Construction de l'église presbytérienne écossaise sur la rue Saint-Gabriel. - 1792 : Les limites de la ville sont établies à 100 chaînes (2011 mètres) de la ville fortifiée englobant ainsi les faubourgs et une partie de la campagne environnante. - 1793-1815 : Les guerres de la Révolution française puis les guerres napoléoniennes secouent l'Europe. - 1796 : Transformation du couvent des récollets en casernes. - 1798 : Établissement de la Compagnie XY, ou New North West Company. - 1799-1803 : Construction du premier palais de justice du Régime britannique sur l'ancien site de la résidence des Jésuites, rue Notre-Dame.




ETIENNE MONTGOLFIER : SUPERIEUR DE ST SULPICE ET SEIGNEUR DE MONTREAL




Montgolfier, Etienne, prétre, supérieur des sulpiciens de Montréal et vicaire général, né le 24 décembre 1712 à Vidalon (dép. de l’Ardèche, France), fils de Raymond Montgolfier; il était l’oncle de Joseph-Michel et de Jacques-Étienne de Montgolfier, célèbres inventeurs des aérostats ; décédé à Montréal le 27 août 1791.

Ayant opté à 20 ans pour le sacerdoce, Étienne Montgolfier se présenta au séminaire diocésain de Viviers, France, où il entreprit des études classiques et suivit des cours de philosophie et de théologie. Ordonné prêtre le 23 septembre 1741, il obtint de son évêque la permission de se joindre à la Compagnie de Saint-Sulpice. Il se rendit à Issy-les-Moulineaux pour y passer son année de solitude (l’équivalent d’un noviciat). Au cours des neuf années suivantes, il enseigna la théologie dans divers séminaires sulpiciens de France. Il accéda par la suite à la demande de son supérieur général, Jean Couturier, et quitta La Rochelle le 3 mai 1751 pour se joindre à ses confrères de Montréal, où il arriva au mois d’octobre de la même année.


A l’ époque où Etienne Montgolfier fut chargé de prendre la direction spirituelle des éta blissements religieux de l’île de Montréal , ces œuvres éminémment françaises y étaient solidement implantées. Déjà , elles avaient affermi les bases de la religion catholique dans l âme des habitants de la colonie, et profondément empreint dans leurs cœurs l’amour de la mêre patrie

Aussi tout en reconnaissant combien la charge qui lui incombait désormais serait lourde, assujettissante et difficile , le nouveau missionnaire s’était–il hâté , six jours après avoir pris terre, d’adresser, à deux de ses parentes , la lettre suivante, de Villemarie à Montréal en Canada , le 27 Octobre 1751, dans laquelle il se montrait plein de confiance dans l’avenir , grâce au concours des diverses congrégations établies, qui ne le laisseraient Pas sans force et sans appui :


« Vive Jesus le Maître des nations

« Mes très chères Sœurs ,


« Je suis enfin arrivé , le 21 de ce mois , en parfaite santé, grâce à Dieu, à Villemarie , dernier terme de ma mission . Je préluderai a mes travaux apostoliques par une retraite , que je me propose de commencer la veillle de la Toussaint ; j’espère me dédommager ainsi de la dissipation d’un long voyage, et me renouveler dans les sentiments de zèle et de ferveur qui me sont nécessaires pour marcher sur les traces de t ant de Saints missionnaires qui m’ont précédé dans ce pays .

« Vous serez sans doute bien aise mes chères sœurs, que j’entre dans quelques détails sur les différentes œuvres auxquelles se livre notre congrégation, et dont la direction m’est confiée en ma qualité de Superieur. Je vais tâcher de vous satisfaire en peu de mots

« Nous sommes 34 Missionnaires de St Sulpice dans l’ile de Montreal située au centre du Canada . Cette île formée par le fleuve Saint - Laurent , est très fertile ; mais la température en est excessivement froide, comme dans tout le reste de la contrée. Elle a environ 15 Lieues de longueur sur 3 de largeur. 11 Paroisses se trouvent disséminées dans la campagne, au milieu desquelles est la ville de Montréal ; autrement nommée , Villemarie, parce qu’elle est spécialement dédiée à la Sainte vierge. C’est une ville assez considérable, et dont la population est au moins le double de celle d’Annonay . Nous sommes seigneurs de toute cette étendue de pays, où nos anciens confrêres ont planté la foi ce qui nous met en état de faire beaucoup de bien. Dix huit de nos prêtres sont occupés à desservir la paroisse de la ville, dont nous composons tout le clergé avec 2 ou 3 Jésuites et autant de Recollets . Il y a en outre , deux couvents de religieuses et deux hopitaux , auxquels nous fournissons les secours spirituels . Nous avons, de plus onze missionnaires , chargés de desservir les onze paroisses rurales qui dépendent de nous, et dont les habitants sont des Français depuis longtemps établis dans la colonie .

« Quatre missionnaires forment une autre communauté dans un lieu appellé le Lac des 2 Montagnes , et situé hors de l’île à deux lieus de Montréal . Leurs fonctions consistent à diriger une grande paroisse , toute composée de sauvages convertis au christianisme. Ils ne cessent de travailler à en attirer d’autres à la foi , et ils ont souvent le bonheur de faire de nouvelles conquêtes ; mais les conversions seraient bien plus abondantes, si nous avions à notre disposition un plus grand nombre de prêtres . Priez donc le seigneur, pour qu’il daigne envoyer de bons ouvriers dans sa vigne .

« Enfin, une quatrième mission a été nouvellement fondée à quarate lieus de Montréal au milieu des sauvages ; elle porte le nom de la Présentation . Un seul prêtre en a toute la sollicitude : mais son zèle est tel que , dans les deux dernieres années, il a gagné à Jesus Christ plus de trois cent infidèles pour lesquels il a construit une petite église. Jugez de la peine qu’il a dû se donner pour les instruire et les preparer au Saint Baptême . Monseigneur , l’Evêque de Quebec a résolu de leur aller administrer solennellement ce sacrement au printemps prochain , bien que cela nécessite un voyage de plus de cent lieus par des chemins très difficiles. Je tâcherai d’être de la partie , dans le but de m’édifier par le spectacle de cette touchante cérémonie .

« Vous voyer, mes chères sœurs, par le court exposé que je viens de faire des diverses missions qui sont à la charge de notre institut dans ces contrées et auxquelles je dois veiller, même quant au temporel, combien j’ai besoin de vos prières pour une confiance entière, et c’est en union avec les sacrés cœurs de Jesus et de Marie, que j’ai l’honneur d’être avec une affection pleine de respect pour votre communauté, mes très chères sœurs ,

« Votre très humble et très obéissant serviteur et frère Montgolfier , Prêtre de St Sulpice.


Montgolfier eut rapidement un ascendant naturel sur les sulpiciens de Montréal. Dès janvier 1759, il fut nommé supérieur, en remplacement de Louis Normant* Du Faradon. Ce titre lui conférait automatiquement les responsabilités d’administrateur des seigneuries appartenant aux sulpiciens, de curé en titre de la paroisse de Montréal et de vicaire général de l’évêque de Québec pour le district de Montréal ; il résigna ce dernier poste en 1764.

Jamais mandat de supérieur ne fut rempli dans des conditions aussi difficiles. Québec venait de capituler aux mains des Anglais, Mgr de Pontbriand [Dubreil*] se réfugia au séminaire de Saint-Sulpice où il allait mourir le 8 juin 1760, et Montréal se rendit à l’ennemi le 8 septembre suivant. Le major général AMHERST laissa tout de même à la population canadienne le libre exercice de la religion catholique, et Montgolfier put rester en relation avec le vicaire général de Québec, Jean-Olivier BRIAND, considéré, depuis la mort de l’évêque, comme le « premier grand-vicaire ».

Après la ratification de la cession du Canada par la France à la Grande-Bretagne,Montgolfier décida de se rendre en Europe, d’abord en France auprès de son supérieur général, puis à Londres auprès du gouvernement britannique. Son objectif était d’assurer aux sulpiciens la jouissance de leurs biens, en obtenant, d’une part, que leurs confrères français se départissent de ces derniers en leur faveur et, d’autre part, que son groupe ne fût pas identifié à une communauté religieuse comme celle des récollets ou celle des jésuites. Les sulpiciens évitèrent ainsi d’être spoliés par le nouveau gouvernement colonial. Montgolfier partit en octobre 1763, et le chapitre de Québec profita de ce voyage du sulpicien pour le charger de promouvoir la nomination d’un nouvel évêque en Amérique du Nord. Les chanoines, invoquant l’ancien droit selon lequel il leur appartenait d’élire un nouvel évêque lors de la vacance du siège, avaient pris les dispositions d’usage le 15 septembre précédent : messe du Saint-Esprit, assermentation et élection. Ils avaient confié au supérieur des sulpiciens le nom de celui qu’ils désiraient comme évêque ; il s’agissait de Montgolfier lui-même. Cette élection fut jugée nulle par la Sacrée Congrégation de la Propagande car, depuis la mise en vigueur des dispositions du concile de Trente, il appartenait au pape de choisir les évêques, quitte à ce que son choix fût fait parmi des candidats présentés par d’autres évêques ou même, dans les circonstances présentes, par les chanoines. Le pape Clément XIII n’en accepta pas moins le choix du chapitre, et personne ne s’y opposa à Rome, à Paris ou à Londres. Avant la date prévue pour le sacre épiscopal, en juin 1764, Montgolfier apprit que le gouverneur général du Canada, MURRAY, lui Préférait le chanoine Briand.

Voici la lettre du gouverneur murray au comte De Shelburne datee du 14 Septembre.

‘’ Le vicaire General de Montreal , M. de Montgolfier part sous peu pour l’Angleterre . Je ne sais quels sont ses projets car il me me les a point communiqués; Il est certainement tres probable qu’il vise la mitre Votre seigneurie jugera facilement comme il est peu propre a remplir ce poste par la copie que je vous envoie d’une lettre qu’il a eu l’assurance d’ecrire à un M Houdin , alors Chapelain du 48 eme regiment de sa Majesté et auparavant Récollet dans le pays . Il a poussé les choses au point de faire deterrer les cadavres de plusieurs soldats parce que etant héretiques , ils ne devaient pas être enterrés dans une terre benite. Une telle conduite n’a pas manqué d’indisposer les sujets de sa majesté dans cette partie . Si un pretre si hautain et imperieux bien connu en France est place à la tête de cette eglise , il peut plus tard causer beaucoup de desagrement s’il trouve une occasion favorable d’exercer sa malice et sa rancune ‘’.

Le general jugeait de ces choses à son point de vue protestant et devait produire un grand effet sur des esprits absolument disposés comme le sien .


Le nouvel élu avait été invité à se rendre en Angleterre accompagné d’un second mandataire, M. Charet, désigné par ses concitoyens pour solliciter, au nom du clergé canadien, la promulgation d’un règlement équitable en faveur des prêtres et des congrégations de la colonie

Ce départ causa egalement du trouble dans l’âme des catholiques Les religieuses de ST joseph écrivaient à leur maison mère de la Flèche : << Notre digne supérieur , M Montgolfier , par son zèle, sa prudence et toutes les vertus des ministres des premiers siècles de l’église, en soutient ici toute la discipline , malgré les obstacles que vous jugez bien qu’il ne manque pas de rencontrer Il part et nous prive du plus grand et de ll’unique soutien de notre maison

Dans la pénible situation ou nous nous trouvons , il nous eût été bien avantageux de le conserver Il est le père des pauvres, des orphelins , des veuves et de tous les misérables du Canada Aussi depuis que l’on sait qu’il est déterminé à passer en Françe , la douleur est générale

On sait pourtant qu’il est expédient qu’il fasse ce voyage pour le propre bonheur de tout le monde Mais la crainte qu’il ne puisse revenir l’année prochaine comme il le fait espérer, fait répendre beaucoup de larmes à tous, grands et petits >>


La mission qu’il s’agissait de remplir auprès du gouvernement de la métropole était fort délicate A peu près partout , dans les colonies Américaines, le catholicisme était persécuté avec autant de rigueur qu’en Angleterre Par quels moyens pourrait on obtenir une déclaration de tolérance en Faveur des Canadiens ?

Etienne montra une immuable persévérence et parvint à surmonter toutes les difficultés Après bien des alarmes, il obtint gain de cause sur la question la plus importante de toutes : le maintien du clergé catholique et des congrégations

Lorsque la nouvelle fut officiellement notifiée à Philadelphie, le Congrès s’assembla, et par une résolution protesta en ces termes arrogants contre la décision du gouvernement Anglais : << Nous ne pouvons nous empêcher d’être étonnés qu’un parlement Britannique ait jamais consenti à permettre une religion qui a inondé de sang l’Angleterre et qui a répandu l’impiété, l’hypocrisie , la persécution , le meurtre et la révolte , dans toutes les parties du monde ! >>


Ce fatras d’expressions injurieuses n’eut pas le don d’émouvoir les flegmatiques Anglais Ils furent fidèles à leurs engagements et le Congrès de Philadelphie , quelque peu confus de son accès de méchante humeur, ne tarda pas à promettre aux Canadiens les mêmes libertés.




Le sulpicien ne s’obstina pas pour sa nomination devant l’opposition du gouverneur Murray. il revint au Canada et remit sa démission d’évêque élu au chapitre de Québec. Quand Briand fut devenu évêque, en 1766, il nomma Montgolfier deuxième grand vicaire de Montréal, afin d’alléger la tâche d’Étienne MARCHAND.

Plus tard, Montgolfier participa à une tentative de mise sur pied d’un évêché à Montréal. En effet, Mgr Briand et son coadjuteur, Mgr Louis-Philippe Mariauchau d’Esgly, ne s’y rendaient pas souvent, surtout à cause de leur âge avancé et de l’état rudimentaire des moyens de transport à l’époque. Pourtant, la population de Montréal augmentait rapidement, et le besoin d’un évêque se faisait sentir. Deux délégués canadiens furent alors choisis pour aller porter à Londres un mémoire, rédigé avec l’aide de Montgolfier, en faveur de l’érection d’un siège épiscopal à Montréal et de la venue au Canada de prêtres européens parlant français. Jean-Baptiste-Amable ADHÉMAR et Jean De Lisle* de La Cailleterie s’y rendirent en 1783, mais ils trouvèrent suffisamment ardu de poursuivre le dernier de ces deux objectifs et ils s’y limitèrent. Quand il fut question, l’année suivante, d’adjoindre un coadjuteur à Mgr d’ Esgly, lors de la démission de Mgr Briand, ces deux derniers et le gouverneur Haldimand songèrent à Montgolfier. Celui-ci s’y opposa en juillet 1785, car il se trouvait trop âgé et voulait continuer à porter plutôt ses efforts sur la venue de sulpiciens français à Montréal.

Entre-temps, Montgolfier s’est trouvé dans l’obligation de prendre position sur la situation politique du pays. Les occasions ne manquaient pas. Retenons par exemple l’incident survenu lors de l’érection d’un monument de reconnaissance envers le roi George III sur la place d’Armes à Montréal, le 7 octobre 1773. N’y étant pas invité et n’ayant pas l’habitude de participer aux cérémonies militaires ou civiles, Montgolfier resta à la maison des sulpiciens. Luc de LA Corne proposa au commandant de joindre la sonnerie des cloches aux décharges de l’artillerie. Le militaire ne s’y opposa pas, mais le supérieur ecclésiastique, qui reçut à trois reprises la visite du Canadien, rétorqua : « Vous savez que nous regardons nos cloches comme des instruments de religion dont on ne s’est jamais servi dans les cérémonies militaires ou civiles. » Il finit par ajouter, sur les instances de l’importun : « Si M. le Commandant exige qu’on sonne, il est le maître d’ordonner au bedeau et je n’aurai rien à dire. » De fait, le commandant insistait moins que La Corne, et la sonnerie ne se fit point entendre.

L’invasion américaine [V. Richard MONTGOMERY] donna lieu à une intervention plus significative. À l’invitation de Mgr Briand, le sulpicien prépara une ébauche de sermon de circonstance et la transmit aux curés du district de Montréal. Il y démontrait en quatre points l’importance de favoriser le gouvernement britannique, à l’encontre de ce que la propagande américaine préconisait. Ces points étaient les suivants : comme patriote, le Canadien doit défendre sa patrie envahie ; comme sujet, ayant prêté un serment de fidélité au roi, le citoyen manque à la justice s’il refuse d’obtempérer aux ordres ; comme catholique, le Canadien doit montrer que sa religion lui enseigne d’obéir à son souverain ; enfin, les Canadiens ont un devoir de reconnaissance envers le roi qui les a si bien traités et envers le gouverneur Guy Carleton*, qui a défendu leur cause à Londres. Montgolfier concluait son modèle de sermon en rappelant ce qui était advenu aux Acadiens une vingtaine d’années plus tôt [V. Charles Lawrence*] ; n’était-ce pas plus prudent d’opter pour le pouvoir en place ?

On voit par sa correspondance avec Mgr Briand que Montgolfier était bien au courant des allées et venues des troupes rebelles américaines et des militaires britanniques. La présence de Carleton à Montréal en 1775 suscita des prises de position chez les Indiens et chez certains Blancs francophones ; de neutres qu’ils étaient, ils se déclarèrent favorables au roi. Montgolfier appuya d’ailleurs au même moment, par une lettre circulaire à toutes les paroisses de son district, la décision de Carleton de rétablir les milices. Durant tout le temps que les Américains se trouvèrent à Montréal, c’est-à-dire de novembre 1775 au printemps de 1776, le supérieur des sulpiciens évita d’avoir des rapports avec eux ; il les considérait comme des rebelles et comprenait difficilement la neutralité de la plupart des Canadiens.

La liberation de Montreal par les troupes de Carleton fut considere comme une liberation par Montgolfier.

Lettre a Carleton d’ Etienne Montgolfier


Montreal le 21 juin 1776


Monseigneur,


Il y a tant de choses a dire, que je me trouve presque obligé a garder le silence, par la difficulté du choix de matieres qui peuvent etre plus interessantes ou de celles qui pourraient vous etre inconnues, et agreables ou utiles.

Ce qui y a d essentiel et de certain cest quaux approches de larmee de Mr carleton tous les ennemis ont disparu , et se sont retires , je ne scais ou audela du lac Champlain, ils ont brulé dans leur fuite, le fort chambly et les mauvaises baraques de st Jean . Les troupes du roy sont en possession du fort St Jean , et il y a une garnison de cinq ou six cent hommes . Il n’est pas possible pour le present de poursuivre plus loing les fuyards, parceque le roy na absolument , ny barques ny bateaux sur ce lac . son excellence les avait poursuivi en personne, jusques a quelques lieux au dela de la prairie , mais ayant appris la quil n’avait plus d’ennemis a combattre dans cette province ( car tous les canadiens sont fideles et braves aujourd huy ) il est tourné du coté de Montreal, ou il a fait une entree triomphante hyer a midi. J’ ai eu l’honneur de le recevoir et de le complimenter le premier au sortir de son bateau , sur la greve ; et de laccompagner ensuite au travers de toute la troupe, et aux acclamations du peuple, depuis la porte du port, jusques a son hotel, la maison de Mr deschambaux, ou lencienne intendante , pres du bon secours . Je vous envois ci joint copie de mon compliment , un peu plus bas, mais il ya du vraY . Les rejouissances ont continue toute la nuit , pendant laquelle il y eu une illumination generale.

Sans doute que pour la rejouissance ecclesiastique, pour lentiere et prodigieuse delivrance de la province de l’infectation des ennemis , votre grandeur nous enverra quelque mandement . Il ne me conviendrait pas d’en prevenir le temps, je nay rien fait, et j’ attendrai vos ordres .

J’ ai l’honneur detre avec le plus profond respect de votre grandeur


Monseigneur


Le tres humble et tres obeissant serviteur.


Notes pour servir a l’histoire du general Richard MONTGOMERY de Faucher de St Maurice (1844-1897).


Une fois la ville libérée, il apprécia la tranquillité retrouvée grâce à « la protection d’un gouvernement équitable ; la probité est respectée et la vertu protégée », écrivait-il. Il assura Mgr Briand que les curés admettaient aux sacrements seulement ceux qui, parmi les pro-Américains, avaient reconnu leur faute et s’étaient rétractés publiquement par leur conduite ou dans leurs discours. Un petit nombre refusa cependant de se soumettre à ces conditions. Quant au clergé, il semblait tout à fait soumis à l’autorité légitime, excepté les jésuites Joseph HUGUET, missionnaire à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga), Pierre-René FLOQUET, desservant à Montréal, et le sulpicien Pierre Huet* de La Valinière, curé à L’Assomption.

Les autres prises de position de Montgolfier se limitèrent à des cas particuliers, relevant le plus souvent de sa fonction de vicaire général : acceptations ou refus de mariages entre catholiques et anglicans, recrutement et formation de candidats au sacerdoce. Le 18 Mai 1763 un incendie détruisit plus de 100 maisons et l’hopital general , religieuses , malades , enfants trouvés, soit . 115b personnes furent sans abri. Elles furent recueillies a l’hotel Dieu , grâce à l’intervention d’Etienne de Montgolfier entre autres Directeur de l’hopital , qui convint avec Mme d’Youville , qu’il fallait immédiatement faire appel à la générosité privée et se mettre en devoir de réparer ce désastre. L’hopital fut promptement reconstruit.

Nouveau malheur le 11 Avril 1768 , le couvent de la congrégation de Villemarie , fondé par sœur Marie Bourgeoys fut incendié à son tour . Les religieuses , réduites à la détresse, accoururent au séminaire pour implorer l’assistance de leur Superieur Etienne Montgolfier. << Ce bon pasteur , que sa généreuse charité a fait surnommer le père des orphelins et des pauvres, ne put s’empécher d’être attendri à ce spectacle . Il adressa à ses filles éplorées les paroles que l’esprit de Dieu lui inspira dans ce moment pour les consoler et pour ranimer leur confiance , il leur promit de pourvoir à leur nourriture et à leurs autres besoins les plus urgents ; et incontinent, il les conduisit à l’Hotel -Dieu , où il les mit en possession de la salle royale. >> . 5 mois après l’incendie grâce au zèle de Montgolfier, la congrégation put revenir s’installer dans l’immeuble en partie restauré et considérablement agrandi.

Il lutta pour le rétablissement de l’ancienne chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours brûlée en 1775 alors que les Anglais voulaient faire de ce lieu une caserne. Il eut l’honneur de replacer solennellement la première pierre de l’ édifice et la douce consolation de voir notre Dame du Bon Secours rendue au culte, en moins de deux ans.

Désigné par son confrère , l’abbé Sartelon , pour veiller à l’exécution de ses dernières volontés en faveur de la paroisse de Sainte Claire, Etienne y fonda une mission en 1784 et un couvent des sœurs de la congregation, qui fut inauguré le 24 Mars 1787.


Nouvelle impression du petit et du grand catéchisme, nomination de prêtres, possibilité de culte anglican dans certaines églises catholiques. Ces sujets faisaient l’objet de sa correspondance avec l’évêque de Québec, lequel avait en dernier ressort la responsabilité des décisions prises par son vicaire général.


Quand on étudie l’histoire de l’Amerique du Nord à cette époque , on ne peut se lasser d’admirer le zèle que déployait ce vaillant apôtre pour servir le progrès moral et matériel de la province du Canada . Il n’est pas d’événement de quelconque importance qui l’ait trouvé hésitant . En toute occasion , il épanchait son cœur et usait largement de son pouvoir pour amortir les afflictions.


Montgolfier se préoccupa aussi de l’influence, à Montréal, des philosophes français du siècle des Lumières. Le premier poème publié en français dans un journal d’Amérique du Nord, la Gazette de Québec, fut une épître de Voltaire à un cardinal ; il y critiquait l’intolérance et le sectarisme de l’Eglise. Dix ans plus tard, en 1778, l’académie de Montréal se donna un organe officiel de diffusion : la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal [V. Fleury MESPLET]. On y vantait les écrits, la mentalité et l’esprit de Voltaire. Montgolfier pria Mgr Briand d’intervenir auprès des autorités compétentes, afin que le mal fût enrayé :

« J’avais toujours espéré que cette gazette, en la méprisant comme elle le mérite, tomberait d’elle-même ; mais comme il m’a paru qu’on cherchait à lui ménager la protection du Gouvernement, j’ai cru qu’il était à propos d’aller au-devant des coups. »

De fait, le journal dut être abandonné dès l’année suivante, en 1779. Il est vrai que l’engouement des académiciens pour les encyclopédistes français, surtout Voltaire, avait desservi leur cause, car les répliques des lecteurs furent vives et, finalement, plus influentes que leurs propos mal adaptés à la mentalité canadienne.

À la fin de sa vie, Montgolfier fut énormément préoccupé par la diminution des effectifs sacerdotaux. Ses nombreux efforts pour faire venir de France des sulpiciens ou d’autres prêtres n’obtinrent jamais les résultats escomptés. À l’automne de 1784, il tenta de rejoindre son supérieur général, Jacques-André Emery, par l’entremise de l’ancien gouverneur Carleton alors en Angleterre : « Ne pourriez-vous pas m’envoyer ici un sujet de confiance et choisi de votre main, pour me succéder dans la place que j’occupe à Montréal ; et le faire accompagner d’une ou deux personnes également sûres ? » Mais le gouverneur Haldimand tenait à ce que fussent respectées les instructions royales de 1764, selon lesquelles aucun Français ne pouvait entrer au pays. Par ailleurs, les sulpiciens faisaient peu de recrutement chez les Canadiens, entre autres raisons pour conserver une majorité aux Français à l’intérieur du groupe ; c’était un relent de colonialisme. De toute façon, les vocations sacerdotales étaient fort peu nombreuses à cette époque chez les Canadiens et Montgolfier termina sa vie dans l’appréhension de voir disparaître les sulpiciens du Canada.

Le representant du roi d’Angleterre au Canada offrit la mitre en 1785 a l abbe Montgolfier que le chapitre de Quebec avait choisi en 1763 .


L’Eveque de Quebec agé et infirme , sollicita auprès du gouvernement Anglais le remplacement de son coadjuteur, qui , lui aussi était un vieillard et proposa de confier ces fonctions à un jeune prètre , M. Hubert.

Ce choix avait été présenté à la sanction royale , Georges III déclara que son intention était de nommer Etienne Montgolfier En conséquence , et par ordre du roi ,Lored Sydney secrétaire d’Etat, écrivit , le 30 Avril 1785 , au Gouverneur Géneral Hamilton :

<< Le roi approuve la démission de M. Briand ; mais en ce qui regarde la nomination de M. Hubert pour remplir la place de Coadjuteur , Sa majesté , quelque peu persuadée qu’elle soit de son grand mérite , ne saurait permettre qu’on laissât paraître la plus légère marque d’inattention à l’égard d’une personne d’un caractère et d’un mérite aussi distingué que l’est M. Montgolfier . C’est pourquoi Sa majesté a jugé à propos de signifier que son bon plaisir était que la coadjutorerie lui fût offerte en première instance , et que si , pour quelque raison que ce fût, il lui trouvait bon de se refuser à cette faveur du Roi, Sa majesté prendrait alors en sa considération royale ce qui regarde la nomination de M. Hubert . >>

Pour être officiellement entouré de tels hommages par un souverain protestant, il fallait que l’humble missionnaire fût , à coup sur un homme de tact , et qu’il ait su , depuis 35 ans que durait son apostolat , gagner par son abnégation et son dévouement , l’estime de tous les habitants de la colonie, sans distinction de culte ou de nationalité

Le 13 Octobre 1785, Etienne écrivit au roi pour lui présenter ses très humbles remerciements, et le prier d’agréer son refus . Il souhaitait surtout se consacrer à faire venir des Français au sein des sulpiciens. De plus il avait atteint sa soixante treizième année et commençait à porter si péniblement le poids de l’age que,peu de temps après, il manifesta le désir d’être relevé de ses fonctions de vicaire général et de supérieur des communautés religieuses.


Le nouvel évêque de Québec, Mgr Hubert ne voulut pas accepter cette démission. Il lui adjoignit M. Brassier , prêtre de Saint Sulpice , pour l’aider et le suppléer au besoin.

Il démissionna en 1787 de sa double charge de supérieur ecclésiastique et d’aumônier de la Congrégation de Notre-Dame, non sans avoir écrit la Vie de la vénérable sœur Marguerite Bourgeois [...], qui devait être publiée en 1818. En 1776 il avait entrepris la redaction du recueil des règles et constitutions à l’usage des filles séculieres , administratrices de l’hopital général de Montréal. En 1789, ses facultés étant affaiblies, ne pouvant plus lire ni écrire, il s’adjoignit son confrère Gabriel-Jean BRASSIER comme supérieur des sulpiciens et comme vicaire général de l’évêque de Québec. Il mourut à Montréal le 27 août 1791.

Homme digne, affable, de belles manières, Montgolfier a cherché à collaborer le mieux possible avec l’évêque de Québec dans l’organisation ecclésiastique de son pays d’adoption.


Plus pragmatique que penseur, plus légiste et canoniste que théologien, il a voulu assurer la survie du catholicisme dans des circonstances inédites et délicates..Tout au long de son séjour à Montréal, il est resté Français et il a entretenu chez les sulpiciens une tournure d’esprit européenne par laquelle ils se sentaient plus près des nouveaux maîtres britanniques que des habitants du pays.


A plusieurs reprises , des membres de la famille de Montgolfier ont eu l’occasion de visiter la ville de Montréal. En 1866, deux d’entre eux ont été reçus , avec une exquise affabilité, par l’Eveque du diocèse, et conduits dans un petit oratoire orné d’un grand nombre d’objets rappelant le souvenir d’Etienne Montgolfier.

C’est là que les Canadiens venaient honorer sa mémoire. Ils n’oubliaient pas qu’il a eu l’insigne mérite de revendiquer , au nom de leurs Ançêtres la liberté religieuse qui, encore aujourd’hui leur sert de sauvegarde, et le maintien des Congrégations catholiques, qui n’ont jamais cessé d’inculquer dans le cœur de la jeunesse confiée à leurs soins , avec l’amour de la Françe , le respect de ses coutumes et de son vieux langage .



Bibliographie

-Histoire du Canada de Francois Xavier Garneau -Revolution refusee ( le Canada et la revolution Americaine ) par peter Macleod -Les premiers envahis par les americains de Jean claude Germain -Notes sur l’histoire du general Montgomery de Faucher de St Maurice -Notice biographique sur laval de montmorency par eveque du Quebec -Histoire du Canada de l’abbe Brasseur de Bbourbourg -Compagnie des pretres de St Sulpice -Dictionnaire biographique du Canada en ligne. - Musee de la nouvelle France -( articles de Jacques Mathieu, Lucien Lemieux, - Histoire du Quebec et de l’amerique Francaise . Patrick Couture - La famille de Montgolfier : Ses alliances, ses descendants par Léon Rostaing- - Biographie d’Etienne Montgolfier de Lucien Lemieux




FLEURY MESPLET ( 1734-1794) VOLTAIRIEN


Cet homme courageux d,exprimer ses idées fut en bute au pouvoir politique et religieux à Montreal representés par le gouverneur general Frederic Haldimand et le superieur de St Sulpice Etienne Montgolfier , seigneur de Montreal. Il est parfaitement compréhensible que les idées Voltairiennes à l’epoque purent être considérées comme une menace, et par la royauté et par le pouvoir religieux ce qui n’enleve rien aux merites par ailleurs éminents de Montgolfier, dans une période agitée, pour avoir contribué à défendre langue Française, la religion catholique et apporter une contribution non négligeable à l’indépendance du Canada vis à vis des Etats Unis en refusant de coopérer avec les délégations du Congrès Americain, et peu après les envahisseurs portés par la guerre d’indépendance, qui voulaient faire du Canada leur 14 eme colonie.


Né en France, fils et petit-fils de maîtres-imprimeurs, Fleury Mesplet (1734-1794) installa ses presses en 1776 à Montréal où il publia le premier journal littéraire (1778-1779) et le premier périodique d'information (1785-1794). Entre 1776 et 1794, il imprima 96 livres et brochures. Ce nombre de publications est un record : l'imprimeur William Brown, à Québec, entre 1764 et 1789, ne fit paraître que 47 travaux. Il faut ajouter que Mesplet publia le premier almanach de langue française en Amérique. Il sortit aussi le premier livre illustré au Canada. Il imprima non seulement en langue française et en langue anglaise, mais encore en latin et en iroquois.


Fleury Mesplet reçut sa formation dans l'atelier de son père, Jean-Baptiste Mesplet, à Lyon, rivale de Paris dans le monde de la librairie et de l'imprimerie en France. Fleury Mesplet n'avait que vingt ans quand il prit la direction de l'imprimerie de sa tante, Marguerite Capeau-Girard, à Avignon. Il retourna à Lyon vers 1760, d'où il partit pour Londres en 1773. Les Mesplet étaient alliés aux libraires-imprimeurs Aimé de LaRoche, fondateurs du premier journal de Lyon, et Jean Deville, propriétaire d'une importante librairie. Le beau-frère de Fleury Mesplet, le libraire François de Los Rios, était l'ami de l'écrivain Joseph Vasselier, le principal correspondant lyonnais de Voltaire.


Le premier livre connu, imprimé par Mesplet sous son nom, le fut à Londres en 1773. C'était un ouvrage d'histoire, la Louisiane ensanglantée, dans lequel le chevalier Jean de Champigny appelait l'Angleterre au secours des Louisianais abandonnés aux Espagnols par le gouvernement de Louis XV. Après une année en Grande-Bretagne, Mesplet décida de gagner Philadelphie où il devint, en 1774, l'imprimeur de langue française du Congrès américain. À ce titre, il imprima trois lettres destinées aux habitants du Québec pour les inciter à se joindre au mouvement de libération du joug de l'Angleterre. À la recommandation de Benjamin Franklin, Mesplet, comme maître-imprimeur, fit partie de la délégation des commissaires envoyés à Montréal par le Congrès pour mettre en marche le processus démocratique dans la province de Québec, alors la seule colonie britannique ayant un régime «féodal».

Mais la reconquête du territoire par les troupes britanniques refoula les miliciens américains hors des frontières canadiennes; restés sur place, Mesplet, ses ouvriers-imprimeurs et son journaliste furent emprisonnés durant vingt-six jours.

Libéré, Mesplet commença à imprimer des ouvrages de dévotion commandés par les religieux -- Sulpiciens, Jésuites et Récollets --, ainsi que par l'évêque de Québec. Le 3 juin 1778, il lançait la Gazette du commerce et littéraire, qui deviendra peu après la Gazette littéraire, le premier journal uniquement de langue française au Canada, animé par l'avocat Valentin Jautard, le premier journaliste de langue française et critique littéraire au pays. L'imprimeur et le journaliste fondèrent aussi en 1778 l'Académie de Montréal, la première société de pensée créée en l'honneur de Voltaire en Amérique.

Les membres de cette académie envoient le 30 décembre 1778 une lettre au gouverneur Haldimand :


«Le désir de nous instruire, y lisons-nous, nous a fait rechercher mutuellement : nous nous sommes rencontrés, et amis des Sciences, nous nous proposons de contribuer autant qu'il sera en nos lumières, à exciter l'émulation des jeunes Gens ; pour y parvenir il ne manque à notre entreprise, que l'Approbation de Votre Excellence».


Mais le supérieur des Sulpiciens et Seigneur de Montreal , M. Montgolfier, qui demeurait non loin de la boutique de Mesplet, écrit à son tour une lettre au gouverneur où il dénonce

«un dessein formé, de jeter du trouble dans votre province, et de saper, s'il étoit possible les fondements de toute religion, si nécessaire, même dans l'ordre purement politique, à la tranquillité des peuples, et à la conservation des États, et cette vue commence à alarmer un grand nombre des plus honnêtes citoyens de cette ville» (2 janvier 1779).


À quoi le gouverneur répond, un mois et demi plus tard :

«je lui ay fait défendre [à Mesplet] très expressément d'attaquer la Religion ou le Clergé (...) Je vous prie, Monsieur, de veiller de près aux publications de cet Imprimeur et de m'avertir au plutôt s'il lui arrive encore de s'écarter de la conduite qui lui a été prescrite de ma part».


Le gouverneur général Frédéric Haldimand supprima le journal le 4 juin 1779 et emprisonna Mesplet, Jautard durant plus de trois ans, sans permettre de procès.


Après sa sortie de prison, l'imprimeur lança, le 25 août 1785, la Gazette de Montréal-The Montreal Gazette, périodique franco-anglais d'information qu'il dirigea jusqu'à son décès.

La Gazette littéraire ne fut pas seulement le premier périodique littéraire au Canada, elle fut aussi la première à diffuser de façon systématique les idées des Lumières.

La Gazette de Montréal prit la relève, mais en élargissant son contenu par l'information. Le second journal de Mesplet entreprit des campagnes en faveur de réformes entre autres du système seigneurial et de l'enseignement. Il donna d'amples informations et commentaires sur la Révolution française, celle de la Déclaration des droits de l'homme, puis de la naissance de la République. Au mois d'août 1793, la publication d'un long commentaire «philosophique» contre la superstition et la tyrannie conduisit au boycott de la Gazette de Montréal par les postes royales. Limité dans sa diffusion, le journal continua à fournir des informations favorables à la France, jusqu'au dernier numéro imprimé par Mesplet le 16 janvier 1794.

Cette année-là, le relevé de ses biens indique que le premier maître-imprimeur de Montréal jouissait de l'aisance d'un bourgeois de cette ville. Dans sa carrière en Amérique, Mesplet avait pu compter sur un généreux bailleur de fonds, Charles Berger, un compatriote qu'il s'était associé à Philadelphie en 1774. Endetté envers des marchands de Montréal, en raison de son long emprisonnement, il tenta de se faire rembourser par le Congrès américain les frais de son installation comme imprimeur officiel des colonies unies dans la province. Il n'obtint qu'une compensation dérisoire et ses biens furent vendus à l'encan en 1785. Mais il ne fut en aucun temps emprisonné pour dettes et les commerçants ne lui retirèrent jamais leur appui publicitaire.

Fleury Mesplet était né à Marseille le 10 janvier 1734, d'Antoinette Capeau et de Jean-Baptiste Mesplet, maître-imprimeur originaire d'Agen. Il est mort à Montréal le 24 janvier 1794. Il avait épousé Marie-Marguerite Piérard, à Avignon, le 17 août 1756; Marie Mirabeau, à Lyon, vers 1765; et Marie-Anne Tison, à Montréal, le 13 avril 1790.

Lagrave, Jean-Paul de, «Fleury Mesplet, diffuseur des Lumières au Québec», Montréal, Université de Montréal, thèse de doctorat, 1985, xxiii/434 p. Dir. : José-Michel Moureaux. Yvon Dionn : Histoire du laïcisme au Quebec





LA PAPETERIE FRANCAISE SOUS PIERRE MONTGOLFIER



Pierre Montgolfier est le père des aerostiers . La famille est dans la papeterie depuis de nombreuses generations. Ses etablissements sont declares ecole Royale de Papeterie en 1784 grace aux progres realisès dans le domaine de la papeterie concernant les avancèes technologiques. ( Rouleau cylindrique et papier velin )


1) Le constat de Nicolas Desmaret


Membre de l'Académie des Sciences, Nicolas Desmarests est nommé par le gouvernement royal, en 1771, inspecteur des moulins à papier, puis inspecteur général des Arts et Manufactures.

Constatant que la papeterie est en régression, sa première préoccupation est de faire le point de l'état de l'art dans le royaume de France. En décembre 1774 il rédige un mémoire sur l'art de la fabrication du papier selon la méthode hollandaise.

Depuis l'introduction des premiers moulins à Troyes et Essonnes au milieu du XIVe siècle, la papeterie a progressé dans tout le royaume pour devenir au XVIIe siècle la plus importante de toute l'Europe. Importante par la production mais aussi par la qualité des produits fabriqués. On vient d'Angleterre, de Hollande pour chercher les papiers destinés aux plus belles éditions. Les revenus de ces exportations sont devenus très importants et le pouvoir royal a toujours un œil très attentif sur la corporation pour éviter que le support de sa propagande et le pourvoyeur de ses caisses ne puissent manquer ou passer en des mains étrangères. De nombreuses fois, le Roi est intervenu pour signifier sa volonté à ses sujets et mettre bon ordre aux exactions de certains papetiers. Malgré lois, décrets et édits, subsistent au siècle des lumières


Les Quatres grandes plaies de la papeterie

2- Les quatre plaies

2-1- Le manque de matières premières

La vieille peur ancestrale. Dès le début du XVIIIe siècle, malgré la baisse de la production, la chiffe se fait rare, surtout les guenilles du beau linge de fines toiles de lin. Le coton est de plus en plus utilisé pour les beaux vêtements mais il fait de mauvaises peilles qui se prêtent mal à la fabrication d’une bonne feuille. Elles sont fragiles et trop molles pour une bonne utilisation dans l’impression qui se mécanise. A chaque épidémie tous les habits et tissus ayant contact avec les pesteux et autres affligés des fièvres sont immédiatement brûlés et ainsi purifiés des agissements du malin comme pendant la peste de Marseille en 1720 et celle qui ravage le royaume en 1747, où l'on chassait les pestiférés des villes.

C’est un moyen de prévention efficace, mais c’est aussi en ces périodes troublées la faillite des papetiers. En Angleterre seuls les linceuls de laine sont autorisés. Les hospices récupèrent les pansements et les pélhiarots redoublent d’efforts.

Les moulins étrangers, surtout en Hollande, offrent des prix plus rémunérateurs et drainent les drapeaux. En 1697, un édit du Roi interdit l’exportation des peilles pour protéger l’approvisionnement des manufactures royales. Dès 1772, la France et l'Allemagne manquent de chiffons.

Les Hollandais, grands producteurs de papiers de haute qualité trouvent un nouveau moyen de se procurer de la matière première malgré les interdictions. Ils importent d'Allemagne des gros cartons faits de pures chiffes et les retriturent dans leurs cylindres pour en faire des papiers pour l'impression. Ils venaient d'inventer la pâte à papier.

2-2- Le corporatisme

Pour mettre un terme aux conflits permanents entre maîtres et compagnons, le Roi se décide à agir. L’arrêt royal du 27 janvier 1739 devient un véritable code de la papeterie qui définit : • l’âge minimum de l’apprenti à 12 ans • l’apprentissage à 4 ans qui donnera droit à un brevet d’apprenti • le compagnonnage à 4 ans débouchant sur la présentation d’un chef d’œuvre aux garde-jurés et aux principaux Maîtres. Dans le meilleur des cas, un apprenti ne pouvait donc devenir leveur qu'à 20 ans. Au lieu de rétablir le calme, cet arrêt met le feu aux cuves.

Les horaires. La journée de travail étant de 12 heures, les papetiers se retrouvaient libres tout l’après-midi pour aller faire ripaille.

Pierre de Montgolfier, en 1782, dans ses "ordres de la fabrication" stipule : "Le gouverneur du cylindre sonnera la cloche à 3 h ¾ pour que chacun se lève et soit au travail à 4 h précises".

Les conditions de travail. Un rapport de 1813 constate : "Les ouvriers papetiers sont de bonne heure hors d’état d’exercer le métier, leurs bras perdant toute souplesse quand ils ont atteint l’âge de 42 à 45 ans, soit par la continuelle immersion de leurs membres dans l’eau, soit encore par l’intempérance qui leur est habituelle".

Le boire et le manger. En Auvergne, il est habituel de dire : "A la foire d’Ambert il n’y a jamais assez de cochons pour les papetiers". À Thiers, la récolte de vin étant déficiente, les maîtres proposent une compensation en argent, mais les compagnons ne connaissent que la règle, arrêtent le travail et attendent pendant un an la récolte suivante. L’intendant du Dauphiné dénombre dans un rapport, les festivités que l’on ne saurait oublier.

"Le premier de l’an, le maître papetier est obligé de leur donner, outre et par-dessus le repas ordinaire, un coq d’inde ; le mardi gras à goûter, une oreille de cochon ; le jeudi gras, un jambon et des croûtes dorées. Le dimanche des rameaux, des beignets, le Vendredi Saint, une carpe, le jour des Rois une demi-livre de gâteaux et du vin à discrétion….. Rien de plus révoltant que le tyrannique empire que l’ouvrier exerce envers son maître, rien de plus débauché que cette engeance, rien en même temps qui mérite autant d’attention de l’administration que la conduite ridicule de ces ouvriers qui sont tous ou presque des garnements que l’Auvergne a vomi pour tourmenter le Dauphiné".

Voilà bien le vrais problème de la profession, le boire et le manger, qui nous est confirmé par le seul écrit rédigé par l’autre parti. C’est une requête des ouvriers de Pierre de Montgolfier rédigée dans les années 1780.

"Nous nous plaignons que nous ne sommes pas nourris comme nous devons être suivant les arrangements que vous avez faits, tant vous avez voulu les tourner. ...D’ailleurs, vous nous donnez le plus mauvais vin que vous pouvez trouver car bien souvent cela nous donne des coliques. Les denrées que vous achetez pour nous donner ce sont ce que les autres ne peuvent pas manger... Il y a toute apparence, Messieurs, que vous n’êtes pas contents de nous autres, mais si cela ne vous va pas, vous n’avez qu’à nous le dire et nous prendrons notre parti. Messieurs, nous attendons votre réponse".

« La paille bas ». C’est l’expression consacrée pour "mettre la pelle bas" . Pour arrêter le moulin on ferme le canal d’amenée d’eau en baissant une pelle en bois. Au moment des vendanges, pour tuer le cochon ou pour les grands travaux de la ferme, les ouvriers étaient conviés à se transformer en paysans. Aux 52 dimanches s’ajoutaient de nombreuses fêtes particulières : mercredi des cendres, mardi de la Pentecôte, lundi des Rogations, jours des Morts, trois jours pour la foire locale, Jeudi Gras, lundi et vendredi Saints, lever de la rente, droit de passade, droit de "conduitte", etc. soit au total jusqu’à 38 jours supplémentaires.

2-3- La passivité des maîtres papetiers

Mi-paysans, mi-aristocrates, certains avaient une instruction au-dessus du commun des mortels. Leur filigrane est leur blason. Sous l’ancien régime ils ont obtenu de nombreux avantages et privilèges qu’ils conserveront jusqu’à la révolution.

Gentilshommes, ils portent l’épée et le poignard, sont exemptés du service de la milice. Le logement des gens de guerre et la collecte des tailles leur sont épargnés. Ils sont organisés en jurandes et ne se conforment qu’à leurs propres lois.

La défense du groupe est l’objectif majeur de la Confrérie et des règles très strictes assurent leur pérennité : obligation de prendre épouse en famille papetière, admission des seuls fils de compagnons en apprentissage, refus de présentation d’un chef d’œuvre aux garde-jurés pour les fils de maître, toutes les barrières sont bonnes pour éviter la concurrence. Souvent ancien compagnon ayant épousé la fille du maître, ils gardaient les souvenir de leurs « droits » et se montraient assez tolérants dans les règles qu’ils imposaient ou qu’ils se faisaient imposer par la « cuve ». Les moulins qui ne respectaient pas les règles étaient mis en « interdit » ou en « damnation » et s’exécutaient prestement.

Incapables de s'entendre pour faire front aux exigences des compagnons du toujours plus, ils sont contraints de subir la loi de la "cuve" ou de fermer le moulin.

2-4- L'intervention de l'État

La fuite des papetiers à l'étranger. Après la faute politique de Louis XIV qui a fait fuir l'élite papetière par la révocation de l'Édit de Nantes, la concurrence étrangère devient particulièrement vive, au début par le développement de l'offre, mais très rapidement par la qualité des produits proposés. Après une situation de quasi-monopole en Europe les papetiers français doivent faire face au savoir-faire de leurs confrères huguenots implantés en Angleterre, en Prusse, en Suisse, et surtout en Hollande.

La Hollande devient "la grande arche des fugitifs". Elle accueille en particulier les plus riches et les plus entreprenants. En 1709 ils sont naturalisés hollandais en témoignage de gratitude pour "ceux qui ont fait fleurir le commerce et les manufactures". En France la profession entre en récession et les moulins ferment jusqu'à la révolution. En 1748, à Ambert, 33 cuves sur 60 avaient cessé de fonctionner. La fiscalité. Le papier est un produit facile à taxer. En 70 ans, le prix du papier est multiplié par 10 du fait des impôts et taxes, et vaut environ 200 F d'aujourd'hui la rame de Grand colombier en 1748. Pour contrôler la fabrication et la vente de papier, un édit de 1739 renouvelé en 1741, impose que chaque feuille portera l'indication de son origine. En 1771 on double l'impôt. La fraude devient si importante que les agissements du fisc deviennent tatillons et vexatoires. La région de Grenoble était particulièrement connue pour son économie papetière "au noir".


3- Face aux innovations étrangères

Nicolas Desmarests constate que ce sont les papiers hollandais, qui ont la préférence des imprimeurs et décide d'aller voir sur place. Il décide alors de promouvoir deux types d'actions : La diffusion du savoir et les manufactures pilotes

3-1- La diffusion du savoir.

Elle s'effectue dès la fin du XVIIe siècle. En 1698 M Desbillettes fait graver pour l'Académie huit planches pour la description de l'Art du Papier. En 1772, M. de la Lande dans son "Art de faire le papier" reprend les planches de 1698 et les complète par les dessins du cylindre hollandais. Encyclopédistes. Leur objectif est de "faire progresser les connaissances, en luttant contre l'ignorance et les croyances, facteurs d'aliénation". Les 28 volumes regroupent 60 200 articles de 160 auteurs. Si l'on sait qu'un millier d'ouvriers travaillent pendant un quart de siècle pour cette édition, on prend conscience de l'importance du papier et de l'imprimerie au siècle des lumières. Mais l'Encyclopédie est aussi l'arme d'un combat philosophique, le pouvoir ne s'y trompe point et censure pour "provocation envers Dieu et l'autorité royale". Les encyclopédistes courbent l'échine mais ne renoncent pas. Diderot tient bon et termine son dernier volume le 14 février 1772. Pour l'Art du papier, l'encyclopédie reprend et améliore les planches de MM Desbillette et de La Lande. Son grand mérite et surtout d'avoir amélioré considérablement la diffusion d'un savoir existant.

"Ecolle de papetterie". C'est une idée de Mgr d'Albert, qui proposait une subvention et une rente à la papeterie qui monterait des "cylindres hollandais" et laisserait ensuite ses ateliers ouverts aux ouvriers et Maîtres qui souhaiteraient acquérir la pratique de cette nouvelle technologie.

Nicolas Desmaret, applique cette idée dans un moulin d’Angoulême mais, malgré tous ses efforts, Henry de Villarmain ne réussit pas.

C'est à Annonay que le projet aboutit en 1784 par le titre "d'École Royale de Papeterie" accordé aux papeteries de Montgolfier après cinq années d'effort.

3-2- Les manufactures pilotes


L'échange. Nicolas Desmaret avait longuement décrit, en 1764, la méthode hollandaise pour donner un apprêt au papier qui "enlève de la surface une infinité d'aspérités qui en rendoient l'usage très pénible". Cet apprêt, appelé "échange" ou "relevage" consistait à remettre, après le premier pressage, des feutres à poils longs avec les deux faces identiques les plus fines possibles et de refaire une deuxième passe à la presse. Cette opération évitait l’envers et donnait un grain très fin suivant la qualité des feutres.

Cette opération très délicate est appliquée dés 1768 par Pierre de Montgolfier (1700-1793, portrait ci-contre) et Mathieu Johannot dans les moulins d'Annonay. Au début les pertes sont sévères car la pâte est toujours élaborée à partir de chiffons pourris alors que les habitants du plat pays utilisent déjà le"cilindre hollandois qui ne nécessite plus le pourrissage et donne un papier plus solide". L'opération ne doit sa réussite qu'à l'opiniâtreté des papetiers et aux bonnes pâtes obtenues par les chiffons de Bourgogne. "Le cilindre hollandois". Dans les années 1760, "le papier hollandois était d'une si grande qualité que le royaume de France n'en fabriquait pas d'aussi beau, d'aussi blanc, d'aussi agréable à la plume". Nicolas Desmarests, entreprend plusieurs voyages en hollande pour apprendre leurs méthodes. Là, il découvre des émigrés protestants installés à la fin du XVIIe siècle, qui maîtrisent l'art du papier et qui ont su s'adapter aux technologies régionales. Les moulins à vent se prêtent mal à l’entraînement de l'arbre à came qui actionne les maillets. Ils ont l'idée d'utiliser un cylindre rotatif muni de lames métalliques qui frappent une platine fixe . La trituration des chiffes en est à ce point améliorée qu'il n'est plus nécessaire de procéder au pourrissement et que la qualité du papier obtenu en est grandement améliorée. La " pile hollandaise" fait merveille et les papiers ainsi produits sont même plus demandés que les français qui avaient pourtant grande réputation.

En 1782 Pierre Montgolfier met en œuvre le premier cylindre dans ses papeteries à Annonay. Ce premier grand saut technologique depuis Fabriano donne enfin aux papetiers français l'opportunité de sortir de l'artisanat et de combler 80 ans de retard.

Le vélin. Au XVIIIe siècle : les papetiers élaboraient le papier mais laissaient le soin à leurs clients de faire une grande partie du finissage.


Les vergeures gênaient beaucoup l’imprimeur qui malgré un polissage poussé n’arrivait pas à éliminer "ces petits sillons qui nuisent à l’impression". Pour pallier cet inconvénient il mouille la feuille pour la rendre plus molle et plus apte à prendre l’encre et invente même le papier frictionné en le séchant entre deux faces polies.

Dans les années 1750, l’imprimeur anglais John Baskerville, aidé par le papetier Whatman, se jure de trouver une solution à la plaie des imprimeurs. Ils remplacent dans la forme les vergeures cylindriques composant le tamis par une toile métallique finement tissée. Le grain du papier est si fin qu’on le compare au célèbre parchemin. C’est en 1757, pour l’impression de Virgile, que John Baskerville utilise le premier vélin.

En tournée en Europe, l’imprimeur Benjamin Franklin, est enthousiasmé par le produit miracle et en diffuse de nombreux échantillons en France. Il sejourna en France entre 1776 et 1785 , comme ambassadeur des Etats Unis . Il avait installé une presse à Passy et etait membre assidu de l’academie des Sciences.

.Imprimeurs et papetiers se lancent des défis pour reproduire la merveille. Le «tournoi des Chevaliers de la forme plate » est ouvert. Didot, Réveillon, Pierres, Moutard, Mathieu Johannot et Étienne Montgolfier relèvent le défi ...


Des 1777 le papier vélin est fabriqué en France par Etienne Montgolfier .

Sources : Andre Faurie . publié dans la Cellulose ( NUMERO SPECIAL 1999 ) Titre : Louis nicolas Robert inventeur de la machine à papier







LES FRERES MONTGOLFIER : DU REVE D’’ICARE A

LA CONQUETE DE L’ESPACE



La famille Goybet depuis Alexis Goybet qui épousa Louise De Montgolfier (petite fille D’Augustin frère des inventeurs), descend du père Pierre de Montgolfier et de leur frère . Par le jeu d’alliances , huguette Pierre et Henri Goybet en descendent par 8 fois.


Les premières tentatives datent de bien avant l’Antiquité grecque puisqu’on a retrouvé dans des cavernes du Pérou des dessins de ballon qui remonteraient à des temps immémoriaux. Depuis les personnages mi-légendaires de Dédale et d’Icare dans la mythologie grecque, jusqu’à Léonard de Vinci, créateur au 16e siècle de quelque 500 dessins de techniques de vol, les expériences se sont succédé sans discontinuer jusqu’au siècle des Lumières. Mais dans tous ces cas, il s’agissait plus ou moins de projets. Là où les Montgolfier se distinguent de ces inventeurs, c’est qu’avec eux, nous avons la concrétisation indiscutable d’une réalisation scientifique dont personne n’a jamais mis en doute le lieu, l’auteur ni la date de l’invention, le 4 juin 1783. Les Montgolfier rêvaient depuis toujours de créer un objet qui s’élèverait dans les airs. Comme ils étaient papetiers de métier, ils avaient conçu une première enveloppe de ballon en papier grossier. Mais si l’on peut dire, «l’idée était dans l’air» et s’il n’y avait pas eu les frères Montgolfier, peu de temps après, quelqu’un d’autre aurait lancé un ballon. Mais en science comme en histoire, c’est toujours le premier qui compte et qui laisse son nom.

DES FRERES A L’IMAGINATION FERTILE

Joseph Montgolfier (1740-1810) était l’aîné d’une famille de seize enfants. Le père, Pierre Montgolfier, exerçait le métier d’industriel à Annonay dans l’Ardèche où ses ancêtres étaient papetiers de père en fils depuis le 14e siècle. Toujours à la recherche de nouveaux marchés , Pierre Montgolfier fréquentait la foire de Beaucaire pour atteindre l’Espagne . Il exportait vers la Suisse par Genève ou Lausanne ; vers l’Italie par Grenoble et Turin, ou bien en bateau par Marseille . Il lorgnait vers le Levant , vers l’Afrique du Sud , cherchait des correspondants sur New york. Ses papiers étaient les plus chers du Royaume , dépassant de 30% ceux d’Auvergne C’est que Vidalon avait le monopole des grands formats : Le grand aigle, le grand soleil, le grand colombier, L’Elephant, la Grande Fleur de Lys…..


Joseph était le type parfait de l’autodidacte, imaginatif, impulsif et rêveur qui oubliait beaucoup de choses et était détaché des honneurs et des biens matériels. Rebelle aux études, il s’enfuit du collège de Tournon-sur-Rhône (Ardèche) où il était pensionnaire. Ramené chez lui, il quitta de nouveau sa famille pour se rendre à Saint-Étienne (Loire) où il monta un laboratoire de chimie tout en essayant d’améliorer les techniques papetières de l’époque. En 1780, il s’installa en Avignon, qui ne faisait pas alors partie de la France mais dépendait du pape, évitant ainsi la censure française et ne payant pas de droits sur les copies d’ouvrages. L’esprit inventif de Joseph lui fit aborder les sujets les plus divers au cours de sa vie: il mit au point la presse hydraulique, l’amélioration du papier vélin alors importé de Hollande, le bélier hydraulique encore en usage dans les pays dépourvus d’énergie, et enfin le parachute. Son frère cadet, Étienne (1745-1799), était tout le contraire. Calme et méthodique, il avait fait des études d’architecte avec Germain Soufflot à Paris et était féru de mécanique, de physique et de chimie. À Paris, il réalisa les bâtiments pour la célèbre papeterie Jean-Baptiste Reveillon qui sera mêlée aux événements de la Révolution de 1789. Rappelé en 1772 par son père pour prendre la direction de l’usine familiale, il y apporta de nombreuses améliorations et en fit une des plus importantes papeteries du royaume avec ses trois cents ouvriers. Son aptitude naturelle pour les sciences lui fut d’un précieux concours pour l’invention qui immortalisa le nom Montgolfier: l’aérostat.

UNE INVENTION QUI NE DOIT RIEN AU HASARD

On a souvent rapporté que le premier envol en ballon était le fruit du hasard et de nombreuses anecdotes pittoresques ont circulé à ce sujet. On raconte, par exemple, que durant l’automne 1782, Joseph se trouvait en Avignon pour affaires et qu’il avait mis à sécher sa chemise trempée devant la cheminée de sa chambre. Ayant vu la chemise se gonfler et avoir tendance à s’élever, il aurait pensé au concept d’un ballon. Mais il y a aussi une légende qui fait désormais partie de la tradition familiale. Disciple de Jean-Jacques Rousseau, Joseph aimait se promener dans la nature, sur les flancs du mont Pilat, près d’Annonay. Un jour, il avait rencontré une jeune bergère de 15 ans, Séraphine, qui regardait s’envoler des bulles de savon qu’elle avait faites. «Elles vont retrouver ma maman qui est morte», aurait-elle dit à Joseph qui, à la vue de ces bulles et de cet air emprisonné dans une gangue, aurait eu la prémonition d’un ballon. Une autre anecdote qui n’est pas une légende cette fois, rapporte qu’un jour, Joseph regardait un tableau suspendu dans sa chambre, représentant le siège de Gibraltar par les Espagnols en 1782. On y voyait une armée prisonnière entre des forces ennemies et la mer. Joseph aurait alors pensé qu’une façon de s’échapper était de partir par les airs. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Léon Gambetta, alors ministre de l’Intérieur, lors du siège de Paris en 1870! En réalité, cela faisait des années que Joseph se passionnait pour ce problème de la navigation dans l’atmosphère. Ayant emprunté un morceau de taffetas, il aurait fait décoller du sol un petit ballon au-dessus d’une botte de paille enflammée. Quoi qu’il en soit, en novembre 1782, il écrivait à son frère Étienne, resté à Annonay, jusqu’alors étranger à ses expériences: «Prépare des provisions de taffetas, du cordage, et tu verras une des choses les plus étonnantes du monde!»

PREMIERS ESSAIS


C’est à partir de cette fin d’année 1782 que l’empirisme chez les frères Montgolfier fit place aux calculs nécessaires pour déterminer la coupe géométrique du ballon, pour en assembler les fuseaux et pour en prévoir l’équilibre une fois plein de gaz. Le 14 décembre 1782, ils gonflèrent avec de l’air chaud une sphère de 3 m3 qui s’envola à une trentaine de mètres. Ils décidèrent alors de faire un ballon plus gros, d’une douzaine de mètres de diamètre, en utilisant de la toile de coton qu’ils doublèrent avec des feuilles de papier mince, découpée en fuseaux réunis par des boutons. Le ballon pesait 225 kg pour 800 m3 et s’éleva à 400 mètres d’altitude. Ils se sentaient prêts. Profitant de la réunion, à Annonay, des États du Vivarais, le 4 juin 1783, les deux frères convoquèrent sur la place des Cordeliers toutes les personnalités présentes, personnes de confiance qui pourraient servir de témoins et certifier que les Montgolfier étaient bien à l’origine de l’idée. Ils avaient emprisonné de l’air chaud dans une enveloppe collée assez grossière, entièrement soumise au gré des vents. À treize heures, ils procédèrent à l’envol du premier ballon à air chaud non monté. Le vol dura vingt minutes et le ballon se posa à trois kilomètres de son point de départ, à Vidalon-les-Annonay. Ce premier essai élémentaire laissait entrevoir la possibilité de s’envoler! Ce jour-là, Joseph eut l’idée de partir avec une nacelle mais son frère le tempéra: «Attends, c’est trop tôt!»

UN CANARD , UN COQ ET UN MOUTON


La deuxième expérience eut lieu deux mois plus tard à Paris. Il s’agissait alors d’un ballon à hydrogène, le gaz récemment découvert par l’Anglais Cavendish. Le 27 août 1783, troisParisiens, le physicien Jacques Charles et les frères Robert, mécaniciens du roi, firent partir un ballon à oxygène. Il faut signaler qu’en France, toute découverte faite en province doit être répétée à Paris pour être homologuée.

Joseph et son frère cadet Étienne Montgolfier, fils de papetiers à Annonay, ouvrirent la voie à l’aérostation et à l’aviation en 1783. La troisième expérience considérée comme officielle eut lieu le 19 septembre 1783 sur le Champ de Mars, en présence du roi Louis XVI, de la famille royale et d’une foule de badauds et de seigneurs, munis de lorgnettes. Tout l’attirail se trouve dans la cour dite des ministres , autour de laquelle a été dressée une palissade pour contenir la foule. En effet , les curieux affluent de toutes parts, grimpent aux arbres, montent sur les toits. Leur nombre dépassera sans doute les cent mille en fin de journée. Les préparatifs demandent plusieurs heures. Sur le coup de Midi : Extrait de lettre d’Etienne à sa femme qui raconte les évènements. ‘’ (…) Arrivent le Roi, la Reine, Monsieur, Madame, le Comte d’Artois, madame Elisabeth, etc…qui viennent les uns après les autres ; passent sous l’échafaud ; entrent dans la machine ; se font expliquer le comment et voient pour tout appareil un réchaud plein de paille. M. De Cubieres accompagnait le Roi, Il s’égosillait avec M. Reveillon à m’appeler attendu que j’etais de l’autre coté de l’échafaud et ne les voyait point. Le Roi , le prenant par le bras, lui dit : « Ne soyez pas inquiet. Voici le petit Montgolfier qui, en tout, m’expliquera cela . . » A une heure, une boite part ( un coup de canon à blanc). On allume le feu. Deux ou trois bouffées de vent nous font douter de la possibilité de l’expérience . Cependant , à force de bras et de gaz, nous vainquons sa résistance. En 7 minutes, la machine est remplie . Elle n’est plus retenue que par les cordages et les efforts de 15 ou 16 hommes. Une nouvelle boite part , on redouble le Gaz et à la troisième boite, que je fis peut-être tirée trop tôt , crainte que le vent vint nous troubler, tout le monde lâche à la fois : la machine s’élève majestueusement … Survient un coup de vent qui la couche sur le coté , le lest n’étant pas assez fort pour la maintenir dans la perpendiculaire. Dans ce moment, je craignis sa chute. Elle en fut quitte pour vider un cinquième de son gaz à peu près, et continua sa route jusqu'à 1800 toises, ou le vent la fit encore chavirer et descendre doucement à terre. Je remontai ensuite dans les appartements. Je trouvai le Roi encore occupé à observer la machine avec sa lunette ; il me montra l’endroit ou elle était tombée, me témoigna sa satisfaction et, sur ma demande, donna l’ordre qu’on allât voir l’état dans lequel étaient les animaux . . ‘’


L’expérience scientifique gardant ses droits, des savants de l’Académie des Sciences, pendules et montres en main, s’étaient postés sur les hauteurs de la capitale d’où ils devaient faire leurs observations. Pour cette occasion, Étienne, qui habitait alors à Paris, avait fabriqué un ballon élaboré auquel il avait accroché une cage en osier dans laquelle il avait enfermé un mouton, un canard et un coq. Tout gonflé, le globe tirait vivement sur ses amarres, comme impatient de s’élever. Lorsqu’on coupa les cordages, la machine s’éleva aussitôt et parut augmenter de vitesse à mesure qu’elle s’élevait au-dessus du Champ de Mars. Elle monta jusqu’à mille mètres d’altitude pour aller atterrir, quarante-cinq minutes plus tard, à Gonesse (Val-d’Oise). Là, les paysans de l’endroit la prirent pour un démon et la détruisirent à coups de fourche. Toutefois, les animaux étaient intacts. (Le mouton fut récompensé en finissant ses jours à la Ménagerie royale!) À la suite de cet incident, les premiers aérostiers français ne s’embarquaient jamais sans emporter des bouteilles de champagne pour amadouer les paysans! Ainsi preuve était faite que des êtres vivants pouvaient monter en ballon. Cet exploit retentissant n’avait pas manqué de passionner les gens: un journal contemporain, La Correspondance littéraire, écrivait non sans malice: «Jamais bulle de savon n’occupa plus sérieusement une troupe d’enfants que le globe aérostatique de MM. Montgolfier n’occupe, depuis un mois, la ville et la cour. Il n’est plus question que d’expérience, d’air atmosphérique, de gaz inflammable et de voyages aériens…»

POUR LA PREMIERE FOIS UN HOMME DANS L’ESPACE

Enhardis par cette expérience, les Montgolfier décidèrent de franchir l’étape suivante, et d’entreprendre un vol aérien humain. Le 21 novembre 1783 est une autre date historique. Ce jour-là, deux hommes s’élevèrent dans l’espace pour la première fois, dans une galerie fixée sous le ballon. Il s’agissait d’un jeune physicien, du nom de Pilâtre de Rozier, qui s’intéressait aux travaux de Joseph et d’Étienne et, pour équilibrer la nacelle, d’un officier casse-cou, le marquis d’Arlandes. Il fut décidé que la première ascension humaine aurait lieu d’un bout à l’autre de Paris, du parc de la Muette à la Butte-aux-Cailles (de nos jours, 13e arrondissement). On fit quelques essais préliminaires. D’abord, le ballon fut retenu par des cordes de vingt mètres, puis de cinquante mètres de long; enfin, le 21 novembre, les deux hommes se sentirent prêts: «Nous partons», décrétèrent-ils. Louis XVI s’y opposa d’abord et voulait qu’à leur place, deux condamnés à mort soient envoyés dans la nacelle expérimentale. Mais Pilâtre de Rozier lui fit valoir: «Quoi! Sire! Ce serait seulement deux condamnés à mort qui auraient la gloire d’être les premiers voyageurs de l’espace?» Echange savoureux entre Louis XVI et Etienne de Montgolfier Le roi Louis XVI qui n’a pas assisté aux dernières expériences, mais se les fait décrire, convoque Etienne Montgolfier . et tourne vers lui ses gros yeux myopes « Monsieur , la France entière et aussi toute l’Europe sont au courant de vos merveilleux travaux . Je vois bien maintenant jusqu’ou vous désirez aller : au vol libre de votre machine . Est ce que je me trompe ? - La logique m’y pousse , Sire . J’hésite cependant à prendre ce risque , sachant toutes les peines que nous avons eu à résister aux vents et aux orages . Plusieurs de mes ballons se sont déchirés . Un s’est incendié . Que serait il advenu s’il avait emporté des passagers ? - Les passagers seraient morts ! . » Silence consterné « et cependant, reprend l’Annonéen , si nous n’allons pas plus loin , Sire, d’autres le feront à notre place. Je pense aux Anglais spécialement . et aux conséquences que cela pourrait avoir pour notre sécurité. Nous venons de les moucher en Amerique. Imaginez, Sire qu’ils veulent venger cet affront ! Toute un vol de machines Aérostatiques chargé de Soldats qu’un vent favorable pousse vers nos cotes ! Voyez vous cela ? Il nous faut donc, sans doute , conquérir avant eux les chemins du ciel . - Au moindre cout. Au Moindre risque . C’est pourquoi je vous suggère, Monsieur Montgolfier , de recourir à des navigateurs d’une sorte particulière : à des condamnés à mort. Nos prisons en sont pleines . Vous les formeriez , vous leur apprendriez comment il faut manœuvrer . Et s’ils sortaient vivants de cette aventure, je leur ferrai grâce. C’est ainsi, rappellez–vous que Christophe Colomb découvrit l’Amérique. Pourquoi pas vous ? - C’est que Sire, je dispose déjà de plusieurs volontaires . Des hommes libres tout disposés … - Et moi je vous impose Monsieur, d’employer seulement des hommes condamnés ! . » Le lendemain , St- Etienne revoit Pilâtre de Rosier et lui fait part des scrupules Royaux « Eh quoi ! s’exclame l’autre, la gloire du premier vol humain sans attaches doit elle revenir à des malfaiteurs ? A des gibiers de potence ? . »

En ce jour historique, les deux hommes prirent place dans la nacelle fixée sous le ballon. Ils partirent du parc de la Muette, survolèrent Paris à mille mètres d’altitude, ayant à leurs pieds la Seine, le Champ de Mars, les Invalides, et se posèrent une demi-heure plus tard à l’emplacement de l’actuelle place d’Italie, ayant ainsi parcouru une dizaine de kilomètres en vingt-cinq minutes. Leur mérite était d’autant plus grand que leur ballon n’avait rien de l’engin solide utilisé aujourd’hui. La nacelle consistait en effet en une gigantesque cuve de métal avec au centre un grand brasier alimenté en permanence de bûches de bois. La chaleur était intense et de nombreuses flammèches atteignaient souvent l’enveloppe de papier, obligeant les passagers à éteindre sans cesse ces feux à l’aide de serpillières mouillées! Il est regrettable que ces deux aventuriers de l’air ne nous aient laissé aucun document ni mémoire de cette expérience, car jamais avant eux, l’homme n’avait vu Paris de si haut.

LES FRERES MONTGOLFIER ONT OUVERT LA VOIE A LA NASA


Ces premiers voyageurs aériens suscitèrent un enthousiasme universel. À partir de cette date, les essais se sont multipliés dans toutes les villes du royaume. Il n’y avait pas un chimiste, pas un apothicaire, qui ne voulût faire partir un ballon. Le 4 juin 1784, une femme, Elizabeth Thible, réussit un décollage spectaculaire en compagnie d’un artiste peintre du nom de Fleurant. Il n’y eut jamais dans l’histoire de l’humanité une telle fascination, sauf peut-être en 1492 lors du voyage de Christophe Colomb ou en 1969 lorsque Neil Armstrong a fait les premiers pas sur la Lune. À cette occasion, d’ailleurs, un des descendants Montgolfier, Régis de Montgolfier, envoya un télégramme de félicitations à la NASA, en témoignage d’admiration et en rappel de ces deux dates marquantes dans l’histoire de l’humanité. À son tour, la NASA lui répondit par un télégramme qui prouvait bien que l’expérience initiale des Montgolfier avait ouvert la conquête de l’espace. Citons pour conclure Benjamin Franklin, lui-même grand savant et admirateur des Montgolfier qui, à un sceptique lui demandant: «À quoi peuvent servir les ballons?», répondit: «À quoi peut servir l’enfant qui vient de naître?» La France à l’heure des ballons De 1783 à 1785, la France vécut à l’heure des ballons. La mode «aérienne» était partout: petites boîtes, tabatières, éventails, meubles, pendules, baromètres, jeux, chansons, gravures, bougeoirs, bijoux furent décorés avec des aérostats. Dans la mode vestimentaire, les robes s’ornaient de manches en forme de ballons.

Bibliographie : Sur les traces des Freres Montgolfier à la conquête de L’espace par Anne- Perochon Les Montgolfières de Jean Anglade Edition Perrin 1990


Le petit neveu des frères Montgolfier et de notre ancêtre Augustin est le célèbre Marc Seguin avec ses ponts suspendus, la construction de bateaux à Vapeur, le premier chemin de fer Lyon St Etienne et la chaudière tubulaire.




LES FRERES MONTGOLFIER





Pour completer les informations sur la famille Montgolfier , il nous a paru interessant de reproduire l’article de Michel Jaillard en juin 2000 dans la gazette de l’ile Barbe n° 37 été 1999, pp. 7 à 16,


Etienne de Montgolfier (1745-1799), inventeur et éponyme de la montgolfière avec son frère Joseph (1740-181O), est mort le 1er août 1799, et l'État a fait du bicentenaire de cette mort une célébration nationale. Étienne et Joseph de Montgolfier étaient frères d'Augustin de Montgolfier (1741-1788), dont une petite-fille était la grand-mère paternelle de Constance Jaillard-Goybet, mère d'Henri Jaillard, Magdeleine Lepercq et Lison (Louise) de Raucourt.

• Louise de Montgolfier petite fille d’Augustin de Montgolfier etait également la grand mère de Mariano Goybet , frère de Constance et Arrière Grand père d’henri Goybet.


ÉTIENNE-JACQUES DE MONTGOLFIER …………………………………………………………………


Vidalon-lès-Annonay (Ardèche), 6 janvier 1745 Serrières (Ardèche), 1er août 1799


Né à Vidalon-lès-Annonay (Vivarais) le 6 janvier 1745, Étienne Jacques de Montgolfier excelle en mathématiques et étudie l'architecture avec Jacques-Germain Soufflot. Il prend en 1772 la direction de la papeterie familiale d'Annonay, où il s'attache à perfectionner les procédés de fabrication du papier. Homme d'affaires avisé, il en devient le propriétaire en 1787. Avec son frère aîné Michel-Joseph, il invente en novembre 1782 le ballon à air chaud. Le 5 juin 1783, ils lancent un aérostat d'une douzaine de mètres de diamètre, qui s'élève jusqu'à 2 000 mètres au-dessus d'Annonay. Etienne-Jacques vient à Paris rendre compte de leurs expériences à l'Académie royale des Sciences, qui les nomme correspondants le 20 août. Il fait construire par le fabricant parisien de papiers peints Réveillon un ballon qui est lancé le 19 septembre à Versailles, devant Louis XVI ; le roi donne à Étienne-Jacques le cordon de Saint-Michel ainsi que des lettres de noblesse pour son père. Montgolfier sera membre de l'Académie des Sciences en 1796.


Jean- Claude FALQUE, chef de service éditorial à l'Encyclopaedia Universalis, in « la Science au présent, 1999 », édition de l'Encyclopaedia Universalis.


UN PHALANSTERE PATRIARCAL …………………………………………………………………………


L'historien de la famille qui utilise le mot fouriériste de « phalanstère » ne plaisante qu'à demi. Dans des familles de cette taille, seuls quelques-uns des enfants pouvaient gagner leur vie en dirigeant l'affaire. Les filles célibataires étaient priées d'entrer dans les ordres, et les fils cadets de créer des commerces de leur côté ou de devenir prêtres. Parmi les jeunes frères de Pierre, Augustin devint chartreux sous le nom de dom Thomas dans l'entourage de l'archevêque de Toulouse ; Étienne se fit prêtre sulpicien à Montréal. C'était un homme doux et bon, qui osa même dire du bien du gouvernement britannique après 1763 ; quant à Jacques, il devint financier à Paris, marié, sans enfant, offrant son aide et son réconfort à plus d'un neveu passant par la capitale.

Tout le monde ne parvenait pas à se faire ainsi une place dans un cloître ou dans le monde. Les chefs de famille successifs sur les trois générations du XVIIIème siècle - Raymond, son fils Pierre, et enfin Étienne - alliaient chacun une austère éthique du travail et des devoirs personnels à un sens élevé des responsabilités envers leurs parents moins vertueux ou moins chanceux. Aucun membre de la famille n'était jamais renvoyé de Vidalon. L'oncle Michel, artiste et bon à rien, qui se maria encore deux fois ; les beaux-frères Chelles, désoeuvrés, avec leurs femmes et leurs enfants ; les nonnes découragées, les chanoines sans cure ; les cousins déprimés - il y avait place pour chacun, quelle que fût la désinvolture avec laquelle certains avaient dévoré leur part de la substance qui leur avait tous servi à débuter dans la vie. Une soeur aînée de Joseph et d'Étienne, Marianne, née en 1738, se souvenait de toute cette parenté qui, avec ses propres frères et soeurs, faisait quarante ou cinquante personnes dans la maison.

En termes de métier, un surveillant de papeterie était un « gouverneur ». Pierre répondait à cette appellation plus encore que son père, qui avait monté l'affaire pour que son fils prenne la relève. Pierre entra en possession de l'héritage à quarante-trois ans (Anne était déjà quatorze fois mère) et au cours des cinquante années restantes s'éleva jusqu'au statut de patriarche. Nul, dans la troisième génération, n'aurait imaginé qu'il avait pu être jeune et incertain de ses choix au point de songer à devenir prêtre. Dans son comportement il alliait l'autoritarisme catholique à un puritanisme qui remontait peut-être bien à l'époque où les Montgolfier appartenaient à l'Église réformée.

En toutes saisons, Pierre se levait chaque matin à quatre heures, se lavait le visage et les mains dehors dans le bief d'amont du moulin. Pendant la journée, il avait l'oeil à tout : l'approvisionnement, le tri et la fermentation des chiffons ; leur macération et la préparation de la pâte; le trempage, le couchage, le pressage, le séchage, le classement et la finition des feuilles ; la vente et rexpédition du produit ; le coût de chaque opération ; le prix de chaque catégorie ; l'intendance et la cuisine qui nourrissaient les ouvriers et la famille ; la conduite, le talent, et le rendement de chaque travailleur, de la ramasseuse de chiffons la plus débutante au contremaître chargé des cuves, du moulin à brocarts et de la presse. Rien n'échappait à son attention impitoyable. Il entendait même le catéchisme des enfants de l'usine. Donner une instruction religieuse étant le premier devoir des parents, tous les pères et mères étaient censés emmener leurs enfants devant le maître le dimanche matin. Si les jeunes apprentis ne se présentaient pas d'eux-mêmes, on s'en remettait à la surveillanoe familiale.

On dînait chaque jour à midi. Le soir, Pierre allait se coucher après souper à sept heures précises. Après quoi, il ne devait pas être dérangé, quoi qu'il se produisît dans l'établissement. Tant qu'il était dans le salon, aucune conversation frivole n'était admise, moins encore tout ce qui frôlait le scepticisme ou la légèreté en matière de religion ou de monarchie. Après son départ, la famille se détendait, et passait souvent d'agréables soirées, avec parfois de la musique ou de la danse. Un arrière petit-fils, Marc Seguin, qui avait sept ans à la mort de son formidable ancêtre, se souvenait toujours de la façon dont « le regard qui s'échappait de son petit oeil gris, vif et ardent, inspirait à tout son entourage une crainte qu'il n'était au pouvoir d'aucun de surmonter. » Quand il atteignit les soixante-dix ans, Pierre délégua la direction effective de l'usine à Étienne, mais n'en conserva pas moins ses facultés et sa vigueur jusqu'à la fin, en 1793. À l'âge de quatre-vingt-neuf ans, il fut parrain d'un autre arrière petit-fils. Un membre de la congrégation fut impressionné de voir le vieil homme, parfaitement droit et sans aide, descendre avec le bébé dans ses bras les marches malaisées conduisant de la porte de l'église aux fonts baptismaux.

Les caractéristiques de la vie à Vidalon survivent, sous une forme atténuée, dans la famille Montgolfier à une époque plus récente. Hormis quelques amitiés généralement formées à l'école, les rapports entre les membres de la famille semblent avoir comblé leur besoin, ou leur désir, d'intimité ou de relations sociales. Ils ne nourrissaient aucune illusion quant aux qualités des uns et des autres, respectaient l'individualité de chacun, et ne cherchaient à leurrer ni eux-mêmes, ni les autres sur leur personnalité. Prenant chacun tel qu'il était, ils évitaient en fait le rigorisme du tempérament idéaliste ou romantique qui exige plus des gens qu'il n'est raisonnable ou réaliste d'en attendre. Le talent, le hasard, et le jugement des aînés (plutôt qu'un simple droit d'aînesse) donnaient plus de poids et d'influenoe à certains qu'à d'autres, mais la place légitime que chacun occupait dans le cercle de famille n'était nullement fonction de la réussite sociale. Les rangs ne firent rompus qu'une fois, au XVIIIème siècle, à cause de la déloyauté d'un petit-fils par alliance, Colonjon, dont il sera question plus tard.

Ce qui ne survécut pas à l'Ancien Régime fut l'autorité écrasante d'un pater familias comme Pierre Montgolfier. Nul doute que l'évolution culturelle et économique aurait porté atteinte à cette domination, même sans les limitations politiques imposées pendant la Révolution. Le processus avait d'ailleurs déjà commencé. Les graines en furent plantées dans les dispositions que lui-même et bien des pères de sa génération prirent pour la scolarité de leurs garçons. Pierre, en homme du XVIIIème siècle, envoya ses fils hors de chez eux pour recevoir une éducation soignée. L'expérience du monde, des sciences, des lettres - en un mot des lumières - estompa le modèle selon lequel il avait lui-même été façonné, son père Raymond l'ayant élevé et formé aux affaires à l'usine même. Comme on le verra, les enfants restèrent néanmoins étroitement unis, exerçant la responsabilité familiale de façon collégiale, en quelque sorte. Et certes, les frères et soeurs utilisaient la vieille expression « en petit comité » pour désigner le noyau qu'ils formaient pour soutenir Étienne et Joseph, lesquels consacraient toute leur attention et leur énergie à exploiter et accroître le succès des « montgolfières » qui donnèrent leur nom aux premiers aéronefs.


LES INVENTEURS ………………………………………..


Dans le noyau familial, Joseph et Étienne étaient de caractères diamétralement opposés. Ils avaient en commun le don de la mécanique et des sciences, mais c'était à peu près tout. Joseph était un rêveur non conformiste, le type même de l'inventeur, débordant d'imagination avec les objets et les procédés, mais dépourvu de sens pratique dans le commerce et les affaires. Large d'épaules, puissamment musclé, sa tenue vestimentaire et son apparenoe lui étaient indifférentes et les autres gens l'intimidaient. Il se dégageait de lui une sorte de bienveillanoe diffuse, même s'il ne prêtait guère attention aux autres individuellement. Biot, à l'époque napoléonienne, le surnomma « le La Fontaine de la physique » quand Joseph était devenu un personnage vénérable. Son étourderie était extraordinaire, même pour un créateur. Un jour, il quitta une auberge sans son cheval et une autre fois sans sa femme. (...)

Étienne, au contraire, avait de solides connaissances en mathématiques, mécanique et bien d'autres choses, sans oublier une forte discipline personnelle. Moins romantique que Joseph, peut-être était-il plus passionné, bien qu'il contînt cette passion. Car force est de reconnaître qu'il se mettait parfois en colère, non de manière froide et calculée, mais seulement quand il ne contrôlait plus sa fureur ou son mépris. Il pouvait alors paraître un peu mesquin. Mais le feu couvait sous la cendre. Cela explique peut-être pourquoi, hormis quelques rares intimes, on estimait Étienne pour son sérieux et ses aptitudes, alors que Joseph inspirait généralement l'affection en dépit de sa relative indifférence envers les besoins individuels des autres. Joseph reste reconnaissable sur tous ses portraits, paraissant simplement plus jeune ou plus âgé, plus ou moins lointain. Etienne a l'air différent d'un portrait à l'autre. Un des plus extraordinaires nous montre une silhouette d'elfe presque sans cheveux, qui pourrait être celle d'Ariel ou de quelque « enfant de sagesse » issu de l'imagination de William Blake. Sur tous les autres portraits, il est l'image même de la respectabilité, quelle que soit l'expression choisie pour masquer ses sentiments. (...)

En 1760, Pierre décida de trouver une occupation à la maison pour Joseph et son jeune frère, Augustin. A quatorze ans, Augustin avait à son tour filé à Paris chez son oncle Jacques. Il vivota comme écrivain public pour les marchands analphabètes des Halles. Puis il s'aventura jusqu'en Inde, où il acquit, puis perdit une fortune, et toujours à moins de vingt ans repartit tenter sa chance à Saint-Domingue. L'idée de Pierre était d'établir Augustin, dix-neuf ans, et Joseph, vingt ans, assagis par leur soeur aînée Marianne, à l'usine jumelle de Vidalon-le-Bas, où leur oncle Antoine, le jeune frère de Pierre, venait de faire faillite.

L'indépendance si près de la maison s'avéra irréalisable, et l'usine d'en bas fut bientôt rendue à la branche cadette. Augustin retourna aux Antilles, tandis que Joseph faisait quelque temps connaissance avec la vie de Paris, fréquentant le café Procope. A leur retour, les deux frères décidèrent de reprendre le seul métier qu'ils connaissaient vraiment. Il y avait des papeteries dans le Dauphiné ; Joseph et Augustin prirent un bail pour deux usines, l'une qui fut gérée par Augustin à Rives, l'autre, tout près, par Joseph à Voiron. Joseph était négligent et Augustin tyrannique avec les ouvriers. Aucune des jeux aventures ne connut de réussite commerciale, même si Rives, auquel le gouvernement s'intéressa, devint une usine pilote de la province sur le plan technologique. On sait peu de choses sur l'affaire de Joseph, sauf que Voiron ne poussait la fabrication du papier que jusqu'à la formation des feuilles. Joseph les envoyait à Vidalon pour être classées et vendues. Il vendait une partie du produit non fini. Dans la famille Montgolfier, le papier hygiénique est encore appelé « papier de Joseph ». On ignore les détails de sa vie, si ce n'est qu'elle fut errante. Il surgissait tantôt à Montpellier, tantôt à Avignon, tantôt à Lyon, et régulièrement à Annonay, surtout après son mariage en 1771.

Charles Couiston GILLISPIE les Frères Montgolfier et l'invention de l'aéronautique, I.


MAURICE-AUGUSTIN MONTGOLFIER, ……………………………………………………………………………….

papetier en Dauphiné

Le 24 septembre 1741 naît à Vidalon, commune de Davezieux, en Vivarais, Augustin-Maurice Montgolfier, treizième enfant de Pierre et d'Anne Duret. Sa grand-tante Mariane Montgolfier est sa marraine, Raymond, son frère, son parrain. Après de courtes études littéraires et l'initiation à la fabrication du papier dans les moulins paternels, un esprit d'indépendanoe le conduit à Paris où, pour gagner sa vie, il se fait écrivain public. Bientôt, il tente une aventure plus lointaine : il se fait prêter une somme d'argent pour acheter de la pacotille et le voilà commerçant à Chandernagor et Pondichéry, puis éleveur de bétail en Afrique du Sud. Après un court retour en Franoe, il décide de repartir outre-mer : il dirige une plantation de café à Saint-Domingue. Revenu à nouveau en France, il s'occupe du moulin à papier de Vidalon-le-Bas, acheté par son père en 1760. Mais il repart, cette fois à l'île de France, où il avait déjà envoyé un de ses frères, mais décidément la fortune n'est pas au rendez-vous et, sa santé affaiblie, il rentre définitivement en France. «Il était de caractère léger, plein de gentillesse avec ses frères et sa délicieuse figure plaisait aux femmes... »

DES PAPETIERS : VIVAROIS EN DAUPHINE

C'est alors que Maurice-Augustin prend en charge un moulin à Rives-sur-Fure près de Grenoble. Un acte de Maître Martel en date du 19 juin 1766 confirme que « Joseph Marchand donne à ferme un moulin à papier à Rives à Maurice-Augustin Montgolfier pour neuf ans qui commencent à la fête de SaintJean-Baptiste prochain, suivant le prix de 300 livres payables annuellement en deux parts égales à la Toussaint et à Pâques, payera aussi ledit Montgolfler quatre rames de papier, savoir deux à la cloche, deux au chassis, ledit papier de bonne qualité payable annuellement à la Toussaint de chaque année. »

Maurice-Augustin et son frère Joseph, aidés de leur autre frère Jean-Pierre, s'occupe de rénover et d'agrandir cette fabrique. Un acte du 4 juin 1769, toujours chez Maître Martel, dit que « Jean-Pierre Montgolfier, agissant tant pour lui que pour ses frères, marchands associés, passe une convention avec un tailleur de pierre pour une commande de 12 creux de piles en pierre du Fontanil polie comme du marbre et qu'il devra mettre en place dans la fabrique que les frères Montgolfier ont acquise à Voiron. » C'est Joseph qui s'occupe plus particulièrement de cette papeterie de Voiron, sur les bords de la Morge, à Paviot.

Avec leur technique, les frères Montgolfier ont fait venir également des ouvriers originaires de l'Ardèche : on voit Jean-Pierre signer comme témoin aux mariages d'ouvriers papetiers, l'un originaire de Davezieux, l'autre de Tence.


Augustin de Montgolfier, in Léon Rostaing, la Famille de Montgolfier Les contrats d'apprentissage nous montrent aussi souvent l'origine ardéchoise des ouvriers. Voici un exemple de contrat : « Par-devant le notaire de Rives soussigné, le 29 avril 1770, furent présents Barthélemy Chirocet, natif d'Annonay en Vivarais, fils à Pierre, menuisier en la ville d'Annonay, lequel pour continuer d'apprendre le métier de papetier qu'il avait commencé dans la maison du père du ci-après nommé qui l'a envoyé à son fils pour lui continuer la même bienveillance et pour pourvoir à la maîtrise, reconnaît cette mise en apprentissage pour une durée de quatre ans à commencer de ce jour au service des sieurs Jean-Pierre, Joseph et Maurice-Augustin Montgolfier, frères associés fabricants de papier résidant à Rives... Aux frères Montgolfier de le loger nourrir, coucher, enseigner et traiter humainement, ledit apprenti a promis de sa part d'apprendre de son mieux ; d'obéir à son maître en tout ce qu'il lui commandera de licite et honnête, de l'avertir s'il va travailler ailleurs... Les frères Montgolfier se chargent de payer audit apprenti les gages de la place d'ouvrier papetier qu'il occupera suivant les tarifs affichés dans la fabrique... »

UNE FAMILLE A RIVES –SUR -FURE

En 1771, Maurice-Augustin épouse Françoise Boissieu, originaire du Pont-de-Beauvoisin, qui, de santé fragile, meurt un an plus tard, et, en 1774, à 33 ans, il convole en secondes noces avec Rose Martel, 30 ans, originaire de Lyon. Ensemble, ils ont neuf enfants tous nés à Rives. Les registres paroissiaux nous énumèrent les naissances de Pierrette-Rose (Fanny) en 1775, Michel le 29 mai 1777, Marie-Pierrette dite Méranie en 1780, Rose en 1781, Rosalie en 1782, Auguste-Maurice-Alexandre-Cucuphat en 1783, Élie, né le 24 juillet 1784, ondoyé le 25 et baptisé le 24 août 1784, et enfin les jumelles Pauline et Jeanne-Adélaïde en 1785.


LES DIFFICULTES D’UNE ENTREPRISE


Les papiers des Montgolfier sont très appréciés pour leurs qualités et leur blancheur : papiers fins, surfins et vélins. Ils sont vendus un peu partout, à la foire de Beaucaire, en Suisse, en Savoie, aux îles d'Amérique, mais subissent des droits de douane et des taxes foraines pour le transport en bateau de plus en plus lourds, ce dont Maurice-Augustin se plaint à plusieurs reprises à l'intendant du Dauphiné. Mais ce sont surtout les exigences ouvrières qui rendent le travail difficile. Les ouvriers papetiers ont un travail long, pénible et peu payé même s'ils sont nourris et logés ; l'agitation ouvrière devient générale et chronique. Dès 1772, les Montgolfier demandent sans succès l'aide de l'intendant. En 1777, l'inspecteur Dubu se plaint de la turbulence des ouvriers papetiers qui « sont paresseux et buveurs, forment des coalitions, mettent en interdit les patrons qui leur deplaisent, imposent des amendes à leurs maîtres et à leurs propres collègues et exigent des chefs d'entreprises des mets de grand luxe aux grandes fêtes : coq d'Inde au 1er janvier, oreilles de cochons le mardi gras, jambon le jeudi gras, carpe le vendredi saint... »

Le conseil publie un arrêt le 26 janvier 1778 pour rétablir l'ordre ; les ouvriers répondent par des grèves, des injures, des voies de fait. Maurice-Augustin adresse le 16 mars 1781 une supplique à l'intendant de la provinoe du Dauphiné : « alors qu'il était à Genève pour ses affaires, son épouse étant à souper à la fabrique avec des invités des deux sexes et son beau-frère Joseph, deux ouvriers les insultent et, le lendemain, reviennent, exigeant 400 livres d'amende. » A son retour, Maurice-Augustin trouve tous ses artifices arrêtés. Trois ouvriers sont arrêtés mais l'agitation persiste, l'usine de Voiron est incendiée. Maurice-Augustin est ferme, il supprime « l'association » dans ses ateliers, il forme de petits ateliers pour favoriser l'intéressement. C'est en 1781 que l'agitation est à son comble. La modernisation des ateliers avec la mise en place des cylindres hollandais inquiète les ouvriers, les papiers de Maurice-Augustin sont tellement blancs qu'il est suspecté de supercherie...


DE NOUVELLES PAPETERIES ET UN BALLON


En 1780, M,aurice-Augustin achète et remet en état une papeterie à Leysse près de Chambéry ; l'Etat sarde n'est pas plus accommodant, voyant d'un mauvais oeil l'arrivée d'ouvriers étrangers qui étaient exempts de corvée ; on accuse Maurice-Augustin d'exporter les chiffons pour les transformer en Dauphiné. Il confie la fabrique de Leysse à son filleul Augustin Aussedat.

Dans la région, Maurice-Augustin et Joseph exploitent aussi des moulins à Chabeuil et à La Tivollière. En 1784, Maurice-Augustin aide son frère Joseph à préparer l'ascension du ballon le Flesselles, qui s'envole de Lyon.


VEUVAGE ET RETOUR EN BEAUJOLAIS


Mil sept cent quatre-vingt-cinq, extrait des registres paroissiaux de Rives :

« Le 16 octobre 1785, j'ai baptisé Jeane Adélaïde, née d'avant-hier, et Marie Pauline, née de ce jour,filles jumelles à noble Augustin de Montgolfier et à dame Rose Martel, mariés habitant cette paroisse ; le parrain de ladite Jeane Adélaïde a été Jean Pierre Deglesne, négociant d'Annonay, marraine dame Adélaïde Bron, épouse de noble Étienne de Montgolfier, aussi habitante d'Annonay. Le parrain de ladite Pauline a été messire Jacques Raymond Blachère, avocat à la cour, la marraine demoiselle Marie Élisabeth Martel, tous deux habitants de cette paroisse. »

« Le premier novembre 1785 fut inhumée dame Rose Martel, épouse de noble Augustin de Montgolfier, décédée le 30 du mois d'octobre, âgée d'environ 40 ans, après avoir reçu les sacrements de l'Eglise... »

Des jumelles, seule Marie-Pauline survit.

Maurice-Augustin est donc veuf à 44 ans avec une jeune et nombreuse famille à charge. Il vient d'acheter en Beaujolais, aux Ardillats, la papeterie du Roquet sur les bords de l'Ardières. Il revient dans cette région où ses ancêtres ont été papetiers de 1558 à 1715 sans interruption. Les impôts y sont moins lourds qu'en Dauphiné et il n'y a pas « d'association » d'ouvriers.

À Rives, les Montgolfier, très liés d'amitié avec les métallurgistes Blanchet, forment Claude Blanchet à la fabrication du papier. Maurice-Augustin le prend comme associé en 1786 et, en 1787, à la fin de son contrat de location, quitte définitivement Rives. Il vend sa maison et ses meubles à Claude Blanchet, qui achète la papeterie à M. Marchand. En 1788, Maurice-Augustin vend la fabrique de Leysse à Augustin Aussedat. Ces ventes lui permettent d'aménager la papeterie du Roquet, de la reconstruire après un incendie, de la moderniser. Malgré ses besoins d'argent, il ne demandera pas à son frère Joseph sa part de l'usine de Voiron qu'ils avaient achetée en commun.


LA SUCCESSION DE MAURICE -AUGUSTIN


Une pleurésie emporte Maurice-Augustin à 47 ans, le 27 septembre 1788 à Beaujeu. Il laisse huit orphelins dont l'aînée, Fanny, a 13 ans, Michel, l'aîné des garçons, 11 ans, et la huitième 3 ans.

Dans cette période troublée (hausse des salaires de 158 %, chute de l'assignat, réquisition d'ouvriers, mévente due au blocus, manque de chiffons), le grand-père Pierre (t 1793) apporte son aide pour le fonctionnement de la fabrique, bientôt secondé par l'oncle chanoine Maurice-Alexandre (t 1794). La tante Marguerite-Thérèse s'occupe des enfants.

Une partie de la famille, chassée par la Terreur, se réfugie aux Ardillats, où le chanoine avait édifié une chapelle qui reçut la bénédiction de l'évêque d'Autun, CharlesMaurice de Talleyrand-Périgord !

• Michel, dès 16 ans, s'occupe de l'usine (on trouve son filigrane en 1795 à Roquet). A 25 ans, il épouse Marie-Claudine Millanois, de La Salle. Ils ont sept enfants, dont l'aîné, Achille, l'aide avant de fonder près de Saint-Vallier (Drôme), sur les bords de la Galaure, la papeterie de Rochetaillée. • Méranie (Marie-Pierrette) épouse son cousin Jean-Baptiste, fils de Jean-Pierre. Leur huitième enfant, Vincent, reviendra en Dauphiné en 1848, créant à Charavine, toujours sur les bords de la Fure, la papeterie de Tour-Clermont. • Élie épouse sa petite-cousine Pauline Duret (petite-fille de Raymond). Il travaille à la papeterie de Voiron, que Joseph avait vendue à Augustin Blanchet, fils de Claude. Il construit ensuite avec son beau-frère la papeterie de Grosberty près d'Annonay, avant de se fixer à Fontenay.


Mémoires et sources

Élie a recueilli les souvenirs de sa tante Marie-Thérèse, et c'est par ses mémoires que nous avons des renseignements sur Augustin-Maurice, son père, notre ancêtre. D'autres renseignements nous sont apportés par le livre de Rostaing et par celui d'Anglade, dont notre cousin Gérald Faucher nous a déjà livré quelques bonnes feuilles (cf. la Gazette, n° 9). Pour notre part, nous avons consulté avec intérêt les archives départementales de l'lsère.

Michel JAILLARD Juin 2000 in la Gazette de l'île Barbe, n° 37 été 1999, pp. 7 à 16






PHILADELPHIE : BERCEAU D’UNE NATION ET DE LA CONQUETE DE L’ESPACE





Sur le lieu d’Independence Hall et, juste à coté, le square de l’independance à Philadelphie , eurent lieu des évènements majeurs tels que la naissance d’une nation et le début de la conquête de l’espace dans le nouveau monde.


En Septembre 1774, des délégués de 12 des colonies anglaises d’Amerique du Nord se réunirent au Carpenter’s Hall pour discuter des doléances qu’ils avaient envers le roi Georges III d’Angleterre . Puisque Philadelphie était la plus grande ville des colonies et qu’elle etait centralement située , elle fut choisie comme lieu de rassemblement pour les délégués . L’Angleterre ne tint aucun compte des récriminations provenant d’Amerique , et les representants de chacune des colonies se réunirent donc à nouveau à Philadelphie où leur discussions et leurs décisions les rappochèrent encore davantage de la constitution d’une nouvelle nation indépendante .


Deux évènements furent particulièrement importants pour la création des Etats Unis . Le 4 Juillet, le congrès réuni dans Independance Hall à Philadelphie, approuva une Déclaration de l’indépendance rédigée par Thomas Jefferson . C’est cette déclaration qui expliqua au monde les raisons pour lesquelles les colonies désiraient leur liberté. Elle contenait des affirmations audacieuses , á savoir ‘ que tous les hommes sont créés égaux ‘ et que chacun avait un droit indéniable à ‘ la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur ‘.

Après avoir rompu avec le gouvernement Anglais les leaders de la révolution Americaine se penchèrent sur la création d’un gouvernement à eux . Bien que la première constitution Americaine subsistât plus de 10 ans, en 1787 beaucoup pensaient que des changements s’avéraient nécessaires. De ce fait le second grand évenement de la création des Etats Unis eut également lieu dans Indépendance Hall . Le 17 Septembre 1787 des représentants de 12 Etats signèrent la nouvelle Constitution des Etats Unis .


De 1790 à 1800, Philadelphie servit de capitale provisoire pendant qu’on construisait Washington. Durant ces 10 années , Philadelphie fut témoin de nombreuses décisions qui constituerent des précédents. Pendant que le Congrès des Etats Unis siégait dans Congres Hall, trois nouveaux etats se joignirent à l’union . Un ‘Bill of Rights’ accordant la liberté de religion , d’expression et de la presse fut ajouté à la Constitution. Le congrès créa une organisation pour frapper la monnaie des Etats Unis . Benjamin Franklin fit de la petite bourgade de Philadelphie , la ville la plus avançée d’ Amerique du point de vue Social . Pavage et eclairage des rues , premier hopital sont dus à cet homme. Il signa la declaration d’independance Americaine et contribua à la redaction de la Constitution des Etats Unis. Cet homme avait de nombreux liens avec Philadelphie et avec notre famille comme nous le verrons plus tard.


Un autre évenement majeur s’est déroulé à deux pas d’Independance Hall, c’est le premier vol humain dans le nouveau monde, le 9 janvier 1793 par Jean Pierre Blanchard, l’aeronaute inspiré par la prodigieuse invention des Montgolfier . Evenement Présidé par Georges Washington, 10 années après que Benjamin Franklin assista au tout premier vol humain de l’histoire de l’humanité le 21 Novembre 1783 en Françe.



C’est de ce même nouveau Monde que le deuxieme rève de l’humanité, après avoir réalisé le vol d’icare , fut accompli . Neil Amstrong sur Apollo 11, en juillet 1969 qui est le premier homme à se poser sur le sol de la Lune, en compagnie d'Edwin Aldrin, déclare en faisant ses premiers pas sur la lune : " Un petit pas pour un homme, un grand pas pour l'humanité. "


A travers le theme de l’independance Americaine et du premier vol dans l’espace par Jean pierre Blanchard digne utilisateur de l’invention des frères Montgolfier , nous evoquerons ce lieu magique qui comprend Independance Square et independance Hall à Philadelphie et non loin de là ou est enterré Benjamin Franklin, savant , inventeur et diplomate qui eut de denses relations avec notre famille . Nous mesurerons à travers la progression du reçit que ce lieu est vraiment le cœur de l’Amerique et des Americains . Conquete de l’independance avec respect de l’egalite pour tous, de la liberté d’opinion et debut de la conquete de l’espace dans le nouveau monde.




LA GUERRE D’INDEPENDANCE AMERICAINE



Source : Independance Americaine et George Washington Edition hachette


Nous évoquerons les aspects de cette guerre et particulierement 3 personnages qui ont contribué à leur manière à la naissance de la nation Americaine.


Washington grande figure de la révolution Americaine , La Fayette un des plus ardents défenseurs Français de la cause et Benjamin Franklin dont le destin a croisé notre famille Montgolfier et qui a œuvré de maniere déterminante pour poser les bases de cette nouvelle nation.



La «guerre de l'Indépendance américaine» désigne la guerre qui a opposé les treize colonies britanniques d'Amérique du Nord à leur métropole, dans le dernier quart du XVII e siècle; provoquée par la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776, la rupture aboutit à la formation des Etats-Unis d'Amérique et à leur reconnaissance par la Grande-Bretagne, amenée à signer le traité de Versailles, le 3 septembre 1783.



Les colonies anglaises d'Amérique


A l'origine, la première entreprise anglaise en Amérique du Nord fut celle de Walter Raleigh, en Virginie (1585-1589); elle n'eut pas de résultat immédiat, et la mise en valeur de ce pays ne commença vraiment qu'à partir de 1607. Par la suite, douze autres colonies furent fondées, peuplées pour la plupart d'émigrants ayant quitté la métropole pour des raisons religieuses.


En 1763, les colonies s'échelonnent le long de l'océan Atlantique, couvrant tout le territoire compris entre la côte et les Appalaches. On distingue:


Au nord, la Nouvelle-Angleterre, formée du Massachusetts, du Connecticut, du Rhode Island et du New Hampshire. Les conditions climatiques et les paysages rappellent l'Europe. De tradition puritaine, la population s'adonne à l'agriculture et à la pêche. Très actif, le commerce anime Boston, qui compte 20'000 habitants;

Au centre, New York, New Jersey, Delaware, Pennsylvanie. Une population mêlée (Britanniques, mais aussi Suédois, Allemands et Hollandais) est à l'origine de l'essor du port de New York (16'000 habitants) et de la cosmopolite Philadelphie, la ville la plus importante avec 25'000 habitants;

Au sud, Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Géorgie. Le climat, de nuance tropicale, favorise l'extension des plantations de tabac, de coton et de riz, cultivées par des esclaves noirs africains et appartenant à une aristocratie de planteurs.

Quant à l'organisation politique, chaque colonie est administrée par un gouverneur nommé par le roi d'Angleterre, à l'exception de la Pennsylvanie, du Connecticut, du Rhode Island et du Maryland; les colonies élisent des assemblées locales et se considèrent, dans une certaine mesure, comme autonomes.

La vie intellectuelle est intense, voire brillante, à en juger par le nombre des sociétés philosophiques, des loges maçonniques et des fondations universitaires: Harvard (1636); Yale (1716); Princeton (1746), entre autres. Benjamin Franklin fut le type même de l'Américain cultivé.


Les origines du conflit



Par le traité de Paris de 1763, qui met fin à la guerre de sept Ans, la Grande-Bretagne s'est fait céder par la France tout le Canada, la vallée de l'Ohio et la Louisiane à l'est du Mississippi; ce règlement avantage en principe les colons américains, qui ne rencontrent désormais plus d'obstacle dans leur poussée vers l'Ouest. En fait, George III, souverain de Grande-Bretagne depuis 1760, entend réserver à la Couronne l'acquisition de ces nouveaux territoires et, en outre, comme le conflit a coûté cher à la Grande-Bretagne, son gouvernement redouble de sévérité dans l'application d'une législation fiscale votée à son profit par le Parlement et qui, frappant les colons, tend à leur faire payer une partie des frais de la guerre. C'est là une pratique tout à fait inusitée, les assemblées locales dans les colonies se chargeant traditionnellement de voter l'impôt.


A cette prétention les colons opposent, conformément au principe constitutionnel anglais, leur droit de ne payer que les taxes consenties par leurs propres représentants et donc de rejeter celles que veut leur imposer un Parlement où ne siègent pas leurs députés. No taxation without representation, c'est-à-dire «Pas d'impôt sans représentation élue», devient rapidement leur mot d'ordre. Le désaccord initial, qui ne comporte pas d'intention de rupture, repose tout à la fois sur une question d’intérêts et de principes.



Les premiers incidents


Le conflit prend d'abord une tournure juridique lorsque la Grande-Bretagne décide, en 1765, de créer un impôt du timbre qui frappe toute espèce de publication ou de document à caractère juridique ou commercial. Devant le refus des colons de l'acquitter, elle décide de l'abolir en 1766. Mais elle revient à la charge l'année suivante avec de nouvelles taxes, notamment sur le thé. En même temps, elle renforce ses troupes en garnison dans les colonies. La tension devient telle qu'elle dégénère en incidents, dont le plus violent oppose soldats britanniques et colons dans les rues de Boston, faisant, le 5 mars 1770, cinq morts parmi ces derniers.

Après une accalmie de trois ans, le conflit reprend brusquement lorsque le gouvernement britannique décide, pour sauver la Compagnie des Indes orientales de la banqueroute, de détaxer le thé qu'elle vend. Devant cette concurrence déloyale, cinquante patriotes déguisés en Indiens occupent, le 16 décembre 1773, un navire de la Compagnie, amarré dans le port de Boston, et jettent par-dessus bord les ballots de thé qu'il transporte. La «partie de thé de Boston» - Boston tea party - provoque une très vive réaction du gouvernement de Londres, qui renforçe son dispositif militaire au Massachusetts, où les colons commencent de lever des milices et font appel aux autres colonies.


La Déclaration des droits


Dès que ces dernières ont connaissance des événements, elles décident d'envoyer leurs représentants - 51 au total - à un premier congrès continental, qui s'ouvre à Philadelphie, le 5 septembre 1774. Dans la fièvre et le tumulte, et sous la pression des éléments radicaux décidés à prendre des mesures extrêmes, les membres du congrès rédigent une Déclaration des droits dirigée beaucoup plus contre le Parlement britannique, dont les congressistes ne reconnaissent pas la compétence - puisqu'ils n'y sont pas représentés - que contre le roi, à l'égard duquel subsiste un certain loyalisme. Cette Déclaration affirme, avec force, le droit des colonies de légiférer en toute matière les concernant.

Cette intransigeance, à laquelle répond l'entêtement anglais, va conduire rapidement à la guerre, qui débute pratiquement le 19 avril 1775, lorsque les miliciens du Massachusetts - les minutemen - attaquent, à Lexington, une colonne britannique à la recherche de dépôts d'armes.



La Déclaration d'indépendance



Les combats s'étendent bientôt à la région de Boston, que les patriotes - ou Insurgents - parviennent à bloquer et que les Britanniques doivent évacuer, le 17 mars 1776, sous la pression de la milice commune aux treize colonies. Formée un an plus tôt, par décision d'un deuxième congrès continental réuni à Philadelphie, cette milice avait été placée sous le commandement de George Washington. Tout espoir de conciliation avec la Grande-Bretagne semble s'éloigner un peu plus chaque jour et, malgré l'existence d'une minorité loyaliste à l'égard de la métropole et de George III, l'idée d'indépendance fait son chemin.

Le pas décisif est franchi le 4 juillet 1776, lorsque le congrès, au cours de sa troisième session à Philadelphie, adopte la célèbre Déclaration d'indépendance, qui peut être considérée comme l'acte constitutif des Etats-Unis. Texte de circonstance à bien des égards - mais promis à un succès durable par l'affirmation d'un certain nombre d'idées neuves - ce document consacre la rupture définitive avec la Grande-Bretagne.


La guerre


La guerre de l'Indépendance américaine n'a jamais mis en jeu d'importants effectifs. En raison de l'éloignement du théâtre des opérations, la Grande-Bretagne s'est trouvée dans l'impossibilité d'aligner plus de 40'000 hommes en même temps, parmi lesquels un fort contingent de mercenaires originaires de Hesse, expérimentés certes, mais brutaux, ce qui ne manque pas de provoquer l'exaspération des Insurgents, qui trouvent là un motif supplémentaire de résister. Quant à ces derniers, la crise de leurs effectifs tient à d'autres raisons: partagés entre leur devoir militaire et leurs occupations quotidiennes, peu enclins à se laisser embrigader, hostiles enfin à l'idée même d'une armée permanente, les soldats de Washington n'ont jamais été plus de 20'000 et leur nombre s'est même parfois réduit jusqu'à 3'000 hommes en état de combattre.


Du moins ont-ils pallié leur insuffisance numérique par leur enthousiasme patriotique et par leur meilleure connaissance du pays, ce qui leur permit de pratiquer de véritables actions de guérilla contre les troupes britanniques, surtout rompues à la tactique et à la stratégie des conflits européens et commandées par des officiers médiocres, incapables de s'adapter à ces nouvelles méthodes de combat. Non que le commandement américain fût réellement supérieur - aucun chef d'envergure, à l'exception de Washington, n'est sorti des rangs des Insurgents - mais la cause de l'indépendance suscite un tel engouement que de nombreux volontaires accourent de l'étranger et se mettent au service des colons révoltés:La Fayette, Pulaski, Kosciuszko, Miranda et von Steuben comptent parmi les plus célèbres.


Les années 1776 et 1777 sont difficiles pour les Américains, commandés par George Washington: incapables d'empêcher Howe de s'emparer de New York, ils prennent leur revanche à Trenton, le 25 décembre 1776, et à Princeton, quelques jours plus tard; mais les Britanniques reprennent bientôt l'avantage et s'emparent de Philadelphie le 26 septembre 1777. En fait, en faisant porter son effort sur la capitale du congrès, Howe laisse son collègue Burgoyne, qui vient du Canada à la tête d'une colonne de 8000 hommes, dangereusement isolé dans la région de l'Hudson. Saisissant l'occasion, les Insurgents l'encerclent et l'obligent à capituler à Saratoga, le 17 octobre 1777. Succès décisif qui, en décourageant les derniers loyalistes, fait basculer la quasi-totalité des Américains dans la révolte, d'une part, et qui leur vaut l'alliance de la France, d'autre part.


L'aide française


En effet, le gouvernement français suit avec intérêt et sympathie les efforts des Insurgents et il voit bientôt dans le conflit l'occasion de prendre sur la Grande-Bretagne la revanche du désastre qu'elle lui avait infligé en 1763. Commencée par des livraisons d'armes, l'intervention française prend une forme directe après la signature du traité de Paris, le 6 février 1778; résultat des efforts conjugués de Vergennes et de Franklin, l'accord conclu entre la France et les Etats-Unis consistait en un traité de commerce et d'amitié, rendu public, et en un traité d'alliance militaire, qui devait rester secret jusqu'à la rupture entre la France et la Grande-Bretagne. Outre l'aide navale et militaire, les Insurgents sont assurés de recevoir les fonds nécessaires à leur effort de guerre.

Quelques mois plus tard, en juin 1778, les Britanniques sont contraints d'évacuer Philadelphie et, convaincus qu'ils ne parviendront pas à tenir le nord et le centre des Etats-Unis, décident de porter la guerre dans les Etats du Sud et y remportent d'indiscutables succès. Le cours des événements s'infléchit lorsque 5500 Français, commandés par Rochambeau, eurent débarqué à Rhode Island en juillet 1780. Intervenant à leur tour dans le Sud, les armées de Washington et de Rochambeau, appuyées par l'escadre de l'amiral de Grasse, bloquent dans le port de Yorktown, en Virginie, le général britannique Cornwallis et 7000 hommes, et les contraignent à la capitulation, le 19 octobre 1781.


LA FAYETTE PARTICIPE A L’INDEPENDENCE


Homme politique et général français. Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier , marquis de La Fayette. Il eut une carrière longue et mouvementée. Cependant malgré le rôle qu'il joua dans les révolutions de 1789 et de 1830, il est surtout demeuré, pour la postérité, le héros de l’independance Americaine.Le jeune homme se passionne pour les idées des philosophes; aussi adhérera-t-il sans réserve aux principes de la Déclaration d'indépendance américaine du 4 juillet 1776. Lorsque Benjamin Franklin vient à Paris cette année-là pour chercher une aide économique et militaire, La Fayette fait armer un bateau et, en dépit de l'opposition royale, s'embarque pour Philadelphie (1777).

Il s'engage comme volontaire, c'est-à-dire sans solde, et sait gagner la confiance des membres du Congrès qui ratifient sa nomination au grade de major général. Blessé à la bataille de Brandywine (septembre 1777), La Fayette se voit attribuer le commandement d'une division. Son immense popularité en France contribue beaucoup à la conclusion du traité franco-américain du 6 février 1778. De retour dans son pays l'année suivante, il reçoit un accueil triomphal et obtient de Louis XVI l'envoi d'un corps expéditionnaire aux Etats-Unis (1780). Lorsqu'il regagne l'Amérique, La Fayette est placé par George Washington à la tête des troupes de Virginie. Avec les troupes de Rochambeau et la flotte du comte de Grasse, il oblige la principale armée anglaise à capituler à Yorktown (octobre 1781). La Fayette après son retour en Françe (1782) soumet un projet de Déclaration européenne des droits de l'homme et du citoyen proche du modèle américain et dont la version définitive (adoptée en août 1789) s'inspirera beaucoup.


GEORGES WASHINGTON


Général et homme d'Etat américain. George Washington fut l'artisan de l'indépendance et le premier président des Etats-Unis, et il reste la figure la plus prestigieuse de l'histoire de l'Union. Sa brillante carrière militaire le désigna pour être placé à la tête de l'Etat à la naissance duquel il avait si magistralement contribué; cependant, ses présidences furent marquées par des rivalités de doctrines et de personnes qui ternirent sa gloire de héros de la guerre d'indépendance.



Le héros de l'indépendance



Fils d'un planteur aisé de Virginie, Washington se trouva orphelin à onze ans, et dut gagner sa vie dès l'âge de seize ans; il fut nommé en 1749 intendant du comté de Culpeper, en Virginie. En juillet 1752, son demi-frère Lawrence mourut après lui avoir légué la propriété familiale de Mount Vernon, sur les bords du Potomac. Washington participa comme officier britannique à dès ses débuts, en remportant dans la vallée de l'Ohio sa première victoire, le 28 mai 1754, sur les troupes françaises. Promu lieutenant-colonel, adjoint du général Braddock, il s'illustra notamment par la prise de Fort Duquesne, le 25 novembre 1758; à la fin des hostilités, il était l'officier sans doute le plus populaire parmi ses troupes. Washington quitta alors l'armée tout en restant membre de la milice de Virginie; ses préoccupations sociales l'amenèrent à s'inquiéter du sort des hommes de la milice coloniale qui avaient combattu durant la guerre de Sept Ans, et il demanda pour eux l'attribution de terres.

En 1759, il épousa une riche et jeune veuve, Martha Custis, ce qui lui permit de devenir l'un des planteurs les plus aisés de Virginie, et il se consacra dès lors essentiellement à l'exploitation de ses cultures de tabac - pour lesquelles il utilisait des esclaves bien qu'il se déclarât pour l'abolition de la traite.

Comme la plupart des planteurs, il s'éleva bientôt contre la politique coloniale de la Grande-Bretagne. Il prit part aux deux congrès continentaux de Philadelphie (1774-1775), se rallia au mouvement favorable à l'indépendance, et se vit attribuer par le second congrès, en raison de son expérience militaire, le commandement de l'armée chargée de combattre les forces britanniques (1775). Washington, bientôt conscient des immenses difficultés qui l'attendaient du fait de l'inexpérience de ses troupes et du manque d'équipements, choisit d'abord une tactique prudente. La lutte allait se poursuivre durant six ans, jusqu'à la capitulation du général britannique Cornwallis à Yorktown, en 1781.


Le président des Etats-Unis


Après la reconnaissance de l'indépendance américaine par le traité de Paris, Washington présenta au Congrès, le 23 décembre 1783, sa démission du poste de commandant en chef, et se retira dans sa propriété de Mount Vernon. Il continua cependant à se préoccuper des questions de politique, et notamment du développement du pays, et son prestige restait immense.

Aussi dut-il accepter de présider la Convention de Philadelphie en juillet 1787, au cours de laquelle fut élaborée la Constitution fédérale. Elu président de la jeune république en mars 1789, réélu en novembre 1792, il respecta scrupuleusement les textes constitutionnels et n'empiéta jamais sur les pouvoirs du Congrès. Il dut faire face, durant ce premier mandat, à l'opposition entre Jefferson, secrétaire d'Etat, et Hamilton, le secrétaire au Trésor; Washington appuya, dans l'ensemble, les thèses de Hamilton, qui était favorable à un pouvoir fédéral fort.

C'est du fait de la persistance du conflit entre ses deux ministres que Washington choisit de se représenter à la présidence, afin d'éviter un éclatement politique. Durant son second mandat, il s'aliéna une partie de l'opinion publique en proclamant, le 5 juin 1793, la neutralité des Etats-Unis dans le conflit européen, et en refusant d'aider la France révolutionnaire, dont l'orientation vers la Terreur l'inquiétait.

Washington refusa un troisième mandat et se retira en septembre 1796, en laissant à ses concitoyens un message d'adieu où il prônait l'union à l'intérieur et la méfiance à l'égard des partis et des intrigues politiques, ainsi que la non-ingérence dans les querelles européennes; son discours portait ainsi en germe la doctrine Monroe qui allait dominer la politique extérieure des Etats-Unis durant plus d'un siècle. Washington mourut le 14 décembre 1799, après avoir recommandé à sa femme d'affranchir ses esclaves.


BENJAMIN FRANKLIN


Stephen Kaufman Rédacteur du « Washington File » 6 janvier 2006 Né pauvre dans un milieu social modeste, le dixième fils d'un fabricant de chandelles et de savons de Boston devint l'un des hommes les plus fascinants du XVIIIe siècle et influença la recherche scientifique, l'enseignement, la pensée politique et le journalisme tout en jouant un rôle essentiel dans la lutte en faveur de l'indépendance des colonies américaines de l'Angleterre.

Benjamin Franklin, dont on célèbrera le tricentenaire le 17 janvier, peut être considéré comme le premier Américain célèbre à l'étranger, dont la renommée dans les domaines scientifique et journalistique le précéda dans les capitales de l'Angleterre et de la France, où il défendit les droits de son nouveau pays.

En 1776, à l'âge de soixante-dix ans, il arriva à Paris, revêtu d'un sobre costume de velours brun et d'un bonnet de fourrure, incarnant l'idéal de l'homme simple mais digne du Nouveau Monde et se distinguant ainsi des aristocrates de la cour royale française. Une compilation de ses écrits dans l'Almanach du pauvre Richard préconisant le bon sens, la frugalité et l'honnêteté avait été traduite en français, et il semblait personnifier aussi bien l'homme simple éclairé de Voltaire que le « bon sauvage » de Rousseau.

Sa mission était d'obtenir le soutien financier et militaire de la France contre l'Angleterre. Elle en fit la coqueluche de la société parisienne. Son portrait apparut sur des médaillons, des bagues, des montres et des tabatières, et les Françaises de la haute société adoptèrent « la coiffure à la Franklin » pour imiter son bonnet de fourrure. Le premier diplomate de l'Amérique devint ainsi sa première célébrité.

L'alliance qu'il réussit à établir entre la France et les colonies américaines aboutit à leur accession à l'indépendance, mais elle exigea une diplomatie habile et des intrigues astucieuses, notamment le recours à des espions, tâche que Benjamin Franklin exécuta presque à lui seul. En sa qualité de représentant d'un petit groupe de colonies, il eut affaire à l'une des grandes puissances mondiales du XVIIIe siècle. Il dut convaincre la France qu'elle avait intérêt à accorder son aide militaire et à conclure une alliance, qui revenait à une déclaration de guerre contre l'Angleterre, en lui faisant valoir la certitude d'une victoire et de futurs avantages commerciaux.

Dans sa récente critique d'un documentaire télévisé sur Benjamin Franklin, le site Internet « Underground Online » connu de nombreux jeunes américains déclare que l'homme trapu et chauve dont le portrait figure sur le billet de cent dollars n'est pas seulement celui qu'il est possible de voir si on est l'heureux possesseur d'un tel billet. « C'est l'homme qui créa la première bibliothèque publique, la première université non confessionnelle et le premier journal national de l'Amérique. Il inventa aussi bien des instruments de musique que les lunettes à double foyer et le poêle en fonte, décrit le « Gulf Stream » et fit la plus grande découverte scientifique du XVIIIe siècle en étudiant l'électricité. »

Ses bons mots et les maximes de son Almanach du pauvre Richard sont passés dans la langue anglaise moderne. Tout athlète connaît l'expression « no pain, no gain » (on n'obtient rien sans mal) et tout homme d'affaires la phrase « haste makes waste » (vite fait, mal fait). Par ailleurs, tout le monde peut un jour ou l'autre dire comme lui : « Rien en ce monde n'est certain, sauf la mort et les impôts ».

Pour sa part, un de ses biographes, Carl Van Doren, a écrit au sujet de sa vaste sphère d'influence : « A toute époque et en tout lieu, Franklin aurait été un grand homme (...) Même son génie ne pouvait le spécialiser. »

Le savant à l'esprit civique

Dans son numéro d'octobre 2003, la revue « Physics Today » déclare que Benjamin Franklin constitue « le modèle du savant (...) qui se sert de ses connaissances scientifiques pour influencer la politique et pour informer le public ».

L'image célèbre de l'homme dont le cerf-volant est touché par la foudre illustre ce qui est peut-être sa plus grande contribution à la science. Les expériences qu'il fit en 1752 et le livre « Expériences et observations sur l'électricité » qu'il publia par la suite confirmèrent que la foudre constituait un phénomène électrique. Il répandit ainsi dans le monde scientifique l'idée que l'électricité pouvait être un domaine d'étude important, ce qui a conduit aux nombreuses applications actuelles de sa découverte.

Pour cela et pour d'autres découvertes scientifiques, Benjamin Franklin devint célèbre parmi les savants européens. Il fut élu membre de la « Royal Society of London », qui lui décerna en 1753 la médaille Copley, distinction que l'on peut considérer de nos jours comme l'équivalent du prix Nobel. En 1772, l'Académie royale des sciences de Paris l'accepta en son sein en qualité d'associé, ce qui était un honneur exceptionnel parce que, selon ses statuts, elle ne pouvait avoir que huit membres étrangers.

Le père fondateur et le philanthrope

Benjamin Franklin est aussi le seul Américain à avoir joué un rôle dans la rédaction des quatre documents les plus importants de l'histoire américaine : la Déclaration d'indépendance en 1776, le traité d'alliance avec la France en 1778, le traité de Paris qui a mis fin aux hostilités avec l'Angleterre en 1783 et la Constitution des Etats-Unis dont la ratification remonte à 1789.

Par ailleurs, il fut un fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage des Noirs et de leur intégration dans le nouveau pays. A sa mort le 17 avril 1790 à Philadelphie, il laissa un testament prévoyant la création, à l'intention des villes de Boston et de Philadelphie, de deux fonds fiduciaires d'une durée de deux cents ans, qui permirent à ces villes de financer divers programmes d'habitation. En 1990, Philadelphie consacra les deux millions de dollars restants à l'octroi de bourses à des élèves d'établissements d'enseignement secondaire, tandis que Boston utilisa ses cinq millions de dollars restants pour créer l'Institut Franklin de Boston.


.Benjamin Franklin et les Montgolfier .


- Au canada avec le seigneur de Montreal Superieur des Sulpiciens confronté à la révolution Americaine :

En fevrier 1776, le congres Americain envoie une delegation composée de Benjamin Franklin, Samuel Chase, Charles Carroll, et le jesuite John Caroll pour tenter de rallier les Canadiens à la cause des insurgeants. Le reve du congres etant de faire du Canada sa 14eme province. Etienne Montgolfier Superieur de St sulpice, Oncle des inventeurs et seigneur de Montreal refusa de voir les membres de cette delegation. De retour à Philadelphie , le verdict de Franklin sur le Canada est sans appel . ‘ Ça nous couterait surement moins cher de l’acheter que de le conquerir ! Ou le convaincre. ’


- Dans la papeterie avec la fabrication du Velin :

Dans les années 1750, l’imprimeur anglais John Baskerville 1775, aidé par le papetier Whatman, se jure de trouver une solution à la plaie des imprimeurs. Ils remplacent dans la forme les vergeures cylindriques composant le tamis par une toile métallique finement tissée. Le grain du papier est si fin qu’on le compare au célèbre parchemin. C’est en 1757, pour l’impression de Virgile, que John Baskerville utilise le premier vélin. En tournée en Europe, l’imprimeur Benjamin Franklin, est enthousiasmé par le produit miracle et en diffuse de nombreux échantillons en France. Imprimeurs et papetiers se lancent alors des défis pour reproduire la merveille. Le «tournoi des Chevaliers de la forme plate » est ouvert. Didot, Réveillon, Pierres, Moutard, Mathieu Johannot et Étienne Montgolfier relèvent le défi et se disputent la paternité de la redécouverte... Entre 1777 et 1783 le papier vélin est fabriqué en France par Pierre Montgolfier père des inventeurs et son fils Etienne Montgolfier.


- Le premier vol humain 1783

Le 21 novembre 1783, Franklin assiste au premier vol en montgolfière de Pilâtre de Rosier -. Quelqu'un demande : "A quoi peuvent servir les ballons ? - A quoi peut servir l'enfant qui vient de naître ?..." riposte le savant. Il signe à Passy la certification officielle de l’ascension quand les Montgolfiers inventeurs l’ ont invité à Passy la soirée suivante. Franklin etait enthousiasmé par l’experience. Tout comme les frères Montgolfier, Franklin faisait partie de l’Academie des Sciences . 10 ans s’ecoulent et en 1793 premier vol humain dans le nouveau monde avec une Montgolfiere , prélude à la conquète de l’espace.



PHILADELPHIE BERCEAU DE LA CONQUETE DE L’ESPACE



Le président Georges Washington a observé le premier voyage aérien réalisé par Jean Pierre Blanchard l’aéronaute Français dans le nouveau monde .


Dans la romance du vieux Philadelphie par John T. Paris publié par J.P. Lippincott en 1918, il est précisé : « La cour de la prison fut le théatre d’un des spectacles les plus incroyable de la période durant laquelle Washington résidait à Philadelphie ….. . Washington et toutes les personnalités de la ville étaient intéressées, la plupart d’entre elles, ayant contribué, á la dépense des préparatifs du ballon . »


La grande foule s’est réunie á l’extérieur des murs de la prison de Walnut Street qui borde ce qui est devenu Le Square de l’indépendance á Philadelphie . C’etait le 9 Janvier 1793 á l’aube .


Le but était de lancer un ballon qui deviendrait avec le succès de l’envol, le premier voyage àérien dans l’histoire des nouveaux etats d’Amerique et du nouveau monde.


Jean Pierre Blanchard l’aéronaute avait annonçé dans le ‘ Dunlop’s American Daily Advertiser ’ depuis plusieurs semaines, qu’il ferait une ascension avec un ballon rempli de gaz Hydrogène, ce jour à 10 heures du matin avec la précision ‘ Si le temps le permet ’.


Il avait vendu des billets à 5 Dollars pour aider au financement de l’opération .

L’excitation qu’il a produite etait si grande que la quasi totalité de la capitale était présente . De plus un grand nombre de visiteurs de la campagne environnante, était également présent .


Blanchard avait un esprit inventif. Il construisit un vélocipede , un systeme de pompe hydraulique. Intrigué par le vol des oiseaux, il fut impressionné par le fait que les frères De Montgolfier avaient prouvé le 5 Juin 1783 que le vol en Ballon était possible .


Il construisit son premier ballon en 1784 après le succès des Montgolfier et fit des ascensions en Autriche, Pologne, Hollande.


L’aéronaute expliqua dans le journal de sa 45 Eme ascension qu’il est venu au nouveau monde ‘ Parce que l’hemisphère Occidentale, jusqu’ici, avait seulement entendu parler du brillant triomphe de l’aérostation, et le peuple qui l’habite m’est apparu digne d’apprécier le spectacle sublime qu’il offre . ’ Il a ajouté ‘ l’ardeur que j’ai pensé découvrir dans le public de voir la sublime découverte de Montgolfier réduite à la pratique ; tout a semblé me dire que je pourrais avec confiance montrer le mécanisme d’un aérostat pour l’élever au dessus des nuages et convaincre le nouveau monde que l’ingéniosité de l’homme n’est pas confiée seulement à la terre, mais que s’ouvre à lui de nouvelles routes dans la vaste étendue du ciel …’


La cour de la prison avait été choisie par Blanchard pour son point de décollage pour plusieurs raisons . C.etait une protection contre les vandales , contre les vents d’hiver pendant le processus de gonflage et pour obtenir de l’argent pour faire face au fardeau de ses dépenses .

Il y eut un vent d’excitation à 9h50 quand le président Washington dans un roulement de Chariot est arrivé. Quand il mit pied à terre , la foule fit le silence respectueusement . 15 Canons grondèrent pour le saluer . A l’interieur de la cour , Blanchard était prêt.

Quand le président s’est approché , suivi de l’ambassadeur Français et d’autres dignitaires, Blanchard enleva son chapeau à plumes , s’inclina brièvement et echangea des plaisanteries avec ses invités distingués .

Blanchard écrit dans son journal . ‘ A 10h09 j’ai apposé à l’aérostat ma voiture chargée avec le Ballast , les instruments météorologiques et quelques rafraichissements que des amis anxieux m’avaient fourni.


Je me suis empressé de prendre le congé du Président et de monsieur Ternant, Ministre Plenipotentiaire de la Françe aux Etats Unis ’


Quand Blanchard se mit dans le panier en osier , le President lui a serré la main , lui souhaitant bon voyage et lui remit une lettre ‘Passeport ’. recommandant à ‘tous les citoyens des Etats Unis et autres qu’ils ne fassent aucunne difficulté à ledit Blanchard et l’aident dans ses efforts d ‘avancer un art et de le rendre utile à l’humanité en général .’


Blanchard a remerçié le president et pendant que la Batterie d’ Artillerie mettait le feu à une salve finale , il a jeté un Ballast .

Ses aides Peter Legaux et Dr Nassy laisserent aller les cordes retenantes . Le ballon se souleva doucement vers le ciel sous les exclamations de la foule bouche bèe .


‘ Ma montée etait perpendiculaire et si facile ’ a t’il dit que j’ai eu le temps d’apprecier les impressions qui ont agité tant de personnes sensibles et interessantes qui ont entouré la scène de mon départ et pour les saluer avec mon drapeau qui a été ornementé d’un coté avec l’Armoric des Etats Unis et de l’autre les trois couleurs si chères à la nation française.

J’ai tourné mes yeux vers l’immense nombre de personnes qui ont couvert les endroits ouverts, les toits des maisons, les rues et les routes que je survolais dans l’espace libre d’air. Quelle Vue ! ’.


Le general John Steel controleur du trésor des Etats Unis a été étonné de ce qu’il a vu . Dans une lettre à un ami , il écrit ‘ Voyant l’homme , faire onduler un drapeau à une prodigieuse hauteur du sol, c’etait la vue la plus incroyable que je n’ai jamais observé et bien que je ne le connaissais pas , je ne pouvais m’empecher de trembler pour sa sécurité ! ’


Blanchard fit plusieurs expériences scientifiques pendant le vol.


Le ballon flotta majestueusement au dessus du Delaware et finit sa course près de Gloucester au New Jersey . Le vol dura 46 Minutes et la distance parcourue fut de 15 miles.

Un paysan fut effrayé par le ballon et voulut fuir . Blanchard lui tendit une bouteille de vin et lui parla de Washington.

Un deuxième fermier arriva sur les lieux avec un vieux pistolet . En voyant le globe énorme de coté, il laissa tomber son pistolet et leva ses mains vers le ciel en prière . Le premier fermier expliqua au second la situation et comme le deuxième fermier pouvait lire, il reconnut que Washington était nommé dans une lettre .

D’autres personnes sont apparues et ont aidé Blanchard à replier son ballon et à regagner Philadelphie . Jonathan Penrose , Robert Wharton et un certain nombre d’autres Philadelphiens suivirent sur leurs chevaux et amenèrent l’aéronaute en triomphe à la capitale. Il fut salué par une grande foule et présenta ses respects au President Washington.


Le docteur Benjamin Rush dans une lettre à un collègue écrivait

‘ Pendant un certain temps , on ne parlait plus dans notre ville que du voyage aérien de Monsieur Blanchard. Chaque esprit a été saisi et captivé , 40 000 personnes concentrant leurs yeux et pensées au même instant , sur le même objet et en retirant le même degré de plaisir à voir ce spectacle.

Source C.V. Gline publié en Septembre 1996 dans Aviation History traduit par Henri Goybet


Dans le parc de Washington Square pousse un arbre Sycomore dont les graines ont été plantées le 6 Mai 1975.

Les graines furent amenées sur la lune par l’astronaute Stuart Rosse sur Apollo XIV ‘ L’arbre bicentenaire de la lune pousse à moins d’une centaine de Yards de l’endroit ou le premier vol de l’espace est survenu.






MARC SEGUIN INGENIEUR ET INVENTEUR DE GENIE



Né à Annonay le 20 avril 1786. Cet homme hors du commun eut 19 enfants et vécut 90 ans. Sa mère était Augustine-Marie-Thérèse de Montgolfier, il est donc par sa mère le petit neveu de Joseph et Etienne Montgolfier les inventeurs des ballons à air chaud et de Augustin leur Frere dont les Goybet descendent. . Il épousa à 24 ans en 1810, Augustine Duret d'Annonay qui lui donna treize enfants. A 53 ans, en 1839, il se maria en secondes noces avec sa nièce plus jeune que lui de 33 ans, Augustine de Montgolfier, qui lui donna encore six enfants.

Marc découvre à Paris grâce à son oncle tout un monde de machines qui le passionne.


ingénieur praticien de grand talent, homme de science, inventeur, il rève de supprimer les bacs qui servent encore à traverser les cours d'eau importants. Marc Seguin apporte en outre de nouvelles conceptions en matière de résistance des matériaux.


PONTS SUSPENDUS


Le pont suspendu était connu depuis l'antiquité. Mais on ne connaissait comme support que cordes ou chaînes en fer forgé, ce qui ne permettait de franchir que des rivières étroites. Bien avant la fin du XVIIe siècle, le besoin de ponts solides devint nécessaire, mais le coût énorme et les difficultés d'une telle construction rebutaient les bonnes volontés. La construction de ponts suspendus par Marc Seguin aidé de ses quatre frères (Camille, Jules, Paul et Charles), représente un événement d'importance internationale en matière d'histoire des techniques.

C'est ainsi que Marc Seguin construit son premier pont sur la Cance, petite rivière près d' Annonay en Ardèche, en 1822, il s'agissait d'une passerelle de 18 mètres. Le deuxième pont est construit sur la Galaure, près de Saint-Vallier dans la Drome, en 1823, sur une longueur de 30 mètres, et une largeur de 1,65 mètre. Cette construction lui valut un rapport favorable de l'Institut et lui permit d'obtenir l'autorisation de construire à ses frais, un ouvrage plus important à Tournon. Pour ce troisième pont, sur le Rhone, entre Tournon et Tain-l'Hermitage, Marc Seguin et ses frères mettent en place le premier grand pont suspendu léger construit en Europe continentale, avec câbles en fils de fer et travées de 85 m dit la "Passerelle". Les travaux débutent le 12 mai 1824 et s'achèvent le 22 avril 1825, il est livré à la circulation le 15 août 1825, et sera détruit en 1963; le devis de l'ouvrage fut fixé à 188.000 francs et servit de base à la concession, les droits de péage devant permettre à la famille Seguin de se dédommager des frais occasionnés par la construction. Le pont d'Andance, près de Serrières en Ardèche, avec ses câbles de fils de fer et sa pile centrale, est le plus vieux pont suspendu de France encore utilisé aujourd'hui. Il fut construit en 1827 par Marc Seguin, Détruit en grande partie le 30 août 1944, il fut reconstruit et surélevé en 1946 pour permettre le passage des navires à vapeur.

Ce type de construction sera le prélude à la construction par les frères Seguin, tant en France qu'à l'étranger de 186 autres ponts suspendus sur le mème modèle, Tancarville et le Golden Gate Bridge de San Francisco en 1937, en étant les plus fameux descendants.


LA CHAUDIERE TUBULAIRE:


Par la suite Marc Seguin crée une société de transport fluvial afin d'assurer un service régulier, sur le Rhone, entre Arles et Lyon. Le premier bateau à vapeur

En 1824, le premier bateau à vapeur conçu par Marc Seguin, le "Voltigeur", sort d'un chantier d'Andance. Il comporte trois chaudières, munies chacune de quatre-vingts tubes de 4 centimètres de diamètre et de 3 mètres de long, ce bateau fit plusieurs voyages sur le Rhone entre Vienne et Lyon, et lui permit donc de valider le principe de la "chaudière tubulaire" qu'il avait imaginé et pour laquelle il avait demandé un brevet qui lui fût délivré le 22 février 1828. Ce procédé décuple la surface de chauffe en faisant passer dans des tubes l'air brûlant issu du foyer ce qui produit une énorme quantité de vapeur.

C'est ce procédé qui assura le succès de la locomotive de Stephenson, la "Rocket" ("Fusée") au "Rainhill Trials" du 6 octobre 1829, entre Stockton-on-Tees et Darlington, à la vitesse de 14 miles/h avec une traction de 12 tonnes et une vitesse de 18 miles sans convoi. Seguin appliquera plus tard son invention à la construction des locomotives à grande vitesse.


LE CHEMIN DE FER ENTRE ST ETIENNE ET LYON


C'est au cours d'un de ces voyages en Angleterre qu'il conçoit l'idée d'un chemin de fer entre St Etienne, centre industriel sur les bords de la Loire, et Lyon. Ce chemin de fer il l'envisage seulement comme un complément de son entreprise de navigation. Au début, la voie ferrée est, en effet, considérée comme un véritable affluent destiné à relier entre eux les fleuves et les centres industriels. Les chemins de fer sont annexés à la navigation. Dans la suite seulement, ils se perfectionneront, se développeront et pourront remplacer les voies navigables, mais toujours demeurera vraie l'idée féconde de Seguin, qui estimait que les transports par fer et par eau devaient se preter un appui mutuel.

Pour se procurer les machines nécessaires, Seguin se rend souvent en Angleterre où les trains sont tirés par les locomotives de George Stephenson à une vitesse qui ne dépasse pas neuf kilomètres à l'heure. En mars et avril 1828, il achète aux ateliers Stephenson de Newcastle, deux locomotives "Locomotion" d'occasion modèle 1825, qui comportent deux essieux moteurs reliés par des bielles externes. Seguin construit 12 machines dotées de son propre modèle de chaudière tubulaire (1828) et de tirage forcé (passage de la vapeur dans la cheminée, ce qui augmente le tirage), ainsi il sextupla la production de vapeur et augmenta la vitesse maximum de la machine initiale de 6 à 40 km/h.

La première locomotive de Marc Seguin manoeuvra d'une manière concluante, en novembre et décembre 1829, sur la voie d'essai posée à Perrache. Une deuxième machine fut achevée en juin 1830, après la prise d'un autre brevet, en date du 25 mars 1830, décrivant la chaudière tubulaire dans son application spéciale aux locomotives.

Le chemin de fer Seguin de Saint-Etienne à Lyon

Le 27 mars 1826, Marc Seguin et ses frères (Camille, Jules, Paul et Charles), et Edouard Biot ( le fils de Jean-Baptiste Biot de l'Institut) obtiennent l'adjudication de la ligne de chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon pour la "Compagnie du Chemin de Fer de Saint-Etienne à Lyon" au capital de 10 millions de francs, dont les statuts furent approuvés le 7 mars 1827. Afin de réaliser la jonction de la Loire au Rhone le chemin de fer passe dans la vallée accidentée du Gier: par Saint-Chamond, Rive-de-Gier et Givors, sur une distance de 58 kilomètres. La "Compagnie du chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon" dut acheter quelque neuf cents parcelles de terrains, nécessaires pour la réalisation de la ligne. Ces acquisitions menèrent, pour la plupart, à de coûteuses et parfois dangereuses tractations. Selon Marc Seguin "Plus le tracé devra etre parfait, plus le chemin devra etre facile à pratiquer", il était dès lors indispensable de disposer d'une "voie commode" en aplanissant les infrastructures. Le tracé selon Seguin devait corriger la nature, il comportait un pont sur la Saone, un viaduc, des ponts et quatorze souterrains, dont celui de Terrenoire qui mesurait 1500 mètres. Les voies sont double à l'exception de la traversée des tunnels. Il utilise des rails en fer posés sur des traverses de bois, au lieu des rails en fonte posés sur des cubes de métal ou de pierre. L'ouverture de la ligne se fit au fur et à mesure de l'avancement des travaux: . - Le premier tronçon de ligne terminé est celui de Givors à Rive-de-Gier, ouvert le 28 juin 1830 au service des marchandises. La traction animale y fut à peu près exclusivement employée durant quelques mois. Dès le 1er octobre 1831 les voyageurs sont admis sur cette section de la ligne de chemin de fer, d'abord semble-t-il dans les wagons transportant la houille puis "à raison de cinquante à soixante par jour dans des chariots-diligences attelés aux convois de charbon" (Histoire des premiers chemins de fer français par L.J. Gras). - La section de Lyon à Givors fut inaugurée le 3 avril 1832, et utilisée pour le transport de marchandises puis on se hasarde à accepter quelques passagers, assis sur de la paille. - La dernière section de Rive-de-Gier à Saint-Etienne, fut ouverte le 1er octobre 1832 au service des voyageurs seulement, et quelques mois plus tard, le 25 février 1833 à celui des marchandises (charbon).Le 1er octobre 1832 la totalité de la ligne est exploitée, mais les chevaux restent employés sur la difficile remonte de la section Rive-de-Gier à Saint-Etienne. L'énergie dégagée par les chaudières tubulaires était cependant insuffisante pour pousser les convois de Rive-de-Gier jusqu'à Saint-Etienne, la pente étant trop forte. Au début tous les modes de traction sont utilisés selon les difficultés du parcours: chevaux attelés, locomotive à vapeur, treuil à vapeur. il arrivait mème que, à l'occasion d'une pente les wagons étaient entraînés par leur propre poids. Ainsi, les trains descendaient à Rive-de-Gier par le seul effet de la gravité. Chaque voiture était équipée d'un frein et on poussait à l'épaule pour le démarrage. La solution du problème fut découverte par Claude Verpilleux un Ripagérien dont l'ingéniosité qu'il déployait à l'occasion pour réparer une avarie en modifiant quelques mécanismes, réussit à améliorer les performances. C'est lui qui est à l'origine des locomotives à tender moteur de Verpilleux (l'Union, le Gier, le Furens et la Clément Désormes), à l'origine de la suppression totale de la traction à cheval le 1er août 1844. Claude Verpilleux s'illustra également dans la mise au point d'un modèle de remorqueur "à grappins" qui fonctionna sur le Rhone entre Lyon et Arles jusqu'à la guerre 14-18.


Au départ , les locomotive n’étaient qu’un élément du système de traction des Wagons. Au commencement, il y avait les chevaux . Comme sur une route, ils tiraient les voitures de matériaux mises sur les rails, plus loin, ils étaient relayé par des machines à vapeur fixes, avant d’être pris en charge par des locomotives , cette amalgame ne manqua pas d’inquiéter les premiers voyageurs :

« Je suis partie de Lyon par le chemin de fer . Nous trainions derriere nous 6 énormes voitures. Un seul cheval attelé à tout cela …. Le chemin qui mène au Sabbat n’est pas autrement effrayant que celui de Lyon à St Etienne…. Des convois de 40 Voitures toutes noires qui passent à coté de vous et qui roulent toutes seules pendant sept lieues, seulement parce qu’on les a poussé par derrière.. D’autres qui passent avec un bruit effroyable et une fumée qui vous engloutit pendant 5 minutes, parfois sous la terre dans des souterrains qui serpentent pendant une demi-heure. Il y en a treize à passer, tous plus lugubres les uns que les autres et qui menacent de s’écrouler de tous cotés ».

Louis Figuier, dans ‘Les Merveilles de la Science ‘ nous gratifie d’une description toute aussi savoureuse :

« Quant au chemin de fer de St Etienne à Lyon , c’était un chemin tout à fait fantaisiste, comme on dit aujourd’hui. C’était un mélange, une ‘’ olla podrida ‘’ de tous les moyens de traction qui peuvent être mis en usage sur une route férrée. L’imagination active des frêres Seguin, leur esprit par trop inventif, s’était donné ici libre carrière. Aussi rien était il plus dangereux, surtout vers les premières années , qu’un voyage sur le chemin de fer de St Etienne. Les constructeurs ne s’étaient guère occupés que du transport des Houilles et des marchandises ; c’est à peine s’ils avaient songé aux voyageurs. Les déraillements des convois étaient assez fréquents. Les voûtes des tunnels étaient si basses et si étroites, les piliers des ponts placés si près des rails , que la moindre imprudence pouvait devenir funeste aux voyageurs. Celui qui, pour admirer le paysage , mettait la tête hors de la portière, ou étendait le bras pour désigner un point de vue à l’horizon, s’exposait à rentrer dans le wagon comme la statue de l’homme sans tête , du Palais St Pierre à Lyon ou comme Ducornet, le peintre né sans bras. Nous avons fait , en 1838, le voyage de St Etienne à Lyon, sur ce Chemin de fer primitif, et l’on nous permettra de rappeler ici, comme un témoignage certain , nos impressions particulières … Les voitures qui faisaient le service Railway Lyonnais, en 1838, étaient de simples diligences, c'est-à-dire des boîtes de sapin trop courtes sans lumière et sans air . Mais les voyageurs de cette époque se montraient peu exigeants. Ils n’étaient pas encore gâtés par l’usage des confort ables et des Coupés-lits . Nous eûmes le bonheur d’arriver à St Etienne sans encombre. C’est tout ce que l’on pouvait demander à notre embryon de chemin de fer ….

Les diligences qui nous cahotaient sur les rails étaient traînés par des moteurs qui changeaient selon les dispositions des lieux . Elles étaient remorquées, au moyen de cordes s’enroulant sur des poulies, par des machines à vapeur fixes, distribuées sur le parcours de la voie, quand il s’agissait de remonter une forte pente par des chevaux attelés en tête du convoi si la rampe modérée ; par de véritables locomotives quand la route était de niveau, ; enfin par leur propre poids dans les descentes continues. Sur le parcours de St Etienne à Rive-De -Gier , par exemple, le train était lançé sur le flanc de la montagne emporté par la force de la pesanteur . Quelquefois quand deux pentes se rejoignaient sur un plateau étroit avec des inclinaisons équivalentes, le poids du train descendant était utilisé pour hisser le train ascendant, ou réciproquement, comme on le fait dans l’intérieur des mines de charbon quand on remorque les wagons vides par le poids de quelques wagons pleins de Houille .

On comprend toute l’étrangeté d’un voyage qui empruntait des modes de locomotion si divers. A chaque instant le moteur changeait de nature. Aux portes de St Etienne, c’était une locomotive qui entrainait le convoi ; plus tard des chevaux remplaçaient la locomotive. Ailleurs, c'est-à-dire dans une forte montée, on se sentait hissé par des cordages alors qu’enroulait sur un tambour une machine à vapeur fixe. Le voyageur ne pouvait s’empecher de frémir en songeant que sa vie était littéralement suspendue au bon état de cette corde . Il était évident en effet que si les cordes, usées par un service quotidien, venaient à se rompre , et que le conducteur n’eût pas le temps ou la présence d’esprit de serrer les freins, disposés pour mordre les rails dans un cas pareil, le convoi aurait roulé au bas de la côte avec une vitesse multipliée par sa masse, produit arithmétique capable de donner le frisson à l’homme le plus courageux.

On voit donc que rien n’était plus pittoresque qu’un voyage sur le chemin de fer construit par Seguin Ainé.

Ces capricieux arrangements ont peu à peu disparu du chemin de fer de St Etienne à Lyon . Les rectifications incessantes que l’on a apportées au tracé , et les changements introduits dans le matériel depuis qu’il a été réuni à d’autres lignes, ont amené la suppression de toute machine fixe. Mais en 1838, le mélange hétéroclite dont nous venons de présenter le tableau abrégé fonctionnait sur toute la ligne . Ce n’est qu’en 1832 que des locomotives construites à Lyon dans un atelier du quai Louis XVIII avaient remplaçé les chevaux sur certains points du parcours . Le chemin de fer de St Etienne à Lyon avait toutes sortes d’inconvénients. Il exposait les voyageurs à de véritables dangers ou à de légitimes craintes. Mais il avait un avantage. Il avait l’avantage d’ëtre un chemin de fer, c’est- à -dire un moyen de locomotion des plus économiques , et susceptible de perfectionnement . Un chemin de fer existait et fonctionnait dans notre pays , c’était l’essentiel ; le temps et la science ne pouvaient manquer de l’améliorer ».

Il faut avouer que primitivement le chemin de fer a surtout été conçu pour les marchandises sans que ses pères ne se préoccupent trop des états d’âme des voyageurs.


Seguin conscient de l'importance de sa découverte avait laissé dans le domaine public le brevet de sa chaudière. "estimant qu'il n'avait pas le droit de tirer un profit personnel de l'intelligence dont le ciel l'avait favorisé."

Arago à l’Assemblée nationale en 1837 dit parlant des locomotives de plus en plus performantes.: « Eh bien Messieurs , la personne qui est parvenue à imaginer une chaudière de petite dimension , d’un poids médiocre, et qui cependant fournit largement à la consommation, c’est notre Compatriote Monsieur Seguin. …. » « Quand on se rappelle la révolution capitale que notre compatriote Monsieur Seguin l’Ainé produisit dans l’art de la locomotive , le jour ou s’emparant des chaudières tubulaires de ses devanciers, il imagina de placer l’eau dans la capacité ou se jouait la flamme et de lancer au contraire cette flamme dans les tubes destinés d’abord à enfermer l’eau, on a toute raison d’esperer de nouvelles découvertes et de compter sur leur simplicité . »


D'accessoire industriel, le chemin de fer devenait un instrument social, ce qui impliquait les notions de service public et de sécurité En 1835 Marc Seguin se retire de sa compagnie de chemin de fer. C'est en 1838 qu'il s'installe à l'abbaye cistercienne désaffectée de Fontenay dans la COte-d'Or, qui avait été achetée en 1820 par un de ses parents Elie de Montgolfier, descendant des inventeurs des ballons, pour y développer la manufacture familiale. Là, il vit comme un sage entouré de sa nombreuse famille qui comprenait près de 25 personnes et y poursuit ses recherches. En 1839, il publie son ouvrage: "De l'influence des chemins de fer et de l'art de les construire et de les tracer"

Marc Seguin fut un ingénieur de talent, un industriel remarquable. Grâce à lui les ponts suspendus sont devenus des solutions d’avenir. Créateur de la première grande ligne de chemin de fer de France, il a donné aux trains leurs lettres de noblesse en inventant la chaudière tubulaire . On sait que de nos jours, l’industrie moderne utilise encore ce procédé. Marc Seguin c’est aussi l’astronome , le physicien qui a découvert le principe de l’équivalent, qui a orienté bon nombre de ses confrères. Il a droit également au titre de successeur des Montgolfier tant ses travaux sur l’aviation ont orienté et précipité l’avènement de ce mode de transport. Ses petits enfants lui doivent une partie de leur réussite.

Il fut un pêre de famille disant à ses enfants :

« Je vous ai armé pour la vie en vous donnant l’éducation et la formation la plus complète qu’on pût recevoir à votre âge. C’était mon devoir . Si je vous aimais vraiment, je devrais souhaiter maintenant qu’il ne reste rien de moi, pour que vous ayez la joie de lutter pour vous refaire une même vie. ».

Il s’est consacré à de bonnes œuvres. Il a crée un atelier de Briques pour occuper ses vieux employés qui s’étaient usés sur les chantiers et qui ne voulaient pas mendier. Pour d’autres, il installera une chocolaterie. Il demeure un grand homme pour les scientifiques actuels. Il eut de plus une grande influence sur son fils Augustin et ses petits fils, inventeurs du moteur Gnôme qui permit à Henri Fabre de doter la France de nouveaux records.


Marc Seguin meurt le 24 avril 1875 à Annonay.

Extraits de Marie-Helene Reynaud : Marc Seguin Edition du Vivarais (1986) et Marc Seguin par Eugene Flandin

Discours au monument du 10-07-1923 presentant l’oeuvre de Marc Seguin . (Comité au monument ).

Marc Seguin naquit à Annonay, le 20 avril 1786. Son père, marié à une demoiselle de Montgolfier, eut quatre autres fils, Camille, Jules et Paul, qui plus tard s'associèrent à leur frère et l'aidèrent dans la plupart de ses entreprises industrielles. Par sa mère, il était neveu de Joseph de Montgolfier, qui eut une si grande influence sur son éducation et la formation de son esprit scientifique.

Marc Seguin, l'aîné de ses autres frères, témoigna, dès son plus jeune âge, de cet esprit d'observation et d'exactitude qui devait le caractériser si éminemment dans le reste de sa carrière. On ne peut mieux le définir qu'en lui appliquant le jugement qu'il portait lui-même sur son oncle Joseph Montgolfier: "Son esprit était si droit, qu'il ne dépendait pas de lui de s'assimiler quoi que ce soit de contraire à la vérité ou à la saine raison ".

En 1799, il fut envoyé à Paris pour y terminer son éducation; il y travailla sous les yeux et la direction de son oncle, alors Membre de l'Institut et Conservateur des Arts et Métiers. Ce savant ne tarda pas à découvrir une trempe d'esprit analogue à la sienne, et, frappé de ses remarquables dispositions pour les sciences, il s'efforça de lui inculquer ses propres idées et de développer dans son élève cette hardiesse et cette justesse d'esprit qu'il possédait à un si haut degré.

Cependant, avant d'entreprendre les oeuvres importantes qu'il méditait, Marc Seguin crut prudent de commencer d'une façon plus modeste par l'introduction dans sa ville natale d'une industrie nouvelle, celle de feutres destinés à la fabrication du papier; son but était d'établir sa réputation d'industriel, d'augmenter sa fortune et d'acquérir les aptitudes commerciales qui cadraient mal avec sa nature ardente. Il sut, du reste, bien vite profiter des leçons de l'expérience et se fit remarquer de suite par son génie inventif même dans cette modeste branche de l'industrie.

C'est à ce moment qu'il s'occupa des moyens de communication entre les rives des grands fleuves. Il eut alors l'idée d'introduire en France le système des ponts suspendus qui commençait à se propager en Amérique et en Angleterre, et de remplacer les suspensions défectueuses usitées jusqu'alors en barres ou en chaînes de fer, par des câbles en fil de fer.

Il se livra à une suite de calculs et d'expériences qui lui firent entrevoir la possibilité d'exécuter son projet. Il fit d'abord, comme essai, en 1823, près de sa fabrique de drap, un petit pont sur la Cance, qui avait 18 mètres de long sur 0 m. 50 de large, et ne coûta guère plus de 50 francs; ce qui lui montra dans quelles étroites limites de dépense on peut construire des ponts en fil de fer. Un second essai fut tenté, l'année suivante, sur la Galaure, près de Saint-Vallier, et eut un égal succès.

Dès lors, Marc Seguin regarda comme parfaitement dé-montrée la possibilité de fournir un passage de ce genre sur les plus grands fleuves, non seulement aux piétons, mais aux plus lourdes voitures; aussi présentait-il au Gouvernement le projet d'un pont sur le Rhône, qui donna lieu à un rapport favorable, à l'Institut de MM. de Prony, Fresnel, Molard et Girard.

A la suite de ce rapport, le Gouvernement accorda aux frères Seguin, le 22 janvier 1824, l'autorisation de construire, à leurs risques et périls, un pont en fil de fer sur le Rhône, entre Tain et Tournon. Ceux-ci se mirent aussitôt à l'œuvre et activèrent d'autant plus vigoureusement l'exécution de ce travail, qu'ils devaient le terminer en dix-huit mois et que tous les hommes de l'art avaient les yeux fixés sur eux pour s'assurer du degré de confiance que méritaient ces nouveaux constructeurs, étrangers jusqu'alors aux travaux publics.

La promesse donnée fut régulièrement tenue, et le pont de Tournon, le premier en fil de fer qui ait été jeté sur un grand fleuve, fut solennellement inauguré le 25 août 1825. Le pont de Tournon se composait de deux travées de 85 mètres chacune, on sait quelles gigantesques dimensions ont été atteintes depuis, et l'expérience a prouvé quels avantages résultent de ce système, puisqu'il permet de franchir des fleuves dont la rapidité et la profondeur semblaient s'opposer à toute communication entre leurs rives.

Aussi ne faut-il pas s'étonner de l'empressement que l'on mit, de toute part, à imiter l'exemple donné par les Seguin. La simplicité, l'élégance et surtout le bas prix de ces ponts les recommandaient à la faveur publique, et, en peu d'années, plus de quatre cents furent construits tant en France qu'à l'étranger.

C'est à cette époque (1822) que Marc Seguin publia son ouvrage sur les ponts en fil de fer, où il exposa les principes qui président à leur construction, il donna en même temps, les résultats et le tableau de nombreuses expériences sur la ténacité, la résistance et l'allongement du fer forgé, du fil et de la fonte. Il rendit compte des minutieuses observations auxquelles il se livra pour déterminer les circonstances qui accompagnent leur rupture et rectifia bien des erreurs qui avaient cours à ce sujet. Cet ouvrage fut accueilli très favorablement et il est resté une des bases de tout ce qui a trait à la résistance de ces matériaux.

Marc Seguin ne borna pas là ses entreprises. Un voyage, qu'il fit à Genève en 1823, pour l'établissement des ponts suspendus, lui fournit l'occasion de voir un bateau à vapeur, construit par un américain, M. Churc, et dès lors, il conçut l'idée d'employer un semblable moyen pour remonter le Rhône. Un service de bateaux à vapeur, établi par lui entre Valence et Lyon, fonctionna avec succès pendant quelques temps; mais l'imperfection où se trouvaient encore les machines et d'autres obstacles matériels, déterminèrent les frères Seguin à tourner leurs vues d'un autre côté. Cependant l'impulsion n'en était pas moins donnée, et d'autres sont venus plus tard exploiter cette mine qui a singulièrement accru la richesse de Lyon et de toute la vallée du Rhône.

Cette entreprise marqua cependant une époque mémorable (1825), celle de l'invention de la chaudière tubulaire. Marc Seguin remarquant, en effet, combien peu de vapeur produisaient les chaudières des machines qu'il avait fait venir d'Angleterre, imagina les chaudières tubulaires qu'il appliqua deux ans après aux locomotives. Un bateau à vapeur, pourvu de trois chaudières, munies chacune de quatre-vingts tubes de 4 centimètres de diamètre et de 3 mètres de long, fit plusieurs voyages entre Vienne et Lyon.

On voit déjà, d'après les travaux entrepris par Marc Seguin, qu'il se préoccupait d'une idée générale, celle de développer, dans une large mesure, les moyens de communication de son Pays, persuadé que c'était un des éléments de richesse les plus puissants; aussi conçut-il le projet de visiter l'Angleterre, qui nous avait bien devancés dans cette voie en créant de tous côtés des routes, des canaux, des chemins de fer dont l'usage était alors limité aux grands transports de houilles, de minerais et de matières premières. Il se mit en rapport avec Stephenson et plusieurs grands constructeurs anglais et visita la ligne de Darlington à Stockton alors en construction.

C'est au retour de ce voyage, qu'il voulut doter son pays de ce moyen de communication en créant un chemin de fer entre Saint-Etienne et Lyon, par Givors, Rive-de-Gier et Saint-Chamond. Après avoir fait soigneusement cette étude, il s'en ouvrit à M. de Villèle, alors Ministre des Finances, et cet homme d'État, dont le coup d'oeil était si juste, eut bientôt compris les services que Marc Seguin pouvait rendre à l'industrie nationale; aussi le seconda-t-il de sa haute protection dans toutes ses entreprises.

En 1826, Marc Seguin obtenait, avec ses frères et M. Biot, l'illustre physicien, la concession du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, et se mit à l'œuvre immédiatement. Il développa, dans cette circonstance, une rare énergie et des qualités éminentes, qui le placèrent bientôt au premier rang des ingénieurs de son pays. Le chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon présentait, en effet, sur une longueur de 56 kilomètres, tous les obstacles, toutes les difficultés, tous les accidents de terrains qui se rencontrent sur les plus larges parcours. Il serait malaisé, à notre époque, où la science de l'établissement des chemins de fer a atteint une extrême perfection, de se rendre compte des difficultés que Marc Seguin eut à surmonter dans l'exécution du chemin de fer de Saint-Étienne. Tout était à découvrir et à créer; on n'avait pour soi qu'une seule expérience antérieure pratiquée sur les quelques milles du chemin de fer de Stockton à Darlington. Marc Seguin dut tout être en même temps: inventeur, ingénieur et administrateur. La loi d'expropriation n'étant pas encore créée, les obstacles en étaient multipliés.

" L'exécution du chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon, dit M. Perdonnet dans son Traité des chemins de fer, présentait de grandes difficultés. La plupart des ingénieurs du temps proposaient de les surmonter au moyen de plans inclinés, comme on le faisait alors sur un grand nombre de chemins aux environs de Newcastle. Marc Seguin ne recula pas devant les travaux considérables que nécessitaient une faible pente et les courbes d'un rayon de 500 mètres. II avait deviné l'avenir. C'est le propre des hommes de génie qui devancent leur époque. Nous avons entendu Stephenson lui-même exprimer son admiration pour ce tracé, que tant d'autres considéraient alors comme défectueux.."

Le système des locomotives laissait encore beaucoup à désirer, la quantité de vapeur produite par les chaudières des machines de Stephenson, les seules employées jusque-là, ne dépassait pas 300 kilogrammes de vapeur à l'heure, ce qui ne pouvait lui donner une vitesse supérieure à 6 kilomètres. Marc Seguin leur appliqua sa chaudière tubulaire, et la production de vapeur s'éleva immédiatement à 1.800 kilogrammes à l'heure, soit une quantité six fois plus forte sous un poids moindre, ce qui porta leur vitesse à 40 kilomètres.

Les Anglais ne tardèrent pas à employer la chaudière tubulaire pour la grande navigation à vapeur; ils l'appliquèrent d'abord aux longs parcours et aux vaisseaux de l'État; les avantages qu'ils constatèrent furent si grands, que l'Amirauté anglaise donna ordre dans ses arsenaux de ne plus établir d'autre chaudière que la chaudière tubulaire sur tous les vaisseaux de guerre. Ces résultats sont consignés dans un rapport qui a été fait au Ministre de la Marine française par les ingénieurs qu'il avait envoyés en Angleterre pour observer l'état de la navigation à vapeur; ils sont constatés dans une lettre que M. Moissard, l'un deux, a adressée le 28 décembre 1844 à M. Seguin.

L'application de la chaudière tubulaire est, depuis cette époque, devenue universelle; elle est employée, non seulement sur tous les chemins de fer et sur tous les bâtiments à vapeur, mais encore elle est répandue dans toute l'industrie.

En 1839, Marc Seguin publia son ouvrage le plus connu: De l'influence des chemins de fer et de l'art de les construire et de les tracer, qui fit une grande sensation au moment où il parut. C'était un exposé de tous ses travaux et le fruit de son expérience résumé avec clarté et concision; c'est encore, à l'heure actuelle, un code précis des principes fondamentaux de cette science. On est étonné, en lisant cet ouvrage à trois quarts de siècle de distance, de voir la clarté des expositions, la nouveauté des aperçus, et les vues presque prophétiques jetées sur l'avenir.

Déjà se dessinait la seconde partie de sa carrière qui devait être entièrement consacrée à la science. En effet, à propos de l'examen du mode d'action de la vapeur dans les machines, il formule le premier, avec netteté, la théorie de l'identité du calorique et du mouvement, dont l'idée première lui avait été léguée par Joseph Montgolfier. Il donne même le résultat de ses expériences sur l'équivalent mécanique de la chaleur auquel il assigne le chiffre 440 bien proche de celui admis aujourd'hui. " Il existe, dit-il, dans son ouvrage sur les Chemins de fer, une véritable identité entre le calorique et la puissance mécanique qu'il sert à développer, et ces deux effets ne sont que la manifestation apparente à nos sens d'un seul et même phénomène."

Après une œuvre si grande et si féconde, dans laquelle Marc Seguin trouva la fortune la mieux méritée pour lui et sa famille, sa carrière d'ingénieur peut être considérée comme terminée; il ne prit plus part qu'à des travaux d'importance secondaire, tels que ceux du chemin de la rive gauche de Versailles. Satisfait des résultats matériels qu'il avait obtenus, il consacra exclusivement sa vie à l'étude des plus hautes questions scientifiques qui avaient déjà fait l'objet de ses longues méditations.

Esprit éminemment synthétique et frappé de la beauté et de la simplicité des grandes lois découvertes par Kepler et Newton, il essaya d'appliquer les mêmes lois à la constitution intime des corps et formula une théorie sur la cohésion et la distension. Celle-ci fit l'objet de deux Mémoires à l'Institut qui lui valurent l'approbation des savants les plus éminents.

Il émit les vues les plus neuves et les plus hardies sur la corrélation des forces physiques, sur l'origine et la propagation de la force, les causes de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, répétant toujours avec modestie qu'il ne faisait que développer les idées de son oncle Joseph Montgolfier. Il mettait en même temps la théorie en pratique en essayant une nouvelle machine. Celle-ci devait marcher constamment avec la même vapeur, à laquelle on restituait à chaque coup de piston la chaleur qui avait été transformée en travail (1). L'état d'avancement des constructions mécaniques à cette époque ne lui permit pas de mener à bien cette remarquable invention.

Penseur profond, travailleur infatigable, chercheur de tous les instants, il ne restait étranger à aucune des questions scientifiques et philosophiques qui ont été soutenues depuis le commencement du siècle; on peut même dire qu'il a été un précurseur pour presque toutes.

Depuis les questions les plus hautes de la physique moléculaire et de l'astronomie physique, depuis l'étude des chemins de fer atmosphériques ou pneumatiques dont il avait calculé toutes les conditions d'établissement, et dont les projets avaient été accueillis par le Gouvernement Russe jusqu'à l'examen des conditions de déflagration des poudres et de la loi de mise en mouvement du projectile, qu'il a été un des premiers à signaler, rien n'échappait à l'activité de son esprit.

La navigation aérienne elle-même avait tenté l'audace de son esprit parce qu'il la croyait possible et que d'autres savants l'avaient déclarée irréalisable. La conclusion de son Mémoire à l'Institut, qui fit sourire alors, paraît à tant d'années de distance, véritablement prophétique: "II me suffit pour le moment, d'avoir constaté la possibilité de résoudre ce problème hérissé de tant de difficultés, pour acquérir la certitude, que dans un temps plus ou moins éloigné, on parviendra à voyager aussi facilement dans les airs qu'on le fait aujourd'hui sur mer, tandis que l'on ne peut malheureusement pas se dissimuler qu'en examinant de plus en plus la possibilité d'obtenir les mêmes résultats au moyen des ballons, on se trouve dans des conditions entièrement opposées" (1).

Dans le but de répandre les idées scientifiques et en particulier celles qui faisaient l'objet de ses réflexions, il fonda Le Cosmos en 1852 et bientôt après l'Annuaire du même journal.

Marc Seguin était en même temps pour toute sa famille un maître aimé et admiré. Sympathisant partout où il distinguait une force qui s'épanouira, il a, avec une admirable clarté, professé en des entretiens familiers, pour plusieurs générations d'enfants, de neveux et de petits enfants, un Cours élémentaire des sciences physiques et mathématiques conçu spécialement pour eux et qui était en cours de publication au moment où la mort est venue le surprendre. Nous ne pouvons du reste donner une meilleure idée de la variété de ses travaux qu'en donnant la liste de ses ouvrages et Mémoires à l'Institut.

Des ponts en fils de fer, 1826. Mémoire sur la navigation à vapeur, 1828. De l'influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, 1839. Considérations sur les causes de la cohésion, Mémoire à l'Institut, 1855. Mémoire sur l'origine et la propagation de la force, 1857 Mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur, 1857. Cours élémentaire des sciences Physiques et mathématiques, 1860. Considérations sur les Phénomènes naturels rapportés à l'attraction newtonienne, 1851. Mémoire sur les causes et les effets de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, 1865. Mémoire sur l'aviation ou navigation aérienne, 1866. Corrélation des forces Physiques avec des notes, par M. Seguin aîné, en collaboration avec M. Grove, 1867. Réflexions sur l'hypothèse de Laplace sur l'origine du Système planètaire, 1867, Le Cosmos, journal scientifique, fondé en 1852, L'Annuaire du Cosmos, fondé en 1860. Les remarquables travaux de Marc Seguin comme ingé- nieur et ses Mémoires comme savant avaient attiré l'attention des sommités de la Science. Dès 1824, dans une lettre de Sir William Herschell, président de la Société Astronomique en Angleterre, il avait fait part à celui-ci de ses idées et de son programme scientifique. Le savant Anglais se donna la peine de la traduire lui-même et demanda à Sir David Brewster de la publier dans la Revue d'Edimbourg. Il conquit dans la suite l'estime et l'amitié des savants les plus célèbres de son époque, Cuvier, Biot, Arago, Humboldt, Thénard, Conchy, Herschell, Faraday, Young, Grove, Matteuci, avec lesquels il entretint une correspondance suivie et dont il reçut les témoignages les plus flatteurs d'estime et d'approbation. Ce fut sous l'égide de François Arago qu'il entra à l'Institut en qualité de Correspondant dans la section de Mécanique; nous avons déjà parlé des nombreux Mémoires qu'il y présenta. On croirait peut-être qu'un homme qui avait été si utile à son pays était comblé de distinctions honorifiques; il n'en était rien cependant. Marc Seguin était une nature fière, son indépendance savait se dérober aux honneurs; Chevalier de la Légion d'honneur en 1836, il ne fut nommé Officier qu'en 1866 par M. Duruy, ministre de l'Instruction Publique qui s'étonnait de cet oubli. Il cherchait son bonheur et la récompense de son travail dans sa propre conscience, dans une vie calme et retirée au milieu de ses douze enfants et de sa nombreuse famille, menant une véritable vie de patriarche, conservant jusqu'à l'âge de quatre vingt dix ans une étonnante vitalité de corps, une activité et une lucidité d'esprit incroyables. Au terme d'une si belle vie, loin de chercher un refuge dans les sou-venirs du passé, cet infatigable esprit s'éprenait encore de recherches nouvelles et concentrait sur les promesses de l'a-venir, l'intacte vigueur de son audacieuse et solide pensée. Il y avait chez Marc Seguin un homme complet ; aux dons éminents qu'il avait reçus et qui faisaient de lui un sujet si admirablement adapté aux besoins de son époque, venaient s'ajouter les plus belles qualités du caractère et du cœur. Nous avons dit ce qu'il était dans sa famille; ajoutons qu'il sut toujours user largement de sa fortune pour soulager les malheureux, venir en aide aux savants peu fortunés qui avaient recours à lui, et répandre partout ses bienfaits. A Annonay sa figure est restée légendaire et, lorsqu'il mourut en 1875, les ouvriers et les déshérités de tout genre se joignirent à l'élite de la population pour l'accompagner à sa dernière demeure. Bien peu pouvaient apprécier le savant et le grand inventeur mais tous avaient éprouvé le cœur de l'homme de bien.

Moins connu que le nom de Stephenson, dont il a pour tant été quelquefois rapproché, le nom de Marc Seguin mérite mieux que ce demi-jour. A ne considérer que le domaine où leurs deux gloires doivent être unies, si l'ingénieur Anglais a mis la locomotive en mouvement, notre compatriote, par l'invention de la chaudière tubulaire, lui a donné la vitesse qui d'une machine sans avenir industriel, a fait un des éléments de civilisation les plus puissants de notre époque.


“ L’ industrie est devenue la vie des peuples. “ Marc Seguin




Nous avions précisé que Marc Seguin était neveu des inventeurs de la Montgolfiere.


Revenons à Joseph de Montgolfier qui après les beliers hydrauliques , au cours de l’année 1806, se consacra à la construction des metiers à lacets destinés à des enfants recueillis dans une maison de charité. Voici que lesdits métiers trouvent un autre preneur . Un ancien officier d’infanterie, nommé Richard (fils de Louis Richard député et dont on reparlera ), avait installé à Saint Chamond une fabrique de padoue : ruban rouge mi-lin , mi-soie, originaire de la ville consacrée à st Antoine et servant à orner les culottes des hommes. Ruiné par le sans-culottisme , Richard s’était re »converti dans le lacet. Désirant mécaniser sa fabrique, il se tourne un jour vers Montgolfier. « Je n’ai plus de métier disponible, répond joseph. Voyez s’il en reste quelques uns dans l’orphelinat ». Mais la direction de cet établissement les avait tous vendus . Le rubanier en déniche trois chez un brocateur qu’il paie trois cent quatre vingt dix francs pièce. Il les installe chez lui, les utilise si bien , les propage avec tant de succès que leur emploi deviendra general dans toute la vallée du Gier et fera la fortune du bonhomme Richard. Quand au bonhomme Joseph, naturellement , il ne tirera pas un centime de cette affaire. Ayant passé sa vie à enrichir les autres sans avoir appris à s’enrichir lui-même , Il eut du moins la satisfaction de voir en pleine prospérité les papeteries Canson et Montgolfier.


Source : Jean Anglade Les Montgolfier 1990 Edition Perrin





RICHARD, GREPPO ET CHATEAU DU MONTELLIER




JEAN LOUIS RICHARD DEPUTE SENATEUR D’EMPIRE



- Jean Louis Richard Deputé aux Etats Generaux , Senateur d’Empire. (1743-1812)


C’est l’arriere Grand père de Maurice Richard du Montellier (père de ma Grand-mère Marguerite ) . Maurice avait épousé Jeanne Moyne (fille de philippe Léon Moyne Agent de Change qui avait doté chacune de ses filles de 800 000 Francs Or. Une de ses filles est Valentine Moyne , femme de Henri Goybet mon arriere Grand père officier de marine)

.

Jean Louis Richard est né à Bourg Argental le 16 aout 1743 ( Province du Forest ).

Il est nommé greffier en chef du Baillage de Bourg- Argental en 1768 à 25 ans. On le trouve syndic de la ville et paroisse de Bourg Argental.le 2 Septembre 1787.

Le 26 Septembre il est Membre de l’Assemblée Départementale, séant à St Etienne en Forest

Le 7 Mars 1789 , il est électeur par les différentes communes du ressort du Baillage de Bourg Argental. Il est désigné à 45 ans comme Député du tiers Etat de la Province du Forest convoqué à Versaille le 27 Août, et a fait partie de l’assemblée constituante jusqu’en Septembre 1791 pendant trois ans et demi. Il s’est fait remarquer par son exactitude à toutes les séances les plus orageuses, mais n’ayant pas le don de la parole en public, il n’est monté que deux fois à la tribune : pour la division des Provinces en Départements et pour défendre les droits des propriétaires de terrains houillers.

Le 10 Septembre , il est nommé membre de l’Assemblée Départementale à Lyon, à 48 Ans .

En Juillet 1793, il est nommé membre du Conseil General du Dt de Rhone et Loire à Feurs, a fait plusieurs démarches auprès de KELLERMANN.et des députés en mission à Lyon , pour éviter le siège. N’ayant pu y réussir, il se retira chez lui, ou, en qualité d’ancien constituant, il fut réputé suspect ainsi que la majeure partie des citoyens notables du Dt. Il évita la prise de corps en allant, à 50 Ans, joindre son fils aîné Charles-François, qui, ex –défenseur de Lyon contre les armées républicaines et donc proscrit lui-même, servait dans le 4 ième Bataillon de l’Ardèche en qualité de Sergent – Major à 21 Ans, sous les ordres du Commandant Suchet futur Maréchal (pour mieux échapper aux recherches tout en servant son pays), au siège de Toulon contre les Anglais. Il capta d’abord l’amitié de son chef et des officiers amis de son fils ; il fut agréé comme sergent chargé du magasin d’habillement, fut plusieurs fois chargé de suppléer le Capitaine d’équipement et le quartier- maître, et fut nommé officier honoraire. Pendant les 8 mois qu’il est resté avec le quatrième Bataillon, il a souvent été vu et accueilli par ses anciens collègues de l’Assemblée Constituante, qui lui ont rendu tous les services qu’exigeait sa position. Il ne quitta le Bataillon que muni de bons certificats attestant sa présence au Corps pendant 18 Mois , ce qui le préserva d’être porté sur la liste des émigrés et le fit réintégrer dans ses biens. (La Maison Neuve, à 1 km de Bourg –Argental ).

Avril 1795, il quitte le Bataillon. Il est nommé en Septembre Président de l’Assemblée Electorale à 52 ans

Le 2 Fevrier 1797, il est nommé par le Directoire, commissaire pour la vérification des comptes de perception.

Le 10 Mars 1798 il est nommé par le Directoire , Président du Canton de Bourg –Argental. Le 14 Avril 1798, il est nommé Juré à la Haute Cour de Justice. Le 4 Mars 1799 il est nommé Président de l’Administration Centrale du Département de la Loire. Avril 1799 : Electeur , puis désigné par ses collègues pour Député et fait son entrée au conseil des Anciens le 1er Prairial, an 7, à 55 ans et 8 mois.

18 Brumaire an 8 : Après la révolution et séance de St Cloud, Jean - Louis Richard fut nommé membre du Corps Législatif , ou il a siégé jusqu’au mois de nivose An 10 (3 ans). Il a toujours siégé au centre Gauche et ses opinions bien prononcées étaient pour un Gouvernement Royaliste Constitutionnel, ce qui souvent lui suscita les persécutions des deux partis extrêmes.

Janvier 1802 : Rentré dans sa campagne près de Bourg- Argental, ou il s’occupa de l’Agriculture, de l’administration de l’hopital et de la réédification de l’église paroissiale qui était en ruines.

31 Mai 1807 il est nommé juge de paix , fonction qu’il exerce à la grande satisfaction de ses concitoyens

Il fut également Senateur d’Empire.

Il termine sa carrière à l’age de 69 Ans, vivement regretté de ses concitoyens et de ses deux fils qui suivent la carrière du commerce : Charles–François dans sa maison de Fabrique de lacets de St Chamond et Ennemond Richard ( dans la maison Desgrand d’Annonay). La première femme de M. Jean- Louis était une demoiselle Chevalier de Lyon et son autre épouse fut demoiselle Montagnier de St Chamond.

Nous reviendrons sur la carrière de son fils fondateur de l’industrie du lacet à St Chamond,


.

CHARLES FRANCOIS RICHARD- CHAMBOVET INDUSTRIEL




Il est né le 9 Août 1772. Il partit avec les Gardes Nationales de Saint –Etienne et de Montbrison pour aller défendre la ville de Lyon, assiégée par l’armée Républicaine.

Le 28 Août 1793, Charles- François Richard fit partie d’une sortie commandée pour tenter de faire entrer un convoi de vivres dans Lyon . Surpris par des forces supérieures, le détachement dont il faisait partie fut presque entièrement détruit. Richard échappe par miracle, et, ne pouvant rentrer dans Lyon, dut fuir,sous des vêtements de paysan, jusqu'à Bourg Argental. C’est là qu’il apprit que son père, proscrit, avait quitté Paris, sans indiquer le lieu de sa retraite.

Le jeune Richard, proscrit lui-même pour avoir pris part à la défense de Lyon, dut fuir à son tour, et, pour mieux échapper aux recherches, tout en servant son pays, il s’engagea dans le 4ème bataillon de L’Ardèche, en formation à Tournon, pour aller combattre les Anglais à Toulon.

Richard fut immédiatement nommé sergent –major et assista à l’assaut des forts de Toulon, qui eut lieu le 17 Decembre1793. L’armée Française reprit ce jour là quatorze forts et redoutes. Les Anglais, ainsi que leurs alliés Espagnols et Piémontais, furent massacrés et définitivement chassés de Toulon.

C’était un Lyonnais, Gabriel Suchet, plus tard Maréchal de Françe, qui commandait le bataillon de l’Ardèche, Richard lui parla de la proscription dont son père et lui avaient été frappés. Suchet n’hésita pas, et malgré son grand âge, le père de Richard fut incorporé au même bataillon que son fils.

C’est à l’héroique amitié de Suchet que Jean- Louis Richard et son fils, le futur créateur de l’industrie des lacets de Saint-Chamond , durent de n’ être pas dénoncés et guillotinés.

Le souvenir de la conduite généreuse de Suchet est naturellement resté en grand Honneur dans la famille Richard.

Charles- François Richard, nommé Lieutenant en 1794, fit en cette qualité la campagne d’Italie. Après de nombreux combats, exténué par la fatigue et la maladie, il fut en 1796 renvoyé dans ses foyers, presque mourant, avec le grade d’officier surnuméraire.

Revenu à la santé, Richard dut choisir une carrière. Après bien des hésitations , il renonça à la vie militaire, se rendit à Saint Chamond, et entra chez un moulinier du nom de Coron.

En mai 1797, possesseur d’un petit capital de six mille Francs, Richard s’établit à St Chamond, comme fabricant de Padoux.

Les padoux étaient des rubans étroits, dont les hommes comme les femmes formaient des floquets. On les utilisait aussi comme rubans pour attacher les catogans et les chaussures. Ces rubans se fabriquaient en général sur des petits métiers de montagne.

Pour augmenter sa production, Richard acheta un certain nombre de métiers à la Zurichoise, qu’il installa à St Chamond. En 1798, il épousa Mademoiselle Chambovet, de St Chamond dont la dot lui permit de développer considérablement ses affaires.

Malheureusement, une crise commerciale désastreuse sévit en 1804. Il était impossible de se faire payer par les clients débiteurs. De plus , la mode supprimait les culottes courtes ; la coiffure à Queue était abandonnée par les hommes. La demande des padoux cessant presque complètement, il fallut renoncer à ce genre de fabrication et chercher autre chose.

A ce moment-là , Richard-Chambovet, se croyant ruiné, fut pris d’un profond découragement Sa famille possède des lettres écrites par lui à cette époque, dans lesquelles il déclare que s’il n’était pas marié, il reprendrait immédiatement du service, pour chercher la gloire ou la mort.

S’il eut cédé à ce sentiment de découragement , une des grandes industries de la Loire n’existerait peut-être pas.

Il y avait alors à Saint- Martin-en-Coailleux, quelques métiers sur lesquels on fabriquait des ganses en fleuret . Il s’en produisait annuellement pour 25 000 à 30 0000 francs. Richard chercha, sans pouvoir y réussir à faire avec ces métiers des lacets plats, comme il s’en importait d’Allemagne.

En 1807, il se rendit à Paris, et pria Joseph de Montgolfier alors Directeur du Conservatoire des Arts et métiers , de vouloir bien lui montrer un métier allemand . Comme il s’en trouvait justement deux au conservatoire, il put les étudier tout à son aise.

Il fut alors informé qu’un certain nombre de ces métiers, installés dans un orphelinat , avaient été vendus à in brocanteur , parce que leur produit donnait de la perte à cet établissement de charité.

Richard se mit aussitôt en quête afin de découvrir ce brocanteur, et l’ayant trouvé, il lui acheta ses trois premiers métiers de lacets, au prix de 390 Francs. Il eut à dépenser 210 francs pour les transporter et les installer dans le moulinage Terasson (actuellement rue Beal) à St Chamond. Bien souvent Richard raconta, depuis que ses trois premiers métiers lui avaient couté 600 francs.

Richard faisait lui-même marcher ses métiers afin d’en bien connaître le fonctionnement . Il les perfectionna , en acheta, en fit fabriquer d’autres, et quelques années après, en 1811, il avait déjà 82 métiers installés dans la fabrique Granjon, Place St Jean à St Chamond.

En 1813, il acheta à la vignette, une chute d’eau qui lui coûta 20000 frs. Il bâtit alors une fabrique , qui ne put fonctionner qu’en 1815. La chute d’eau étant insuffisante, Richard installa en 1816, une pompe à feu, à vapeur comprimée, de la force de douze chevaux . Ce fut la première installation de ce genre qui ait été faite dans le département de la Loire.


Enfin en 1819, Richard acheta les moulins d’Izieux, ou il fit construire successivement deux grandes fabriques.

Les débuts de cette industrie des lacets furent pénibles et nécessitèrent de longs tâtonnements . Le succès récompensa cependant l’intelligente persévérance de Richard – Chambovet. A partir de 1814, ses produits étaient connus et appreçiés ; il les vendait avec de larges bénéfices, sans cependant pouvoir suffire aux demandes.

Bientôt, profitant de ses recherches, d’autres industriels organisèrent aussi des fabriques.

D’après les renseignements que nous avons recueillis, la première fabrique après celle de Richard fut installée par M. Mervier – Charrin . M. Motiron, employé de Richard- Chambovet, organisa une seconde fabrique, puis M. Tamet, teneur de livres chez M. Mervier , une troisième.

La fabrique de laçets de St-Chamond possède aujourd’hui un outillage d’environ 1 200 000 fuseaux ; elle occupe 6600 ouvrières et 650 ouvriers.


La production de St Chamond et des usines de la région atteint le chiffre de 25 000 000 francs, dont la moitié en tresses et lacets de soie et le reste en tresses et lacets de laine, ou de mohair , ou de coton.

La fabrique de lacets de St Chamond peut lutter sur les marchés étrangers, avec la vieille et puissante fabrique de Barnen, qui possède environ 2 000 000 de fuseaux , Saint- Chamond, en effet, exporte aujourd’hui les ¾ de sa production.

Richard faisait partie du Conseil Municipal de St Chamond depuis 1808 . Il fut nommé maire en 1827. Il reçut la décoration du Lis, nommé maire d’Izieux en 1830 , il reçut la Legion d’honneur en 1831

Avec le concours de son fils qui avait passé une année en Angleterre, il installa l’éclairage .au gaz dans ses usines d’Izieux, bien avant que St Etienne et Lyon aient adopté ce mode d’éclairage.

En 1839, Richard- Chambovet céda ses usines à ses 3 fils, et la maison prit dès lors la raison sociale de : Richard Frères. Richard- Chambovet s’eteignit en 1851, auprès de ses enfants, avec la satisfaction de les voir développer encore la production de ses usines, avec le grand honneur de constater que l’industrie qu’il avait importée dans son pays y prospérait , et que ses usines nouvelles s’y créaient tous les jours.

Ennemond Richard , un de ses fils, fut membre de la Chambre de Commerce, depuis 1848 jusqu’en 1871. ( La chambre de commerce de St Etienne fut instituée par les ordonnances Royales des 10 Mars et 1er Avril 1833). Il en fut le secrétaire de 1848 à 1866, et le vice président de 1867 à 1871 .

Pendant cette longue période, il donna des preuves constantes de son dévouement à la chose publique . Il contribua pour une large part , à faire de la Chambre de St Etienne, l’une des plus écoutées.

Extrait de « Notices industrielles « Par Lucien Thioller.


François-Jules Richard autre fils de l’industriel de St Chamond et Grand père de la Grand-mère Marguerite Richard du Montellier d’Henri Goybet épouse Aloysa Bethenod de Montbressieu, petite fille d’ Antoine Greppo et hérite du Château du Montellier.


L’ESSOR INDUSTRIEL DE ST CHAMOND ET ST ETIENNE au XIX eme


SEGUIN- RICHARD-MONTGOLFIER : INCONTOURNABLES


L’apport de Marc Seguin (1786-1875) neveu de notre Ancêtre Montgolfier, de Charles François Richard-Chambovet ( 1772 –1851 ) notre Aïeul ( famille Richard du Montellier ), et de Adrien de Montgolfier (fils du frere de Louise de Montgolfier notre Aïeule et parain du fils de Mariano Adrien Goybet.), est tout à fait considérable aussi bien pour la region Stephanoise que pour notre pays . Ils ont developpé des procédés et des industries de renommé mondiale .

Marc Seguin 1786- 1875 construisit la premiere ligne de chemin de fer sur l’axe St Etienne – Lyon, inventa la chaudiere tubulaire . Il construisit les premiers ponts suspendus dans la region avec cables de fil de fer.( Tournon, Andance, etc…)


Charles François Richard Chambovet Industriel donna à l’industrie du lacet ses lettres de noblesse. Industrie devenue mondiale et qui amena emploi et prosperité dans la region.


Etienne de Montgolfier Depute de la Loire, Senateur de la Loire, directeur des forges et acieries de la marine. Administrateur des compagnies de chemin de fer Paris Lyon Mediterranee. Il dirigea et developpa les acieries les plus puissantes du pays.



ST CHAMOND : Les grandes industries textiles et métallurgiques


Dès le deuxième quart du XVIème siècle, la ville assiste à l'implantation d'ateliers de travail de la soie qui se développent tout au long du XVIIème siècle et font de la ville le berceau de cette industrie.

A partir du XVIIème et du XVIIIème siècle, Saint-Chamond devient une cité à vocation essentiellement industrielle et voit la création des premières grandes fonderies et le développement de très nombreux ateliers (clouteries, quincailleries, serrureries), intégrés dans le tissu urbain, le long des rues et aux abords des cours d'eau.


Au XIXème siècle, Saint-Chamond connaît une importante expansion, grâce aux grandes industries du textile et de la métallurgie, au développement des manufactures, des teintureries et des industries d'armement.

En 1853, la ville voit la création de la société anonyme des houillères de Saint-Chamond et Germain Morel fonde le noyau de la grande industrie saint-chamonaise au Pré-Château.


L'année suivante, Pétin, Gaudet et Jackson créent la compagnie des Hauts-Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de Fer qui devient en 1914/1918, l'un des premiers arsenaux de la France en guerre.


Quelques années plus tard, en 1874, Adrien de Montgolfier devient directeur de la société des Forges et Aciéries et en fait l'un des tous premiers établissements du pays.


Les manufactures de lacets remplacent petit à petit la soierie en perte de vitesse. En 1880, Saint-Chamond devient la capitale mondiale de l'industrie du lacet. Dix-huit ans plus tard, naît la société des Manufactures Réunies qui regroupe dix des plus grands fabricants de lacets et près de 20 000 métiers.


Dans les années 50, tandis que la ville voit la fermeture de sa dernière mine au Clos Marquet, les Forges et Aciéries entrent dans le groupe Creusot-Loire, qui compte 28 usines et 39 000 employés dont 3 100 à Saint-Chamond.


Saint-Chamond, Saint Julien en Jarez, Izieux et Saint-Martin en Coailleux fusionnent le 9 mars 1964 pour former le "Grand Saint-Chamond". La ville devient alors la troisième commune de la Loire, avec près de 40 000 habitants.


ST ETIENNE et l’essor industriel

C'est au XIXeme siècle que la ville prend son essor et devient le centre de la plus grande région industrielle de France : les 23 000 stéphanois de la fin de l'Ancien Régime seront 100 000 sous la IIIème République. Saint-Etienne devient l'arsenal essentiel de Napoléon tant pour les armes à feu que pour les armes blanches. La métallurgie et l'extraction du charbon sont à leur apogée. Les ingénieurs affluent l'Ecole des Mines est créée en 1816.Il faut acheminer le charbon jusqu'aux bords de la Loire pour alimenter Roanne et de là, Paris : ainsi naît le premier chemin de fer français entre Saint-Etienne et Andrézieux . la Gare de Châteaucreux est toute en fer, histoire de se souvenir que c'est ici que le premier chemin de fer français (tiré par des chevaux !) fut mis sur les rails en 1827.

Ville industrieuse mais aussi ville de talents, l'Armurerie donnera les artistes Galle et Dupré à la Monnaie et la Forge offrira Massenet à la Musique. Devenue Préfecture de la Loire en 1856 la grande ville se remplit de l'exode rural : l'arme, le ruban, la sidérurgie, la mine puis le cycle seront les cinq piliers de l'histoire stéphanoise.

Ces pages sont tirèes des présentations de l’historique de St Chamond et de celui de St Etienne qui montrent que les familles Montgolfier, Richard et Seguin font partie intégrante du patrimoine historique et industriel de cette region et sont toujours bien présents par leurs réalisations.





ANTOINE GREPPO ET LE CHATEAU DU MONTELLIER



Notice publiée en 1862 par Antoine Pericaud.


Noble Antoine Greppo acheta en 178 l la Seigneurie de Joyeux et du Montellier , érigé en marquisat en 1583. Il fixa sa résidence dans le vieux château ou l’Amiral De Coligny s’était défendu avec succès contre Biron .

Il s’occupa de l’administration de ses nouveaux domaines, qui ne comportaient pas moins de 2530 Hectares. Il n’émigra pas, et conserva près de lui ses enfants pendant les plus terribles moments de la tourmente révolutionnaire.

Son fils Gabriel Greppo, eut le bonheur d’accomplir, dès sa jeunesse, un acte d’héroisme. Il apprend qu’un de ses amis , M Fay , de Sathonay, venait d’être arrêté comme suspect. Son sort n’était pas douteux ; il fallait une nouvelle proie à l’échafaud . Gabriel Greppo vole à son secours . Il revêt un habit de Garde National , se glisse dans les rangs du poste qui gardait la prison, pénètre dans le cachot de son ami, change de vêtements avec lui et lui rend la liberté. Son bonheur fut égal à son courage ; il ne paya pas de sa tête un pareil acte de dévouement .

Héritier de son père en 1814, Gabriel Greppo se confina au Montellier. Il se dévoua à l’administration de ses terres et à la régénération de la contrée dont il faisait partie.

Il est mort en 1849, laissant pour héritiers, son fils Jean- Antoine et sa petite-fille Aloysia Bethenod De Montbressieu, mariée à Monsieur Jules Richard.

Jean-Antoine Greppo, son fils, élevé dans les principes religieux de sa famille, avait, par-dessus tout, le sentiment du devoir. Il croyait à l’obligation du travail, imposé par Dieu, à l’humanité, et se croyait appelé à l’administration de ses biens, avec l’obligation de rendre compte à Dieu de sa gestion. Il se considérait comme ayant charge d’âmes.

Il s’était primitivement destiné à la magistrature, ou tout lui présageait un brillant avenir, quand la révolution de Juillet vint briser sa carrière.

Rentré dans la vie privée, il vivait au milieu de ses livres, ne quittant ses études chéries que pour s’occuper de l’administration de ses propriétés et d’œuvres utiles à ses concitoyens .

Agissant de concert avec les principaux propriétaires de Joyeux, il fonda une école qui fonctionne encore avec succès, agissant seul en 1835, il a donné à la petite ville de Villars, une maison , dans laquelle il avait fondé une école et une pharmacie gratuite pour les indigents.

Il mourut en 1853. La succession de cet homme fut recueilli par *sa nièce, mariée à Jules Richard . Elle fut également l’héritière des vertus de son Oncle, et suivit la voie dans laquelle il l’avait précédée.

En établissant l’école du Montellier, elle a réalisé l’un des projets de son oncle.

Puis elle fit élever à Villars, une construction élégante et cependant simple et digne, pour y placer la pharmacie et l’école, fondée par M. Greppo. Elle y a ajouté une salle d’asile . Rien de plus convenable, de plus approprié à sa destination que l’édifice élevé par Madame Richard En cette circonstance, sa modestie égala sa générosité. Elle attribua à son oncle tout l’honneur de la fondation.

  • C’était les grands parents de la grand mère Richard Du montellier D’henri Goybet.





DE GRANDS NOTABLES



Le maire de Yenne de ce moment [Le 2 avril 1848, jour de l'entrée à Yenne des Voraces, révolutionnaires lyonnais, en chemin vers Chambéry. - NDLR.] était un Goybet. Il nous faut consacrer à cette famille de notables la place qui lui revient.

Elle est fort ancienne : maître Claude Revardel dit Goybet était notaire royal à Yenne entre 1631 et 1665. Il était fils lui-même d'un notaire descendant vraisemblablement de propriétaires aisés signalés, dès le XVe siècle, dans la région. Un Claude-François fut intendant de Genevois au XVIIIe siècle. À Yenne même, Gaspard épousa une Courtois d'Arcollières, signe d'une aisance confinant à la noblesse. Louis-François fut châtelain d'Yenne. Alexis, d'une branche cadette, eut pour fils Charles (1759-1846), négociant à Lyon, qui fit entrer le domaine de Volontaz dans la famille et légua à la congrégation de charité et à l'école une somme considérable. Un de ses petits-neveux, neveu lui-même d'Augustin de Montgolfier, fut un industriel écouté en Espagne, d'où il revint diriger le collège de la Martinière à Lyon. C'est ainsi qu'est né à Saragosse en 1861 le général de division Mariano Goybet, commandant le 30e bataillon de chasseurs alpins (BCA) en 1914, grand officier de la Légion d'honneur, mort à Yenne en 1943. Son fils, mort aussi à Yenne en 1963, a atteint le grade de contre-amiral. En remontant un peu, on trouve, bien sûr, Charles-Louis Goybet, né à Yenne en 1825, élève de la Royale Académie de Turin, héros des campagnes sardes contre l'Autriche, chef d'escadron des lanciers de Florence en 1860. Il a opté pour la France au risque de ralentir son avancement - au moins sur le moment, car on le trouve général de brigade à 52 ans. Il finit inspecteur général de la cavalerie à Fontainebleau. Il est mort à Volontaz en 1910. Son père, Antoine, avait été maire de Yenne de 1836 à 1867, c'est-à-dire au moment de la tragi-comédie des Voraces. Ses frères avaient fini, l'un, Pierre, avocat à Chambéry et conseiller général, l'autre, Laurent, conseiller de préfecture à Nice et grand-juge de Monaco.

Il nous faut renoncer à citer beaucoup des membres de cette famille dont l'étude généalogique exhaustive de M. Henri Jaillard [Les Goybet de la vallée d'Yenne, août 1964. Pour une mise à jour de la généalogie, cf. aussi "famille Goybet", in la Gazette de l'île Barbe, n°s 11 et 39. - NDLR.] nous donne le détail. Elle nous révèle un monde d'officiers, d'ingénieurs, de marins, d'universitaires, qui, très attachés à leur origine, font honneur à la cité de leurs ancêtres.

'Histoire en Savoie, Revue de culture et d'information historique,

édition de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, n° 10, avril 1968, p. 7.


DE DANGEREUX CITOYENS




Le Pierre « Goybet» cité ici est sans doute notre ancêtre (1750-1831), alors âgé de 43 ans, propriétaire et négociant, et ancien président du Conseil d'administration de l'hôpital d'Yenne (1793), qui aura ensuite été président de l'administration cantonale (an IV-an VI) et maire (1801-1815) d'Yenne. Son frère aîné Joseph (1746), 47 ans, était notaire royal à Yenne. Leur mère était née Belly, et Jacques Belly peut être l'un ou l'autre de leurs parents Jacques Belly (1768-1824), 26 ans, notaire royal à Yenne, et Jean-Jacques Belly (1756-1834), 37 ans.


Après floréal, le "Club révolutionnaire" fait prendre des informations sur la moralité des instituteurs, et demande à ces derniers d'enseigner les moeurs républicaines.

En septembre 1793, Pierre Goibet et Jacques Belly avaient fait l'objet d'une procédure ayant abouti à leur détention en maison commune à Chambéry.

"Les membres du comité de Yenne s'étonnent de la libération du nommé Pierre Goibet, de cette commune, détenu dans la maison de Chambéry. La procédure faite en vendémiaire dernier l'avait déclaré dangereux et très nuisible à la chose publique. Il est le plus dangereux et le plus à craindre de tous ceux qui sont pris dans la procédure. Il a cinq ou six fermes, peut toujours s'accaparer du revenu de ces fermes. La municipalité précédente lui était toute dévouée."

Voici la réponse, du 17 floréal an II [6 mai 1794], au sujet de la procédure instruite contre Jacques Belly, Pierre et Joseph Goibet, d'Yenne, détenus en maison commune :

"Ouï l'agent national, qu'il est d'avis que ledit Joseph Goibet reste en détention dans la maison de sûreté de cette commune jusqu'à la paix ; que ledit Pierre Goibet reste pendant un an à Chambéry sous la surveillance de la municipalité et du comité de..., et qu'il paie une amende proportionnelle à ses facultés, laquelle sera versée dans la caisse des séquestres, etc." Signé : Labeye.

extrait d'un article paru dans la Revue du Bugey

communiqué par Sabine PUTZ




GOYBET (Charles, Louis), GENERAL INSPECTEUR DE LA CAVALERIE



Né à Yenne le 3 décembre 1825 Oncle de Mariano Goybet mon arrière Grand père, élève à l’Académie royale militaire de Turin, Grand officier de la légion d’honneur. General de Division , Inspecteur de la Cavalerie.


Il est issu d’une famille d’importants propriétaires terriens alliée à la noblesse locale et dont les ançêtres ont occupé d’importants charges administratives. (notaires royaux, marquis de Yenne,..)


Le 15 Janvier 1838, à l’àge de douze ans, Charles Gobet quitte sa ville natale , Yenne, pour rentrer à l’Académie Royale militaire de Turin . La rupture est brutale pour Charles qui n’est encore qu’un enfant : la barrière des Alpes crèe un isolement physique , la langue Italienne est imposée à ce Francophone , la discipline stricte exclue les vacances en famille et la visite au parloir se fait derrière une grille , il n’est pas possible de posséder aucun objet personnel ( il est interdit de détenir une cassette fermant à cle ) . L’emploi du temps « Scolaire » n’est certes pas trop lourd : trois heures de classe et deux heures d’études ; mais l’essentiel est une mise en condition qui fait alterner les punitions sévères ( le cachot au pain et à l’eau ), les arrêts simples ou de rigueur , avec une émulation constante ( examens, compositions , grades dans dans les différentes matières du programme, ainsi Charles Goybet fut sergent en calligraphie ) . Charles accepte son sort sans se plaindre mais il travaille sans zèle ; très attaché à la Savoie il souffre de son éloignement et de sa séparation d’avec sa famille . Ainsi débuta une carrière militaire qui fit de Charles Gobet un officier sarde puis un général Français , inspecteur de la cavalerie . Cette pédagogie de l’enfermement et de la rupture pour préparer dès la jeunesse au service armé , n’est en fait que la systématisation de principes d’éducation alors reçus de manière courante .


Goybet entra au service de la Sardaigne le 29 août 1844 à l’âge de 19 ans, et fut nommé en 1847 sous-lieutenant dans Savoie-cavalerie. Lieutenant le 9 septembre 1848, il prit part avec son régiment aux campagnes de Lombardie (1848 et 1849) contre les Autrichiens ; mention honorable par décision royale pour s’être distingué à la bataille de Volta.


Désigné comme aide de camp du général de division comte Trotti, à Chambéry, il obtint de son chef de l’accompagner en Crimée (campagne de 1855 et 1856) et combattit en brave à Tchernaïa (1855). Capitaine le 16 novembre 1856, il fit la guerre de 1859 dans les chevaux-légers d’Aoste et assista aux combats mémorables de Palestro et de San Martino. Sa conduite lui valut d’être nommé major dans un régiment nouveau, Florence-cavalerie.


Après l’annexion de la Savoie à la France (1860), le major Goybet opta pour la France et passa de l’armée sarde au service de son nouveau pays en retrouvant le 20 mai 1860 son grade de chef d’escadrons dans la cavalerie impériale, au 4e dragons de Lyon. Le 13 août 1863, cet officier supérieur reçut la croix de chevalier de la Légion d’honneur, et le 13 août 1868, étant en garnison à Lunéville, les épaulettes de lieutenant-colonel à son régiment du 4e dragons.


Il se trouvait à Lille au moment de la déclaration de guerre à la Prusse, le 15 juillet 1870. Il en partit pour se rendre à la 2e brigade de la division de cavalerie du 3e corps (Bazaine puis Decaen), et fut un des premiers à la frontière. Il combattit le 14 août à Borny, où son général de division fut blessé, le 16 à Gravelotte, le 18 à Saint-Privat. Il contribua à la défense de Metz et fut envoyé prisonnier en Allemagne, ayant reçu le 19 octobre, quelques jours avant la capitulation de la ville, la croix d’officier de la Légion d’honneur.


À son retour d’Allemagne, M. Goybet rentra à son régiment à l’armée de Versailles. Promu colonel du 20e dragons le 3 février 1872, il prit à Provins le commandement de son nouveau régiment, qu’il mena ensuite à Clermont-Ferrand et à Limoges à la 12e brigade.

Promu général de brigade le 5 juin 1877, il reçut à Épinal le commandement de la 1re brigade de chasseurs à cheval, et ensuite, fit partie à Fontainebleau de la 5e division de cavalerie.


Promu commandeur de la Légion d’honneur le 7 juillet 1884, puis élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, divisionnaire en 1887, le général Goybet fut placé dans le cadre de réserve le 3 décembre 1890, après quarante-six ans de services, quatre campagnes et une citation. Il est mort en 1910. Il était officier de l’Instruction publique.


Sources :


Compte-rendu de Jacques Lovie , 13 Avril 1977 sur le livre de Henri Putz . ‘’Une éducation militaire Sarde.’’ Théophile LAMATHIERE, Le Panthéon de la Légion d’honneur, tome VIII, et Alfred ANTHONIOZ, Généraux savoyards, Genève, 1912.






CHARLES DANS LA CAMPAGNE CONTRE L'AUTRICHE 1848





LA LOMBARDIE


Conquise en 1797 par Bonaparte qui la transforma en République Cisalpine, la Lombardie (Lombardia) fut rendue par le congrès de Vienne à l'Autriche qui l'associa à la Vénétie pour former le royaume lombardo-vénitien. En 1848, un soulèvement favorable au Risorgimento réussit à chasser provisoirement les autrichiens de Milan. Toutefois le très martial maréchal Radetzky, malgré ses 82 ans, contre-attaqua. Il écrasa les troupes de Piémont Sardaigne aux batailles de Custozza & Novara et permit ainsi à l'Autriche de réintégrer ses pénates. Ce n'est qu'en juin 1859 que les piémontais très fortement épaulés par les français réussirent à prendre le dessus sur l'Autriche lors des boucheries de Magenta & Solferino. Toutefois le 12 juillet, Napoléon III, rendu inquiet par les pertes dans son armée, stoppait tout. A l'armistice de Villafranca, il obtenait le rattachement de la Lombardie au Piémont Sardaigne de Victor Emmanuel II & Cavour en échange de la Savoie & Nice pour la France et du maintien de l'Autriche en Vénétie


CHARLES GOYBET EN 1848


Les Goybet etaient d’importants propriétaires terriens solidement installés sur leur domaine de Volontaz, commune de Yenne, localité située aux bords du rhone sur la route Chambery. Antoine Goybet, Syndic de Yenne en 1848, avait quatre fil, Charles, Pierre, Laurent et Alexis. Charles écrivit ses lettres alors qu’il était Lieutenant au régiment de Savoie – Cavalerie. Né à Yenne le 3 Décembre 1825, il était entré à 13 Ans à l’Académie militaire de Turin. Il prend part comme Lieutenant à la campagne contre l’Autriche du printemps et de l’été 1848. Une série de lettres écrites à son père nous donne un remarquable aperçu de la guerre.


Le journal Turinois Concordia écrit « Si nous parvenons à nous rendre maîtres de Verone avant que l’armée Autrichienne ait reçu des renforts notre indépendace est assuré . Protéges par cette place , nous pourrons nous avancer dans le Tyrol et empécher l’arrivée de nouvelles troupes ennemies ……. Le succès de nos armées et la durée de la guerre sont en question dans l’occupation de cette clé de la Lombardie ».

Le Courrier des Alpes « Nos forces se concentrent sur Vérone pour tenter un coup décisif Nous aimerions voir se confirmer que 4000 Piemontais ont passé l’ Adige à Pontone «

Pendant ce temps le Lieutenant Goybet est aux prises avec des problèmes de cantonnement…….


PROBLEMES DE CANTONNEMENT .......


Villafranca le 28 Juin 1848.


Mon cher Papa,


….. Ici nous avons une chaleur étouffante ; et nous n’avons même pas un petit ruisseau ou l’on puisse se baigner ; les mouches sont en telle quantité que si l’on veut manger quelque chose , il faut mettre les mains dans l’assiette si l’on ne veut pas manger les mouches. La nuit on ne peut pas dormir à cause des insectes qui vous piquent et vous font enfler . Ce qui est aussi très malsain c’est que depuis que nous sommes partis de Crémone l’on ne trouve pas de latrines dans les maisons de manière qu’ici comme dans toute la Vénétie l’on est obligé de faire une demi- lieue pour aller faire ses besoins en campagne ; et les soldats qui ne peuvent pas sortir de la ville sont obligés de se décharger dans les cours et pendant la nuit dans les rues ce qui cause une odeur insupportable .

Quant à la nourriture elle est extremement chère. A diner, l’on vous donne trois petits plats et la soupe et l’on vous demande 2.50, alors l’on crie qu’ils sont de la canaille mais à la fin il faut payer . Une bouteille de vin que l’on paye 6 sous en Piemont , ici l’on paye 15 sous. Au café, c’est pire encore, l’on ne peut pas déjeuner avec du café au lait et tremper quelque chose dedans à moins de 10 à 12 sous . Les marchandises sont aussi la même chose, je n’avais plus de calçons les miens étaient tous en lambeaux, j’ai dû acheter de la toile, ils me l’ont fait payer 1F50 il razzo ; il m’en faut trois pour faire une paire de calçons ; il est vrai que la toile est de la toile de lin beaucoup plus belle et plus forte que celle qu’on fait en Piemont. …………………………………………. Mon cheval gris n’ a jamais été si gai qu’à présent , je ne peus pas le tenir tranquille un moment quand je suis dessus . IL est rond comme une boule . On dirait qu’il ne peut pas marcher tant il est gras. Maintenant j’ai un excellent soldat domestique qui a bien soin du cheval et de mes effets. J’en suis très content . ……………… Embrasse bien de ma part la maman et dis lui qu’elle ne se mette pas en peine sur mon compte. Embrasse aussi l’oncle et la tante Piollet et Pierre. Si nous partons d’ici bientôt Je t’écrirais. Adieu mon cher papa je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que Maman


Ton fils affectionné Charles Goybet


  • Villafranca di Verona au sud est d’une ligne Peschiera- Verone, ou devait se conclure l’armistice de 1859. Cette localité commandait le nord du secteur entre Minois et Adige.



LA PRISE DE GOVERNOLO



« La voie commencée par nos soldats sur la colline de Vérone pour transporter le canon et , de là , battre la ville s’execute avec une incroyable célérité… Le Duc de Genes, avec 25000 hommes, bat Verone en deça et au-delà de l’Adige …Le sommet de ladite colline dominant la ville est pris « , affirme le « Patriote Savoisien » des 19 et 20 Juillet. Et puis il y a la prise de Governolo !



Malvicino , le 31 Juillet 1848

A Alexis Goybet, Asseseur au tribunal Albertville

Je vais te raconter en peu de mots une des plus belles journées qu’a eu notre armée depuis qu’elle est en campagne et qui a eu pour resultat la prise de Governolo , la prise de deux drapeaux, quatre pièces de canons plus de 400 prisonniers et plus de 300 morts du coté des Autrichiens . Une colonne d’Autrichiens s’étant dirigée sur le duché de Modène, le général Bava à la tête des brigades d’Acqui et de Casal , de Genes – Cavalerie et des deux batteries d’artillerie alla pour leur couper la retraite . Les Autrichiens voyant venir nos troupes se retirèrent dans le village de Governolo. le General Bava les poursuivit jusque vers le pays et fit entourer par l’infanterie et les trois premiers escadrons de Gènes – Cavalerie. Ensuite comme les Autrichiens s’étaient barricadés dans le pays l’artillerie commença à coups de canon à mettre à bas les barricades . Quand elles furent presque détruites l’on donna l’ordre aux trois autres escadrons de Gênes Cavalerie d’entrer à la carriere dans toutes les directions et de les massacrer . Le premier qui se présenta fut le Chevalier Brunetta qui à la tête de son peloton se présenta à la barricade ; quand il fut près des maisons les Autrichiens firent une décharge si forte que lui et tout son peloton tombèrent de cheval, il reçut deux balles qui le blessèrent , une au cou, l’autre aux côtes . L’on prétend que les blessures ne sont pas mortelles. Il est parti avant-hier pour Crémone , le reste des trois escadrons entrèrent dans diverses directions à la carriere suivis par l’artillerie légère et firent un tel massacre que l’on trouva plus de 300 morts dans le pays

Imagine-toi la moitié du régiment de cavalerie charger dans les rues avec nos lances qui sont très longues et très pointues, tous (ceux ) qu’elles touchent sont morts et puis ceux qui tombaient seulement par le choc de nos chevaux étaient écrasés par l’artillerie lègère qui était aussi à la charge derrière la cavalerie. De 1000 qu’étaient les Autrichiens dans le pays , 200 tout au plus furent assez heureux pour pouvoir se sauver. Le reste resta ou morts ou prisoniers

Notre perte fut de deux officiers de Gène Cavalerie qui perdirent la vie à cette occasion. L’un est le Comte Gattinara lieutenant – adjudant –Majordans Gêne – Cavalerie charmant garçon avec lequel j’étais lié ; l’autre est monsieur Appriotti ; il venait de passer officier. Il n’y a pas un mois . l’on compte la perte de Gênes- Cavalerie de 18 à 20 hommes entre sous-Officiers et soldats ; quant aux blessés je n’en sais rien . Ce qu’il y a de Facheux pour Gattinara qui est mort , c’est que les Autrichiens s’étaient rendus quand un soldat , le voyant passer devant lui prit son fusil Qui était par terre et lui fit feu dessus et l’attrapa au milieu du front.

Avant-hier Nice Cavalerie a pris un convoi aux Autrichiens de 1500 sacs d’avoine . Maintenant Mantoue est bloqué de tous les côtés. Nous espérons grâce aux fièvres qui règnent dans la ville à cause du mauvais air que dans peu de temps elle sera notre possession. Le roi avec son Quartier General s’est transporté de Roverbela à Mamirolo. De nouveau il n’y a rien jusqu’à présent .

Je te prie de faire passer cette lettre à Laurent qui demande souvent des nouvelles de la guerre. Adieu mon cher ami, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que laurent.

Ton affectionné Ami et frère Charles.



MILAN AUX MAINS DES AUTRICHIENS


Le « patriote Savoisien » relate ces faits

Milan 4 Aout 2h de l’après midi

« Ce matin la population était divisée . La cause était l’incertitude ou on était sur les secours de la France . L’ennemi est à nos portes . La troupe Piémontaise crie Aux Armes. ».

On bat la générale dans tous les Corps de Garde, de tous côtés on entend le tocsin. La population se ranime, et malgré des flots de pluie , les rues sont pleines de Gendarmes . Le bruit du canon approche. 4 h après midi – Radetski est à Gomvolta , hors de la porte Romaine ( 2 miles). Un combat acharné s’engage . Les Autrichiens sont repoussé avec pertes de 3 pièces de canon et de 500 hommes tués ou blessés . Les nôtres ont eu deux tués et peu de blessés … »


De son coté Goybet, qui se trouve à Vigevano, fait etat à l’usage de sa famille de remous autrement serieux et spectaculaires. .

Vigevano le 8 Aout 1848

Je vais te raconter en peu de mots de quelle manière nous avons passés le dernier jour que nous sommes restés à Milan. Il faut que tu saches que le Roi quand il est rentré dans Milan , c'est-à-dire le 4 Aout avait fait afficher aux murs des maisons de Milan des proclames (sic) dans lesquelles il disait qu’il était venu ici avec presque toute son armée plutôt que d’abandonner la ville, et que pour l’aider il invitait les citoyens à faire des barricades dans toute la ville pour pouvoir mieux se défendre .

Le soir pendant toute la nuit l’on ne voyait dans tout Milan que des hommes et des femmes à transporter des matériaux, à dépaver les rues pour faire des barricades ; et le lendemain matin toutes les barricades étaient achevées. A minuit j’étais encore dans les rues de Milan qui me promenais avec quelques officiers ; c’était un plaisir de les voir et de la manière et avec quelle ardeur ils travaillaient et quand ils nous voyaient passer ils criaient . « Vive les piémontais » . le lendemain matin avec toutes les proclames qu’ils avaient fait la veille , le Roi réunit le conseil de ses généraux et leur dit que n’ayant plus de munitions pour défendre la ville , il demande quel parti il faut prendre . Je ne sais pas les discussions qui eurent lieu mais le résultat fut que le jour même ils devaient partir pour se porter sur nos frontieres . Le peuple milanais, voyant tous les généraux sortir de chez le Roi prêta l’oreille et en peu de temps parvint à savoir que le roi avait décidé de partir avec toutes ses troupes et avait capitulé avec Radeski, lequel devait entrer par une porte de la ville de suite après que nos troupes seraient sorties .

Le peuple ayant su cela commence à crier aux armes, qu’ils étaient trahis, et voyant les équipages du Roi qui commençaient à défiler , ils les arrétèrent. Des voitures , ils les tournèrent sens dessus dessous et en firent des barricades ; la caisse particulière du Roi qui se trouvait aussi là fut pillé . Il s’y trouvait une cinquantaine de mille Francs puis ils se portèrent au Palais ou était logé le Roi, le retinrent lui, et tous ses Generaux prisonniers et ils mirent en garde à la porte pour ne pas le laisser sortir .

pendant ce temps là , je me trouvais dans une auberge avec deux officiers de mon régiment qui déjeunions et cette auberge se trouve en face du théatre de la Scala qui est au centre de Milan ; nous étions là tranquilles quand le maître de l’auberge vint nous dire de sortir de suite parce que lui voulait fermer les portes ; parce qu’ayant été trahis par nous, les Autrichiens devaient entrer dans la journée , il voulait avoir le temps de partir . Nous sortons ; à peine étions nous dehors de la porte que nous voyons venir vers nous les habitants de Milan armés de fusils, nous criant Trahison, Mort aux traîtres Piémontais qui nous ont vendu. Nous voyant dans cette position nous n’avons rien dit , nous avons pris la route pour aller à notre quartier qui était à une demi-lieu de l’endroit ou nous étions et par la route ceux qui nous arrêtaient nous cherchions à les persuader que ce n’était pas vrai, que nous ne partions pas. Enfin nous arrivâmes à notre quartier sans aucun accident.

Plusieurs officiers qui se trouvaient dans le centre de Milan furent arretés, mis en prison et sur le point d’être fusillés pat la populace ; ils ne pensaient pas que les pauvres Piemontais qu’ils voulaient tuer , il y avait déjà quatre mois qu’ils se battaient pour eux et avaient souffert beaucoup plus qu’ils ne pensaient .

Quand je fus arrivé au quartier tous les chevaux étaient déjà bridés ; l’on nous fit monter à Cheval ainsi les deux régiments de cavalerie qui étaient dans le même quartier que nous fit aller sur la place Château , et de là pour nous faire sortir de Milan par la porte Ticinese. Tous nos six Régiments de Cavalerie furent conduits sur la place Château , et de là pour nous faire sortir de Milan par la porte Ticinese. Tous nos six Régiments de Cavalerie furent ainsi conduits sur la place Château quand nous étions tous là que l’on n’attendait plus que le moment de se mettre en marche pour partir l’on vint nous dire que le Roi était prisonnier et que les Millanais auraient tué le Roi si la troupe fut sortie.

Un moment après l’on attachait au coin des rues un proclame dans lequel le Roi .avait juré de rester dans la ville et de s’y défendre jusqu’au dernier moment et qu’il jurait plutôt mourir que se rendre. Nous mimes alors pied à terre attendant d’être attaqués d’un moment à l’autre par devant les Autrichiens et par derriere des Millanais qui voulaient venir nous massacrer . Nous restames tout le jour et toute la nuit dans cette position ; si Radeski fût ou nous étions il aurait pu prendre toute la cavalerie sans coup férir parce que nous ne nous serions pas battus et même que nous eussions voulu nous battre nous n’aurions pas pu.. Nous fumes en pied sans manger , les chevaux bridés, la bride à la main tout le jour et toute la nuit et l’on avait dit qu’ à la tombée de la nuit nous aurions été attaqués par les Milanais et pour vérifier ce qu’on nous avait dit à la tombée de la nuit nous entendions 3 coups de canon ; il parait que ce devait être le signal mais heureusement il n’y eu rien ; mais nous passâmes 24 heures dans une bien mauvaise position ; l’on croyait bien plus les Millanais que Radeski.

Pendant tout le temps que le Roi demeure prisonnier, on lui tire beaucoup de coups de fusil et les vitres et le plafond de sa chambre sont criblés de balles . On voulait le tuer ; enfin à minuit, il fut emmené par une Compagnie de Bersaglieri qui le conduisirent jusque hors de la ville .

Le lendemain matin de bonne heure toutes nos troupes sortirent de la ville et prirent la route pour se porter sur nos frontières ou elles se trouvent actuellement ; les dernieres troupes qui sortirent de Milan furent harcelées par les Milanais qui tiraient sur eux (sic) pendant qu’elles se retiraient . Nous n’ étions pas encore tous sortis que les Autrichiens entraient déjà dans Milan par une autre porte . Les premiers qui entrèrent dans Milan furent les Hussards qui firent leur entrée , musique en tête.et aux cris de vive les Autrichiens par les Millanais. Des officiers de nôtres qui se trouvaient encore dans la ville purent encore entendre ces cris. Au reste Radeski avait promi de tout oublier et il a donné la permission de sortir de la ville . et d’y entrer sans inquieter personne pendant 24 heures. Le roi est ici . Il a encore envie de faire la guerre mais bien qu’ il le veuille il ne pourra pas la faire parce que son armée se refuserait de passer le Tessin, et puis il est odieux à toute son armée. L’on dit qu’il est ambitieux , un traitre sans cœur âme et têtu enfin tout ce que l’on peut dire d’un homme qui a sacrifié si mal à propos son armée, et cela tout par orgueil, et l’on ne dit pas cela que personne ne l’entende, tous les officiers le disent fort en plein café. Quand ces choses seront un peu plus en ordre je demanderai une permission d’une année et j’espère pouvoir aller faire les vendanges de cette année.


Adieu mon cher Papa, embrasse bien de ma part Maman ainsi que l’oncle et la tante Piollet. Alexis, Pierre et Laurent. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que Maman et toute la famille. Ton affectueux et respectueux fils .

Charles


Le 9 Janvier 1849 il écrit de Verceil à son frère , Pierre étudiant en Droit à Chambéry :

« Tout le monde parle des affaires de la Savoie et pour mon compte je suis très content que la Savoie se fasse écouter ; et quelle n’aille pas se jeter dans le gouffre ou va s’engloutir le Piemont s’il continue : tout mon régiment et ceux qui pensent bien et qui ont quelque chose à perdre sont du coté de la Savoie parce qu’ ils voient l’impossibilité de faire une guerre à L’Autriche dans ce moment –ci qui ne présente aucune chance de réussite L’armée en général est contraire à la guerre ; et contraire au ministère actuel qui, à ce qu’il paraît, cherche à se faire haïr de tout le monde ; je ne crois qu’il puisse durer longtemps » .


Source : Un officier Savoyard en 1848 de Jacques Lovie










CHARLES GOYBET : DE CHAMBERY A SEBASTOPOL …………………………………………………………………………



Avant propos d’Henri Goybet



Henri Putz alors Professeur agrégé au Lycée Corneille de Rouen publie les lettres de Charles Goybet à sa famille alors Aide de Camp Savoyard du Général de Division Comte Trotty sous le titre ‘’ De Chambery à Sebastopol ‘’ dans la collection de documents inédits dirigée par Gérard Mauduech N° 2 . (1975).


Alexis goybet grand père de Mariano qui épousa Louise de Montgolfier est le frère d’Antoine Goybet maire de la ville de Yenne, chevalier de la légion d’honneur , père de Charles Goybet alors aide de camp en Crimée et dont on connaît la brillante carrière.



Nous étudierons d’abord la guerre de crimée et le siège de Sebastopol avec des textes d’Alain Decaux et André Castelot tirés de leur dictionnaire d’histoire de France Edtion Perrin novembre 1986, un texte également de marie Odile Mergnac exposant le caractère moderne et cruel de cette guerre. Nous verrons aussi les effets surprenants de la guerre de Crimée sur le développement de la météorologie nationale. (Tirè site météo françe) . Mon souci est de replacer les lettres de Charles dans leur contexte historique en apportant au lecteur des aspects Généraux et quand c’est possible y glisser un éclairage différent .



Après avoir campé le décor nous passerons au vif du sujet avec un Avant Propos d’Henri Putz sur Charles Goybet et sa famille , puis nous seront livrées ces lettres passionnantes de Charles écrivant à son père Antoine . C’est un témoignage capital pour notre famille car il est vivant , plein d’anecdotes et nous montre de plus que Charles par sa position et ses prédispositions était un observateur privilégié de ce siège et cette victoire dont la Capitale en porte encore fièrement le souvenir à travers ses rues et monuments.






LA GUERRE DE CRIMEE





La guerre de Crimée est née du désir des Français et surtout des Anglais de soustraire les détroits de la mer Noire à la menace Russe .


Le gouvernement de la reine Victoria obéissait à une loi constante de la politique britannique : s’opposer à ce que les autres grandes puissances s’assurent des positions maritimes stratégiques . En l’occurrence , Napoleon III partageait le même souci , en y ajoutant des arrières pensées diplomatiques et un motif religieux


Arrière-pensées diplomatiques : par la cobelligérance avec l’Angleterre , ramener l’entente entre l’Aigle impérial et le Lion , prouver que « l’Empire c’est la paix . » (du moins en Europe !) ; profiter de la méfiance de l’Autriche envers la Russie pour les dresser l’un contre l’autre , autrement dit casser la vieille alliance des Etats chrétiens d’ Europe orientale contre la France impériale .


Motif religieux : la France est par tradition protectrice des lieux Saints. Un traité signé en 1740 entre Louis XV et la Porte l’a solennellement confirmé Or depuis environ un siècle , le clergé grec évince peu à peu les desservants latins de Bethléem et de Jérusalem Les Byzantins bénéficient du soutien efficace du Tsar qui déclare avoir à veiller sur les intérêts de plusieurs millions de chrétiens orthodoxes vivant sous la domination turque.


Depuis 1828 Nicolas 1er guette la succession de la sublime Porte , qu’il qualifie d’‘’homme malade de l’Europe . En 1852 , ses intentions belliqueuses se traduisent dans les faits . La Russie méridionale est mise sur pied de guerre . L’année suivante , ‘’ les ‘’principautés’’ ou provinces moldo-valaques sont envahies, la flottte d’Osman Pacha est coulée à Sinope (30 Novembre). La mer Noire devient un lac russe .


Le 25 mars 1854, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à la Russie . Un corps expéditionnaire franco-anglais se rassemble à Gallipoli sous les ordres de Saint-Arnaud et de lord Raglan puis marche sur Varna .


Les Russes sont contraints d’abandonner le siège de Silistrie et d’évacuer les provinces moldo-valaques qui sont plaçées sous la surveillance de l’Autriche Le théâtre des opérations se déplace alors pour une diversion en Baltique où les alliés s’emparent de Bomarsund (Aout) et bloquent le port de Kronstadt .


Pendant ce temps, le choléra fait des ravages en Dobroudja. Les alliés décident d’aller attaquer Sébastopol. Le commandement allié commet alors l’erreur de surestimer les défenses de la ville . Un vaste camp retranché s’établit et au Sud de la place Canrobert, qui a remplacé en Septembre Saint-Arnaud mort du choléra, perd assez de temps pour que les Russes puissent organiser leur défense. Toutefois Menchikov, qui n’a pas réussi à rompre les lignes alliés à Balaklava en Octobre , ni à Inkerman en novembre, ne parvient pas non plus à gêner sérieusement les travaux du siège qui vont se poursuivre pendant l’hiver. Canrobert est relevé de son commandement sur sa propre demande . Pélissier le remplace en mai 1855. Peu de temps après Simpson succède à lord Raglan, emporté par le choléra. C’est alors que commencent les hauts faits de la campagne : prise du Mamelon-Vert et des ouvrages blancs ( 7 Juin ), combat du pont de Traktir (16 Aout) , enfin assaut victorieux de Malakoff (8 Septembre) qui entraine la chute de Sebastopol .La guerre prendra fin après la bataille de Kanghil (29 Septembre) et l’occupation de Kinburn et d’Otchakov le mois suivant.



A l’issue d’un congrès ouvert à Paris le 25 février 1856, la paix est signée le 30 Mars .


Le principal effet de cette guerre qui, dans l’immédiat, sert surtout les intérêts anglais , est l’arrêt de la progression russe vers le Sud . Aux yeux du gouvernement français la victoire efface les traités de de 1814et de 1815 ; les Balkans et le Proche-Orient s’ouvrent à l’influence Française.





LE SIEGE DE SEBASTOPOL





Episode de la guerre de Crimée . Au lendemain de la victoire de l’Alma remportée par l’armée franco-anglaise sur l’armée russe, le 20 septembre 1854, les alliés investissent Sébastopol. Le prince Gortchakov , secondé du lieutenant-colonel de Todleben défend la ville.


Le 25 Octobre , les Russes attaquent, à Balaklava, le pont d’approvisionnement des alliés commandés par le Général Canrobert et lord Raglan. Pendant l’engagement aura lieu la célèbre charge de la brigade légère de lord Cardigan. Il n’y a ni vainqueurs ni vaincus, les alliés ont abandonné leur ligne de défense, les Russes n’ont pu occuper la place.


Le 5 Novembre en haut du plateau d’Inkerman, 100 000 Russes lançent une offensive contre 65 000 alliés . Malgré la rudesse du choc , on appellera la journée l’Abattoir , le sort, de nouveau , ne décide pas entre les adversaires . La maladie va s’ajouter à la guerre . : Une épidémie de Typhus se propage , et 250 alliés périssent quotidiennement .


Médiocre stratégie, le général Canrobert remet ses fonctions au général Pélissier en mai 1855. Le 16 août, après la prise du Mamelon vert par les Français, les Russes parviennent à franchir le pont de Traktir enjambant le fleuve Tchernaïa . La sortie se révèle inutile et coûteuse en vies humaines . Les divisions françaises et le corps expéditionnaire Sarde brisent l’élan des assiégés qui perdent 8000 soldats . Le siège se poursuit , toujours plus impitoyable .



Le 1er Septembre les Français s’élancent du Mamelon-Vert, sont à 25 mêtres de Malakoff et à 40 mètres du Petit-Redan, bastion que les Russes baptisent le bastion d’Enfer ou de la Boucherie. 200 mêtres séparent les Anglais de l’ouvrage Le 5 Septembre 814 pièces alliées pilonnent Sébastopol à demi ruinée . Ce bombardement continuera 72 heures et mettra 7500 Russes hors de combat.


Le 8 Septembre les Zouaves s’emparent de la redoute de Malakoff. Les Anglais ayant perdu le petit-Redan puis n’ayant pu réussir à conquérir le Grand-Redan, la position des Français devient périlleuse. Le général de Mac-Mahon refuse néanmoins d’ordonner la retraite et prononce son mot fameux : « J’y suis , j’y reste ! . » L’obstination du futur président de la République se révèle décisive pour l’issue du conflit . Le Prince Gortchakov considère en effet , après la prise du fort de Malakoff, qu’il est impossible de prolonger la résistance et décide l’évacuation et la destruction de Sebastopol. Le 10 Septembre 1855, le drapeau français flotte sur les décombres de la ville. Le siège a duré 332 jours . 80 000 victimes dans chaque camp pour ce siège de 11 mois.





UNE GUERRE MODERNE ET CRUELLE





La guerre de Crimée préfigure les guerres modernes, les belligérants français et anglais devant intervenir à plusieurs milliers de kilomètres de leurs bases : c’est leur supériorité navale et logistique qui permettra les ravitaillements et, à terme, la victoire. Pourtant, rien ne semble joué. Aucun espoir de prendre la ville rapidement


Aux pluies de décembre succédèrent les gelées et les neiges. Les cas de congélation [des soldats] se multiplièrent. La nourriture était exécrable : du lard salé, pas de viande fraîche ; de là, l’épidémie de scorbut qui dévora plus de vingt mille hommes ". Le choléra fait aussi des ravages. Les premières tranchées apparaissent. Au final près de 100 000 hommes perdus, la plupart de maladie. La cruauté de cette guerre incite Henry Dunant à imaginer des solutions pour venir en aide aux blessés sur les champs de bataille : ce sera la Croix Rouge, créée en 1863.



Enfin, le 8 septembre 1855, la prise de la tour Malakoff par Mac-Mahon entraîne la chute de Sébastopol et la fin des combats. La paix est signée en 1856 à Paris, garantissant l’intégrité de l’Empire turc, démilitarisant la mer Noire, et accordant leur autonomie à la Moldavie et à la Valachie.



Victor Hugo, qui déteste Napoléon III, ridiculise dans ses vers les soldats de Crimée, par exemple le général Saint Arnaud, frappé par le choléra : " Il voyait, pâle, amer, l’horreur dans les narines, Fondre sous lui sa gloire en allées aux latrines ". Il écrit sur l’armée française des pamphlets d’une telle violence qu’ils seront repris par la propagande allemande pendant la guerre de 1870 puis les deux guerres mondiales !

En réalité, dans l’opinion française, l’impact moral est considérable : l’armée française peut sembler la première d’Europe, elle a su assurer une maintenance logistique difficile et braver le tout-puissant Empire russe. Lorsque, le 29 décembre 1855, quelques divisions revenues de Paris défilent à Paris, elles sont acclamées par la population. " Ils sont entrés en tenue de campagne, raconte Prosper Mérimée, avec leurs vieilles capotes déchirées, leurs drapeaux en loques et leurs blessés marchant en avant avec les vivandières. Il y a eu une nuée de larmes. Le général Canrobert pouvait à peine se tenir à cheval d’émotion. " Et les Parisiens donneront à leurs boulevards les noms des victoires de Crimée


Texte : Marie-Odile Mergnac





URBAIN LE VERRIER : LA CRIMEE ET LA NAISSANCE DE LA METEOROLOGIE




Astronome français (1811-1877). Spécialiste de mécanique céleste, il accomplit une tâche illustre en examinant les perturbations du mouvement de la planète Uranus, d'où il déduisit — en même temps que l'astronome anglais John Couch Adams (1819-1892) — l'existence d'un astre inconnu dont il calcula l'orbite probable : ainsi put être découverte en 1846, par l'astronome allemand Johann Galle (1812-1910), la planète Neptune, "voisine" d'Uranus ; plus généralement, Le Verrier, qui fut par deux fois directeur de l'Observatoire de Paris (de 1854 à 1870, puis de 1873 à 1877), mena une révision complète des tables des mouvements planétaires et élabora une théorie du mouvement de la Lune.



Membre de l'Académie des sciences à partir de 1846, homme public — il fut député, puis sénateur — , Le Verrier était connu de ses pairs et de ses subordonnés pour son intransigeance et son autoritarisme. Ces traits de caractère, pour la météorologie, furent peut-être un facteur bénéfique, puisque c'est grâce à la volonté de ce grand organisateur que fut institué en France un service météorologique opérationnel, puissamment structuré et lié régulièrement à d'autres établissements d' observation européens. Les circonstances de cette fondation sont restées célèbres, car elles posent d'emblée le problème de la prévision des phénomènes dangereux à l'occasion de deux catastrophes survenues lors de la guerre de Crimée (1854-1855). La première se produisit le 14 novembre 1854, alors que les flottes anglaise, française et turque faisaient le siège des forces russes devant Sébastopol : une violente tempête frappa les marines alliées, envoyant par le fond 38 navires de commerce et de transport et 3 vaisseaux de guerre, dont le Henri IV . Or, Le Verrier, directeur de l'Observatoire de Paris depuis le début de la même année, projetait de fonder un service de météorologie télégraphique : dès lors, il entreprit de recueillir et d'analyser à travers toute l'Europe les informations sur l'état de l' l’atmosphère entre les 12 et 16 novembre inclus, ainsi qu'il l'exposa plus tard à l'Académie des sciences ; il reconstitua ainsi l'étendue et la trajectoire de la tempête et en déduisit que l'arrivée de celle-ci aurait pu être prévue à l'aide d'un réseau de transmission approprié, comme pouvait l'être, était-il fondé à supposer, l'arrivée de toute tempête en général. C'est le 16 février 1855 que Le Verrier soumit à l'empereur Napoléon III son projet de création d'un tel réseau, soit le lendemain même de la seconde catastrophe : en effet, le 15 février, lors d'une terrible tempête, la frégate française La Sémillante , partie la veille de Toulon pour la Crimée, s'était jetée contre les récifs et abîmée avec ses 693 soldats et hommes d'équipage dans les profondeurs des bouches de Bonifacio — ce fut la plus grande catastrophe maritime jamais survenue en Méditerranée. Ces deux désastres ne pouvaient qu'entraîner l'approbation immédiate du projet par l'empereur, prononcée le 17 février.



L'organisation du réseau météorologique, d'abord destiné aux ports maritimes, fut rapidement mise au point à l'échelon national, puis international : le 2 novembre 1857 paraissait un tableau d' observations météorologiques dans le premier numéro du Bulletin international de l'Observatoire de Paris, et le 7 septembre 1863 était publiée dans ce même Bulletin la première carte météorologique sur l'Europe. Ainsi fut mis sur pied et développé en une vingtaine d'années par Le Verrier — au milieu de dures rivalités personnelles et administratives et de continuels désaccords scientifiques — un service météorologique fondé sur l'observation et la transmission synchronisées au sein d'un réseau de bientôt soixante-dix centres métérologiques européens, fournissant des prévisions maritimes sur 24 heures et allant jusqu'à inclure le suivi des orages ou les avertissements en agrométéorologie




Note d’henri Goybet : Nous rapellerons que notre Illustre parent Auguste Bravais qui publia un mémoire traitant de cristallographie 1847.qui démontre de facon rigoureuse l’existence des 32 classes cristallines et des 14 reseaux tridimensionnels qui portent son nom sera Cofondateur de la Société météorologique et succéde à Roussin à l’Academie des sciences en 1854.





AVANT PROPOS D’HENRI PUTZ SUR LES LETTRES DE CHARLES




Le général Charles Goybet peut intéresser la petite histoire par l’originalité de sa carrière commencée à l’Academie Royale Militaire de Turin en 1838 à l’âge de douze ans et terminée dans l’armée française comme Général de division C’est ainsi qu’il servit comme lieutenant au régiment de Savoie Cavalerie , comme aide de camp en Crimée du Général de division comte Trotti, comme capitaine aux Chevaux Légers d’Aoste ( 1858) , comme major aux Lanciers de Florence (1860) avant d’opter pour la France ; il sera chef d’escadron puis lieutenant colonel au 4 ème régiment de Dragons , colonel en 1872 au 20 ème régiment de Dragons , Général de brigade en 1877 et général de division en 1887, étant Inspecteur Général de la Cavalerie . Quant il prit sa retraite en 1890 avec la plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur , il pouvait évoquer ses combats en Italie en 1848-1849 en Crimée en 1855, devant Metz en 1870 et une participation toute théorique à la répression de la Commune



Carrière mouvementée entre Turin et Limoges, Florence et Lyon, Sébastopol et Metz, mais son ancrage , ses affections, c’est sa famille de la Savoie , ce qui nous vaut ces « Lettres de Crimée . » actuellement dans les archives personnelles de l’auteur .


Son affection pour les siens se manifeste par la régularité de sa correspondance, la longueur de ses lettres , la franchise des sentiments exprimés, le souci de connaître les évènements familiaux , que ce soit la santé de sa mère, les examens de ses frères, le temps qu’il faut pour les semailles et les vendanges , l’éducation des vers à soie, l’achat de terres , etc…


Il ne sépare jamais famille et région de Yenne et c’est pour lui être fidèle qu’il optera pour la France en 1860. Son père, Antoine Goybet (1787-1867) , un propriétaire est un notable ; il est syndic de sa commune sous le régime sarde avant d’en être le maire après 1860 et il partage sa vie entre sa maison d’hiver dans le bourg et son domaine de Volontaz qui en est à trois kilomètres . Sa mère née Elisabeth Piollet, est l’objet d’une affectueuse tendresse de la part de ce fils qui restera célibataire . Charles n’oublie pas ses frères Alexis (1820-1893), juge, qui a épousé Célina Grange, de Randans (Maurienne) et Pierre, avocat ( 1828-1896). Laurent qui passe alors des examens de droit . Jusqu’à la mort d’un oncle , Charles Goybet en 1846, ancien marchand de Soie à Lyon, qui avait acheté la propriété de Volontaz, Antoine avait eu du mal à élever ses enfants ; c’est ce qui explique qu’il avait sollicité et obtenu une bourse de l’Académie Royale Militaire de Turin pour son fils Charles, alors qu’il n’y avait aucune tradition de service ni armée, ni même civil, dans une famille constituée de propriétaires fonciers , de notaires ruraux, de marchands , etc…..


Cet atavisme se retrouve dans le caractère et les idées de Charles ; il est un conservateur savoyard hostile à la politique italienne du roi, aux « démocrates. » d’Alexandrie comme il le sera aux fédérés de Paris. Il se dit ‘content ‘ de partir pour la Crimée car c’est l’occasion d’un beau voyage et c’est utile à son avancement mais il ne fait que ‘’suivre sa destinée n’ayant rien demandé, rien refusé ‘’ , sans aucun attachement affectif pour la maison de Savoie . Peu d’idéalisme mais un sens du concret très net , c’est ainsi qu’il aime une bonne table et de bons chevaux mais à leur juste prix ; ( il a visiblement des soucis d’argent , même si sa famille l’aide à s’équiper ) ; c’est ainsi qu’on a dans ses lettres de fréquentes mentions du prix et de la qualité de la nourriture et surtout des vins et qu’il se trouve heureux de l’ordinaire à bord du ‘’Jura ‘’ .


Sa verve est excitée par la médiocrité de l’intendance sarde qui, honte suprême pour ce cavalier , n’assure aux chevaux ni abri ni ration régulière et de bonne qualité .


Son sens du concret apparaît encore dans ses descriptions précises que ce soit celles de la vie à bord du ‘’ Jura’’ son aperçu de Constantinople ou le détail des équipements de Turcs d’Ecossais ou de cosaques , aussi bien que dans ses visites du champ de bataille de Traktir ou de Malakof conquise et de Sebastopol au pillage . Il est d’ailleurs d’une curiosité inlassable et donne ses impressions avec spontanéité, recouvrant fréquemment aux comparaisons familières avec Yenne et la campagne environnante .


C’est cette fraîcheur de vision, ce sens du pittoresque, ce ton si simple qui donne aux lettres que nous publions une valeur réelle , s’ajoutant à celle du témoignage vécu d’un témoin de l’Expédition de Crimée et cela l’emporte sur le style médiocre de certains passages.


Au début de mai 1855, Charles, aide de camp du général de division , le comte Trotti, est muté avec celui-ci de Chambery à Alexandrie sans savoir, jusqu’au 17 Juin, qu’il partira pour la Crimée .


Cette décision qui lui fait plaisir consterne sa famille . Une lettre de son frère Pierre nous le montre : ‘’ Nous venons d’apprendre une mauvaise nouvelle…. Au moment où l’on s’y attendait le moins , il faut qu’un vide se fasse et que tu sois au premier poste pour le remplacer…. Huit jours ( de délai ) , mais c’est à peine pour préparer une méchante malle ….

Ecris bien vite au pauvre père qui t’adressera chez un banquier à Turin ; il te faut un bon cheval et à tout prix ……Si d’ici à quinze jours nous recevions au moins quelques bonnes nouvelles de Crimée ! Depuis Pelissier, les choses marchent mieux et on s’attend à une grande bataille . Si l’on pouvait se hâter …. Cette nouvelle a produit une sensation désagréable dans Chambery ; on regrette de te voir partir ainsi que le Général qui est presque des nôtres et c’est une nouvelle occasion de cris contre un gouvernement qui pèse sur nous comme un malheur public . N’oublie pas de te procurer un manteau en Caoutchouc …. Je vais écrire à Piollet (un docteur) qui t’enverra quelques instructions et des médicaments contre les sept plaies d’Egypte qui règnent en Crimée ; ne méprise pas la petite graine , déjà en Orient on s’en sert beaucoup …..Protégé ainsi par la bonne homéopathie et par les vœux de tous nos amis , tu braveras tous les périls et tu nous reviendras capitaine et avec un second ruban….. ‘’.

Chambery le 17 juin 06



Monsieur Mollard un ami de Chambery ancien député, juge à Gènes, exprime des idées semblables dans une lettre du 7 Juillet 1855.


« J’ai éprouvé un véritable regret de voir partir Charles surtout si précipitamment ; le bateau qui le porte remorque deux autres bâtiments à voile qui, je l’espère, retarderont sa marche et l’empêcheront d’arriver avant la prise de la tour Malakoff ….Généralement ici, on a toujours réprouvé notre intervention en Crimée ; on croit que c’est une faute grave sous tous les rapports et surtout impardonnable lorsque nous avions pour nous l’expérience d’une armée Anglaise qui avait disparu .


On croit que, sous le rapport financier , c’est la consommation de notre ruine et, sous le rapport politique , nous nous sommes aliénés la Russie qui nous avait toujours soutenus sans avoir le bénéfice de notre intervention en supposant même la plus grande réussite.


Les dépenses que nous faisons sont énormes …..dix sept mille cinq cent hommes …. La Marmora demande continuellement des renforts et Cavour prétend qu’on ne peut rien lui refuser ….. Si malheureusement les alliés venaient à éprouver un revers sérieux . Vous verrez la démagogie relever la tête plus que jamais et nous n’aurions rien à lui opposer , sauf l’invasion de l’Autriche ; espérons toutefois sur de grands succès …. »


Monsieur Mollard accuse ensuite le gouvernement de vouloir « éteindre jusqu’à l’ombre d’une opposition en Savoie , de faire détruire les Savoyards par les Savoyards … ainsi nous sommes arrivés au point de n’avoir plus un seul employé dans les ministères et de voir la Savoie inondée de Pièmontais et même de Lombards …. Les ministres sans gêne font peser sur le pays le plus dur despotisme . »







Alexandrie , le 25 Juin 1855





MON CHER PAPA,




Le général vient de recevoir une lettre du ministère dans laquelle il lui demande s’il veut partir mercredi de cette semaine par un vapeur anglais ou bien attendre et partir par « La Constitution », de sorte que je ne partirai pas avant Vendredi de cette semaine


Je suis allé à Turin et j’ai fait faire aussi deux chemises de flanelle, et une paire de caleçons ; et en passant à Gênes , je veux encore en acheter parce qu’on écrit de Crimée que c’est un grand préservatif du Choléra J’ai pris aussi un grand manteau de caoutchouc avec son capuchon , pour me garantir de la pluie , et une grande couverture de laine pour m’envelopper le corps pendant la nuit , outre cela j’ai pris tous les accessoires qui sont les plus nécessaires pendant la campagne ; et j’ai tout payé avec les mille deux cent francs qu’ Alexis m’a envoyés ; quant au cheval , je préfère en prendre en arrivant là – bas , ils sont déjà acclimatés et n’ont plus à faire un long voyage par Mer qui les faisait beaucoup souffrir .


J’ai acheté une caisse en bois toute férrée où mon linge reste tout parfaitement bien , et qui se charge facilement sur un mulet ; j’ai aussi acheté des lunettes bleues qu’on m’a dit être nécessaire et tu peus être tranquille que je me soignerai Nous avons ici un temps passable depuis quelques jours , cependant ce n’est pas ce que l’on devait attendre de cette saison.

La récolte ne s’annonce pas très bien, les vers à soie ont assez réussi, et la feuille en général a été assez chère .


Je t’écrirais le jour que je partirai de Gènes . J’ai vu Laurent (1) qui travaille bien et qui prend ses examens le 9 du mois Prochain.

Adieu mon cher Papa , embrasse bien la Maman , ainsi que mes frères . Je t’embrasse de tout mon cœur , et je suis ton affectueux et respectueux fils .



CHARLES



(1) Extrait d’une lettre de Laurent sur le départ de son frère . « Baraglia est à coté de moi qui dort en faisant les plus jolis rêves à propos de son voyage en Crimée ; tu ne pourrais te faire une idée de son bonheur, ainsi a-t-il des préparatifs de quoi camper des mois entiers au milieu des caoutchoucs ; il n’y a pas jusqu’au couteau et à la fourchette qui soient oubliés Trotti est bien content d’aller voir Sébastopol et il a dit à Charles qu’il ne se repentirait pas de le suivre …. Il faut bien rassurer la mère ; le choléra n’existe plus chez les Piémontais , j’ai vu Jacquier l’aide de Camp du roi qui me l’a dit . ».





A bord du Jura , le 30 Juin 1855.



MON CHER PAPA ,




Je ne t’ai pas écrit avant de partir de Gènes ? parce que le général a reçu seulement Lundi à midi une dépêche téléphonique du ministère dans laquelle on lui demandait s’il était prêt à partir de Gênes le mercredi à 10 Heures du matin par le vapeur anglais « Le Jura » attendu que le vapeur « La Constitution » sur lequel il devait partir n’était pas encore arrivé de Constantinople et que l’on ne savait pas quand il arriverait . Le général a répondu qu’il était prêt à partir et on lui a immédiatement transmis l’ordre de partir , de sorte que nous sommes partis le lendemain à 3 heures du matin, par le chemin de fer, ainsi que nos chevaux ; nous sommes arrivés à Gênes à 7 heures, j’ai dû attendre encore à la gare une bonne demi-heure avant qu’on pût débarquer les chevaux , de là, je les ai fait conduire à Darsena qui est l’arsenal de marine où on les a mis sur un ponton ainsi que nos effets pour les conduire à bord du ‘’Jura ‘’ , qui se trouvait au fond du port, et par conséquent à trois quarts d’heure de distance ; une fois les chevaux embarqués , je suis allé avec une yole du gouvernement qui avait 8 marins pour rameurs et un capitaine de marine ; nous sommes allés au bord du ‘’Jura ‘’ pour voir l’endroit qui convenait le mieux pour mettre nos chevaux , mais comme nous sommes venus les derniers , les places les meilleures étaient déjà prises , et il aurait fallu faire débarquer une vingtaine de chevaux , mais comme nous sommes venus les derniers, les places les meilleures étaient déjà prises , et il aurait fallu faire débarquer une vingtaine de chevaux pour les prendre, de sorte que je me suis contenté des places qu’on avait vides dans l’entrepont et les chevaux y sont encore passablement .


Après cela je suis retourné à terre et il ne restait plus qu’une heure de temps, et j’ai eu à peine le temps d’aller chez M. Mollard , qui heureusement se trouvait chez lui , et je l’ai prié de t’écrire pour t’annoncer mon départ, et je ne doute pas qu’il ne l’ait fait ; de là je suis , je suis allé à la poste pour voir s’il n’y avait pas de lettres et je n’en ai pas trouvé . Je n’ai pas eu le temps d’acheter plusieurs choses dont j’avais besoin parce que j’ai dû retourner sur le bâtiment qui devait partir d’un moment à l’autre .


Maintenant je vais te donner quelques détails sur le bâtiment : ‘’ Le Jura ‘’est un vapeur anglais de la compagnie d’ Amérique Septentrionale, il est à hélice et sa machine est de la force de 550 chevaux , son port outre ses approvisionnements est de 3500 tonneaux . Imagine – toi qu’il a à son bord 15 sœurs qui vont à Balaklava pour soigner les blessés , un chapelain, une vingtaine de médecins , dix officiers , soixante dix hommes du train d’armée, autant de cavalerie , et tant chevaux que mulets , il y a trois cent quatre vingt ; tu peus juger de la grandeur du bâtiment !



Chaque officier ou médecin a son lit dans une cabine , les cabines contiennent trois lits, et en cas de nécéssité , on peut encore en mettre un. Le général est seul dans sa cabine, moi je suis avec l’autre aide de camp ( parce qu’en campagne, les généraux de division ont deux aides de camp ) ; le lit est excellent , je n’ai jamais aussi bien dormi que depuis que je suis ici ; quant à la nourriture , elle ne laisse rien à désirer : le matin à 7 Heures , l’on nous sert le café avec du beurre et du rhum ou du cognac à volonté ; à 10 Heures, l’on nous sert à déjeuner ; il se compose de toutes sortes de fruits ; le pain , on nous le donne toujours frais , on le fait dans le bâtiment et il est excellent ; quant au vin l’on nous donne du vin d’Espagne qui est excellent et à volonté : pendant le jour , l’on donne toutes sortes de rafraîchissements sans rien payer, l’on n’a qu’ à demander ; tu vois que je ne suis pas à plaindre sous ce rapport . Tu peus dire à la maman qu’il ne manque rien non plus sous le rapport de la religion , parce qu’il y a un prêtre et pendant la journée nous sommes édifiés par les cantiques que chantent les sœurs quand elles sont sur le pont pour prendre l’air . Quant à la santé , je suis au milieu de médecins, il est vrai qu’il n’y a pas d’homéopathes , mais heureusement je n’ai pas besoin ni des uns ni des autres .


Jusqu’à présent , nous avons eu une mer magnifique , pas un n’a souffert la moindre des choses , et tous se portent bien . Le bâtiment marche bien , il fait sept milles à l’heure , et note bien qu’il remorque deux gros bâtiments à voile .


Maintenant , je vais te donner des détails sur le voyage : mercredi à 1h45 , nous sommes sortis du port de Gènes ; le lendemain, nous étions en vue de la Corse, et l’on distinguait très bien la ville de Bastia ; la Sardaigne nous ne l’avons pas vue , la boussole marquait le Sud pour notre direction ; à notre gauche l’on voyait en face de la Corse , l’île de Monte-Cristo, qui n’est qu’un rocher semblable à un pain de sucre , qui ne présente aucune trace de végétation ; en général toutes les îles que nous avons eues sur notre route ne présentent que des rochers à pic


Nous avons pris la direction du détroit de Messine , et nous avons passé à droite de l’ile de Stromboli remarquable à cause du cratère qu’elle a au sommet de ses rochers Vers les deux heures de l’après-midi , nous avons passé le détroit de Messine qui est vraiment très joli parce qu’à gauche est la côte de Calabre toute parsemée de jolies petites villes , et à droite la Sicile où l’on voit le gigantesque Mont Etna ; à l’entrée du détroit se trouvent deux ports l’un en face de l’autre , l’un appartient à la Calabre , l’autre à la Sicile Dans l’ intérieur du détroit se trouvent , à droite la grande ville de Messine , et presque en face à gauche la petite ville de Reggio et tout cela dans un pays charmant Une fois passée la pointe de la Calabre , nous sommes entrés dans la Méditerranée et nous avons marché tout droit jusque dans l’Archipel ; nous sommes restés deux jours sans voir la terre ; le vent était un peu fort quand nous avons été en face de la mer Adriatique , ce qui nous a presque tous incommodés ; pour moi je suis allé me coucher et jusqu’au lendemain quand la mer fut tranquille , je ne me levais plus .


Comme j’avais tant entendu parler des merveilles de la Grêce , je m’imaginais trouver un pays enchanté , mais je fus bien attrapé attendu que toutes les îles que je vis sur mon passage ne présentent que des rochers à pic., presque sans végétation, quelques pays disséminés sur la montagne . Si l’intérieur ressemble à l’extérieur , je préfère la Maurienne . Nous sommes restés deux jours dans l’archipel et tout le monde désirait ardemment d’en finir . Heureusement ce matin, 5 du mois de Juillet , à 5 heures , nous sommes arrivés à l’île de Tenedos , que nous avons laissé à notre gauche ; de là nous avons commençé à voir de près le magnifique rivage de l’Asie .


En avançant sur notre droite , nous avons vu la côte d’Asie près de la baie de Besica , les tombeaux de Télémaque , Patrocle et Ajax , qui sont tout près de la mer ; des petits mamelons en terre indiquent chaque tombeau . Une heure et demi après, en longeant la côte d’Asie, nous étions à l’entrée des Dardanelles , c’est un panorama magnifique : à notre gauche , nous avions la côte d’Europe avec un fort sur la côte qui défend l’entrée , à droite , le magnifique rivage d’Asie avec un autre fort , en face de l’autre qui en garde aussi l’entrée ; celui de l’Europe s’appelle Heliès , celui d’Asie Jenissale . Une fois entrés dans les Dardanelles , la vue est magnifique ; à chaque deux lieus le rivage , tant d’Europe que d’Asie , est bordé de petits pays Turcs , avec des fortifications pour défendre le passage du détroit Les maisons qui bordent la mer sont en pierre , toutes les autres sont en bois peint ; toutes les maisons sont entourées d’arbres et l’arbre qui domine c’est le cyprès Chaque village possède au moins trois minarets qui se composent d’une tour très mince et très élevée qui finit en pointe ; aux trois quart de sa hauteur , il y a une galerie circulaire ou monte leur ministre pour inviter les croyants à la prière La largeur des Dardanelles varie beaucoup , mais dans sa partie la moins large il est aussi large que de Bourdeau à Bon-port Je viens de passer l’endroit où Lord Byron traversa l’Hellespont, il traversa du Cap ….au Cap Abydos, par conséquent d’Europe en Asie ; c’est large d’une lieue et demie à peu près. C’est vraiment dommage qu’un si beau pays appartienne à des Turcs . Si tu voyais comme c’est mal tenu, on ne voit pas un homme à travailler la terre, qui sauf quelques bons endroits est inculte . Nous avons passé Scutari qui est dans une délicieuse position ; il est situé sur un petit mamelon dont la base est dans les Dardanelles. Le pays à le voir a l’air sale , les maisons sont toutes en bois peint, les arbres sont parsemés à droite et à gauche , à côté des maisons, mais ce qui fait un joli effet , ce sont les minarets , que l’on voit s’élever de tous cotés .


Aujourd’hui 6 juillet, nous sommes depuis hier au soir dans la mer de Marmara, et nous serons à Constantinople aujourd’hui entre midi et une heure ; je pense descendre à terre , et je te dirai ce que j’ai vu . Le bâtiment ne s’arrête que pour prendre de l’eau , il est venu tout droit de Gênes, et il a encore assez de provision de charbon et de nourriture pour aller à Balaclava et en revenir . Tu t’étonneras sans doute qu’un bâtiment puisse contenir assez d’eau pour donner à boire à trois cent cinquante et un chevaux , pendant si longtemps , mais le moyen est très simple ; l’eau de mer dont on se sert, pour mettre dans les chaudières pour la machine à vapeur , une fois passée à l’état de vapeur après avoir fait son effet pour faire marcher la machine , on la fait passer dans un grand réservoir et une fois redevenue à l’état de vapeur après avoir fait son effet pour faire marcher la machine, on la fait passer dans un grand réservoir et une fois passée à l’état de vapeur après avoir fait son effet pour faire marcher la machine , on la fait passer dans un grand réservoir et une fois redevenue à l’état liquide, elle n’est plus salée et très bonne ; tu vois que de cette manière on ne manque jamais d’eau


J’ai commencè aujourd’hui à me mettre la flanelle , et je ne la quitterai plus de sorte que la maman ne soit jamais en peine pour ma santé et quoique vous ne receviez pas régulièrement de mes nouvelles , ne soyez pas en peine Si mes frères désirent savoir de mes nouvelles, fais leur parvenir cette lettre Je leur écrirai à mon arrivée à Balaclava parce qu’il faut que je mette cette lettre à la poste à mon arrivée à Constantinople pour que tu l’aies plus vite .


Depuis notre départ, nous n’avons plus de communication avec personne et par conséquent nous sommes de douze jours en arrière de nouvelles ; seulement nous avons rencontré un bateau à vapeur anglais dans le golfe d’Athènes, il y a quelques jours sur lequel on avait écrit sur les flancs : Lord Raglan mort. Depuis lors nous n’avons plus eu de nouvelles , mais aujourd’hui nous saurons toutes les nouvelles qui circulent , bonnes ou mauvaises .



Mes deux juments jusqu’à présent n’ont pas souffert de la traversée : elles ont toutes deux un appétit de bon augure , mais cela fait pitié de voir ces pauvres bêtes encaissées entre quatre planches sans pouvoir bouger et toujours debout sur leurs jambes , parce qu’on a renoncé à les suspendre ; cela les fatiguait beaucoup plus ; au reste le bâtiment est si long qu’il n’a presque pas de mouvement d’ondulation , ce qui a été cause que nous n’avons pas souffert pendant la traversée ; du reste le temps a été magnifique .


Le Général se porte très bien et se reporte au temps de sa jeunesse parce qu’il a servi deux ans dans la marine et veut toujours m’expliquer la manière de faire manœuvrer le bâtiment ; du reste sa santé est excellente et il regrette toujours beaucoup la Savoie , tout en se louant du plaisir qu’il éprouve d’être loin d’Alexandrie qu’il déteste cordialement .


Quand à notre nourriture , ici elle continue d’être bonne ; l’autre jour on nous a donné du Champagne . Mais il faut que tu saches que le gouvernement paie 9 francs par jour et par officier aux Anglais pour notre nourriture . Sur ces 9 Francs le gouvernement en paie 6 et chaque officier subalterne 3, et les officiers supérieurs 5 . De sorte que moi je paie 3 francs par jour pour ma nourriture ; tu peux demander pendant journée toutes sortes de rafraîchissements, on nous les donne gratis ; de sorte que c’est impossible de dépenser un centime Les soldats ne sont pas si bien traités mais leur ration est toujours plus forte qu’au régiment Cela n’empêche pas que quelques uns se plaignent Voilà bientôt un volume que je t’écris mais comme la feuille est vers sa fin , je t’écrirais après mon départ de Constantinople


Tout ce que je vous recommande , c’est de ne pas être en peine de moi parce que s’il m’arrivait quelque malheur vous le sauriez de suite par le gouvernement qui a le télégraphe..

Du reste j’ai la bonne espérance de retourner vous voir sain et sauf . Adieu mon cher papa et chère Maman , je vous embrasse de tout mon cœur ainsi que mes frêres .

Votre affectueux et respectueux fils.



CHARLES


A bord du Jura , le 10 juillet 1855






MON CHER PAPA,




Vendredi à 2 Heures après-midi, nous sommes entrés à Constantinople ; imagine-toi une ville d’un million d’habitants, disposée en amphithéâtre , sur les bords du plus beau canal que l’on puisse voir , tout rempli de bâtiments de guerre et de commerce Dans la ville, on aperçoit des milliers de minarets qui s’élancent dans les airs , en forme de flèches surmontées du croissant et parsemée de magnifiques palais qui appartiennent au sultan Mais tout cela s’évanouit quand on veut pénétrer dans l’intérieur de la ville , les rues sont si étroites que deux personnes à cheval y passent à peine ; les maisons sont toutes en bois , et la plupart n’ont que le rez de chaussée ; les autres n’ont qu’un premier ; les rues n’ont pas été pavées depuis l’Empereur Constantin , aussi l’on ne peut pas marcher ; la rue du Faubourg des Capucins à Yenne passerait à Constantinople pour une rue magnifique , tant pour le pavé que pour les maisons Il y a un quartier qui est assez beau c’est celui de Pera où demeurent tous les Européens , et par conséquent tous les ambassadeurs Les rues n’ont pas été pavées depuis L’Empereur Constantin , aussi l’on peut marcher ; la rue du Faubourg des Capucins à Yenne passerait à Constantinople pour une rue magnifique , tant pour le pavé que pour les maisons Il y a un quartier qui est assez beau c’est celui de Pera où demeurent tous les Européens et par conséquent tous les Ambassadeurs Les rues y sont plus larges et les maisons plus élevées et en même temps jolies


Nous avons été avec le Général Trotti dans un café Turc ( il faut que tu saches que c’est dans les cafés que les Turcs se sont fait la barbe ) ; nous avons demandé du café et on nous l’a fait préparer de suite ; en attendant on nous a donné des chaises qui sont comme celles dont se servent les derniers de nos paysans c'est-à-dire faites en grosse paille, basses et sans dossier , et puis l’on nous a donné une pipe avec son grand tuyau , et nous nous sommes mis à fumer en attendant le café, qui nous fut apporté dix minutes après , dans de très petites tasses et avec son marc ; les Turcs boivent tout le marc avec le café. Je ne l’ai pas trouvé bien bon .



Je vais te donner une idée de leurs restaurants C’est une boutique avec une très large porte, la moitié de la porte est occupée par un grand plateau en marbre , ceux qui veulent manger demandent du dehors ce qu’ils veulent , alors on le leur apporte sur ce plateau en marbre et ils mangent comme cela leur dîner Du reste dans toutes les boutiques pour pauvres qu’ elles soient , sur le devant, il y a un mauvais tapis avec un coussin et le maître est assis par terre et fume sa pipe en attendant les acheteurs


En monuments , il y en a un qui surpasse tous ceux que nous avons en Europe , excepté St Pierre de Rome , c’est l’église Sainte Sophie qui est maintenant une mosquée ; c’est quelque chose de merveilleux, tant pour l’élégance que pour l’architecture Pour y rentrer il faut se déchausser, sans cela on n’entre pas ; une fois dedans , tu vois une dizaine de groupes de Turcs , placés en rond, couchés de tout leur long par terre, et qui baragouinent sur la mesure que donne un des leurs couché comme eux , placé à leur tête. De là nous sommes allés voir le tombeau de Mamoud le père du sultan actuel , le monument est assez joli, la tombe est placée au Rez- de- Chaussée , dans une magnifique salle ; le cercueil est recouvert de velours rouge, tout broché d’or et sur le velours se trouvent placés quatorze châles de Perse , que l’on estime à deux millions les Quatorze ; j’ai pensé en les voyant que l’un de ceux là se trouverait beaucoup mieux à sa place sur les épaules de la mère qu’où ils sont ; mais l’on ne peut pas changer les usages du monde .


Si je voulais te décrire ce que j’ai vu il me faudrait un volume ; mais je finirai par te dire qu’ils ont des chevaux extraordinaires . Tout le monde ici se sert de chevaux pour se transporter d’un quartier à un autre ; ces chevaux vont au galop par des rues dont la montée est aussi forte que celle du Crain Coillard et le chemin plus mauvais encore, et cela en montant ou descendant le jour et la nuit ; et je n’ai jamais vu un de ces chevaux faire un faux pas , c’est quelque chose de surprenant, et tranquilles comme des moutons ; sj je puis en ramener un je le ferai volontiers .


Nous sommes partis de Constantinople dimanche matin et nous avons remonté le Bosphore jusqu’à la Mer Noire , à droite et à gauche du Bosphore c’est une rue sans interruption de cinq lieues de longueur ; mais quand on approche de la Mer Noire les maisons sont plus isolées et l’aspect moins riant ; au reste le meilleur architecte aurait traçé le plan du Bosphore et de ses alentours et n’aurait jamais pu égaler la beauté de ce site .


Aujourd’hui nous arrivons à Balaclava on aperçoit déjà la baie et dans deux heures nous y sommes ; je mettrai cette lettre à la poste ; tu auras dû en recevoir une de Constantinople que j’ai mise à la poste .

Adieu, cher papa et chère maman , je vous embrasse très fort ainsi que mes frères . Votre affectueux et respectueux fils .




CHARLES



PS : Le général Trotti me charge de te présenter ses respects , il se porte très bien.




Kamara, le 20 Juillet 1855






MON CHER PAPA,





Nous sommes arrivés , le 10 Juillet devant le port de Balaclava , mais nous n’avons pas pu entrer avant le lendemain , parce que le port était tellement plein qu’on ne pouvait pas entrer , ce qui arrive tous les jours ; mais heureusement que l’on savait que le général Trotti était à bord , de sorte que l’on a fait demander à l’Amiral Anglais de faire de la place , et le lendemain soir nous avons pu entrer , ce qui est très heureux car les autres bâtiments attendent toujours trois à quatre jour au moins avant que l’on puisse leur faire la place . Le port de Balaklava communique avec la mer par un canal , qui se trouve entre deux rochers presque à Pic, sa largeur est à peu près comme le Rhône à Saint Didier (1) ; le canal va en Zig–Zag , de sorte que, de la mer , l’on ne peut voir Balaclava et à peine voit on le canal , sa longueur est d’une demi lieue mais ce qu’il y a de plus surprenant c’est que les plus gros vaisseaux peuvent s’approcher à cinq pas du bord sans risquer de toucher le fond ; c’est dans cette espèce de port que se trouvent de cinq à six cents bâtiments de toutes dimensions sur deux ou trois lignes suivant la largeur du Canal ; mais c’est tellement plein que l’on ne laisse entrer aucun bâtiment avant qu’un autre lui laisse la place ;


c’est là que nous avons débarqué , ainsi que nos chevaux . Balaclava n’existe plus que de nom parce que tout le pays a été détruit par les Anglais pour prendre le bois pour brûler l’hiver passé ; les maisons y ont toutes passé excepté la maison où est logé .maintenant le commandant du port, et une ou deux autres qui servent de magasins, et tout cela a été remplacé par des baraques et des tentes , du reste la troupe est campée plus loin et il n’y a que les employés des subsistances qui y demeurent .



En sortant de Balaklava, c’est un spectacle curieux de voir cette foule d’hommes et d’animaux qui vont et qui reviennent du port ; l’on voit des Anglais , des Français, de Piémontais, des Turcs, des Tartares , des Arméniens, enfin toutes les nations ; quant aux animaux l’on voit des chevaux depuis ces immenses chevaux anglais jusqu’au petit cheval turc qui n’est pas plus gros qu’un âne, et puis des buffles attelés, des chameaux , des mulets, des ânes ; tu vois que la variété ne manque pas ; quant à la couleur du visage des hommes, imagine-toi toutes les teintes , depuis les blancs jusqu’aux nègres . les plus fonçés .


Quand nous avons eu débarqué nos chevaux , nous sommes montés dessus pour aller à notre campement , qui se trouve à Kamara à une bonne lieue de distance de Balaclava ; le terrain que nous avons eu à parcourir est composé de collines et de vallons dans le fond desquels croupit une eau fangeuse , c’est là que pendant le jour l’on voit pendant le gros de la chaleur des troupeaux de quarante à cinquante Buffles croupis dans la boue pour se rafraîchir ; çà et là , on voit des chevaux , des vaches , enfin toutes sortes d’animaux crevés que l’on ne s’est pas donné la peine d’enterrer et cela à très peu de distance du campement parce que toutes ces collines sont couvertes de troupes ; mais ce qui attriste la vue c’est que l’on ne voit pas un arbre, pas un brun d’herbe , dans tout le parcours et difficilement de l’eau .


Kamara sur lequel est campé tout notre corps d’armée se compose de plusieurs collines et rochers qui font face au petit vallon de la Cernaya où fut faite cette fameuse charge des Anglais à la bataille de Balaclava . Nous occupons les positions où se trouvaient les batteries Russes qui les ont mitraillés .



Quand on parle de la Cernaya on se fait une idée tout à fait fausse ; l’on croirait que c’est un fleuve et bien elle n’est pas plus grande que la Méline ; j’y suis allé l’autre jour pour aller voir nos avants postes , qui sont à dix minutes de la Cernaya ; eh bien mon cheval n’avait pas d’eau à la hauteur du genou , il est juste de dire que dans plusieurs endroits l’on ne peut pas y passer , parce qu’elle se trouve encaissée entre deux rocs à pics . Les Russes , se trouvent sur les montagnes qui se trouvent en face de nous et que l’on appelle Makensie .


C’est là que se trouvent les batteries Russes que les Français ont baptisées des noms de : Bilboquet, Gringalet et Foutriquet ; ils tirent presque tous les jours sur les Français qui vont faire boire leurs chevaux dans un étang qu’ils ont fait en arrêtant l’écoulement des eaux de la Cernaya ; mais ils sont à une telle distance que c’est peine perdue , et que pour faire arriver les boulets jusque là , ils ont été obligés de donner une telle élévation à leur canons qu’il leur est impossible de tirer juste.. Tu peus dire à l’oncle Piollet que s’il voyait nos positions et la quantité de troupes , il ne croirait plus que les Russes puissent nous jeter à la mer quand ils voudront , et loin de vouloir nous attaquer ils se fortifient sur les plus hautes montagnes et il nous serait très difficile de les attaquer.


Les Français sont campés près de nous ; les plus belles troupes d’infanterie qui sont ici sans contredit les Zouaves ; c’est tous des hommes magnifiques à figure déterminée et brulée par le soleil ; les Turcs sont aussi très jolis et habillés comme les zouaves, excepté qu’ils ont le pantalon bleu au lieu du rouge , on dit que ce sont d’excellent soldats .


La plus belle cavalerie qui soit ici, c’est la cavalerie anglaise qui vient des Indes , c’est des chasseurs à cheval qui sont tous montés sur de magnifiques chevaux Arabes , leur costume est très riche , les officiers sont chamarés d’or par devant et par derrière , leur habit est rouge et les pantalons bleus . Il y a aussi à dix pas de notre camp , trois régiments français , qui sont aussi très bien montés , ce sont les chasseurs d’Afrique ; ils sont tous monté s sur des chevaux Arabes entiers , assez jolis, qui marchent bien ; les hommes sont excellents, accoutumés à la vie de camp. Ils se trouvent beaucoup mieux ici qu’en Afrique , ce sont tous de très beaux hommes et déterminés .


Quand aux Turcs , les pauvres diables font pitié ; ils sont sales comme des peignes et déchirés de tous les côtés, en commençant par les officiers ; au reste ce sont de bons diables . Imagine-toi qu’il y a plus d’une année qu’ils n’ont pas été payé . Eh bien ! au lieu de crier , ils disent que le Sultan est un brave homme , et qu’il les payera plus tard ; ils sont aussi très mal nourris , on leur donne deux galettes (ou biscuits) par jour et quatre noix ou quelques noisettes pour ration et avec tout cela on les dit bons soldats .


Dimanche passé, je suis allé voir , avec le général, Sébastopol ; nous sommes allés dans le fameux Mamelon Vert , qui est maintenant aux Français qui sont occupés à y construire des Batteries ; mais pour arriver jusque là il faut voir le travail qu’ont dû faire les Français ; ils ont fait des chemins tout creusés dans le roc vif ; c’est ce qu’on appelle les parallèles et où l’on est obligé d’y passer si l’on ne veut pas risquer de recevoir une balle dans la tête ; la tour Malakof se trouve en face du Mamelon Vert , mais plus rapprochée de Sébastopol ; tous les ouvrages de défense sont construits en terre parce que la tour n’existe plus que comme ruine.


Maintenant les Français ont fait un chemin couvert , du Mamelon Vert à la tour Malakof et ils ne sont plus qu’à quarante pas de distance . La nuit les Russes font des sorties pour les empêcher de travailler , mais ils n’ont pu y réussir , le canon n’y peut rien faire parce que outre que c’est trop près c’est que c’est dans le bas . Si les français prennent la tour Malakof, je crois que Sébastopol ne pourrai plus tenir . L’on voit parfaitement toute la flotte Russe dans le port et abritée par la tour Malkoff. De l’autre coté do port on voit le campement de l’’armée Russe qui paraît être très nombreuse ; Sebastopol jusqu’à présent n’a pas beaucoup souffert, au moins à ce que j’ai pu voir à vue . La ville, du coté de terre , à l’époque du débarquement des Français, n’était pas du tout fortifiée et je crois parfaitement que si Saint Arnaud eut vécu et qu’il eut marché sur la ville , il aurait pu prendre, sans perdre le tiers du monde qu’on a perdu jusqu’à présent .


En rentrant dans les tranchées le sol est littéralement couvert d’éclats de bombes, de boulets, de balles de fusil, enfin de tous les projectiles dont on se sert pour expédier les hommes à l’autre monde ; je ne peus pas y aller souvent parce qu’il faut deux heures à cheval pour aller de notre campement à Sebastopol ; au reste , si l’on fait attention de se tenir dans les tranchées, il n’y a aucun danger à y aller .


Mes deux juments n’ont pas souffert du voyage si ce n’est qu’elles sont très maigres, mais il n’y a rien de surprenant , parce qu’il faut que tu le sache , nos chevaux sont toute la journée et toute la nuit en plein air, de sorte qu’ils prennent la pluie , le soleil, la rosée enfin tout ce que le ciel veut leur envoyer . Hé bien ! Jusqu’à présent, ils n’ont pas souffert au contraire, je ne peus plus les faire aller au pas ni l’une ni l’autre ; ma petite jument n’a plus boité . Si monsieur Marthe voyait sa cocotte soignée comme cela il n’en dormirait pas . Tous ces jours passés l’on a vendu aux enchères les chevaux et les effets des officiers qui sont morts du choléra, il y avait là de très beaux chevaux que l’on a vendu le quart de leur valeur , j’aurai bien pu en acheter un , mais j’ai pensé que , selon toute probabilité, nous passerions l’hiver ici et j’aime mieux perdre deux chevaux que trois parce que si l’hiver eszt rigoureux , il est bien difficile de sauver des chevaux qui ne sont pas habitués à cette vie , d’autres part, mes deux juments me servent bien et que je ne crois pas utile de me charger d’une troisième pour le moment .


Quant à moi, je me porte très bien et ma santé est bonne pour le moment ; depuis mon arrivée ici elle a changé en bien plutôt qu’en mal. Je vais te dire ce que nous mangeons, le matin nous avons notre café depuis 5 heures jusqu’à 8 heures ; à 9 heures déjeuner qui se compose de la soupe , un plat ou deux , fromage et café, vin à volonté ; à cinq heures , diner, il se compose de trois à quatre plats, soupe , vin à volonté, fromage et café, et le soir, nous avons le thé ; le pain que nous prenons , celui de munition qui est excellent, est aussi blanc que celui qu’on fait à la maison ; tu vois que je ne suis pas à plaindre ; pour dormir nous avons une tente chaque deux officiers ; j’ai acheté un petit pliant pour me coucher dessus .


Le climat ici est très changeant , de neuf heures à cinq heures une chaleur insupportable , c’est impossible de rester sous une tente, le soir et les nuits sont très fraîches ; depuis que je suis ici la pluie n’a pas duré longtemps . La Poste va partir , et je n’ai pas le temps de te donner d’autres détails ; je t’écrirai bientôt .


Adieu cher Papa, embrasse bien la maman ainsi que mes frères , et j’attends de vos nouvelles .


Le Général me charge de te dire beaucoup de choses ; il se porte très bien .

Je vous embrasse de tout mon cœur, et suis votre affectueux et respectueux fils .




CHARLES




Kamara, le 7 Août 1855




MON CHER PAPA ,



J’ai reçu , avant-hier, par la ‘’ Constitution’’, la caisse de Chartreuse que pierre m’a envoyé par monsieur Mollard ; elle était en très bon état, et aucune bouteille était endommagée ; quant au port , le gouvernement nous fait l’avantage de ne rien prendre quand les effets sont sur les bâtiments de notre gouvernement.


Nous sommes toujours dans les mêmes positions, nous attendons toujours que l’on prenne la tour Malakoff, mais malheureusement le siège n’avance guère, les difficultés augmentent en avançant, et depuis quelques jours les coups de canon qui nous laissaient à peine dormir ont presque cessé, l’on ne l’entend plus qu’à longs intervalles . Les pertes journalières des Français sous Sebastopol, sont de 100 hommes par jour en moyenne entre tués et blessés .


Maintenant, nous sommes presque certains de passer l’hiver ici, parce que même que Sebastopol fut pris maintenant, l’on aurait pas le temps matériel pour nous embarquer, il faut voir la quantité immense de matériel qui se trouve ici , de sorte que la seule chose qui puisse m’empêcher de rester ici, ce serait que l’on fit quelques promotions dans la Cavalerie , pour que je passasse Capitaine ; alors , à moins qu’il y eut une place ici , je serais obligé de retourner en Piémont mais jusqu’à présent il n’y a aucune place vacante .


Le Choléra va en diminuant , mais ceux qui sont atteints guérissent difficilement. Depuis l’arrivée du Corps expéditionnaire ici , il y a eu à peu près de 1300 à 1400 soldats morts de choléra, et à peu près 60 entre officiers et ceux qui en ont le grade ; ce qu’il y a de singulier, c’est que dans la cavalerie le nombre des soldats a été beaucoup moindre , et pas un officier n’est mort Presque tout le monde en arrivant ici , est atteint de dysenterie. Le général l’a maintenant depuis plusieurs jours ; quant à moi je n’ai pas eu la moindre dysenterie, et je me porte à merveille , j’ai très bon appétit et la nuit je dors fort bien Des quinze mille hommes qui sont venus en Crimée, s’il y avait une bataille, entre les morts et ceux qui sont dans les hôpitaux , l’on ne pourrait pas mettre guère plus de 10000 hommes sous les armes , de sorte qu’il faut s’attendre en Piémont d’envoyer des hommes pour remplir les vides .


J’ai vu avant-hier manœuvrer dans la vallée où il y eut cette fameuse charge de la cavalerie Anglaise , à la bataille de Balaklava , les 4 régiments de chasseurs d’Afrique qui se trouvent en Crimée , ils étaient commandés par le général de Division Morris et de deux généraux de brigade ; ce sont de magnifiques régiments pas pour leur tenue qui est très simple mais pour les chevaux qu’ils ont Ce sont tous des chevaux Arabes C'est-à-dire ‘’ barbaresques ‘’, tous entiers avec des formes très jolies , de grandes crinières, et de longues queues et marchant comme le vent , ils ont fait plusieurs évolutions, qui ont été très bien exécutées ; ils ont aussi fait deux charges, une de deux régiments à la fois, l’autre d’un seul, parce que la vallée est tout au plus assez large pour tenir deux régiments de front, et toutes ces charges ont été très bien éxécutées et tous se sont arrétés au commandement , quoique le terrain, en plusieurs endroits fut assez mauvais.



Pour assister à cette manœuvre, j’ai monté ma petite jument, que tous ont trouvé magnifique, parce qu’elle était très animée, et comme je connais plusieurs officiers Français, ils me disaient que c’était dommage d’avoir une bête comme cela en Crimée ; tu vois qu’il ne faut pas se fier aux apparences parce que quand je la monte on dirait qu’elle ne peut pas mettre le pied de devant par terre, elle boite des deux jambes , mais je la fais partir au galop, et une minute après elle marche parfaitement droite, et comme elle a beaucoup de nerfs et d’ardeur, je pourrai rester 8 heures à cheval , ce qui n’empêcherait pas, qu’en retournant au camp, je ne pourrai pas la faire aller au pas, elle veut toujours trotter, pourvu que cela continue je ne me plains pas. Nous avons eu l’autre jour deux jours de pluie, si tu avais vu ces pauvres chevaux, ils faisaient compassion, ils étaient dans la boue jusqu’à mi jambe et grelottaient de froid , et obligés de manger du mauvais foin et tout mouillé et pas moyen de les secourir


Ajoute à cela que l’intendance militaire dont on fait l’éloge sur les journaux mériterait au contraire que l’on les renvoyât , ils n’ont aucune prévoyance , hier encore nos chevaux sont restés sans avoine, les magasins étaient vides et avec 5 kilos de foin, le cheval n’a pas à venir gras .


Je pense maintenant que vous êtes tous à Volontaz ; j’ai reçu l’autre jour une lettre de Laurent qui m’a donné la bonne nouvelle qu’il a bien réussi dans ses examens .


Adieu donc , mon cher papa, embrasse bien de ma part la maman, Alexis, Pierre et Laurent et Célina ainsi que le petit Toine ; je t embrasse de tout mon cœur , et suis ton affectueux respectueux fils .



CHARLES






Kamara, le 17 Août 1855




MON CHER PAPA,


Je ne suis pas venu en Crimée pour rien Finalement ; hier j’ai pu prendre part à une bonne raclée que nous avons donné aux Russes qui sont venus nous attaquer dans nos camps ; les troupes qui ont été engagées sont de la part de Français le Corps commandé par le général Herbillon qui se compose de trois Divisions et de notre part il n’y a eu que la deuxième division commandée par le Général Trotti. Ni les Anglais , ni les Turcs n’ont pris part à l’action.



Je vais te donner une idée de nos positions et de celle des Russes. Les Francais ont leur campement sur la gauche de la Cernaya, sur des mamelons qui sont assez élevés, dont la pente est très forte et qui sont à peu près parallèles à la vallée de la Cernaya . Au milieu de ces mamelons ou se trouve le camp Français, se trouve une petite gorge où passe la route qui traverse la vallée , et il y a par conséquent un pont sur la Cernaya , que l’on appelle Traktir ; sur ces collines est placé le corps du général Derbillon qui fait face à la Cernaya et par conséquent aux Russes ; sur l’extrême droite des Français se trouve une gorge , après cette gorge, se trouve des hauteurs qui sont au fond de la vallée où la Cernaya est encaissée . Le plus haut de ces mamelons qui se trouve sur la gauche de la Cernaya est occupé par nos troupes qui ont fait des redoutes au sommet, et ont placé des pièces d’artillerie de la Marine Anglaise ‘’ Gros calibre ‘’ . Sur la droite de la Cernaya , se trouve un autre petit mamelon , occupé par nos troupes et comme l’autre armée d’artillerie ; en avant de tout ces mamelons et séparé des autres s’ en trouve un élevé, où sont placés nos avant postes et ou les Russes peuvent venir facilement par leur côté avec artillerie et cavalerie : Voilà quant à nos positions.


Celle des Russes se trouve sur la longue montagne que l’on appelle Mont Makensie ; il se trouve en Face de la position de Français mais en sont séparés par la vallée de la Cernaya qui a une demi-lieue de largeur ; les pentes de la montagne sont pour un quart de lieu assez douces, mais à une certaine distance , la montagne se trouve presque à pic et il n’y a qu’une seule route pour pouvoir y monter. ( Pour ne pas embrouiller les mamelons occupés par nos troupes , j’appellerai le plus haut , celui qui se trouve sur la gauche de la Cernaya N°1 ; le plus petit, celui qui se trouve entre deux sur la droite de la Cernaya est le mamelon de l’éperon et l’autre ou nous avons nos avants-postes est le mamelon du Zig Zag ).



Ceci posé, je vais te dire ce que j’ai vu dans la nuit du 15 au 16 : Les Russes sont descendus des Monts Makensie par la seule route qui existe et se sont formés en colonne par bataillons, sur une espèce d’ esplanade qui se trouve sur la berge de la montagne et protégée par leur artillerie ; quand toutes leurs troupes furent descendues, c’était 4 heures du matin ; alors une grosse colonne avec artillerie s’avança sur nos avants-postes qui se trouvaient sur le mamelon du Zig Zag ( de leur côté, le mamelon se prolonge en pente très douce jusqu’e sous leur montagne ).



Notre avant poste était de 200 hommes ; ils résistèrent tant qu’ils purent mais pendant ce temps les Russes avaient placé une batterie de douze pièces d’artillerie sur les mamelons du flanc de sorte que notre avant-poste pris entre deux feux fut obligé d’abandonner la position et se retira pas à pas jusqu’e dans la plaine. C’est alors que notre division , ayant déjà entendu le canon, se mit en marche ; nous descendîmes dans la plaine et le général Trotti avec une brigade d’infanterie et un bataillon de Bersaglieri traversa la Cernaya et se porta sur le mamelon à Zig Zag pour soutenir nos avants- postes mais pendant ce temps les Russes avaient déjà mis dix canons de gros calibre sur le mamelon, appuyés par une forte colonne d’infanterie ; cette position ne nous était d’aucune utilité, et d’ailleurs n’était pas sur notre ligne défensive. Nous nous retirâmes sur la gauche de la Cernaya laissant un régiment de Bersaglieri pour les empêcher de descendre, en attendant qu’ils fussxent dans la plaine pour leur tomber dessus.


Pendant que nous faisions ce mouvement, le gros de l’armée Russe s’était formé sur deux immenses lignes d’infanterie et une troisième ligne de cavalerie ; une vingtaine de pièces d’artillerie était devant les lignes et tonnaient sur nous et sur les Français . Après un quart d’heure, l’on vit la première ligne des Russes descendre en bataille , sur une seule ligne, dans la plaine, traverser toute la plaine, passer la Cernaya, une partie sur des ponts volants portatifs et les autres passant dans l’eau ou ils en avaient jusqu’à la poitrine.


Un fois au pied de la colline , il y eut un instant d’arrêt ; pendant ce temps les Français s’étaient repliés sur la colline ; ceux qui défendaient le pont de Traktir furent forçés et obligés de monter sur la colline, de sorte que toute la première ligne Russe ne trouvant plus personne en bas, monta tous ensemble sur la colline . Il faut imaginer que cette colline est aussi haute que des moulins de Chaillière chez patin et la pente aussi rapide ; eh bien ! ces malins de Russes la montèrent au pas de course ; mais arrivés au sommet ils trouvèrent les Français ( Zouaves et infanterie de ligne ) qui les attendaient et à peine furent-ils arrivés qu’ils les fusillèrent à bout portant et la bayonnette dans les reins les firent descendre beaucoup plus vite qu’ils n’étaient montés et les firent repasser la Cernaya . Pendant ce temps , les Russes ayant fait avancer leur seconde ligne, l’attaque recommença, mais ils repassèrent à peine la Cernaya et furent repoussé de suite et obligés de la repasser dans une confusion épouvantable, ne sachant plus ou donner de la tête .


De notre côté, pendant que les Russes montaient sur la colline attaquer les Français, notre division les attaquait sur la gauche et dix pièces de notre artillerie les foudroyaient ; on voyait des rangs entiers disparaître . Dans leur retraite, ce fut bien pire parce que pris de flanc par nos troupes et notre artillerie et par derrière par deux ou trois batteries Françaises, pas un coup de canon ne se perdait parce qu’on tirait sur des masses . Les canons qui étaient sur le mamelon N° 1 ne restèrent pas inactifs ; ils foudroyèrent les troupes qui se trouvaient sur le mamelon à Zig Zag , incendièrent deux caissons d’artillerie , et les obligèrent à se retirer. Une moitié de la seconde division regagna la Cernaya et nous reprîmes le mamelon à Zig Zag . Tout cela fut fait dans l’espace de trois heures à huit heures ; les Russes étaient battus complètement et en pleine retraite . On ne les poursuivit pas parce qu’ils étaient protégés par des batteries imprenables qui se trouvaient placées dans les Monts Makensie ..



Nos pertes ne sont pas fortes, nous avons eu douze morts entre soldats et sous officiers ; un officier tué ; blessé, nous en avons 165 parmi lesquels le général de brigade Montevéchio , blessé mortellement : une balle lui a traversé la poitrine de part en part ; on croyait qu’il allait mourir mais jusqu’à présent il se soutient. Le général Trotti a été tout le temps sous le feu ; les boulets et les balles sifflaient de tous les côtés mais le seul qui a été blessé c’est son second aide de camp qui a reçu une légère blessure à la tête d’un éclat d’ohus. La perte des français est de 600 hommes entre tués et blessés, parmi le nombre des morts on compte un Colonel je crois des Zouaves. La perte des Russes est de trois à quatre mille hommes, en comptant quatre cents prisonniers et les blessés .


J’ai été visiter le champ de bataille , c’est affreux ; dans la plaine la plupart des blessures sont faites par l’artillerie , aussi il n’y a plus de forme humaine : Ce sont des corps sans tête, des jambes emportées, enfin tout ce que l’on peut imaginer de plus hideux.


L’intention des Russes était , à ce que disent les prisonniers , en deux jours de nous jeter à la mer ; aussi le corps qui nous a attaqué était commandé par le Prince Gortchakov en personne et se composait de 40 bataillons, cinquante pièces d’artillerie et de douze à quatorze régiments de cavalerie qui feraient de cinquante à soixante Escadrons . Tout cela a été mis en déroute en très peu de temps ; nous ne connaissons pas encore quel nom l’on veut donner à la bataille, mais je crois qu’on l’appellera Traktir parce que l’attaque principale a été sur ce point . Tu peus dire à l’oncle Piollet qu’il ne nous considère pas comme perdu ; parce que si nous n’avons eu besoin que de peu de troupes pour nous défendre , ce sera bien autre chose quand les trois armées y seront.


Ce qui me fait plaisir, c’est que notre division seule qui ait pris part à la bataille , le reste de notre armée était à nous regarder en attendant que l’on eût besoin d’eux . Au reste nous avons qu’à nous louer de nos soldats . Pas un n’a bronché, tous étaient prêts au moindre signal ; quand un était blessé, deux le portaient aux ambulances et retournaient à leur poste ; Les Bersaglieri se sont distingués particulièrement . Dans une autre lettre je t’écrirais des détails.


Comme je ne crois pas que Sebastopol ne soit pris de sitôt ne manque pas de me faire faire cette grande houppelande doublée d’agneau ou d’une bête quelconque qui ait le poil long , dont je t’ai parlé dans ma dernière lettre ; j’aurai besoin de bas de laine, on en trouve difficilement ici . Je crois être sur que nous passerons l’hiver ici et il faut prendre ces mesures avant .



Ma santé est toujours excellente ; notre nourriture est passable mais pas beaucoup variée, ce qui n’empêche pas que cela nous revient à plus de 80 frs par mois . J’ai reçu une lettre de Pierre hier, qui me donne de vos nouvelles, mais afin que je sois sûr que vous recevez mes lettres je vais les numéroter, et je commencerai par celle ci en y mettant le N° 1 en tête de ma lettre ; j’adresserai cette lettre à Alexis afin qu’il en prenne connaissance ainsi que Pierre ; mais je pense que vous serez tous à Yenne, et c’est pour cela que je te l’adresse .

Adieu, mon cher Papa , embrasse bien la maman de ma part, ainsi que Alexis , Pierre et Laurent et Celina , et donnez moi des nouvelles du petit Toine .



Ne vous mettez pas en peine pour moi ; pourvu que cela continue ça va bien .


Je t’embrasse de tout mon cœur et suis ton affectueux et respectueux fils.



CHARLES




Kamara, le 25 Août 1855



MON CHER PAPA ,




Dans ma dernière lettre, je t’ai dis que je te donnerai encore quelques détails sur notre bataille du 16.



La perte des Russes est beaucoup plus forte que je croyais ; je suis retourné le lendemain sur le champ de bataille et j’ai pu me convaincre de mes propres yeux de la quantité des morts qui jonchaient le sol ; l’on ne pouvait pas faire 10 pas sans trouver un cadavre , et dans certains endroits il y en avait des groupes de 8 à 10 hommes, étendus morts en cercle qui sans tête, qui sans bras mais presque tous horriblement mutilés ; ceux là avaient péri par le canon, un obus qui éclate dans une colonne produit cet effet , enfin d’après les détails que j’ai pu recueillir, les Russes, dans cette journée ont eu à peu près 2000 morts restés sur le champ de bataille, les Français ont pris 500 prisonniers et recueilli près de 1400 blessés ; l’on prétend que les Russes ont emporté de trois à quatre mille de leurs blessés, ils ont perdu trois de leurs généraux , un tué est resté sur le champ de bataille , qui est le général READ commandant d’un Corps d’Armée et deux autres blessés, qui sont au pouvoir des Français Enfin, on évalue leurs pertes, de huit à neuf mille hommes hors de combat, ce qui fait un assez joli chiffre.


Le surlendemain de la bataille, ils ont demandé un armistice pour enterrer leurs morts , ce qui leur a été accordé, et ils en ont eu pour deux jours ; j’ai profité de cette occasion pour les voir en ami et je suis monté à cheval pour aller les voir de près ; comme il y avait un peloton de Cosaques tous ensemble , je me suis approché d’eux pour les examiner ; comme tu le sais, tous les Cosaques sont armés de lances , je m’en suis fait prêter une et je l’ai manié un moment mais je l’ai trouvé excessivement lourde et mal faite, c’est tout simplement une perche arrondie avec un couteau, pas très droite et recouverte par une couche de couleur noire, une petite courroie pour l’attacher à l’étrier et un fer dans le genre d’une bayonnette au sommet , c’est ce qu’il y a de mieux dans toute la lance ; quand au reste, ils ont encore une mauvaise carabine à pierre qu’ils portent en bandoulière, un pistolet aussi à pierre , qu’ils portent dans une poche de cuir qu’ils ont à droite ; toutes ces armes sont de mauvaise qualité, et je crois plus dangereuse pour celui qui s’en sert que pour celui contre laquelle elles sont dirigées . Quant à leur sabre il est attaché très court à la ceinture de sorte que la garde s’avance en avant et au dessus de l’encolure du cheval ; le fourreau est en cuir noir avec quelques enjolivures de laiton au plus joli ; quant à la giberne , elle est assez curieuse, c’est une bandoulière en cuir noir, et sur le devant il y a des petites poches qui tiennent une cartouche chacune , cela ressemble beaucoup que l’on dépeint les anciens Scythes ; leur uniforme consiste en un bonnet plat comme le portent toute l’armée Russe , une tunique bleue comme celle de notre infanterie à deux rangs de boutons pantalon bleu avec une large bande rouge et bottes en bon cuir, qui vont jusqu’aux genoux et qu’ils mettent par-dessus leur pantalon, et puis par – cela une grande capote comme l’infanterie .



Leurs chevaux sont petits, vilains, maigres, éfflanqués, longues oreilles mais ont l ‘air d’être résistants ; leur harnachement est pire que celui dont se servent nos paysans pour monter à cheval . Pour bride ils ont un licol à peu près comme celui que j’ai donné à Apollon ( c’ est le cheval de la ferme de Volontaz ) ; à cela ils ont un filet de fer qui est attaché fixe au licol avec deux rênes , voilà leurs brides qu’ils n’enlèvent jamais , pas même pour faire manger ; leur selle consiste en une espèce de bat assez étroit, recouvert de cuir et tout cela en mauvais état si ce n’est pas en réalité, c’est au moins en apparence ! Avec un peloton des nôtres, je n’aurai pas peur de 100 de ces cosaques ; au reste ils se battent très rarement, on les emploie au service des avants-postes qu’ils font supérieurement bien .



Pendant que j’étais là j’ai fait la connaissance du Prince Galitzine (1) , qui est un jeune homme de 22 à 23 ans , il me racontait qu’étant à l’université de St Petersbourg , et qu’ayant fini ses études , il se disposait à voyager quand la guerre a commencé ; il s’est vu en quelque sorte obligé de prendre du service, et l’Empereur le nomma Capitaine dans un régiment de Hussards ; il est maintenant, aide de Camp du Prince Gorgaskov ( sic) ; il me disait qu’il voudrait bien que ça finit vite.


Pour en revenir à la bataille, je te dirai que les Russes avaient près de quatre vingt mille hommes prêts pour se battre avec 80 pièces de canon , 14 régiments de Cavalerie, mais il y a qu’une trentaine de mille hommes qui ait pris part à l’action et cinquante pièces d’artillerie.


De notre côté , nous avons à peu près de dix à quinze mille hommes qui ont pris part à l’action tout au plus et de trente à quarante pièces d’artillerie . Imagine toi quel vacarme cela devait faire !


Depuis quatre à cinq jours , le Général Pélissier a reçu avis que les Russes avaient l’intention de venir à nouveau nous attaquer , de sorte que l’on nous a fait tenir sur nos gardes et la nuit il n’y a plus moyen de dormir ; à deux heures du matin , il faut être sur pieds . Je te promet bien que l’es Russes, s’ils viennent ne nous attraperons pas en chemise, cela n’empêche que cela soit très fatiguant . Eh bien, avec la mauvaise vie que nous menons, imagine toi que dans les promotions de Caavalerie, deux me sont passées devant par choix ; l’un ferait le 36 ème Lieutenant, l’autre le 46 , et l’un de ceux là se trouve en Piémont et a été renvoyé de l’artillerie pour avoir tourné le dos à l’ennemi dans le 1848 ; aussi ces promotions ont indigné tout le monde à commencer par le Général en Chef ; de sorte que sur cinq Capitaines je ne suis avançé que de trois et je suis maintenant le sixième ; si l’on me fait encore une chose semblable , je donne ma démission .



Adieu mon cher Papa , embrasse de ma part la maman , Alexis, Pierre, Laurent, Celina et le petit Toine ; mes amitiés aux Marthe , je t’embrasse de tot mon cœur et suis ton affectueux et respectueux fils





CHARLES


(1) Dans son livre « visions de Sebastopol . » Léon TolstoÏ nous décrit un prince Galtzine , aide de camp, arrivé de Saint Petersbourg, qui est un type d’officier aristocrate , plein de mépris pour l’officier d’infanterie, il nous le montre bon conteur, jouant du piano, chantant une romance tzigane avec une belle voie , lisant « Les Splendeurs et misères d’une courtisane . » de Balzac . Tolstoî nous raconte aussi une suspension d’armes après un échec francais avec une certaine fraternisation entre adversaires qui se respectent .





Kamara , le 31 Août 1855





MON CHER PAPA





J’ai reçu hier ta lettre dans laquelle tu m’annonce la demande formelle de la main de Mad pour Pierre . La mère doit être contente , cela augmente le nombre de femmes de la famille .


Je trouve que Pierre fait très bien de prendre la carrière du barreau , cela vaut beaucoup mieux que d’être employé du gouvernement , qui est la pire des choses ; l’on ne retire que des désagréments à être à son service .


Dans la dernière promotion que l’on a fait dans la Cavalerie , on a fait deux capitaines par choix : le premier ferait le 30 e lieutenant et l’autre ferait le 42 eme et l’un deux dans la campagne de 1848 étant officier d’artillerie fut mis sous conseil de guerre pour avoir fui devant l’ennemi et avoir jeté l’alarme dans l’armée et il aurait été infailliblement fusillé sans le Duc de Gènes qui fit suspendre le procès , se contentant de le renvoyer de l’artillerie ; à force de demandes, après une année on le fit passer dans la cavalerie , et le voilà aujourd’hui capitaine au choix ; mais aussi la voix publique en a fait justice, et ici en commençant par le général en chef jusqu’au dernier officier , tout le monde a crié à l’infamie .

On écrit qu’en Piémont il en est de même . Quand à l’autre , c’est un brave garçon qui n’a d’autres mérite que d’être bon camarade, mais ne s’occupant pas du tout du service ; voilà comment les choses vont , et nous qui sommes ici exposés aux maladies et aux balles Russes , on ne sait pas même si nous existons .


Au reste , ici nous n’avons rien de nouveau, les Russes nous laissent vivre tranquillement depuis leur attaque du 16 ; mais comme leur attaque a été presque une surprise, l’on prend des précautions pour que cela n’arrive pa une prochaine fois, ainsi toutes nos positions et celles de Français sont garnies de canons à longue portée .


A trois heures du matin, toute l’armée est sous les arbres, et s’ils reviennent, je te promet qu’ils trouveront à qui parler, ils seront reçus comme il faut . Quant à Sebastopol , l’on avance mais bien péniblement, les Français ne sont plus qu’à vingt pas de la tour Malakof , mais ça leur tue beaucoup de monde ; la moyenne est de 150 hommes hors de combat par jour. Toute la nuit l’on fait un feu d’enfer et il faut être habitué à ce bruit pour pouvoir dormir. Il y a deux jours nous avons entendu vers les deux heures du matin une explosion épouvantable et c’était une poudrière que les Français avaient sur le Mamelon vert qui avait sauté et qui a causé beaucoup de dégâts ; 90 hommes ont été tués ou blessés et comme cette nuit là on a tiré beaucoup, les Français ont perdu 300 hommes ce jour là .


Je ne sais pas quand cela finira, mais c’est à désirer que cela finisse bientôt . Maintenant, nous sommes persuadés de passer l’hiver ici ; jusqu’ à présent le gouvernement n’a pris aucune mesure, si bien que chacun cherche à s’arranger de son mieux , mais nous espérons qu »au moins aux officiers on donnera des baraques ; le froid commence à se faire sentir la nuit , et le thermomètre est déjà descendu aux 6 degrés ; pendant le jour, le soleil est toujours très chaud , mais nous avons un vent assez fort qui tempère la chaleur ; mais cela n’empèche pas que l’on ne puisse résister pendant lz journée sous nos tentes.


Tu auras sans doute reçu ma lettre dans laquelle je te demande de m’envoyer un grand paletot qui descende jusqu’au talon et très ample et rembourrée de fourrure de quelque animal que ce soit ; cela me servira cet hiver pour le jour comme pour la nuit ; il faudrait y mettre un capuchon ; ici on trouve difficilement ce genre de chose , et si l’on pouvait s’en procurer, on serait obligé de les payer plus de 6 fois leur valeur .



Nous avons depuis quelques jours reçu un renfort de troupes Anglaises qui sont venues s’établir près de notre camp, elles sont habillées si originalement que je vais te faire connaître leur uniforme ; ces troupes se composent de cinq bataillons et on les nomme : Highlanders ; leur uniforme consiste : un bonnet à poil comme la garde impériale Française , un habit rouge, avec les basques courtes, deux rangs de boutons, un jupon d’étoffe quadrillé qui descend jusqu’au milieu des cuisses, dessous le jupon ils n’ont que la chemise de sorte que du milieu des cuisses ou descend le jupon jusqu’au dessous des genoux l’on voit leurs jambes nues ; dessous les genoux, ils ont des bas blancs à carreaux bleu et par-dessus les bas il y a une guêtre blanche et puis les souliers comme tout le monde, et ce costume se porte été comme hiver, c’est leur costume national parce que les Highlanders ou montagnards Ecossais portent ce costume là . Pour armure, ils ont le fusil de troupe , le sac et la giberne d’infanterie, Mais dont la buffleterie se croise sur la poitrine, comme avait autrefois notre infanterie ; ce sont d’excellents soldats ; c’est peut être la meilleure troupe Anglaise ; ils sont venus en Crimée presque dès le commencement .


Je n’ai pas été étonné en apprenant que monsieur Tougard t’avait vendu le colombier ( domaine clos de mur à Yenne ) , à un prix d’affection, il t’avait trop fait attendre pour être de bonne foi, mais je crois que si tu n’avais pas voulu l’accepter à ce prix, personne ne l’aurait acheté ; du reste c’est un immense avantage d’avoir tout le Colombier . Nous sommes chez nous et personne ne peut y mettre les pieds, et cela nous donnera beaucoup d’agrément et tout cela il faut le payer et puis tu n’as aucune obligation envers lui ; s’il t’ a fait quelques commissions à Paris il les a mises en compte en te vendant le Colombier ; comme cela tu en es quitte.


Nous avons encore beaucoup de fièvre, et quelques cas de Choléra, dernièrement est mort le Capitaine de Savoie , Chissé De Polinge


Je n’ai pas encore eu jusqu ‘à présent la visite de soldats qui sont de Yenne ; s’ils viennent je leur donnerai bien quelque chose , mais je ne veus pas non plus leur donner de mauvaises habitudes ; ici l’argent est assez rare, et le gouvernement ne me donne que 30 Frs par mois de plus qu’en garnison ; du reste , ma santé est bonne .



Adieu, mon cher Papa , embrasse bien de ma part, la maman, Alexis, Pierre, Laurent, Célina et Toine .


Je t’embrasse de tout mon cœur et suis ton respectueux et affectueux fils .






kamara le 7 Septembre 1855.




MON CHER PAPA,



L'on a commencé à bombarder Sebastopol le 4 de ce mois, et au moment ou je t"écris cela continue ; c'est un roulement continuel de coups de canons, comme on n'en a jamais entendu, et cela dure jour et nuit, de sorte qu'il faut avoir bien sommeil pour s'endormir avec un tintamare semblable .


De notre camp, nous avons été spectateurs pendant la nuit d'avant hier et d'hier d'un magnifique incendie, c'étaient deux vaisseaux russes qui ont éré incendiés par les batteries; d'ici l'on ne pouvait pas voir les flammes, mais l'on voyait une lueur dans le ciel du coté de Sebastopol comme le lever du soleil et cela a duré toute la nuit.


J'ai été hier dans l'après midi voir Sebastopol, mais je n'ai pu beaucoup distinguer; il y avait du vent très fort et puis la fumée de la poudre empéchait de bien voir; mais ce que j'ai pu remarquer c'est que les russes repondent très faiblement, la tour Malakof ne répond pas du tout; tous les parapets sont endommagés, et les français ont déja poussé leur travaux d'approche jusque dans le fossé, aussi j'espère bien que l'on la prendra, parce qu'une fois Malakof pris, l'on peut bruler tous les vaisseaux qui sont dans le port et couper la communication de Sebastopol, avec le reste des forts.


Comme la ligne de défense des Russes est très étendue, l'on a adopté dans le bombardement une très bonne méthode qui consiste en ce que l'on commence à bombarder sur la droite et puis l'on cesse tout à coup; les russes présument qu'on va donner l'assaut, alors ils massent des troupes dans les tranchées, alors on recommence à tirer et comme les tranchées sont pleines cela leur tue beaucoup de monde et l'on continue toute la journée de cette manière là et eux sont obligés de se tenir en garde parce qu'au moment ou ils s'attendront le moins, on montera à l'assaut..


Notre Corps d’expédition a fourni une Brigade d’infanterie, commandée par le Général Cialdini pour représenter notre armée quand on donnera et en conséquence elle est partie hier matin pour aller se camper sous Sebastopol et être prête au premier signal, qui je pense ne tardera pas à être donné. Cette brigade a été prise dans la première division parce que n’ayant pris aucune part dans la bataille de la Cernaya, le Général en Chef a voulu lui donner cet compensation, et comme il ne voulait pas choisir un général de Brigade plutôt qu’un autre, il a fait tirer au sort entre les généraux de la première division et celui de la réserve et le sort est tombé sur le Général Cialdini, de sorte qu’il est parti avec sa brigade, laissant ici son artillerie, dont il n’aurait eu que faire là bas .




Nous avons un climat très changeant et nous avons eu un vent chaud avec quelques gouttes de pluie, ce matin au contraire, c'est un vent très froid qui ressemble à nos vents froids du commencement de Novembre; et aussi tu peus voir à mon écriture qui se ressent de l'atmosphère froide.

J’ai reçu hier une lettre de Laurent du 20 Aout, tu peus lui dire que j’ai parfaitement reçu sa lettre ainsi que la chartreuse , mais quand j’ai écrit , je ne l’avais pas encore reçu, ici c’est très facile de recevoir les lettres 8 et 10 jours plus tard de ce qu’on devrait les recevoir.


Quand à la serge de Sardaigne que Laurent m'offre, cela me serait très utile mais si tu m'envoie le grand paletot que j'ai demandé, cela me suffira; il faudra aussi m'envoyer des bas de laine, mais Laurent m'a dit que la maman y travaille déja; parce qu'il ne faut pas que l'on se fasse des illusions sur notre position, nous sommes presque certains de passer l'hiver ici; aussi les Français font des chemins de fer pour aller à leur campement et tu conçoit que si l'on devait s'embarquer, ce ne serait jamais notre armée qui serait la première. Laurent (son frère) m'a dépeint le triste état de nos vignes, c'est vraiment du malheur: Quand il n'y a pas de maladie, il faut que cette maudite tempête vienne encore s'en mêler, heureusement que les récoltes étaient presque toutes rentrées; il m'a donné aussi des nouvelles de notre machine à battre le blé, il ne parle pas non plus d'Apollon et de la Saumette qui je crois se portent mieux que mes chevaux car la très mauvaise intendance militaire, qui pour notre malheur se trouve en Crimée, les laisse deux ou trois jours sans leur donner d'avoine et se justifie en disant qu'ils n'en ont point. Imagine-toi que maintenant le temps est beau, la mer excellente, ils n'ont des provisions que pour la journée ( quand ils en ont!) aussi cet hiver nos chevaux crèveront de faim; le foin qu'on leur donne est quelquefois si mauvais qu'ils ne veulent pas le manger quoiqu' ayant faim. Pour nous les distributions sont assez régulières, pourvu que cela continue ! mais ici tout le monde est d 'accord pour dire que notre intendance militaire est tout ce qu'il y a de plus mauvaise et pire que celle des Turcs.



Adieu mon cher papa, embrasse bien de ma part la Maman et dis lui qu'elle se tranquillise. Embrasse aussi Alexis , Pierre Laurent et Célina ainsi qu'Antoine, qui doit déja être un beau garçon. Donne moi des nouvelles des démarches d'Alexis. Je t'embrasse de tout mon coeur et suis ton affectueux et respectueux fils



CHARLES



Kamara , le 11 Septembre 1855



MON CHER PAPA,



Comme tu auras su Sebastopol a fini par tomber et comme c’est une chose que l’on ne voit pas tous les jours , je suis allé faire le curieux, et je suis resté depuis 6 heures du matin jusqu’à 6 heures du soir à visiter la tour Malakof, le Grand et le Petit Redan , enfin toutes les batteries de l’attaque de droite jusqu’à la mer ; ensuite, je suis entrè dans Sebastopol qui forme le port militaire, qui se compose de l’arsenal de marine, des quartiers et de quelques maisons bourgeoises ; de là je suis allé dans la ville même qui est séparée du port militaire par une grande Baie, et là j’ai pu voir les dégâts causés par notre artillerie



Je vais commencer par te donner quelques détails des ouvrages de défense des Russes ; je crois que si l’on avait pas eu des soldats aussi bons que les Français , l’on aurait jamais pris ces ouvrages.


Imagine toi comme était fortifiée la tour Malakof ; pour pouvoir y entrer, il fallait franchir un fossé de cinq mètres de largeur, de quatre à cinq mètres de profondeur, le parapet était bien haut de douze à quatorze mètres : Voilà ce que les Français ont du faire pour pouvoir y entrer : Quand ils ont donné l’assaut, ils avaient des échelles toutes préparées, qu’ils faisaient glisser sur un chevalet, l’échelle atteignait l’autre bord du fossé, alors on mettait des planches et les hommes grimpaient sur le parapet et y ont tous entrés dedans de cette façon.


La tour Malakof et le Grand Redan sont un labyrinthe de chemins tous armés de canons, on se perd dedans . Les Russes, pour se mettre à couvert avaient fait des cellules dans la terre et restaient là quand on avait besoin d’eux ; l’on ne comprend pas comment les Français ont put se rendre maître de fortifications aussi formidables, aussi une fois la tour Malakof prise les Russes ont commencé à abandonner les tranchées , cependant la perte des Français n’a pas été forte à cet endroit ; ou ils ont souffert beaucoup c’est aux batteries Noires qui font suite à Malakof et au bastion qui unit ces deux batteries . C’est là qu’une poudrière a sauté et a tué plus de quatre cents Français ; la Garde et les Chasseurs de la garde impériale ont le plus souffert ; les fossés étaient plein de cadavre de ces corps ou ils ont souffert aussi beaucoup c’est au Petit Redan, ils l’avaient déjà pris et avaient été obligé de se retirer, et en se retirant ils ont été mitraillés et n’ont pu le reprendre que le lendemain dans la nuit .


Les Français de l’attaque de Gauche ou il y avait aussi une de nos brigades n’ont pas attaqué, attendu que les Russes les ont abandonné avant qu’on les attaque .


Les Anglais qui étaient chargés de prendre le Grand Redan n’ont pas pu le prendre et tous les Français sont furieux contre eux parce qu’ils disent qu’ils ont été cause que les batteries du Grand Redan ont pu tirer impunément sur les Français quand ils attaquaient la Malakof et le Petit Redan, de sorte que les Français sont plus que jamais ennemis des Anglais . Cependant il faut leur rendre justice, ils ont perdu beaucoup de monde, mais ils manquent d’ élan et vont à l’assaut de leur pas accoutumé qui est notre pas d école.



Ce qu’il y a de magnifique à voir , ce sont l’arsenal de marine qui est immense et puis le bassin de carénage où par le moyen d’un conduit qui prend l’eau a plus de 6 lieues de distance dans la Cernaya ( c’est le conduit que nous avons empêché d’aller à Sebastopol) on fait monter par le moyen d’écluses en fer les plus gros vaisseaux de quinze à vingt mètres au dessus du niveau de la mer. Cinq bassins, tous en pierre de taille, se trouvent creusés là , de sorte qu’ils peuvent arranger cinq vaisseaux à la fois. Il y avait encore là deux vaisseaux , un à vapeur , l’autre à la voile ; mais comme il y avaient donné le feu , on voyait encore tout le squelette de la machine, le bois brûlait encore mas il était presque consumé. Imagine – toi ce que cela a dû coûter pour faire construire ces bassins. Quand tu sauras que celui de Gênes ou il n’y a qu’un seul bassin a coùtê deux millions ! Les maisons de l’arsenal sont immenses ; au reste quartiers , magasins, murs d’enceintes et tout ce qui appartient au gouvernement, tout est bâti en pierre de taille, mais c’est une pierre douce dont on fait des morceaux carrés ; les quartiers sont tous couverts en fer blanc vernis en gris fonçé . Je t’en parlerai plus au long .


La ville bourgeoise est en feu, c’est les Russes qui suivent leur ancien système , elle a été mise au pillage par nos troupes ; aussi c’est curieux de passer dans les rues où les maisons brûlent , voir sortir des maisons des soldats qui avec une chaise, qui un sofa, qui un cadre-glace, une table de toilette, enfin tous chargés d’objets divers vous vendre cela au milieu de la rue .


Sebastopol est bâtie sur une colline qui va en descendant jusqu’au bord de la mer . Il n’y a qu’une très grande rue qui fait le tour de la ville où l’on puisse aller à cheval . c’est là que se trouvent les gens riches , les maisons n’ont qu’un étage , on n’en trouve point qui en ait deux ; plusieurs n’ont qu’un Rez de Chaussé ; les maisons des riches sont très coquettes, toutes garnies de balcons ou de terrasses sur le devant, avec des grilles en fer, beaucoup possèdent des serres ; elles sont bâties en moellons, celles des paysans , sont en terre recouvertes de mortier ; il y en a de gothiques , enfin de tout genres …..


Je n’ai plus de place il faut que je finisse la lettre . Je me porte bien mais le temps est très mauvais : Ouragans , pluie , et froid, voilà ce que nous avons . Adieu mon cher Papa , embrasse bien pour moi la maman ainsi que Alexis, Pierre , Laurent et Célina et Toine . Je t’embrasse de tout mon cœur et suis ton affectueux et respectueux fils .



CHARLES




Kamara , le 15 Septembre 1855

MON CHER PAPA ,



Depuis la prise de Sebastopol , nous n’avons pas bougé, il paraît que le Maréchal Pélissier attend des ordres de Paris ; il paraît que les Russes veulent évacuer les forts qui sont de l’autre côté de la baie et l’on voit un gros mouvement de chariots et d’hommes qui se dirigent du côté de Simféropol .


Quand je pus voir Sebastopol, les Russes n’avaient coulé que leurs vaisseaux de ligne et tous les autres qui étaient à voile de sorte que j’ai encore vu leurs bateaux à vapeur qui s étaient tous réunis dans un petit coin sous la protection du fort du nord, cela ressemblait beaucoup aux hirondelles qui , surprises par l’e mauvais temps, se mettent à couvert dans quelque coin ; mais maintenant ces magnifiques bâtiments ont eu le même sort que les autres, ils ont été coulés de sorte que c’est assez curieux que de voir dans le port une quantité de mâts sortir à fleur d’ eau, on pourrait compter le nombre des bâtiments qui ont été coulés si ce n’était les plus petits qui ont été submergés par la profondeur de l’eau . Maintenant la ville est occupée par les Français et les Anglais, et l’on fait des perquisitions pour trouver les mines de poudre que les Russes y avaient mises pour faire sauter la ville ainsi que les quartiers une fois les troupes dedans mais heureusement cela n’a fait de mal à personne parce que l’on a pris des précautions et que les mines ont été éventées ; on prétend que l’on a trouvé un fil électrique au moyen duquel on aurait communiqué le feu d’un côté de la baie à l’autre , a des poudrières préparées à cet effet.


La tour Malakoff, le Redan ainsi que les autres fortifications sont intactes et moyennant une permission du Général en Chef on peut tout visiter sans cela on ne laisse entrer personne.


Tu sais que tous les journaux prétendaient que les Russes manquaient de tout, et qu’ils étaient sans vivres, eh bien ! outre l’immense quantité de canons, de poudre, et de projectiles l’on a trouvé de grands magasins remplis de sacs de farine et de bœuf salé ; ainsi tu vois qu’ils ne manquaient de rien , et ce qui m’étonne c’est que les Français aient pu prendre une place avec des fortifications aussi formidables .


Quoique la ville soit prise, je crois bien que nous finirons par passer encore l’hiver ici , parce que tant qu’il y aura une armée Russe en Crimée, c’est impossible que les alliés puissent s’embarquer sans sacrifier une partie de l’armée pour protéger l’embarquement de l’autre.


Je ne sais pas si le Maréchal Pelissier à l’ordre ou s’il veut poursuivre l’ennemi et lui couper la route, ce qui est sûr c’est que jusqu’à présent nous n’avons reçu aucun ordre de bouger et les troupes occupent toutes les mêmes positions si ce n’est deux divisions du Général D’Antemare et du Général D’Espinasse qui sont passés hier pour occuper la vallée de Bedar ce qui fait courir le bruit que k’on voulait attaquer les Russes de ce côté – là .


Maintenant les maladies ont beaucoup diminué et l’on entend plus parler du choléra, la température s’est beaucoup rafraîchie, les nuits et les matinées sont très fraîches . Nos tentes sont assez bonnes et nous protègent bien de la pluie , quand elle n’est pas poussée par un vent fort, et la fraîcheur ne se fait guère sentir sous la tente . Ceux qui sont vraiment mal , ce sont nos chevaux qui sont nuit et jour à la belle étoile et exposés au vent et à la pluie ; pour mon compte je les ai bien couverts avec deux couvertures de laine chacun ; mais cela ne les garantit qu’en partie ; aussi ma petite jument montre toutes ses côtes et le ventre n’existe plus, c’est cependant avec celle là que je suis allé voir Sebastopol, et que je suis resté douze heures à cheval , ne passant par des endroits beaucoup plus mauvais que les sentiers du mont du chat ; elle n’a pas souffert immédiatement , mais comme malheureusement deux jours après elle a reçu la pluie, pendant deux jours , amenée par un vent épouvantable, je crois que c’est la cause qu’elle boîte maintenant assez fort ; mais comme je la considère comme perdue, je continue à la monter la même chose pour les services dont j’ai besoin . Quant à la grosse jument elle se porte bien , et a beaucoup engraissé depuis quelques temps , parce que , comme elle était blessée sur le dos , j’étais obligé de cesser de la monter pour quelques temps , mais maintenant elle est complètement rétablie et je ménagerai un peu l’autre.


Du reste la Crimée n’est pas pour les chevaux un paradis terrestre outre les inconvénients que je t’ai signalé , il en est un autre plus grave encore qui est que l’intendance militaire, tout en disant qu’elle n’en a point, nous laisse un jour sans foin et l’autre jour sans avoine, et quelques fois les deux et il n’y a pas moyen d’en acheter, l’on en trouve pas, de sorte qu’il faut faire comme les fourmis retrancher tous les jours quelque chose sur leurs rations pour suppléer quand on ne leur en donne pas , et note que leur ration se compose de cinq kilos de foin et de cinq kilos d’orge ou d’Avoine


J’ai reçu ta lettre du 24 ainsi que celle qu’ Alexis m’a écrite de Gènes ; et je pense bien que vous recevez les miennes, je vous écrit immanquablement une fois par semaine et quand il y du nouveau, deux de manière que tu dois les recevoir . Ma dernière lettre est celle que je t’annonçais , la prise de Sebastopol et ce que j’y ai vu .


Adieu mon cher Papa, embrasse bien la maman et dis lui qu’elle soit tranquille sur ma santé ; embrasse aussi Alexis, Pierre et Laurent ainsi que Célina et Toine qui doivent être tous à cette heure à Volontaz .


Je t’embrasse de tout mon cœur et suis ton affectueux et respectueux fils .



CHARLES




Kamara , le 4 Avril 1856.





MON CHER PAPA ,




Nous avons reçus la nouvelle que la paix avait été signée le premier du mois et le 2 nous avons tiré les cent coups de canon d’usage, mais je ne crois pas que nous partirons d’ici avant un mois, encore faut il que les Anglais nous transportent ; jusqu’à présent nous ne savons rien à ce sujet.


Lundi passé, le Corps de Réserve de l’armée Française a donné un magnifique bal auquel se trouvaient plus de deux mille officiers des alliés ; tous les officiers Anglais et Piémontais étaient invités ; mais comme il faisait très froid beaucoup ne sont pas venus.


La salle ou ce bal a été donné était en planches, et construite pour ce bal elle était immensse ; imagine toi ; on a employé plus de 3000 planches pour la construire, aussi était elle beaucoup plus grande que l’église de yenne, il y avait outre cela deux baraques réservées pour le buffet qui était très bien monté et le prix des aliments pas chers pour la circonstance..


Il y avait un très bon orchestre composé de cent musiciens ; les officiers pouvaient y aller ou en costume ou masqués, cependant la figure était découverte, la seule chose qui manquait c’était les dames ; il y a bien quelques dames Anglaises , mais très peu ; toutes les cantinières Francaises étaient invitées mais leur nombre n’est pas grand , du reste toutes les femmes qui sont en Crimée pouvaient venir mais leur nombre est bien petit.


La fête a duré jusqu’à cinq heures du matin depuis huit heures du soir ; quant à moi j’y suis allé de neuf heures et demi jusqu’à minuit.


Nous avons depuis quelques temps un froid très intense, le thermomètre marque tous les matins de 6 à 8 degrés sous zéro ; hier nous avons eu presque toute la journée de la neige avec un vent très violent ; la nuit a été très froide, ma bouteille pleine d’eau dans ma cabine a été brisée par l a gelée et cela m’arrive assez souvent .


Aujourd’hui le temps est froid, les Russes ne viennent guère de notre côté . Quant à nous , nous irions bien les voir, mais les Cosaques ne nous laissent pas passer ; l’on a beau leur donner cigares qu’ils aiment beaucoup mais ils répondent que s’ils nous laissent passer, le capitaine leur ferait donner la bastonnade .



L’autre jour je suis allé à Inkermanne , pour mesurer le tunnel que les Russes ont fait pour donner passage au canal qui alimentait les bassins de Sebastopol. Imagine toi qu’il est tout percé dans le roc vif à coups de ciseaux, la voute est faite par le rocher même que l’on a travaillé et la longueur est de 370 de mes pas ………..



Si tu n’avais pas Apollon (sic) , je pourrai te prendre ici un cheval Turc , qui sont excellents , ils mangent peu, sont accoutumés aux mauvais chemins, n’ont pas besoin d’être soignés et couchent à la belle étoile sans souffrir ; le seul défaut c’est qu’ils sont petits .



Pierre me dit que tu as l’intention de faire de l’écurie une chambre à coucher à Volontaz ; je trouve que c’est beaucoup mieux de faire diviser la grande chambre qui ne sert à rien .



La fin de cette lettre manque. Nous ne savons rien de son retour ; Le 16 Novembre 1856, il sera promu Capitaine au régiment de Savoie-Cavalerie . On peut penser que cet avancement était la récompense promise par le Général Trotti lors de son départ.


C’est ainsi que s’achève cette série dont les lecteurs auront su apprécier la valeur militaire et psychologique et qui nous montrent leur auteur sous un jour sympatique.







REUNION DE LA SAVOIE AVEC LA FRANCE ET L’OPTION DE CHARLES




En 1860 , par un plébiscite triomphal, la Savoie décida sa réunion à la France ; les fêtes splendides qui célèbrent ce grand évènement ne doivent pas cacher que pour beaucoup, surtout parmi ceux qui étaient au service du royaume Sarde , le « oui » avait été précédé d’un vrai drame de conscience , c’est ce qu’illustre l’exemple de celui qui devint le Général Goybet (né à yenne le 3 Décembre 1825 et mort à Yenne le 5 Fevrier 1910.).

M.H. Putz

Au moment des faits Charles Goybet est chef d’Escadron, son père Antoine Goybet est propriétaire Terrien dans son domaine de Volontaz,. Son frêre Pierre est Avocat ; Son frère Laurent esr stagiaire d’administration, son frère Alexis est magistrat . Le pêre et les frêres de Charles sont « Français enragés ».



Lettre de Pierre à son frère Charles Goybet le 31 mars 1860.

« Tu peux te faire une idée de la préoccupation des esprits au sujet de l’annexion par ce qui se passe sous tes yeux, du moins si l’on croit les journaux, pour les Légations et les Duchés . »

La France nous convoite avec autant d’ardeur que le Piémont , les possessions nouvelles ; tu sais qu’une députation , improvisée, sans mandat que celui qu’elle s’est donné, s’est rendue auprès de l’empereur ; il est impossible de s’imaginer les cajoleries, les gâteries dont elle a été l’objet de la part de leurs majestés impériales. Après avoir été admis à leur table, comme l’on dit les journeaux , dans un vrai repas de famille ou assistaient l’Empereur, l’Impératrice, le Prince Impérial et les personnes de la cour, on a fait passer nos élus dans les appartements privés de l’Empereur ; là s’est établi une conversation dans laquelle leurs majestés jouaient le rôle de maîtres de maison qui s’efforcent de fêter leurs hôtes . Si n’était le magnifique diadème qui couronnait l’impératrice , on se serait cru chez quelques bons bourgeois de Chambéry tant la conversation était familière ; cette rêverie a duré une heure ; l’Impératrice s’adressait à chacun pour demander des renseignements sur la Savoie et dire combien elle serait heureuse de la visiter, c’est alors que l’Empereur du ton le plus débonnaire a demandé à ses hôtes comment on appellerait les départements nouveaux et après quelques instants de silence il a proposé les noms Savoie Chambéry et Haute Savoie pour Annecy, disant qu’il ne voulait pas qu’un nom rendu aussi glorieux dans l’histoire par la bravoure et la fidélité de ses habitants pût disparaître de la carte de l’Europe, puis, en se séparant, l’Impératrice a offert à chacun des quarante une photographie du Bambin impérial avec ces mots écrits de sa main : « Souvenir du 22 mars ( Eugenie) ».

« Il ne faut pas être étonné après cela que tous ces gaillards soient revenus électrisés ; ils n’en peuvent pas revenir ; aussi ce sont tous autant d’apôtres après la descente du Saint Esprit .

« Parmi ces promeneurs on avait choisi une députation de cinq membres qui avaient toutes les entrées des ministères ; souvent l’empereur leur a dit de ne rien oublier de tous les intêrets du pays qu’il tenait à cœur de réaliser toutes les espérances des Savoisiens . Cavour, je crois, n’en ferait pas autant. « Aussi Greyfié, Bertier sont ils revenus avec les pleins pouvoirs ; déjà Girod et l’avocat général sont loin et le Courrier sur qui souffle la grâce va paraître tous les jours et sera envoyé gratis .dans toutes les communes.

« Les régiments français ont été parfaitement reçus par la population ; le soir toute la ville était illuminée ; je ne me souviens pas avoir vu les illumination plus complète, chacun en était ébahi ; un monde fou se promenait tranquillement et l’on ne pouvait passer sur la place Saint-Leger ou une foule immense se cognait et criait « Vive la France » , mais très rarement « vive l’empereur » .

Nous avons vu avec plaisir que depuis le traité tu auras un an pour te décider ; c’est chose grave : réfléchis sérieusement ; en tout cas tu ne peus quitter qu’avec le grade de Major. Ecris nous ce que tu pense faire.



L’OPTION DE CHARLES


Mon cher papa, nous avons reçu l’ordre il y a trois jours que les officiers et soldats de la Savoie d’opter immédiatement ou pour passer au service de la France ou de rester avec le Piémont dans lequel cas, il fallait se faire naturaliser Piémontais ; j’ai pensé depuis trois jours au parti que je devais prendre et j’y ai vu des inconvénients des deux cotés.

« Quand à l’avancement j’avais plus de chance en restant avec le Piémont , mais ce que je regrette le plus c’est de quitter mes camarades avec lesquels il y a plus de vingt ans que nous nous connaissons et qui ont reçu la même éducation que moi tandis que en allant en France, je vais dans un pays nouveau et ou je ne connais personne et ou il faut commencer de nouveau et ou j’aurai plus l’air d’être un intrus que si je restais avec le Piémont. La seule chose qui me décide à passer en France c’est que je ne perds pas ma nationalité et que je sais que vous le désirez croyant que cela est dans mon intérêt. Par conséquent je vais trouver le Colonel qui attend ma décision pour lui signifier que je veux passer en France afin qu’il puisse répondre au ministre. .afin qu’il puisse répondre au ministre. « c’est donc un fait accompli.


« Comme je dois encore près de 1000 francs au gouvernement pour prix d’un cheval qu’il m’a fourni – n’ayant payé jusqu'à présent que 500 sur 1500 Francs qu’il me coûtait – d’un autre coté M.de Mauguy ne m’ayant pas encore payé les 1000 Francs qu’il me doit , il faut que le gouvernement soit payé avant que je parte ; j’ai aussi près de 300 francs à payer à divers négociants pour fourniture , il faut que je les solde avant mon départ .Quand à moi ma bourse est presque à sec . il faudrait que Pierre m’envoyât une lettre de crédit afin que je puisse faire face à mes affaires . « Les officiers et soldats savoyards qui passent au service de France sont tous dirigés sur Lyon de sorte que je ne pourrais pas vous voir en passant . Lr gouvernement fera les frais de transport pour mes chevaux . « Beaucoup d’officiers Savoyards sont restés ici et j’ai bien eu de la peine à ne pas suivre leur exemple ; l’on ne quitte pas facilement un pays ou l’on a toujours vécu. »

« Adieu , cher Papa et chère Maman, je vous ferai savoir quand je partirai . Je vous embrasse et suis votre affectueux fils.


« Charles »


Pierre Goybet à Charles aussitôt après son option


« La nouvelle que tu me donnes nous a fait le plus grand plaisir et nous espérons que tu n’auras pas lieu de te repentir du Sacrifice fait à l’esprit de famille ; d’ailleurs avec ton grade, . tu entres en France avec une position supérieure qui te place au-dessus de tous les petits inconvénients qui sont attachés à cette transition ; tu serais en effet bien malheureux si dans ton régiment tu ne trouvais pas un colonel un peu sympathique ; quand à tous les autres, comme tes inférieurs , tu es sûr de leur empressement . « Ensuite notre armée passe à la France avec la meilleure réputation de courage ; tu as fait autant de campagnes qu’aucun de tes futurs camarades ; je ne vois pas qu’on puisse avoir une position plus digne et plus convenable. « Cela n’empèche pas que tu ne regrettes tes amis qu’il te faudra quelques temps pour remplacer, mais c’est là un inconvénient nécessaire et qui je crois n’est pas aussi grand que tu le penses ; il y a tout autant et plus d’esprit de corps en France que dans aucune autre armée.

« Enfin l’avenir jugera la question et tu ne peux jamais te repentir de la détermination que tu as prise ; tu n’as fait que subir les conséquences de la position nouvelle ; tu ne pouvais rester en Piémont, t’isoler de nous sans assumer une grande responsabilité .

Nous avons beaucoup à attendre de notre nouvelle patrie car vous voilà tous trois provisoirement sans place (Alexis , Laurent)….. «La nouvelle de ton option s’est répandue dans la ville et chacun l’ a apprise avec grand plaisir . »



LES CONSEQUENCES DE LA REUNION par M.H. Putz.


Il semble que Charles n’ait jamais regretté sa décision et qu’il n’ait pas été traité en « intrus » dans l’armée Française. « Charles est parti assez content pour Lyon ; il se loue beaucoup du Colonel et du Chef d’Escadron, ces messieurs ont été prévenants, très affables ; le colonel lui a proposé de faire ensemble le voyage de Paris et qu’il voulait le présenter à l’empereur ; ton frère a été également bien reçu par le Général Partonneaux » écrit le 21 Novembre Antoine Goybet à son fils Pierre, peu avant d’être nommé maire de Yenne. Le 30 Novembre, en effet, Alexis écrit à Charles : « Voilà donc le père Maire de la ville de Yenne .... être Maire sous l’empire ce n’est plus être Syndic. Le Maire fait à sa guise et ne dépend que du gouvernement . Les élections s’agitent sous ses pieds au lieu de le balloter dans leurs flots tumultueux ».

Par contre Alexis fut moins heureux . Dès le 19 Juin 1860, il écrit à sa mère une lettre dont le ton contraste avec celle du 29 Mai à Charles. « Voilà Laurent ( un de ses frères) qui s’éloigne , voilà mon bureau qui est dispersé . Pierre seul reste à Chambery , heureux de n’être pas fonctionnaire. Voilà ce que je gagne à l’annexion ceci est positif et c’est le mal ; quant au bien nous le verrons venir, c’est triste. « Au reste il y a quelque chose dans l’air qui n’est pas réjouissant et M. Laity. N’a pu s’empêcher d’interroger son entourage sur le peu d’enthousiasme des habitants . La volonté de Dieu soit faite . Vive l’empereur quand même ! Si nous fussions restés au Piémont, ce serait bien autre. »

Comble de disgrâce, le 10 Aout 1860, Alexis fut nommé juge à Montbrison alors qu’il estimait avoir droit à une présidence de tribunal et écrit le 2 Juin 1861 à Charles :

« Voilà donc M. Millevoye récompensé de nous avoir éparpillés sur le territoire français sans respect pour le rang hiérarchique ; je crains bien que le mal qui m’ a été fait soit long à se réparer mais je m’applaudis de n’avoir pas boudé , en regrettant de n’avoir pas pris mes mesures....... » Le premier président de Lyon M Gilardin, écrit à son sujet en 1866 dans un rapport : « Un avancement est le meilleur moyen qui puisse s’offrir de relever autant que possible un fort estimable magistrat dans sa carriere ….(chez lui) quelques mécontentements de position n’ont en aucune manière, altéré le dévouement franc et hautement professé à sa nouvelle patrie et au gouvernement de l’empereur ».

Peu auparavant ( 7 Juin 1865), Alexis avait écrit à Charles :


« Nous sommes bien dans l’ancienne France au- delà de Lyon que nous regardions comme le point extrême de nos relations du côté du couchant et toi tu es bien à 200 lieus de nous ( au camp de Châlons ) et Laurent jeté à une distance qui l’eût fait frissonner (Montauban ). »

Bref, aucun d’eux ne regretta son option, mais seulement la rupture d’un certain nombre de liens qui les attachaient à la Savoie , rupture due à la politique d’intégration immédiate pratiquée par l’Empire. Des lettres de Charles nous prouvent que, dès 1848-1849, la Maison de Savoie, par sa politique Italienne , avait brisé tout lien sentimental avec eux ; ils témoignent cependant jamais beaucoup d’admiration pour l’Empire.

Charles , le seul qui avait hésité à opter en 1860, fut des trois frères passés au service de la France, celui qui eut la carrière la plus brillante , puisqu’il devint Général de Division, inspecteur de la Cavalerie, mais ne tint jamais garnison en Savoie, tandis que son frère Alexis reviendra en 1874, à Chambéry, comme conseiller de la Cour.











L’ ITALIE AU RYTHME DES DILIGENCES ET PREMIERS TRAINS





Lettres de Pierre Goybet et Irma sa femme lors de leurs 2 voyages en Italie de 1858 et 1866 . Pierre Goybet est le frêre de Charles Goybet , le futur General de cavalerie et de Laurent Goybet futur grand juge de Monaco , Oncle de Mariano . Ces lettres nous ont été rapportées par Henri Putz


Visiter L’Italie est aujourd’hui facile , des agences de tourisme peuvent guider vos pas, mais il y a un peu plus d’un siècle c’était une véritable expédition, pleine d’imprévu . C’est ce que nous permettent de connaître les lettres de deux Savoyards , Mr Pierre Goybet et sa femme qui allèrent de Gêne , Florence et Rome en 1859 ( donc avant l’unité Italienne ) et poussant jusqu’à Naples en 1865, s’arrêtèrent durant la semaine Sainte à Rome , pour peu de temps encore ‘ Etat de l’Eglise’.


Pierre Goybet fait partie d’une famille de notables d’Yenne dont son pêre est alors maire et dont il sera conseiller général. Il a étudié le droit à Turin avant d’être avocat à Chambery . Il avait épousé Irma Desarnod de Cognin mais ils n’eurent pas d’enfants .


Nos deux voyageurs sont des touristes infatigables, visitant avec conscience tout ce que mentionnent les guides ( monuments, églises, catacombes, sites célèbres, n’hésitant pas à faire une pittoresque excursion du Vésuve en 1885) et ce sont aussi des pèlerins assistant à des cérémonies au Vatican, obtenant une audience privée de Pie IX , voyant d’innombrables reliques Ils sont assez riches pour louer des appartements dans de belles avenues ou Corso, et pour ne se déplacer pratiquement qu’en voiture, mais les conditions des deux voyages changèrent beaucoup entre 1858 et 1866 :


Celui de 1858 (15 Août- 6 Octobre) est rendu difficile par les multiples frontières , par leurs formalités plus ou moins arbitraires, par la concussion fréquente ( abus des ‘ bonnes mains’) et la sécurité imparfaite , par l’obligation de combiner les modes de transport différents .

- Train : (1)Chambéry- St Jean de Maurienne ; (3)Susa – Turin -Gênes ; (6) Lucques- Florence -Pisa -Livourne

- Diligence : (2) Saint Jean – Susa ; (5) La Spezia - Lucques ; (8) Civita Vecchia – Rome

- Bateau : (4) Gênes – La Spezia ; (7) Livourne – Civita Vecchia

Au retour, Civita Vecchia - Gênes en Bateau , la diligence n’étant utilisée que pour gagner Civita Vecchia et traverser le Cenis .


En 1885, le train unit Turin à Florence par Bologne et Rome à Naples, restant encore la coupure Florence- Rome et celle du Cenis , et le voyage est plus rapide ( 18 Mars 1866-21 Avril ) d’ autant plus que Florence et Rome ont été déjà vus .

Il est fait en groupe avec un Oncle, une tante et des amis Joseph et Alice . Nos deux touristes écrivent régulièrement à Mr Desarnod , les parents d’Irma Goybet ; ceux-ci ont soigneusement conservé les lettres que Madame Finet m’autorise à Publier .


Ecrits à la hâte, sur les lieux - mêmes, elles ont la valeur d’instantanés ; les impressions jaillissent, les détails s’accumulent , en particulier sous la plume d’Irma que tout intéresse : Monuments anciens, églises, paysages, costumes, modes , vie mondaine, animation de rues ; les descriptions sont d’autant plus précises qu’elle est certaine d’intéresser sa mère. Pierre écrit plus brièvement et plus rarement ; il aime un pittoresque qui n’a pas la simplicité de celui de sa femme : Ainsi sa description de la tempête, son indignation contre les hôteliers et surtout leur montée au Vésuve ! Il aime plaisanter, faire des jeux de mots, mais très souvent les mêmes phrases apparaissent dans des récits parallèles , il y a peu de désaccord entre eux et ceci à permis de publier le plus souvent qu’un récit unique, complèté par quelques phrases intéressantes de l’autre correspondant.

Mais si nous avons à faire à deux personnes qui savent voir et décrire, quelle philosophie politique et religieuse ressort de ces lettres ?

Les notations politiques absentes en 1866 sont rares en 1858 mais sont franches et critiques . ‘ Jusqu'à présent (Ils sont alors à Rome) , la vue et l’organisation des gouvernements de l’Italie nous a fait véritablement regretter notre gouvernement. modèle Piémontais ( traduction de la formule : le ‘buon governo’ ) ; c’est sans plaisanterie qu’on peut le dire en les comparant ensemble ’ (Irma ) et les exemples de police tracassière à Florence , Livourne , Civita Vecchia sont probants ; la sécurité ne règne pas, en particulier dans la campagne romaine ; à part les ports comme Gênes et Livourne , les villes sont mortes sauf en hiver quand les grands propriétaires sont revenus de leurs villes rurales avec leurs beaux équipages et quand les touristes et pèlerins profitent de la clémence du temps.


Le grand Duc et la grande Duchesse de Toscane sont décrits sans complaisance et comme des souverains fantoches ‘ à présent que le gouvernement autrichien dirige’….. ‘ il parait que ce gouvernement n’est pas très apprécié ‘ ; Pierre lui reconnaît le mérite de faire de Florence une ville propre et de redonner vie aux vieux palais . A Rome est loué l’effort de Pie IX pour mettre en valeur la ville antique ( fouilles, aménagement du Colisée) mais ‘tout est en retard’ de 15 ou 20 ans ‘ la saleté est générale , la malaria sévit, le linge des particuliers est étendu jusque sur le Capitole. Pas un mot sur l’unité italienne en 1858 et 1866 et cela surprend ! On ignore tout de la question romaine


Pèlerins en même temps que touristes, très attentifs à visiter toutes les reliques avec une candide incrédulité, ils ne sont édifiés ni par le nombre des moines ‘ C’est pitié que de voir toute cette population de couvent ’ ( Livourne ) ni par la ville pontificale à la ‘Population dégénérée’ ‘A part la bonne figure du pape, le reste est une véritable représentation’ même les cérémonies religieuses comme le lavement des pieds et le repas de la ‘scène ‘ ( Lapsus qui aurait pu être voulu) ou le cortège pontifical dans les rues de Rome . Pierre en particulier insiste sur le mot ‘ Spectacle’ ‘ curiosité’, sur ces 80.000 étrangers ‘Tous parfaitement dispos, tous arrivés ici pour voir les cérémonies et prêts à tout ……’ renforcés par la population romaine ‘ avide de contempler ces fêtes célèbres’. Aucune vénération particulière pour la papauté , de la sympathie pour la personne de Pie IX ; aucune allusion aux difficultés qu’il rencontre ou à son autorité morale.



LES CHEMINS DE ROME EN 1858 ..............................................................



I ) De CHAMBERY A FLORENCE



De Chambery, nos touristes prennent le train jusqu’à Saint Jean de Maurienne où ils sont reçus à dîner et coucher princièrement par Monseigneur Vibert, leur cousin, avant de prendre une ‘ Très bonne diligence’ pour Suse et de là en train jusqu’à Turin.


1) Le Mont Cenis et son franchissement de nuit



‘ Je n’ai pas été enchantée de la Maurienne surtout depuis Saint Jean qui est cependant beaucoup plus joli et mieux situé que je ne me l’étais imaginé ; depuis Chamousset jusque là, cela passe encore, mais depuis Saint Jean il est difficile de traverser un pays plus insipide. Nous avons encore vu le Fort de Lesseillon de jour. Quand au Mont Cenis, j’ai pu voir à peu près ce que c’était ; j’ai pu distinguer le lac qui se trouve au sommet ainsi que le couvent, les hôtels et la caserne . En descendant, la diligence marche si vite que cela me faisait presque peur ; de dix chevaux que l’on met pour monter, on n’en garde que deux pour la descente et ils le font toujours ventre à terre même en tournant des lacets ; c’était ce qui m’effrayait …. J’ai oublié de te dire que nous avions eu les trois places de coupé pour nous seuls , ce qui fait que nous avons été parfaitement à l’aise pour la nuit….. Il ne faisait pas froid …. Nous n’avons pas eu trop de poussière car il avait plu la veille .’ Irma 17 Août, 6 heures du matin .



2) Turin et sa monotone beauté




‘Turin n’était pas du tout dans son beau moment parce que tous les gens qui ont des équipages sont à la campagne ; les théâtres sont fermés et le soir on voit une quantité de magasins sous les portiques qui ne s’ouvrent plus depuis la tombée de la nuit. Pierre m’a montré les trois palais : celui du roi, le palais Madame et le palais Carignan ….. J’ai trouvé le Musée Egyptien plus beau que celui de Paris ; Turin est une bien belle ville mais lorsqu’on y a passé une journée entière on la trouve monotone ; je suppose que cela provient de l’aspect de ses rues qui se ressemblent toutes et puis aussi qu’en réalité il y a fort peu de monuments à voir .‘ Irma .



3) De Turin à Gênes, une terre de contraste




‘Le chemin de fer de Turin à Gênes passe dans de très jolis endroits ; on peut suivre la colline de Turin jusqu’aux environs d’Alexandrie où elle se termine ; elle est garnie de maisons de campagne depuis un bout jusqu’à l’autre ; le reste du pays paraît assez riche jusqu’à Novi mais depuis cet endroit jusqu’à Bussala où se trouve le grand tunnel que le chemin de fer traverse dans 7 minutes , c’est un pays affreux, on n’y voit qu’une terre roussâtre sur laquelle l’herbe ne peut même pas pousser …..Le chemin de fer traverse les vignobles où croît le fameux vin d’Asti qui a une grande réputation à Turin . Il passe aussi à St Pierre d’Arene ….. Il est impossible de trouver un plus joli pays , c’est là en grande partie que se trouvent les maisons de campagne de Gênes qui sont bariolées de toutes les couleurs ; au point de vue goût, ce n’est peut être pas tout ce qu’il y a de mieux , cependant je trouve que toutes ces peintures à couleurs voyantes font un joli effet dans la verdure qui les entoure …..’ Irma



4) Gênes, une ville animée.


‘ Gênes est une ville si animée que l’on ne peut guère s’y ennuyer . Nous sommes logés sur le port dans un très bel hôtel ….Nous avons un appartement au second ( après l’offre d’un autre au 3ème ou 4ème étage )… On comprend cela ( la prédilection pour les étages élevés ) dans les rues qui sont si étroites que les habitants des premiers étages doivent être forcés d’allumer leurs becs de gaz en plein midi…’ . Suit une visite de la ville , et entre autres églises celle de l’Annonciata ‘qui est très belle…. Nous n’avons pas idée dans nos pays de la richesse de ces églises, les plafonds sont entier couverts de dorures et de peintures , toutes les colonnes, les autels, les dalles, les façades sont en marbre ; on reconnaît bien le goût d’un pays pour les couleurs éblouissantes car ils ont toujours soin d’assembler toutes celles qui se choquent le plus, le vert, le bleu, le jaune, le rouge. Dans la soirée, nous avons été prendre des places dans le plus beau café de Gènes où se réunit la belle société ; il y a une terrasse qui donne sur la rue neuve où passent toutes les élégantes qui se rendent à la promenade de l’Aquasola…. Nous avons fini par les cuivres ….La musique du régiment joue sur une estrade et le beau monde se promène dans les allées …. Nous avons loué des chaises pour voir tout à notre aise, les belles Gênoises avec leurs voiles blancs. Pierre trouve quelles ont toutes l’air effrontées, ce qu’il y a de sûr c’est qu’il y en a de fort jolies et que leur pizzotta ou voile blanc leur donne un petit air coquet qui va très bien aux plus jolies mais les laides le paraissent davantage avec ce costume … Dis au papa Marthe que nous n’avons pas reçu le moindre coup de couteau ni même vu de tentatives hostiles à notre bourse…..’ Irma . Gênes le 19 Août

La ville et son animation ne font pas négliger la visite de l’arsenal, ou bagne et des grottes de Sestri, mais aucun détail n’est donné.



5) Une mauvaise traversée de Gênes à la Spazia



De Gênes, Pierre et Irma voulaient gagner en bateau Livourne, mais ce port étant soumis à une quarantaine de cinq jours ‘ à cause d’une maladie qui règne en Algérie, je crois ‘ ils décident de s’arrêter à la Spazia .


‘Notre traversée a été excessivement mauvaise, au lieu de 4 heures et demi nous avons mis 18 heures par un temps affreux ….J’ai été abasourdie pendant deux jours . Le bateau à vapeur était grand à peu près comme ceux du Rhône ; on nous avait vanté la machine qui avait obtenu un prix à Turin, mais avec le temps que nous avons eu il était trop petit ; nous avons ressenti tous les mouvements du bateau . Je n’ai pas eu peur et Pierre non plus parce que nous avions le mal de mer qui nous abrutissait .’ Irma 22 et 24 Août .


Pierre est encore plus explicite (mardi 24 août) . ‘ Notre pauvre petit bateau était ballotté comme une coquille de noix ….J’étais couché dans la cabine de l’arrière du bateau, derrière le salon, de là j’entendais le pilote tomber à chaque instant renversé par une secousse ; au plus fort de l’orage je me suis traînée à quatre pattes sur le pont et cela en frappant de la tête contre tous les meubles ; le vent était affreux les vagues profondes comme des ravins dans lesquels nous étions précipités….le ciel était presque serein…. ’


La Spazia…’ Figurez- vous le lac du Bourget, coupé à Haute Combe et Saint Innocent, entouré d’une ceinture de montagnes comme celles de Barby mais couvertes d’oliviers ‘ Pierre.


6) Voiture à cheval et train pour Florence



‘ De la Spazia à Lucques il y a 15 lieus, nous avons pris une voiture pour partir à 2 heures . Nous avons traversé un pays très accidenté ; depuis Gênes jusqu’en Toscane, on se trouve entre la mer et les Apennins dont les différentes ramifications viennent se perdre dans les eaux , c’est donc des cols de montagne à tourner ou traverser à chaque instant . La plaine est toujours assez étendue de 3 ou 4 lieus jusqu’à la mer …. A Carrare, le marbre est aussi commun que la molasse à Cognin ; on voit de pauvres échopes dont les croisées, les escaliers et les portes d’ écurie sont en beau marbre blanc. C’est aussi un curieux spectacle que ces montagnes blanches (tout marbre) aussi hautes que le Nivolet… Après avoir passé la nuit à Pietra Santa, nous sommes arrivés à Lucques lundi à 9 heures du matin ; nous avons parcouru la ville qui est très grande, assez belle et remarquable par les églises que nous avons toutes visitées. A 4 heures nous partions par le chemin de fer et à 8 nous arrivions à Florence…’ Pierre.



II – FLORENCE , PIZE ET LIVOURNES




1) Un logement charmant à Florence


Mari et femme sont d’accord pour se féliciter de leur logement à Florence . ‘Il y a une chose terrible en voyage, c’est de se voir dupé, tondu de la manière la plus éhontée dans tous les hôtels. ’ Pierre.

Irma Confirme…… ‘Nous avons voulu essayer un système que l’on emploie beaucoup dans ce pays : ce sont des chambres garnies que l’on loue à tant par jour pour un nombre de jours déterminés ; outre cela, le locateur s’engage à fournir le service qui vous est nécessaire. Nous sommes enchantés de notre nouveau domicile, c’est une très jolie chambre à deux lits placée dans le centre de la ville, sur la place de Sainte Marie Majeure . C’est une très belle maison qui a un escalier plus large encore que celui de l’hôtel Chateauneuf et qui est distribué comme un hôtel . Nous avons toujours un domestique à nos ordres … Il se trouve que le maître de la maison a été le grand Ducco de sa majesté ; en sorte qu’il s’est chargé de notre cuisine . Il la fait très bien ……Il parait que ce système d’hôtel garni est adopté par tous les étrangers qui passent quelques jours ici…. Avantage ….On ne paye que ce que l’on emploie en réalité . Par exemple on vous donne deux bougies ….. Vous ne payerez que vos deux bougies et non pas 31 par soirée pour votre éclairage comme cela nous est arrivé dans tous les hôtels …. (Imagine- toi que dans plusieurs hôtels où nous n’avons fait que passer une nuit et prendre un bouillon en nous couchant ou en nous lavant, nous n’avons jamais été pour moins de 18 à 20 L…..’


Pierre qui ajoute à la description d’Irma ‘ Un salon peint à fresques, meubles tout neufs, jusqu’aux volets qui sont dorés sur les bords’ écrit ‘devine combien avec tout le linge et le service cela nous revient avec 2 paols ½ ou 28 sous par jour – partout nous payons 4 livres par jour et 1 livre pour le garçon . De plus le maître du Logis a été cuisinier du prince Poniatowski….. Il nous fait un petit ménage de choix et dans les mêmes prix..’)



2 ) Florence, ville animée et bien tenue .



‘Florence est une grande et magnifique ville….’

‘Nous avons été ce soir nous promener dans la grande promenade de Florence, le Corso ; c’est vraiment comme à Paris ; il y a d’immenses équipages ornés de 2 ou 3 laquais ; comme la plupart des Florentins sont très riches et qu’il n’y a pas de commerce dans la ville, il s’y trouve par cela même beaucoup de désoeuvrés, ce qui est une grande cause de l’animation que l’on voit dans les rues, surtout dans celles qui avoisinent notre hôtel qui est dans un endroit très gai’ ‘c’est sous nos fenêtres un roulement perpétuel’.

‘….Nulle part le système des citadines n’a été porté au point de perfectionnement comme ici soit par la qualité des voitures soit pour leur quantité . On voit encore grand nombre de petits équipages ….Des voitures légères comme un souffle emportées par des cerfs qu’on appelle chevaux de la Marenne, bouillants comme les chevaux Corses mais de moitié plus gros ; on en voit ici une infinité avec un harnachement plein de goût.’


‘Florence, jusque dans les plus mauvaises rues, est callée comme une cathédrale avec des blocs de pierres énormes et enchassés comme de la mosaïque. Je ne puis concevoir comment les chevaux ne se cassent pas le col ; quant aux piétons c’est délicieux , ni poussière ni boue ; la ville est du reste très propre . Il y a tous les jours des gens occupés à la balayer.’


‘….Les richesses artistiques de Florence feraient la gloire d’une grande nation, les monuments publics sont très bien entretenus et le grand Duc fait achever quantité de monuments commencés il y a 4 ou 5 siècles, les autres sont restaurés à grands frais . Il est en cela bien inspiré car la ville devait être joliment triste, tous sont barricadés avec d’énormes barreaux de fer ; les murs sont en pierres de taille de toute grosseur où sont attachés de gros anneaux de fer qui servaient à suspendre des drapeaux ; le tout est si noir que je plains bien ceux qui y habitaient autrefois . A présent que le gouvernement Autrichien dirige, il en fait des hôtels de ville, des cours d’appel, de cassation et des établissements publics de toutes espèces.’ Irma




3) Florence ville musée



Irma s’attarde complaisamment à décrire les beautés de Florence .

‘Florence est très habitée, il y a beaucoup de mouvements dans les rues, cependant ce n’est pas une ville de commerce car la moitié des rues sont sans magasins Ce sont les étrangers qui en font la vie : des milliers d’individus vivent à leurs dépens ; dans toutes les rues, chaque étranger est assiégé par des gens qui viennent lui offrir leurs services ou pour visiter la ville, ou pour les conduire en voiture , ou pour lui offrir des bouquets ou de la paille etc….


Enfin on est perpétuellement occupé à s’en débarrasser. En outre dans chaque église, dans chaque monument, dans chaque palais, se trouvent des gens apostés pour servir de guides à ceux qui les visitent . Quelquefois on se laisse prendre par les guides du dehors et lorsque vous arrivez dans un palais ou n’importe où, vous êtes encore obligés de subir les explications d’un de ceux qui sont chargés de faire visiter l’intérieur des monuments, de façon que vous en avez deux qui vous suivent et vous disent la même chose…..’


‘Nous avons visité hier la cathédrale Sainte Maria del Fiore où se trouve le fameux dôme construit par Brunelleschi et qui est plus grand que celui de Saint Pierre de Rome . C’est magnifique à voir, cependant il y a un immense désagrément dans la plupart de ces églises c’est qu’on n’y voit rien, les vitraux sont si chargés de couleurs qu’il est impossible, dans plusieurs, de distinguer les peintures et les sculptures remarquables qui y sont . Nous nous y trouvons au moment de la messe capitulaire et les enfants de chœur avaient une lampe allumée devant eux pour lire la musique.’


‘Nous avons aussi le Campanile et le Baptistère qui sont placés à côté de la cathédrale . C’est si beau que nous ne voulons pas quitter Florence sans en emporter les vues peintes en photographie pour vous en donner une idée bien incomplète , il est vrai, puisque cette église, le dôme et le Baptistère sont bâtis depuis le haut jusqu’en bas en marbre de différentes couleurs , mais enfin on peut juger de la forme et l’imagination aidant on arrive à peu près à en juger.’



Même enthousiasme pour Pierre . ‘J’ai vu le Dôme et le Baptistère, le clocher C’est merveilleux vraiment, tous les rêves sont dépassés et je comprend maintenant Charles Quint qui voulait mettre le clocher dans un étui ; c’est une vrai miniature en marbre de différentes couleurs qui a de 3 à 400 pieds de haut. Le dôme est merveilleux .’ Pierre 24 Août.


‘ Aujourd’hui nous avons visité l’église de Saint Laurent où se trouve la chapelle des Médicis bâtie par Michel Ange et dont il a sculpté toutes les statues que l’on y voit . Nous avons vu aussi l’Eglise de l’Annonciade qui est attenante à un couvent de moines ; sous les cloîtres est peinte la fameuse Madona del Seco : l’église a de très belles peintures et m’a paru excessivement riche . J’ai compté devant une seule chapelle 51 lampes en argent ; l’autel de cette chapelle est aussi tout en argent sculpté par Benvenuto Cellini ; toute l’église est tendue en brocart rouge avec des galons et des franges d’or, le plafond est tout doré, enfin c’est magnifique.’


‘… Puisque tous les édifices publics se ferment à 3 heures, nous dînons entre 4 et 5 heures et après nous prenons une voiture pour faire des courses aux environs…. Fiesole (belle vue, maisons de campagne, murs cyclopéens qui entouraient cette ancienne ville ) . Ceux –ci ont donné , parait il , l’idée de bâtir le palais Pitti avec d’énormes blocs de rochers qui ne sont taillés que juste pour pouvoir se joindre les uns aux autres, tout ce qui est dehors est brut ‘.



Florence est placée dans une vallée dont les montagnes sont très éloignées, ce qui fait que pour peu que l’on monte sur un point élevé on a une vue superbe. Cependant comme on cultive ici l’olivier …. Je trouve le paysage moins joli car il est d’un moins beau vert que dans les endroits où l’on cultive d’autres arbres . Les maisons de campagne paraissent très riches ; on aperçoit depuis les portails beaucoup de statues et d’objets de marbre qui sont posés dans le jardin . ‘ Irma 27 Août.

Il est curieux de constater que Laurent, frêre de Pierre, passant dans la région en novembre 1869 relate des impressions semblables, et il décrit Florence .


‘Les rues sont étroites mais si bien pavées, si bien éclairées, si parfaitement propres que je les préfère à toutes les avenues magistrales de Paris, les magasins n’offrent pas au coup d’œil ce clinquant, cet art d’étalage qui tentent les promeneurs, mais le dernier petit objet, la toile la plus microscopique valent mieux que toute la devanture, que la toile la plus gigantesque d’un marchand français.’




4) Le gouvernement et la population de Florence



‘La veille de notre départ de Florence, j’ai assisté dans l’église du Dôme à une grande cérémonie qui a eu lieu à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du premier fils du roi d’Autriche . J’ai vu le Grand Duc et la Grande Duchesse avec leur cour ; le Grand Duc est un vieux qui ressemble beaucoup à notre intendant Franchi ; la Grande Duchesse qui est sa seconde femme n’est pas jolie et salue d’un air très impertinent ; elle avait du reste de très beaux diamants et une très belle toilette de même que les dames d’honneur .’


‘Il paraît que ce gouvernement n’est pas très apprécié ici, mais il est difficile de pouvoir juger de l’opinion publique par les journaux , car on n’en voit aucun, pas même dans les cafés ……Pierre a voulu en avoir un , le maître du Café a fini par lui sortir un ‘journal des débats’ qu’il tenait fermé dans un tiroir…… Pierre était allé chercher sa canne laissée à la gare. Un agent de police lui a demandé son passeport parce que, lui a t’il dit , les étrangers ne pouvaient pas sortir de la ville sans l’avoir sur eux ; sur la réponse de Pierre qu’il ne sortait pas de la ville et qu’il avait laissé son passeport à l’hôtel de ville, il l’a laissé passer mais à son retour il a été arrêté une seconde fois par un autre agent .’


‘C’ est très curieux comme tout le monde ici veut suivre la mode française ; non seulement il n’y a pas de costume national dans les personnes comme il faut , mais encore toutes les femmes de chambre ou les paysannes portent le chapeau Français, plus ou moins sale ou ridicule , et dans toutes les classes de la société, les costumes sont si bigarrés que je n’ai pas encore pu m’habituer à leurs assortiments de couleur ; cette fureur de vouloir singer les Français exaspère Pierre et il trouve qu’au moins les dames avec leurs goûts pour les couleurs éclatantes devraient avoir un costume qui eut un cachet particulier. Contrairement aux Gênoises, les dames de Florence sont presque toutes maigres et laides , je m’étais figurée tout le contraire Aussi j’ai eu des désillusions de ce côté-là de même que sur celui du ciel bleu pour le moins aussi pâle qu’en Savoie ‘.


L’impression générale . Une ville animée par une oligarchie sans activité économique est donnée par une allusion d’Irma aux fontaines de la ville ‘qui ne coulent que goutte par goutte dans des gueules d’animaux marins et sur des ornements de bassins magnifiques.’



5) Pise, la cité morte, contraste avec Livourne



Pour gagner Rome, nos voyageurs vont s’embarquer à Livourne car ‘On nous dit que quelquefois les routes de Florence à Rome ne sont pas très sûres’ Irma.

D’autres part écrit Pierre ‘Les bateaux vont reprendre leurs services réguliers , toutes les quarantaines ont été supprimées’ et il parle de Pise.


‘Le chemin de fer de Florence à Livourne passe par Pise la fameuse république , nous nous sommes arrêtés 5 Heures pour en visiter les monuments …. Pise n’offre rien de remarquable, à part le Baptistère, le Campo Santo qui est grand comme la moitié du jardin ; il est en forme de carré , une partie est recouverte par ces portiques qui l’enveloppent de toute part et sous lesquels sont élevés grand nombre de monument ; tous les murs intérieurs sont couverts de cercles très endommagées d’une verve incroyable On y voit l’enfer divisé en 7 cercles comme dans le Dante . Le peintre s’y est plu à le peupler de religieuses et de moines dodus . Il avait ma foi raison car c’est une pitié que de voir toute cette population de couvents ….’



Irma est moins explicite sur cette ‘ville si triste surtout quand on sort de Florence …. Leur tour penchée, leur baptistère et leur cathédrale ne m’ont pas frappé du tout , la seule chose qui m’a fait plaisir c’est de voir le Campo Santo ancien cimetière ….Il est fait comme un cloître qui entoure un petit morceau de terre qui est formé en entier de la terre sainte apportée de Jérusalem sur des chameaux .’


Nos voyageurs sont d’accord sur Livourne ‘’Une très belle ville moderne où il y a beaucoup d’animation comme dans tous les ports de mer ; nos fenêtres donnent sur un des bassins qui entourent la ville comme au Havre, il y a de plus un très beau port ….’ Irma.


‘Livourne est une très grande ville , on a du plaisir à ‘y retrouver l’animation que donne le commerce . Le port est immense et contient beaucoup de vaisseaux, seulement les travaux de fortification empêchent qu’on puisse jouir du coup d’œil de la mer. Contrairement à Gênes il y a ici de grands bassins en forme de canaux qui coupent une partie de la ville . C’est là que sont amenés tous les vaisseaux que l’on répare…. La ville est très grande, fort bien bâtie, rues longues, alignées, pleines d’activité et de vie ; je préfère pour l’agrément les villes modernes, il y a peu d’anciens monuments mais on sent la vie qui déborde partout .’ Pierre.



6) Les tribulations du voyage



‘ Les tribulations du voyage’, c’est ainsi que Pierre parle des chicanes administratives dans l’Italie d’alors longuement racontées par Irma. Pour quitter Florence , Pierre veut aller prendre ‘la feuille de papier que l’on donne en entrant dans la ville pour remplacer le passeport que l’on vous confisque jusqu’à votre sortie ; Pierre s’est fait conduire jusqu’à la maison de notre chargé d’affaires qui demeure hors ville dans une mauvaise petite maison . Parvenu là le consul lui apprend que son passeport n’est pas en règle mais que ce n’est pas de notre faute et qu’alors il va lui en donner un autre en échange …..Pierre revient enchanté et nous partons .


Arrivés aux portes de la ville , on nous demande le susdit passeport et on trouve qu’il manque le visa des affaires étrangères Grand embarras, le chemin de fer allait partir et laissant partir le vaisseau nous étions obligés d’attendre trois jours de plus L’employé qui était une âme sensible fait jurer à Pierre qu’il avait bien payé son visa et lui signe sa sortie en l’assurant que nous le mettions dans le plus grand embarras…..A Livourne …. nouvelle chicanes ….. à la police …..on fut obligé d’expédier une dépêche télégraphique à Florence pour vérifier si Mr Boncompagni avait bien gardé le premier passeport . Pierre a été obligé de faire cinq voyages à la police avant que la dépêche fut envoyée , enfin elle arriva, mais il fallait encore aller prendre le passeport au gouvernement ; en passant Pierre va arrêter ses places au bureau du bateau , on les lui refuse jusqu’à ce que la femme de Monsieur soit inscrite …..pour toutes ces courses , il fallait parcourir presque toute la ville chaque fois ; nous avions bien une voiture mais le moment où le bateau devait partir approchait …..’


‘Bonne traversée ‘ Livourne 4 heures du soir, Civita Vecchia 7 heures du matin sur un bateau à vapeur d’une compagnie napolitaine , l’Ercole.




III) ROME , VILLE DU PAPE



1) De Civita Vecchia à Rome et de nouveaux ‘désagréments’.



‘A l’arrivée nous avons été consignés jusqu’à ce qu’il plut à la police de venir faire la visite sanitaire’. Irma


‘Ces messieurs de la police nous ont comptés jusqu’à trois fois comme des moutons en nous faisant défiler devant eux un à un ‘ C’est P ierre qui mentionne ‘les tarifs exorbitants des portefaix, les voitures et toute la population qui s’acharne sur les étrangers ….On ne peut se faire une idée de choses pareilles dans aucun autre pays civilisé’.


De Civita Vecchia à Rome , pour un trajet de neuf heures ‘nous sommes montés, écrit Pierre, dans des coches comme les voitures d’autrefois, les coucous de Montmélian, décorés du nom de diligence à trois chevaux conduits par un postillon ‘ ‘que l’on ne peut comparer qu’à des voitures de balloriens et qui sont si sales qu’on ose à peine y rentrer.’ Nous avons cependant choisi ce système de préférence aux voiturins parce que ceux –ci ne changeant pas de chevaux , le trajet dure plus longtemps et qu’on est obligé de voyager pendant la nuit ; cela ne m’aurait pas rassuré du tout vu que de l’avis de tout le monde les routes sont rien moins que sûres ; la preuve , c’est que notre diligence s’est jointe avec deux autres et qu’elles ne se sont jamais perdues de vue tout le long du chemin qui est dans un pays affreux ; on se croirait dans les déserts d’Afrique. On rencontre à peine une maison toutes les lieues et pas même une âme qui vive . On voit d’immenses campagnes que l’on ne cultive jamais et qui paraissent d’une aridité extraordinaire , on ne voit pas un brin d’herbe verte, presque jamais d’arbres, enfin on se croirait pour la végétation à la fin de l’hiver lorsque rien n’a encore poussé , cependant on dit que ce sont des terres qui rapportent immensément à leurs propriétaires sans qu’ils se donnent la peine de les cultiver jamais. La seule chose qui nous ait fait plaisir c’est de voir en quelques endroits les travaux d’un chemin de fer (de Rome à Civita Vecchia en 1 heure au lieu de neuf mortelles heures dans le plus abominable de tous les pays ‘)


‘Il n’y a pas un seul village dans toute la longueur du chemin, les relais de poste sont très éloignés les uns des autres . On change les chevaux dans les maisons de ferme isolées que l’on rencontre dans quatre endroits et puis on marche au pas la moitié du chemin et encore avec cela les postillons lèvent un impôt sur tous les voyageurs qui sont obligés de leur donner la bonne main à tous les relais . Ces paillards là font la quête et si on ne leur donne pas ou qu’on leur donne trop peu, ils vous insultent volontiers .’


‘Deux lieues avant Rome , la route traverse une quantité de collines et l’on ne cesse de monter et descendre continuellement , c’est un des avantages à ajouter à tous ceux que possède cet infâme pays. Même en arrivant aux portes de Rome , on n’aperçoit pas davantage de traces de culture , seulement un berger pour les garder ou les faire rentrer le soir. Enfin toute la route est d’un triste désolant , je n’ai jamais parcouru un aussi vaste espace de terre aussi dépeuplé et aussi sauvage que celui-ci.’ Irma.


‘ La campagne de Rome ressemble à ces cadres noirs dont on environne les belles gravures ….. C’est labouré, les trois quart ressemblent fort à Iseley, plus quelques buissons , près des cours d’eau ; il y a de l’herbe en quantité . Dans ses parties les plus fécondes la campagne est divisée en pâturages par des palissades qui renferment des centaines de vaches magnifiques avec des cornes de près d’un mêtre…. Les animaux à demi sauvages….ont une prestance et un regard tellement fier qu’on dirait qu’elles portent l’âme du grand peuple car tous les fils des Romains ont des figures de fripons émérites.’



2) Première impression de Rome et logement .



‘A Rome nous sommes descendus à l’hôtel de la Minerve , c’est de tous les curés du monde, ce qui n’empêche pas que nous fussions à table hier au soir avec 4 ou 5 curés français on ne nous ait fait attendre trois quart d’heure un potage et des œufs punais que nous n’avons pu manger malgré notre faim …. Ce n’est qu’après minuit qu’il nous a été donné de pouvoir nous coucher pour tâcher de réparer tous nos malheurs qui finissent, dans de certains moments, par changer un voyage d’agrément en voyage de désagrément .’


‘Jusqu’à présent la vue de l’organisation des gouvernements d’Italie nous ont fait véritablement regretter notre gouvernement modèle piémontais ; c’est sans plaisanterie qu’on peut le dire en les comparant ensemble’. Irma


‘….Nous étions descendus dans un grand hôtel de Rome où nous avons été excessivement mal servis et dans lequel nous étions obligés de passer tous nos moments de loisir à la chasse aux puces ; c’est un animal qui est prodigieusement multiplié dans ce pays – ci et ce n’est pas étonnant car la ville est d’une saleté à faire horreur . Imagine-toi que leurs trois plus grandes rues n’approchent pas la propreté de notre Marché, ainsi juge des rues secondaires ; le matin surtout c’est à ne savoir où mettre les pieds Une chose aussi qui ne contribue pas à donner de la ville un air redressé, c’est les étendages de lessives qui sont accrochés à la plupart des fenêtres, mêmes dans les grandes rues ; le Capitole n’a pas été exempt non plus de servir à étendre des cordes de lessive’…..’ A Rome on trouve quelques milliers de chambres et d’appartements à louer ….’ Pour l’hiver surtout. ‘ Il règne dans toutes ces maisons une malpropreté dont rien n’approche, l’appartement est quelquefois bien meublé mais on y arrive par un fumier…. Notre appartement composé d’un superbe salon et d’une petite chambre à coucher est au premier vers le milieu de la rue del Corso, la plus fréquentée, la plus commerçante de la ville et de notre balcon en marbre nous voyons défiler tous les équipages qui se pressent dans cette belle rue . Le salon et la chambre parfaitement propres sont meublés avec somptuosité : un divan, deux canapés , statues, glaces, six fauteuils , armoire à glace et tout cela pour un prix inférieur à l’hôtel ‘Pierre.


Irma ajoute ‘ On nous fait seulement à déjeuner le matin…. Le domestique et la maîtresse de maison sont toujours à nos ordres et tiennent nos chambres propres ce qui est très rare ici car nous avons visité une quantité de logements avant d’en trouver qui ne fut pas un chenil.’



3) La visite de Saint Pierre



Avant de faire quelques visites à des personnes habitant Rome, le père Alphonse, le sculpteur Finet, Mr Métral, et au pensionnat du Sacré Cœur pour y voir Madame Angélique Levaudan, ils profitent du Dimanche 5 Septembre 1858 pour visiter des Eglises et en particulier Saint Pierre.


Irma est impressionnée par ‘ le grandiose de ce magnifique monument ‘. Il faut voir de près toutes ces colonnes pour se faire une idée de la grosseur énorme de leurs proportions et tout étant en rapport rien ne paraît extraordinaire en voyant l’ensemble, pas même la Confession de Saint Pierre qui a soixante pieds de haut et qui se trouve placée au milieu du dôme…. Mais quand on voit de près toutes ces magnificences c’est si grandiose qu’on est en admiration . Les chapelles latérales qui formeraient chacune une église très raisonnable sont garnies d’immenses tableaux en mosaîques qui sont copiées sur les tableaux des grands maîtres . Quand on pense à la patience fabuleuse qu’il a fallu pour réunir tous ces petits morceaux de pierres et en faire de grands ouvrages , on est vraiment effrayé .



4) Impressions sur la Rome Ancienne



‘ Ces deux derniers jours ont été employés à visiter scrupuleusement tout ce qui reste du forum des Anciens Romains qui est devenu le marché aux bestiaux . On a du regret en voyant ce qu’est devenu ce pays si habité et où l’on construirait des choses si solides et si grandioses . ’



‘ Nous avons vu le Colisée qui est peut–être moins bien conservé que celui de Nîmes mais plus grand ; on nous a fait monter sur une partie du Colisée qui a été rétablie dans son état primitif par Pie IX ......de là on peut voir tout l’ensemble de Rome et distinguer autant que possible ses collines qui à proprement parler ne peuvent pas trop porter ce nom pour la plupart (car la terre est descendue enfouissant les monuments qu’a exhumés Pie IX ) ‘ Pie IX est peut-être celui des papes qui s’est le plus donné de peine pour entretenir ou découvrir les anciens souvenirs de Rome ‘ Pierre

‘Ce qu’il y a vraiment d’imposant c’est la voie Sacrée … entre Palatin et Esquilin ….et là sur une longueur de plus d’un mille se pressaient les plus beaux monuments de Rome … le forum, la tribune aux harangues… hélas la promenade qui recouvre ces lieux célèbres est à 12 (sic) au- dessus du sol ancien…..les ruines qui existent sont dans des espaces déblayés à grands frais’ Pierre…


‘…La population de Rome doit être furieusement dégénérée de ce qu’elle était autrefois ; les hommes ne sont pas forts et grands comme en Toscane . Quant au beau sexe, on peut sans injustice lui supprimer l’adjectif ; nous n’avons pas vu une seule jolie femme…mais …ces dames se mettent avec beaucoup de goût ; elles n’ont pas la manie des choses voyantes comme toutes celles du reste de l’Italie ; au contraire elles ont des costumes très assortis et de très bon goût ; nous en jugeons particulièrement aujourd’hui que tout le monde est en habit de fête ; enfin l’ensemble des habitants de Rome n’a rien de particulier ; ils ont le teint des grandes villes , pâle et mat…’ Irma.



5) Une cérémonie pontificale



Mercredi 8 Septembre 1858. ‘Le Pape a tenu chapelle dans une petite église’…


Irma a vu le défilé de toutes les voitures du pape et de sa cour : ‘ Le pape était dans une voiture à six chevaux magnifiquement harnachée ; la voiture était vernissée en noir et toute garnie de dorures ; celle des cardinaux sont rouges très richement dorées aussi ; toutes les rues où le pape doit passer sont pavoisées ; à chaque fenêtre est tendu un drap rouge et le milieu de la rue où la voiture du pape passe est gravelée avec de la terre jaune sur laquelle sont semées des branches de buis … Les chevaux vont au pas et le pape donne sa bénédiction à tous ceux qui se trouvent présents. Ses laquais , ses postillons et son cocher sont habillés de damas rouge, galonné d’or et portent des culottes de peau de daim blanches avec des bottes à revers ; la gendarmerie à cheval qui porte le gros bonnet à poil dans les cérémonies , un escadron de cavalerie et la garde noble qui a un très beau costume, précédent le cortège ; les cardinaux ont trois laquais derrière leur voiture , les jours de cérémonie bien entendu ; les évêques et les grands dignitaires n’en ont que deux Il y a aussi la voiture du sénat qui a des domestiques avec une livrée toute particulière, bariolée de rouge et de jaune , dans le genre des Suisses de la garde du pape, du reste chaque cardinal a la livrée particulière à sa maison.’



‘… Dans l’église …chaleur atroce …Le pape qui était descendu dans la sacristie a fait son entrée dans l’église porté par douze hommes habillés de violet et rouge ; il a un air excessivement bon… de chaque côté de lui se tenaient deux hommes portant chacun un gros éventail de plumes blanches sur le bout desquelles sont collées des bouts de plume de paons. En arrivant dans le chœur où était préparé un trône en damas blanc avec des tentures de damas rouge et jaune et de drap d’or , il est descendu du fauteuil gestatoire dans lequel on le porta et est monté sur le siège qui lui était préparé ; il portait une grande chape de damas blanc brodé d’or et une mitre toute simple en drap d’or ; comme les pantoufles qu’on rapporte de Constantinople.



‘Avant la messe a lieu le baisement de main par les cardinaux et le baisement de la mule par les évêques et les autres assistants, sénateurs et autres dignitaires , placés dans le chœur , ensuite les cardinaux se sont remis à leurs places sur deux lignes de bancs ; derrière ces bancs se trouvaient encore deux autres rangs où étaient placés les supérieurs d’ordres religieux …Devant le trône du pape étaient assis cinq sénateurs lui tournant le dos ; de l’autre côté à droite étaient assis sur la première marche du trône d’autres monsignori et devant le pape se tenait debout le cardinal maire du Palais qui était chargé de lever la mitre au pape, de lui présenter le grand missel à certaines parties de la messe et de diverses autres formalités …’



‘La messe était dite par un cardinal. Pendant la messe le pape était assis et il ne se leva qu’à l’épître, à l’évangile et depuis la communion jusqu’à la fin de la messe où il donne lui-même la bénédiction . Quand au moment de l’Elévation, il se lève et vient se mettre à genoux devant l’autel, après quoi il remonte sous le baldaquin ; au baiser de paix , le prêtre se présente devant le pape qui lui pose les deux mains sur les épaules en s’inclinant vers lui.’


‘L’Autel était très bien orné mais….. il était très peu illuminé ; je n’ai compté que douze flambeaux en tout, le devant du chœur et tout le reste de l’Eglise était tendu de draperies de velours rouge avec des franges d’or et damas rouge , de damas jaune et de draps d’or, retenues par des galons d’or ; c’était une décoration très riche .’


‘Après la messe, le Saint père s’est remis sur le grand fauteuil à porteurs. Nous avons admiré la précision avec laquelle ces hommes font l’enlèvement.... .’



6) Une audience du pape Pie IX



‘….Audience du pape obtenue par Mr Maitral…’. ‘Aujourd’hui 8 Septembre 5 heures...après rédaction d’une supplique ‘. ‘ On ne peut pas trop demander la dispense du maigre pour le samedi… Nous n’oublierons pas de demander la bénédiction pontificale par le curé (de Cognin) . Nous portons aussi deux crucifix pour faire bénir in articulo mortis dont un sera destiné à la famille de mon mari et l’autre que nous garderons . C’est le Saint père qui écrit lui-même jusqu’à quel degré de parenté il étend l’indulgence … Je porterai ma collection de chapelets et médailles (à faire bénir )’ ‘.. Le pape nous a reçus dans un grand salon ... Il était debout et est resté debout … Après nous avons demandé d’où nous étions, il nous a dit qu’il venait de recevoir une lettre d’un évêque de Savoie, Mgr Rendu d’Annecy, puis il nous a demandé pourquoi nous étions venus à Rome dans ce moment-ci qui était le plus mauvais ; … puis il a pris le papier que Pierre avait à la main … Il a lu très attentivement la supplique …. quand il est arrivé au curé de Cognin (demande d’altare privilegiatum)…. Après avoir hésité … il a signé… Audience … de 3 ou 4 minutes...’ Irma



7) Impression sur la Rome contemporaine



Rome ‘Une partie magique, enchanteresse’ celle des merveilles . Rome ‘Comme ville est d’une construction défectueuse, les rues sont étroites , malpropres, désertes , sans commerce et sans vie. On dit qu’elle dort maintenant et que l’hiver elle se réveille comme Aix , non pour danser mais pour courir les rues en voitures , se masquer et courir les églises pendant le Carême . ‘ Pierre 17 Septembre .


‘ Les romains ont de fort bons petits chevaux , très forts et très nerveux , que l’on ne ferre pas à cause des pavés sur lesquels ils ne pourraient pas tenir …. La ville étant toute en montée et en descente , ils ont déjà beaucoup de peine à retenir les voitures pour lesquelles on ne connaît pas encore le perfectionnement de la mécanique ….’ Irma


‘Ce qui gêne assez pour marcher ce sont les pavés qui sont à peu près aussi mauvais que les nôtres ; il n’y a presque point de trottoirs , ou quand il y en a ils sont pavés comme le reste de la rue et ne valent pas mieux, au lieu que dans les villes que nous avons déjà parcourues, toutes les rues avaient un dallage parfaitement fait .


Les grandes rues sont bien éclairées au gaz mais toutes les petites rues sont encore illuminées avec de petits réverbères à huile.En général, tout est en retard d’au moins 15 ou 20 ans dans ce pays’. Irma



‘ La ville est grande … si elle n’était pas mal bâtie , on parviendrait facilement à s’y retrouver car je ne la crois pas plus grand que Lyon . Seulement presque tous les quartiers sont de vrais dédales de petites rues sales et mal construites , faisant mille détours … Nous habitons la plus belle rue . C’est la promenade de tout le monde élégant et elle est très belle les jours de beau temps où tous les équipages et les belles dames de la ville peuvent sortir dans toute leur splendeur .’ Irma 17 août.




8) La malaria de Septembre et le ‘bon temps’ de Novembre.




Rome 11 Septembre . Irma à son père.


‘ Au commencement, nous nous trouvions fort bien d’avoir de temps en temps un petit vent frais pour tempérer la chaleur, mais on nous a appris que cette agréable bise était la malaria…

En effet ce vent fait baisser la température à un degré de fraîcheur extraordinaire, souvent au moment de la journée où il fait le plus chaud en sorte que si vous n’avez pas un châle ou un manteau à vous jeter sur les épaules, vous vous sentez saisis et le lendemain vous êtes pris par la fièvre , quand ce n’est pas une fluxion de poitrine ou une fièvre maligne qui a bientôt fait justice de vous . ’


‘’ Pour la ville … l’on conserve tout pour le mois de novembre qui est le ‘bon temps’ (par exemple bonne huile….) ‘ Les habitants sont si négligents qu’il ne se trouve pas de beaux fruits et qu’ils sont très chers : Une orange ordinaire coûte de 4 à 5 sous pièce , un citron 2 à 3 sous , une pêche 2 sous, les plus ordinaires ne sont jamais moins d’un sou…. On vit à très bon marché dans les restaurants ; nous n’avons pas encore vu les prix si bas dans aucune autre ville … Il parait qu’en hiver tout est à des prix fabuleux ; l’appartement dont nous avons deux chambres se loue alors 60 à 70 écus par mois ; il y a un certain temps, en carnaval et en carême où ceux qui veulent trouver un lit paient jusqu’à 20 ou 25 L. pour une nuit seulement et ainsi du reste… Il faut avouer que les puces ne sont pas tenaces en hiver comme en été et que les voyageurs sont alors plus tranquilles le jour et la nuit …. Vous voyez des ouvriers dans toutes les maisons , dans toutes les boutiques , dans tous les hôtels occupés à tout préparer pour la saison qui fait vivre les habitants de Rome. ’




9) Tourisme et pèlerinage




Nos deux voyageurs , qui ne se déplacent qu’en voiture , ont une curiosité insatiable ; ils s’efforcent de voir tous les monuments anciens et modernes .

Nous avons vu leur visite du Colisée, du forum, il y a celle de Via Appia , des catacombes. Au Vatican, Saint Pierre a retenu leur attention : ‘Je suis montée jusqu’à la boule du dôme de Saint Pierre. ’ et ils sont descendus dans les souterrains de la Confession de Saint Pierre, se sont intéressés au Moîse de Michel Ange et au Musée comme à la fabrique de mosaîques du Vatican et grâce à un bref du pape nécessaire, ont accédé à la relique de la vraie Croix . Citons encore Saint Paul . Hors les murs , l’Eglise des Capucins.



Ils sont attirés de toutes les reliques, même les moins authentiques : non seulement les reliques de la croix du Christ, mais aussi celle du bon larron, la colonne de la flagellation, les chaînes de St Pierre ( ‘ celles de Jérusalem et celles de Rome’ ) ‘ Il faut un bref du pape pour les laisser voir à des femmes ’, le doigt de St Thomas , le voile de la Sainte vierge, etc… Mais il leur fut impossible de voir l’église du Domine Quo Vadis ‘ où l’on voit encore les traces de pieds de notre seigneur à l’endroit ou il rencontra St Pierre .’ ! (Irma)



Mais d’autres spectacles les attirent aussi : ‘ Toute la ville est en mouvement aujourd’hui à l’occasion d’une loterie qui doit se tirer à la villa Borghèse et qui a été entreprise pour les pauvres, moitié par la ville , moitié par la princesse Borghèse ; le premier lot est de 50.000 francs ( Ils y vont, cohue) ‘ c’était très bien organisé et il y avait de très bonne musique’… Tous les romains qui ont de la fortune quittant Rome pour aller passer les vacances à la campagne , aussi il y a peu d’équipages et aussi moins de voyageurs cette année ’ ce sont surtout les Américains qui leur ont manqué .’



10) La maladie de Pierre et le retour à Chambéry




Pierre tombe malade et ceci amène un changement d’appartement ; on déménage au numéro 97 du Corso au 109, deuxième étage. A part les puces ‘ Hier , 80 de ces infortunées ont péri !’, tout est bien . ‘ On nous fournit tout le linge, l’argenterie, tout ce que nous avons besoin et un domestique qui restera pour nous servir ….’

Le nouvel appartement comporte une petite cuisine . ‘ Un café fournit déjeuner et journaux … Je me fais apporter mon dîner ici… Quant aux bouillons, riz, tisanes ou cataplasmes de farine de lin pour Pierre , notre hôtesse nous les a fait jusqu’à présent . ’


‘Finalement, sur les conseils du père Alphonse, une purgation à base de poudre de coussou abyssin permet d’éliminer un ver solitaire de 18 mètres de long ! .’

Mais la décision est prise de repartir sans aller à Naples ( 24 heures en diligence, 4 jours en voiturin) et Pierre, convalescent, peut encore visiter le couvent de Saint Ornulphe où M. Le Tasse écrivit et Frascati . ‘ On peut y aller par un chemin de fer, le seul qui soit dans les états du pape, et qui traverse d’immenses plaines toutes parsemées de ruines et d’anciens aqueducs qui font un effet magnifique dans ces prairies à perte de vue ou l’on ne voit pas un arbre et pas une maison habitée . Nous avons passé 6 heures à Frascati par un assez beau temps ce qui nous a permis d’aller visiter les ruines de Tusculum et plusieurs villes des princes Romains ; nous avons même eu de la chance d’assister à une course de chevaux à Frascati’ . Irma .


Du voyage du retour, nous ne connaissons que le projet d’embarquer à Civita Vecchia le samedi 2 Octobre et d’arriver à Gènes lundi soir après une escale à Livourne, et ensuite le train sauf pour le Cenis.




UN HEUREUX RETOUR EN ITALIE 1866 .....................................................................



En 1858 , la maladie de Pierre avait empêché nos voyageurs de gagner Naples . En 1866 les débuts d’un réseau ferré italien leur permettent de réaliser ce rêve sans grande fatigue et de passer la Semaine Sainte à Rome avec quatre amis ou parents .



I ) MARCHE SUR ROME ET SES ETAPES




A Turin, ‘ deux jours pendant lesquels nous avons pu nous convaincre du prodigieux agrandissement et embellissement de cette ville où Pierre ne se reconnaissait plus du tout . C’est bien dommage que ce ne soit plus la capitale de l’Italie . Florence aura peine à se mettre au niveau .’


Un jour à Parme ‘ou il y a de beaux musées et de belles églises à voir ; quant à elle, quoique ancienne capitale, elle a l’air bien provinciale’. Un arrêt à Bologne , ‘ Toutes les rues ont des portiques, il y en a même un qui a jusqu’à un kilomètre hors ville pour conduire à un pèlerinage’.


Le pays depuis Turin est d’une richesse extraordinaire, tout a l’air d’y venir comme par enchantement, ce sont des plaines immenses bordées de montagnes des Apennins qui brisent la monotonie des plaines ....semées de blé et plantées de mûriers sur lesquels vont grimper la vigne, par parenthèse le vin est affreusement mauvais .’ Irma 23 Mars .




II) DURANT LA SEMAINE SAINTE , VUE PAR PIERRE.



….Rome ressemble à une fourmillière et les boulevards de Paris donnent une idée de l’aspect de plusieurs rues, à cette différence cependant c’est qu’à Paris les boulevards sont immenses et ici les rues étroites exposent les malheureux à être écrasés à chaque instant ; mais rassurez-vous nous usons rarement de nos jambes….


La première journée a été employée à porter nos lettres et à chercher des billete . ‘Il faut des billete pour tout ….’

‘Après une vue rapide des principaux monuments , à Saint Pierre a lieu l’installation dans un appartement au 4 ème étage – 120 marches’.


Jeudi (Saint) ‘ La journée était consacrée aux cérémonies de la Semaine Sainte . Viennent plus de 80.000 étrangers tous parfaitement dispos, tous arrivés ici pour voir les cérémonies et prêts à tout pour ne pas manquer le but de leur voyage . A cela ajoutez une très grande partie de la population de Rome avide de contempler encore ces fêtes célébrées et vous aurez une idée de la foule qui accourt à Saint Pierre, se précipite partout de tous côtés . Au moins si les cérémonies se faisaient dans Saint Pierre, St Pierre est comme notre champ de Mars …..


Il y aurait de la place à peu près pour tous, mais non ! La messe ce Jeudi saint se dit dans la Chapelle Sixtine, de là le pape porte le Saint Sacrement dans la Chapelle Pauline séparée et mise en communication avec l’autre par la salle royale qui est une immense et splendide antichambre de palais . Après ces cérémonies, le pape va dans la loge vaticane qui ouvre aussi sur cette salle ; au milieu de cette loge se trouve le balcon. Il donne sa bénédiction urbi et orbi . De là il rentre dans la salle royale toujours porté sur la sedia gastatoria par huit individus et descend dans une chapelle de Saint Pierre pour le lavement des pieds, puis enfin remonta dans la loge vaticane qui est profonde comme cinq fois notre ancienne salle des concerts et à la forme d’un écrin. C’est là qu’à lieu la scène.


De toutes ces cérémonies la plus curieuse était la dernière, aussi nous étions en course à huit heures du matin pour avoir avec nos billete une place à cette fonction comme l’appellent les Italiens qui devait avoir lieu à une heure.


Nous avions des billete de deux couleurs pour les deux cotés de la loge qui est divisée en deux par une balustrade. La tante , l’oncle et Alice ont voulu rester là . Monsieur et Madame Lachaire et Mademoiselle Gruat dans la salle royale, une entrée Nord de la loge . Joseph , Irma et moi étaient descendus dans Saint Pierre pour entrer par la montée du coté sud. Après avoir attendu une heure à errer dans Saint Pierre que la porte de l’escalier du Dôme fut ouverte, nous allions retourner dans la salle royale lorsqu’on nous a permis de monter enfin dans la loge.


Il y avait encore peu de monde, Irma a pu seulement prendre une bonne place assise. Joseph et moi avons pu circuler, voir en détail la table des apôtres, les plats qui leur étaient servis. De l’autre coté, la position était moins bonne ; après avoir attendu plus longtemps que nous les portes qui donnent sur la salle royale se sont ouvertes et la foule qui remplissait cette salle vint se précipiter sans billete dans le compartiment nord de la loge beaucoup plus petite de la salle si bien qu’il y a eu là une cohue indescriptible : plusieurs personnes ont pris mal . Nous assistions à ce spectacle de l’autre côté avec une grande anxiété ; heureusement l’oncle avait défendu tout le monde et ils en ont été quitte pour une bousculade que venait encore augmenter la brutalité des Suisses, véritables oursons des Alpes qui donnent des coups de hallebardes comme des chiquenottes .


Ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est qu’après cette épreuve ils n’ont pu assister à la scène, s’étant retirés par prudence.


Pendant cette cohue, nous étions de l’autre côté tout à fait au large et avec les meilleures positions. Joseph et moi avions pris les premières places et étions à un mètre de la table .



A midi et demi arrivèrent treize compères d’un air un peu godichon habillés d’une grande robe en laine blanche et coiffés d’un chapeau comme un tuyau de deux pieds de haut . Ils portaient de l’air le plus cocasse un bouquet de violettes à la main . Ils se rangent en ligne devant la table placée sur une estrade et attendent ainsi sans mouvement pendant près d’une demi heure. Alors arrivent les cardinaux, les évêques, les gardes nobles, les sénateurs, les familiers du Saint père ( Aides de camp ) qui se rangent dans le fond de la loge contre les murs puis le Saint pêre en habit blanc . Il récite à haute voix l’oraison, bénit la table, y prend une serviette soit un tablier qu’il s’attache lui-même très résolument autour du corps . Il se place résolument sur le devant de la table de, là ou sont les apôtres, il tient une aiguière d’or à la main, un prélat soutien à genoux un plat d’argent et un familier fait défiler chacun des douze apôtres devant lui. Il leur verse de l’eau sur les mains , un autre familier leur présente un essuie main et ils vont se ranger à leur place tous sur un seul côté comme dans la scène. Tout comme font nos capucins.


Après cela une file d’évêques s’approche successivement du Saint Père qui est resté sur le côté vide de la table et lui présente à genoux un plat qu’il sert à chacun des apôtres . Ce premier plat était une friture que je n’ai pas bien pu deviner, ensuite le Saint Père qui en servant, est allé jusqu’au fond de la table, remonte en donnant à boire de l’eau et du vin noir à chacun des convives apostoliques.

Arrivé au deuxième met la même cérémonie recommence, les prélats apportent à genoux chacun deux poissons frits que le pape sert à l’apôtre qui se lève. Puis il remonte encore la table en servant de l’eau et du vin blanc ; après cela c’était un plat d’épinards en forme de lit roulé flanqué chacun de quatre écrevisses. Mais le Saint Père en avait assez, il s’est retiré .


Après cela, le repas a marché vigoureusement et dans moins de cinq minutes tout était fini.


Le Saint Père s’est acquitté de son service de la meilleure grâce ; il a toujours sa figure douce, bonne et fine, il souriait gracieusement lorsqu’un apôtre faisait quelque gaucherie, mais à part cette bonne figure, le reste est une véritable représentation.


Le soir, la tante, l’oncle, Irma et moi nous somme allé entendre le miserer munis de billete . Nous n’avons pas cherché à entrer dans la Chapelle Sixtine ; nous somme restés dans la salle royale, de là nous avons entendu asses bien et nous avons déclaré que nous en avions assez comme cela des cérémonies religieuses jusqu’à Pâques. La messe se dit alors dans Saint Pierre.




III) LE PITTORESQUE TRAJET ROME-NAPLES AVRIL 1866


Celui çi est décrit par Irma




Départ de Rome sous la pluie -7 heures de train. ‘ La campagne Romaine… C’est le désert et les ruines ‘ . ‘ Mais depuis Albano jusqu’à Vellettri, les fièvres ne régnant pas, tout est cultivé et d’une grande richesse de végétation. Depuis là, on parcourt des vallées dans les Apennins qui sont de fort laides montagnes aussi petites que possible , mais là bas, des collines et des plaines sont cultivées et dominées par des villes ou des bourgs placés sur des sommets de montagne comme les chateaux au bord du Rhin… Presque rien n’est plus avancé que chez nous sauf le jardinage et les fleurs qui sont en abondance et que l’on vend presque pour rien…. Toute la fausse verdure des jardins de Rome est due aux chênes verts qui ne défeuillent jamais ….’

‘Cependant nous avons trouvé une différence marquée pour le Climat depuis Capua, les peupliers sont feuillus, tous les cerisiers en fleur et les blés en épi …’


‘Ce qui m’a ravi en venant ici , ce sont les costumes nationaux que les habitants de ce pays primitif conservent encore ; nous avions déjà vu à Rome, le jour de Pâques, des costumes de tous les environs et tout le long du chemin, nous avons vu dans les champs les paysans avec leurs jolis costumes que l’on voit souvent en gravure : corsage de couleur vive tranchant sur une jupe d’une autre nuance, le tablier rayé en travers, en rouge, blanc ou bleu et le mouchoir blanc posé en carré sur la tête, c’est très joli lorsque c’est propre, ce qui n’arrive pas souvent. Pour les hommes lorsqu’ils se reposent, ce qui au contraire est très fréquent, ils se drapent dans leurs manteaux d’une façon très majestueuse et très naturelle. Les gamins qui gardent les moutons sont drapés aussi dans leurs manteaux, avec le chapeau pointu sur la tête, ils ont l’air de charmants birbants très jolis à voir dans le paysage.


Le chemin de fer a du porter un grand préjudice aux brigands de ces contrées qui sont les plus réputés pour leurs hauts faits ; pour le moment, ils semblent travailler leurs champs avec assez de courage en attendant de meilleurs temps ; ils portent pour costume le gilet rouge, la veste, la culotte courte et pour bas des bandes de toile retenues par le cothurne antique, formé par un morceau de cuir carré, attaché aux pieds par des bandelettes de cuir qui remontent en se croisant jusqu’au genou . Ils ont des poses qui leur sont très naturelles et qui semblent vraiment prises pour le plaisir de les faire admirer aux étrangers.’





IV) IMPRESSION D’IRMA SUR NAPLES 6 AVRIL 1866.




‘ Ce soir à Naples le temps est très doux, nous venons de faire une petite promenade sur des chemins dans la rue de Chiaga et de Tolède qui sont les boulevards de Naples : nous avons été aveuglés par la poussière que le vent nous jetait dans les yeux …


Des amis de Joseph …nous ont amené prendre des glaces dont on trouve ici une variété inconnue ailleurs et d’une grosseur interminable … La ville est très belle, toutes les maisons sont sans toit comme les maisons d’Algérie avec une terrasse…A ma grande désolation , le Vésuve ne fume même pas …’


‘Nous avons visité l’église de Saint Janvier qui n’a rien de fort remarquable sauf son trèsor que bien des gens voudraient faire fondre, mais nous n’avons pas encore vu la fameuse fiole de sang de Saint Janvier que l’on ne sort que les jours de grande fête et au jour du miracle qui se fait deux fois par an au mois de Mai et de Septembre’….- Excursion a des points de vue sur Naples, au Pausilippe ‘ Nous sommes toujours en voiture … les chevaux marchent comme le vent sur des pavés plats en lave qui les font glisser . Quand ils tombent, ils se ramassent et continuent leurs chemins sans autre inquiétude .’



En P.S. ‘ Je ne clos pas ma lettre sans te dire un mot d’un délicieux spectacle que nous avons vu hier dans un théâtre. On jouait donc du Bucefalo , charmant opéra dans lequel le principal Rôle est joué par un acteur accompli sur tous les points : voix magnifique, jeux comiques de bon goût et pianiste et violoniste de première force ; il joue des scènes presque entières à lui tout seul Aussi comme il faut un artiste de premier mérite pour jouer un rôle pareil, cet opéra est très rarement exécuté ; il a joué (c’était compris dans son rôle) des morceaux de violon et de piano d’une grande » difficulté qui nous ont fait à tous un immense plaisir . On entend rarement un aussi bon spectacle et cependant ( ce n’était pas le premier théâtre de Naples ; nous verrons ce que sera le Saint Carlo ou nous ne sommes pas encore allés…’




V ) UNE PITTORESQUE ASCENSION DU VESUVE


De Pierre Goybet (Lettre à son père)




Excursion de 5 heures en bateau pour visiter la grotte d’azur avec repas en pleine mer . Des visites : Pompei, Sorrente, le lac d’Arvenne, la grotte du chien, l’arbre de la Sibylle , Pouzzoles, temps splendide, végétation pas très avancée. Les chemins sont mauvais jusqu’au pied du col ou pain de sucre , puis de là il faut monter par une pente comme un toit. Irma s’en est tirée bravement comme vous allez en juger.


Partis à 6 heures du matin, nous étions à 8 heures à Resina . Là on quitta la voiture Pour prendre des chevaux. Irma avait une excellente monture . Race petite mais très nerveuse, d’une sûreté et d’une solidité à toute épreuve. Ils monteraient par une ruelle si on les dressait un peu . Avant 1861, il y avait une grande et belle route qui faisait les ¾ du chemin mais les laves de 1861 ont comblé la vallée ou elle passe .


C’est chose effrayante que ce pays couvert de scories. Vous avez vu le fourneau de Randens, les scories qui en sortent ; imaginez des coulées couvrant une surface large comme la vallée de Vimines sur 8 à 10 mètres de profondeur . Cette lave reste de deux à trois mois avant de se refroidir. Dans cette masse, il y a des gaz qui s’échappent en produisant des gonflements comme une caverne sur des crevasses d’un mètre de large sur deux de profondeur . Ce pays tout noir, tourmenté, crevassé, couvert de scories qui prennent les formes les plus bizarres fait peur à voir.



Après une promenade de deux heures sur ce terrain ou on a tracé des petits sentiers, on arrive au bas du cône. Là on laisse les chevaux qui sont remplacés par des hommes qui transportent dans des chaises à porteur ou tirent pas des courroies les voyageurs moins paresseux Ma femme n’a pas hésité, elle a pris son courage à deux mains et elle est montée dans une chaise à porteurs. Les robustes gaillards qui s’étaient disputé l’honneur de la hisser – car chaque porteur ne peut arriver qu’à son tour- l’ont enlevée et nous nous sommes mis en route . Il y a quatre pause ordinaires pour l’ascension. Ces pauvres diables ont compris que ce ne serait pas de trop , enfin au bout d’une demi heure, tout harassés, ruisselant de sueur, ils sont arrivés au sommet.



Le sommet ressemble à une coupe ; les bords ont 8 à 10 mètres et le milieu est un creux de quinze à vingt mètres de profondeur sur un kilomètre de circonférence. C’est là le cratère. Au milieu de cette immense trouée toute couverte de lave encore brûlante et d’où s’échappent des fusées de vapeur sulfureuse, s’élève un petit cône de 3 mètres de haut sur 5 à 6 de circonférence . Ce cône c’est le fourneau du volcan. Ce grand personnage nous a fort bien traité et nous a donné le spectacle en miniature d’une éruption .


Avant d’arriver au sommet de la montagne, nous entendions des sifflements comme ceux de 8 à 10 locomotives réunies puis des détonations comme d’un parc d’artillerie ; le Vésuve éternuait .



Ce cône du milieu était formé depuis 4 ou 5 jours seulement ; le cratère précédent était éteint Cette nouvelle bouche du cratère était recouverte d’un énorme couvercle de lave et tout autour s’échappaient des flammes de soufre puis des scories avec un bruit infernal et de temps à autre toute les cinq à six minutes il y avait une explosion, le couvercle était violemment soulevé par une explosion formidable qui lançait de huit à dix mètres à la ronde une pluie de pierres et de lave en feu.


Mon guide était un vieux damné qui connaissait le volcan comme un marin connaît la mer . Il m’a proposé de descendre dans le cratère ; je m’y suis laissé glisser, nous sommes allés près du cône. Pendant que nous étions là est venue une explosion, les pierres ont passé sur nos têtes, la lave tombait à nos pieds sans nous atteindre ; j’étais peu rassuré au milieu de cet enfer, sur ce sol brûlant et rempli de fumée, aussi je ne me suis pas fait prier pour remonter ; il fallait grimper en s’accrochant au roc qui était tout brûlant , mais le guide était un vieux diable qui riait de tout cela et qui m’a aidé à sortir de ce trou infernal .


Notre descente à eu lieu sans accident aucun ; Irma a repris l’usage de ses jambes et grâce aux chevaux qui nous attendaient au pied du grand cône, nous n’avons point été trop fatigués.



VI) UN RETOUR RAPIDE :




Retour par Rome et Civita Vecchia (recherche d’une malle égarée).


Voyage au plus court vers Florence à l’intérieur d’une diligence ‘ ou nous avons été très mal ; arrivés à la frontière pontificale, le passeport de l’oncle qui avait déjà été visé et revisé a été pris en défaut pour une dernière formalité négligée à Civita, de sorte que l’on a été obligé d’employer la bonne main pour attendrir le douanier qui a été immédiatement désarmé et nous a laissé continuer notre route .’ Irma Dimanche 16 Avril 1866.


Il est probable que la diligence ne les a conduit que de Civita à la gare de Nunziatella à 194 Kilomètres de Livourne .


Retour rapide par express. Florence 10 Heures du soir -Turin 10 heures du matin par Bologne, modène, Parme et Plaisance , Alexandrie et Asti – Le Cenis en diligence et la Maurienne en train.


Ainsi s’achève un double voyage en Italie fort instructif pour nous ; peut être trouvera t’ on maints détails oiseux mais il constituent par leur authenticité, leur spontanéité à nous faire mieux connaître une Italie en formation et qui depuis a beaucoup évolué .








LA FAMILE BRAVAIS : PEPINIERE DE SCIENTIFIQUES



Nous allons aborder ce sujet en evoquant le grand pere de marie Bravais Docteur en medecine, botaniste ainsi que 3 de ses fils scientifiques . Puis nous evoquerons l’eloge historique lue devant l’academie des sciences en 1865 en l’honneur d’Auguste Bravais un de ses fils , Academicien des sciences , enfin nous montrerons le pittoresque article de l'Illustration, relatant "l'Ascension au mont Blanc par MM. Martins, Auguste Bravais et Lepileur" en août 1844



MARIE Louise Bravais est la femme de Jules Goybet . C’est l’ainée des enfants du docteur Louis Bravais qui fut frère d’Auguste Academicien des Sciences , et de l’abbé Camille Bravais professeur d’histoire naturelle. Le père de Louis etait François Victor Bravais .Chimiste, Botaniste, Docteur en Medecine. Marie Louise est née en 1836. Elle fit ses etudes au sacre Coeur de vienne et les completa auprès de son père et de ses oncles par de serieuses notions de Botanique, d’astronomie et de dessin .

En mars 1857, elle epousa Pierre Jules Goybet et l’accompagna en Espagne ou naquit 2 enfants. Elle en eut trois autres après son retour de Françe. Elle deceda en 1913. D’ un grand devouement et d’une grande abnegation.


François Victor Bravais : c’est le grand pere de Marie . Il est né à St Péray , en 1764 . Il fut éleve des Oratoriens puis etudiant á la faculté de Montpellier ou Chapta le choisit comme préparateur de chimie . Il soutient sa these de medecine . En 1791, il sollicita l’autorisation de se joindre à l’expédition envoyée à la recherche de La Perouse. Botaniste passionné, il reunit un magnifique herbier . On lui doit nottament l’introduction du Dahlia en Françe . Habile praticien, il fut un ardent propagateur de la vaccine et exerca gratuitement pendant 40 ans les fonctions de médecin de l’hopital d’Annonay. Il décède en 1852.

Louis Bravais : Père de Marie Bravais né en 1801. Docteur en Medecine , savant botaniste, auteur de nombreux mémoires à l’Académie des Sciences notamment avec son frere Auguste . ( Esssai géométrique sur la symétrie des feuilles curvissériées et rectisériées.) Louis installé sur le Faulhorn avec son frêre Auguste, recueillit de nombreuses observations scientifiques. Il mourut en 1843.


Camille Bravais frère de Louis et oncle de Marie . Il se destine au Sacerdoce et fait ses etudes au Seminaire et comme ses freres montra dès son enfance , les plus grandes aptitudes aux sciences naturelles et au professorat. L’eveque de Viviers le maintint au college d’Annonay comme professeur d’histoire naturelle. L’abbé Bravais classificateur savant et methodiste, fonda le remarquable Musee d’Annonay, malheureusement detruit par un incendie. En 1842 l’Abbe Bravais remplaça son frère Louis dans les experiences faites au Faulhorn par son frere Auguste en 1844. Il tint la station d’experiences de Chamonix pendant qu’Auguste opérait au sommet du Mont Blanc . En 1866, l’abbé mourut après avoir fondé à ses frais , l’Orphelinat d’ Annonay .



Auguste Bravais, frère de Louis et Oncle de Marie, d’une famille de magistrats, pretres et medecins.23 Aout 1811 Annonay 30 Mars 1863, Le Chesney , France) fut un physicien français, réputé notamment pour ses travaux en Cristallographie. ( les reseaux de Bravais et les lois de Bravais). Il a mené également des recherches en Botanique, physique, meteorologie et astronomie.

François Bravais son pere né en 1764 est docteur en medecine. Botaniste passioné, on lui doit l’introduction de la culture du Dalhia en France.

Il suivit ses études au Collège Stanislas à Paris puis intégra l’ecole Polytechnique en 1829. Il devint officier de marine à la fin de ses études. Grand aventurier, il embarqua sur le Finistère en 1832, puis sur le Loiret et coopéra à des travaux d’hydrographie le long des côtes algeriennes.

A la tète de 37 marins, le Lieutenant de frégate Bravais enleva aux cavaliers d’Abdel Kader, deux de leurs prisonniers, le Commandant et le Chirurgien du ‘Loiret ‘ Pendant ses voyages comme pendant ses conges , Auguste continuait à travailler les mathématiques et les sciences naturelles et en 1837 se faisait recevoir Docteur par la faculté de sciences de Lyon.

Le ministre de la marine attacha Auguste Bravais à la commission scientifique du Nord et le designa pour embarquer avec Monsieur Charles Martins sur la Corvette La Recherche ou il fit plusieurs voyages d’etude. IL participa à l'expédition de la Recherche , envoyée au Spitzberg et en Laponie au secours de la Lilloise . . Il fut blessé à la jambe et fut oblige d’hiverner en Laponie ou il completa ses travaux sur les phénomenes crepusculaires, les halos, les aurores boreales .

Monsieur Villemain Ministre de l’instruction publique obtint du parlement en 1844 après une belle intervention d’Arago , en faveur d’Auguste Bravais, d’organiser une expedition scientifique au Mont Blanc pour y completer les observations de Saussure. Auguste Bravais , Charles Martins et le Docteur Lepileur désignés à cet effet passerent plusieurs jours sur la montagne dont une journèe au sommet même ou ils firent de nombreuses experiences controlées à Chamonix par l’Abbe Bravais .

Il professa un cours de mathématiques appliquées à l'astronomie à la Faculté des sciences à Lyon à partir de 1840 puis il succéda à Lainé à la chaire de physique de l'école Polytechnique entre 1845 et 1856, date à laquelle il fut remplacé par Hureau de Sénarmont. Il reçut la rosette d’Officier de la legion d’honneur.

Il publia un mémoire traitant de cristallographie 1847. Il démontre de facon rigoureuse l’existence des 32 classes cristallines et des 14 reseaux tridimensionnels qui portent son nom. Cofondateur de la Société météorologique, il succéda à Roussin à l’academie des sciences en 1854. On lui doit de nombreux memoires dont - niveau de la mer- phénomènes crépusculaires – Mouvements propres du soleil – arphelies - Arc en ciel Blanc – Halos et phénomenes optiques qui les accompagnent – Influence de la rotation de la terre sur le pendule conique ainsi que plusieurs etudes botanniques en collaboration avec son frere Louis.

Auguste avait épousé en 1847, Antoinette Moulie de Paris, don’t il eut un fils unique mort en bas age , douloureusement frappe par cette perte cruelle , il travailla nuit et jour , tomba gravement malade et mourut à Versailles en 1863. Sa veuve embrassa la vie religieuse au couvent des Clarisses de Versailles, consacra sa fortune à cet ordre et y termina ses jours le 11 Fevrier 1885 comme Vicaire de l’abbesse .



Fragment de l'Éloge historique d'Auguste BRAVAIS, lu devant l'Académie des Sciences, dans sa séance publique du 6 février 1865, par M. Elie de Beaumont, Secrétaire perpétuel,


« En Laponie et sur le mont Blanc, M. Bravais avait eu de nombreuses occasions d'observer les formes cristallines de la neige. Il avait souvent rencontré d'admirables cristallisations d'eau congelée et les avait toujours décrites avec une prédilection particulière. Dans son Mémoire sur les halos, il emploie les notations et les formules qui représentent le système cristallin de la glace, en homme qui les connaît parfaitement et qui en comprend à fond le principe. Mais il ne s'arrêta pas là, et ses études finirent par embrasser la Cristallographie tout entière.

» A ses yeux les cristaux sont des assemblages de molécules identiques entre elles et semblablement orientées, qui, réduites par la pensée à un point unique, leur centre de gravité, sont disposées en rangées rectilignes et parallèles, dans chacune desquelles la distance de deux points est constante.

» Les points d'un assemblage sont alignés en rangées suivant une infinité de directions diverses; mais la connaissance de trois rangées non parallèles et non comprises dans un même plan suffit pour déterminer complètement l'assemblage dont elles font partie. On peut concevoir une infinité d'assemblages entièrement différents. Une étude mathématique approfondie fait découvrir à M. Bravais les degrés de symétrie plus ou moins grands dont ils sont susceptibles. Il trouve les axes et les plans de symétrie qu'ils peuvent présenter. Il établit que, suivant le nombre et la disposition de ces axes et plans de symétrie, les assemblages qui en possèdent se divisent en six classes. En y joignant les assemblages asymétriques, ou il n'existe ni axes ni plans de symétrie, on a sept classes d'assemblages : ce sont là les bases les plus simples et les plus générales des lois de symétrie qu'on observe dans les cristaux. On doit admettre dans la Cristallographie sept systèmes cristallins. M. Haüy l'avait entrevu ; niais il avait pensé qu'on pouvait confondre deux des systèmes en un seul, et après lui tous les cristallographes avaient admis six systèmes cristallins seulement. M. Bravais démontre qu'il faut revenir au nombre sept, et cette démonstration, accompagnée de toutes les lumières qui résultent d'une analyse géométrique aussi approfondie que la sienne, ne sont pas une addition médiocre à l'immortelle création d'Haüy. Lagrange et Laplace avaient suivi, en 1784, les leçons de l'ingénieux scrutateur des cristaux, mais ils s'étaient bornés à l'admirer. Les fondements de la belle science, due à son génie, n'avaient jamais été étudiés de si haut et avec autant de généralité que dans le Mémoire de M. Bravais sur les systèmes formés par des points. Mémoire auquel notre illustre Cauchy a donné, dans un remarquable Rapport, sa sanction la plus entière.


» Vous n'attendez pas de moi, Messieurs, que j'entre ici dans le détail des procédés aussi simples que rigoureux par lesquels, dans un second Mémoire intitulé : Études cristaliographiques, remplaçant des règles empiriques par des théorèmes de Géométrie, M. Bravais déduit de ses résultats fondamentaux toutes les formules des cristallograplies, avec cette facilité merveilleuse qui dénote presque infailliblement la solution radicale des difficultés d'un sujet. Je me bornerai à dire que dans la deuxième Partie de ce Mémoire, cessant de regarder les molécules comme des points et les considérant comme de petits corps, qu'il appelle polyèdres atomiques, il étudie et il éclaircit les rapports qui existent entre ces derniers et les systèmes cristallins. Il réduit à des lois simples le phénomène, jusqu'ici presque mystérieux, de l'hémiédrie, sur lequel notre savant confrère M. Delafosse, dans un Mémoire justement célèbre, avait déjà répandu des lumières inattendues. M. Bravais démontre qu'il pourrait se présenter trente-cinq cas d'hémiédrie. On n'en avait encore découvert que onze, qui du reste avaient amplement suffi pour exercer pendant longtemps la sagacité des cristallographes.


» Sans oublier le dimorphisme, l'un des titres de gloire de Mitscherlich, ni les découvertes curieuses déjà faites à cette époque par notre ingénieux confrère M. Pasteur, M. Bravais, dans une troisième Partie, s'occupe également avec succès des macles et des hémitropies qui avaient été, de leur côté, une des pierres d'achoppement de la Cristallographie.


» Vers l'époque ou il rédigea ses travaux sur l'Optique atmosphérique et sur la cristallisation, M. Bravais composa en outre un grand nombre de Mémoires sur des sujets tout à fait différents et relatifs pour la plupart a la Météorologie, bien que quelques-uns d'entre eux, et ce ne sont pas les moins remarquables, soient en dehors de cette branche de la Géographie physique. II était doué, en effet, d'une admirable facilité pour toute espèce de travail intellectuel, et il possédait l'aptitude si rare de pouvoir s'occuper à la fois des sujets les plus variés : Hydrographie, Navigation, Astronomie, Optique atmosphérique, Physique proprement dite, Géométrie, Cristallographie, Analyse pure, Sciences naturelles; on pourrait presque dire de lui, malgré l'apparente opposition des mots, que l'universalité était sa spécialité.


» Tous ses Mémoires ont été honorablement accueillis dans nos Comptes rendus, ou publiés, avec un succès mérité, dans les Recueils scientifiques les plus estimés. Ils renferment constamment des aperçus ingénieux et souvent d'une grande profondeur; mais, pressé par le temps, je ne puis les énumérer en ce moment. L'oeuvre de Bravais, prise dans sa totalité, est d'une étendue immense, et il a fallu me borner à en esquisser les traits principaux. De même qu'un astronome, obligé de donner une idée abrégée du firmament, ne pourrait parler en détail que des étoiles de première grandeur, j'ai dû presque me contenter de rappeler ceux des travaux de M. Bravais qui sont devenus ses titres principaux aux suffrages de l'Académie.


» Par son travail sur la Cristallographie, M. Bravais avait associé son nom à celui de notre immortel Haüy ; par son ascension sur le mont Blanc, il l'avait associé a celui de Saussure. Dans ses travaux de Laponie, il était le digne continuateur des voyages célèbres de Léopold de Buch et des profondes études de Hansteen. Ses Mémoires sur les halos, sur les parhélies, sur l'arc-en-ciel blanc, complétaient de la manière la plus heureuse les théories de Mariotte, de Huygens, de Descartes même et de Newton : le nom de M. Bravais ne pouvait plus, Messieurs, rester longtemps éloigné des vôtres. »



Une Ascension au mont Blanc par MM. Martins, Bravais et Lepileur août 1844

Gazette de l’ile barbe N 5 suivant article de Michel Jaillard et extrait de l'Illustration journal universel, octobre 1844, pp.68-74



Au sujet d'Auguste Bravais, je signale un intéressant et pittoresque article de l'Illustration, relatant avec moult détails "l'Ascension au mont Blanc par MM. Martins, Bravais et Lepileur", ascension qui réussit à la troisième tentative, en août 1844. A la première tentative, en juillet, l'expédition ne comptait pas moins de trente-cinq porteurs et trois guides : Jean Mugnier, Michel Couttet et Gédéon Balmat. Cette expédition avait laissé sur place des tentes qui furent retrouvées sous 1,20 m de neige lors de la troisième tentative, conduite avec un succès total ; il n'y avait alors plus que deux guides et cinq porteurs.


Il s'agissait d'une expédition scientifique commandée par le gouvernement, et "ces messieurs" étaient encombrés de nombreux instruments de mesure : "les observations furent continuées toute la nuit, excepté de minuit à quatre heures ; pendant cet intervalle, M. Camille Bravais, qui faisait à Chamounix les observations correspondantes, cessait aussi d'observer..."

En attendant le beau temps, "ces messieurs" avaient pu faire de nombreuses observations dans la région et accomplir le tour du mont Blanc. Il y a cent cinquante ans déjà... Michel JAILLARD

Auguste Bravais (Annonay, 1811 - Versailles, 1863) eut 33 ans au cours de ce mois d'août 1844 (le 23). Charles Martins (Paris, 1806- ibidem, 1889) était botaniste et géographe. Le docteur Lepileur était physiologiste.

L'article prend la forme d'une lettre à Adolphe Joanne (Dijon, 1813 - Paris, 1881), géographe, fondateur des Guides Joanne.

Le premier paragraphe fait allusion, à propos des Anglais, à un fait d'actualité. En 1843, à la demande de la reine Pomaré, les îles anglaises de Tahiti avaient été placées sous protectorat français. En mars 1844, de sa propre initiative, l'amiral DupetitThouars prit possession des îles de la Société au nom de la France. L'Angleterre protesta et mena les autochtones à se soulever. En l'absence de l'amiral, MM. Bruat et d'Aubigny expulsèrent l'ex-consul Pritchard et maîtrisèrent le soulèvement par les armes. La reine Pomaré s'était réfugiée à bord d'un batiment anglais, et la France annexa l'archipel en 1880.


Chamounix, 6 septembre 1844.

, Mon cher Joanne,

C est à l'auteur de l'itinéraire en Suisse que reviennent de droit les détails sur une ascension au mont Blanc ; aussi je m'empresse de vous envoyer ceux que j'ai pu recueillir sur le voyage scientifique de nos compatriotes. Depuis près de six semaines, il n'est question dans la vallée que du voyage des trois Français. Les Anglais, qui abondent toujours ici, n'entendent parler, de Genève à Chamounix, que des trois Français, et ce mot, qui sonne mal à leurs oreilles, surtout en ce moment, augmente encore l'air sérieux et tant soit peu morose du touriste britannique. Enfin les journaux impriment toutes les nouvelles qu'ils peuvent avoir sur les tentatives plus ou moins heureuses de nos voyageurs, et il ne manque absolument à la publicité de l'entreprise qu'un numéro de l'Illustration. Vous allez pouvoir combler cette lacune.

MM. Bravais et Martins s'étaient déjà, depuis plusieurs années, occupés d'observations scientifiques dans les Alpes. Ayant reçu du gouvernement, au printemps dernier, une mission spéciale pour continuer leurs travaux dans ces contrées, ils pensèrent à répéter sur le mont Blanc une partie des expériences déjà faites par eux au Faulhorn, en y ajoutant d'autres recherches qu'il pouvait être intéressant de faire sur cette montagne inexplorée depuis de Saussure au point de vue scientifique. Les questions à étudier se présentaient en foule, et ces messieurs, jugeant utile de s'adjoindre un collaborateur, proposèrent à un de leurs amis, M. le docteur Lepileur, de prendre part à l'expedition. Cette offre fut acceptée avec empressement, et dès lors on s'occupa en commun des préparatifs de toutes sortes, de l'achat des instruments, des vêtements nécessaires, d'une tente, en un mot de tout le matériel, tandis que, par des travaux préliminaires, on procédait à l'étude des phénomènes qui devaient se présenter à l'observation.


De Paris à Chamonix par Genève


Partis de Paris le 16 juillet, ces messieurs arrivèrent à Chamounix le 28, après s'être arrêtés quelques jours à Genève pour comparer leurs instruments à ceux de l'observatoire de cette ville. Le début de leur voyage n'avait pas été heureux. En traversant pendant la nuit un vallon du Jura, la diligence faillit verser sur une route en réparation, et les voyageurs, penchés sur le bord d'un ravin de quatre à cinq mètres avec la voiture qui portait leur fortune, crurent pendant quelques instants que leur ascension se terminerait aux environs de Saint-Laurent ou de Champagnole. Heureusement, la voiture se releva, grâce aux efforts de chacun, et cet incident n'eut de suites fâcheuses pour personne, excepté pour un avocat italien, voyageur du coupé, qui, devenu fou de frayeur, passa le reste de la nuit à voir autour de lui des précipices et à vouloir sauter par la portière pour les éviter.

De Genève à Chamounix, tout alla bien d'abord : la douane sarde avait reçu des instructions spédales ; une lettre de monsieur l'ambassadeur de Sardaigne, destinée à faire reconnaître ces messieurs, fit sur les préposés d'Annemasse l'effet d'un talisman, et ce fut seulement pour sauver le principe qu'ils ouvrirent la botte d'une boussole, dont la vue sembla leur inspirer beaucoup d'intérêt.

C'est une belle chose que la douane, puisqu'avec un mot de bonne recommandation, on peut passer comme si elle n'était pas ; mais par malheur, il n'est pas de recommandation qui puisse rendre facile aux voitures la route de Sallanches à Chamounix.

Figurez-vous, mon cher ami, une de ces longues charrettes à quatre roues que dans ce pays on nomme pompeusement un char. Ce char, encombré de caisses, de ballots, d'effets de toutes sortes, est attelé d'une ou deux haridelles qu'il menace d'entraîner en arrière sur la pente qu'elles gravissent, ou qu'il pousse à la descente en leur tombant sur la croupe. Autour du char manoeuvrent de leur mieux quatre ou cinq individus portant des baromètres, des bâtons de montagnes, poussant à la roue, retenant la voiture dans les descentes rapides, tremblant sans cesse de voir cette caisse écrasée par cette autre, ou l'essieu se rompre au passage d'un torrent, et tout le voyage tomber dans l'eau. Ce fut ainsi que l'expédition arriva à Servoz, et le lendemain à Chamounix

. Une caravane de 43 personnes


Je ne vous dirai rien des difficultés que ces messieurs rencontrèrent dans les préparatifs de leur ascension. Il ne leur fallait pas moins de trente-cinq hommes pour porter leurs instruments, leur tente, leurs vivres et les vêtements destinés à les préserver du froid et des intempéries dans les régions élevées. Ils se choisirent de plus trois guides parmi les plus habiles et les plus robustes de la vallée. Enfin tout s'arrangea ; le départ fut fixé au 31 juillet, et, le 30 au soir, on divisa par lots d'un poids égal, autant que possible, les objets à transporter. Chaque porteur devait être chargé d'environ 12 kilogrammes, et de ses vivres pour trois jours. Quelques lots excédaient la limite fixée ; ainsi la tente pesait 15 kilogrammes. Pour prévenir toute difficulté à cet égard, les lots furent tirés au sort, et cette façon de procéder reçut l'approbation générale, parce qu'elle excluait tout soupçon de préférence.

Le 31 juillet, à quatre heures du matin, guides et porteurs étaient réunis dans la cour de l'hôtel de Londres.

C'était un spectacle curieux de voir tous ces hommes différents de taille et de costume disposer chacun à sa manière, dans des sacs, dans des hottes ou sur des crochets, les objets qu'ils devaient transporter dans ces régions glacées où le soleil brillait déjà de tout son éclat, tandis que le jour commençait à peine dans la vallée.

On fit la distribution des vivres ; chaque homme reçut sa ration de pain, de viande, de fromage, de fruits secs et de sucre ; enfin, à sept heures et demie, on se mit en marche.

Le plus beau temps semblait devoir favoriser le voyage ; toutefois le vent du sud-ouest régnait sur les cimes, et le baromètre baissait un peu depuis quelques heures ; mais ces signes de mauvais augure pouvaient faire place à ceux d'un temps plus certain, et d'ailleurs on était alors trop avancé pour reculer.

La caravane se composait de trente-cinq porteurs et de trois guides, Jean Mugnier, Michel Couttet et Gédéon Balmat. Deux jeunes gens de la vallée s'étaient joints à leurs camarades, et montaient avec eux par partie de plaisir. C'étaient donc quarante-trois personnes qui allaient à la fois tenter d'escalader le mont Blanc, et jamais colonne si nombreuse n'était partie de Chamoumix.


Montée vers la Pierre-de-l'Echelle


On atteignit bientôt le hameau des Pèlerins et la demeure modeste de Jacques Balmat. C'est là que naquit cet homme, le héros de sa vallée ; c'est de là qu'il partit, en 1786, pour gravir le premier la cime du mont Blanc, et, quarante-trois ans après, pour aller périr misérablement dans les glaciers qui dominent la combe de Sixt. Cette pauvre maison de bois est maintenant tout ce qui reste de lui dans son pays natal. Ses enfants sont dispersés dans les contrées lointaines, et pas une pierre ne rappelle au voyageur le nom du montagnard intrépide, du guide habile et dévoué qui fraya la route du mont Blanc à de Saussure, et qui rendit à jamais les étrangers tributaires de ses concitoyens. A quelques pas de la maison de Jacques Balmat, la caravane s'enfonça dans la forêt des Pèlerins, en laissant à gauche la belle cascade du même nom. Au printemps dernier, une énorme avalanche, descendue de l'aiguille du Midi,a renversé une partie de la forêt; c'est un aspect désolant que celui de ces beaux arbres brisés et couchés sur le sol. La montée rapide qui conduit à la Pierre-Pointue fut franchie sans peine, et l'on se remit en marche après quelques instants de repos. Un peu plus loin, à gauche de la moraine des Bossons, s'ouvre un couloir, le long duquel roulent fréquemment des pierres, débris des rochers voisins ; il fut traversé rapidement, et bientot on atteignit la Pierre-de-l'Echelle. Ce gros bloc est ainsi nommé parce qu'on abrite sous sa base l'échelle qui sert quelquefois à passer les crevasses du glacier voisin. On s'y arrête ordinairement pour déjeuner, et c'est là un de ces usages respectables auxquels on ne doit jamais déroger en voyage. Pendant la montée, plusieurs fois déjà le baromètre avait été observé pour déterminer la hauteur de limites végétales ou de points intéressants. La température, en s'abaissant un peu, n'en devenait que plus agréable, et facilitait la marche, toujours pénible pour des gens chargés. Un horizon magnifique allait s'agrandissant, tandis qu'au nord, la chaîne du Bréven, les rochers des Fiz, les monts Vergi, et, au sud, l'aiguille du Midi, semblaient à chaque pas diminuer de hauteur. Vous connaissez, mon cher Joanne, l'admirable panorama que l'on decouvre de la Pierre-de-l'Echelle. En songeant que cette vue, déjà si belle, devait s'agrandir et s'embellir encore d'heure en heure, en voyant un beau ciel leur promettre la réussite, nos voyageurs et leurs guides se félicitaient mutuellement. Les vivres furent attaqués avec cet appétit que donne l'air des montagnes, et bientôt les porteurs se trouvèrent allégés d'un poids notable.


Une mer de glaces et de neiges


A midi et demi, chacun reprit son fardeau, et l'on se dirigea vers le glacier des Bossons, qu'il faut traverser pour gagner les Grands-Mulets. La moraine de ce glacier est comme une barrière qui sépare la terre ferme d'un océan de glaces et de neiges ; au-delà, quelques rochers seulement apparaissent comme des ilots sur cette mer éblouissante ; cependant on se sent heureux en franchissant la moraine, car c'est au moment où l'on aborde le glacier que commence la partie sérieuse du voyage, c'est alors que les phénomènes intéressants se présentent en foule à l'observateur, et qu'on s'attend à voir du nouveau, but que poursuivent tous deux, quoique sous des points de vue différents, l'homme de science et le touriste.

En abordant le glacier des Bossons, on est obligé de côtoyer le pied de l'aiguille du Midi. Cette aiguille commande le passage comme une forteresse destinée à le défendre ; de ses nombreux couloirs descendent incessamment des pierres, qui traversent an bondissant la route du voyageur; et sur une largeur d'au moins 200 mètres, un petit glacier domine la pente qu'il faut traverser pour atteindre les Bossons. De temps en temps, des blocs de glace roulent en se brisant sur les rochers et les balayent sur une partie de leur étendue ; plusieurs de ces avalanches tombent chaque semaine, quelquefois dans le même jour, et, quand on revient du mont Blanc, on trouve ordinairement la trace de la veille couverte par une avalanche récente. Aussi les guides franchissent-ils ce pas dangereux le plus vite possible et l'oreille au guet, toujours prêts, au moindre craquement, à reculer ou à s'élancer en avant, suivant la direction que prendrait cette redoutable mitraille : au reste, depuis qu'on fait l'ascension du mont Blanc, ce passage n'a jamais été funeste à personne.

Le glacier des Bossons fut traversé facilement : la neige, très abondante cette année, couvrait les crevasses de ponts épais, et sa surface permettait au pied de prendre un appui solide. L'échelle emportée par mesure de précaution fut abandonnée comme un poids inutile au milieu des séracs, et la troupe voyageuse continua de gravir le glacier, marchant à la file, et décrivant de longs zigzags sur les pentes escarpées. Elle atteignit ainsi les Grands-Mulets à trois heures et demie. C'était là qu'on devait passer la nuit.


Coucher de soleil aux Grands Mulets


Vers le sommet du premier de ces rochers, que l'on rencontre en montant, se trouve une plate-forme naturelle bordée çà et là d'un mur en pierres sèches, et sur laquelle cinq à six hommes peuvent se tenir couchés ; plus bas, d'étroites fentes, quelque saillie de rocher ou le dessous de quelques gros blocs sont les seuls abris que l'on trouve. Tous ces gites ont été installés, tant bien que mal, par les guides dans les différentes ascensions. Au pied du rocher, on voit une caverne naturelle qui s'enfonce sous des blocs éboulés. L'entrée est en partie fermée par un mur en pierres sèches, et elle peut contenir trois personnes. Cette cabane est, dit-on, celle où coucha de Saussure à son retour du mont Blanc. Ce fut là que ces messieurs établirent leur observatoire ; et, pendant que les guides se reposaient ou erraient dans les rochers, ils s'occupèrent activement de leurs travaux. Le degré d'ébullition de l'eau, l'intensité magnétique, les phénomènes météorologiques et physiologiques étaient observés, et le temps s'écoulait repidement. Déjà le soleil s'abaissait derrière les monts Vergi, les vallées de Chamounix et de Sallanches étaient depuis longtemps dans l'ombre, tandis que les aiguilles qui les dominent prenaient la teinte du fer rouge, et que les neiges des hauteurs se révélaient d'un rose éclatant. Bientôt l'aiguille de Varens et les rochers des Fiz s'éteignirent, l'ombre montait sur la base du mont Blanc, et quelques instants après, elle avait enveloppé les Grands-Mulets. Ces neiges si lumineuses se couvrirent d'une teinte livide, les immenses crevasses qui entourent le rocher semblaient plus bleues et plus profondes, tandis que leurs parois et leurs bords, capricieusement accidentés, changeaient à chaque instant de couleur, et se montraient tour à tour verts, roses ou violets. L'aiguille du Gouté, le dôme, les monts Maudits pâlirent successivement, la cime du mont Blanc resta seule éclairée pendant quelque temps encore, puis le rose fit place à un blanc verdâtre, et tout fut fini.


Bivouac dans le vent


Aucun détail de cet admirable tableau ne fut perdu pour les observateurs, qui se faisaient remarquer l'un à l'autre les phénomènes dont ils étaient frappés. Les dégradations de la lumière, les phases du crépuscule furent l'objet de leur étude attentive, et ce spectacle sublime leur a laissé des souvenirs ineffaçables. La nuit venue, les guides allumèrent des feux avec le peu de bois qu'ils avaient apporté, puis se mirent à chanter en choeur des airs de leur pays. Parmi ces mélodies, généralement empreintes de tristesse, quelques-unes étaient belles, et les voix pures et fortement timbrées des montagnards faisaient un effet saisissant au milieu du silence de la nuit. Peu à peu, le sommeil gagna les chanteurs, et l'on n'entendit plus rien que le bruit de quelques avalanches tombées des hauteurs voisines. La lune se leva bientôt derrière les monts Maudits, dont les grandes ombres se projetaient sur le glacier, tandis que le dôme et l'aiguille du Gouté s'édairaient peu à peu ; la nuit était belle, mais les étoiles scintillaient de plus en plus, et le vent du sud-ouest régnait sur le mont Blanc. Ce vent redoutable augmentait sans cesse, et l'on pouvait juger de sa violence dans les hautes régions, en voyant, vers une heure du matin, l'ombre de gros nuages qui passaient devant la lune traverser le glacier avec la vitesse d'une locomotive lancée à toute vapeur.

Tout annonçait un temps peu favorable au succès de l'entreprise ; au point du jour, nos observateurs étaient debout, les yeux fixés sur le ciel. Le lever du soleil fut d'abord assez beau ; cependant, de longs nuages lie de vin s'étendaient à l'horizon du côté de l'est ; à l'ouest, on remarquait une belle teinte rosée au-dessous de laquelle l'ombre de la terre dessinait sur le ciel un arc d'un bleu foncé. Le soleil se leva au milieu des nuages qui, de temps en temps, voilaient ses rayons


Marie Couttet devance la caravane


Malgré ces signes fâcheux, on se préparait à quitter les Grands-Mulets, quand bien des causes de retard vinrent encore entraver la marche. Il fallut peser de nouveau les charges des porteurs, qui avaient changé la répartition du bagage et se plaignaient de l'inégalité des fardeaux. Enfin, vers six heures, la caravane était sur le glacier ; mais un homme l'y avait précédée depuis longtemps. C'était un vieillard du village des Prats, qui, dans sa jeunesse, servit plusieurs fois de guide à de Saussure ; il se nomme Marie Couttet, et fut jadis surnommé le Chamois à cause de son incroyable agilité. Agé de quatre-vingts ans, il vit dans la plus profonde misère, presque sans autre ressource qu'une pension de 50 francs que lui fait le gouvernement ; cependant, malgré sa vieillesse et les privations, il conserve encore une force extraordinaire, et ses yeux sont vifs et perçants comme ceux d'un jeune homme. Ce vieillard est possédé de la monomanie du mont Blanc, et prétend avoir découvert un passage encore inconou pour parvenir à la cime. Lorsqu'il sut qu'une grande ascension se préparait, il vint à Chamounix et s'efforça inutilement de se faire agréer comme guide de l'expédition. Enfin, le jour du départ, il quitta les Prats dans l'après-midi, et, seul, sans autres vivres qu'un peu de pain et d'eau-de-vie, il se dirigea vers le glacier des Bossons, le traversa et gravit pendant la nuit l'escarpement dangereux des Grands-Mulets, dont il atteignît le sommet à dix heures du soir par le chemin le plus difficile. Les guides furent bien surpris de le voir arriver au milieu d'eux ; ils lui firent fête et lui offrirent à souper : mais, avec sa fierté ordinaire, il répondit qu'il n'avait besoin de rien et se coucha près du feu en attendant le jour. A quatre heures et demie, il partit seul, et quand la caravane se mit en marche, il avait déjà presque atteint le petit plateau. On le voyait s'élever d'un pas égal et rapide ; courbé sur la neige, il s'aidait quelquefois des mains dans les pentes trop roides ; le vent violent qui soufflait alors lui enleva son chapeau, qui alla s'engloutir dans une crevasse ; mais sans s'inquiéter de cette perte, il continua sa route la tête couverte seulement d'un bonnet de laine ; enfin, on le perdit de vue derrière une ondulation du glacier.


La caravane rejoint Marie Couttet


Cependant, voyageurs et guides s'élevaient sur le glacier Taconnaz et voyaient à leurs pieds les derniers rochers des Grands-Mulet. La neige était excellente et permettait d'assurer les pas sans enfoncer ; les porteurs montaient avec courage et sans qu'un seul d'entre eux restât en arrière. C'était un fort beau spectacle à voir de Chamounix que cette longue file sillonnant les neiges éternelles et s'avançant lentement mais d'un pas soutenu. Malheureusement, le temps devenait toujours moins favorable. Vers le haut de la pente longue et ardue qu'il faut gravir pour arriver au petit plateau, on se reposa pendant un quart d'heure et l'on prit un peu de nourriture ; puis on gagna une plaine de neige inclinée d'environ 12° et dont la largeur est à peu près de 800 mètres ; c'est ce qu'on nomme le petit plateau. Situé au pied du dôme du Gouté et dominé par les séracs qui hérissent ses escarpements, il est souvent traversé par leurs débris qui roulent en avalanches ; c'est là un des plus mauvais passages qui se trouvent sur la route du mont Blanc. On le traversa heureusement en contournant la limite de la dernière avalanche, qui paraissait déjà ancienne. Un peu au-dessus du petit plateau, le vieux Couttet fut rejoint par la caravane. Le temps se gâtait de plus en plus ; peut-être aussi, malgré toute sa vigueur, le pauvre vieillard se sentait-il fatigué ; on voulut lui faire accepter un peu de vin, mais il avait été blessé de ce qu'en l'abordant, les guides l'avaient appelé Moutélet (belette), sobriquet patois qu'il porte depuis son enfance. Il refusa donc et redescendit d'un pas ferme sur sa trace, pendant que toute la troupe continuait de s'élever vers le grand plateau. Peu d'instants avant qu'elle l'atteignit, le soleil brillait encore, et l'on découvrait, au fond de la vallée, le Prieuré avec ses maisons blanches et l'Arve qui le traverse. Cependant, un vent violent du sud-ouest soufflait toujours et soulevait, à la surface de la neige, une poussière fine et glacée ; le froid était assez vif, mais aucun des phénomènes que produit chez l'homme un air raréfié ne s'était encore montré, sauf une diminution notable de l'appétit et un peu de battement dans les carotides ; encore ces effets étaient-ils loin d'étre généraux.


Séparation de la caravane


Tout à coup, et au moment où la dernière crevasse qui précède le grand plateau allait être franchie, des vapeurs grises s'élèvent de la vallée, et en un dm d'oeil tout se trouve enveloppé dans le brouillard. La vue ne s'étendait guère au-delà de 150 à 200 mètres, et ce fut ainsi qu'on arriva au grand plateau. Il était alors dix heures un quart, et le thermomètre marquait -2°C.

Que faire dans des circonstances pareilles ? fallait-il redescendre à Chamounix avec un matériel considérable, qu'on n'avait pas transporté si haut sans beaucoup de peine ? fallait-il faire tête à l'orage, dans l'espoir qu'au bout de quelques heures le temps deviendrait meilleur ? Ce dernier parti fut adopté sans hésiter. Ces messieurs congédièrent les porteurs en demandant seulement deux hommes de bonne volonté qui devaient, avec les trois guides, partager leur bonne ou leur mauvaise fortune. Deux hommes sortirent aussitôt du groupe principal : c'étaient Auguste Simond, taillandier au hameau de Lavanché, et Jean Cachet, petit-fils de Cachat le Géant.

Nous les retrouverons dans le cours du voyage.


L'abri précaire d'une tente


Les autres porteurs s'étaient précipitamment débarrassés de leurs fardeaux et prenaient à la hâte un peu de nourriture, pendant qu'instruments, vivres, habits de voyage, étaient étendus pèle-mêle sur la neige. De leur côté, les voyageurs et leurs cinq compagnons, après avoir choisi l'emplacement qui parut le plus convenable et le plus sur, déployèrent la tente et s'occupèrent de la dresser. Le neige fut creusée avec la pelle à une profondeur de 25 centimètres, dans un espace de 4 mètres de long sur 2 de large, les piquets furent disposés à l'entour, aux places qu'ils devaient occuper; puis deux hommes enlevèrent la tente, garnie de sa traverse et de ses supports, et la dressèrent, tandis que les autres faisaient passer les boucles de corde autour de la tête des piquets. On passa ensuite le milieu d'une corde sous la tôle d'un des boulons qui unissaient la traverse au support vertical, puis cette corde fortement tendue fut attachée par ses deux extrémités à deux bâtons profondément enfoncés dans la neige du côté d'où venait le vent. On eut ainsi deux haubans qui donnaient à l'ensemble une plus grande solidité.

Pendant ce temps, un grésil fin et serré tombait et couvrait déjà les objets déposés sur la neige du grand plateau ; les porteurs, craignant de ne pouvoir retrouver les traces, qui, par ce temps, devaient être bientôt effacées, s'étaient hâtés de redescendre et avaient disparu dans le brouillard. Vingt minutes avaient suffi pour installer la tente, car tout le monde avait pris part au travail, et c'étaient deux de ces messieurs qui l'avaient dressée pendant que le troisième et les guides tandaient ses parois à l'aide des piquets ; on se hata d'y abriter les instruments les plus précieux, les vêtements, la poudre et une partie des vivres, en laissant dehors les objets qui devaient le moins se détériorer aux injures du temps. Cependant, le vent soufflait par raffales de plus en plus violentes, et la brume permettait à peine de voir à 50 mètres, tout le monda était transi de froid, et dès que cela fut possible, chacun entra sous la tente. On eut bien de la peine à s'y caser; les planches minces de bois de sapin qu'on avait apportées pour couvrir la neige se trouvaient en nombre insuffisant ; d'autre part, viande, pain, vin, fromage, sucre, étaient entassés pêle-mêle avec les actinomètres, les pelisses, les boussoles, les couvertures, la poudre et les instruments de toutes sortes. C'était un chaos inévitable en pareille circonstance mais qui n'en était pas moins pénible, et dont il était impossible de se tirer.

En effet, la tente avait été calculée pour six hommes qui devaient occuper 6 mètres carrés sur 8 d'aire totale, les deux autres mètres étaient réservés aux instruments ; or, la tente contenait alors huit hommes et les instruments en plus.

Une longue attente dans la tourmente On s'arrima le mieux possible ; les guides se placèrent tête-bêche à l'une des extrémités ; et les trois voyageurs, enveloppés de leurs pelisses, ocupèrent l'autre moitié ; un étroit espace fut réservé dans le milieu pour le fourneau et les instruments à observer. Les baromètres avaient d'abord été placés dehors ; plus tard, on en rentra un, qui fut suspendu à l'un des supports de la tente.

On s'occupa ensuite d'un repas qui ne pouvait pas être splendide, mais que la fatigue et le froid rendaient nécessaire. Le fourneau avec la lampe à alcool furent installés. Le neige, placée dans une casserole de fer-blanc, se fondit lentement, on y ajouta du vin, et quand ce mélange fut presque bouillant, chacun en but un verre. Les vivres furent aussi mis à contribution, mais personne n'avait le même appétit que dans la vallée, et le sommeil était pour tous un besoin irrésistible ; l'influence d'un air plus rare se faisait sentir. La fatigue des jours précédents et de deux nuits passées presque sans dormir, étaient aussi pour beaucoup dans ces phénomènes ; et pour ces messieurs, la douleur de voir tous leurs projets compromis, car ils n'espéraient plus alors que le temps pût s'améliorer.


Envisager calmement les pires eventualites


Le vent augmentait sans cesse de force, et les raffales devinrent bientôt si violentes qu'on craignit sérieusement que la tente ne fût emportée. Chaque fois qu'un de ces affreux redoublements de la tourmente venait s'abattre sur le grand plateau, la toile cédait de dehors en dedans comme une voile que le vent gonfle, et le bord de la porte du côté de l'ouest, que l'on tenait fermée, les courroies, les boucles, tout ce qui pouvait donner prise au vent bruissait sous ses efforts. Les deux supports en bois de sapin, de 5 centimètres d'équarrissage, vibraient sans cesse comme une corde de violon, et quand le mugissement du vent annonçait une raffale, on portait instinctivement la main aux supports, dont la rupture pouvait amener bien des malheurs. D'autres haubans furent ajoutés à ceux qu'on avait déjà placés ; puis on fit fondre de la neige, et quand on eut de l'eau chaude, on la versa sur les piquets. De cette manière, la neige dans laquelle ils étaient enfoncés fut fondue, puis se congela bientôt en une masse au milieu de laquelle le piquet se trouvait comme soudé ; enfin, toutes les précautions possibles furent prises pour assurer la solidité de cette tente alors si précieuse.

La journée s'avançait, et la tourmente augmentait toujours de violence. Il était impossible de faire hors de la tente d'autres observations que celle du baromètre et du thermomètre ; sous la tente, l'espace ne permettait pas d'observer d'autres instruments. On se désolait en pensant à tant de peines inutiles, on se demandait ce qui resterait à faire si les supports se brisaient, si la tente était emportée ; une de ces catastrophes pouvait arriver d'un instant à l'autre, et l'on convenait tranquillement des mesures à prendre dans cette extrémité ; ce qui semblait le plus grave, c'était le cas où un pareil accident arriverait pendant la nuit, qui déjà était proche. Toutes ces hypothèses, toutes ces discussions sur la meilleure manière de s'en tirer, finissaient toujours par ces mots : "bah ! elle résistera". Ce qui rassurait surtout ces messieurs, c'était de voir que, parmi leurs guides, pas un ne perdait courage. Sans doute, là comme à la mer, le sang-froid et la tranquillité des chefs de l'expédition soutenaient le moral de l'équipage, mais c'était vraiment un équipage d'élite.


L'équipage d'élite de Jean Mugnier


Il avait été choisi par Mugnier, à qui son habileté bien connue, et sa réputation aussi bonne que méritée, avaient valu la confiance de ces messieurs, et le rang de premier guide de l'expédition. Habitué dès l'enfance à courir les montagnes pour y chercher des cristaux, il a le pied sûr et l'agilité du chamois. Toujours calme, même dans les moments les plus critiques, possédé de l'amour de son métier, et sans cesse à la recherche de quelque passage nouveau, il semble destiné à recueillir l'héritage de ces guides justement célèbres dont les ouvrages de l'illustre de Saussure ont immorlalisé les noms.

Tandis que le vent donnait l'assaut à la tente, il abondait en ressources pour tous les malheurs qu'on pouvait prévoir, et protestait en riant que rien de tout cela ne lui ferait perdre l'appétit.

Gédéon Balmat, dont la tête fortement accentuée aurait pu servir de modèle à Salvator, et Michel Couttet, avec son sourire fin et son expression de bonne humeur, tous deux excellents guides, tous deux attentifs, prudents et robustes, étaient dignes de figurer à côté de leur camarade.

Mais celui qui se distinguait surtout par sa gaieté tranquille et inaltérable, par son talent d'être toujours prêt à tout, toujours content, toujours parfaitement heureux, c'était Auguste Simond. Il a 27 ans, près de 6 pieds de haut, et une force herculéenne ; outre son métier de taillandier, il fait aussi quelquefois celui de chercheur de cristaux, et c'est ainsi qu'il a acquis la connaissance et l'habitude des glaciers. Cet homme, disait M. Bravais, ferait un excellent matelot, sans souci, toujours de bonne humeur, et paraissant d'autant plus à l'aise que le temps devient plus mauvais. L'autre porteur, Jean Cachat, était le digne compagnon de ces braves gens.

Aucune amelioration

La nuit vint sans apporter au temps la moindre amélioration ; aussitôt après le coucher du soleil, le vent augmenta plutôt qu'il ne diminua de force, et le thermomètre s'abaissa sensiblement. Cependant, on avait alors plus de confiance dans la solidité de la tente, sa résistance à tant de rudes épreuves était un gage pour l'avenir ; d'ailleurs, la fatigue et le sommeil rendaient chacun assez indifférent aux éventualités sinistres.

Le fanal fut allumé ; les causeries des guides continuèrent encore quelque temps, puis bientot le sommeil s'empara de tous. La plupart d'entre eux étaient dans une position très gênée ; Balmat fut obligé de rester assis presque toute la nuit, la tete appuyée contre l'un des supports. Quand une raffale plus violente que les autres venait ébranler la tente, on entendait quelques exclamations, quelques mots inarticulés, puis tout se taisait. Le froid, vif au-dehors, était supportable à l'abri du vent ; d'ailleurs, la réunion d'un certain nombre d'individus dans un espace étroit en échauffait l'air, et l'aurait même vicié rapidement s'il n'eût été fréquemment renouvelé. L'un des observateurs sortait souvent de la tente pour noter le baromètre et le thermomètre placés au-dehors. Le mercure du thermomètre continuait à descendre, la veille entre trois et quatre heures, il marquait -5°C ; on l'observa successivement à -7°C, à -8°C, et enfin, à trois heures quarante-cinq minutes du matin, le 1er août, il était à -13,1°C. Sous la tente, il oscillait entre +2° et +3°C, mais du moment que la porte restait ouverte quelques instants, on le voyait descendre à 0°C. Cependant, personne ne souffrait du froid, les guides étaient munis de bonnes couvertures et de sacs en peau de mouton. Quant aux voyageurs, enveloppés dans des paletots de peau de chèvre, ils pouvaient braver le vent et le froid. Une pelisse de peau de chèvre doublée de peau de mouton était destinée à celui d'entre eux qui occupait l'extrémité de la tente, et qui, pour avoir un espace suffisant, était obligé de refouler avec son corps, et de tenir ainsi tendue, cette toile revêtue de glace et que la neige surchargeait incessammant. Grâce aux vêtements dont on s'était muni, personne ne souffrit du froid, et cependant , quand on changeait de position, le poil de la pelisse s’arrachait et restait attaché par la glace à la paroie de la tente . Pendant la nuit , le vent diminua de violence mais la neige continua de tomber. Le jour n’ amena aucun changement favorable, et quand ces messieurs sortirent pour observer le temps , ils reconnurent que 50 Centimètres de neige étaient tombés depuis la veille sur le grand plateau. Je vous ai dit que la tente avait été placée dans un creux ; on s'attendait à le trouver comblé et à voir la toile céder au poids de la neige, surtout du côté du vent ; ce fut tout le contraire ; chaque raffale balayait la tente, puis, se réfléchissant et tourbillonnant à sa base, elle rejetait la neige au-delà du fossé, dont elle modelait bizarrement les parois. Le même phénomène se produit dans les crevasses des glaciers lors des chutes de neige nouvelle, et même, pendant l'hiver, on peut l'observer dans les fossés et le long des berges qui bordent nos routes. La toile, couverte de givre, que faisait fondre à la surface la chaleur de l'intérieur, était roide et fortement tendue. Un vent très fort du sud-ouest continuait à chasser horizontalement le grésil et soulevait en tourbillons la neige du grand plateau ; le thermomètre marquait -8°C, et le baromètre se tenait aussi bas que la veille au plus fort de la tourmente.


Retour à Chamonix sans les instruments


Se voyant dans l'impossibilité de faire aucune observation, sans espoir que le temps pût s'améliorer, ces messieurs durent se résoudre à regagner la vallée. Les préparatifs de départ se firent promptement ; on rangea sous la tente les divers objets qu'elle contenait et qui jusque-là y étaient restés en désordre, on y abrita tout ce qui se trouvait dehors. Quand tout fut prêt, on boucla la porte, et, comme la toile et les courroies gelées ne permettaient pas de la fermer hermétiquement, on entassa de la neige au-devant.

Il n'aurait pas été prudent de traverser le glacier sans s'attacher les uns aux autres, on devait s'attendre à trouver des crevasses cachées sous la neige nouvelle, qui d'ailleurs rendait plus scabreux certains passages. Il fallut, au grand regret de tous, prendre pour cet usage une des cordes servaient de haubans. C'était une garantie de moins pour la conservation de tant d'objets, dernier espoir des voyageurs, mais on ne pouvait hésiter. Chargée des instruments les plus precieux, la petite troupe se mit en marche, non plus joyeuse comme la veille en partant des Grands-Mulets, mais triste et désolée ; au moment ou elle quittait la tente, le brouillard se déchira tout à coup, et le mont Blanc se montra dans toute sa splendeur ; on découvrait un cirque admirable dont le soleil faisait étinceler les neiges, mais nos voyageurs avaient trop d'expérience pour se laisser séduire à ces apparences de beau temps.

De la cime du mont Blanc partait une fumée légère qui se dirigeait vers le nord-est. C'était la neige que le vent du sud-ouest, toujours furieux sur les hauteurs, chassait à travers les airs ; des monts Maudits, du Dromadaire, de dôme du Gouté, de semblables aigrettes de neige se dessinaient sur le ciel. La violence du vent sur les cimes rendait impossible toute ascension, et quand le vent se serait calmé, on n'aurait pu, sans une imprudence coupable, s'engager sur des neiges nouvelles et risquer de voir, comme en 1820, dans des circonstances pareilles, la caravane emportée par une avalanche.

On prit donc la route des Grands-Mulets ; il était sept heures et le thermomètre marquait encore à l'air libre -7°C. Le descente ne présenta pas de difficultés sérieuses ; en une heure et demie, la troupe avait atteint la cabane de Saussure, qu'elle trouva presque remplie de neige ; l'accès des rochers était devenu plus difficile à cause de la neige qui les encombrait et cachait des intervalles où le pied s'enfonçait. Après quelques instants de repos aux Grands-Mulets, le glacier des Bossons fut traversé rapidement, et l'on gagna la Pierre-de-l'Echelle. La neige, tombée bien plus bas encore, rendait fort mauvais le sentier qui conduit à la Pierre-Pointue, quelques chutes firent courir des risques aux baromètres et à ceux qui les portaient ; cependant, instruments et observateurs arrivèrent heureusement quelques heures après à Chamounix.


Attente d'une occasion favorable


On avait eu des inquiétudes sur leur compte, pendant la nuit surtout ; car la tempête avait régné aussi dans la vallée ; le thermomètre était descendu à +5°C, température extraordinaire dans cette saison, et la neige était tombée jusqu'à environ 500 mètres du prieuré, bien au-dessous de la limite supérieure des sapin.

Les bruits les plus sinistres avaient couru dans les vallées voisines, et l'on avait été jusqu'à dire à Sallanches que vingt personnes avaient péri dans l'ascension. Les touristes abondaient à Chamounix ; tous les jours, on se portait en masse à la Fegère, d'où l'on pouvait voir la tente à l'aide d'une lunette d'approche. Ces messieurs, depuis leur retour, s'occupaient dans la vallée de recherches scientifiques ; l'étude des moraines et des traces laissées par d'anciens glaciers, le jaugeage de l'Arve, sa température, observée chaque jour par M. Camille Bravais, enfin quelques excursions sur les glaciers, remplissaient leurs journées. Le temps parut vouloir se remettre, et le 6 août, on se décida à tenter une seconde fois l'ascension. Le baromètre était plus élevé de 3 millimètres que lors du premier départ ; cependant, le vent du sud-ouest régnait toujours dans les hauteurs ; quelques doutes, quelque hésitation se glissaient bien dans l'esprit de chacun, mais personne n'osait parler de délai, car on craignait de perdre ainsi la seule occasion qui pût se présenter de longtemps.


Nouvelle tentative le 7 août


Le 7 août, ces messieurs quittèrent Chamounix à sept heures et demie du matin avec deux guides et cinq porteurs ; les deux guides étaient Mugnier et M. Couttet ; Balmat avait été engagé dès le 3 août pour plusieurs semaines par un voyageur. Les porteurs étaient A. Simond, J. Cachat, A. Frasserand, Alexandre Couttet, frère du guide, et Dévouassous ; ces trois derniers avaient pris part comme les autres à la première ascension. La montée fut moins facile que le première fois à cause des neiges nouvelles et encore molles, dans lesquelles on enfonçait. Le guide qui frayait la trace se fatiguait promptement, surtout pendant les trois dernières heures. Enfin, on atteignit le grand plateau à six heures et demie. Ce fut avec joie que chacun retrouva le tente ; on y arrivait comme chez soi, comme dans une maison connue, on pouvait compter sur sa solidité, enfin c'était une vieille connaissance, une compagne d'infortune, que l'on retrouvait.

Obligés de renoncer au projet de la transporter à la cime, à cause de son poids et surtout de l'impossibilité d'arracher les piquets, ces messieurs avaient fait faire à Chamounix une autre tente, beaucoup plus petite et pouvant recevoir seulement deux hommes. A l'aide de cette tente, un des observateurs avec un guide aurait pu passer à la cime au moins une nuit ; mais le mauvais temps vint encore cette fois contrarier leurs projets et se jouer de leur persévérance.


Orage nocturne sur le grand plateau


A peine avait-on mis en ordre sous la tente les objets qu'on y avait laissés et ceux qu'on y rapportait, à peine avait-on dressé le petite tente dans le voisinage de la grande et rangé sous cet abri des vivres et quelques instruments, que la neige commença à tomber comme la première lois, tandis q'un vent de sud-ouest, trop connu de nos voyageurs et qui, toute la journée, les avait tenus dans l'inquiétude, balayait le grand plateau et venait ébranler leur refuge.

Bientôt le tonnerre gronda ; enfin un orage violent se déchaîna sur le grand plateau ; les détonations de la foudre n'étaient pas très fortes ; on s'attendait à des éclats retentissants, qui ne se présntèrent pas mais le bruit suivait de très près l'éclair, et en comptant les secondes d'intervalle, on reconnut que l'explosion électrique devait avoir lieu à 1.000 mètres au plus de distance. Un paratonnerre construit au moyen d'un bâton de montagne et d'une petite chaîne fut installé près de la tente.

Cette nuit se passa comme la première ; on avait de plus à courir les dangers de la foudre, mais d'autre part, les raifales étaient peut-être un peu moins violentes. Le thermomètre ne descendit pas au-dessous de -6,2°C. Le 8 août, dans la matinée, l'orage, qui avait duré sans discontinuer toute la nuit, parut se calmer un moment, puis reprit avec plus de force ; la neige était si abondante que, de dix à onze heures, il en tomba 33 centimètres sur le grand plateau.

Désespérés du malheur qui les poursuivait avec tant d'acharnement, ces messieurs ne savaient pas à quoi se résoudre, et c'était avec un profond découragement qu'ils s'occupaient des opérations que le temps ne rendait pas impossible. On fit avec soin l'expérience de l'ébullition de l'eau, on recueillit aussi quelques observations de météorologie et de physiologie. A dix heures du matin, trois des porteurs, dont on n'avait plus besoin, furent renvoyés à Chamounix, et l'on ne garda avec les deux guides que Simond et Cachat.


Nouveau retour dans le brouillard


Cependant la journée s'avançait, et pendant que l'appareil à ébullition fonctionnait encore, Mugnier, après avoir interrogé le temps et consulté ses camarades, déclara à ces messieurs qu'il croyait urgent de descendre. "La neige continue à tomber, leur dit-il ; déjà nous ne pouvons plus compter, pour nous guider, sur les traces des hommes partis ce matin. Les séracs, qui surplombent en plusieurs endroits la route que nous devons suivre, sont chargés d'une couche de neige qui va sans cesse augmentant d'épaisseur, et dont le poids peut d'un moment à l'autre entraîner la chute des blocs de glace qu'elle surmonte. (Il était tombé depuis la veille plus de 60 centimètres de neige.) Plus nous attendrons, plus le danger augmentera, car on ne peut espérer que le temps s'améliore. Descendre demain serait impossible, et l'on ne trouverait à aucun prix à Chamounix des hommes qui voulussent risquer leur vie pour venir nous porter secours ; si donc nous ne descendons pas aujourd'hui, nous pouvons rester ici plusieurs jours assiégés par le mauvais temps et sans qu'il soit possible de prévoir comment nous en sortirons."

En présence d'une pareille alternative, que pouvait-on faire ? L'homme qui s'exprimait ainsi était digne de toute confiance ; son opinion était partagée par tous ses camarades, et d'ailleurs, ces messieurs connaissaient trop bien les montagnes pour ne pas penser comme lui. On était sur le grand plateau ; tout près de là s'ouvre la crevasse où trois malheureux furent engloutis par la faute d'un homme qui ne voulut pas écouter les conseils de ses guides ; pouvait-on penser à encourir une responsabilité pareille ?

Dès que l'expérience de l'ébullition de l'eau fut terminée, on se prépara au départ. Les deux ou trois premiers hommes seulement furent attachés, car on manquait de corde ; le brouillard était si épais qu'on pouvait à peine distinguer un homme à vingt pas ; le vent chassait avec force une neige épaisse en petits flocons qui glaçait le visage et les mains. Il semblait impossible qu'on pût retrouver sa route par un pareil temps, mais les guides connaissaient trop bien le glacier pour s'égarer un instant. Une heure et demie après, la caravane, qu'enveloppait toujours le brouillard, se trouvait en face d'un rocher qui, par sa position, ne pouvait être que celui des Grands-Mulets, mais qui semblait aussi grand et aussi reculé que l'aiguille du Midi. Tout à coup, le brume venant à se dissiper, on se trouve à 50 mètres au plus de la cabane de De Saussure, bien reconnaissable alors, et près de laquelle on prit quelques instants de repos.

A neuf heures du soir, voyageurs et guides rentraient sains et saufs à Chamounix.


Autour du mont Blanc


Forcés de renoncer pour quelque temps à gravir le mont Blanc, ces messieurs voulurent au moins en faire le tour, et ce fut dans cette intention qu'ils partirent de Chamounix le 10 août, avec Mugnier et Cachat. Ce voyage fut pour eux fertile en faits scientifiques du plus haut intérêt, et ils revinrent au prieuré le 19, enchantée de leur tournée. Toutefois, le vent du sud-ouest les avait poursuivis constamment et leur avait interdit le passage du col du Géant, en couvrant d'une neige épaisse les rochers qui, de Cormayeur, conduisent au sommet du col.

Decidés à persévérer dans leur entreprise, et sentant cependant la nécessité de se fixer une limite, ils résolurent d'attendre à Chamounix jusqu'au 31 août, et, si alors le temps n'était pas favorable peur tenter l'ascension, de remonter encore une fois au grand plateau pour y chercher leurs instruments et leur tente, afin de ne quitter la vallée qu'après ce qu'on pourrait appeler une capitulation honorable.

Vous dire ce qu'ils eurent à souffrir pendant les jours suivants, ce qu'ils avaient déjà souffert depuis trois semaines, serait impossible. Ils se désolaient de cette publicité donnée, bien malgré eux, à une entreprise dans laquelle il fallait maintenant réussir à tout prix, sous peine d'encourir le ridicule, ou tout au moins cette condoléance ironique de tant de gens heureux de voir échouer les autres dans leurs projets. Peu de personnes savent ce que c'est qu'une course de glaciers, bien peu se font une idée d'un voyage au mont Blanc, et d'ailleurs, chez nous comme partout, celui qui échoue a toujours tort.

Le terme fatal approchait, et, pour faire diversion à leurs tristes pensées, nos observateurs, après avoir étudié à fond la vallée de Chamounix, étaient allés chercher de nouveaux sujets d'étude à Saint-Gervais, sur la Forclaz et dans les environs de Sallanches. Le 25 août, le baromètre commençait à remonter ; il était temps ; le 26, les trois voyageurs étaient de retour à Chamounix, décidés à monter le 27 au matin. Mais dans la nuit, le baromètre fléchit un peu. Ne voulant rien donner au hasard, on décida qu'il fallait attendre encore. Dans la journée, le mercure remonta ; le vent était depuis deux jours au nord, indinant à l'est. Tout présageait le beau temps, et l'espérance de réussir enfin commençait à remplacer le découragement.


Dernière tentative le 28 août


Pour gagner du temps et rendre la montée plus facile, on fixa l'heure du départ à minuit Le 27 août, à onze heures et demie, Mugnier vint réveiller ces messieurs ; et à minuit un quart, le 28, ils passaient sur le pont de l'Arve, avec leurs deux guides et cinq porteurs, comme la seconde fois ; seulement, deux des anciens porteurs, absents de Chamounix, avaient dû être remplacés par Ambroise Couttet et un autre dont j'ai oublié le nom. Le pleine lune favorisait leur marche, Jupiter s'élevait dans tout son éclat au-dessus des aiguilles, la brise descendante de la vallée et le peu de scintillation des étoiles annonçaient le beau temps. On marchait avec confiance, et chacun se croyait cette fois sûr du succès. L'étroit défilé qui s'étend du bas du glacier des Bossons à la Pierre-de-l'Echelle, et que l'on traverse au-dessus de le Pierre-Pointue, présentait au clair de lune un aspect effrayant : c'était grand et sauvage plus que toutes les créations possibles de l'imagination. Ces rochers immenses, ce noir précipice, surmontés par le chaos du glacier, par ces blocs entassés qui, de temps en temps, roulent avec fracas, et vont se perdre au fond de l'abîme, tout cela, grandi par la lumière fantastique de la lune, semblait destiné à servir de cadre à quelque scène de Freyschutz ou de Faust.

Au point du jour, on était à la Pierre-de-l'Echelle ; chacun de ces lieux trop connus, le chalet de la Pierre-Pointue, la Pierre-de-l'Echelle, qu'on avait vus déjà deux fois dans une si triste disposition d'esprit, semblaient alors se parer de toutes leurs beautés pour faire bon accueil à ceux qui revenaient les revoir avec tant de persévérance. Le panorama de la Pierre-de-l'Echelle était baigné par la lumière douteuse de l'aurore : les monts Vergi et la chaine des Fiz étaient couverts d'un léger voile de vapeurs transparentes, à travers lesquelles on distinguait les grands détails des montagnes. De longs nuages légers et minces comme des flèches s'étendaient à l'horizon vers le nord-est, mais ils n'étaient pas de nature à inspirer de l'inquiétude.


La tente a résisté sur le glacier



A quatre heures quarante minutes, on entra sur le glacier, qui fut traversé, comme la seconde fois avec assez de peine, à cause des neiges nouvelle. Le lever du soleil fut magnifique, et les phénomènes qu'il présenta furent étudiés avec soin. Un peu plus haut que les Grands-Mulets, auxquels on n'aborda pas, un des porteurs (celui dont j'ai oublié le nom) se sentit défaillir ; Mugnier prit un sac pour le soulager, mais le pauvre garçon ne put continuer, même sans fardeau ; il était tout à fait pris de ce mal de montagne si analogue au mal de mer. On fut obligé de la renvoyer à Chamounix ; dès qu'il eut commencé à descendre, ses forces revinrent, et il arriva chez lui, quelques heures après, en parfaite santé. Cependant, il fallut partager entre Mugnier et Michel Coutet la charge de ce porteur ; heureusement, ces deux braves guides ne manquaient ni de courage ni de force, et toute la troupe arriva sans autre incident remarquable au grand plateau. Il était onze heures au moment où ceux qui marchaient les premiers aperçurent la tente ; ils poussèrent des cris de joie, et se hâtèrent de s'en approcher pour s'assurer de l'état où elle était. En effet, on n'était pas sans quelque inquiétude sur les dégradations qu'elle avait pu subir dans le cours de trois semaines, et par un temps si souvent mauvais. Du Breven, où ces messieurs étaient montés quelques jours auparavant pour l'examiner avec une longue-vue, elle semblait ensevelie sous la neige du côté du sud-ouest, tandis que le côté nord-est en était tout à fait dégarni. Enfin on la revoyait, et elle avait résisté. Seulement la neige s'élevait autour d'elle jusqu'à 1,20 m de hauteur au nord-est, et encore plus haut vers le sud-ouest. Le fossé creusé par le vent existait toujours du côté où il avait soufflé constamment depuis un mois ; mais au nord-est, la neige pesait sur la toile, qu'elle avait tiraillée par-dessus la traverse, et sur laquelle elle dessinait de gros plis.

Au reste, rien de brisé, rien de déchiré. Quand on eut enlevé la neige qui en obstruait les abords, elle se redressa et se tendit aussi régulière et aussi coquette que le premier jour, seulement le soleil et le beau temps la faisaient paraître beaucoup plus jolie aux yeux de ses habitants.


Effets de la raréfaction de l'air


A midi, les observations commencèrent, pour ne plus être interrompues pendant le cours du voyage. Chacun de ces messieurs s'occupait de sa part de travail, et quelquefois deux d'entre eux se réunissaient pour les études qui devaient être faites en commun.

Les effets de la raréfaction de l'air furent, cette fois encore, les mêmes que lors des deux premières tentatives. L'exercice musculaire n'amenait pas très rapidement l'essoufflement ; on pouvait, par exemple, travailler assez longtemps avec la pelle à déblayer la tente, et quand, au bout de cinq à six minutes, on laissait ce travail à d'autres, c'était plutôt par ennui que par fatigue. Cependant, la journée avait été rude pour tout le monde : on avait peu dormi la nuit précédente, et chacun ressentait plus ou moins l'influence de ces prédispositions, dont les effets se confondaient avec ceux de la raréfaction. Cette dernière cause agissait cependant d'une manière évidente sur l'état de l'estomac ; l'appétit était toujours moins fort chez tout le monde ; deux des porteurs, presque malades de fatigue, restaient couchés sur la neige en plein soleil, sans pouvoir se rendre utiles. A. Simond, ce géant, fut sur le point de tomber en syncope pendant qu'on observait son pouls ; il était debout, et il fallut qu'il se couchât, sous peine de perdre connaissance. Ces messieurs étaient aussi, à divers degrés, impressionnés d'une manière analogue, et ils éprouvaient de temps en temps une sensation semblable à celle qui précède la défaillance ou un peu de nausée ; c'était quelque chose d'aussi rapide que la pensée, l'instant d'avant et l'instant d'après ne s'en ressentaient absolument en rien.


La vue du grand plateau par beau temps


Le grand plateau se montrait enfin dans toute sa beauté. Le ciel, sans nuage, avait une teinte d'outre-mer foncé, sur laquelle se détachaient les cimes admirables qui forment le cirque et dont le mont Blanc occupe le fond. Une brise légère de nord-est avait remplacé l'horrible vent de sud-ouest, et l'on ne voyait plus ces traînées de neige emportées par les raffales. Le mont Blanc, disaient les guides, avait fini de fumer sa pipe, il était maintenant de bonne humeur.

Le côté du nord est le seul, au grand plateau, où la vue ne soit pas bornée par la chaîne du mont Blanc. le dôme du Gouté, à l'ouest, et le mont Blanc du Tacul, à l'est, forment le cadre dans lequel se développe un des plus beaux tableaux du monde. A ses pieds, on decouvre, au-delà des pentes et des abimes des glaciers, la vallée de Chamounix, avec l'Arve, qui la sillonne de ses eaux verdâtres et chargées de sable ; du nord-est à l'ouest s'étendent les montagnes qui dominent Sion, la Cheville, la dent de Morcle, le massif admirable de la dent du Midi, la tour Sailière, le Buet, et au-dessus, la chaîne des aiguilles Rouges et le Breven, les rochers des Fix, superbe muraille repliée à angle droit sur elle-même comme l'enceinte d'une immense forteresse ; les aiguilles de Varens, la chaîne des monts Vergi, du milieu desquels s'élève au-dessus de la montagne des Fours une pyramide gigantesque qui, de toute la chaîne, s'abaisse la dernière au-dessous du Jura, quand on monte des Grand~Mulets, et que de Saussure indique comme l'aiguille du Reposoir ; enfin, le môle et le lac de Genève ; à l'horizon, le Jura, et au-dessus, deux bandes légères comme de la vapeur : ce sont les Vosges et les montagnes de la forêt Noire, puis une longue bande bleue sans ondulations, qui s'étend du nord-est à l'ouest, la France.

Voilà ce qu'on voit du grand plateau.


Approche terminale


Cette journée se termina par un admirable coucher de soleil ; malheureusement, l'horizon n'était pas assez étendu an largeur pour qu'on put en voir l'ensemble. La nuit fut aussi fort belle, et le matin, on se préparait à partir au point du jour ; mais les guides craignirent que, si l'on montait avant que le soleil fut sur l'horizon, il n'arrivât quelques accidents de congélation dont un de ces messieurs avait été menacé la veille en montant des Grands-Mulets au grand plateau. Il restait d'ailleurs bien des préparatifs à faire, plusieurs observations devaient être répétées avant le départ : enfin, quelque hâte qu'on put y mettre, il fut impossible de partir avant dix heure. La troupe, chargée de tous les instruments qu'elle put emporter, se dirigea, en traversant dans sa longueur le grand plateau, vers cette partie du mont Blanc que l'on nomme la Côte. C'est une pente escarpée qui s'étend depuis la base de la pyramide terminale jusqu'à la hauteur des rochers Rouges les plus élevés. Du pied de la Côte tombent deux avalanches qui roulent en convergeant jusque sur le grand plateau ; l'une, de glace, tombe fréquemment, l'autre, de neige, n'a lieu qu'après de fortes chutes de neige nouvelle. Ce fut celle-ci qui emporta, en 1820, cinq guides, dont trois périrent.

La route suivie par de Saussure passe sur le lit de ces avalanches, et c'est pour cela que, depuis le malheur de 1820, on l'a généralement abandonnée. Cependant, elle a sur la nouvelle l'avantage d'être plus courte d'au moins deux heures, et beaucoup moins pénible à parcourir. Cette dernière passe au-dessous des rochers Rouges, qu'elle laisse à droite, les contourne à l'est, et vient rejoindre l'ancienne route au-dessous des Petits-Mulets.

Mugnier fit suivre à la caravane la route de De Saussure, et l'on s'éleva doucement en reprenant haleine tous les trois à quatre cents pas. Après une heure environ de montée, la conversation, jusqu'alors générale, languit un peu ; la neige molle laissait enfoncer la jambe jusqu'au mollet, et le guide qui marchait le premier avait beaucoup de peine à frayer la route. Cependant, on put encore marcher pendant assez longtemps sans être obligé de faire des haltes plus fréquentes. Mais une demi-heure environ avant d'atteindre le col qui sépare les rochers Rouges des Petits-Mulets, il devint impossible de faire plus de cent pas sans reprendre haleine. La pente était toujours excessivement roide et présentait sur quelques points une inclinaison de 42°.


Le vent des hauteurs


Arrivée au-dessus des rochers Rouges, la caravane fut assaillie par un vent de nord-ouest assez fort et qui bientôt devint très violent ; ce vent glaçait le visage et coupait la respiration, même quand on lui tournait le dos.

Mugnier, craignant de se voir enlever son chapeau de paille, bien léger pour un pareil climat, l'avait assujetti sur sa tête avec une ficelle ; mais le vent triompha de cette précaution insuffisante, et tout à coup on vit le chapeau de ce brave guide rouler sur la neige avec une vitesse effrayante. Il le regarda philosophiquement s'en aller, et, lui faisant de la main un geste d adieu, "bon voyage, lui cria-t-il, j'irai te réclamer quelque jour à Cormayeur" ; puis, enfonçant sur ses oreilles un bonnet de laine, "nous autres, dit-il, prenons par ici" ; quelques minutes après on était aux rochers des Petits-Mulets. Celui de ces rochers sur lequel on passe est à environ cent mètres de la cime ; au sud-ouest de celui-ci s'en trouve un autre, un peu plus élevé mais d'un accès fort difficile parce que la pente escarpée qui l'entoure est toute de glace. Les Petits-Mulets sont d'une belle protogine, et la foudre qui les frappe quelquefois disperse leurs éclats sur la neige ; cependant, on n'y remarque pas de bulles vitreuses comme sur les roches de la cime au-dessus de Cormayeur et du dôme du Gouté. Au-dessus des Petits-Mulets, chacun déploya toutes ses forces pour franchir aussi rapidement que possible la dernière montée. On touchait enfin au but désiré, on allait fouler aux pieds ce mont Blanc qui depuis tant de jours semblait narguer tous les efforts. A 60 mètres environ du sommet, M. Bravais, voulant voir combien de pas il pourrait faire en allant aussi vite que possible, se mit à monter rapidement. Il fut obligé de s'arrêter au trente-deuxième pas ; il sentait qu'il aurait pu en faire encore deux ou trois peut-être, mais qu'alors un de plus lui aurait été complètement impossible. Ses deux compagnons pouvaient en ce moment faire quarante à cinquante pas sans s'arrêter, mais en montant avec lenteur et d'un pas mesuré. Au reste, chacun ressentait là, comme plus bas, les effets de la raréfaction de l'air à des degrés différents, et toujours dans la même proportion relative………Un fait assez intéressant se présenta chez l'un des observateurs. Une fatigue des jambes très intense et accompagnée de douleurs, qu'il ressentait en montant la côte à 600 mètres environ du sommet, se dissipa un peu plus haut, et pendant les vingt dernières minutes, il n'éprouva absolument aucun malaise, sauf un peu d'essoufflement tous les cinquante pas.


Sur la cime de l'Europe


Enfin, à une heure quarante-cinq minutes, on atteignit la cime. Le vent froid et violent qui tourmentait la caravane pendant la dernière montée cessa tout à coup de se faire sentir, et la chaleur du soleil était si forte sur le versant méridional qu'on éprouvait quelque chose d'analogue à ce qu'on ressent en hiver quand on passe de l'air extérieur dans un appartement chauffé.

Chacun s'empressa de jeter un coup d'oeil sur l'immense horizon qu'on découvrait.

Les Alpes bernoises avaient leurs sommets cachés dans les nuages, le Cervin ne se laissa voir qu'un instant, les cimes du mont Rose étaient aussi voilées, ainsi que les belles plaines de la Lombardie et du Piémont. Dans la direction de la mer, l'horizon était également couvert de vapeur. Les vallées d'Aoste et de Cormayeur apparaissaient comme un paradis terrestre au-delà de l'immense coupole de neige ; la belle pyramide de Rema, le Ruiztors et le groupe de montagnes qui les entourent fermaient au sud l'horizon au-dessus duquel s'élevait pourtant, comme un cône de vapeurs bleues, le mont Viso. L'allée blanche et le col de la Seigne touchaient à la cime, la vallée qui conduit au Petit-Saint-Bernard, les montagnes de la Tarentaise, l'Iseran, le Pelvoux, allaient rejoindre les montagnes tabulaires du Dauphiné, dont les plans successifs, revêtus de vapeur, semblaient superposés. Du côté de Lyon, ce hâle si commun dans les Alpes par le beau temps couvrait l'horizon d'un voile qui ne permettait de rien distinguer nettement. Genève était aussi couverte par cette vapeur, et le lac apparaissait comme à travers une gaze. Les plaines de la Bourgogne et toute la vue du grand plateau se déployaient à l'ouest et à l'est, et la dent du Midi s'élevait à l'horizon de manière à défendre ses droits même en présence du mont Blanc.


Observations scientifiques au sommet


Il fallut s'arracher à la contemplation de cet admirable panorama pour s'occuper des instruments, car le temps s'écoulait trop vite ; pendant que chacun s'occupait de ses observations particulières ou se livrait à quelques instants de repos, les guides allèrent chercher, sur la cime qui domine l'allée blanche de Cormayeur, des échantillons de roches foudroyées.

Quelques heures s'écoulèrent bien rapidement, pendant lesquelles les observateurs s'accordèrent à peine le temps nécessaire pour examiner avec soin la vallée de Chamounix, qui paraissait plongée dans l'ombre, et plus près d'eux les aiguilles de la chaîne du mont Blanc, le beau cirque au milieu duquel est situé le jardin et les glaciers qu'on traverse pour passer le col du Géant. Ce fameux col, naguère l'objet de leurs voeux, leur paraissait alors quelque chose de très petit et de fort peu important. On devient si dédaigneux quand on s'élève.

Cependant, on avait déjà fait l'expérience de l'ébullition de l'eau ; l'intensité et l'inclinaison magnétiques avaient été observées, ainsi que le pouls et les phénomènes physiologiques qui se présentaient ; le baromètre, noté d'heure en heure, se tenait à 424 millimètres ; le thermomètre, au moment de l'arrivée, marquait à l'ombre -7°C, et s'abaissait insensiblement. M. Bravais s'occupa alors de relever, au moyen du théodolite, les angles de position des montagnes principales de l'est à l'ouest


Féérie de lumières et d'ombres


Pendant que ces travaux divers s'exécutaient, le soleil s'était rapproché de l'horizon, et la température baissait rapidement. On avait porté à la cime des fusées et des artifices préparés pour faire des signaux quand la nuit serait venue ; mais les guides ne se souciaient pas de descendre au clair de lune, et l'on savait par expérience que dans cet air rare, la lumière directe est la seule qui permette de distinguer nettement les objets. Ainsi, quand on veut lire ou écrire au soleil, rien de plus facile, tant que les rayons frappent le papier ; mais si on se met à l'ombre, il devient alors très difficile, et pour quelques personnes même presque impossible, d'y voir. De même, en marchant au clair de lune, quand on se porte ombre, il est impossible de savoir où l'on met le pied. On ne pouvait songer à passer la nuit sur la cime, car le malaise subit du porteur, forcé la veille de redescendre, avait mis dans l'impossibilité de faire porter au sommet la petite tente et les vêtements nécessaires ; les porteurs n'avaient pas voulu se charger de plus de 8 à 10 kilogrammes pour monter à la cime, et d'ailleurs, les piquets de la petite tente avaient été brisés en voulant les arracher de la neige. Il fallait attendre jusqu'à neuf heures et demie si l'on voulait faire les signaux à l'heure convenue, puis descendre au grand plateau. Lyon et Genève étaient couverts de vapeur, le froid devenait intense, et l'on ne crut pas devoir courir les risques auxquels exposait un séjour prolongé sur la cime, avec si peu de chances que les signaux pussent réussir à être vus. On se préparait donc au départ, quand tout à coup, au moment où l'on allait regagner la pente qui descend vers Chamounix, un spectacle admirable s'offrit aux regards. L'ombre du mont Blanc se projetait sur les montagnes du côté de l'est. Cette ombre montait comme un cône immense, et bientôt on la vit se dessiner sur le ciel. Les côtés du cône étaient bordés d'une bande rose, et vers sa base, les ombres des montagnes de second ordre venaient successivement s'ajouter à l'ombre principale, en s'allongeant comme elle à mesure que le soleil se rapprochait de l'horizon. Toute la troupe s'arrêta d'un commun accord, et pendant un quart d'heure, tous restèrent immobiles, admirant ce tableau sublime que jamais on n'avait contemplé du haut du mont Blanc.

Enfin, il fallut descendre ; on s'y résigna, non sans regretter de ne pouvoir observer le crépuscule sur un aussi vaste horizon. Ces messieurs quittèrent la cime du mont Blanc à six heures cinquante minutes ; le thermomètre marquait alors -12°C à l'air libre ; à la surface de la neige, il marquait -17,6


Encore quelque temps au grand plateau


La descente se fit aisément, et l'on arriva promptement à l'avalanche du grand plateau ; là, il fallut s'arrêter quelques instants : un de ces messieurs souffrait de palpitations violentes et ne respirait qu'avec une extrême difficulté ; on était sur le lit même de l'avalanche, au milieu des blocs de glace ; cependant, Mugnier accorda une minute pour reprendre haleine, et au bout de ce temps, on continua d'avancer. Presque tout le monde ressentit encore dans cette circonstance un malaise semblable ; le grand plateau ne fut traversé qu'avec peine : il est vrai que cette fatigue pouvait bien tenir à la nécessité de suivre la trace du matin, sur laquelle on ne pouvait marcher que difficilement ou d'en frayer une nouvelle, ce qui n'était guère moins pénible. En cinquante-cinq minutes, on était revenu du sommet à la tente. Chacun prit de son mieux un repos bien nécessaire ; cependant, les observations furent continuées toute la nuit, excepté de minuit à quatre heures ; pendant cet intervalle, M. Camille Bravais, qui faisait à Chamounix les observations correspondantes, cessait aussi d'observer chaque nuit.

Le lendemain, le travail continua, et MM. Martins et Lepileur achevèrent la série d'observations physiologiques. A deux heures, M. Lepileur quitta le grand plateau avec Michel Couttet et deux porteurs, chargés d'une partie du matériel et de quelques instruments qui ne devait plus servir. MM. Bravais et Martins restèrent pour achever les travaux qui les concernaient plus spécialement. Le soir, ces deux messieurs allèrent observer le crépuscule sur la partie orientale du dôme du Gouté, et M. Bravais acheva d'y relever les angles de position des montagnes de l'ouest à l'est. Quand ils redescendirent au grand plateau, le thermomètre marquait -13°C.

Pour la première fois, la tente n'était pas encombrée de monde, et l'on pouvait s'y coucher à l'aise ; mais un froid vif s'y faisait sentir, et le thermomètre y descendit à -3°C. Le nuit fut froide aussi dans la vallée.

Le lendemain à deux heures des porteurs chargés de vivres frais arrivèrent à la tente. Rien ne pouvait être plus agréable à la colonie du grand plateau, car le peu de vivres qu'on avait montés le 28 avaient promptement disparu, malgré toute l'économie possible, et depuis le 29 au soir, on n'avait pour toute ressource que le pain, la viande et le vin, reste des vivres de la première ascension, et gelés à fond depuis un mois ; encore n'y avait-il qu'une petite partie de ces provisions qui fût mangeable à la rigueur.

La journée du samedi, la nuit suivante et la matinée du dimanche furent employées à terminer la série d'observations barométriques et thermométriques, ainsi que celles du psychromètre, de l'actinomètre et du pyrhéliomètre ; on continua aussi d'étudier les phénomènes relatifs à la formation des glaciers, aux propriétés physiques de la neige et aux modifications qu'elle subit sous l'influence des agents extérieurs.

Il faut descendre


Enfin, le dimanche à dix heures, les instruments furent emballés, les pelisses roulées, puis on s'occupa de démonter la tente ; mais elle était si solide qu'on eut de la peine à y réussir. Quand on voulut arracher les piquets, ils cassèrent, et l'on fut obligé de couper les cordes qui se bouclaient alentour ; les supports et la traverse furent laissés en place, avec les planches qui couvraient la neige à l'intérieur; puis la caravane, qui s'était augmentée de deux autres hommes de renfort, quitta le grand plateau, rapportant ses instruments et tout son bagage dans le meilleur état de conservation, et, ce qui valait mieux encore, sans qu'aucun de ceux qui, dans ces courses aventureuses, avaient affronté la tourmente ou le soleil ardent des glaciers, eut éprouvé le moindre accident, la moindre indisposition dont il restât des traces. Voilà, mon cher Joanne, les détails que vous m'aviez demandés sur cette expédition. Peut-être les trouverez-vous bien longs, mais quand on a assisté d'assez près aux différentes scènes que j'ai essayé de vous décrire, et qu'on les a, comme moi, entendu raconter par ceux mêmes qui y jouaient un rôle, il est bien difficile de n'être pas prolixe, et l'on regrette toujours quelque détail intéressant qui n'a pu trouver place dans le récit.














FAMILLE THEIL









Il s’agit de notes écrites par mon Arrière Grand-mère , madame Mariano Goybet née Marguerite Lespieau sur nos ancêtres Theil en 1926 . Elle est la fille de Clémence Theil.




MES ARRIERE GRAND PARENTS THEIL




« Mon arrière grand père Theil devait appartenir à une bonne famille de la Charente ou de la Gironde : une miniature le représente vêtu comme un grand Bourgeois de l’époque . Il entra à l’école navale , alors à Angoulème ; lorsque seuls, les jeunes gens ‘bien nés’ s’y présentaient .


Etant allé à St Domingue il y connut une jeune veuve de 18 ans – j’ignore le nom du premier mari, sans doute l’un des propriétaires de l’île . Elle appartenait à la famille Petit qui possédait en fait un fort beau domaine travaillé par 200 Esclaves . Lors de la révolte des nègres, ceux-ci sauvèrent les maîtres qui étaient bons pour eux ….. La propriété était importante puisque lorsque le gouvernement Français paya des indemnités aux colons , soit le 60 % de la valeur, mon Arriêre grand père eut 1500 Frs et chacun de ses deux enfants 1200 , rentes qui auraient du être réversibles sur les enfants de mon grand père…. Si les démarches néanmoins eussent été faites.


Mes arrière grand parents eurent là bas une fille nommée Aspasie que j’ai connue étant enfant. Elle ne s’était jamais mariée par amour filial,…malgré les propositions honorables qui lui avaient été faites . Ma tante Aspasie n’avait pas l’extrême beauté de sa mère , mais elle était fort intelligente , surtout en politique , fort pieuse et possédait parfois le don de seconde vue



Mes arrière grands parents naquirent en Françe . Mon aïeul quitta la marine et devint chef d’instruction à Langon Gironde. C’est là que le 13 Avril 1808 à 7 heures du matin , naquit mon gr and père Jean François Napoléon .


Pourquoi ce prénom ? Voici .

Napoléon 1er traversait Langon , se rendant sans doute en Espagne , entendant des cris d’une nature particulière , il en demanda le pourquoi .

‘’Sire , une des dames de la ville dans un état intéressant , émue de vous avoir vu , met son enfant au monde ‘’

‘’ Eh bien dit l’ Empereur , montez lui dire que je serai le parrain ! ‘’


Mon arrière grand père devait être quelqu’un J’ai eu , entre les mains, les conseils manuscrits qu’il avait écrit pour son fils : chef d’œuvre de morale , de style impeccable et sobre de calligraphie


Mon aïeule était fort belle . Elle vécut 92 ans . Mon père se rappelait l’avoir vue souvent faire la sieste avec un foulard sur la tête sans avoir perdu de sa dignité, de sa distinction , de ses beaux traits . L’un de ses plaisirs consistait à se faire suivre dans la rue de Paris par de jeunes godelureaux et , arrivée sous les lampadaires , à se retourner brusquement , leur montrant que, chez certaines femmes , une tournure ravissante peut survivre à un vieux visage .


Mon aïeule avait été gâtée par la facilité des colonies , cependant elle à nourri ses enfants On raconte que tandis qu’elle allaitait la petite Aspasie , s’étant endormie dans un hamac, elle sentit soudain à un sein un contact glaçé , c’était un serpent , descendant je suppose de celui qui nous a fait tant de mal au Paradis terrestre , qui buvait son lait ! Elle eut le courage de ne pas remuer jusqu’à ce que la bête repue se soit laissée choir et la fit alors écraser …………. Dommage que la première Eve n’ait pas eu le même sang froid …..et des esclaves !





MES GRANDS PARENTS THEIL




Mon grand père commença ses études à Langon, chez son père ? c’est probable . Je sais qu’il fut toujours couvert de prix , qu’il en eut souvent au concours général et qu’a 21 ans , il était surveillant à l’école normale supérieure . Il se maria , à 23 ans avec mademoiselle Sophie Fougères de Limoges . Il y faisait ses débuts comme professeur de lettres . Ma grand-mère avait pour mère une demoiselle Martial Ardent Frêres : C’est la raison sociale d’une grande maison d édition établie à Limoges depuis l’invention de l’imprimerie


Ma grand-mère eut 10 enfants dont 6 devinrent grands . C’était une femme admirable , non seulement comme maîtresse de maison et mère de famille , mais fort instruite . Elle parlait le latin et apprit le grec afin de corriger les épreuves d’une grammaire que mon grand père faisait édicter dans cette langue . De plus adroite au possible, sachant tout faire , le jeune ménage alla bientôt s’établir à Nancy où mon grand père enseignait au lycée . Là étaient nés Léontine , Alfred et Clémence , ma mère ( Les enfants nés à Limoges n’avaient pas vécu ).


En tout cas , en 1842 ou 43 mon grand père fut nommé à Henri IV à Paris , Mr Villemin Ministre de l’instruction publique , ne voulait pas qu’un homme de cette valeur reste en Province Il est certain que lorsque que Mirecourt , critique littéraire des plus mordant, analysait les oeuvres de ses contemporains , seules, celles de mon grand père , déjà nombreuses, furent épargnées !


Mes grands parents se logèrent rue d’Enfer en face le Luxembourg , puis dans la même rue , une autre maison , dont l’une des parties donnait sur le Luxembourg Cette seconde habitation disparut quand on ouvrit la rue Souflot Cousin le philosophe , Lefebrise de Tourey le mathématicien en étaient les autre locataires .


A Henri IV mon grand père eut comme élèves de seconde les fils de Louis Philippe , le Prince de Joinville Peut être, le duc d’Aumale sûrement

Lorsque ce dernier commandait le 7 ème corps d’armée à Briançon , mon père étant Colonel du 109 ème à Chaumond en 1877 , il vint inspecter le régiment Je me souviens parfaitement de la visite qu’il fit à ma mère Lorsqu’elle lui dit qui elle était

« Comment s’écria t’il, vous êtes la fille de mon bon ami Theil . »

« Oui Monseigneur , nous appartenons à la 1ere noblesse, celle de l’intelligence ! . »

« Ce n’est pas moi qui vous contredirai ! »

Le duc me prit alors sur ses genoux et me caressa …..Je puis donc dire sinon, que j’ai été élevée sur les genoux des princes , au moins que j’y ai passé.


En 1848, pourtant, mon grand père étant Commandant de la garde nationale prit part à la révolution : une gravure du temps le représente tenant sa main sur le cœur de Lamartine qui discourre à l’hôtel de ville pour prouver au peuple que celui çi dit la vérité ! …. Naïveté des images de ce temps !


Il en résulte que mon grand père fut mis à pied pendant 3 mois avec d’autres notabilités et enfermé comme elles à la conciergerie . C’est alors qu’apparaît plus que jamais la fermeté et le bon sens de ma grand-mère. Trois mois sans traîtement , six enfants à nourrir … Il faut aviser. Aussitôt on prend du travail de couture dans un grand magasin . Ma mère seule qui avait 9 ans , gagnait 24 sous par jour …et 24 sous , à cette époque c’était quelque chose .


Mon grand père travailla longtemps pour Firmin Didot . Il composa des grammaires latines et grecques , la première traduction de Silvio Pellico . Il savait couramment 7 langues . c’était réellement un grand poète . C’est surtout le dictionnaire Latin Français qui est le summum de ses œuvres .Il avait de plus , la répartie la plus vive et même gauloise , vu l’héritage qu’il m’a légué et que j’ai parfois de la peine à réprimer


En 1852 Napoléon III trouve qu’une belle intelligence unie à un tel savoir ne pouvait rester sans emploi Mon grand père fut nommé professeur à St Louis ou il demeura jusqu'à sa retraite . Il se retira à Provins dans une jolie propriété où il mourut à 70 ans le 13 Aout 1876.au grand désespoir de ma mère qui l’aimait profondément .


Chose curieuse , notre oncle le General Charles Goybet, inspecteur General de la Cavalerie avait été en garnison à Horns et connaissait mon grand-père. Il ne se doutait pas que la petite fille de ce beau vieillard aux cheveux blancs frisés, de belle tournure , épouserait un jour son neveu à lui !

Mon grand père à eu les honneurs du Larousse qui le reconnaît comme un grand philologue . Croyant mais peu pratiquant, il le devint sérieusement passé 55 ans .

Ma grand-mère elle, était morte le 10 Février 1864 à 48 ans . Elle avait été frappée terriblement par la mort de son fils Alfred dont je vais parler.





LES ENFANTS DE MES GRANDS PARENTS THEIL





Des 10 enfants qu’elle avait eu , elle n’avait gardé que Léontine , Alfred , Clémence Et Mathilde .



- Léontine avait épousé à 18 Ans Monsieur Jules Bonnet de Commeras chef d’institution. C’était une jolie femme très musicienne.



- Mathilde décédée à 23 ans était une artiste avec une voix de mezzo magnifique.



- Alfred après les premières études entra à Louis Legrand . C’était un grand jeune homme , très sérieux , très bon, très travailleur et qui semble avoir été le confident de sa mère pour laquelle il avait un culte . Il dessinait comme Gustave Doré , parlait l’Anglais comme le Français . On le prenait souvent pour un Anglais Fort distingué avec cela . On pensait pour lui à polytechnique lorsque à 16 Ans s’étant présenté à l’école Navale à Brest, il fut reçu 1er . Il n’y resta qu’un an . C’est la promotion qui suivit en Russie les cours de 2eme année et dans laquelle étaient l’amiral Gervais et Mr Ernest Tabareau , neveu de ma vielle grande tante . Il fit quelques mois de service à Brest .


A 20ans il partit pour l’expédition de Cochinchine , il fut très brillant à l’affaire Hué et porté pour la croix . Il prit la fièvre mais ne voulut pas écouter le médecin chef Mr de Commeras , parent de son oncle .. Il s’alita et fut vite considéré comme perdu . Il disait ‘’ si je savais que je sois décoré , je mourrai tranquille , quelle consolation pour ma pauvre mêre .

Hélas, lui-même l’ignorait , du moins en ce monde , car il mourut le 23 juillet 1860 …. Le lendemain il était porté au cimetière de Tourane avec cette croix si méritée , arrivée le matin posée sur son cercueil.


L’amiral Mario alors enseigne encore comme lui , tenait un des coins du drapeau tricolore…. Plus tard, j’avais 8 ans l’amiral me raconta ce qui suit.

Ma tante Aspasie vivait à Paris avec sa vielle mère . Un an avant la mort d’Alfred , elle prit le deuil . On s’en étonna . Elle garda le silence envers tous , sauf Mario.

Elle lui dit avoir eu une sorte de vision de la baie de Tourane (qu’elle décrivit en détail , sans jamais en avoir entendu parler ) y plaça l’enterrement d’Alfred , sans oublier la croix sur le cercueil , ajouta que lui, Mario, y serait présent

Le vieil Amiral était encore bouleversé de la chose en me le narrant 20 ans Après .

Ce don de seconde vue de ma tante était souvent en éveil même pour des circonstances moindres.


On avait vu à l’officiel la promotion d’Alfred dans la légion d’honneur . Ma grand-mère justement fière fit une visite pour l’annoncer . Elle arrive chez sa fille de Commeras avec mon grand père , ma tante Mathilde , mon père, ma mère qui nourrissait mon frère ainé Frédéric ; on voulait avec ménagements lui dire l’affreuse nouvelle. Mon cousin Gabriel agé de 4 ans , s’élance au devant de ma grand mère en disant :

« Tu ne sais pas, bonne maman , l’oncle Alfred est mort ! »

Cette pauvre mère regarde autour d’elle les visages consternés et tombe raide évanouie . Le coup fut trop dur pour une femme à l’age critique , brusquement atteinte . Elle ne s’en remit plus , fut désespérée et n’eut plus une minute de joie.

……….







MA MERE CLEMENCE THEIL




Il est temps de parler de ma mère . C’était la 7eme enfant de mes grands parents , la troisième arrivée à l’adolescence.

De son enfance, je sais qu’elle travaillait en classe avec trop d’ardeur et qu’elle eut une fièvre cérébrale

Mes grands parents avaient du mérite , des antécédents parfaits mais pas de fortune. Il avait fallu que ma mère entre dans un grand magasin de Paris, puis de Bordeaux ou l’on faisait les trousseaux des plus hautes familles. Cela entre 15 et 17 ans.

Ensuite elle vécut entre ses sœurs et son frère sous l’égide de sa mère si remarquable . A 18 ans , Clémence était fort jolie avec ses yeux bruns , ses cheveux chatain cendré , son joli teint, ses dents étincelantes. Très bonne musicienne avec cela.



Mon père était l’ami de mon oncle Jules Bonnet de Comméras . Ils avaient travaillé ensemble à Grenoble pour St Cyr ou mon oncle n’avait pas été reçu.


Mon père était capitaine à 25 Ans et décoré . Il avait obtenu cette récompense pour avoir monté l’un des premiers à la tour Malakof en Crimée . Il avait déjà combattu en Kabylie .

Un soir , il se trouva à diner chez mon oncle et ma tante à Paris . Ma mère était présente . Mon père ressentit le véritable coup de foudre . Comme il était en permission au Havre et à Rouen , il venait à Paris et voyait ma mère.

Ce n’est que 18 mois après , pourtant qu’ils s’épousèrent . 7 Aout 1858 à St Jacques du Haut Pas. Voici comment .



Il n’y avait de fortune d’aucun coté , donc la dot réglementaire manquait . Il fallait 250000 Frs ( Que serait aujourd’hui que cette somme ? Juste de quoi meubler la maison !)

Ma mère avait 17 ans . Mon grand père avait connu chez la princesse Mathilde , Henri de la Roche jaquelin le sénateur. Ils se voyaient souvent et ma famille était reçue à diner chez lui


Un jour ma mère eut l’idée de demander à l’empereur Napoléon III de la doter , comme il le faisait parfois Elle se confia à Monsieur De La Rochejaquelin qui voulut d’abord connaître mon père ….. L’entrevue lui donna satisfaction . Ma mère demanda une audience à l’empereur .


Au bout de quelques temps , ne recevant pas de réponse , elle s’en alla trouver le Duc de Bassano, grand Chambellan . Elle se trouva aux Tuileries en face d’un concierge qui lui demanda sa lettre d’introduction . Elle déclara l’avoir oubliée… Cependant elle monte et dit à l’huissier : « Annoncez que c’est la jeune fille recommandée par Monsieur de la Rochejaquelin .


Le duc de Barrano la reçoit bien et lui conseille d’écrire à l’Empereur. Ma mère rentre à la maison et, en un rien de temps , sans brouillon, sans rature, écrit la lettre : Tout cela bien entendu à l’insu de ses parents !


Peu de jours après , Mocquart, Notaire de l’Empereur , que l’on assurait être son demi-frêre au même titre que le duc de Morny , assigna à ma mère un rendez-vous à son étude. Sa lettre fut remise à ma mère chez sa sœur où l’on jouait aux petits jeux . Ma mère prétexte de la fatigue, rentre, refait son chapeau avec une garniture fraiche. Le lendemain , elle se rend à l’étude de Mocquart et apprend que l’Empereur accorde la Dot réglementaire Grande joie !

Elle revient au logis et apprend la chose à son père Celui-ci , lui propose d’écrire sa lettre de remerciement, mais elle l’écrit seule . …. Elle la sait encore par cœur à 87 ans !


L’Empereur avait été aussi influençé par cette circonstance :

Interné au fort de Ham en 1840-46 , il avait connu mon grand père Lespieau , dont le régiment de Pontonnier , où il était médecin , tenait garnison dans la région . Mon grand père allait le voir, le soignait, causait avec lui.

En recevant la supplique de ma mère, l’Empereur demanda si ce jeune capitaine ‘ était le fils du docteur Lespieau ‘ et sur réponse affirmative, il accorda la dot .


Aussi , plus tard , en 1873, après la défaite et l’exil , lorsque Napoleon III mourut , ma mère, alors femme de Colonel , porta son deuil en noir et bouquet de violettes, sans se soucier que ce geste si naturel, de reconnaissance , nuisait à l’avancement de mon père . Elle n’hésita pas non plus à admonester vertement ‘’ l’homme de la rue‘’ lorsqu’il trouvait mauvais que l’on portat le deuil de Badinguet.



Mon père qui avait servi avec ou sous les princes d’Orléans , était Orléaniste et moi j’ai toujours trouvé que la république était le gouvernement par excellence (n’étaient quelques républicains !). Ce qui prouve que l’on peut être une famille unie sans être du même avis sur tous les points. . »








CONQUETE DE COCHINCHINE : PRISE DE TOURANE AVEC ALFERD THEIL 1858 …………………………………………………………………………………








Alfred est le frère de Clémence Theil notre ançètre, mère de marguerite Lespieau femme de Mariano.

Nous reproduisons ici de larges extraits de son journal écrit en 1858 mais comme ce document est volumineux nous ne le reproduirons pas dans son intégralité . Toutefois les extraits choisis et la chronologie respectée sont destinés à donner une cohérence à l’ensemble .

Auparavant nous allons camper le décor par quelques informations sur l’Empire d’Annam vers lequel vogue Alfred notre Aspirant de 1ere classe à bord de la Saone en 1858.



L’EMPIRE D’ANNAM




Ce n'est qu'en 1948 que Vietnam s'est réellement substitué à Annam. À l'origine, les Chinois donnèrent, en 679, le nom d'Annam au royaume vietnamien du Nam Viêt (Ann Nan, « le Sud pacifié ») que les Français utilisèrent pour désigner à la fois le Centre Viêt Nam et l'Empire précolonial annamite, qui comprenait la majorité du Viêt Nam actuel.


Constituée officiellement sous la souveraineté française en 1905, l'Indochine regroupait la colonie de Cochinchine autour du delta du Mékong et quatre protectorats : l'Annam au centre, le Tonkin au nord, le Cambodge et le Laos



Ci- dessous article du Grand Dictionnaire Universel du XIXe Siècle de Pierre Larousse



COCHINCHINE ou EMPIRE D'ANNAM, État de l'Asie, occupant la partie orientale de la presqu'île de l'IndoChine, ou péninsule tians gangétique. Borné au N. par la Chine, à l'O. par le royaume de Siam, à l'E. et au S. par la mer de Chine, il s'étend entre les 0 et 22e degrés de latitude N., et les 100 et 107e de longitude E. Capitale Hué ; superficie évaluée à environ 530,000 kilomètres carrés ; le chiffre de la population est incertain ; quelques auteurs l'ont porté à 5 millions, d'autres à 15, et enfin quelques-uns à 20 millions. Le second chiffre semble le plus probable.


Cet Etat comprend trois grandes divisions politiques : le Tonkin au N., le Cambodge au centre et la Cochinchine proprement dite au S. Entre le Tonkin et le Cambodge s'étend une vaste région désignée sous le nom de royaume de Laos, tributaire à la fois de la Cochinchine et du royaume de Siam. La vaste péninsule que nos géographes européens ont désignée sous le nom d'IndoChine a été peu visitée par les voyageurs ; mais, depuis deux siècles et plus, c'est une terre familière à nos missionnaires, et, jusqu'à ces derniers temps, le peu que nous savions du Tonkin, de la Cochinchine, du royaume de Siam et des contrées intérieures, c'était à eux que nous le devions bien plus qu'aux relations politiques. Cependant notre dernière expédition de Cochinchine a été suivie de quelques études géographiques sérieuses sur cette contrée, et, bien que nous ne possédions encore que des notes insuffisantes sur l'intérieur des terres et les tribus incivilisées des montagnes, nous résumons dans ce court article les indications fournies par les missionnaires et les dernières publications sur la Cochinchine.



ASPECT GENERAL PRODUCTIONS




Une chaîne de montagnes, se détachant des hauteurs du Tibet, court du nord au sud parallèlement à la mer de Chine. Plusieurs fleuves arrosent les différentes régions du pays. Le plus vaste est le MéKong , qui, prenant sa source dans la province chinoise de Yun-Nan, traverse le Cambodge et la basse Cochinchine et se jette dans la mer par plusieurs embouchures ; viennent ensuite le Sang-Koi, qui arrose le Tonkin et se jette dans le golfe de même nom ; le Takniao, qui baigne la basse Cochinchine; enfin plusieurs cours d'eau qui, descendant de la chaîne centrale, versent leur tribut dans le golfe de Tonkin. C'est devant une des embouchures du MéKong que, vers 1561, Camoëns, revenant de Macao à Goa, fit naufrage et sauva le manuscrit de son poème des Lusiades, en le soutenant d'une main au-dessus des eaux pendant que de l'autre il nageait vers la rive du MéKong. Le pays est fertile, surtout dans les provinces de la basse Cochinchine ; le riz, le mûrier, la canne à sucre y croissent en abondance ; on y trouve en outre de vastes forêts, dont les principales essences fournissent des bois de construction et des bois précieux, tels qu'ébène, aloès, etc. Ces forêts, à la végétation gigantesque, sont habitées par un monde d'animaux de tout genre, tigres, singes, insectes bourdonnants, serpents, oiseaux, aux ailes étincelantes, etc. Il est difficile à un Européen de se faire une idée de ces forêts géantes qui dépassent peut-être en exubérance les jungles de l'Inde. Aussi les indigènes eux-mêmes sont-ils frappés par l'étrangeté de ce spectacle qu'ils ont cependant perpétuellement sous les yeux et avec lequel ils devraient être familiarisés. Les poésies populaires de la Cochinchine, en effet, sont toujours empreintes d'un profond sentiment d'observation en face de cette nature féconde et implacable. Les quelques passages suivants, empruntés à un célèbre poème annamite intitulé Que-Van-Tien, et récemment traduit par M. Aubaret dans le Journal asiatique, le feront aisément voir : « Le bruit de l'abeille l'ennuie, le chant de la cigale le fatigue... Traversons ces traces de lièvres, ces sentiers de chiens ; l'oiseau chante, le singe crie, de tous côtés coulent les sources... En gravissant la forêt, il n'est pas bon de mépriser les arbres (il faut veiller sur soi, faire attention au tigre aux aguets), etc. ». Pour donner à nos lecteurs une idée plus nette de ce qu'éprouvé un Européen à la vue des forêts de la Cochinchine, nous citerons cet extrait d'une lettre écrite dans la dernière expédition par un de nos officiers, envoyé du côté du poste de Tay-Ninh : « Le pays où je me trouve est superbe. Les arbres y atteignent une hauteur dont nos Européens ne pourraient se faire une idée qu'en les voyant. Les grands chênes de nos forêts, les larges platanes de nos promenades sont des arbustes auprès des végétations magnifiques que j'ai devant moi... Nous avons suivi pendant deux jours une route ouverte à travers une forêt si épaisse que nous ne voyions le ciel qu'à travers quelques trouées. Nous passions sous une voûte entre deux murailles de feuillage. L'herbe qui pousse dans cette avenue, ne voyant jamais le soleil, est d'un vert extraordinaire. Les lianes et les herbes parasites empêchent de pénétrer dans la forêt. L'humidité y est extrême. D'un repos à l'autre, les fusils des soldats se rouillaient. Il s'exhale une odeur de feuilles mortes intolérable, combinée avec une forte senteur de musc produite par l'immense quantité de reptiles qui fourmillent sur le sol humide. Des Européens ne vivraient pas huit jours dans cette atmosphère. Les indigènes eux-mêmes y sont atteints de la fièvre. ».

Malgré la fertilité du sol et d'abondantes récoltes de soie qui font la principale richesse du pays, la population est généralement pauvre et misérable. Le commerce avec l'étranger est presque nul, et l'industrie très peu avancée. On y fabrique quelques étoffes de soie, de coton, et des objets de laque. La population a une grande affinité avec la race chinoise : ce sont à peu près les mêmes traits, les mêmes mœurs, les mêmes coutumes, la même langue écrite, avec une prononciation différente. La majorité professe le bouddhisme ; mais le dogme de Confucius est répandu dans les classes élevées. Le christianisme, prêché en Cochinchine par les jésuites au XVIIe siècle, y compte environ 500,000 adeptes dirigés par des prêtres européens, dont la plupart sont Français.




GOUVERNEMENT APERCU HISTORIQUE




Le gouvernement est monarchique et absolu ; la population est divisée en deux classes : la noblesse, ou corps des mandarins, et le peuple. Au début de chaque règne, le nouvel empereur envoie une ambassade à Pékin ; c'est un hommage traditionnel qu'il rend plutôt qu'une investiture officielle qu'il sollicite. Bien que, dans le prétentieux langage de la cour de Pékin, l'empire d'Annam continue à figurer parmi les États tributaires du Céleste Empire, le lien de vasselage s'est peu à peu détendu, et aujourd'hui les destinées de la Cochinchine sont indépendantes de celles de la Chine. Toutefois, la similitude de leurs institutions, de leurs croyances religieuses et de leurs mœurs a maintenu entre les deux pays une sorte de solidarité politique. Là comme en Chine le gouvernement, fondé sur le despotisme, a vu s'user peu à peu ses principaux ressorts, et il semble marcher à grands pas vers sa dissolution. Si l'on en juge par les récits que nous ont laissés les missionnaires qui ont pénétré en Cochinchine au XVIIe siècle, ce pays présentait alors les apparences de la prospérité et un certain air de grandeur. Toutes ces régions orientales ont eu leurs jours de splendeur et la civilisation les a visitées ; mais toute civilisation basée sur le despotisme et le privilège est précaire et périssable ; le progrès seul, fondé sur l'idée de justice d'où découle l'égalité sociale, peut soutenir les peuples dans la voie de la civilisation et du bien-être. C'est pourquoi, en jugeant ces Orientaux tels qu'ils nous apparaissent aujourd'hui, dépouillés du prestige de l'éloignement et maîtrisés si facilement par la conquête européenne, on ne découvre plus chez eux que des symptômes de décrépitude.


D'après les annales cochinchinoises, qui remontent à une époque antérieure à l'ère chrétienne, tantôt la Cochinchine a été directement soumise à l'empire chinois, tantôt elle s'en est séparée ; elle a été fréquemment en guerre avec les royaumes de Siam, de Cambodge et de Tonkin ; elle a eu ses périodes de révolution et d'insurrection. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, Marco Polo visita quelques provinces de la Cochinchine ; mais sa relation, fort incomplète, ne projette qu'une lueur très incertaine sur l'état politique de l'empire d'Annam. C'est seulement à partir de l'époque où les Portugais ont pénétré en Cochinchine que l'on commence à recueillir quelques notions moins inexactes sur cette contrée, qui doit son nom à la ressemblance que lui trouvaient les Portugais avec le pays de Cochin, sur la côte de Malabar, et à sa proximité ou mieux à sa dépendance apparente ou réelle de la Chine. Les missionnaires français complétèrent les premières communications des Portugais, qui remontent à la fin du XVIe siècle. Néanmoins, l'Europe n'a eu de rapports directs avec l'empire d Annam que dans la seconde partie du XVIIIe siècle, grâce à l'influence que l'évêque d'Adran avait acquise à la cour de l'empereur Gya-long, influence qu'il essaya d'employer au profit de la politique française. Gya-long avait eu à lutter, dès le début de son règne, contre une insurrection formidable qui l'avait un moment dépossédé de sa couronne. D'après les conseils de l'évêque d'Adran (Mgr Pigneaux), il résolut de faire appel à l'appui et à la protection de la France, et il envoya à cet effet, une ambassade à Louis XVI. Cette ambassade, qu'accompagnait l'évêque d'Adran, fut accueillie favorablement à la cour de Versailles. Il y avait en effet, pour la France, indépendamment de l'intérêt catholique, un grand intérêt politique à nouer des relations avec les contrées de l'extrême Orient, où elle se voyait devancée par l'Angleterre, l'Espagne et les Pays-Bas. Un traité fut, en conséquence, signé, le 18 novembre 1787 , à Versailles, entre M. de Montmorin, alors ministre des affaires étrangères, et l'évêque d'Adran, représentant Gya-long, traité en vertu duquel l'empereur de Cochinchine cédait à la France, en toute propriété , le port de Tourane et l'île de Poulo-Condor, sous la condition que le roi de France enverrait sans retard une escadre et un corps de troupes pour aider Gya-long à reconquérir ses États. Les ordres furent immédiatement donnés au gouverneur des établissements français de l'Inde pour l'exécution de cette convention ; mais les événements révolutionnaires qui ne tardèrent pas à surgir en France et en Europe vinrent interrompre les préparatifs de l'expédition projetée. Cependant, quelques officiers et un petit nombre de volontaires recrutés par l'évêque d'Adran se rendirent en Cochinchine, où ils disciplinèrent à l'européenne la petite armée de Gya-long, qui parvint, avec leur aide, à soumettre les rebelles. L'empereur demeura reconnaissant du service qui lui avait été rendu ; l'évêque d'Adran, et les officiers français, élevés à la dignité de mandarins cochinchinois, jouirent à sa cour de la plus haute faveur.


Jusqu'à la fin de son règne, arrivée en 1820, Gya-long protégea les Européens et favorisa la propagande catholique. Il n'en fut pas de même sous ses successeurs Ming-mang (1820-1841), Thien-tri (1841-1847) et Tu-duc , l'empereur actuel. Les Européens furent chassés, et les chrétiens se virent en butte aux plus cruelles persécutions, inspirées non point par le fanatisme religieux, mais, comme en Chine, par un sentiment purement politique. Ming-mang craignait que le catholicisme n'amenât à sa suite la conquête européenne, et il entendait fermer absolument aux étrangers l'accès de son empire.


À plusieurs reprises, de 1820 à 1855, la France et l'Angleterre envoyèrent des navires de guerre dans la baie de Tourane, soit pour ouvrir à l'amiable des négociations commerciales, soit pour réclamer contre les mauvais traitements infligés aux missionnaires et aux chrétiens.


Toutes les tentatives demeurèrent impuissantes. Enfermé dans Hué, sa capitale, l'empereur se sentait hors de la portée des vengeances européennes, et ne s'inquiétait point des boulets qui pouvaient détruire la bourgade de Tourane. Cependant une pareille situation ne pouvait se prolonger. Les martyrs se multipliaient ; plusieurs prêtres français et un évêque espagnol, Mgr Diaz, ayant été mis à mort, les gouvernements de France et d'Espagne se concertèrent pour l'envoi d'un corps d'armée en Cochinchine. En 1858, notre pavillon parut devant Tourane, a une quinzaine de lieues de Hué. La ville fut prise et ses défenses détruites ; mais les forces dont le chef de notre escadre disposait (c'était l'amiral Rigault de Genouilly) ne suffisaient pas pour avancer plus loin dans cette direction par l'intérieur des terres. Un autre parti, qui parut à là fois plus sûr et plus efficace, fut adopté. Notre escadre se porta au sud en longeant la côte, et vint prendre position devant les bouches du Me-Kong. Saigon, capitale de la basse Cochinchine, est assise sur un des bras du fleuve, à quelques lieues de la mer. Des défenses formidables en couvraient les approches ; elles furent emportées d'un seul élan, quoique bravement défendues, et, le 17 février 1859, les couleurs françaises, flottant sur la ville, annonçaient que la seconde cité de l'empire annamite avait changé de maître. Cet échec, cependant, ne suffit pas pour amener l'empereur Tu-duc à composition ; fortement retranché dans sa capitale, protégé par des troupes nombreuses échelonnées dans le pays, et, d'ailleurs, excité à la résistance par l'empereur de la Chine, il attendait que les 600 ou 700 hommes que nous avions a Saigon, décimés par les chaleurs extrêmes d un climat nouveau pour nous, se vissent contraints d'abandonner leur conquête, comme ils nous avaient vus abandonner Tourane. Ce calcul fut déçu. Deux années d'occupation n'avaient pas lassé nos braves soldats, lorsque le traité de Tien-tsin (15 octobre 1860), en réglant nos griefs du côté de la Chine, vint nous rendre la pleine disposition de nos forces dans les mers orientales. Un renfort important fut immédiatement dirigé sur la Cochinchine. Nous pûmes alors reprendre une vigoureuse offensive. L'effet ne s'en fit pas longtemps attendre ; en 1861, la prise de Mytho et de Bien-Hoa, sur le continent, l'occupation des îles Poulo-Condor ; en 1862, la prise de Vinh-long, déterminèrent l'ennemi à demander la paix, laquelle fut conclue, le 5 juin 1862, à Saigon, entre les plénipotentiaires annamites et l'amiral Bonard, aux conditions suivantes : L'empereur Tu-duc payera 24 millions de francs, dont 21 à la France et 3 à l'Espagne. Cette indemnité devra être acquittée dans l'espace de dix ans. L'empereur d'Annam ouvrira à notre commerce trois ports dans le Tonkin. Les missionnaires français et espagnols et les catholiques habitant l'empire seront traités et respectés à l'égal des autres sujets de l'empereur. Tu-duc s'engage à ne céder aucune partie de son territoire sans y être autorisé par la France. La France conservera trois provinces sur les quatre qu'elle a conquises. La province de Viuh-long sera rendue au roi Tu-duc dès que les autres provinces seront complètement pacifiées et organisées. Les trois provinces de l'ouest de la basse Cochinchine seront gouvernées par un vice-roi, qui ne pourra y recevoir aucune troupe sans l'assentiment du gouvernement français. Les trois provinces que garde la France sont celles de Saigon, Bien-Hoa et Mytho. Ce traité a fait passer sous notre souveraineté un territoire qui peut équivaloir en étendue à cinq ou six de nos départements, et nous a donné un million de sujets asiatiques. Depuis cette époque, notre colonie a pris de nouvelles extensions et semble marcher vers un grand avenir de prospérité.




LA SITUATION DE NOTRE COLONIE ( 1867)



Les détails suivants, qui font connaître exactement la situation de notre colonie cochinchinoise, sont empruntés au Livre bleu de 1867. Pour couper court aux insurrections qui troublaient nos frontières et les États de notre allié, le roi de Cambodge, les trois provinces de Vinh-long, Choudoc et Hatien ont été annexées à notre colonie, et cette annexion, appelée par le vœu des populations laborieuses opprimées par les mandarins et troublées par la piraterie, a eu lieu sans effusion de sang. Outre les avantages résultant pour nous d'une occupation qui nous procure 477 000 sujets nouveaux, une augmentation de 123 000 hectares de terres cultivées, la possession exclusive des grands fleuves et des canaux importants qui forment les principales artères commerciales de la basse Cochinchine, enfin un supplément de revenus de 3 millions, cet agrandissement nous donne de sérieuses garanties de sécurité. Il sera, de plus, possible de faire verser par la colonie au Trésor de l'État un contingent de 1 million de francs en 1868. La récolte du riz en 1866-1867 a été très abondante. Les exportations de cette denrée à la Réunion, en Europe, au Japon et en Amérique, se sont élevées a 113 725 tonnes. On signale un développement intéressant des autres cultures, telles que la canne à sucre, le tabac, le bétel et les arachides. L'étendue des terres cultivées est évaluée à 157 397 hectares. Il a été vendu à Saigon 9831 mètres de terrain urbain, et 2199 hectares de terrains ruraux ; 48 hectares ont été concédés gratuitement. Ou sait que le port de Saigon jouit de la liberté commerciale la plus large ; les navires n'ont qu'à y payer un droit d'ancrage, commun à tous les pavillons. Aussi le mouvement d'entrée et de sortie prend-il un développement croissant. On évalue à 887 le nombre des navires qui y ont participé du 1er juillet 1866 au 30 juin 1867, et à 55 millions la valeur de la cargaison, à l'importation et à l'exportation. D'autre part, le cabotage a employé, pendant le même laps de temps, plus de 9000 barques annamites jaugeant ensemble 150 000 tonnes.


Les grands travaux, entrepris tant à Saigon que dans les principaux centres de population, améliorent chaque jour les conditions de notre occupation. Le réseau télégraphique qui occupe déjà un développement de 407 kilomètres, va s'augmenter d'un nouveau parcours de 87 kilomètres. Les progrès moraux suivent le même mouvement ascensionnel ; on compte aujourd'hui dans la colonie institutions ou écoles recevant 1240 élèves ; on s'occupe d'en créer de nouvelles et de recruter un supplément de personnel enseignant. Un service typographique a été également organisé le 1er février 1862, et a pris le titre d'imprimerie impériale de Saigon. Il comprenait à cette époque 5 ouvriers (1 compositeur, imprimeur, 1 écrivain autographe, 1 imprimeur lithographe et enfin 1 relieur) ; le matériel comprenait 2 presses typographiques à bras et 1 presse lithographique. Huit jours après, c'est-à-dire le 8 février 1862, l'imprimerie était en pleine activité, et la première impression sortie des presses fut une proclamation adressée à l'armée de terre et à la marine par le commandant en chef du corps expéditionnaire, M. le contre-amiral Bonard, qui venait de terminer une courte, mais brillante campagne contre les Cochinchinois opposés à notre domination. D'un autre côté, M. Aubaret, lieutenant de vaisseau et directeur des affaires indigènes, fit venir de Canton trois artistes chinois chargés de graver et d'imprimer en langue du pays un journal officiel destiné à faire comprendre à ces peuples les bienfaits de notre occupation ; ce journal était rédigé en entier par M. Aubaret, aujourd'hui capitaine de frégate et consul de France à Bangkok (Siam), qui connaît on ne peut mieux les signes idéographiques usités dans ces contrées lointaines. Aujourd'hui l'imprimerie de la Cochinchine est en pleine prospérité ; le matériel a été augmenté considérablement ainsi que le personnel. Dans l'origine, le journal qui se publiait avait pour titre : Bulletin officiel de l'expédition de la Cochinchine, et paraissait sous format in-8°, c'est-à-dire qu'il faisait volume ; le nouveau gouverneur, M. de La Grandière, a transformé ce journal, et aujourd'hui il est intitulé Journal officiel de Saigon, et contient des annonces commerciales, les entrées et sorties du port de Saigon, etc., enfin des articles divers sur le pays et les actes officiels.




DATES HISTORIQUES DE 1802 A 1945 DE L’EMPIRE D’ANNAM




- 1802 Unification du royaume viet par l’Empereur Gia Long qui lui donne en 1804 le nom de Viet Nam - 1858 Prise de Tourane par les forces expéditionnaires Françaises - 1859 Prise de Saigon et occupation de Gia Dinh par les Français - 1862 Cession de la Feance par la cour de Hué de trois provinces orientales de la Cochinchine - 1863 Traité de Phnom Penh établissant le protectorat français sur le Cambodge - 1867 Occupation française des trois provinces occidentales de la Cochinchine - 1874 Traité établissant le principe de protectorat français sur l’Annam. La france rétrocède les villes conquises mais obtient le droit d’installer une garnison à Hanoï et Haiphong, et utiliser le fleuve rouge pour le commerce -1882 Deuxième occupation d’Hanoi par les Français -1883 Traité Harmand, le viet nam devient un protectorat français -1884 Traité Patenotre établissant de façon définitive le protectorat Français sur le Viet nam divisé en trois KY ( Tonkin, Annam et Cochinchine) -1885 Reconnaissance par la Chine du protectorat Français sur l’Annam et le Tonkin. Fuite de l’Empereur Ham Nghy et révolte des lettrés -1887 Création de l’union Indochinoise


-1900 Fin de la pacification Française. Première exploitation coloniale du pays. -1907 Intronisation de l’Empereur Duy Tan -1916 Rébellion puis déposition de l’Empereur Duy Tan -1930 Création du Parti Communiste indochinois -1936 Fondation du front populaire -1940 Entrèe des troupes japonaises en Indochine -1941 Fondation du front Viet Minh -1945 (Mars) Les Japonais désarment les Français en Indochine -1945 (Aout) Capitulation des Japonais- Révolution d’Aout à Hanoi








Avant propos d’Henri Goybet



Le début de la conquête de la Cochinchine a commencé. En 1858, la flotte française en Extrême-Orient sous le commandement de l'amiral Rigault de Genouilly avait victorieusement participé aux côtés des Anglais à la campagne de Chine, se terminant par la prise de Canton et de Tientsin. Le 1er septembre, les bâtiments de guerre français bombardaient le port de Tourane (Da Nang). Le soir, la ville est tombée. Renonçant à prendre Hué, Rigault de Genouilly envoya ses troupes vers le sud, à la conquête de Saigon. Février 1859, l'escadre de Rigault de Genouilly était présente à l'embouchure de la rivière de Saigon, il remonta la rivière en bombardant les forts qui se trouvaient sur son chemin et prit Saigon à l'issue d'une courte bataille. Le 1er novembre de cette année, Rigault de Genouilly fut remplacé, à sa demande, par l'amiral Page comme commandant en chef du corps expéditionnaire.


C’est dans le cadre de cette conquête de Tourane en Cochinchine dans l’Empire d’Annam que s’inscrit le Journal de l’Aspirant de 1ère classe Alfred Theil écrit en 1858 intitulé ‘’ Relation pittoresque d’une campagne en Chine ‘’. C’est un garçon brillant qui fit de solides études à Louis Legrand et fut reçu 1er à l’école navale de Brest . Très bon dessinateur, parlant très bien l’anglais et le latin, il nous raconte ses impressions de Campagne, nous décrit les pays qui jalonnent sa traversée de Brest en Chine ainsi que leurs habitants et leur mode de vie. Il cisèle des scènes avec un don aigu de l’observation. Ingénieux et pétri de jeunesse et d’enthousiasme, il fait construire un théâtre au cours de sa longue traversée sur la ‘’Saone’’, avec les moyens du bord, en direction de la Cochinchine. En Escale à la réunion, il organise avec les autorités locales une représentation théâtrale au bénéfice d’une œuvre dirigée par la Baronne Darricau et qui a pour but d’élever dans une maison bâtie à cet effet les orphelins de St Denis. Cette représentation eut un immense succès.


Concernant sa mission en Cochinchine il est convaincu de la justesse de celle-ci pour des motifs religieux ainsi que de respect de la liberté de culte ( il est croyant et a beaucoup d’admiration pour ces missionnaires persécutés) ; et des motifs coloniaux voyant tout l’intérêt pour la métropole d’avoir une colonie en Cochinchine qui pourra lui apporter une prospérité croissante par les richesses de sa terre. Je le cite ‘’ Si l’on considère le développement rapide et inespéré des Colonies Anglaises Hollandaises et Espagnoles en Indo-Chine , en Chine et dans les iles qui avoisinent ces régions , on verra que Tourane qui jouît du même climat et des mêmes productions , dans une même région , présente les mêmes chances de succès. ‘’ .


Alfred sera victime de son courage sa jeunesse et son enthousiasme quand il refuse quasiment de se faire soigner atteint par les fièvres, souhaitant rester à son poste de combat près de ses hommes. Il obtiendra la croix de la légion d’honneur pour son abnégation et ses actes de bravoure. Nous avons un témoignage émouvant du chirurgien qui a assisté à ses derniers instants. La famille peut être fière de ce jeune Aspirant qui était promu à un avenir étincelant , homme cultivé plein de sensibilité et de générosité et qui croquait la vie à pleines dents.


Avertissement : Nous n’avons pas voulu censurer le texte concernant l’escale à Gorée ni le dénaturer en remplaçant des mots par d’autres. Il est bien entendu que toutes les hommes quelque soit les races ou les religions qu’ils pratiquent sont sur un plan d’égalité. Alfred Theil sur ce plan là a des idées qui sont conforme à l’esprit Colonial Français de cette époque. Songeons à tous les progrès qui ont été faits depuis les années 1850 et le témoignage d’Alfred nous montre la distance et les changements bénéfiques importants en la matière. Le général Mariano Goybet avait été à la pointe de cette révolution des mentalités en traitant bien les troupes de noirs Americains qu’il avait sous ses ordres durant la première guerre mondiale et qui le lui ont bien rendu en combattant comme des lions , et par le sang versé ont mérité notre admiration tout en nous délivrant du joug de l’envahisseur .





NOTES D’ALFRED THEIL QUI PARTICIPE A LA PRISE DE TOURANE Aspirant de, 1er Classe




J’allais peut être partir pour trois ans ! et je voyais dans les rues de Brest aller et venir des hommes de toutes les professions et de toutes les classes de la société qui tous restaient ezn France . Sur cette multitude , il n’y en avait peut être qu’un qui allait quitter son pays et c’était moi ! Et ces gens privilégiés ne sentaient pas leur bonheur ! Ils n’ avaient pas le sourire sur les lèvres ! Quelques uns même avaient l’air d’oser s’ennuyer !


Il est impossible au moment de quitter son pays , sa famille, ses amis, en un mot de s’arracher à toutes ses affections pour trois ans, il est impossible, dis-je, de ne pas s’abandonner à la tristesse de ces réflexions . Mais la jeunesse reprend bientôt le dessus et l’appât de l’inconnu, joint à la pensée du retour chasse bientôt les idées noires qui avaient un instant voltigé autour du cerveau …..



LA SAONE



Commandée par le Capitaine de frégate LISCOAT la Saône est un transport mixte , possédant une machine de 160 chevaux, uniquement destinée à servir pendant les calmes plats On emploie aussi la vapeur pour entrer dans une passe ou en sortir, pour arriver au mouillage, ou pour appareiller . La SAONE est un grand navire noir et affilé, long de 71 m sur quille . Il est mâté en trois mâts barque, C'est-à-dire que son mât d’artimon n’a pas de vergues carrées , et ,n’est destiné à recevoir , pour toute voilure qu’une flèche et une brigantine , cette dernière étant remplacée par l’artimon, lorsqu’il vente.


En général, les transports de guerre ne portent pas de canons . Ils sont faits pour transporter les vivres et le matériel nécessaire aux bâtiments en station loin de France, ainsi que les troupes destinées à une expédition quelconque. Par extraordinaire on nous a donné 12 canons-obusiers de 30 . Nous avons un chargement pour Bourbon ; le reste de notre cargaison se compose de vivres, rechange et munitions de guerre pour la division navale de l’Indo-Chine .


Le mardi 16 Février 1858, LA Saône était prête à partir . Elle n’attendait plus que les troupes passagères que nous devions transporter à notre bord . L’embarquement avait été ordonné pour le 16 : Heureusement il y eut un retard et, ce fut seulement le mercredi 17, dans l’après midi que les chaloupes du port nous amenèrent les 550 soldats que nous conduisons en Chine . Sur ces 550 hommes il y a une demi batterie d’artillerie de marine. Tout le reste se compose exclusivement d’infanterie de Marine..


………


Nous voilà donc en route , regardant tous derrière nous les côtes du Finistèreque nous ne devions plus revoir de si longtemps . Petit à petit elles devinrent moins distinctes puis se confondirent avec la brume et enfin disparurent en dessous de l’horizon. Ne distinguant plus rien derrière nous, nous retournâmes vers l’avant , ne songeant plus qu’aux nouveaux pays vers lesquels nous faisions route. C’est un trait particulier et indispensable au caractère du marin de regretter vivement son pays au moment du départ et tant qu’on voit les côtes, puis de prendre son parti bravement et avec insouciance , dès qu’on les a perdues de vue .

Aussi vers les 5h du soir, nous avions oublié qu’il existe une France , ou du moins , la France se résumait pour nous en notre navire.

…………….


Note d’Henri Goybet


Suit sur la Saone 6 mois de navigation avec la traversée de Brest à Gorée puis le cap de Bonne Espérance , Bourbon, St Denis, Singapour, Hong –Kong début Août Enfin traversée de Hong kong à yu-Lin-kan avant la prise de Tourane .



ESCALE A GOREE




La première chose que l’on fait , en arrivant au mouillage dans un pays que l’on ne connaît pas , est de regarder l’aspect de la côte, puis ensuite de s ‘informer du nom des batiments sur rade.


En jetant un coup d’œil sur Gorée , mon imagination se reporta involontairement vers Kertch. L’Aspect était le même : Kertch était à moitié détruit ; Gorée n’est encore qu’à moitié construit . Les rues sont étroites et non pavées , mais le climat du pays ne comportant presque jamais de pluie , le terrain est toujours ferme et la poussière seule peut incommoder . A droite de Gorée en lui faisant face du mouillage , on aperçoit la Grande Terre , autrement dit le Continent , le sol africain. La côte parait assez verte jusqu’à un certain point à partir duquel on n’aperçoit plus que du sable blanc jusqu'à perte de vue .


…………………




Les noirs habitent des villages qui ressemblent à des habitations d’animaux vivant en commun plutôt qu’à des habitations humaines . Ceux qui habitent Gorée et la côte correspondante se divisent en 3 tribus . Les Yoloffs , les Djoloffs et les Lébous. Chacune de ces tribus parle une langue différente ; le Lébou est un patois des deux premières . Toutes les cases sont faites en paille et affectent la forme de ruches à abeilles . Une ouverture arrondie sert de porte . Le sol est couvert de nattes . Chaque case possède un petit enclos entouré par une haie de paille . Ces haies forment de petits chemins tortueux , et sablonneux . Devant chaque case on voit des femmes nues jusqu’à la ceinture occupées à piler le couscous . C’est une graine farineuse qui n’est autre chose que le gros millet . C’est l’unique nourriture qu’ils consomment . Les mortiers sont de grandes calebasses ou des fractions de tronc d’arbre à moitié creusé . Le pilon est en bois et de la hauteur d’un homme . Elles le manoeuvrent à deux mains , et de distance en distance, au moment où elles l’élèvent en l’air, elles l’abandonnent, frappant dans leurs mains, et le rattrapent avant sa chute . Il est vraiment curieux d’entendre, à l’approche d’un village Yoloff , le bruit sourd des pillons tombant sur le couscous , interrompu en cadence par ces battements de mains .



Les négresses ont adopté une singulière manière de porter leurs enfants : elles prennent le petit dans leurs mains , se courbent en avant , le placent à cheval sur leur dos., puis s’entourant elles et leur enfant d’une large étoffe , elles sont obligées de se cambrer : habitude qu’elles conservent lors même qu’elles ne le portent plus. Aussi une négresse qui voudrait s’habiller à la mode française, n’aurait nullement besoin de crinoline.


Les nègres n’ont pour la plupart du temps qu’un vêtement aussi primitif que la feuille de vigne . Cependant ils y ajoutent quelque fois une pièce d’étoffe pliée en deux et munie d’un trou circulaire pour laisser passer la tête : en sorte que leur tunique est ouverte des deux cotès dans toute sa longueur depuis l’épaule jusqu’aux pieds . Les négresses ne sont habillées que depuis la ceinture jusqu’aux genoux excepté quand elles portent leur enfant parce qu’alors elles nouent l’étoffe qui le soutient entre les seins . Il est déplorable qu’on ne leur ait pas appris l’usage du corset pour rétablir les choses dans leur position normale ; mais peu leur importe : elles n’ont pas sur ce point , les raffinements de coquetterie de nos européennes . Elles affectionnent par-dessus tout les étoffes fond blanc et de couleurs voyantes et bigarrées . Les colliers en perles de verre coloré avec des anneaux et des ornements de cuivre sont le seul luxe qu’elles se permettent .



Chez les Yoloffs, les femmes seules et les esclaves travaillent . Les nègres musulmans peuvent avoir plusieurs femmes . Les prisonniers de guerre qu’ils ont acheté sont leurs esclaves , et ils les mènent à coups de bâton . Avant le mariage une femme est libre de ses actions et n’a de comptes à rendre à personne . Après le mariage, son mari a le droit de la tuer si elle a forfait à ses engagements . On trouve cependant à Hanne et à kareuï , mais non à Dakar , des maris qui vous offrent femmes, sœurs , enfants et toute la famille.


En général les nègres sont d’une probité remarquable . Ils cherchent bien à vous écorcher dans un marché ; mais on peut les payer d’avance : chez eux , ce qui est convenu est sacré et ils n’y manqueraient pas pour beaucoup .


Les Yoloffs, sont tout à fait amis des Français : on vit en très bonne intelligence avec eux . Mais il y a deux points sur lesquels ils sont inflexibles : leur religion et la conservation de leurs villages . Si d’un coté ils entendent les exhortations des missionnaires et les insinuations des chefs militaires français, les Marabouts sont des nègres musulman qui ont plus d’instruction que les autres, ce qui n’est pas difficile. Ils savent lire, écrire, et savent le KORAN à fond . Tous les matins et tous les soirs ils président à la prière et souvent, après la prière du soir ils réunissent les fidèles et pérorent en les exhortant vivement à secouer l’influence Française .


C’est du chirurgien du fort de Dakar que je tiens les renseignements suivants. Il comprend la langue Woloffe et ne s’en vante pas auprès des nègres afin de pouvoir surprendre leur conversations lorsqu’ils causent devant lui en toute confiance de n’être pas compris.


Les marabouts vendent aux nègres des colliers qu’ils donnent comme devant protéger , les uns de l’atteinte des balles, les autres des maladies , ceux-ci de requins , ceux là de serpents ….. Ces colliers sot appellès ‘’gris gris’’ par les nègres qui ont une confiance aveugle en ces prétendus talismans . Tellement qu’on a vu des nègres possédant ‘’ gris gris contre Caîmans ‘’ se précipiter sans arme dans le fleuve du Sénégal, au milieu de 10 ou 12 Caîmans, les braver et agir avec tant d’audace qu’ils intimidaient les reptiles . C’était bien fait pour les corroborer dans la foi qu’ils avaient en leurs Grisgris.


Or les Marabouts font de ces colliers avec la première chose venue sans y mettre le moindre goùt ni la moindre élégance. Ils le vendent jusqu’à 60 et 80 fr ce qui leur constitue un revenu superbe . On a vu des nègres laisser leur famille mourir de faim pour acheter des grisgris qui la préserverait de la faim. Le chirurgien du fort va tous les jours faire sa tournée à Dakar et soigne les malades . Les Yoloffs que le docteur guérit tandis que les grisgris ne purgent que leur bourse , n’achètent plus de grisgris et s’abandonnent au docteur . Un jour, donc, que le docteur se promenait à Dakar , il entendit un Marabout prêcher , après la prière du soir et dire aux Yolloffs réunis , qu’ils se laissaient dominer et tyranniser par les Français ; que petit à petit ils allaient renier leur religion ; qu’il fallait s’y prendre à temps et se réunir tous pour chasser les Français . Puis les marabouts causèrent entre eux et jurèrent qu’ils assassineraient ou empoisonneraient le docteur Français qui faisait tomber le commerce des grisgris . Le lendemain le docteur allait à Dakar dans les cases même des marabouts et ceux ci lui embrassaient les pieds. Malgré cela il prend ses précautions en cas d’urgence.


Voici comme on m’a raconté la prise de possession de Dakar par les Français :


Les compagnies de débarquement de la division française descendirent à terre et se rangèrent sur la plage en ligne de bataille, au nombre de 500 hommes à peu près . Les embarcations armées en guerre se tenaient en ligne près de la côte et menaçaient la plage de leurs obusiers de montagne . Le commandant Protet, qui commande la Station des Côtes Occidentales d’Afrique était à cheval en tête de ses troupes . Il recommande de se tenir bien prêt en cas de surprise et il fit venir r le roi de Dakar . Il lui dit qu’il voulait faire bâtir une maison de campagne sur son terrain et qu’il avait l’intention de le lui acheter. Le prix fut débattu . Enfin le Roi nègre demanda que l’on prit Monseigneur l’Evêque comme arbitre et déclara qu’il accepterait le prix que fixerait le prélat : ce qui montre la confiance qu’ils ont dans nos missionnaires quoiqu’ils ne se rendent pas à leurs exhortations . Seulement le Roi ne voulut pas permettre qu’on touchât une seule des cases de son village. ; il n’autorisa à batir qu’en dehors de la haie d’enceinte qui ferme tout village Yoloff de toutes parts . Alors on commença à batir et les nègres s’offrirent à porter les pierres et la chaux . On laissa 25 blancs pour terminer l’ouvrage ; les nègres firent le reste . Quand la maison de campagne fut faite, il se trouva que c’était un fort ……


Alors on y mit des soldats , puis des canons , et on poussa un grand éclat de rire en levant la tête derrière les murailles du fort. Les Yoloffs n’ont pas l’air d’y faire attention quoiqu’ils aient juré de se faire tuer plutôt que de laisser toucher leurs cases.


Pour leur faire comprendre leur position vis-a-vis de nous, on maintient sans cesse à Dakar , en plus de la garnison du fort, un détachement auquel on fait faire le tir à la cible avec la carabine à tige , pour faire ainsi comprendre aux nègres qu’on pourra les tuer tous jusqu’au dernier sans qu’ils puissent nous faire de mal, à cause de la différence de portée entre nos carabines et leurs mauvais fusils. Ils assistent toujours en grand nombre à ces tirs et paraissent stupéfaits en voyant avec quelle précision on atteint le but à des distances qu’il ne croyaient pas un fusil capable d’atteindre. La peur les empêche beaucoup de suivre les conseils de leur marabouts et tout en restant tranquilles de leur coté et vivant en bonne intelligence avec nous , ils n’admettent pas de relations trop intimes. Ainsi il y a deux ou 3 mois , une femme woloffe s’était abandonné à un mulâtre : ils noyèrent impitoyablement le mulâtre et sa mère, tandis qu’ils n’auraient rien dit si ç’eut été un nègre de leur tribu.


J’ai visité le fort dont les quatre coins sont armés d’une pièce de canon : c’est plus qu’il n’en faut pour tenir tout le village en respect . J’ai remarqué dans la cour du fort on gros oiseau à longues pattes et à gros bec comme la cigogne , qui s’est décidé à rester là parce qu’on lui coupe les ailes aussitôt qu’elles commencent à pousser et que les fonctionnaires ont la consigne de lui interdire la porte de sortie. Cet oiseau se nomme ‘’Marabout ‘’ à cause de son air grave. Malgré son long séjour dans le fort il est impossible de s’en approcher : il s’écarte constamment . C’est de cet oiseau qu’on tire la plupart des plumes qui ornent les chapeaux des élégantes Européennes. Le docteur me fit voir deux singes qu’il élève pour les emmener chez lui à son retour ainsi que des perruches de toute espèce.


Depuis que l’esclavage est aboli dans nos colonies , il n’en faut pas moins des noirs pour travailler la terre. Comme il n’en vient pas de bon gré , on va en prendre sur les côtes de l’Afrique, de Madagascar , de l’Inde etc…. et on les transporte aux colonies où leur travail est payé et où ils vivent en ‘’ Liberté’’ . Ils sont simplement engagés pour cinq ou dix ans au service de celui qui les a achetés. Autrefois on donnait la nourriture aux esclaves , on les entretenait . Maintenant ils sont libres, c’est vrai. Ils gagnent 10 frs par mois mais ils ont à payer leur nourriture : en sorte qu’ à la fin du mois, tout décompte fait , ils touchent O frs O centimes et même redoivent quelquefois . Sue leur importe ! Ils ont maintenant le droit de porter des souliers et des chapeaux noirs . Ils n’en demandent pas davantage .


Et voilà ce qu’on appelle l’affranchissement des esclaves !


……………..

Note d’Henri Goybet : Pour le moins ont-ils recouvré leur dignité, ce qui n’a pas de prix même si l’asservissement est bien réel vu les conditions de travail et de rémunération ……….. …….


Un de mes camarades qui fut à Kareui deux jours après moi , eut la chance d’être témoin d’une cérémonie assez originale et assez caractéristique pour que j’en fasse mention C’est la cérémonie de la circoncision A différentes époques on réunit tous les jeunes garçons agés de 12 à 15 ans et on les habille de vêtements neufs. Ils arrivent tous ensemble portant la Sagaîe ornée de mouchoirs éclatants et flottant au vent . Ils se réunissent chez un des patriarches de la tribue , chargé de l’opération , et là en présence de toute la tribu en habits de fête , le doyen des noirs les circoncit sur une pierre avec un ciseau à froid . A partir de ce moment là , ils doivent rentrer chez eux et rester 40 jours sans sortir de leur case , sans se lever et sans quitter leurs vêtements qu’on a renouvelés dans ce but le jour de la cérémonie . Après cela on les déclare hommes et par suite nubiles. Tels sont les détails qui nous ont été fournis par un Marabout de ce village .



Je t’ai dit ( *il écrit à sa mère) comme quoi la frégate la Jeanne D’arc est en station à Gorée . Son commandant à la haute direction de toutes les opérations sur les côtes Occidentales d’Afrique . Sortons un peu de l’ile de Gorée et jetons un coup d’œil sur ce qui se passe au Nord et au Sud c'est-à-dire du coté de St Louis et du fleuve Sénégal d’un coté , et du coté de Grand Bassam , du Congo et du Gabon de l’autre.


Le but de la France est de pouvoir faire du commerce avec les noirs . Jusqu’ici les Anglais ont toujours été de la part de noirs , l’objet d’une préférence marquée, au moins quant aux relations commerciales . Et cela se comprend : les Anglais leur vendent de la poudre , des fusils , des armes et munitions de toutes espèces tandis qu’il est défendu aux négociants français de leur procurer quoique ce soit pouvant servir à faire la guerre, puisque nous sommes en guerre avec eux . Plusieurs petits bateaux naviguent dans le fleuve pour tenir les indigènes en respect. Nous avons construit sur les rives du fleuve plusieurs factoreries : le comptoir principal est St Louis.


Tout le royaume d’OUALO qui est sur la rive gauche , nous est soumis.



Au début, on voulait seulement avoir des comptoirs dans la Sénégambie et faire des échanges avec les peuplades nègres. Mais de temps en temps les noirs nous mangeaient des soldats ; il fallut bien en tirer vengeance . La guerre fut allumée : guerre d’autant plus terrible que les maladies et les fièvres pernicieuses tuent régulièrement la moitié de nos soldats, et cela en 3 ou 4 heures . Ceux qui sont les moins maltraités, pour peu qu’ils aient passé un an au Sénégal ne ressemblent plus qu’à des squelettes recouverts d’une peau jaune. Leur sang appauvri est presque entièrement dépourvu de globules et tend à se réduire au sérum .


Nous avons un autre établissement sur la côte des Dents, beaucoup plus au Sud que Gorée : C’est Grand Bassam . Il y a un fort duquel on ne peut sortir sans courir le danger d’être mangé ! Il y a deux ans , les Bossmanns , tribu nègre avec laquelle nous sommes en guerre sur ce point , nous ont mangé huit soldats d’Infanterie de Marine. On n’a pas pu en avoir raison ; parce que sur 500 hommes partis en expédition , 300 sont morts, la plupart atteints de fièvres , quelques uns envasés dans les marais , enfin un petit nombre , frappés par des balles . Pour poursuivre les noirs jusque chez eux , il faudrait franchir des marais qu’eux seuls connaissent et au milieu desquels on trouverait infailliblement une mort épouvantable . Ensuite il faudrait 20 fois plus de monde qu’il n’en est nécessaire pour être les plus forts, parce qu’il faudrait faire la part des fièvres . Enfin il faudrait avoir des sapeurs qui fraieraient un chemin au corps expéditionnaire à travers les forets vierges qu’habitent les Bossmans ; et encore , ne faudrait il pas espérer d’avancer de plus de cinq à six mêtres par heure.


On avait songé à mettre le feu à leurs forets mais elles sont exclusivement formées de ‘’ Palétuviers ‘’ arbres très verts , très humides et par suite incombustibles , dont les branches retombant comme celles d’un saule -pleureur , reprennent racine en terre et fournissent de nouvelles souches . Outre ces obstacles–là , quelques rois nègres possèdent une grande quantité de soldats. Je citerai par exemple , le roi du Dahomey , qui peut conduire au combat, 10 000 guerriers.



On est obligé d’admettre dans l’Infanterie de Marine les noirs qui nous sont alliés , parce qu’ils résistent aux maladies du pays . Ce sont de mauvais soldats *. Mais voici une anecdote qui prouve que le naturel revient toujours :


Note d’Henri Goybet

  • Les troupes de noirs Americains du Général Mariano Goybet étaient de redoutables combattants plein de bravoure .



Il y a chez les Bosmanns des fêtes à l’occasion . desquelles il est d’usage de manger un prisonnier de guerre. S’il n’y en a pas , on fait la guerre un peu avant pour avoir des prisonniers . Or il y a deux mois les Bossmanns se préparaient à célébrer cette fête pour la quelle ils engraissaient depuis longtemps un noir prisonnier appartenant à une des tribus voisines . La veille du sacrifice , le prisonnier s’évade et se réfugie au fort de Grand – Bassam , sachant bien que les Français n’autorisent pas l’Anthropophagie . En arrivant , il trouve le sergent de garde qui était un noir incorporé et promu dans la garnison française. Les Bossmanns poursuivaient le fuyard : ils arrivent à la porte du fort : le sergent leur demande ce qu’ils désirent , alors ils réclament leur prisonnier . Le sergent leur déclare qu’il ne peut le leur rendre qu’à la condition que le Roi des Bossmanns lui permettrait d’aller en manger sa part . On accède à sa demande , il livre le réfugié et le lendemain , il allait en uniforme de sergent d’infanterie de marine , manger sa part de la victime humaine.


Le fait fut connu ; le sergent passa au conseil de guerre et fut fusillé !


Il y a au fort de Grand-Bassam, un interprète noir qui a fait ses études au collège Charlemagne à Paris . Il est fils du Roi d’une des tribus nègres. Quand il revint dans son pays, il était vétu à la Française , en bottes vernies , gants beurre-frais , habit noir et chapeau de soie. Sitôt que son père l’aperçut ainsi transformé , il lui sauta au cou….pour l’étrangler , puis se ravisa et se mit à le rosser d’importance en lui mettant tous ses vètements en lambeaux . Quand il l’eut mis complètement nu , il le pria de conserver désormais ce costume qui était celui de ses pères . Il espérait bien, disait-il , que la leçon suffirait et qu’il ne se retrouverait plus dans la pénible occasion de lui renouveler ses conseils paternels .


Maintenant notre Dandy Parisien se nourrit de couscous et ne fait de dettes , ni chez son tailleur, ni chez son chapelier, ni chez son chemisier, ni chez son coiffeur moëlleusement étendu sur une natte , toujours dans le costume de ses pères . Il lit le Moniteur auquel il est abonné , fume son cigare, prend son ou plutot ses verres d’absinthe , tout musulman qu’il est , et attend que son père qui a tant pris à cœur de lui inculquer les bons principes, veuille bien lui céder la place.


Les noirs ont presque tous des fusils , mais ce sont d’anciens fusils à silex. Leur poudre ne vaut rien, en sorte que dans leurs mains c’est une arme peu redoutable , d’autant mieux qu’ils ont l’habitude de détourner la tête en tirant , et de prier le hasard de vouloir bien se charger de conduire le projectile à destination. Ils sont aussi armés de sagaîes , lances plus ou moins longues , suivant qu’elles sont destinées à être lancées comme un javelot ou à servir dans un combat corps à corps . Leurs poignards sont très larges et faits avec une feuille de métal très mince . Il y a des formes de manches et de gaines tellement variées qu’on ne peut songer à les décrire toutes. J’en ai dessiné quelques unes ; cela suffira pour donner une idée exacte de leurs diverses armes .


La Jeanne d’Arc fait souvent des croisières dans le Sud . Le Commandant supérieur tient à voir ce qui se passe à Grand-Bassam, au Gabon et au Congo. Je plains sincèrement ceux qui sont embarqués sur ce navire . La frégate passe des deux ou trois mois au mouillage près des côtes : on ne peut pas descendre à terre ., on ne trouve aucune provision : tellement que pour une galette de biscuit , les naturels vous donnent des Sagaîes , des poignards , des nattes, etc …. J’ai vu à bord de cette frégate des fétiches provenant du Congo et j’en ai pris les croquis. Ce sont des divinités en bois ou en ivoire aux quelles les artistes nègres se sont efforcés de donner des formes aussi humaines que possible..

……………….


Le 17 à 4 Heures du Matin, on mettait aux postes d’appareillage , et laissant Gorée derrière nous , nous faisions route pour le Cap de Bonne Esperance.






UN THEATRE A BORD





On était encore à bord de la Saône , sous l’impression de la fête de la Ligne, et tous les esprits étaient tournés à la Gaïté Il était bon de conserver cette disposition générale pour tenir à l’écart l’ennui, d’où procède la démoralisation, source féconde de maladie


Il vint à l’idée d’improviser un théâtre ; pour cela, il fallait d’abord un théâtre ;, ensuite des artistes , puis des pièces de théâtre et enfin des costumes La chose n’était pas aisée ; cependant on parvint , avec les ressources du bord à satisfaire à toutes les exigences de la circonstance Je me chargeai pour mon compte des fonctions de Machiniste -Décorateur ; un lieutenant d’Infanterie de Marine se chargea de recruter et diriger les artistes ; chacun vint offrir les pièces de théâtre qu’il possédait Enfin les tailleurs du régiment convertirent en robes des rideaux de dames, des tapis de table et des housses de meubles que l’on sacrifie avec une générosité digne d’èloges car chacun comprit l’utilité de l’œuvre que l’on entreprenait On décide qu’il fallait être en état de donner une représentation le dimanche suivant On était déjà au Jeudi ; ce fut une question d’amour propre pour ceux qui s’en étaient chargé : on se mit à l’œuvre .


Le Directeur des artistes engagea plusieurs sous-officiers intelligents et leur fit de suite répéter la Corde Sensible .


Les tailleurs coupèrent rideaux, housses et tapis et, ajustant les débris, firent deux robes à volants, l’une en damas rouge , l’autre en Perse . On fit avec de la toile à voile deux jupons qui s’intitulèrent pompeusement ‘’ malakoffs’’, sous prétexte qu’ils étaient garnis de cercles de barriques . On arracha les entrailles à un coussin bourré de crin pour en faire des moustaches et des favoris ; on fit encore de l’étoupe , des hanches, des mollets , des formes de toute espèce ; le papier blanc se transforme sous les ciseaux en cols plats et manchettes pour femmes , en faux cols pour hommes , etc…. On devait trouver dans l’Etat-Major des bas blancs et des escarpins pour des dames , des vêtements bourgeois assortis pour ces messieurs . Quant au reste , la toile à voile peinte et taillée de toutes les façons, dut se charger de faire des costumes de paillasses, des dominos, des habits de mousquetaires , etc…..

Il ne s’agissait plus que de construire le thêâtre . Quatre montants en bois, plaçés verticalement sur le gaillard d’arrière à tribord, marqueront les quatre coins du théatre . Le fond sera formé par une toile que je peindrai un jour que j’en aurai le temps. Les coulisses seront faites avec des pavillons drapés de manière à faire des portes , des fenêtres , des cloisons ou des rideaux , suivant les besoins de la pièce . La facade se composera de trois bandes de toile peinte comme l’indique le dessin . Le rideau représentera un tableau quelconque et portera, sur une banderole, le quatrain suivant, composé à cet effet :


O vous qu’un Saint devoir appelle loin de France ! Soldats et matelots, au sein de la souffrance, Rappellez–vous toujours que seule la Gaïté, soutenant le moral , entretient la santé

Bord de la Saône Mars 1858 A.T.



Enfin pour la toiture, un grand pavillon de natio fera l’affaire . Pour faire le plancher , on alignera les tables de l’équipage sur un plan de barriques reposant sur leurs bases. Le dessous du plancher sera caché par une devanture de pavillons. La boite du souffleur sera faite avec des cercles de barrique recouverts d’étamine . A gauche du théatre une large fenêtre donnera sur la mer ., à droite deux portes suffiront aux exigences de toutes les pièces .

Les montants en Bois sont prêts ; le rideau est coupé et muni de tous les accessoires nécessaires pour le lever et le laisser tomber. Le bas est garni de ‘’Biscafens’’ qui en faciliteront la chute. La toile de fond est coupée et installée ; la façade peinte et ajustée nous avons donc tout ce qu’il nous faut .


Le Dimanche est arrivé ; sitôt après la messe , la charpente se dresse ; les barriques montent de la cale et les tables du fau-pont . Les Gabiers amarrent les toiles sur les filières . Les timoniers et voiliers installent les pavillons, portes à droite, fenêtre à gauche . On fait tomber le rideau ; on place sur la scène une table et des chaises . Des sièges sont disposés devant le thèâtre pour l’Etat Major ; les acteurs sont habillés et sont prêts d ans les coulisses . Les bastingages, les haubans, tous les abords du théâtre sont occupés par une foule compacte de curieux , depuis 10 Heures du matin, heure à la quelle on a accroché à la cheminée l’affiche du spectacle . Les musiciens sont à leur places et accordent leurs instruments . Enfin le Commandant, le lieutenant chargé et le Colonel arrivent avec tout l’Etat Major : L’Orchestre fait entendre l‘ouverture . En même temps que 2 Heures sonnent, les 3 coups du régisseur retentissent . Le rideau se lève ……


Mimi et Zizine apparaissent gracieuses et coquettes , causant avec autant d’aisance et de familliarité que si elles étaient chez elles . Ensuite viennent deux messieurs : Tamerlan et Califourchon l’un pimpant et déluré, l’autre timide et comique au possible . Il faut vous dire que Tamerlan…..Ah ! mais vous connaissez peut être la corde sensible ? oui , oui, c’est probable. Je me contenterai donc de vous dire que l’illusion était complète . Les acteurs remplissaient leurs rôles avec une aisance , une finesse et un gout qu’on espérait pas trouver dans des jeunes gens complètement étrangers à cette sorte d’exercice.


Rien n’était plus pittoresque que les vives couleurs des pavillons éclairés par le soleil . Il était difficile de contenir les éclats de sa gaité en voyant ces jeunes ingénues que leurs robes de damas à grandes fleurs faisaient ressembler à des tentures vivantes . Les burlesques perruques sous lesquelles leurs têtes disparaissaient presque entièrement ne contribuaient pas peu à rendre la scène comique. Au moins n’allez pas vous figurer des têtes à moustaches sortant des corsages des femmes . Loin de là ! Imaginez vous au contraire deux gracieuses figures sans un poil de barbe . Figurez vous des minauderies et des allures d’une vérité surprenante . Figurez vous aussi, au milieu de la sçène la plus pathétique un coup de roulis chavirant tables et chaises , voyez les acteurs s’ accrochant d’une main aux coulisses et gesticulant de l’autre , sans perdre contenance , jusqu’à ce que le navire ait retrouvé son équilibre.



Les matelots se sont piqués d’amour-propre et ont voulu former aussi une troupe . Ils alternent avec la troupe des soldats passagers et nous procurent aussi de bons moments de gaïté .

Depuis on donne une représentation tous les Jeudis et tous les Dimanche de 2H a 4 H de l’après-midi

Le soir, l’orchestre fait danser l’équipage après le branlebas, jusqu’à ce que la fatigue entraîne les plus intrépides dans leur hamac.


Et l’équipage est gai ; et l’équipage est bien portant . Il est un fait curieux : ce n’est pas que je veuille lui assigner le théâtre comme cause unique et directe , mais je le constaterai et on fera ce que l’on voudra : De Brest à la ligne , nous avons perdu 4 hommes , dont deux emportés par les fièvres , depuis le 27 Mars c'est-à-dire depuis la fête de la ligne et l’établissement du théatre , non seulement nous n’avons plus eu de pareilles pertes à déplorer, mais encore les chirurgiens n’ont plus eu de maladies sérieuses à soigner. A notre arrivée à Bourbon, nos acteurs fait assez de Progrès pour pouvoir donner sur le théâtre de St Denis , une représentation au bénéfice de la maison des orphelins et des indigents de cette ville .


………………………


Compte Rendu de notre représentation par ‘’ Le Moniteur’’ de l’île de la réunion .


Mardi, 1er Juin 1858.


La plus complète réussite a couronné l’entreprise des braves militaires qui avaient organisé une représentation théâtrale au profit des pauvres de notre ville Nous sommes heureux et fiers d’enregistrer ce succès , d’abord pour en rapporter tout l’honneur aux louables auteurs de cette bonne action , ensuite pour remercier la société locale de l’empressement avec lequel elle a répondu à un si généreux appel


………..


Pour saisir ce qu’il y a de noble et touchant dans la conduite des sous-officiers de la Saône , envisageons un instant leur position . Ils sont soldats : l’ambition de la gloire ou la loi de l’Etat les a appelés sous les armes ; défenseurs de la patrie , leur vie , leur liberté lui appartiennent . Un jour à sa voix , ils ont tout quitté, sol natal, famille, amis, pour aller soutenir au loin, bien loin l’honneur de la France, combattre et triompher pour elle , ou mourir sur la terre étrangère . Un relâche du bâtiment qui les transporte au théatre de la guerre leur permet de descendre sur une terre Française . Quelle est leur première pensée ? C’est de marquer leur passage par un bienfait . Alors ils oublient tout, et les regrets de la patrie absente, et la perspective des combats où ils peuvent trouver la mort ; futurs acteurs d’un drame terrible , celui de la guerre, ils préludent à cette lugubre comédie par des scènes de vaudevilles, où ils soulèvent l’hilarité de l’assemblée . Et puis la recette , la recette prix de leur peine, de leurs efforts, de leur générosité, ils vont la porter aux pauvres !


Quant au talent de comédien qu’ont déployé la plupart d’entre eux, nous nous en étonnons pas. Aujourd’hui le théâtre est le plaisir favori du soldat français , on le sait, s’est surtout révélée en Crimée. . Entre deux combats, les vainqueurs de Sebastopol jouaient un ou plusieurs vaudevilles . Souvent la pièce commençée sous les feux de la rampe finissait sous ceux de l’ennemi , et l’acteur terminait son couplet en chargeant les Russes . Alors la scène changeait soudain : le théâtre , c’était le champ de bataille ; les acteurs , c’étaient les deux armées en présence ; la voix des canons tenait lieu d’orchestre, et les plaintes lamentables des mourants , les blasphèmes des vaincus ., les hourras des vainqueurs formaient un sublime concert .


Ce qui nous a particulièrement amusé au spectacle de mardi , c’étaient les deux rôles de femmes . Nous avons beaucoup aimé les figures rondes et joviales et les formes brusquement accusées de ces dames improvisées . Aussi chaque fois que les deux visages paraissaient en scène , c’étaient des rires inextinguibles , des applaudissements frénétiques qui, loin de les déconcerter leur faisait redoubler leurs mimiques comiques . Et pourquoi après tout, ces braves militaires en jupons, si toutefois jupons il y avait , se seraient ils déconcertés ?


N’ont-ils pas eu pour eux l’exemple du plus ancien , du plus ancêtre de tous les héros ? Le grand Alcide pour plaire à sa maitresse Omphale , prenait des habits de femme et filait à ses cotés . Eux ils ont pris la coiffe et la robe pour une déesse plus belle cent fois et plus aimable qu’Omphale , pour l’amour de la Charité .


T.L.


Tout fut pour le mieux , la recette dépassa les plus fortes qu’on ait jamais faites sur ce théâtre. Il y avait plus de spectateurs que de places . Tout le monde , je crois, fut satisfait , et personne ne regretta sa soirée .


Après la soirée , les acteurs furent réunis à un souper splendide, où ils purent se dédommager amplement des privations qu’ils avaient souffert pendant trois mois de traversée !

On a ouvert à bord une souscription pour acheter des costumes et des pîèces de théâtre . Maintenant nous sommes bien montés.


La Saône peut reprendre la mer .


………………………………….





SINGAPOUR



La Saône était mouillée à environ deux mille de Singapour , aussi la ville était elle preque entièrement cachée par l’énorme quantité de navires qui peuplaient la rade. La côte entoure la rade circulairement et n’offre qu’une solution de continuité du côté de la Chine ; c’est l’entrée de la rade pour les navires venant de Chine. Il y a une entrée pour les navires venant des indes. La terre est peu élevée de tous côtés . Partout la végétation est excessivement riche et pittoresque . Lorsqu’on s’approche de Singapour pour descendre à terre on voit une côte plate et verte sur la quelle à quelque distance du rivage , on remarque plusieurs monuments alignés et séparés les uns des autres par de charmants bouquets d’arbres . La Colline du Gouverneur avec son mât de pavillon domine toute la ville.

………….

Je m’en vais voir la ville afin de pouvoir dire quelle tournure elle a !

Me voilà à l’entrée de la petite rivière qui sert de port aux embarcations . J’accoste à gauche , je saute à terre , j’enfonce dans la vase , et après avoir monté 7 ou 8 marches humides en pierre grisâtre , je suis sur le quai devant chez Mr Wampo. Toutes les maisons qui bordent le quai ont au rez-de-chaussée des arcades basses dont les piliers carrés sont en plàtre blanchi. Les magasins qui sont sous ces arcades sont étroits , nauséabons, sales et mal éclairés . Des milliers de Chinois et de gens de couleur se bousculent , marchent , courent , stationnent : tous ont l’air affairé . Chinois, Malais, coolies, Bengalis, Malabars, parias, Clings, tous ces gens presque nus remplissent les rues de leurs personnes et de leur odeur caractéristique. Passez devant 5 ou 6 magasins : vous sentirez alternativement la marée, le poisson salé, la résine, l’encens, la viande de boucherie échauffée, l’opium, la vase, le patchouli, etc…

………….


Le pays il faut le reconnaître est fort beau et la végétation y est admirable. A neuf milles seulement de Singapour, du côté de Bouquétine, on peut aller voir une foret vierge. Dans les environ de Singapour , on trouve une assez grande quantité de tigres qui viennent de la presqu’ile de Malacca et passent le détroit à la nage. On dit qu’il y a 400 chinois en moyenne mangés par les tigres chaque année . On a creusé dans les endroits fréquentés par les tigres des fosses couvertes par une bascule sur laquelle on place des quartiers de Bœuf . Quand le tigre, attiré par l’appat, vient sur la bascule , il est précipité dans la fosse et tombe sur des pieux pointus plantés dans le fond . Lors même qu(il ne se blesserait pas dans cette chute, il lui serait impossible de sortir de cette fosse. Il est aux mains de l’ennemi. Dernièrement on a trouvé un Boa Constrictor qui était tombé dans un de ces pièges On a pu s’en rendre maître et maintenant, il n’existe plus de lui que sa peau Les reptiles sont nombreux dans ces contrées On en compte 40 espèces dont 2 venimeuses . Les buffles sont nombreux dans le pays . On les emploie comme les bœufs à traîner les charrettes. On leur perce la cloison qui sépare les deux narines, et on passe dans ce trou une corde qui sert à les diriger. Les seuls chevaux que l’on trouve à Singapour , sont les poneys de Betavis, petits chevaux très rapides , supportant bien une course au soleil, mais ayant peu de force, et ne pouvant pas faire de longues courses sans se reposer. Les voitures appelées Palanquins sont empreintes d’un cachet particulier et ont quelque analogie avec nos tapissières ; seulement elles sont plus petites et possèdent des glaces qui peuvent les fermer complètement.


Dans tous les environ de Singapour on rencontre une grande quantité de palmistes, de cocotiers, de bananiers et de muscadiers. La muscade, le poivre, le gingembre sont l’objet d’un commerce très actif d’exportation. Le figuier des Banyans y est aussi très commun et le palétuvier croît partout ou il trouve de l’eau.


Quand on veut avoir une idée exacte de Singapour, il faut monter au sommet de la colline du Gouverneur. De là on aperçoit la rade avec ses deux entrées et ses baies. On voit à vol d’oiseau la ville coupée ça et là par de nombreux ruisseaux et enfin on distingue tout l’intérieur du pays. C’est une vue délicieuse que je regrette bien de n’avoir pas pu dessiner.


………………………..



HONG-KONG






Nous partîmes de Singapour par très beau temps et au large, nous trouvâmes une petite brise favorable. La traversée ne présenta absolument aucun incident intéressant . Sur le pont les trois quart de nos hommes coiffés de chapeaux Chinois continuent à faire passer le temps en jouant aux cartes. Ils jouent surtout à la ‘’drogue’’ . Ce jeu consiste à infliger sur le nez du perdant un certain nombre de coups de carte , en rapport avec les circonstances atténuantes ou aggravantes de la défaite .

Au bout de 14 jours , on aperçut la terre qui fut signalée le 3 Aout au jour. Un pilote Chinois vint nous prendre et nous entra dans une baie excessivement encaissée et parfaitement fermée . C’est sur cette baie qu’est bâtie la jolie ville de Hong-Kong .


L’ Amiral n’est pas à Hong –Kong ; nous n’allons donc pas encore savoir notre sort tout de suite , mais au moins nous sommes rendus à destination , et nous ne tarderons pas à prendre, nous aussi, une part active à la guerre.


La côte qui semble former de tous cotés la rade de Hong kong , est très élevée et très aride. La ville qui est située en amphithèâtre sur le penchant d’une haute montagne , est très pittoresque . Elle offre à la vue des maisons très coquettes et d’une blancheur éclatante. A droite, les cases des chinois contrastent singulièrement par leur simplicité et leur apparence de misère avec le bien être et la fraicheur que respirent les maisons des colons Anglais.


Hong-Kong est sans contredit l’endroit de la chine ou l’on éprouve les plus fortes chaleurs. La rade étant comme je l’ai dit fermée de toute parts par de hautes montagnes, l’air n’y circule que difficilement d’où il résulte que le séjour de la rade et de la ville est extrèmement malsain. .


La première chose qui nous frappe sur la rade , fut la quantité de bateaux chinois appelés sampans, jonques et tancas , qui la parcourent en tous sens et qui servent de maison chacun à une famille. Les chinoises jeunes ou vieilles rament ou manient la gaffe comme le premier batelier venu. Leur costume est le même que celui des hommes , à cette différence près que ceux-ci quittent souvent leur vareuse et ont leur torse nu.


Lorsqu’on descend à terre, on accoste au pied d’une chaussée sur laquelle on arrive en montant quelques marches baignées par la mer. On aperçoit alors devant soi une large allée formée par de belles maisons et terminée par un massif d’arbres . Au bout de cette allée , l’œil découvre , au dessus des arbres des hautes montagnes semées jusqu’à une certaine hauteur d’une foule d’habitations éparses ça et là . Donnez vous la peine d’aller jusqu’au bout de l’allée , tournez à droite, et vous vous trouverez dans la plus belle partie de la plus belle rue du plus beau quartier de Hong-Kong : Je veux dire Queen’s Road .


De superbes maisons ornées de balcons que soutiennent des galeries à colonnades et qu’ombragent des arbres pleins de fraîcheur ; de vastes trottoirs sous les galeries ; des grilles dont les barreaux d’un noir poli ressortent sur la blancheur des murailles ; les noms des maisons de commerce traçés en lettres dorées sur des écriteaux vernis en noir ; la propreté et le luxe extérieur , tout rappelle les Arcades de la rue de Rivoli ou les galeries du Palais Royal..


Seulement les Dandis Parisiens sont remplaçés par des chinois coiffés de chapeaux de paille coniques et gigantesques , vêtus pour la plupart de haillons et remorquant tous sans exception cette longue natte de cheveux , reste unique de leur chevelure rasée , et dont la mode fut imposée par un usurpateur Tartare (1) . Les brillants équipages de la capitale sont remplaçés par des Palanquins à bras que deux ou quatre chinois enlèvent au trot . Quand aux graçieuses et élégantes promeneuses parisiennes , il est inutile de dire qu’elles ne sont pas remplaçées du tout. De loin en loin une chinoise qu’on ne peut qu’avec peine distinguer d’un Chinois vu l’uniformité des vêtements .


Le costume des Chinois pour les deux sexes se compose d’une vareuse bleue ou blanche d’étoffe qui descend un peu moins bas que la cheville . Beaucoup d’entre eux suppriment la vareuse et n’ont qu’un pantalon pour tout vêtement . Cest un spectacle original je l’avoue mais peu gracieux que celui de la foule qui circule.



(1) La famille régnante actuelle en Chine qui appartient à la race des Tartares Mandchoux de l’Ouest , détrône , dans la première moitié du 17ème siècle , la famille royale qui appartenait à la race des Tartares Mogols de l’Est , chez lesquels on portait tous les cheveux. L’usurpateur imposa à ses sujets l’obligation de se raser une partie de la tête , et de ne conserver que la longue natte . Il ordonna aussi que les femmes portassent le pantalon . On ne se soumit qu’avec peine à ces mesures . Mais quelques bastonnades et quelques décapitations réduisirent les sujets à l’obéissance . Maintenant un chinois tient à sa natte vulgairement appelée ‘’queue’’ autant qu’à sa vie , et il est actuellement pour eux aussi déshonorant de la perdre , que ce l’était autrefois pour les Mérovingiens, de perdre leur chevelure .

…………………..


Voyez un peu quelle activité règne dans la ville : il y a 7 ou 8 ans Hong-Kong n’était rien ; maintenant c’est une ville qui compte un grand nombre d’habitants et qui est le premier entrepôt commercial de la Chine gràce à l’importance que lui ont donné les divisions anglaises et françaises qui parcourent depuis quelques années les mers de Chine. Trois vieux vaisseaux anglais passés à l’état de pontons servent de magasins et de casernes . Des vapeurs en fer américains , anglais et français entrent et sortent continuellement. Tout enfin indique dans ce port l’activité et la vie d’une colonie naissante.

Quand nous arrivâmes à Hong-Kong , il n’y avait que deux navires de guerre Français : la Dordogne , gabarre mixte , et le petit vapeur le Lilly frêté par des français . Nous apprîmes que la Dordogne allait appareiller le plus tôt possible pour aller à Manille chercher des troupes espagnoles, et notre commandant recut des instructions par lesquelles l’Amiral lui enjoignait de se rendre en toute hâte au rendez-vous qu’il lui indiquait .



Le 6 au soir, on nous prévint que l’on appareillerait le lendemain le 7 à 7 heures du matin. je fus à terre avec une baleinière pour amener à bord Monseigneur Pellerin et les missionnaires de sa suite . En revenant je demandai à Monseigneur s’il savait ou nous allions ‘ Maontenant’ me dit il ‘qu’il n’y aura plus de communication avec la terre , je puis vous dire : nous allons à Yu-Lin-Kan petite baie située dans la partie méridionale de l’ile d’ Haînan . Les autres navires vont nous rejoindre là . L’Amiral a du quitter Shang-Hai hier à la remorque du Phlégéton et quand toute la division sera réunie , on se disposera à l’expédition de Tourane .’

Nous arrivâmes à bord : la cheminée vomissait des tourbillons de fumée et la vapeur nous annonçait en sifflant , qu’on avait de la pression . On garnit le cabestan ; un instant après nous étions dérapés et nous faisions route pour Yu-Lin-Khan.





LA MISSION DE COCHINCHINE ET LES MOTIFS DE L’EXPEDITION DE TOURANE





Sitôt que la Saône fut hors de la passe de Hong- kong , on quitte les postes d’appareillage et tout l’Etat major envahissant la dunette, se presse autour de Monseigneur Pellerin et de ses missionnaires pour avoir des détails sur la nature du pays, sur Tourane , sur la force militaire des Cochinchinois , etc……


Trois missionnaires, les pères Legrand, Reynaud et Robert, ainsi que 7 néophites cochinchinois accompagnaient Monseigneur qui est en Cochinchine depuis 15 ans et parle admirablement la langue du pays.


Il ne sera pas déplacé de parler un peu ici des persécutions que nos missionnaires ont à subir en Cochinchine , Puissé-je en divulguant les misères qu’ils supportent avec tant d’héroïsme et qu’on ne connaîtrait jamais s’il n’y avait qu’eux pour parler , puissé-je , en divulguant les misères qu’ils supportent avec tant d’héroïsme et qu’on ne connaîtrait jamais s’il n’y avait qu’eux pour en parler , puissé-je leur faire payer le juste tribut d’admiration dû à leur dévouement et à leur évangélique modestie !


Les lois Cochinchinoises défendent sous peine de mort aux missionnaires européens de s’introduire dans aucune partie de l’Empire Annamite . L’Empire Annamite ou d’Annam formé par la réunion de la Cochinchine et du Tong-king , est gouverné par un Empereur qui réside à Hué , capitale de la Cochinchine Hué est à environ 20 lieues de Tourane . Donc tous les missionnaires qui consentent à aller prêcher l’Evangile en Cochinchine , s’exposent volontairement à la peine capitale qu’ils ne peuvent éviter qu’en se cachant le jour tandis qu’ils officient et prêchent la nuit dans des chapelles souterraines où leurs adeptes se réunissent comme autrefois les chrétiens pour célébrer la messe du temps des persécutions des empereurs romains . De plus tout Cochinchinois ‘’ soupçonné ‘’ d’être chrétien ou d’écouter les exhortations des missionnaires a le cou coupé sans procès ni enquête .


Voilà dans quelles conditions sont plaçés tous les membres de la mission en Cochinchine : C’est déjà peu réjouissant et, il faut le dire, peu encourageant Ajoutez à cela une police active constamment aux aguets pour découvrir tout ce qui peut avoir avoir l’air catholique ; quelques espions qui, sous prétexte de se convertir vont écouter les sermons secrets et dévoilent les noms des néophytes ainsi que les lieux de réunion , vous aurez une idée des dangers qui, à chaque heure du jour et de la nuit , menacent les missionnaires Eh bien malgré cela, on trouve des éclésiastiques qui acceptent cette mission et poursuivent leur œuvre sans cesse ni repos jusqu’au bout de l’existence Traqués comme des bêtes fauves ; obligés de fuir la nuit à travers des pays sauvages et inconnus , se cachant le jour dans des broussailles et des ravins ; manquant de vêtements ; souffrant de la faim et de la soif ; dénués de toute ressource ; s’attendant à chaque instant à être arrêtés et à subir les tortures de la Cangue, du feu et du bâton ainsi que les humiliations les plus poignantes , ils vont prêchant par leur chemin l’amour du prochain , le pardon des injures et la résignation et la volonté de Dieu . Puis ils reprennent leurs courses nocturnes sous le coup d’un danger toujours imminant et c’est ainsi que chaque jour se passe , leur apportant sans cesse de nouvelles inquiétudes , de nouvelles souffrances toujours, toujours ; jusqu’à ce qu’il succombent épuisés de fatigue, de faim et de soif , ou que le fer du bourreau imprime leur nom sur la liste des martyrs en mettant fin à leur existence au milieu des tortures les plus effroyables .


Tout ces détails nous étaient donnés par Monseigneur Pellerin et ses missionnaires , mais on ne saurait imaginer avec quelle simplicité et quelle modestie ils répondaient aux questions . Tout cela leur semblait parfaitement naturel et ils n’avaient pas même l’air de soupçonner qu’on pût leur trouver du mérite . Ecoutez les et jugez .


……………………….


Les mauvais traitements infligés à nos missionnaires et en général à nos nationaux devaient un jour ou l’autre attirer la colère de la France . Ces motifs joints à des griefs d’une autre espèce mais également graves , sont ceux qui ont décidé l’expédition que l’on prépare. Remontons en arrière de quelques années et examinons rapidement les relations que , jusqu'à ce jour, nous avons eues avec la Cochinchine.


En 1831, la corvette la Favorite, commandée par Mr Laplace alors capitaine de vaisseau, vint à Tourane . Il eut quelques conférences amicales et semi-officielles avec les autorités du pays , au sujet des relations commerciales qu’il serait possible d’établir entre la France et la Cochinchine.

En 1842, l’héroîne vint également à Tourane réclamer 5 missionnaires français que l’on retenait depuis 18 mois dans les prisons de Hué .


En 1845, l’Almène vint réclamer Monseigneur Lefevre qui était à son tour prisonnier à Hué ; On rendit la liberté au prélat qui, quelque temps après rentre en Cochinchine pour poursuive sa mission.


Ce fut en 1847 que commencèrent les premières hostilités.



Voici les faits relatés par D. de Jancigny

‘’Craignant pour un de nos vicaires apostoliques , arreté par les Cochinchinois , la corvette La Victorieuse fut expédiée à Tourane avec une lettre du Commandant Lapierre pour le gouvernement Cochinchinois exigeant la mise en liberté de l’Evèque missionnaire et de plus demandant la liberté du culte. Pour les chrétiens dans tout l’empire.

Pendant toute l’entrevue avec le préfet , on remarquait de la frégate un très grand mouvement de troupes . Il en arrivait de tous cotés . Enfin le Commandant apprit qu’on avait l’intention de faire un massacre général des Français à la grande entrevue qui devait avoir lieu. Six galères venaient d’être armées et à bord du ‘’ bateau aux voiles’’ on trouva tout le plan de l’attaque . l’aide de Camp du commandant Lapierre fut immédiatement expédié à terre pour prévenir les autorités que ‘’ dans le cas ou un seul bateau armé sortirait de la rivière, les navires feraient immédiatement feu ! L’Amiral Cochinchinois répondit que nous n’avions pas d’ordres à lui donner, que la rade ne nous appartenait pas , qu’il était libre de faire et qu’il ferait ce que bon lui semblerait.



L’aide de Camp trouva les Cochinchinois occupés à démolir les maisons qui masquaient le feu de leurs batteries de terre : et malgré l’avertissement donné , deux galères sortirent dans la nuit par une fausse passe. ‘’ le 13 Avril à 11 Heures , le signal de combat fut hissé à bord de la Gloire et la frégate et la Victorieuse ouvrirent un feu bien nourri ‘’ et surtout bien ‘’dirigé’’ sur les pauvres corvettes cochinchinoises aux cris de ‘’vive le roi’’ . Une demi heure après l’une des corvettes fut incendiée par un obus et sauta avec tout son équipage .. Quelques minutes plus tard , une autre coula en chavirant . Enfin au bout d’une heure les trois autres , dont une à moitié coulée , furent incendièes par les embarcations de nos navires . La marine cochinchinoise venait d’être anéantie ; un millier de cochinchinois avaient perdu la vie dans cette lutte inégale. !..... ‘’


Les deux bâtiments appareillèrent alors laissant sur la plage une lettre dans laquelle le Commandant Lapierre prévenait le gouvernement de Hué qu’il était obligé de partir parce qu’il avait affaire autre part mais que le dernier mot n’était pas dit et qu’il reviendrait . Il ne put tenir sa promesse parce que ses deux bâtiment se perdirent . De retour en France , il reste 4 Ans sans commandement et ce n’est qu’en 1851 que l’Empereur l’ayant vu à Toulon, le félicite sur sa conduite à Tourane , et, pour réparer l’injustice oubli dans lequel on l’avait laissé, lui envoya le lendemain même son brevet de Contre-Amiral.



En 1857 , le Catinat , ayant à son bord Mr Montigny, ministre plénipotentiaire de France , vint à Tourane porter de la part du gouvernement Français une proposition de traité de commerce La lettre fut portée à terre : personne ne voulut se charger de la faire parvenir On la disposa sur la plage en prévenant que si dans deux heures on ne l’avait pas prise, on allait entamer un autre genre de négociations à coups de canons Au bout de deux heures , la lettre était à la même place ; un nuage de fumée s’échappe du flanc du navire et une grêle de boulets met les forts sans dessus dessous Alors le Catinat lève son ancre et s’en va tranquillement


Il fallait enfin chatier d’une manière exemplaire ‘’ l’insolence’’ et les bravades du gouvernement Cochinchinois. C’est à cet effet que les bâtiments de la division devaient se réunir à Yu-lin-kan, pour marcher de là sur Touranne .



En mars 57, Monseigneur Pellerin partit de Hong-Kong pour aller en France parler à l’Empereur. Il lui rapporta les violences que subissaient chaque jour les sujets français et catholiques en Cochinchine. Il parle des ressources du pays , des avantages qu’il présentait comme végétation et position pour l’établissement d’une colonie . Enfin il se retira ayant donné à l’Empereur tous les renseignements que son long séjour en Cochinchine l’avait mis à même de recueillir . Il profite de son séjour en France pour se procurer toutes choses dont il manquait depuis si longtemps à sa mission. Le paquebot le débarque à Hong-kong où nous le primes à bord de la Saône avec ses missionnaires et ses néophytes annamites . Ces derniers avaient tous fait des études sérieuses et parlaient Latin avec ceux des missionnaires qui connaissaient la Cochinchine. Chacun alors rappela ses souvenirs classiques , et au bout de quelques jours on parlait Latin couramment…… je n’ai pas dit correctement !

Si nous n’avions pas étudié le Latin, nous n’aurions pas pu causer avec ces braves annamites qui nous ont donné plus d’un renseignement utile ou intéressant.


Je déclare ce jour d’hui , 8 Aout 1858 par 18°40’ Lat N. et 108°48’ Long E. , j’ai entendu la langue latine employée comme langue vivante . Elle était un peu mutilée et beaucoup défigurée mais elle était ma foi vivante, parfaitement vivante et juissait d’une santé qui lui permet d’espérer encore de longs siècles.



Notes d’henri Goybet

La Saone arrive à Yu Lin Khan, Le 14 Aout. le Chef d’Etat Major , Mr le Capitaine de Vaisseau Reynaud , qui commandait la Némisis vint à bord et affecte Alfred Theil à la frégate Amiral La Némisis.


Reprise du journal d’Alfred




LE THEATRE DES FOLIES NAUTIQUES : DERNIERE REPRESENTATION






C’était le 15 Aout ; la Saône devait donner une représentation extraordinaire à la Division. Le Némésis qui avait un théâtre jouerait seul et que l’Amiral nous enverrait sa musique . Je n’appartenais plus à la Saône , mais je voulais une dernière fois exiger mon théatre . Je retournai donc à bord de la Saône où j’offris mes services au lieutenant qui les accepta avec empressement .


Ordinairement on adossait notre thêâtre à la dunette en ne lui faisant occuper que la dernière du gaillard d’arrière . Ce jour là nous devions avoir un public nombreux ; il fallut donc aviser à autre chose . A bord des gabarres, la distance entre le grand-mât et le mât de misaine est énorme. On pousse les drômes en abord, on dégage le panneau de charge, et le théâtre fut adossé au mât de misaine , faisant face à l’arrière . De chaque côté du théatre une haie en verdure dans le prolongement de la façade laissait un portique qui permettait de passer derrière la scène. Des lanternes chinoises furent pendues en guirlandes ; tous les fameux du bord furent employés à l’illumination , et l’immense espace compris entre le mât de misaine et le grand mât , et les murailles de chaque bord fut garni de fauteuils , de chaises et de bancs . Les drômes servaient de sièges naturels en abord aussi bien que les bastingages.


Sept heures sonnèrent : il faut que dans une demi-heure tout soit prêt , ou bien il ne me reste qu’une ressource : celle de l’héroïque Watel. Et les lustres qui éclaireront la scène ? ils ne sont pas encore faits . ‘’ Qu’on m’appelle un charpentier ! allons ! plus vite que ça ! ‘’ . Il arrive , je lui donne mes instructions . Il redescend . Il n’y a plus que dix minutes et les lustres n’arrivent pas . Je me précipite en bas : J’empoigne un marteau : je cogne , je cloue, je m’écrase l’index . Les lustres sont finis ! Je fais évacuer la scène , j’amène le rideau et le directeur de la troupe se tournant vers moi, a prononçé la formule sacramentelle : ‘’ Quand vous serez prêt . ‘’


Aussitôt la musique , mais une vrai musique, un vrai orchestre joue l’ouverture . Une nuée d’invités se répand soudain sur le pont, sortant de tous les panneaux . Le Chef d’Etat-Major ( l’Amiral était souffrant , il ne put assister à la représentation ) ., le chirurgien en principal , le Colonel, les Commandants des navires prennent leurs places , 150 officiers se répartissent sur les sièges derrière cette galerie d’autorités . 1200 à 1500 matelots , se précipitant sur les drômes, sur les bastingages, dans les haubans et jusque dans la grand-hune. Ils s’asseyent, se hissent , se perchent , se suspendent partout où ils peuvent appuyer un pied ou accrocher une main. Le spectacle commence.


Le plus beau spectacle, pour moi était celui de l’aspect général : le soleil était couché depuis longtemps . Le champ de Mars ne m’a jamais paru si grand en plein soleil , que cet amphithéâtre éclairé au centre et dont les contours , formés par une ceinture d’un millier et demi de matelots , allaient, par des teintes décroissantes , se perdre dans l’immensité des ténèbres nocturnes . Joignez à ce tableau, l’impression produite par un orchestre après une traversée de six mois pendant laquelle on n’ a eu pour toute musique que le sifflement du vent dans les cordages , le mugissement des vagues autour du bord et le craquement de la charpente du navire , ajoutez encore le souvenir des bals et des théâtres dont on jouissait au milieu de la famille sur le sol de la patrie , souvenir que cette fête rappelait inévitablement, et, si vous avez fait des voyages lointains ou de longues absences, séparé de votre famille et de votre pays, vous comprendrez quel délicieux moment d’extase j’ai du éprouver dans cette soirée .


A onze heures et demi le spectacle se terminait, les officiers prièrent les nombreux invités de vouloir bien venir dans leur carré prendre quelques rafraîchissements avant de partir . En entrant sous la dunette , nous vîmes une longue table recouverte d’une nappe et surchargée de bouteilles et de verres . Elle était acculée au fond de la salle et ne laissait entre elle et la muraille que l’intervalle nécessaire à la circulation du maître - d’hôtel et des domestiques .



Notre entrée fut saluée par une bruyante explosion de bouteilles de champagne et les verres remplis furent vidés en un clin d’œil, à la santé de l’Empereur des Français . Remplis une seconde fois , ils furent vidés aussi rapidement à la santé de l’Impératrice . Ensuite à la santé du Prince Impérial, ensuite à la santé de la princesse Mathilde , ensuite à la santé de l’Amiral. Soudain on vit s’élever la gigantesque flamme d’un océan de Punch , qui ravivant le patriotisme français , donne les forces nécessaires pour vider force petits verres de vieux Rhum de la Jamaîque à la santé des divers ministres de la France . Pour refaire les estomacs on fit circuler un bordeaux et pour être sur d’avoir de l’appétit le lendemain matin à déjeuner, on termina par le Madère.


Sur quoi on fit accoster les embarcations et chacun se retira de son côté, ébloui de la générosité et de la magnificence qu’avaient déployées les officiers de la Saône .

Tels furent mes adieux à ce navire où j’avais pendant une traversée de 6 mois goûté une existence paisible et parsemée de distractions en compagnie de braves et anciens camarades , gais, sincères, et confiants dans l’avenir comme moi., sous les ordres d’officiers remplis d’affection et de cordialité.



Notre dernière représentation avait été la plus longue et la plus somptueuse que nous ayons jamais donnée. Ce fut pour notre théâtre ce retour momentané à la vie qui succède à l’agonie et précède la mort . Grâce à la musique de la Némésis, ses derniers accents furent mélodieux comme le chant funèbre du cygne. Lorsque les derniers accords de l’orchestre vibrèrent , j’éprouvai un violent serrement de cœur : j’avais recueilli les derniers soupirs du THEATRE IMPERIAL DES FOLIES NAUTIQUES.


Quelques jours après , les troupes embarquées comme passagères sur les navires reçurent l’ordre de descendre à terre pour y camper. Les tentes furent dressées avec la promptitude , l’habileté et la symétrie familière aux troupes françaises et on commença le service en Campagne.


Nos soldats furent avertis qu’il fallait se défier du soleil et de l’eau pure ; qu’une imprudence pouvait enlever l’homme le plus valide en une demi-heure . Mais beaucoup d’entre eux pleins d’une confiance aveugle dans leur jeunesse ou dans leur tempérament , se promenaient bravement au soleil , puis pour se rafraîchir, avalaient sans sourciller un litre d’eau . Il s’en suivit que tous les jours quelqu’un venait dire au docteur : ‘’ Major , je me sens un peu faible : je crois que j’ai la fièvre ? ‘’ On faisait coucher le malade et une demi-heure après, il avait expié son imprudence et combien aussi succombèrent malgré les précautions , vaincus par un climat inhospitalier et redoutable.




…………………..





Tout les bâtiments de la division attendus à Yu-Lin-kan étaient arrivés à l’exception de la Dordogne et de la Fusée. Le 25 Aout enfin la Dordogne arrive pavillon espagnol en tête du grand mât. Le petit vapeur de guerre espagnol ‘’Elcano’’ le suivait. La Fusée arriva peu de temps après apportant le courrier de Hong-Kong . Rien ne nous retenait plus à Yu-Lin-kan . On fit rembarquer les troupes et l’amiral fit paraître un ordre du jour qui annonçait que l’on allait marcher sur Touranne et qui indiquait à chacun le poste qu’il occuperait et le rôle qu’il jouerait . Cet ordre fut communiqué à chaque batiment et on entendit plus que le signal du départ.

Le Dimanche soir 29 Août , l’amiral fit dépasser les mâts de perroquet et annonça qu’on lèverait l’ancre le lendemain matin.





LA PRISE DE TOURANNE





Comme l’avait annonçé l’Amiral , le Lundi 30 Août , la division , forte de 13 bâtiments (1) : une frégate de 52, 2 corvettes à vapeur , 4 transports mixtes, 5 cannonières et l’aviso à v apeur Espagnol, et réunissant en tout 125 bouches à feu pour le combat appareillait à la vapeur et marchait sur Tourane . Le Phlégéton remorquait la frégate amirale ; le Primauguet et les transports , à l’exception de la Meurthe qui naviguait seule, remorquaient chacun une cannonière . L’alarme et l’Elcano se tenaient de chaque bord de l’Amiral prêts à porter ses ordres.

Au bout de quelque temps , le Dordogne signalait une avarie dans sa machine . Elle fut forçée de rester en arrière pour le départ, la brise étant trop faible pour lui permettre de nous suivre à la voile .


Le reste de la Division continue sa route et le mardi à 8h15 du soir , elle mouillait à l’entrée de la rade de Touranne. Le lendemain 1er Septembre , au point du jour, chaque bâtiment levant son ancre vient s’adosser à une encablure et demi des forts.

Le Némisis, la Saône et la Gironde présentèrent le travers au fort de l’Observatoire .


Le Phlégéton et le Primauguet furent chargés du fort du Nord . L’Avalanche et le Dragonne du fort de l’Aiguade

Pendant ce temps là , la fusée l’Alarme, la Mitraille et l’Elcano se disposaient à battre les forts de l’Est et de l’Ouest à l’entrée de la rivière



Lorsque chaque navire fut à son poste, on fit le branle bas de combat . On ne devait ouvrir le feu que lorsque l’amiral hisserait le pavillon national au grand Mat . Une embarcation parlementaire fut envoyée au fort de l’observatoire avec Mr Le Capitaine de Frégate Ribourt qui portait la sommation de rendre les forts . La lettre dictée par l’Amiral avait été traduite et écrite par le Père Legrand qui accompagnait Mr Ribourd comme interprète.


En arrivant à terre le père Legrand dit aux premiers cochinchinois qu’il rencontra ‘’ Voici une lettre pour vous autres ; dépéchez vous d’en prendre connaissance ; c’est pour une affaire importante. ‘’ Ceux-ci répondirent qu’ils n’étaient pas assez instruits pour lire cette lettre , qu’il fallait qu’il s’adresse aux chefs , lesquels n’étaient pas à Tourane . ‘’ Mais , leur répondit le père Legrand, il y a bien un chef qui commande le fort ? Eh Bien, portez-lui cette lettre et lestement parce que c’est une chose sérieuse et qui vous touche de près ! ‘’ Comme ils n’osaient pas le prendre , on le plaça sur un petit mur et on se retira . Le Père Legrand en s’éloignant se retourna pour leur dire : ‘’ Hatez vous ! je vous le conseille : croyez moi. !

L’embarcation revint à bord et raconta ce qu’il s’était passé . On fut déjeuner.




Deux heures après , c'est-à-dire à 10 heures , la reddition n’était pas faite : le pavillon national monta au grand mât et le pavillon espagnol au mât de misaine. Au même instant , le fort de l’Aiguade ouvre le feu , et tous les bâtiments commencent la Cannonade . Les embrasures des forts volent en éclats ; les obus éclatent sur tous les points , faisant sauter la terre et les murailles . Bientôt la fumée dérobe à nos yeux la terre et les navires environnants . La Saône reçoit dans son mat de misaine , à la hauteur de bastingages un boulet qui sans le couper, le met hors service et fait voler les éclats de bois sur la tête du commissaire . Le Phlégéton a son étambot entamé , chose inouîe , à 1 M au dessus de la flottaison ; les projectiles ennemis tombant çà et là ; mais les forts sont mal servis et en tirent que lentement , mais les canonnières tirent à 2500 m des boulets ogivaux et des obus tandis que les boulets cochinchinois tombent impuissants au milieu de leur course . au bout d’une demi heure environ, le feu de l’ennemi est éteint. On amène les pavillons de Tête de mât , la cannonade casse et les navires et la terre sortent peu à peu de la fumée qui se dissipe .

Les cannonières cependant continuent le feu du côté de la rivière où l’ennemi tire encore quelques rares coups de canon.


Les canots armés en guerre sont accostés ; les troupes et compagnies de débarquement s’y précipitant à la hâte , mais en ordre lorsque Soudain une effroyable détonation retentit…. Un obus vient de tomber dans la poudrière du fort de l’Est et a produit cette explosion tout à la fois épouvantable et magnifique . Un gigantesque panache de fumée blanche sort des entrailles de la terre, monte majestueusement vers le ciel en déroulant sa cîme , et ayant atteint les nuages avec lesquels il se confond, devient immobile semblable à une colonne qui soutient la voute céleste.


Déjà une nuée d’embarcations chargées de soldats et de matelots sillonnent la rade faisant force de rames vers les différents points de la plage . Le Chef d’Etat-Major le premier saute dans l’eau jusqu’aux genoux et, suivi du détachement désigné pour donner l’assaut à l’observatoire , court sur le fort et y arbore le pavillon francais . L’Amiral de son coté entre dans le fort de l’Aiguade et le désigne pour son quartier général . De tous côtés , les cochinchinois sont culbutés et mis en fuite ; les moins lestes sont fait prisonniers ; les forts sont envahis ….. Nous somme maîtres du terrain.


Sur ces entrefaites la Dordogne arrive. Elle mit immédiatement ses troupes à terre et le camp fut formé à la hate . La journée se passe sans nouveaux incidents ; ‘elle fut employée à relever les blessés et à couler les morts au fond de la rade . Les canonnières avaient ordre de tirer toute la journée . Vers 4 h du soir , on leva ; l’Amiral monta à cheval et les troupes en ordre de marche se dirigèrent vers la ville de Touranne qui est située de part et d’autres de l’embouchure de la rivière. Les cases étaient abandonnées , tout avait fui. On campa de nouveau près de la ville , sur l’Isthme qui relie la presqu ’ile Thien –Tcha au continent et cet emplacement fut définitivement choisi pour l’assiette du camp qui reçut le nom de Camp de Touranne .


Le lendemain matin au point du jour , le chef d’Etat-Major se rendit au fond de la baie et sonda sur la côte afin de trouver pour les canonnières un mouillage qui leur permit de tirer commodément sur le fort de l’Ouest . Il les embossa et fit commencer le feu vers 8 h du matin . A 9 heures moins un quart , une poudrière sautait et les débris enflammés projetés dans cette explosion mettent le feu à une seconde Le fort est évacué Les compagnies des canonnières descendent à terre et la prise de possession de ce fort par nos matelots , couronne notre œuvre

Nous voilà donc complètement maîtres de la position. Les forts sont occupés partout ; un camp est établi et les embarcations armées en guerre, ont été mouillées à l’entrée de la rivière.



La prise de Tourane n’est probablement que le commencement de notre œuvre en Cochinchine ; œuvre qui sera longue et pénible à cause des difficultés qui nous séparent de Hué la capitale de l’Empire Annamite. Il paraîtrait insensé , au premier abord , de vouloir avec quelques navires et une poignée d’hommes , prendre une ville fortifiée à la Vauban par des ingénieurs français , défendue par des milliers d’hommes situés à des lieux dans l’intérieur des terres mais nos marins et nos troupes de marine ont déjà fait voir ce qu’ils pouvaient et lorsque, par la pensée, on se reporte à Canton , au Paî-ho, il semble que cette mémorable parole du premier Empereur : ‘’Le mot impossible n’est pas français ‘’ ait été faite exprès pour la Division navale Française de l’Indo-Chine.


…………………………………….




LA LETTRE DU MANDARIN






Le gouvernement de Hué n’ignorait pas ce qui se passait à Tourane . De nombreux espions le tenaient au courant de tous nos mouvements . Il avait bien envie de nous demander un peu ce que nous lui voulions mais ils avait que nos sentinelles tiraient sur toute forme Cochinchinoise qui apparaissait à l’horizon . On ne pouvait donc envoyer de messagers et il s’abstint .

Pendant que ces choses se passaient, le camp de Touranne poursuivait son service journalier et le temps était employé à exercer les troupes . Le matin , promenade militaire ; dans la journée repos ; quand le soleil baissait , exercices d’artillerie et d’Infanterie ; école de tir et de bataillon. Le soir , appel et extinction des feux . Naturellement, il était défendu à tout homme , comme il est d’usage en pareil cas, de dépasser les avants-postes , mais si la discipline militaire est sévère , l’appât de la maraude est bien puissant . La preuve en est qu’un jour deux matelots manquaient à l’appel du soir. 4 ou 5 jours après, ils n’étaient pas revenus. Enfin au bout de quelques temps, on vit arriver l’un d’eux qui portait une lettre pour l’Amiral et raconta ce qui suit :



‘’ J’étais avec un autre matelot à me promener par là autour du camp, lorsqu’une troupe de cochinchinois parut tout à coup . Nous étions tous les deux seuls , et à nous d’eux nous n’avions pour toute arme que mon sabre baîonnette . Mon matelot m’arracha le sabre et, ne me laissant que le fourreau se mit à bucher sur les Cochinchinois De mon côté je m’armai du fourreau de métal et je me mis en devoir de taper aussi dessus . Mon matelot en avait déjà estourbi quelques uns , et nous avions réussi à nous faire jour au milieu d’eux .


Nous courrions du côté de la rivière , lorsque tout à coup mon matelot reçut une balle dans le dos et tomba. Je me mis à courir plus fort et pendant qu’une partie des Cochinchinois coupa la tête à mon camarade, l’autre partie me poursuivait . Je me jetai alors dans la rivière et je nageai un bon coup , me laissant dériver au courant. Mais ‘’ les enfants de chiens’’ sautèrent dans des pirogues et m’atteignirent bientôt. J’évitai quelques temps leurs coups d’Aviron en plongeant , mais à la fin ils m’en envoyèrent un droit sur la tête, que j’en ai encore la marque, et je me sentis déhalé au sec.


Quand je fus remis, j’étais à terre au milieu d’eux . Alors on me crocha et on m’emmena je ne sais où .


Enfin, ce qu’il y a de sur , c’est qu’on me présente à une espèce de mandarin qui me fit mettre dans une cage en fer aux barreaux de laquelle on attacha la tête de mon matelot . Le mandarin donna une lettre à des hommes qui furent chargés de m’escorter ; car on fit appareiller la cage et on me conduisit comme cela jusqu’à l’endroit ou l’on m’avait pris .


Depuis qu’ils m’avaient amariné , ils ne m’avaient rien donné à manger , excepté un peu de riz pour que je ne tourne pas de l’œil. tout à fait . Arrivé à destination, on me fit sortir de la cage, on me donna la lettre et on me dit de la porter au chef des français , en me recommandant de bien regarder où était la cage , pour le dire à mes camarades dans le cas où ils voudraient aller chercher la tête de mon matelot qui y était toujours pendue.


Voilà comment je suis ici . C’est de la veine qu’ils aient eu une lettre à faire porter car sans cela , mon décompte aurait été vite réglé . Ca ne fait rien : je dois tout de même une fameuse chandelle à St Chançard . Pour lors, donc, je mangerai bien quelque chose et je sens mon estomac , qu’un coup de croc ne me ferait pas de mal . ‘’



La lettre était écrite en caractères Cochinchinois ; le père Legrand fut chargé de la traduire . C’était le mandarin de Quang-Nam et Quang-Ngoai (1) qui adressait au chef des OUALLAN ( habituellement pour les portuguais cette désignation mais cela désignait bien l’Amiral de l’Expédition Française dans ce cas) de vifs reproches sur la manière dont il s‘était conduit .



‘’ Aussi haut qu’il pouvait remonter dans l’histoire , disait il, il ne voyait que des actes de bienveillance et de générosité de la part de la Cochinchine envers les Européens . La France et la Cochinchine étaient d’ailleurs trop éloignés l’une de l’autre pour qu’il existât des griefs sérieux . En somme il désirait bien savoir pourquoi nous étions entrés à Tourane comme des voleurs ; pourquoi nous avions détruit des forts et occupé un terrain qui ne nous appartenait pas . J’ignore complètement vos intentions ajoutait il , mais depuis que vous avez forçé la barre et les forts de Pei-Ho, rien n’égale votre impertinence ; vous vous croyez tous des héros ; il n’y a cependant pas tant à se glorifier pour avoir essuyé le feu de forts non armés que l’on a jamais songé à défendre Après ce fameux exploit , vous vous imaginez pouvoir entrer à Hué de la même façon Eh bien ! essayez ; nous y avons une armée prête à vous recevoir. Quelque soit d’ailleurs l’issue des affaires , lors même que vous triompherez , vous ne devez pas attendre beaucoup de gloire d’une guerre commencée par un acte de piraterie car pour être juste une guerre doit avant tout être juste et s’appuyer sur des motifs équitables ‘’



(1) La Cochinchine est divisée en 10 provinces et 17 préfectures . Touranne que les cochinchinois appellent Hân est situé dans la province de Quang-Nam ou Phu-Cham Un même mandarin militaire gouverne cette province et la province voisine de Quang-Ngonf depuis que le Mandarin de Quang-Nam a été cassé pour avoir laissé prendre Tourane .





La réponse de l’Amiral fut portée dans une case sur le bord de la rivière . ‘’ Si le grand Mandarin de Quang-Nam et Quang- Noaî veut connaître l’effet qu’il a produit , il n’a qu’à l’envoyer chercher. Elle lui apprendra que :

Lorsqu’il aura une question à faire , et qu’il désirera une réponse , il lui faudra tâcher d’être moins grossier ‘’.

……………….




EXPEDITION MILITAIRE EN RIVIERE





Depuis quelques jours le bruit se rependait qu’une armée arrivait de Hué par petits détachements qui se disséminaient dans les montagnes et ralliaient un camp formé sur le bord de la rivière à 3 ou 4 miles dans l’intérieur . L’Amiral, sur les rapports qui lui en furent faits, fit appareiller l’Alarme avec l’ordre de parcourir la côte occidentale et de canonner tout ce qu’elle verrait passer de troupes. L’Alarme battit la cote deux jours entiers pendant lesquels elle tirait de temps en temps sur des groupes qui apparaissaient çà et là dans la montagne, mais qui ne présentaient aucun caractère hostile.


Les compagnies de débarquement furent renvoyés à leurs bords et les troupes se mirent en marche pour rejoindre l’Aiguade. Le camp espagnol fut formé derrière l’Observatoire. Le camp français fut établi sur un plateau qui domine l’Aiguade, et ou l’Amiral fixa son quartier général . La Batterie Labbe , alors complètement armée protégeait nos positions sur la presqu’ile contre toute attaque venant de l’extérieur.


L’Amiral voulait savoir à quoi s’en tenir sur le prétendu camp cochinchinois . Il méditait une expédition qui fut fixée au 6 Octobre.


Au point du jour huit embarcations remontèrent la rivière . Des barrages et plusieurs batteries avaient été installé par les Cochinchinois . Un déluge d’Obus s’abbâtit sur les batteries prises à revers .

……………

Enfin le combat cessa faute d’ennemis . On prit 2 jonques qui se trouvaient à une ou deux encablures de là , et comme le jour baissait on descendit la rivière jusqu’au point de départ. D’où chacun rejoignit ses foyers.


En résumé sur un total de 1200 ennemis que nous avoins rencontré nous en avions tué 150 ou 200 . Ils avaient des canons , ils avaient des fusils et ils s’en sont activement servis contre nous. Ils nous ont blessé en tout un Tagal qui a reçu une balle en écharpe dans la jambe droite , au moment, ou se penchant en avant, il l’allongeait pour tirer. Ils avaient 2 batteries juste à la hauteur du 2ème barrage. Au lieu de tirer sur nous lorsque nous étions arrêtés pour nous empécher de forcer le passage, ils nous laissent bien tranquillement écarter les obstacles, et quand nous sommes tous passés , ils commencent le feu !


Nous pouvons donc être tranquilles dans nos retranchements et nous mettre en toute sécurité à écrire à nos parents car le Scotland va partir le 8 .





LETTRE DU CHIRURGIEN QUI A SOIGNE ET ASSISTE AUX DERNIERS MOMENTS DE L’ASPIRANT ALFRED THEIL





Tourane 28 Juillet 1859.



J’hésite à prendre la plume , mon cher Jules, mais il le faut bien ; car je t’avouerai que je n’ai pas eu le courage d’écrire moi-même à Mr Theil . Ce préambule a pour but de t »annoncer une catastrophe , un grand malheur qui vient de frapper la famille de Mr Theil devenue la tienne aujourd’hui . Le pauvre Alfred est mort à bord de la Némésis, le 23 Juillet à 2 Heures du matin , d’un accès de fièvre intermittante aux avant-postes, endroit infect , qui nous a fait perdre la meilleure partie de nos troupes . Nous l’avions soigné plusieurs fois à bord de la frégate , mais à peine rétabli, il nous fut impossible de le retenir , c’est en vain que j’usai de toute mon influence pour qu’il restât à bord. Là du moins , il était à l’abri des miasmes . Des avant- postes il avait été dirigé sur la rivière , où il commandait une batterie d’obusiers . La fièvre ne le quittait guère, et il faut dire qu’il n’y faisait pas grande attention. A l’affaire du 8 Mai il s ‘était conduit avec beaucoup de bravoure ; on l’avait proposé pour la Croix . Depuis ce moment il n’aurait pas quitté son poste pour rien au monde et ce poste était un endroit infect, d’où nous venaient la plupart de nos malades qui venaient mourir à bord .


Depuis le 8 Mai il était revenu à bord une troisième fois , pour se faire traiter , mais à peine rétabli, il nous fut impossible de le retenir plus longtemps à bord ; tous les raisonnements venaient se briser contre une volonté arrêtée . D’ailleurs l’Amiral était au camp avec ses troupes et là était le danger.

Je restai quelques jours sans avoir de ses nouvelles, mais je savais qu’il avait toujours la fièvre. Le 19 j’allais au camp en service et je trouvai ce pauvre enfant très changé , et atteint d’une fièvre atroce qui ne le quittait plus .

Je donnai l’ordre qu’il fut dirigé sur la frégate ; il n’y arrive que le lendemain 20, dans un état déplorable , la tête en feu, la fièvre et un délire constant . Nous parvinmes à lui faire accepter quelques soins , non sans peine , car il ne voulait pas se soigner , et n’écoutait que moi . Les principaux accidents disparurent, mais le délire persistait, ainsi qu’une exaltation cérébrale , des plus intenses . Le 21 la fièvre cessa, mais le délire n’en continua pas moins . Nous continuâmes la médication la plus active . Le 22 au matin la fièvre avait reparu aussi forte que les jours précédents , les accidents nerveux ne faisaient qu’augmenter . Nous avons usé de toutes les ressources de notre art. Dans la nuit du 23 à minuit, les convulsions commencèrent . J’envoyai chercher le père Croq missionnaire du Tonquin, qui lui administra les derniers sacrements .


Enfin après une courte agonie, il expira à 2 Heures du matin. Il a eu pendant sa maladie les soins les plus minutieux . Nous ne l’avons pas perdu de vue un quart d’heure , mon second ou moi. Un infirmier et un domestique étaient toujours auprès de lui. Tu pourras dire à la pauvre mère, si cela peut être pour elle une consolation, que je lui ai fermé les yeux , et qu’il n’a été touché par personne que par moi ou mon second . Nous l’avons enseveli à nous deux et l’avons traité comme ojn fait d’un frère ou d’un père. Il repose avec beaucoup de ses amis, sur tertre qui domine la rade de Tourane .


On lui a rendu tous les honneurs compatibles avec notre position. Il y avait beaucoup de monde à son enterrement . Une pierre de granit , portant ses noms et qualités, va s’élever sur sa tombe . Son ami intime Mariot , s’est occupé avec beaucoup de sollicitude , de toutes ses petites affaires, tout a été réglé , et l’on enverra par la plus prochaine occasion ses effets et ses livres. Mariot voulait écrire à Mr Theil ; je l’en ai dissuadé , prèférant que ma lettre arriva la première . Ta position dans la famille te permettra de ménager ces braves gens qui en ont grand besoin. Sois mon interprète auprès de cette pauvre famille et fais leur accepter mes bien sincères compliments de condoléances . Dis leur encore que pendant son délire ce pauvre enfant causait de sa famille, de vous tous mais ce qui dominait le tout, c’était une exaltation cérébrale à propos de sa croix , des attaques en rivière, de l’Amiral, etc….


Ce pauvre Alfred m’est arrivé foudroyé et très probablement il aura aggravé ses fièvres par quelque insolation , maladie qui ne pardonne jamais ici. Tu comprendras aisément qu’à l’age d’Alfred , alors que l’on a la fièvre incessamment , la vie des camps sous la tente avec tous les oublis de l’hygiène qu’elle entraîne forcément avec elle n’est pas faite pour amener à bien une infection paludéenne qui datait au moins de six mois . Les deux derniers mois qui viennent de s’écouler nous ont enlevé plus de 300 hommes , morts la plupart de la même manière que ton pauvre Beau Frêre .


C’est une grande perte que vient de faire la famille . Mieux que personne je me met à sa place , et je comprends tout ce que sa douleur a de poignant et d’atroce . Les épisodes de ce genre ne sont que trop fréquents dans cette horrible contrée .


Si l’occupation de la Cochinchine continue nous y resterons tous . Enfin, il faut s’armer de patience et de résignation et se borner autant que faire se peut . Voilà bientôt trois ans que je suis en Chine , et je t’assure mon cher Jules que j’ai souvent assisté à des spectacles semblables à celui que je viens de te raconter.


La mort de ce pauvre Alfred a jeté beaucoup de tristesse parmi nous . c’était une bonne nature. Il n’avait qu’un défaut , c’était la jeunesse, mais il rachetait le tout par d’excellentes qualités que j’appréciai mieux que personne . Dis à la famille Theil que je mêle mes larmes aux siennes et que j’ai ressenti bien douloureusement le coup qui l’a frappée . Rien ne saurait adoucir une pareille douleur ; le temps seul peut en adoucir l’amertume en vous laissant de ceux qui ne sont plus, un pieux souvenir . Qui peut prévoir ce qui nous est réservé ici ? Il est impossible de dire quelle sera la fin de cette question de Cochin-chine ? Et pourtant nous restons exposés à tous ces fléaux qui frappant brutalement à droite et à gauche .



Adieu mon cher cousin, embrasse de ma part tous les moutards que je ne connais pas, et renouvelle à ta femme les sentiments de profonde douleur que j’ai partagés avec tous les siens .



Je te serre bien affectueusement la main, et suis pour la vie


Ton bien affectueux cousin


J. De Comeyran


Hong-Khong (Chine)







LA FAMILLE LESPIEAU








Médecins , militaires , scientifiques émaillent cette famille .Sens du devoir et instruction poussée la caractérisent . Ce texte est tiré des notes de Marguerite Lespieau , arrière Grand Mère d’Henri Goybet femme de Mariano



Le père de mon grand père , Gérard Lespieau était docteur Toute cette famille avait fourni nombre de médecins , dont quelques uns sont restés célèbres à Bordeaux


Ayant eu le tort de ne pas demander à mon père tout ce qui concernait les siens , j’ignore si mon gr and père avait eu des frères Je sais qu’il n’avait pas de sœurs !


Les Lespieau vivaient dans le Gers ; mon Grand Père fit à Bordeaux ses études de médecin sous la surveillance de son oncle , l’un des fameux docteurs Lespieau Il lui servit d’aide lorsqu’il fut appelé à Blaye pour les couches de la duchesse de Berry Mon grand père devint médecin militaire Il alla en Algérie , à Lyon ; à Briançon , à Strasbourg Je ne sais dans quel ordre .J’ai raconté ses relations avec Napoleon III J’ajoute qu’il fut médecin major du 20 eme d’infanterie ou ses deux fils étaient officiers et qu’il était depuis peu en retraite lors de la guerre de 1870 . Il a laissé longtemps un nom dans la médecine militaire .


En 1823 il avait connu ma grand-mère en Espagne . Etait ce à la suite des guerres de Napoleon I er ? . Ma grand-mère Thérese Paler y Capdeville habitait Figueras . Son père était le professeur de latin Elle avait deux frères , dont l’un , Ignacio, était l’homme qui avait le plus voyagé , savait le plus de langues et était fort original . Il mourut jeune sans postérité .


Ma grand mère était petite , châtain avec une chevelure traînant à terre , une jolie main, une jolie tournure et remarquablement instruite et intelligente .

Elle eut trois enfants soit un fils tous les 7 ans . L’ainé, mon père , s’appelait Théodore , né en 1829, un an après le mariage de ses parents .




Le second Camille , né en 1836 fut mis à la flèche à 7 Ans et y resta 7 autres années sans aller en vacances . On était plus dur , jadis que de nos jours envers les enfants …… Le résultat est il meilleur ?...... Il entra à St Cyr en bon rang , il en sortit de même. Il était gai , aimait la vie ……. Cependant il fut tué héroïquement le 2 Septembre 1870. dans le fond de Gironne près de Sedan. Un obus amputa la tète de son cheval et une partie de sa jambe à lui………… Il demandait qu’on lui donnât une autre monture pour continuer à se battre . L’amputation fut jugée nécessaire . Comme il n’y avait pas assez de chirurgiens militaires pour soigner les blessés de cette hécatombe , ce fut un boucher qui la fit ! ……et elle aurait réussi si cet ignorant n’avait fait boire à mon oncle du chloroforme ….. Il ne se réveilla plus . Mon père alla le chercher plus tard et il le reconnut au milieu de tous les morts tant le chloroforme l’avait conservé .


A chaque génération nous pouvons dire qu’au moins l’un de nos fils meurt pour la France , quand ce n’est pas deux comme les miens !


En 1843 naquit Paul enfant délicat qui eut trop de nourrices différents pour lequel mes grands parents s’étaient installés à Condom , à cause du bon climat , et qui y mourut à peu avant le mariage de mes parents .


Ma grand-mère était fort pieuse et très pratiquante . J’ai d’elle un souvenir précis. C’était en 70 durant la guerre ….. Mon père ayant été blessé, une fausse nouvelle fit se répandre à Condom le bruit qu’il était mort …. Alors le désespoir de ma grand-mère fut immense … Je me vois lui essuyant les yeux de mon petit tablier . Puis l’on reçut de mon père une lettre très postérieure à la date où on le croyait tué . Grande joie de la maison ! Mais hélas peu de jours après on apprit la mort de mon oncle Camille . Nouveau désespoir . Ma pauvre grand-mère cria, par instants, surtout le soir dans sa chambre « Ciomme une bête à qui l’on a pris son petit . » Je ne trouve pas d’expression plus juste.





LE GENERAL THEODORE LESPIEAU mon père





Mon père fit des études faciles , servi outre son intelligence, par une mémoire impeccable sans doute dans les collèges ou lycées des villes où son père tenait garnison . Quand nous-mêmes étions à Briançon et qu’il vint nous y voir , il se fit un plaisir de retrouver au collège et y retrouva les marques qu’il avait faites à son bureau (1912). Elève au lycée de Grenoble , il fut reçu à St Cyr en 1848. On y a longtemps conservé les cartes qu’il y fit , modèles de précision. C’était un bon travailleur mais qui craignait « le chahut . » Pour le jour du triomphe , il n’hésita pas à se couper un habit de Général dans le milieu des rideaux du parloir ! Le plaisant de la chose est que , devenu général, il apprit que les élèves de St Cyr étaient punis pour avoir découpé les rideaux en question…. Persuadé que c’était toujours les mêmes et qu’il était lui le coupable , il envoya à l’école un mandat pour les consoler .


Sorti de l’école mon père fut envoyé à Bougie en Algérie où il se fit remarquer par son entrain , sa gaïté , soit dans la ville , soit dans l’expédition de Kabylie . Il prit part ensuite à la guerre de Crimée 1855 où il reçut à la fois la légion d’honneur et le troisième Galon .. Il y connut notre oncle plus tard, le Général Charles Goybet. Au retour ( 20 eme R.I. ) , il fut envoyé au Havre ; à Rouen , puis, après son mariage à Dreux, puis à Soissons, Givet , où ma sœur Mathilde naquit , puis à Verdun , où je suis née, puis au Camp de Chalon ( 63 Eme R.I.) …………. Puis vint la guerre .



Mon père partit , ma mère, mes frères et moi étions allés d’ abord à Provins , mais le 6 Aout 1870, mon père fut blessé à la cuisse droite (Blessure Spicheren) Il ne se fit panser que le Dimanche 8 Aout La gangrène commençait On l’évacua sur l’hopital de Beauvais où mon mon grand Pêre le retrouva après l’avoir cherché vraiment dans tous ceux de Paris . Peu de temps après, sa blessure protégée par une plaque de métal, il repartit et fit ensuite le siège de Paris pour en déloger la commune .



A la révision des grades, mon père fut nommé Général …..mais ne voulant pas accepter ce grade ‘’ J’étais commandant au début des hostilités , dit il , je n’ai été que 2 mois Lt Colonel, être Colonel me suffit ! ‘’ Exemple bien rare sinon unique d’une modération admirable !


Jusqu’en 1870 , la France ne possédait que 100 régiments de ligne , on en créa d’autres . Mon père fut chargé de commander le 109 ème et de le former à un choix avec les officiers connus de lui. Ce régiment comptait un moment 26 ménages et , fait inoubliable !, il n’y eut jamais de graves cancans , ni d’histoires de femmes . Le 109 ème demeura . .3 Ans à Langres ( Hte Marne ) puis fut envoyé à Chaumont.. En 1878 , mon père nommé Général de Brigade faillit refuser cet honneur tant il lui en coutaît de quitter son cher régiment . Il y était si aimé que son épée, sa ceinture, son claque, ses éperons d’or lui furent offerts par souscription volontaire des officiers , sous officiers et soldats .C’est au milieu des larmes de tous que nous partîmes pour Bourg en Bresse , chef lieu du département de l’Ain . Nous y sommes restés jusqu’en 1883 pour débarquer à Oran 2 jours après .




C’est à Mascara que j’ai connu mon mari . 7 Fevrier 1886 , qu’il ma demandée en mariage le 5 Juin de la même année , que nous nous sommes mariés le 1 er Fevrier 1887 en l’église St Pierre et St Paul . Deux mois après , mon père recevait la 3 eme étoile et rentrait en France pour y diriger la 27 eme D.I. à Grenoble où il fut atteint , le 15 Avril 1894 , par la limite d’age Lui et ma mère se retirèrent alors dans le Gers à Condom . Ils y resterent 3 Ans , puis s’installèrent à Paris , 110 rue Denfert – Rochereau .


Mon père y mourut , presque subitement le 18 Avril 1911. Les obsèques embellies des honneurs militaires dus à un Grand Officier de la Légion d’honneur furent imposantes. A condom, les discours retraçaient sa vie avec émotion. Il avait 92 ans , toutes ses dents intactes, aucune infirmité, chantait juste, lisait à haute voix sans fatigue durant des heures, marchait chaque jour longuement dans Paris, cédait sa place aux dames, dans les tramways, mangeait et dormait comme à 20 ans .



Mon père avait toujours été très croyant . Outre ses capacités militaires, mon père avait de grandes qualités . D’abord affable, de caractère gai , même Gaulois, très serviable, s’occupant avec bonté de ses subordonnés , de ses enfants, de ses petits enfants. Ses chefs l’estimaient profondément et j’ai assez montré qu’ils le pouvaient !. Il était bon orateur , écrivait bien et nettement, avait l’oreille juste , chantait avec agrément et lisait très bien. Chaque soir ,tandis que ma mère tirait l’aiguille , mon père lui faisait la lecture à haute voix …. C’est l’une de mes joies d’enfant . Etre couchée bien chaudement dans son petit lit et , savourer ce sentiment de sécurité que la présence des parents vous donne , s’endormir aux accents de cette voix bien timbrée , c’était une jouissance . Le 17 Avril au soir , veille de sa mort , il lut à ma mère fort tard dans la soirée la belle pièce de Lavedan « Servir ». Est-ce seulement une coïncidence , cette dernière lettre d’un homme , d’un chretien, d’un soldat qui , lui, avait si bien servi ?.


Au Physique, il était de taille moyenne, avait une très jolie tournure. Les cheveux noirs et frisés . Il rappelait ces races Basque et Catalanes dont il avait la gaité , la tournure d’esprit et le courage au feu.





MA MERE






Ma mère, de la même taille que mon père , une chevelure chatain çendré , des yeux bruns clairs très expressifs , un beau profil , des épaules , des bras superbes , de jolis pieds , un beau teint, de jolies dents , une tournure fière, ma mère avait beaucoup de sa belle grand mêre paternelle.

Son caractère ne lui procura guère que des amis….. et des ennemis. Capable des plus grands dévouements , incapable de cacher ses sentiments , . Elle soignait sans hésiter durant des jours et des nuits des malades contagieux …. Et refusait d’aller voir un personnage politique, dont l’appui eut été utile , s’il lui déplaisait . Ma mère était , est encore, de première impression . Elle ne change pas d’avis. Si on lui plait à première vue ou si on lui déplait, c’est pour la vie ! Elle ne croit pas possible que ceux qui l’ont attirée puissent mal agir….. J’ai hérité de sa fidélité en amitié mais hélas je conserve envers les êtres qui nous ont fait ou voulu nous faire du mal une rancune tenace . En cela je tiens de mon père qui n’oubliait rien .


Ma mère a été une excellente musicienne, assise à son piano , jouant à quatre mains avec quelque amie ou ami . Elle en aurait oublié les repas . Elle avait l’art , d’ailleurs sous toutes ses formes , sensible à l’éloquence , à la poésie ….. et à la beauté à laquelle , vraiment elle vouait un culte Athénien . Est on laid ? c’est en fait une mauvaise note à ses yeux ….. mais on est tout de même reçu à l’examen si on a de l’esprit et du talent .Elle s’est beaucoup occupée de nous , ne nous confiant jamais ou presque aux domestiques , veillant à notre bien être , fière de nos succès ; nous soignant dans nos maladies de toutes ses forces et de tout son cœur . Elle trouvait une aide admirable chez mon père, qui dans ces cas était plutôt maternel que paternel .


Quand nous étions à Bourg , une femme pauvre en face de chez nous eut deux jumeaux et pour qu’elle puisse par la suite faire son travail , ma mère prenait les petites dans une grande corbeille et les gardait auprès d’elle dans sa chambre., tout en cousant… et mille choses autres d’actes de charité , qui , si je les cite, feraient un volume !



Avec cela fière de ses prérogatives, imbue de sa valeur officielle et se rappelant de sa situation dès que les autres l’oubliaient . Ma mère fut aussi autoritaire envers ses enfants , ses inférieurs, qu’elle avait été à ‘’ pieds baisés ‘’ devant ses parents . Comme on dit à présent , ma mère a cru toute sa vie que c’était arrivé C’est peut être un défaut parfois mais combien supérieur au jmenfichisme actuel On croyait en soi, à ce que l’on pouvait entreprendre et réaliser lorsqu’on était ainsi fait , cela avait un prix



Après la mort de mon frère ainé Frédéric, tué à l’ennemi à Dienné Soudan Français , ma mère , encore belle et encensée dans le monde , s’en retira tout à fait , n’allant plus même au théatre et refusant toute invitation.


C’est à Condom en août 1914 qu’elle apprit d’abord la déclaration de guerre . Le 19 du même mois la mort de mon fils fredey . Au début de 1915 , elle me rejoignit à Yenne . Elle était près de moi lorsque j’appris le 29 Octobre la mort de mon cher Adrien tombé dans la tranchée des Vandales ……. Son chagrin fut immense . Je dus la consoler . Un jour que j’avais laissé crier ma douleur , elle en fut si bouleversée que depuis j’imposai silence à ma peine , retenant mes larmes, proclamant en toute occasion ma foie dans la victoire……mais la manière dont ma mère a pleuré et regretté mes fils , m’a fait oublier les dissentiments causés par nos divergences d’opinions ou de manière de voir qui me furent jadis pénibles et douloureux .



Ma mère a eu 4 Enfants . J’ai parlé de la petite mathilde morte au Fort de Pierre Chatel à 2 Ans et demi. C’etait le second enfant de mes parents . Le premier était mon frère Frederic .





LE CAPITAINE FREDERIC LESPIEAU mon frère




Mon frère naissait à Paris le 2 Juin 1859 . De très bonne heure il marqua ses qualité d’audace , de décision , de mépris du danger . Il était parfaitement joli avec ses yeux bruns expressifs et ses yeux chatain bouclés Il avait déjà une âme apte à commander, mais le cœur chaud et tendre. Lorsque notre sœur Mathilde est morte , son chagrin fut vif et durable, bien qu’il n’eut que trois ans et demi.


Lorsque, durant la guerre , ma mère et ses trois enfants partirent pour le Gers par le dernier train s’en allant de Paris ; Frederic fut déjà notre protecteur. Il avait 11 ans ! Nous étions entassés avec des mobiles , dans un wagon à bestiaux dans l’obscurité., moi agée de 2 ans et demi dans les bras de ma mère , Robert 6 ans , dans sa jupe et Frederic Veillant sur nous …… Il avait fiché en terre une Baïonnette et avait installé une bougie dans la partie qui s’adapte au canon ……Je m’en souviens ! J’ai aussi présent à la mémoire ce fait me concernant .



Au buffet d’Auch je voulus à toute force que l’on me serve du vin. Je n’en avais jamais bu et levant mon verre , je m’écriais . ‘Je bois du sang de Prussien ! ‘ . La destinée m’apparaissait elle confusément ? . Devinais je déjà ce que les Prussiens me réservaient ?


Pendant notre séjour à Condom nous voyons souvent passer des soldats . Un jour , mon frère les suivit durant plusieurs étapes …..Pendant que l’on se mourrait d’inquiétude à la maison, il était parti pour se battre ! Il fit sa première communion dans ces temps troublés à la chapelle de Pièté .Après la guerre , il fut interne au lycée d’Orléans , puis à St Louis et entra à St Cyr assez tard : extrêmement brillant en Français , poète , parfait en latin , remarquable en histoire et géographie. Les mathématiques ne lui plaisaient pas .



A St Cyr sa vocation se dessina. Il choisit l’Infanterie de Marine , alors si dangereuse . En 1883, il partait pour le Tonkin ou il demeura 7 ans en deux fois . Il revint pour être mon garçon d’honneur . C’était l’époque héroïque où les troupes devaient traverser jusqu'à 45 ‘arroyos’ glacés par jour. Envoyé au Neach-Guia ou les pirates venaient de scier entre deux planches le fils du général Gaté . Il vécut de l’isolement complet, n’ayant pour distraction qu’une guenon et ses petits . La nuit les rats venaient lui ronger les ongles , les boutons de ses vètements . Les tigres venaient lui enlever ses hommes . Une fois, il dut se battre avec l’un deux qui n’emporta que le bras de son sergent ….. Le même passant à Grenoble en Septembre 1893 vint voir mon père à la division pour avoir des nouvelles de son capitaine , et apprenant sa mort, se trouva mal !


Mon frère était soigneux de sa personne , très distingué de manières , élégant . Il était toujours impeccable et aurait été facilement de gaité …Comme nous l’avons vu par des lettres de subordonnés , il était sublime durant la souffrance .L’un dit :

« Lorsque l’un de nous avait le Choléra , il le roulait dans ses propres couvertures , le frictionnait le réchauffait et si le malade mourrait , le froid du matin venu, il reprenait sa couverture pour lui-même. . »

Un autre écrit : « Dire que cette balle impertinente, a osé labourer cette jolie figure . »

Généreux avec cela , payant de son argent comme de sa personne. Si 9 ans de plus que moi , on en avait fait un second père ; je l’aimais profondément et mon mari a perdu en lui un véritable frêre , un grand ami.




Il revint encore une fois en Françe avant de repartir pour le Soudan . Il assista le 6 Aout 1891 à la naissance de son filleul , mon fils Frédé qui devait comme lui , avoir la glorieuse mort du champ de bataille . Sa dernière nuit de Grenoble, il la passa à écrire son testament en chantant ‘le Champ du départ ‘.


Je l’accompagnai à la gare avec mes parents . Je lui avais donné une médaille :

- Elle reviendra dit il , moi pas ! - Mon frère que dis tu là ! - Oui ce pays là , lorsque ‘on y fait son devoir , on ne revient pas . !

Le train s’ébranlait , il me souriait à la vitre du Wagon ……Je ne devais pas le revoir ….



Au mois de Février 1893 , j’eus un accident grave , puis la dypterie prise dans mon lit …. Mon frère m’écrivait « L’avantage de l’éloignement c’est que l’on apprend à la fois la maladie et la guérison . » .Et dans sa lettre du 9 Avril, la dernière de toutes , adressée à mon mari . « Vous allez bientôt passer capitaine , ou serais je moi, dites vous bien que mort ou vivant , ce sera un beau jour pour moi.


Il fut tué à midi 15 à Dienné Soudan Français . On avait bombardé toute la nuit , la brèche n’était pas assez large. Mon frère , officier d’ordonnance du Général Archinard , ne devait pas se battre , d’autant qu’il souffrait cruellement de la dysenterie . Il supplia le capitaine Ponty de lui céder sa place , car il pouvait être décoré après cette affaire. Il courait au devant de ses hommes , jeunes nègres, novices au feu et qui tremblaient …. Il était assez loin d’eux . Il trouva une maison d’où sortaient des coups de feu . Il enfonce la porte, regarde à droite, le défenseur était à gauche et le foudroie d’une balle en plein front . Il tombe . On le retrouve , la gachette de son revolver n’avait pas bougé. La victoire était venue , on fait défiler les troupes devant mon frère et les autres morts. On le coud dans un drapeau, on l’entoure. Le Général Archinard accablé de chagrin pendant 48 heures en était malade .



Le 20 Avril à Sept Heures mon père m’avait fait demander pour m’annoncer la nouvelle. Mes parents donnaient un grand bal ce soir là en l’honneur du Général Baron Berge , gouverneur de Lyon . Les invités arrivaient , se retiraient nausés…. Le General Berge se montra plein de cœur …..mais supplia mon père d’avoir le courage de paraître le surlendemain à la Revue , et mon père y alla ….. Tous ceux qui le virent passer furent émus et lorsqu’à cheval , il arriva devant le front des troupes , chaque officier pleurait .Cependant, ni lui , ni mon mari , n’avait eu le courage d’avertir ma mère C’est moi qui me résignai .




....…..J’entends encore ses pas résonner sur les marches de l’escalier lorsqu’elle descendait au bureau voir pourquoi l’on ne dinait pas ? Notre ami , le Docteur Annequin était là avec nous trois . Je pris tous les ménagements , j’étais décomposée…….et lorsque j’eus répondu à sa demande ‘’ Mon fils est mort ? ‘’ par un signe de tête, elle me repoussa avec horreur et j’allai buter contre le mur. On lui fit une piqûre de Morphine. On la mit au lit . Mon père avait pris 10 ans de plus . Quand à moi ce coup si rude tarit presque ma source de larmes ….et je n’ai presque pas pu pleurer mes enfants !


Le Colonel Bonnier mort Général , lorsqu’il alla chercher le corps de son frère au Soudan, ramena avec les autres victimes de ce guet–apens , celui de Frederic . Le 17 Août 1896, la ville de Condom fit des obsèques superbes et émouvantes au jeune homme de 33 ans , mort à l’age du Christ et comme lui pour la civilisation, lui qui était né le jour de l’Ascension.


Mon frère avait une belle âme de soldat, bon camarade au suprême degré , jusqu’à refuser au General de Courcy , après Bac-Ninh, la croix ou le grade en disant ‘’ Si je n’ai rien fait de plus que mes camarades , je ne veus rien de plus ! ‘’ Vrai , Bon samaritain ? envers les blessés , les malades, chef juste et adoré , mais le col raide vis-à-vis des supérieurs . Nul doute que , camarade des Mangin, des Gouraud, dont il me parlait souvent dans ses lettres, il n’eut porté comme eux glorieusement les étoiles pendant la grande guerre.



Pour perpétrer la mémoire de mon frère , la rue principale de Dienné (à l’epoque 10000 habitants ) porte son nom, ainsi que le bateau qui fait le service sur le lac Taguibine .Fréderic dès l’age de 10 ans , voulait entrer le 1 er à Tombouctou …..peu s’en est fallu ! car c’est la victoire de Dienné qui nous l’a donné…..Les anciens camarades de mon frère disent encore ‘’le courageux Lespieau ‘’.





ROBERT LESPIEAU





Né le 15 Juillet 1864 à Paris. On l’attendait que le 15 Août , mais ma grand-mère Theil étant morte tandis que ma mère le portait , celle-ci fut très impressionnée et l’évènement se précipita …Le petit ne pesait pas 3 livres , ne semblait pas viable et le médecin estimait « qu’il fallait le soigner et non s’y attacher ». On peut dire que seul l’amour maternel put accomplir le miracle de la faire vivre : les couveuses étant pas inventées , ma mère porte son enfant sur elle , dans son courage durant 3 mois . Nuit et jour il y dormait et buvait et elle le mit ainsi au monde une seconde fois.


C’était un enfant aux cheveux châtain bouclés, aux traits délicats , d’une sensibilité très renfermée, ne s’extériorisant pas . Timide en apparence , réfléchissant beaucoup . Dans son enfance , voulait t’on lui faire dire bonjour à quelque visiteur, il se retirait vite et on l’entendait murmurer ‘ je n’aime pas le monde ! ‘



Cela n’empêche que de très bon heure , il eut le goût du travail consciencieux , fit d’excellentes études à Langres, Chaumont, Bourg C’est dans cette dernière ville qu’il prépara ses deux baccalauréats où il fut reçu de prime abord et à la limite inférieure de l’àge et son mérite est d’autant plus grand qu’il était tombé de cheval en se promenant avec notre frère ainé, avait perdu une quantité de sang et était resté faible au point de ne pouvoir s’asseoir, que de fois ne m’a t’il pas dicté des équations, des chiffres , rébarbatifs que j’écrivais pour lui au tableau noir ! Puis nous partîmes pour l’Algérie Robert entra au lycée Louis Legrand comme interne , lui qui avait toujours été libre à 19 Ans et ne se plaignait jamais .


Il se présente à l’Ecole Normale Supérieure et y échoua la première fois , étant encore souffrant, il était énervé de ne pas saisir de suite un problème . Il venait d’avoir un prix au concours général . A peine au dehors, il trouve ce problème. Rien à faire lui semble t’il .


Peu de jours , après il est appelé devant Pasteur , Prieckel et Joly . Ces menteurs lui disent : « Que pensez vous de vos compositions ?. » « Je pense que j’ai composé comme si j’avais 3 mois de maths spéciales .! »

« ah ! et que diriez-vous si, eu égard à vos antécédents scolaires , nous vous recevions pourtant ? . »

« Je dirai que c’est une grave injustice et je refuserais , je ne veus pas entrer par cette porte là !!! . »

L’an suivant, il entra 4eme de la Section Science , la deuxième année fut reçu 1er à la licence , et la troisième année 2 eme à l’agrégation .


Nommé d’abord professeur à Chaptal, il fut ensuite préparateur à l’Ecole Normale Supérieure , puis nommé au laboratoire de Pasteur et enfin Professeur à la Sorbonne et à l’Ecole Centrale . C’est lui qui remplace Valot à l’observatoire Jansen au Mont Blanc . Il a eu deux fois le prix Jecker donné pour les plus belles découvertes scientifiques tous les 4 ans .


Il est l’auteur de la Chimie Lespieau dont on reçoit dans tous les établissements scolaires de France . Il pousse la conscience à la remanier chaque année . Son livre sur la molécule chimique a fait du bruit . Il a été aussi l’un des inventeurs des fameuses balles traçantes pour avion , dont Guynemer s’est servi , je crois , le premier.


Officier de réserve au 1er bataillon de Chasseurs Alpins , bataillon de Poincaré ! en 1914, malgré ses 50 ans , il a rejoint son unité…..Mais on n’a pas voulu l’y laisser . On l’a placé à la pyrotechnie de Bourges puis à Puteaux Malgré les services éminents qu’il y a rendus et l’ont fait décorer, il ne peut se consoler de ne pas avoir été au vrai front


Mon frère est proposé pour l’institut , et s’il y rentre , comme je l’espère, il sera à sa place Il a l’habitude des sommets étant excellent Alpiniste .


Bien que surtout mathématicien, Robert a fait de très bonnes études de lettres , Francais , Latin, Grec . Il aurait rimé facilement , même , il déchiffrait aussi à 4 mains . S’il parle peu , il écrit d’une façon fort originale , mordante à l’occasion , son intégrité, sa droiture, lui ont valu l’estime de tous, chefs , camarades, subordonnés . Auprès d’eux , il fait autorité d’honneur. Fils et frères parfait , sous des dehors peu expansifs , mari exemplaire et père excellent, c’est un de ces savants qui font respecter la science . Il a épousé à Toulouse le 27 Décembre 1900 à l’age de 37 Ans , alors que nous désespérions de le voir se marier , Mademoiselle Gabrielle Caune qui en avait 23 . Ils ont eu deux filles intelligentes et jolies. Madeleine épouse Edouard Tapissier et Clémence épouse Marcel Clavel Jeune Normalien . sorti 1er de l’école, reçu à l’agrégation 2 eme . Parti à 20 ans se battre , il était fait à 21 ans , Chevalier de la Légion d’Honneur, étant l’un des deux plus jeunes capitaines de notre armée.


Mon frère a été Officier de la Legion d’Honneur . Il a reçu de plus la médaille du sauvetage.

Il a eu un sacré nombre d’accidents supportés avec le plus grand courage, dont plusieurs en service commandé scientifique.








ROBERT LESPIEAU ACADEMICIEN DES SCIENCES (1864-1947)








Robert Lespieau est le beau frêre de Mariano Goybet qui épousa Marguerite Lespieau . C’est un grand scientifique qui laissa de nombreux ouvrages de chimie et forma un grande quantité d’ingénieurs .



Par Georges Dupont extraits du bulletin de la société chimique de France. (1949).Masson et Cie




Le 21 Avril 1947 s’éteignait à Cannes , Robert Lespieau , membre de l’institut, Officier de la Legion d’Honneur , ancien professeur à la Sorbonne et à l’Ecole Centrale , ancien Directeur du laboratoire de Chimie de l’Ecole Normale Superieure.

Il est né le 15 Juillet 1864 à Paris et il était fils du Général Lespieau , l’un des pacificateurs du Sud Algerien

Un goùt marqué pour les sciences physiques , en même temps peut être , qu’un esprit critique, une originalité et une indépendance de caractère qui marqueront les étapes futures de sa carrière, l’orientent vers l’Ecole Normale Supérieure où il est reçu en 1886.


Lespieau est par son gout porté vers les études chimiques. A l’Ecole Normale , il trouve un milieu particulièrement favorable . . Il est reçu à l’agrégation des sciences physiques en 1889. Il abandonne pendant deux ans le laboratoire de l’Ecole Normale pour aller s’initier chez Charles Friedel , aux méthodes de la Chimie Organique dont il pressent l’énorme développement . Il revient comme agrégé préparateur de Chimie à l’Ecole Normale en 1891 et ne quittera plus , dès lors le vieux laboratoire de la rue d’Ulm jusqu’à la fin de son active carrière . L’ année suivante , cependant, (1892), pour des raisons pécuniaires , il prend un poste de professeur au collège Chaptal. C’est donc dans des conditions particulièrement difficiles qu’il poursuit , en vue de sa thèse, des travaux de recherche . Il ne peut en effet , y consacrer que les heures de loisir que lui laisse un lourd service d’enseignement . Il est Docteur ES Science en 1897. Cette distinction pas plus que son mariage en 1900 n’interrompirent ses travaux scientifiques. Leur ampleur et leur qualité le font , en 1904, nommer maitre de conférence à la Sorbonne et Directeur du laboratoire de l’Ecole Normale ou il succède à Gernez .


Dès lors , il peut consacrer à la recherche tout son temps et sa production scientifique s’amplifie . En 1912, il est nommé professeur adjoint à la Sorbonne .


La guerre de 14-18 vient détourner son activité. Il a demandé en Aout 1914, à reprendre son poste de lieutenant dans un bataillon de chasseurs mais, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres cas célèbres , les services de l’armée jugent plus utiles la présence de Lespieau dans les laboratoires : Il est affecté à l’école de pyrotechnie militaire de Bourges ou il rend les services que l’on peut imaginer ‘et qui lui valurent la croix de la légion d’honneur .


Après la guerre Lespieau reprend son activité scientifique formant sans cesse des élèves auxquels il communique son goût ardent pour la recherche et ses qualités de méthode et de précision . Il est nommé professeur titulaire à la Sorbonne en 1922 et est élu à l’institut en 1934. ( Académicien des Sciences ) . La même année, il est touché par l’age de la retraite , mais il a le plaisir et l’orgueil de voir, avant son départ , s’édifier les nouveaux laboratoires dont il a dressé les plans et précisé toute l’installation avec un soin méticuleux .



L’œuvre scientifique de Lespieau se rattache à 4 grands chapitres :


1/ Etude des méthodes physico-chimiques et de la stereochimie , qui seront pour lui un moyen précieux de contrôle de l’hypothèse atomique et de la structure de la molécule organique ;

2/ Recherches sur les composés éthyléniques et études de leurs isoméries stéréochimiques ;


3/ Recherches sur les composés acétyléniques ;

4/ La synthèse de Sucres .


L’ ensemble des travaux sur les sucres constitue , sans doute, l’œuvre maitresse de Lespieau , sont aujourd’hui classiques au point que leur auteur a été appelé, par les Américains, à rédiger, pour l’important ouvrage intitulé ‘ Advances in Carbohydrate Chemistry ‘ , un article sur la synthèse des Hexites et des Pentites où se trouvent développés ses travaux et ceux de ses élèves . Lespieau a eu la joie ultime de voir publier , avant sa mort, cet ouvrage qui consacrait une partie importante de son œuvre scientifique.


La tradition veut qu’à l’Ecole Normale, le chef de laboratoire, qui donne un sujet de thèse d’etat ou du moins l’orientation de celle- ci au jeune chercheur qui l’aide de ses conseils et de son expérience, lui laisse publier seul les résultats de ses travaux . Ces éleves que Lespieau a initié à la recherche et dont beaucoup sont, à leur tour , des maîtres, sont nombreux : 15 thèses d’ Etat et 40 diplômes d’études supérieures ont été en effet préparés sous la direction active du maître .



En dehors de l’œuvre purement scientifique de Lespieau , il convient de rappeler , ici, son œuvre pédagogique, son influence sur la formation de toute une génération de chercheurs, d’universitaires et d’ingénieurs.


Lespieau , en effet , après avoir été 12 ans professeur d’enseignement secondaire, a , pendant 30 ans été chargé de l’enseignement de la chimie à l’Ecole Normale. Dans ce milieu, sélectionné mais qu’une formation mathématique initiale trop exclusive a des tendances à écarter des sciences purement expérimentales, Lespieau a su , par la clarté de son enseignement , par ses conseils et les directives données au laboratoire, par son exmple enfin, créer des vocations enthousiastes , former des savants à son image dont certains, comme Bourguel , pour ne citer qu’un d’entre eux très prématurément disparu, ont fait honneur à la science Francaise


Lespieau , pendant 14 ans , a été professeur de chimie à l’Ecole Centrale . Il a collaboré à la formation de quelques 3000 ingénieurs sortis de cette Ecole et si, parmi ceux-ci, on ne compte en réalité que peu de chimistes de métier, la place toujours plus considérable prise par la chimie dans l’art de l’ingénieur, quelque soit sa spécialité, permet de penser que l’enseignement clair et précis de Lespieau a eu des conséquences particulièrement heureuses sur l’esprit et le développement de l’industrie dans notre pays .



Enfin l’œuvre pédagogique de Lespieau a été complétée par la publication d’ouvrages de valeur.

C’esr d’abord un traité de Chimie à l’usage des lycées, traité classique s’il en est, et donc les éditions successives ont initié à la Chimie de nombreuses générations d’élèves .. Puis, en 1920, un livre intitulé la Molécule chimique dans lequel Lespieau fait , de Lavoisier à Le Bel et Van r’Hope , l’historique des découvertes qui ont conduit à la notation chimique actuelle . C’est en somme l’exposé de toute l’évolution qui a captivé l’esprit de Lespieau au début de sa carrière scientifique. Ce petit livre clair et attachant a été distingué par l’Académie ( Prix de Parville 1922 ) . Il faut citer également l’opuscule publié en 1938 sur la ‘ Détermination des Poids moléculaires ‘. Il a participé au dictionnaire de Wurtz et au traité de chimie organique de Grignard.



Robert Lespieau eut 2 filles . L’ainée Madeleine épouse Noel Tapissier (Soieries de Lyon) La seconde Clémence épousa Marcel Clavel..



Nous allons nous consacrer à l’étude de ce personnage fascinant , gendre de Robert Lespieau .






MARCEL CLAVEL ( 1894-1976 ) gendre de Robert Lespieau …………………………………………………………………………..






Extrait de l’annuaire des anciens élèves de l’Ecole Normale Supérieure par Jean Loiseau en 1977. Doyen honoraire de la faculté de Bordeaux


C’était un homme hors du commun , excellemment évoqué par tel de nos camarades d’alors qui me rappelait « sa haute stature et sa belle figure calme , claire énergique » . Il avait derrière lui une longue lignée d’hommes en qui on peut voir de grands bourgeois ruraux . Ses ancêtres maternels étaient originaires du Tarn : On les trouve à Réalmont dès le seizième siècle , menuisiers et ébénistes. Toulouse était leur capitale , et ils y faisaient figure de commerçants prospères. Son père , lui était percepteur et avait passé plusieurs années à Aunlon, près de St Gaudens , où le jeune Marcel fut parfaitement heureux Peut-on rêver plus homogène enracinement ? c’était l’homme d’une province, d’un climat, d’une race. Le sachant , on comprend d’où venaient ses qualités maîtresses, sa solidité, son équilibre, sa droiture, et ce qu’on pourrait appeler sa simplicité . Il n’y avait en lui ni angoisses ni doutes . Il suffisait de le voir « calme , clair, énergique . » pour sentir qu’il vivait dans un monde de certitudes , le monde que lui avaient légué ses ascendants.



A première vue il n’était pas destiné à la carrière universitaire , avec ce que celle – ci comporte de penchant pour l’analyse , la critique , et pour la subtilité raffinée des coupeurs de cheveux en quatre qui hantent les Khâgnes . Il était à vingt ans un superbe athlète , et on le voyait plus volontiers sure les terrains de sport , sur les pelouses du Stade Toulousain, ou n°4 dans un huit de l’Emulation Nautique Il fréquentait les deux clubs et y était également populaire Mais il était aussi ce rare phénomène , à une époque où les bons sportifs ne faisaient que, croyait – on , de mauvais élèves , un brillant sujet en classe . Doté d’un esprit vif et d’une parole facile , il donna la preuve éclatante de sa vigueur intellectuelle quand il fut reçu en Juillet 1914 au concours d’entrèe à l’Ecole Normale Supérieure , sans avoir besoin de faire à Paris son temps de purgatoire Pareil succès n’était pas arrivé depuis dix ans à la khàgne Toulousaine Ce n’était pas un mince exploit Et l’on vit , à cette occasion monter à Paris pour l’encourager son maître , l’archicube René Dufor , ce qui témoignait de la sympathie qu’il inspirait Il lui en garda une reconnaissance attendrie .



Mais, on était en Juillet 1914. Marcel fut bientôt mobilisé avec sa classe en Septembre, et ne tarda pas à manifester ses exceptionnelles qualités de meneur d’hommes . Sorti premier du peloton réservé aux élèves des Grandes Ecoles , il monta au front en Janvier 1915, comme sous lieutenant au 81 eme d’Infanterie . En juin il était promu lieutenant et en Octobre à 21 ans , il devenait le plus jeune capitaine de l’armée bleu-horizon. Puis ce fut Verdun, ou son régiment fut décimé et ou il fut blessé , mais trop légèrement , jugea t’il, pour être évacué . La croix de guerre avec palmes et plusieurs citations , puis la Legion d’Honneur récompensèrent sa bravoure . Mais ce dont se souvenaient ses camarades , c’était l’acharnement qu’il avait mis à obtenir de l’Etat Major que les attaques de l’infanterie soient appuyées par des tirs de barrage efficaces . Marcel était un héros authentique.



En juin 1917, sa qualité d’angliciste lui valut d’être désigné pour faire partie de la première mission Française chargée d’instruire les divisions américaines en formation . Il partit pour le Nouveau Mexique . Comme il le disait, il fut retiré du front « au moment où son tour de faire un macchabée avait sonné depuis longtemps . » Il sera rappelé en 1940 avec le grade de capitaine , bientôt promu commandant, et affecté cette fois au G. Q. G. britannique pour la traduction des documents confidentiels ; et plus tard il quittera l’armée comme Lieutenant Colonel de Réserve



1919 l’avait ramené rue D’Ulm ; c’est à lui que l’administration de l’Ecole confia la mission délicate d’amalgamer , comme « Cacique général . » , les promotions des jeunes , frais émoulus de leur Khâgne ou de leur taupe, et celle des combattants d’hier reçus au concours spécial de 1919. Il s’en acquitta avec sa bonne humeur et sa faconde naturelles, et la conviction que cette mission était de première importance . Car il avait un véritable culte pour l’Ecole .


Ses études se poursuivirent sans heurts Après quelques mois passés à Oxford , dont il ramena un diplôme sur Kipling et l’armée des Indes , il fut reçu sans peine à l’agrégation en 1921. Sa turne était naturellement le centre de ralliement des anglicistes . On y discutait ferme. On sortait aussi : on allait au théatre, à l’œuvre et au vieux Colombier , généreux en billets de faveur ; on dansait dans les grands bals de l’avenue Hoche .


Une fois agrégè , il fut de ceux qui choisirent de partir pour les Etats-Unis . Peut-être voulait il retrouver un peu de l’atmosphère de son stage au nouveau Mexique ? Gràce à la recommandation du « clou », Gustave Lanson , il obtiint un poste à l’université d’Ann Arbor ( Michigan) , d’abord comme ‘instructor ‘ , mais dès la seconde année , comme ‘assistant – Professor ‘. En 1922 , il se maria avec la fille du grand chimiste , l’archicube Lespieau , membre de l’institut . Son épouse devint d’autant sa collaboratrice qu’elle savait l’Anglais . c’était « une conseillère avisée ».


Au bout de quatre ans , ils décidèrent de rentrer en France , dans leur cher Midi ? et après un bref séjour à Marseille , au lycée Thiers , Clavel fut nommé à la faculté des Lettres d’Aix en 1927. C’était le moment ou les études américaines prenaient place à coté des études Anglaises . Il fut le premier occupant de la chaire quand elle fut crée et devint un de nos plus ardents americanistes.


Il avait pensé prendre comme sujet de thèses le sentiment de la nature dans la littérature américaine : mais apprenant qu’un autre chercheur travaillait déjà en ce sens , il se tourna vers Fenimore Cooper, qu’il avait commencé d’étudier précisément à cause de son amour de la nature et qu’il voyait le chantre des grands espaces et des grandes aventures Il devint son champion , et , pendant quarante ans , son tempérament de lutteur trouva à s’employer, car il considérait que le romancier populaire qu’était Cooper n’était pas apprécié à sa juste valeur , Cooper était un homme selon son cœur Il y avait entre son héros et lui des affinités profondes qu’il a exposées à maintes reprises et qu’il continuait à exposer , inlassable , à la veille de la retraite , comme en témoigne encore l’article publié dans les ‘’Etudes Anglaises ‘’de Mars 62.


Il a été le plus dévoué des professeurs au risque de se faire taxer de paternalisme.

Quand nous avons crée la ‘ Société Angliciste de l’Enseignement Superieur , il a pris une part active à sa mise en train , et les membres de la S.A.E.S. ont encore dans l’oreille ses interventions véhémentes en face du scepticisme de certains.


Passionné de musique, il s’était fait compositeur, membre actif de la société des compositeurs dont il portait toujours sur lui carte. Il a laissé un nombre considérable de mélodies signées Felix Serge , en souvenir de ses aîeux sergers .Il avait entrepris une réforme phonétique de l’orthographe .


Il s’était initié aux techniques généalogiques . Si j’ai insisté au début de cette étude sur ses ancêtres, c’est qu’il en parlait souvent , avec amour et admiration. Il fallait l’entendre évoquer son grand père paternel , ce capitaine d’artillerie qui avait combattu à Verdun en 1870 et y avait gagné la Legion d’honneur, ou ce bisaîeul qui avait fait la campagne de Russie et reçut la médaille de St Hélène . Du côté de la famille Lespieau il pouvait aussi faire une ample moisson d’hommes éminents . Leur berceau était Condom . On comptait parmi eux beaucoup d’officiers , dont un général de division qui eut des funérailles exceptionnelles en 1911 : Grand officier de la Légion d’honneur alors qu’il était en activité , les troupes faisaient la haie depuis le boulevard de Port Royal jusqu’au « Lion de Belfort . » Leur descendant pouvait être fier d’eux .


Il pratiquait tout naturellement la devise du club Americain : « Servir . ». Il avait été pendant la guerre un homme brave , ô combien ! il fût, toute sa vie, ce qui , pour moi, est tout aussi élogieux, un brave homme.







MARGUERITE LESPIEAU - MADAME MARIANO GOYBET ( 1868-1963).








Fille du Général Théodore Lespieau , femme de Général Mariano Goybet, Sœur de l’Academicien Théodore Lespieau, mère de l’Amiral.Pierre Goybet , d’Adrien et de Frederic morts pour la France en 1914. C’est une femme instruite et spirituelle avec le sens du devoir et de la famille qui se livre ici. Une vie qui ne fut pas de tout repos dans ces temps troublés . Les qualités de mon Arrière Grand-Mère n’en ressortent que mieux C’était bien la digne compagne de Mariano.



Tiré de ses notes


Il est assez difficile de parler de soi même sans orgueil, comme sans fausse modestie. Je tacherai pourtant d’être impartiale .


Je suis née à Verdun le 23 Juillet 1868, rue du Général Chevert n° 7 : Cette maison a été bombardée par le Boche et il n’en restait que la hauteur d’un mètre lorsque mon mari la vit durant la grande guerre .

Mes ainés avaient Frédérique 9 ans et Robert 4 . Mon parrain était le capitaine Paul Diétrich qui est mort Général et une amie de ma mère , mademoiselle de Levad et madame Pimpernel . Je n’ai commencè à travailler qu’à 6 ans : Ma sœur Mathilde étant morte à deux ans et demi parce que trop développée on ne me poussa pas Pourtant à 6 ans et demi , je suivais avec succès les classes de mon âge .


Nous étions au Camp de Chalons en juillet 70 , j’avais 2 ans à peine….. et je garde cependant un souvenir confus, mais réel du départ de Napoléon III pour la guerre, au milieu des vivats et des acclamations …. Jusque là le second Empire avait été vainqueur !



J’a déjà conté notre départ de Paris juste avant le siège, notre séjour à Condom dans le Gers . Après la guerre , nous avons rayonné autour de Paris, à Noisy le Sec, Romainville , Marnes, Langres et puis Chaumont ou mon père commandait le 109 eme de ligne à Bourg en Bresse ou il était Général de Brigade , enfin à Mascara ou je me suis mariée …. Il y a aujourd’hui même 40 ans .


J’ai été une enfant précoce sans doute par mes atavismes Basque et Catalan J’ai ‘ chanté dans le monde ‘ à partir de 3 ans et n’ai cessé qu’en 1914. Mes premiers vers datent de ma 7 eme année à quatorze ans . J’écrivais plus facilement en Rimes qu’en Proses. J’étais musicienne née, me rappelant par cœur toute mélodie entendue et j’avais un bon coup de crayon . A quinze ans et demi je fus reçu à mon brevet simple le 9 Juillet 1884. . Je suppose que je le méritais malgré le grade de mon père puisque la fille du Général de Division fut refusée . Sans doute, si je m’étais mariée moins jeune , aurais je pu acquérir un vrai talent dans l’un ou l’autre des arts pour lesquels j’étais douée. Peut être aussi, avec moins de facilités , aurais je travaillé davantage ?



Mais à vrai dire ma mère m’élevait très sérieusement et je n’avais pas le temps de m’adonner au superflu . Nous avions peu de fortune, la solde était employée d’abord à l’instruction de mes frères puis aux réceptions brillantes et répétées d’obligation jadis dans de telles fonctions . Ma mère fut sage en m’initiant au raccommodage , à l’entretien des vêtements et de ma chambre : Malgré de nombreux domestiques , je m’en occupai entièrement . Le soir, mes devoirs faits , mes leçons sues, je reprisais , je mettais des pièces. S’il m’arrivait à 10 heures de plier mon ouvrage sans permission , ma mêre m’ordonnait de continuer jusqu’ à nouvel ordre . Le Dimanche mon père me réglait mes travaux comme à une ouvrière :


Je n’eus jamais d’autre argent de poche….. et je faisais des cadeaux . Des amis venaient quelquefois causer ou jouer avec moi, pas souvent , on trouvait que le plaisir doit être la récompense de l’effort à cette époque et non la loi de la vie. Cependant j’ai connu même alors, de très futiles jeunes filles et je crois que mon éducation personnelle a été plus sévère que la leur .



A Bourg , après avoir eu durant un an une institutrice , j’ai suivi les cours des Mlle Leurtet et Blary . C’est là que j’ai rencontré mon amie Louise de 2 ans mon ainée , à présent épouse du Colonel Ch . Leclerc avec laquelle nous avons fondé une amitié solide puisqu’elle dure , sans accroc, depuis 28 ans . Robert avait , lui, quantité de camarades, dont le Général E. Debeney , fils du notaire . Tous deux sont ceux qui sont arrivés le plus haut dans la vie . Peut être l’éducation civile que je recevais au milieu de tant de garçons a-t-elle été une des causes de mes qualités plutôt masculines ?......... Qualités qui m’ont parfois nui .




Qui songe à consoler une femme dont l’énergie se maintient presque toujours à la hauteur de tous les discours lançés ? . Comment croire qu’elle puisse avoir le cœur aussi tendre qu’une autre, si elle a horreur des flirts, des petites vanités, des envies féminines ? et pourtant j’etais comme les autres et la tendresse avait plus de prise sur moi que la colère :


J’ai toujours ignoré la crainte, j’ai toujours eu le caractère indépendant , j’ai toujours eu horreur de l’obéissance et j’ai plus obéi que quiconque Je reconnais d’ailleurs en toute sincérité que mes parents eurent raison d’exiger qu’il en soit ainsi La personnalité peut avoir sa raison d’être , sa nécéssité absolue chez un adulte et avoir de très mauvais cotés chez un être sans expérience .


Physiquement, on dit que je ressemblai à mon père . Il est certain que je suis de sa race . Avec l’age, je me suis mis à ressembler à ma mère. J’avais 1 m 63 ; une tournure cambrée, des mains et des pieds fins, des dents bien rangées ; des yeux bruns assez spirituels,. dirait t’on mais….. que j’aurai préférés plus grands, un nez droit… que j’aurai aimé plus fin, une magnifique chevelure châtain fonçé et des beaux sourcils Mon teint s’éclairait le soir, j’avais les épaules et les bras très blanc à la lumière …. Mais dans le jour je manquai de teint ce qui dans ma jeunesse me vieillissait . Si je n’avais pas eu de si solides principes, j’aurai mis un peu de rouge …..Qui sait, c’est peut être à cause de cette honneteté que j’ai paru moins bien que celles , sachant s’arranger un tantinet !


Qu’importe en somme, puisque telle que j’étais, j’ai plu à ceux auxquels j’ai voulu plaire ? Intellectuellement j’aimais les Arts, la lecture et surtout la nature ; goûts que j’ai gardés Je prisais beaucoup l’éloquence ….. même la mienne . Un peu trop paraît il même quand je n’étais qu’une jeune femme ! Possible , en tout cas, je n’éprouvais aucune spéciale volupté à déchirer le prochain , ni à déguiser la vérité On a pu dire de moi : « Madame Goybet c’est un honnête homme . » éloge dont je suis assez fière !



Nous nous sommes embarqués ma mère et moi le premier Novembre 1883 sur le Moise . Cdt Lota pour Oran, nous y sommes arrivés le 3 .


Ma mère avait beaucoup pleuré et beaucoup peiné pendant notre déménagement . Elle se trouvait fatiguée de notre installation à Mascara, une péritonite se déclara . Elle fut administrée le 13 Novembre et opérée par le docteur Annequin . Mais avant , elle avait exigé que le curé l’abbé Leausère lui lut sur la tête l’évangile de St Jean . Le docteur Drieux de passage et totalement incroyant , fut obligé de reconnaître que son état ; s’était déjà amélioré ensuite avant l’intervention du docteur Annequin


J’avais soigné ma mère de mon mieux mais je ne supposais pas que je pouvais la perdre Le docteur me prévient du danger imminent si brusquement que je m’évanouis Il me porte sur mon lit et ferme la porte . Je revins à moi et je pénètre par une autre porte près de ma mère dont je tiens la main durant une heure et demi que dura l’opération. J’attribue à cette émotion violente et à un travail intensif de préparation d’examen les maux de tête dont j’ai souffert cruellement et souvent dans toute mon existence .


J’étais assez sujette aux bronchites et aux angines . De mon enfance, j’ai eu la rougeole à 6 mois et à deux ans , la scarlatine et la fièvre muqueuse à Bourg vers 13 ans , un accident grave à 22 ans suivi de la dyphtérie et une grippe infectieuse intestinale à Briançon . Depuis l’ age de 20 ans je n’ai jamais manqué d’avoir le rhumes des foins suivi d’asthme . Voilà le bilan de 58 ans d’existence et d’une réelle santé …..Que dire de ceux qui n’en ont pas ?



Jusqu’au 7 Février 1886 ma plus grande tendresse a été celle que je ressentais pour mon frère aîné . Ce jour là , il y avait un courrier partant pour Marseille , d’où il devait prendre le bateau pour le Tonkin . Mon frère venant de changer de résidence, je vins au salon demander à ma mère sa nouvelle adresse ….


J’étais trop jeune encore pour recevoir avec elle . C’était son jour . Etaient présents quatre jeunes officiers de tirailleurs nouvellement arrivés au 2 eme Mrs Maffre, Provent, Quénard et Goybet . Je m’assieds un moment près de celui-ci et nous causons ou plutôt, nous écoutons ma mère. Puis ils s’en vont , moi aussi . Le soir ma mère me dit :

« L’un de ces jeunes gens était bien joli garçon , le blond ,c’était Provent . »

« Oui . » répondis je « Mais j’aime mieux le brun . Tiens voilà une tête qui me plairait chez mon mari » .

A la même heure mon mari écrivait à sa sœur Constance :

« J’ai vu Madame Lespieau , belle et imposante et sa fille Marguerite , voilà une personne qui me plairait pour femme ! . »


J’avais, il m’en souvient, une robe noire à raies étroites de velours et un gilet de mousseline de soie blanche brodé de petites perles fines, des souliers mordorés .


Je revis le Sous Lieutenant Goybet le 27 Février à un grand bal chez mes parents et nous avons dansé trois ou quatre fois ensemble . ( On n’ admettait pas que ce soit davantage ) . Nous nous plaisions de plus en plus. J’avais une robe de style Louis XVI . Jupe en petits volants de dentelle crème, tunique à paniers d’une étoffe rayée bleu et crème . Sur la ligne crème, de menues fleurettes rose ancien. Nous avions souvent des réunions chez le sous préfet Mr Choisnet, chez des Cdts , chez le Colonel du 4 eme Hussard , etc….De sorte que nous nous connaissions et étions décidés à nous marier .


J’avais été demandée déjà à Bourg par le fils d’un Docteur laid mais riche , ou si l’on préfère richement laid . Un de nos grands chefs de la guerre pensait depuis années à m’ épouser plus tard. En Algérie l’officier de Hussards devait faire une démarche près de mon père.. Enfin le frère du maire henry , d’Espagnol d’origine , mais naturalisé Français songeait sérieusement à moi. Il était très bien de sa personne , excellent violoniste et riche de 4 millions ! …..mais, mais , mais son grand père avait prêté à la petite semaine …… et à la critique, je n’avais pour Monsieur Henry , qu’une bonne amitié . Avant de connaître mon mari , j’avais répondu à une allusion que l’on m’avait faite , si je disais oui , il faudrait qu’ ‘’il donne aux pauvres la moitié de ce qu’il a ‘’


« Entendu . » avait il dit, mais sa mêre moins affinée et moins décidée avait ajouté ‘’ Je croyais cette jeune fille plus intelligente ! »


C’est le 5 Juin 1886 que mon mari vint chez mon père me demander lui-même. Son Cdt , le Colonel Sandherr , devait faire la demande, mais appelé au ministère , il y resta et force fut de supprimer l’intermédiaire . Mes parents me parlèrent le soir même. Je dis ‘’oui’’ et dès lors mon mari put venir chaque fois qu’il n’était pas de service .


Nous causions dans le jardin de la subdivision aux heures fraîches, dans le salon aux heures chaudes et nous promenions le soir sous les étoiles et tard dans la nuit toujours accompagnés de ma mère et d’un Cdt de nos amis ….. à qui nous avions fini par ofrir des bottes d’honneur , tant il en a usé sur les routes pour nous suivre .



Le 1 er Fevrier 1887 eut lieu notre mariage civil et religieux La mairie et l’église étaient fleuries d’amandiers roses , la musique civile avait voulu jouer pour nous à la première , mes institutrices, les religieuses trinitaires et mes anciennes compagnes chantaient la messe .


16 grands Chefs Arabes nous entouraient . On evalue à 5000 les spectateurs qui se bousculaient entre la subdivion et l’église , pourtant toute proche .


Ma mère vêtue de soie vert Serpent entièrement perlée et royalement belle formaient avec mon beau père un couple superbe . Frédérique était revenu du Tonkin pour être mon garçon d’honneur . Robert retenu par ses Etudes à normale n’avait pu venir . Henry , le marin etait dans le pacifique . Ma belle mère près de ma belle sœur Gignoux qui venait de perdre la petite rose . Victor et Constance étaient là .


Il y eut un déjeuner splendide avec tous les généraux , les sommités de la région Nous , les mariés avions à notre table , tout ce qu’ il y avait de jeunesse dans la ville . Dehors on nourrissait les pauvres et les Arabes . Il fut consommé 1200 livres de gros gibier . Le soir , un grand bal réunit toute la ville et dura avec le même entrain jusqu’à 7 heures . Au matin , heure à laquelle on nous permit de nous retirer chez nous !


Nos parents restèrent encore quelques jours et après leur départ , mon père et ma mêre nous abandonnant la maison, allèrent passer une dizaine de jours à Oran , laissant à notre service ce brave Pierre Bourrounet que ma mère avait sauvé de la typhoide Ce brave garçon nous servait à table et disait sans cesse : « Mademoiselle reprendra t’elle encore telle ou telle chose . » puis il devenait tout rouge et disait humblement à mon mari : « Oh ! Pardon , mon lieutenant !. » .


Nous sommes venus en France en Avril faire une tournée de famille tandis que mes parents faisaient leur malle pour Grenoble . Nous sommes revenus à Mascara d’ou nous sommes partis pour Tin Sefra : Je suis la première femme ‘’ de ma caste ‘’ qui y soit allée en chemin de fer jusqu’à Saïda , de là en voiture jusqu’à MelKhalis , couchant par trois fois dans des gares en construction. J’étais dans un état intéressant . Nous ne cheminions qu’avec notre revolver .. A Tin Sefra le Commandant Bunoust et le Commandant Supérieur nous avaient alloué deux petites chambres Dans l’une nous vivions . L’autre contenait notre lit , notre toilette et une chaise et quand nous voulions ouvrir la fenêtre, nous mettions la chaise sur le lit ! et encore nous étions gâtés ….. A cause de mon père . ‘’ Ah ! qu’on est bien quand on est mal ! ‘’



Les punis des Joyeux et des Bataillons d’Afrique étaient nos plus proches voisins . Eh bien jamais je n’ai entendu un mot malsonnant . Je m’efforçais de n’être pas gènante , chacun m’en savait gré . Nous avons été très heureux avec 44 degrés dans notre chambre et bien plus au dehors , ne mangeant pas de frais, buvant l’eau de l’oued Sefra qui , une fois déssèché , nous montra les cadavres de 4 chiens ; ne voyant pas un arbre et trouvant du sable dans nos chaussures, dans le boîtier de nos montres , sur nos rôtis et sous nos dents .



Nous avons été ensuite à l’Aissa ou un simple gourbi nous abritait , un matelas entre deux pierres , des fenêtres ou des toiles à sac servaient de vitres . Des Tarentules dans notre lit , des vipères à Cornes sous la grosse pierre ou je m’asseyais pour faire la layette de mon bébé. Les bœufs de notre ravitaillement redevenus sauvages , les panthères venant saigner nos moutons qu’elles rendaient immangeable et poussant d’affreux miaulements la nuit à cinq mêtres de nous , tel était le bilan ….. Mais une belle vue de montagne , les arbres de France, des vols de Palombes ou de tourterelles , des étoiles fulgurantes, une paix divine et beaucoup d’amour, l’espoir d’être mère, quelle compensation !



Vers la fin de Septembre , je revins à Saïda où je retrouvai mon mari venu à pieds avec la troupe de Mostaganem Nous logions sur la colline de Matemate C’est là que ma mère nous a rejoint en Novembre pour préparer la venue de mon premier né .Le 5 Décembre Pierre naissait après 18 heures de très dures souffrances . Il était minuit et demi à une heure du matin , il était au sein et s’y débrouillait fort bien . Je pus assister à son baptème le 24 Décembre . Ma mère nous quitta peu après .


En mars mon mari fut nommé lieutenant au 140 ème à Grenoble . Nous étions logés au deuxième étage de la division C’est là que j’ai attendu 4 mois Adrien en nourrissant Pierre ( il n’y avait que 14 mois de différence) et deux après Frédéric . Comme j’ai eu en plus deux accidents, que je nourrissais mes enfants à cette époque ou l’on ne les réglait pas , qu’ils ne me laissaient guère dormir et que jamais ils n’usaient de biberons J’étais horriblement fatiguée Je ne faisais ni ne recevais de visite et n’allait pas au bal En 7 ans, moi la fille du patron , ‘’ j’ai assisté à trois grandes soirées ‘’ Mon unique distraction était le théatre ou j’allais dans la loge de mes parents .



En 1890- 92 mon mari était à l’école de guerre à Paris , y travaillait ferme . Nous ne sortions pas et d’ailleurs j’attendais Frederic la 1ere année . Ma mère gardait les aînés . Notre plaisir consistait à faire le soir les grands boulevards et les Champs Elysées. L’été , je revenais à Grenoble .



Le 20 Avril 1893 , nous avons été frappés par la mort de mon frère ainé au Soudan . L’évènement catastrophique à tous égards ! En 1894, le 15 Avril , mon père prit sa retraite dans le Gers ; puis ensuite à Paris . Mon mari était à l’Etat Major de la division . Il l’avait choisi à sa sortie de l’Ecole de Guerre .



Le General Zédé qui remplaçait mon père , l’apprécia hautement et le 7 Janvier 1896 l’emmena à Lyon comme Offiicier d’Ordonnance . Nous étions logés .Mes trois petits garçons allaient en classe . j’attendais Claire . Elle est née à Condom le 9 Octobre 1896 . Ma vie mondaine s’est écoulée presque complètement à Lyon . Madame Zédé recevait toute la ville à son jour, je l’aidais .Nous étions très invités . On arrivait que tard au bal . On le quittait au petit jour et l’on ne se dorlotait pas au lit .


Mon mari descendait au bureau . J’avais ma tâche maternelle à accomplir , voisine de ma vieille tante Tabareau que j’aimais tant . J’allais chaque jour presque la voir, lui faire la lecture . Je travaillais beaucoup n’ayant pas de femme de chambre et faisait travailler mes fils . C’est pourquoi je peus dire plaisamment que durant ces 7 ans de Lyon , j’ai mené la vie de deux femmes honnêtes …. Et d’une déshonnête ! entendant par là les plaisirs Cependant je faisais durer mes toilettes Je n’en avais pas plus de deux très simples . Pourtant j’ai été citée dans le Gaulois pour deux costumes déguisés : En Arabe chez madame De Bournat, en Serbette Empire chez la Generale Leroy .



Mon mari est allé quelques mois au 99 eme à Lyon puis à Gap . De là il demande à aller à Briançon à l’Etat Major puis Cdt au 159 eme puis Cdt et Lt Colonel au 30 eme bataillon de Chasseurs qui tenait garnison à Grenoble et à Embrun . Dans la situation de femme de Chef de Corps avec 45 Officiers dont 16 mariés , il faut du doigté ….. J’ai fait de mon mieux . Nous n’avons jamais eu d’histoires . J’étais une excellente valseuse . A 32 ans , je cessai tout à fait ce sport … Sachant bien que c’ était plus sage , cependant nous recevions beaucoup le soir et surtout à diner.


Nous étions servis par un ménage , les Dupanlery ( du pays du célèbre évèque ) que nous avons gardés , lui 15 ans, elle 19 . Elle ne le valait pas mais serait considérée comme parfaite aujourd’hui .Mais où trouver un dévouement, une délicatesse , des soins consciencieux comparables à ceux de ce pauvre Florentin , mort pendant la guerre !


L’époque la plus agréable de notre vie a peut être été à Briançon où nous voyons beaucoup entre 14 ménages très agréables , avions quantité de diverses sorties , comédies , soleil chaud tout l’hiver avec -25 de Froid , 1h1/2 de patinage, enfants se fortifiant dans ce climat salubre , que de fois nous l’avons regretté .C’est à Grenoble que ma fille a connu son mari. Fiançée le 21 Juin 1914 nous deviosn l’y marier le 14 Octobre suivant .



Venus à Yenne avec Pierre le 10 Juillet , nous y vivions à la fin du même mois, les angoissantes journées d’avant guerre et de mobilisation . Le 10 Aout nous allions en gare de Culloz , embrasser mon mari et frédey, qui devait être tiré 9 jours plus tard .En février Claire prenait une pleurésie admirablement soignée et rapidement guérie par notre cousin , le Docteur Eyraud qui devait mourir l’an passé succombant à trop de fatigues de métier. En 1915, le 28 Septembre du moment des victoires de Champagne , Claire se maria . Mon mari et Pierre étaient là …. Adrien devait être tué le 6 Octobre et n’avait pas voulu quitter ses hommes .



Le soir même mon mari repartait se battre et le jeune ménage à Ferryville …. Je restais seule ici avec ma mère . J’y appris le 29 Octobre la mort d’Adrien que je savais depuis 1e 10.


Les 3 autres années de guerre continuèrent coupées par de courtes permissions de mon mari où de Pierre , deux séjours de ma famille avec le petit Jacques né le 21 Février 1917 à Ferryville , puis sonnèrent les cloches de l’armistice…. J’avais tenu jusqu’au bout , prédisant la victoire , car j’y ai cru depuis le 2 Août 1914 , m’occupant des soldats du pays, des convalescents, de leurs familles .



Enfin vint la récompense : mon mari, en 1918 fut nommé adjoint au Gouverneur de Strasbourg ( Général Hirschauer ) où je le rejoignis . Madame Hirschauer était à Paris , je venais donc tout de suite après Madame Millerand et Madame Juillard femmes du haut commissaire et du Préfet . Gouraud n’étant pas marié . Lorsqu’on a vu le premier 14 Juillet en Alsace en 1919 , assisté au balcon des autorités en face de mon mari à cheval couvert de décorations et de palmes à la revue solennelle de nos troupes , on peut dire que l’on a vécu des heures inoubliables . En Mars 1920, Gouraud appela en Syrie mon mari et moi …. Oui , moi aussi car je ne puis pas répéter les paroles trop élogieuses qu’il m’avait dites avant son départ de Strasbourg pour me présenter d’avance .



Mon mari s’embarqua le 17 Mars , se battu dès dès le surlendemain de son arrivée , fit face à tout et pris Damas le 24 Juillet 20. Je l’y rejoignais fin Septembre . Nous eurent là une existence de semi Royauté .



En Aout 1921, nous revenions à Yenne dans la vieille maison de famille Mon fils s’ était marié le 17 Juin 1918 avec sa cousine Henriette Goybet , qui lui a donné 4 beaux enfants, à égalité filles et garçons .


Ma fille a trois superbes rejetons , un garçon et deux filles ….. Cela remplit le cœur mais le notre garde aussi des places vides incomblables …et même entourée de mes petits enfants que je chéris profondément , je regrette ce que m’aurait donné mes fils disparus !



Nous avons donc gravi la main dans la main , mon mari et moi les sommets de l’existence et ainsi qu’ensemble , après 40 ans d’union très intime , nous redescendons vers la dernière plaine , l’un de nous deux semblera quitter l’autre …..mais son âme saura se rapprocher de la fidèle compagne restée ici bas , j’en ai la conviction jusqu’au jour de la réunion éternelle . Quant à moi, j’espère avoir fait plus de bien que » de mal : J’ai aimé la vérité , j’ai taché de suivre la route droite , j’ai plaçé ma patrie au dessus de tout ….. n’est ce pas le premier des devoirs d’Etat ?



Lorsque j’ai su la mort de Fredey , j’ai télégraphié à ma mère : ‘’Fredey tué dans les vosges le 19 . Vive la France ! ‘’ et maintenant je me recueille avant la fin remerçiant Dieu des joies et des peines qu’il m’a envoyées . J’estime que ces dernières années , nous avançons dans la vie qui mène à lui ; et certains bonheurs trop absolus ne sont pas à envier : d’ailleurs mes chers enfants sauront bien m’aplanir les derniers Kilomètres , ils m’aimaient trop pour m’abandonner . Je crois fermement que dans l’ascension de notre âme, comme dans les autres , les beautés que l’on découvre du sommet, consolent des difficultés de la montée .














JULES GOYBET A SES ENFANTS ET PETITS ENFANTS 20 JUIN 1907.




Yenne le 20 Juin 1907.


Dans trois mois j’aurai 84 Ans et ma bien aimée femme qui a 13 ans de moins que moi, est relativement bien portante. Je dois donc espérer que le bon Dieu ne m’infligera pas la grande douleur de la voir mourir. C’est naturel que j’adresse à mes enfants et petits enfants mes recommandations en prévision du jour ou ma chère femme sera privée de l’aide de son vieux compagnon de route.


Nous avons du passer cette année le cinquantième anniversaire de notre mariage . Pendant cette longue union , je ne crois pas avoir causé à votre mère , par ma faute, de bien violents chagrins, mais je lui ai apporté bien de petits ennuis qu’elle m’a toujours pardonnés et dont je lui demanderai certainement pardon au moment de ma mort si j’en ai le temps, mais pendant ces 50 Ans , j’ai eu bien des occasions d’apprécier l’intelligence , le bon sens , la bonté le dévouement la délicatesse de la compagne d’élite que Dieu m’a donné .


A l’approche du départ , ma plus pressante recommandation à mes enfants et petits enfants est pour que tous entourent ma chère femme après ma mort , de respect , d’obéissance , d’appuis et de tendresse.

Je laisserai à ma bien aimée compagne une situation bien modeste, assez claire pour ne pas causer des difficultés de règlements ; ma femme n’ayant pas l’habitude des affaires , je recommande instamment à mes enfants et petits enfants de lui offrir, prudemment à l’occasion, leur appui et leurs conseils . Je désire formellement que ma femme ait après moi, une situation indépendante, pour assurer le bien être de sa vieillesse et lui permettre de donner un appui à ceux de mes enfants ou petits enfants qui pourraient en avoir besoin.. Les comptes ouverts sur mon grand livre donne la situation de chacun à consulter après mon décès. Je demande à tous mes enfants et petits enfants de resserrer entre eux , le plus possible, les liens de famille ; c’est là qu’on peut trouver encore de vraies amitiés, des affections sérieuses et des dévouements utiles. ; une famille nombreuse bien unie prend une importance , une puissance avantageuse à tous ses membres.

Je n’ai pas la prétention de réglementer l’avenir ; pour êtres légitimes et utiles les règlements doivent être commandés par les circonstances, mais voulant éviter à ma chère femme, un soucis et un embarras, après moi , je lui ai conseillé de donner, quand elle sera veuve, l’administration et la jouissance du domaine de la Martinère à nos enfants . Il leur sera facile de s’arranger avec le fermier pour recevoir le produit en une somme d’argent et de charger l’un d’eux de l’administration et de la surveillance. ; ils continueraient en indivis jusqu’au décès de leur mère.

Dans le but d’améliorer la situation de ma femme, j’ai fait stipuler dans les contrats de mariage de nos enfants que les sommes données pour nous à cette occasion, seraient prises sur la fortune du prémourant . Chacun de mes enfants , a dans mon Journal Grand Livre , un compte ouvert qui devra être consulté. Je pense joindre à ces notes, un état détaillé et estimatif de notre fortune. Voici en attendant quelques indications :

« Notre fortune se compose :

-1) Du Domaine de la Martinière. Il a été très amélioré depuis que l’avons acheté et cependant sa valeur vénale a beaucoup diminué, de même que la valeur de beaucoup d’autres propriétés rurales.

-2) De la propriété de Yenne dont la situation rendrait la vente très facile.

-3) Des titres déposés au Crédit Lyonnais . Les récépissés sont réunis dans ma caisse de valeurs . Les produits sont indiqués dans mon carnet de dépôt n°Y01. et dans les comptes semestriels du Crédit Lyonnais classés dans le dossier.

-4) Des titres déposés à la Banque de Françe , succursale de Lyon , tant en dépôt libre, qu’en compte courant d’avances. Les récépissés et le compte de la Banque sont réunis dans ma caisse de valeurs. Les comptes antérieurs de la banque sont réunis dans un dossier.

-5) d’une pension de retraite de 955 Francs de l’école de la Martinière.) après mon décès, une partie de cette pension doit être servie viagère à ma femme, c’est un renseignement à prendre et une démarche à faire quand je ne serai plus.

Nous n’avons stipulé ma femme et moi , aucune attribution spéciale dans nos testaments ; nous croyons donner une plus grande preuve d’affection et de confiance à nos enfants en leur laissant la liberté de se partager à leur gré notre succession. Nous quitterons ce monde avec la confiance que rien ne troublera ‘l’union fraternelle’ maintenue entre nous pendant notre vie . Chers enfants, chers petits enfants , ne pouvant compter, vous avoir tous autour de moi , au moment de ma mort, je vous adresse d’avance un tendre adieu avec ma bénédiction parternelle. Priez Dieu pour moi ; Conduisez vous toujours en bon chrétien pour être sans inquiétude au moment ou vous quitterez la vie . J’ai la ferme confiance que nous nous reverrons ( Si Dios Quiere) dans un monde meilleur que celui – ci, car j’espère beaucoup en la bonté de Dieu.


Yenne le 27 Juin 1907


Signé : Goybet




NOTES DE MARGUERITE LESPIEAU SUR JULES GOYBET



Pierre Goybet le grand père de Jules habitait Yenne . Son fils Alexis commanditait une maison de Soirie et habitait Lyon . Alexis Goybet épouse Mademoiselle Louise de Montgolfier dont il eut 3 enfants. .Louise , Pierre Jules et Charlotte. La jeune mère mourut à cette 3 eme couche. Mon beau père fut en partie élevé par sa grand-mère, Mademoiselle Milanais, mère de sa mère et par son oncle et sa tante Antoine Goybet qui habitaient volontaz.

Ceux-ci avaient 4 fils et une fille. .

- Alexis qui fut conseiller à la cour de Chambery - Charles Général de Division , Inspecteur Général de la Cavalerie - Pierre avocat - Laurent Conseiller de Préfecture. - L’ainée , une fille nommée luçie épousa Joseph Rumilly Notaire à Yenne.

Mon beau père se fit nommer Jules pour se différencier de son cousin Pierre.

On le mit au collège de Rumilly . Plus tard, grâce aux dernières volontés de son grand oncle Charles.dit « L’oncle de Volontaz ». , . Il entra à Fribourg ou il fit d’excellentes études et fut le camarade de jeunes gens portant les plus beaux noms. Il aurait pu ambitionner de hautes situations grâce à sa naissance, ses alliances, son éducation mais son père mourut jeune , ayant mené une vie dispendieuse, il dut se créer lui-même. En 1841 il rejoignait à Saragosse son oncle Augustin de Montgolfier, avec lequel il introduisit en Aragon, la fabrication mécanique du papier et la construction des machines. Il y travailla assidûment 17 ans d’abord Puis le 3 Mars 1857 il épousa à Annonay Marie Bravais . qui avait 21 Ans.

Ils retournèrent en Espagne . Là, naquit Luisa en 1858 , puis Mariano en Aout 1861., puis Constance en Fevrier 1863. La mère de ma belle mère avait rejoint sa fille en Espagne , elle y prit les fièvres. Mon beau père revint alors en France , surtout pour elle, qui mourut d’ailleurs peu après. En 1860 la Reine d’Espagne avait nommé Jules Goybet membre du Conseil Supérieur de l’industrie . Il serait certainement devenu fort riche, s’il n’avait pas quitté Saragosse en 1869.

L’administration de la ville de Lyon l’appela pour diriger la Martinière, école professionnelle importante, due aux libéralités du Major Martin, Lyonnais mort aux Indes . Sous sa direction, l’école devint célèbre. Il y restera 16 ans , mais en 1879 Jules Goybet dut s’opposer aux tendances antireligieuses des nouveaux administrateurs de l’école ( En l’espece, ils voulaient qu’on ne dise plus le jour de la rentrée la messe du St Esprit.). Ils allèrent jusqu’à offrir la Croix de la Légion d’Honneur si mon beau père voulait accepter ce reniement de ses convictions !

Jules Goybet refusa d’accéder à ces désirs et réclama l’honneur d’une destitution. Président de la Société Nationale d’Education, Vice Président de la Société de Géographie de Lyon, secrétaire de la Société d’Encouragement à l’Enseignement libre Catholique., charmant poête ; grand liseur ; Officier d’Académie, grand , distingué et , de traits nobles, c’était une belle figure.

Survint le Krash de l’Union Génerale , dont tant de Lyonnais se souviennent Mes beaux parents y perdirent beaucoup . Ils vinrent alors vivre à Yenne une partie de l’année et changèrent d’appartement …. Ce qui n’empèche que lorsqu’en 1882 et 1889 mon mari et mon beau frêre Victor entrèrent à St Cyr, mon beau père n’eut même pas l’idée de demander pour eux Bourse et Trousseau, que bien des gens plus riches en argent qu’en vergogne, n’hésitèrent pas à solliciter …. Et à obtenir. Il avait acheté à yenne la maison qui avait contenu les archives du Marquis. Celui-ci l’avait acquise d’un Touvier époux d’une Goybet .

C’est là qu’il termina sa vie le 26 Janvier 1912. à l’age de 89 Ans ; entre les bras de Luisa, de Mariano et des miens disant « Je vais à Dieu, il est meilleur que les hommes ». Peu d’instants avant il m’avait dit « Il y a 25 ans que vous êtes ma fille , je ne l’ai pas regretté un quart d’heure ! ». Il reste beau même sur son lit de mort . C’était un père ‘excellent ‘, un mari dont la fidélité ne s’était jamais démentie . Ses dernières volontés nous recommandaient sa femme d’une façon touchante et pressante : il a pu se rendre compte que nous lui avions tous obéi pendant les 18 mois qu’elle lui a survécu ! Mon beau pêre s’emballait vite et souvent mais il avait le cœur chaud et tendre, l’âme loyale, vrai type de l’homme d’autrefois. Très attaché à ses petits enfants pour lesquels sa générosité s’accroissait d’année en Année, il avait su leur inspirer un respect et une affection des plus grandes.


Malgré la vivacité de son caractère, nous nous entendions parfaitement lui et moi et n’eumes jamais que les meilleurs et les plus tendres rapports . Il est mort dans la chambre qui est la nôtre et souvent , s’il arrive à mon mari de s’absenter, je me sens protégée par l’âme de l’homme honnête jusqu’au tréfond de l’ être qui y a vécu avant nous . IL fut toujours incapable de la moindre compromission et ne laissa que des souvenirs d’estime profonde . C’est un bel anneau de la chaîne familiale . Il m’est doux de transcrire ici, pour ceux qui le suivent le résumé d’une vie sans tache de labeur et d’honneur !





VICTOR ET HENRI GOYBET : DE BRAVES SOLDATS 14-18



Citation concernant Victor Goybet promu Officier de la legion d’honneur alors Colonel commandant une brigade d’infanterie. Victor Goybet finit general de Division Grand Officier de la Legion d’Honneur.

S’ est distingué depuis le début de la guerre , tant comme chef d’ état major d’une division que comme chef de corps . Vient d’affirmer à nouveau ses qualites de chef en maintenant son regiment dans des circonstances difficiles pendant plus de trois semaines dans des tramchées soumises à un bombardement incessant et en repoussanrt vigoureusement une attaque Allemande le 6 Avril 1916. Blessé grièvement le 14 decembre 1914 et amputé de trois doigts de la main droite, a reçu une nouvelle blessure le 30 Mars 1916.



Citation concernant Henri Goybet son frere alors lieutenant de vaiseau à la 10 eme section de projecteurs et promu Officier de la Legion d’Honneur . Il finira capitaine de vaisseau et Commandeur de la Legion d’Honneur .

Officier plein d’énergie, de bravoure et d’entrain . Dirige avec la plus grande habileté une section de projecteurs . Toujours prêt à marcher s’est employé à maintes reprises à exécuter pour le compte de la division des reconnaissances très perilleuses . S’est particulierement distingué le 22 Juin 1915 en etablissant à proximité sous un feu violent , un projecteur qui, par son intervention , a contribué à arrêter une dangereuse attaque ennemie .







DANS LES VOSGES MEURENT LES DIABLES BLEUS




Extraits du livre de Jean mabire consacré aux chasseurs alpins ou est cité Mariano Goybet alors lieutenant colonel de chasseurs alpins . Presse de la cité

Guerre de 14-18

la tête des Faux Observatoire prodigieux au dessus du col du bonhomme, sur le versant occidental des vosges. ..........

Le mois de Novembre a été epouvantable . Les couches de neige successives s'entassent sur le sommet et forment avec les arbres et les rochers un veritable blockhaus naturel. .............. Résumé : Les Allemands perdent leur position au sommet après un dur combat et se réfugient sur la contre pente. fin du résumé


Les Allemands dès le lendemain de la prise de l'observatoire, réagissent par un épouvantable tir de mortiers. Les torpilles s'abattent en pluie sérrée. Moins serrée quand même que les flocons de neige qui voltigent dans le brouillard. Le vent souffle et hurle. Les alpins se terrent dans des trous qu'ils recouvrent de quelques branches. Le combat continue. ................. Les pentes enneigées de la tête-des-faux sont terribles à grimper. Et les allemands se pressent de plus en plus nombreux. Maintenant, on entend un cri, rythmé par des centaines de poitrines : - Kaiserbefehl ! Cet ordre de l'empereur, c'est de se ruer à l'assaut dans la nuit et la neige, de franchir les premieres lignes dévastées, de foncer, droit devant soi, vers le sommet de la tête de faux et son "Sphinx" que viennent fouetter des rafales de balles traçantes au point de nettoyer le granit de la glace et de lui rendre son brillant rose.

Le capitaine Touchon répond aux hurlements de l'ennemi : - Vous ne passez pas ! Les insultes fusent dans les deux camps, Parfois le cri de paix devient un cri de guerre Les dauphinois contre-attaquent en hurlant à leur tour : - Noel, Noel ! Etendu, la cuisse brisée, entre les Allemands et ses camarades qui se fusillent à quelques metres, le chasseur Mallier chante la marseillaise, puis il crie : - Les voila ! Mais tirez donc ! Et puis il reprend :

qu'un sang impur abreuve nos sillons

Il mourra totalement vidé de son sang, peu avant l'aube Que cette nuit est longue à finir ! La confusion devient extreme Perdu, un agent de liaison, qui amène des cartouches à ses camarades des premieres lignes, les offre à deux Allemands tapis derriere un Rocher : - Danke schon.... - Merde alors !

L'estafette comprend son erreur et abat les ennemis de deux coups de revolver à bout portant. Le capitaine Touchon se dirige vers un petit groupe qui tiraille, totalement isolé, en tête de toute sa compagnie . Il rampe vers ses Alpins, sans lâcher la bouteille de Champagne qu'il destinait à son reveillon. On casse le goulot sur une pierre, et chacun boit une large rasade avant de reprendre son fusil.

Pendant une heure interminable, les Alpins de la compagnie attaquée vont tenir seuls. Puis une section de renfort arrive, à bout de souffle. Jamais ils n 'ont si vite escaladé les pentes de la tête-des-faux. Son Chef sera premier tué. Le combat continue. Par trois fois, les Allemands attaquent et par trois fois, ils seront repoussés.

Un nouveau venu sur la ligne de feu. C'est le chef du bataillon, le lieutenant colonel Goybet ( mariano). - Je vous amène encore une section de renfort. Cette fois les assaillants refluent. Et soudain, le caporal Crampe se lève, entraine les survivants de sa compagnie et dévale la pente du côté ennemi, criant à son chef, dans le jour gris qui se lève enfin : - Je vais faire des prisonniers, mon capitaine.

Des prisonniers ? Il y en aura quelques dizaines. Ce sont des chasseurs mecklembourgeois coiffés d'un shako de cuir noir. Presque tous portent autour du fourreau de leur baÏonnette une dragonne verte. Le capitaine Touchon récupère ces attributs. - Vous voulez en faire des trophés ? demande le lieutenant artilleur Chabert. - Non, pas des trophés, mais des galons pour mes chasseurs qui vont être nommés caporaux après l'accrochage de cette nuit.

Ainsi, pour la premiere fois de la guerre, des galons verts vont remplacer les galons jonquille du temps de paix trop visibles sur les tenues sombres.

Les prisonniers Allemands, désarmés sont regroupés devant le poste de commandement de la tête-des-faux, au pied du "sphinx". Quelques chasseurs, légerement blessés, les conduiront dans la vallée, vers le village de Fraise où se trouve la base arrière. Au moment ou arrivent les hommes qui vont les emmener, tous les prisonniers se figent au garde-à-vous. Intrigué, le capitaine Touchon demande à un adjudant ennemi. - Pourquoi ce geste, Feldwebel ? Le sous officier répond, avec un geste du menton en directon des Alpins, qui s'avancent vers ses camarades prisonniers :

- Die besten Truppen in der Welt "les meilleures troupes du monde"

Est il meilleur jugement que celui d'un tel ennemi dont tout un bataillon vient d'être repoussé par une seule compagnie de chasseurs alpins ?




LE GENERAL MARIANIO ET LES RED HANDS ______________________________________________________________



Le Général Mariano Goybet prit le commandement de la 157 EME Division d'infanterie qui avait été décimée près du chemin des dames.

Elle fut reconstituée avec le 333 eme R.I. ET Les 371 et 372 eme Regiments Americains noirs (Division Red Hand )

La division alla occuper le secteur de la Foret- Argonne - Vauquois- cote 304 jusqu'au moment (septembre) ou elle fut appelée, à participer avec la IV eme Armé, à l'offensive générale en Champagne.

Le Général Goybet par de violentes attaques, rompit le front ennemi devant Montbois faisant de nombreux prisonniers et s'emparant d'un matériel considérable. La 157 eme D.I.alla ensuite occuper les vosges devant Sainte Marie les Mines.


157 th Division Etat major

Ordre general n°245

Le 12 Decembre 1918, le 371 et 372 RI ont été placés à la disposition du haut commandement Americain

" Avec un profond sentiment d'émotion de la part de la 157 Eme Division et en mon nom personnel, je viens faire mes adieux à nos braves camarades. Durant 7 mois, nous avons vécu comme des frêres d'armes, S'ssociant dans les mêmes actions, partageant les mêmes epreuves et les mêmes dangers. Cote à cote, nous avons participé dans la grande bataille de Champagne qui a été couronnée par une formidable victoire. La 157 eme Division n'oubliera jamais l'indomptable énergie, la charge héroique des regiments Americains sur la crête d'observation et dans les plaines de Monthois. Les défenses les plus puissnate, les bastions les plus fortement organisés, les barrages d'artillerie les plus lourds , rien ne pouvait les stopper . Ces regiments extraordinaires surmonterent tous les obstacles avec le plus grand complet mépris du danger, avec leur dévouement permanent.

La division "main rouge" pendant 9 jours de combat violent fut constamment un modèle d'exception pour l'avance victorieuse de la 4 eme Armée.

Officiers, sous officiers, et soldats, je salue respectueusement nos soldats qui sont tombés, et je salue vos couleurs, cote à cote avec le drapeau du 333 Regiment d'Infanterie, ils nous ont montré le chemin de la victoire .

Chers amis d'Amerique, quand vous serez de retour de l'autre coté de l'océan, n'oubliez pas la division "main rouge".

Notre fraternité a été cimentée dans le sang des braves et un tel lien ne sera jamais détruit. Souvenez vous de votre general qui est fier de vous avoir commandé et soyez sur de sa reconnaissance éternelle.


General Goybet Commandant la 157 eme DIVISION

traduit par henri Goybet du livre de E.J. SCOTT the American negro in the world



Le reportage du NEW YORK HERALD decembre 1918 dit

" Les combattants Americains au nombre de 3000 etaient avec la fameuse "division main rouge". Ils sont devenus des heros sur beaucoup de fronts de bataille et se trouvaient dans les montagnes des Vosges quand l'armistice fut signée."



Temoignage du sergent WM Hendrey de la 372 eme d'infanterie à l'armistice. (source E.J Scott). traduction Henri Goybet


Une des scènes les plus incroyable, dont j'ai pu être témoin, fut aujourd'hui à 11H05. L'orchestre du régiment jouait la Marseillaise, "the star bangled" et "god save the king". Dès que les dermieres notes se turent, de joyeuses acclamations par l'ensemble des soldats et des civils, étaient presque assourdissant. Des hommes agés sautaient et jetaient leurs chapeaux, les femmes dont le coeur était lourd d'un épuisement, causé par une guerre implacable, agitaient leurs mains et exultaient de joie et les enfants gambadaient joyeusement à travers les rues. Les cloches et les carillons à l'église qui étaient précedemment silencieux, envoyaient leur bruyante résonnance à toute volée . En effet, ces sonneries étaient des messages de joie . Au même moment, l'orchestre attaqua une marche endiablée et entonna sa marche dans les rues accompagnée par " Old Glory".

Le régiment de couleur et les soldats Americains et Français. La scène était un beau mélange de couleurs Les Khakhi et les bleu. C'etait comme s'ils voulaient s'unir comme une grande famille pour célébrer les glorieux évènements et voir le reflet de leur propre allégresse sur les visages de leurs compagnons d'arme. Les rues étaient emplies d'une forte émotion et d'une bouillante abondance d'humanité. Il ne semblait que la fraternité des tranchées appelaient la fraternité des hommes.

Fin



Extrait du discours Americain de l'ancien President THEODORE ROOSEVELT à Carnegie Hall, NEW YORK ( traduction H. GOYBET) le 2 Novembre 1918 sur la part des troupes Noires dans la guerre.


" Et bien je remerçie le ciel, nous y sommes allé, et nos hommes de l'autre coté, nos fils et freres de l'autre coté, hommes blancs et noirs, soldats blancs et soldats de couleur ont été si actifs que chaque Américain, maintenant peut marcher en levant la tête et regarder le citoyen de chaque autre pays dans le monde , droit dans les yeux et nous avons la satisfaction de savoir que nous avons joué la part décisive . Je ne dis pas cela dans un esprit d'autosatisfaction, si chacun d'entre vous m' a écouté parler durant les 4 dernieres années, vous savez que je ne me suis pas adressé au peuple American à la recherche d'eloges.

Mais Sans autosatisfaction, nous pouvons dire que c'etait notre action qui a pesé le plus pour la liberté et contre la plus dangereuse tyrannie que le monde n'ait jamais vu. Nous avons agi comme de vrais amis de la liberté par notre action.

Je félicite tous les hommes et femmes de couleur et tous leurs camarades blanc Americains sur la vaillance et l'éfficacité avec laquelle les hommes de couleur se sont comporté au front et l'éfficacité et la détermination de rendre service qui a été montré à l'ensemble des hommes et des femmes de couleur derriere eux dans ce pays . "

THEODORE ROOSEVELT




Commandement des forces americaines Cabinet du cdt en chef

Mon cher general, le president m'a délégué pour vous conférer la Distinguished service medal au nom du gouvernement des etats unis. Comme commandant de la 157 eme DI,371 et 372 eme RI vous avez été l'un des facteurs importants de la victoire des allies par votre brillante conduite et votre haute technicité. Les officiers et les soldats de la 157 eme 371 et 372 RI considèrent comme un grand honneur d'avoir servi sous vos ordres dans les operations que vous avez conduites en Champagne et dans les vosges.

Signé General Persing




Le Souvenir de Mariano et des fameux Red Hands est toujours bien vivant aux U.S.A. Respect mutuel entre le General et des Americains qui se souviennent qu'il a traité comme il se devait des êtres dignes qui imposent le respect pour avoir risqué leur vie et aussi payé de leur . Voici un exemple ci dessous de cette memoire vivante.

The following capsule history of the 372nd Infantry regiment has been compiled by Jim Ball and Richard Ford. It is the result of over 15 years of in depth research. It is periodically updated as new research merits.


The 372nd Infantry was a racially segregated U.S. Army regiment, which served as part of the French 157th Division (Red Hand Division) during World War I. It was made up of National Guard units from: Washington D.C. (1st Separate Battalion - the FIRST National Guard unit [of any race] to muster into Federal service, March 25, 1917 - Companies A, B, C and D); Ohio (9th Separate Battalion - Companies E, F, G, H); Maryland (1st Separate Company - served as the mounted section of the 104th Ammunition Train, 29th Div., Oct. - Dec., 1917 (predating the integration of the U.S. Army by 31 years!) - Company I); Tennessee (Separate Infantry Company G -Company K); Massachusetts (Company L, 6th Infantry – the sole black company in an otherwise all-white regiment, a number of whom were combat veterans of the Spanish-American War - Company L); and Connecticut (1st Separate Company - Company M)., as well as approximately 250 draftees from Michigan and Wisconsin.

The National Guard units which were the nucleus of the 372nd were the oldest black outfits in the country, with roots traced back to the Civil War. The history of these units includes membership of such men as Major Christian A. Fleetwood (Civil War Congressional Medal of Honor recipient) and Lt. Col. Charles Young (the highest ranking black officer in the Regular Army in WW1, and a veteran of the Indian and Spanish-American Wars). Company L, 6th Massachusetts Infantry was the only black State Volunteer unit to see combat in the Spanish-American War.

The 372nd was organized under the command of Colonel Glendie B. Young (formerly of the 3rd Infantry, DCNG) in January of 1918 at Camp Stuart, Virginia. The regiment was made up of black enlisted and NCO’s with black officers in the line companies and white officers in the support companies and on the Headquarters Staff. It was part of the provisional 93rd Division, which also included the 369th (15th New York Inf.), 370th (8th Illinois Inf.), and 371st Infantry (‘National Army’ draftees) regiments. The division was never completed and, in fact, consisted only of these four infantry regiments. In France these regiments were distributed to different French divisions, apart from one another. Due to continued pressure from the French government for the U.S. to provide troops to bolster their depleted ranks, Gen. Pershing relented and gave over the incomplete 93rd. This is the only instance in history where American troops were officially authorized by the government to serve in the armed forces of another nation.

On March 30, 1918, the 372nd left Newport News, Virginia for France aboard the U.S.S. Susquehanna. It landed at St. Nazaire, France on the evening of April 13, 1918. The next day, 1st Lieut. Arrington S. Helm became the first black Chaplain to set foot on French soil. On April 18th the regiment was assigned to the French XIII Army Corps, and on the 22nd embarked for the training center near Givry-en-Argonne.

At this time, the 371st and 372nd were reorganized according to French tables of organization and re-equipped with French gear. All American issue equipment was exchanged for its French equivalent. The men received French rifles and bayonets, helmets, gas masks, infantry equipment, machine guns, and pistols. They also began to draw French rations (with extra sugar substituted for the normal wine ration). The only item of American issue that was to be retained was the U.S. Army uniform. After experience in combat, though, it was not uncommon find officers and NCO’s with American issue pistols and revolvers, which were more potent than the French issue. Also, enlisted men were often seen wearing a mixture of French and American equipment - especially helmets, canteens and gas masks.

On June 6, 1918, the 372nd and 371st were assigned as an organic part of the 157th “Red Hand” Division, which was commanded by General Mariano F. J. Goybet. The division also included the French 333rd Infantry, 2nd Chasseurs d’Afrique (Moroccan cavalry), and 134th and 236th regiments of Artillery. The Red Hand Division had a long and glorious history in the French Army. They were among the divisions which had held the line at Verdun against vastly superior German numbers and were mauled badly enough that they had to be deactivated and re-organized. The 333rd was one of the first French regiments to face the German onslaught of August, 1914.

The symbol of the 157th Division was a blood red handprint, which, along with the Stars and Stripes, was displayed on the divisional Tricolor flag. At war’s end, General Goybet presented this flag to the 372nd. It was proudly displayed in a Tennessee VFW hall until it was destroyed when the building was torched by arsonists in the late 1930’s. The National and Regimental flags of the 372nd do, however, still exist and are part of the collection of the State Archives of Ohio.

The ‘Red Hand’ was also worn as the divisional shoulder sleeve insignia by the men of the 371st and 372nd until their return to American command. At this time it was replaced with the more familiar ‘Adrian Helmet’ emblem, which was used by the 93rd for the remainder of it’s existence.

The French were very glad to receive these men and treated them with kindness and respect. This was something that blacks did not normally receive in the American Army. After they had shared their first day of fighting, the French officers began to praise the men of the 372nd for having performed so well under some of the worst combat conditions. This acclaim continued for the unit’s entire time of service with the French. The American General Headquarters received many telegrams from General Goybet applauding these men. The General [Goybet] could not understand why the U. S. Army had treated these men so badly.

In early July, Col. Herschel Tupes of the Regular Army (author of the 1906 Manual of the Bayonet) replaced Col. Young. In early September, after a “Court of Elimination” had been held, Col. Tupes was to order 72 of 76 black officers transferred out of the regiment and replaced with whites. Tupes did this because he believed black officers to be incompetent and felt that they were more likely to fraternize with the troops than to lead them. Most of the officers he replaced were experienced officers who had come from the four Regular Army (9th & 10th Cavalry and 24th & 25th Infantry) regiments, the National Guard, or the Officer Reserve Corps. Many of these officers had been with their companies for 20 years or more. Some were even combat veterans. The four remaining black officers were the two Chaplains and two Dentists.

In return, the regiment mostly received recent R.O.T.C. and S.A.T.C. graduates whose only military experience was their brief period of training. The regiment received orders to proceed to the offensive sector before most of the white officers were in place. The remaining black officers were removed from the column on the first afternoon of the march. The white officers assumed their new posts while the regiment was in transit, with some actually arriving only a day or two before the start of offensive action.

In their first nine days of fighting in the Meuse-Argonne sector, the 372nd can be credited with progressing through 4.8 miles of heavily organized defenses. In the process they took 600 enemy prisoners, captured 15 heavy guns, 20 Minenwerfers, and approximately 150 machine guns, as well as securing an enormous quantity of engineering supplies and artillery ammo.

These men kept up the hard fighting throughout their involvement in the war. They were every bit as gallant and effective as their more famous comrades in the 369th (formerly 15th New York Infantry). During the Meuse-Argonne Offensive these two regiments met when the 369th relieved the 372nd near Sechault on September 29, 1918. Every regiment of the 93rd Division had an excellent combat record and consistently received high praise from the French divisions to which they were assigned.

The 372nd played a key role in the Meuse-Argonne Offensive and suffered casualties of 500 men killed, wounded, or gassed in action. They fought gallantly at Verdun, Bussy Farm (where all officers of Co. I were either killed or wounded), and Sechault to name a few of their accomplishments. Two men of the regiment, Corporals Cilfton Merrimon (later Sgt.) and Clarence Van Allen earned an extraordinary triple award, consisting of the Croix de Guerre with palm, the Medaille Militaire (France’s highest decoration), and the Distinguished Service Cross.

It is truly amazing how Black combat troops performed so well when they were fighting for a country that didn't even consider them first class citizens. These men faced racial tensions at home, in the army, and even overseas with the American Expeditionary Force. It takes a special kind of person to deal with this type of stress in daily living and maintain stability and consistency in combat. These men simply refused to give up - no matter what task was put before them.



AfriGeneas Military Research Forum 372nd Infantry WW1 capsule history Posted By: Henri Goybet Date: Monday, 21 November 2005, In Response To: 372nd Infantry WW1 capsule history (Jim B.

Henri Goybet from France

I would like to tell you that my great Grand Father was General Goybet . He commanded the famous "Red Hand" unit .

I would like to tell you also he was very proud to fight the German with the 371 and 372 st Units . Blacks soldiers were very good fighters and they helped in "Champagne" to get the victory .

General Goybet after the war went on to correspond with some of the men who composed the "Red unit". He received the Distinguished Service Medal by General Persing . this honor belong to his troops . They were very couragous soldiers and me too i am very proud they served under my great grand father's Division .

You , too , you can be proud of thoses men that risked their life for freedom our nations

Friendly Henri Goybet


AfriGeneas Military Research Forum 372nd Infantry WW1 capsule history Posted By: Jim B. Date: Monday, 21 November 2005 In Response To: Re: 372nd Infantry WW1 capsule history (Henri Goybet)

Monsieur Goybet,

I am VERY glad to hear from you. I have been trying for about two years to find one of the General's Decendants. Thank you for your kind words in Regard to the men of the 372nd Infantry. We too are very proud of their accomplishments. We strive constantly to do what ever we can to help those men get the recognition and rememberance that they earned with their blood, but have been largely deprived of.

I have gotten the impression, from things I have read, that your great-grandfather was extemely well liked by the men of the 371st and 372nd, and that they always held him in high esteem. It also appears that he, unlike many other French officers at his level, was genuinely concerned with the wellbeing of his men.

Again, thank you for your posting. I look forward to hearing from you soon.

Warmest regards,

Jim B.





LE REVE DE LAWRENCE





En Aout 1888 naissance de Thomas Edward Lawrence Il découvre l’imaginaire chevaleresque et arthurien à travers Walter Scott , Alfred Tennyson et Malory

Il voyage en France pour étudier l’architecture féodale (1906), est admis à l’université D’Oxford en 1907 En 1908 il part infatiguable en Palestine et en Syrie pour 1700 km à pied pour étudier les.chateaux des Croisés. Sur ce sujet , il soutient sa thèse en 1910. De 1911 à 1913 travaux archéologiques pour le Britisch Museum, sous la direction de Hogart, en Syrie. Il apprend l’Arabe , écrit un roman qui porte déjà le nom « Les sept pilliers de la sagesse » allusion aux sept grandes cités du monde Arabe. Il entretient des contacts avec les nationalistes Arabes.

Aout1914 , il est volontaire et se fait affecter à la section géographie de l’Etat Major général, couverture de l’intelligence Service . En Decembre il est affecté au Caire à l’Arab bureau avec le grade de Lieutenant 1915, la France et la Grande Bretagne négocient les zones d’influence respectives des deux puissances en cas de partage de l’empire ottoman. Cet accord provisoire et secret aboutit et sera désigné par le nom des deux négociateurs : Sir Mark Sykes et François Georges-Picot. À cette époque, la Grande Bretagne, craignant des troubles ou même une éventuelle sédition parmi ses sujets musulmans en Égypte comme en Inde, commence à concevoir une politique musulmane dans l’empire ottoman, avançant même le thème de l’indépendance arabe, toutefois sous la forme d’un contrôle européen indéfini, source de tous les malentendus à venir. Cette idée se heurte dans l’immédiat aux ambitions impériales françaises dans la région avant de rencontrer plus tard l’opposition des peuples arabes refusant l’indépendance sous tutelle étrangère. En attendant, une correspondance s’établit, dès 1915, entre sir Henry MacMahon et le Shérif Hussein du Hedjaz, et les négociations sur le terrain engagent l’Angleterre par écrit à « reconnaître et soutenir l’indépendance des Arabes à la condition qu’ils se révoltent contre la Turquie », mais obtiennent de repousser, jusqu’à la fin de la guerre, les négociations relatives au tracé des frontières. Contre cette promesse de principe, le Shérif Hussein doit donc lancer l’appel à la révolte arabe contre les Ottomans :

ce qu’il fera le 5 juin 1916, se proclamant, dès novembre 1916, « Roi des Arabes », bien que les puissances ne lui reconnaissent que le titre de « Roi du Hedjaz ». Le Colonel Lawrence, membre du Bureau arabe du Caire le 18 Octobre 1916 escorté de deux bédouins arrive en chameau à Hamra ou Faycal l’attend «

"c’était, je le compris au premier coup d’œil, l’homme que je cherchais en Arabie , le chef qui dresserait la révolte Arabe en pleine gloire ».

. En Décembre au Caire son plan de révolte est approuvé par le General Allenby, nouveau commandant en Chef. Il accompagne les troupes de l’Emir Fayçal, fils du Shérif Hussein, comme officier de liaison et fournisseur de l’or anglais. Dès ce moment, les deux hommes seront liés pour un temps à un destin exceptionnel et seront considérés, sous le commandement militaire du général anglais Allenby, comme l’image emblématique de la révolte arabe.


- 5 juillet 1917 , des bandes de bédoins conduites par Faycal que conseille Lawrence s’empare D’Akaba. Avec seulement quelques milliers de bédoins Arabes dépourvus de moyens lourds , lawrence parviendra à neutraliser quelques 50000 Turcs..Lawrence qui a traversé le désert du Sinaï pour annoncer sa victoire est accueilli au Caire en Heros. Prise de Roum en Septembre et d’Azrak en Novembre. Le 20 novembre , Lawrence capturé par les Turcs est torturé ; il s’évade. - 23 février 1918 Lawrence félicité par Allenby pour la prise de Tafila éprouve des inquiétudes pour l’avenir. « Je me suis lançé de tout mon cœur dans cette affaire Arabz et j’ai fait naufrage. »..

-1er Octobre , prise de Damas ou Lawrence entre aux cotés de Faycal. A Damas . Il est promu au grade de Colonel . Il bénéficie d’un immensse prestige , qualifié abusivement par le who’s who de « prince de la Mecque ». Ce prestige pesera peu face à l’intérêt des puissances. Il avait fait l’impossible pour que les Arabes liberent eux-mêmes la Syrie , afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain c’est à coups de canon que la Division Française du General Goybet viendra chasser Faycal de Damas.

L’entrée des troupes anglaises le 1er oct. 1918 à Damas, puis celle de Fayçal le 3 oct., est humiliante pour la France après plusieurs siècles d’influence et de protectorat religieux au Levant. Cette victoire anglaise qui réveille de vieux antagonismes entre les alliés de la veille est due à la présence sur le terrain d’une force militaire considérable, un million d’hommes, qui témoigne de l’ampleur de l’engagement britannique en Orient, contre de maigres effectifs entretenus par la France dans la région.

Quoiqu’il en fut, Allenby et Fayçal se rendirent le même jour à Damas le 3 octobre, et firent connaissance à l’hôtel Victoria en présence de Lawrence. Un jour auparavant, soutenu par les nationalistes et politiciens damascènes locaux, Ali Riza Rikaby avait repris le contrôle du gouvernement militaire arabe des mains de Choukri Pacha al-Ayoubi, proclamé gouverneur provisoire deux jours auparavant. On avait alors hissé le drapeau chérifien et la nouvelle administration arabe avait proclamé son allégeance à Hussein en tant que roi de tous les Arabes.

- 11 Novembre 1918, retour de Lawrence à Londres ou il propose la création de 3 royaumes Arabes ; la Syrie serait attribuée à Faycal. - 8 Janvier 1919 Conférence de Paris ou Lawrence assiste Faycal. Les promesses faites aux arabes se heurtent aux intérèts Franco-Britanniques pour le partage du Proche Orient. Pour protester en Mars Lawrence décline l’honneur de recevoir l’ordre du bain.

Durant l’absence de Faysal en Europe s’occupant à défendre en vain les intérêts arabes contre la détermination française, abandonné par ses alliés britanniques, son pouvoir en Syrie avait faibli. Les critiques contre lui devenaient virulents, surtout après l’accord Fayçal-Clémenceau à Paris le 9 janvier 1920. Débarrassée de son allié rival britannique, la France a les mains libres sur le terrain. Sa politique en faveur de la création d’un grand Liban, ainsi que sa volonté de contrôler l’ensemble de la Syrie, rend inévitable à terme la confrontation avec Fayçal. Le 8 octobre 1919, le général Gouraud est nommé Haut-commissaire en Syrie-Cilicie, et les troupes françaises commencent à relever les Britanniques au Liban et sur le littoral syrien.


À partir de cette date, la situation se dégrade en Syrie et les nationalistes radicaux décrètent la mobilisation générale. Le 8 mars 1920, le Congrès arabe réuni à Damas, rejetant les accords Fayçal-Clémenceau, proclame unilatéralement l’indépendance et la création d’un royaume arabe Syrien dans ses frontières naturelles, y compris la Palestine, et Fayçal comme roi de Syrie. Mais en avril 1920, la conférence de San Remo en Italie, confirmant les accords Sykes-Picot modifiés (accords sur les pétroles), donne à la France les mandats sur le Liban et la Syrie, à l’Angleterre les mandats sur la Palestine, la Syrie du sud (Transjordanie) et l’Irak.

La tension est à son comble en Syrie et au Liban, les incidents se multiplient. Le 14 juillet 1920, le général Gouraud lance un ultimatum à Fayçal. Le 24 juillet 1920, la colonne française commandée par le général Goybet marchait sur Damas. Elle comprenait d’importants effectifs : infanterie constituée surtout de bataillons et de régiments sénégalais et marocains, batteries de 75 et de 155, sections d’auto-canons et d’automitrailleuses, deux formations de chars d’assaut, des compagnies de génie, de l’aviation ainsi que des éléments de réserve.

- En 19 Lawrence rédige aussi son fameux livre « les 7 piliers de la sagesse. » - En 21 Il est nommé conseiller aux affaires Arabes par Winston Churchill et s’engage plus tard dans la royale Air Force comme simple soldat voulant ostensiblement rentrer dans l’anonymat malgré son immensse popularité.. En 1935 il est victime d’un accident de moto et en décede à 45 ans..

Avec lui dira Churchill, on se sentait « en présence d’un être extraordinaire dont les réserves latentes de force et de volonté étaient au dessus de toute mesure et il ajoutera « Je n’ai jamais rencontré son pareil ». A 30 ans , il est déjà connu sous le nom de « lawrence d’Arabie » héros national en 1918.

Les écrits , mais aussi les actes de celui qui contribua de manière décisive au réveil Arabe, nous fournissent des pistes assez nettes pour l’appréhender. Comme d’autres, avant lui, Lawrence est fasciné par l’Orient, la vie libre des Bédouins et la nudité du désert. Or ce n’est pas pour autant à une quête mystique analogue à celle d’un Charles Foucault qu’il s’est consacré. Il a davantage cherché à trouver en lui-même la vérité ultime de son être débarassé de tous les artifices de la civilisation. Si l’appel du désert est irrésistible pour certains penseurs de la ville « ils n’y trouvent pas Dieu…….mais ils entendent plus distinctement dans la solitude le verbe vivant qu’ils apportent avec eux. » Il est désormais loin le temps ou ses compagnons d’armes étaient des « etres nobles et ensoleillés que n’avaient pas encore glacés l’ombre du monde , les mieux nés et les plus enviables que j’ai connus …. » des hommes avec lesquels il a imaginé de fulgurantes destinées..

Source Enquete sur l’histoire n° 3 été 92 . Les aventuriers du XXeme Siecle : Lawrence d’Arabie . le Mystere dévoilé.




PRISE DE DAMAS EN 1920 PAR LE GENERAL MARIANO GOYBET




lawrence d'Arabie a fait l'impossible pour que les arabes libèrent eux mêmes la Syrie afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain...

A la conférence de San Remo, réunie en Avril 1920, les puissnaces décidèrent d'attribuer à l'angleterre le mandat sur la palestine, et à la Françe, celui de la Syrie et du liban.

Le haut commissaire disposait donc de sa force armée et de l'espoir que son pays demeurerait dans les lieux; il résolut d'agir contre l'émir Faycal.

Un ultimatum à l'émir est envoyé le 14 Juillet 1920 devant sa duplicité. Faycal tergiversa 6 jours . Les troupes sous le commandement du General Goybet partirent excecuter les menaces de Gouraud à Faycal.

Goybet disposait d'environ :

-10 bataillons d'infanterie (415 RI,2e RTA,10e RTS,11e RTS - 6 escadrons de cavalerie (1er RSN 1ER RCI ) - 1 batterie de 155, 4 de 75, 2 de 65 - Génie 1 compagnie - Chars d'assaut 1 compagnie - Une section d'auto canons - Une section d'auto canons et auto mitralleuses - Aviation escadrille divisionnaire n°8 et la disposition des missions du groupe de bombardement de l'armée.

Les effectifs chérifiens sont les suivants - 1300 hommes avec 8 canons pres de Medjel and-jar - 1800 réguliers et bedoins avec 3 canons à Khan meisseloun et aîn Djedeidé - 1800 Hommes avec canons vers voie férrée de Damas.

Témoignage de louis Arros lieutenant colonel dans le monde Juillet 1975.

Le feu vert de l'opération fut donné le 24 Juillet au petit jour .

Plusieurs milliers de chérifiens guettaient l'adversaire depuis les hauteurs ou ils s'étaient retranchés. Ils étaient plaçés sous le commandement du ministre de la guerre Youssef Azme Bey, ancien aide de camp d'Enver Pacha. Un brave, il se fit tuer sur place.

La division Française attaqua de front avec une puissante avant garde, les hauteurs de l'oued Zarzov (a sec), les spahis marocains debordèrent la gauche ennemie : la batterie de 155 prit position à l'entrée du défilé de l'oued Karn ( à sec) et à 5 heures du matin fit feu.

A 10h30 les sénégalais débouchaient des défilés . Les bidons étaient vides. Azme bey avait été tué

Les chars étaient entrés en action patinant sur les roches . Une section de trois parvint à la crête accompagnée par une petite compagnie de Fantassins du 415 eme dont le capitaine Klaplenstein.

Les chérifiens lachèrent pied laissant des cadavres sur le terrain.

Les fourgons ennemis capturés étaient bourrés de patisseries écoeurantes , mais hommes et chevaux burent à leur soif.

Le chef de la mission Française à Damas survint accompagnant un officier Chérifien porteur du traditionnel drapeau blanc.

Le 25 Juillet 1920, les troupes Françaises étaient dans Damas, musique en tête, drapeaux déployés après avoir traversé les jardins de la ville ou murmuraient d'accueillantes sources fraiches.

L'émir avait fui . Nous avions 52 tués et 200 blessés. ......... J'ai eu la curiosité de jeter un coup d'oeil sur une histoire des troupes du levant, publiée en 1931 à l'occasion de l'exposition coloniale. Je n'y ai trouvé que 20 lignes se rapportant à ce fait de guerre cependant considérable car, enfin un général pénétrant dans la mosquée des Ommeyades et disant " SALADIN, nous voici", c'était quelque chose d'assez inhabituel .

J'ai cherché le nomde l'auteur de cette luxueuse brochure : le chef de bataillon breveté De Gaulle, de l'état major des troupes du levant... fin de témoignage

Annonce du comité central de Syrie.

"Apprenant la brillante victoire remportée par les troupes du général Gouraud et leur entrée à Damas; considérant que cet évenement libère la Syrie de l'oppression hejasienne et prépare l'instauration d'un gouvernement national avec le Mandat de la FRANCE " adresse à monsieur Millerand , ministre des affaires étrangères, l'éminent chef du gouvernement Français, l'expression de sa profonde reconnaissance pour l'énergie avec laquelle , il a défendu les droits de la nation Syrienne; " remerçie le général Gouraud et ses troupes de leur héroique action pour la justice et la civilisation, et souhaite que cette victoire , qui témoigne de la bienveillance de la Françe vis à vis de la Syrie, resserre les liens d'amitié qui unissent traditionellement les 2 peuples "

Ordre Général n°22

Le general est profondement heureux d'adresser ses felicitations au general Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2eme tirailleurs Algeriens, 11 eme et 10 eme tirailleurs Senegalais, chasseurs d'Afrique, regiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis 8 mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays . Aley le 24 Juillet 1920 signé Gouraud.

Myriam Harry dans l'illustration du 21 AOUT 1920 dit ceci

" Le combat extrèmement acharné dura 8 heures dans le fameux défilé long de 6 kilometres . les Chérifiens avaient barré la route par un mur garni de mitrailleuses, croyant empecher le passage des tanks, mais les tanks se sont glissés dans le ravin entre le mur et la montagnee et , passant dans le bled, ils sont montés à l'assaut de la crête suivis par les fantassins du 415 eme, les algériens et les Sénégalais marocains, lançés à tout galop, enveloppaient les positions d'un mouvement débordant. Et de la haut pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heures les tanks sont restés face à face avec les batteries et c'est seulement quand ils réussirent à mettre le feu aux caisses de munitions que les chérifains lachèrent pied et s'enfuirent désemparés completement par la mort du ministre de la guerre Asmy Bey, tué à son poste par un éclat d'obus..............

Un colonel commandant les arrieres gardes nous donne encore quelques détails. Quand l'armée en déroute est affluée vers Damas, le désarroi était absolu . L'émir Faycal et son frère s'étaient enfuis. Hier soir est arrivé ici le nouveau ministre de la guerre, déclarant au général Goybet que la ville était à sa merçi et n'opposait aucunne résistance à ses troupes.

Le général Goybet veut qu'on enterre Asmy Bey avec les honneurs militaires. "ce fut un remarquable officier Turc. Si vous aviez vu ses positions, organisées comme les notres, avec des batteries, des tranchées et reliés aux postes de combat par des fils téléphoniques! On se serait cru à la grande guerre. D'ailleurs tous les canons, tous les équipements venaient de chez les Boches, et toutes les caisses de munitions portaient l'inscription : Munitionen fur die Turkei...."

(Le témoin plus loin a rattrapé les troupes du general Goybet.)

NOus sommes arrivés à temps. Des 2 cotés du Barada se développent les troupes Françaises, les premieres troupes européennes qui soient jamais entrées dans la capitale des Ommiades - Les croisés l'ont assiégée en vain - et devant l'ancienne caserne turque , le conquérant de Damas, le général Goybet à cheval, regarde halé et rayonnant, défiler son armée victorieuse.

Ci joint témoignage du general Mariano Goybet dans ses carnets de campagne, commandant de la 3 eme division d'infanterie de l'armée francaise du Levant.


L'oasis de Damas s'étale devant nous . Dans la blonde transparence de cette soirée d'été, les milliers de toits en terrasse, les innombrables minarets se teintent d'un rose doré, sous les derniers rayons du soleil qui se couche derriere nous. Tout autour, sur des kilometres de profondeur, c'est l'infini moutonnement de sombres frondaisons des fertiles jardins qui font à la "perle de l'orient" la "ceinture d'emeraude"chantée par les poêtes arabes .

Vers le Sud , une chaine de collines teintées de toutes les nuances du bleu, limite notre vue du côté du Hauran; vers l'est, l'horizon plus lointain s'estompe vers les avancées du désert de SYRIE, dans une brume transparente ou dominent les violets exquis et des mauves délicats . Nous restons muets devant la beauté du spectacle et nous jouissons avec ferveur du calme impressionnant qui nous entoure. ....

IL semble invraisemblable qu'hier encore ce fut la rude journée de combat , l'assaut forcené des lignes chérifiennes, la sanglante victoire de Khan Meiseloun.








DE STRASBOURG A DAMAS



Carnet de campagne du Général Mariano Goybet Ancien Commandant de la 3ème D.I. de l’Armée Française du levant . 1920-1921




AVANT PROPOS DE SON ARRIERE PETIT FILS HENRI




Mariano fait le récit en hiver 1920 de sa campagne en tant que commandant de la 3ème Division du Levant . Tous les soirs il inscrit quelques lignes sur son agenda afin d’avoir des éléments précis pour les longues lettres , aux paragraphes datés comme un journal , qu’il envoie en Savoie par chaque bateau .


‘’ Ces lettres m’ont été rapportées par ma chère femme, lorsqu’elle est venue me rejoindre ici, pour m’aider à faire aimer la France , dans cette ville lointaine , notre dernière garnison et je l’ai copié dans le Palais de l’Emir Faycal mon dernier P.C ‘’


‘’Le Palais c’est au bas du kasyum , une curieuse agglomération de bicoques aux toits terrassés de glaise jaune, avec des galeries extérieures aux arcs lancéolés , de petites cours intérieures , où chante un des cent canaux du Barada dans les jets d’eau fraiche retombant en pluie sur des roses . Dedans de merveilleux tapis, des meubles incrustés de chez Nassan , le bon faiseur , des carreaux rouges , comme à Marseille, des lustres de mosquée et des miroirs de pacotille . Les murs sont en torchis badigeonnés d’un blanc rôsatre. Le tout , campé au dessus de trois étages de jardins , fait une demeure amusante et je la trouve très belle, avec son drapeau tricolore qui claque au vent du Désert .’’


Mariano nous montre sa fascination de l’Egypte Ancienne….. sur le chemin de Damas . Alexandrie, le Delta, le Caire, Les Pyramides, le sphinx , le musée d’antiquités Egyptiennes ou il voit les momies Egyptiennes qu’il admirait autrefois dans les gravures de l’Illustration, ‘’ sans oser pauvre petit officier d’infanterie sans fortune ! caresser le rêve insensé de les voir un jour au Caire ‘’


Il narre également son invitation au Palais d’Abdine le Sultan ou il rencontre Le Président Clemenceau Au Caire .et sa rencontre historique avec le Maréchal Allemby . Celui-ci ne se doutait surement pas en le voyant , que le Général Goybet allait Chasser FAYCAL alors que lui-même et le fameux Colonel Lawrence dit Lawrence d’Arabie avaient plaçé Faycal à DAMAS en Octobre 1918.


Suit des opérations de pacification , de maintien de l’ordre par Mariano qui ont marqué les premiers mois de son commandement dans une région en butte aux brigands et à des bédouins qui sont issus des armées Chérifiennes ravitaillés parfois par l’Emir Faycal…… Il y a notamment ‘’ Zcheick Saleh . Ce chef de brigands, qui semble s’être arrogé une sorte de mission religieuse et xénophobe et qui certainement doit être ravitaillé et conseillé par le Gouvernement de la zone Est , terrorise et rançonne les chrétiens de la région côtière entre Tartous et Banias ; il a pillé les Ismaîliehs et les a chassé de Kadmus ; il aspire certainement à régner en maitre absolu sur le pays des Ansariehs . ‘’ Le 20 Avril 1920 le General Goybet prend le commandement de la 3 eme division du Levant composée de sa brigade mixte augmentée d’ éléments qui arriveront successivement .




Le 25 Avril le Général Gouraud apprend au Général Goybet qu’il vient de mettre sous son commandement le territoire d’Alexandrette et son chef actuel le Général Aubé . Il lui confie aussi que les postes de la région d’Antioche ont subi des attaques sérieuses . Il faut y aller et prendre toutes dispositions utiles . Le 28 Avril de bonnes nouvelles concernant la zone d’ Antioche pacifiée .


Pour la période de son séjour au levant le Général Goybet nous prévient ‘’ Les notes qui suivent ne contiendront plus mes impressions de touriste. Les notes que je prendrai chaque jour, relateront des évènements souvent graves , quelquefois tragiques. Elles rappelleront les dispositions prises et les mouvements militaires effectués d’urgence, pour parer à un danger subit. Les faits seront parfois accompagnés de réflexions ou d’explications .’’Je ne pourrai plus ‘’ croquer ‘’ les paysages en flanant . Si mes yeux s’emplissent encore de beauté , je n’aurai plus le temps , au retour, ayant des ordres à donner ou des rapports à rédiger, de me remémorer, la plume à la main , les divines aurores et les somptueux crépuscules du pays d’Adonis et d’Astarté, ou la féerie des clairs de lune sur les jardins de cette Côte phénicienne toute palpitante de parfums . ‘’


Néanmoins malgré ces précautions , il ne peut s’empécher de montrer sa fascination pour ces vielles Civilisations Orientales , marcher sur les traces de conquérants tels qu’ Alexandre le Grand .


Le Général Mariano Goybet pensait à son ançètre Jean de Montgolfier qui fit partie de la 2eme croisade en 1147, qui fut fait prisonnier 3 ans et réussit à s’enfuir. 770 Ans après un descendant de l’esclave de Damas , le Général Mariano Goybet commandant de la 3ème division de l’armée Française du levant, entrait vainqueur dans cette ville, le 25 Juillet 1920, après avoir écrasé la veille, au dur combat de Khan Meiseloun, l’armée de l’Emir Faycal.


‘’J’ai ‘régné ‘ pendant un an sur Damas et son Oasis ; me souvenant de Jean de Montgolfier , j’ai tenu à visiter sur les rives du Barada les vieux moulins à papier , ou l’on fait du papier de coton à la forme . Etant donné l’immobilité de l’Orient , j’ai certainement vu les vieilles cuves auprès desquelles travaillait notre parent ‘’ Cette ‘revanche ’ à longue échéance n’est elle pas curieuse .’’ (Mariano Goybet 19 Janvier 1933.)





DEPART



17 Mars 1920



Mes deux frêres, le Général de Brigade et le Capitaine de Frégate, viennent de me quitter . Mes Bagages sont déjà à bord du ‘’Lotus’’ . Il ne me reste plus qu’à m’y rendre moi-même , en flanant . Pendant que je longe les quais de la Joliette , je me remémore les évènements qui m’ont amené à cette heure décisive, à ce départ vers cette Asie mystérieuse, rêve de toute une vie .


D’abord c’a été cette phrase du Général Gouraud, en Novembre 1919, au moment où nous revenions tous deux de l’intronisation de Monseigneur Ruch, comme évèque de Strasbourg : ‘’ Je vais aller en Syrie, où je trouverai deux Divisions . Il m’en faut une troisième : je compte sur vous pour la commander ‘’ .Depuis cette conversation qui m’avait fait battre le cœur, j’ai attendu, le télégramme tant désiré . Il n’est arrivé qu’à la fin de Janvier, m’offrant une Brigade Mixte et un commandement territorial étendu . J’ai accepté de suite en escomptant toujours la création de la 3 ème Division .


Puis, je me rappelle le Concours international de Ski, à Chamonix , où j’ai reçu, au milieu des neiges du Mont Blanc, le télégramme du Ministre qui m’envoyait vers celles du Liban et de l’Hermon . Rapide voyage à Paris, où j’ai eu connaissance des graves évènements de Cilicie et de la situation un peu embrouillée que j’allais trouver en Syrie . La vie promet d’y être intéressante ! C’a été ensuite la grève des chemins de fer qui retarde mon départ de Strasbourg, le déménagement précipité , les adieux à la famille et enfin l’arrivée à Marseille devant la mer secouée , depuis deux jours, par une violente tempête .


Mais voici le ‘’Lotus ‘’ . Je trouve à la coupée mes compagnons de voyage : le Capitaine Jabin, mon fidèle officier d’Etat- Major , lorsque je commandais la Place de Strasbourg , qui veut bien assumer auprès de moi , les fonctions d’Officier d’Ordonnance ; le Maréchal des Logis Verdet-Kleber , qui me servira de porte-fanion ; mon conducteur d’auto et mes ordonnances qui n’ont pas voulu quitter leur chef partant pour le Levant . Je fais la connaissance de l’aimable Commandant Guérin, ‘’ le Maitre après Dieu ‘’ à bord du ‘’Lotus ‘’ ; je le quitte bientôt , le laissant à ses préparatifs d’appareillage pour aller moi-même m’installer dans la confortable cabine qui m’a été réservée. Mais le Commandant me fait dire de monter sur la passerelle , pour assister au départ . Il est 16h30.



Pendant deux heures, nous défilons devant les côtes de notre belle Provence et vers 19 Heures, au moment où la cloche du diner nous convoque dans la salle à manger, le Lotus est par le travers de Toulon. A la table du Commandant Guérin, je trouve Monsieur Gaillard qui va au Caire remplacer comme Ministre de France Monsieur Lefevre Pontalis et le Lt Colonel de Méru, détaché, comme officier de liaison à l’Etat Major du Maréchal Allemby .La conversation de ces deux convives , très avertis des choses d’Afrique et d’Asie , est particulièrement intéréssante pour un Général qui va prendre un Commandement en Syrie .


Monsieur Gaillard est un ‘’ Marocain’’, très au courant de tout ce qui touche au monde Arabe, Maugrebin ou levantin. Le Lt Colonel de Méru est très documenté sur la question Syrienne , notamment en ce qui concerne les visées Anglaises sur la Palestine et lieux circonvoisins . Sait-on jamais avec nos bons amis d’Outre- Manche , surtout quand il s’agit d’Anglais ‘’Coloniaux ‘’ ? Nous remontons sur la passerelle . Le vent a fraichi et la mer grossit de nouveau . Les embruns viennent nous fouetter au visage. Nous allons être bercés fortement pour notre première nuit à bord .




ILES ET CÖTES ITALIENNES




Extrait de ce chapitre



‘’ Nous longeons maintenant les Côtes de Calabre dont les âpres montagnes d’un vert sombre sont ravivées , de haut en bas , par les lignes blanches des torrents déssèchés . Voilà Reggio, l’ancienne colonie de César , elle aussi autrefois détruite par un tremblement de terre et rebâtie , à la fin du XVIII ème siècle , sur un plan majestueux que nous pouvons admirer de loin . Et voilà le bout de la botte Italienne, car nous relevons, à 16 heures, le Cap Spartivento, le Promontoire d’Hercule des Anciens, la pointe qui, si l’on en croit son nom ‘’ partage le vent ‘’, en diminuant la violence des vents du large . Quoi qu’il en soit, c’est avec un sérieux tangage, que nous débouquons la mer Ionienne .


Par tribord Arrière, nous voyons s’esquisser, dans le lointain, les côtes de la Sicile . Nous devinons Catane, au pied de la masse puissante de l’Etna dont le sommet est malheureusement encapuchonné de nuages. ‘’





ALEXANDRIE ET LE DELTA





22 Mars : Ce matin , à 5 heures, le Commandant m’a fait prévenir qu’on relevait le phare d’Alexandrie . Un feu lointain , une ligne indécise que colore, à l’horizon, le soleil levant : voilà donc cette Egypte , terre mystérieuse des civilisations millénaires, dont j’ai rêvé autrefois en étudiant Hérodote et avec laquelle je viens de vivre, dans ma cabine solitaire , en relisant des manuels à l’usage des gens du monde . Je vais pouvoir y passer trois jours ; juste le temps de voir se dérouler une série de films et de subir une première impression .Peu à peu, la côte se précise . Nous avons repris notre vitesse normale . Bientôt nous entrons en rade et le ‘’ Lotus ‘’ mouille son ancre .



La vedette automobile de la santé , battant pavillon Egyptien rouge au triple croissant blanc, nous amène le Docteur qui doit nous donner la libre pratique . Je vais profiter de son bateau, avec Monsieur Gaillard et le Lieutenant Colonel de Méru, pour gagner , au plus vite le quai de débarquement . Cela nous permettra, après quelques visites de prendre à Midi l’express du Caire . Au Consulat de France d’abord , où nous sommes fort aimablement reçus par Mr et Mme de Vitasse . Nous causons de ce cher Strasbourg où j’ai connu et apprecié leur ami, Mr Chartelly, Recteur de la Faculté.



Coup d’œil rapide sur la ville . Elle a l’air moderne, ‘’ peu Oriental ‘’, malgré le mirage spécial si bien étudié par Bertrand . Et cependant , que de souvenirs Historiques depuis sa fondation par Alexandre Le Grand jusqu’au bombardement par la flotte Anglaise, en 1882. Malheureusement le temps nous manque . Impossible d’aller rechercher les monuments laissés par les Ptolémée et je dois me contenter d’une traversée en voiture de quartiers levantins sans caractère bien défini. Halte en passant au magnifique établissement des R.P. Jésuites où le Lt Colonel de Méru a affaire. Le Supérieur ? R. P. de Bricourt nous reçoit très cordialement . Nous visitons le collège dont sortaient, chaque année, après un cycle d’études complet les fils des premières familles Egyptiennes. C’est dire quelle influence gardaient les éducateurs sur leurs anciens élèves . Malheureusement, la Cie de Jésus a perdu, pendant la guerre , de nombreux pères Français et leur recrutement a été tari par la mort de toute notre belle jeunesse.


Il est vraisemblable que le Collège d’Alexandrie sera obligé de fermer ses portes faute de professeurs et de surveillants . C’est une perte pour l’Egypte mais c’en est une aussi pour notre pays qui, à la grande joie de nos amis Anglais , va voir disparaître une source importante d’influence Française . Le père nous fait traverser un vaste jardin où, pour la première fois, il m’est donné d’admirer des figuiers-banians presque centenaires et des Caoutchoucs de toute beauté.


Vite à la gare maintenant ! mais il faut de la monnaie du pays et j’ai l’humiliation de constater quelle petite quantité de livres Egyptiennes on peut acheter avec un billet de 1000 francs. Les chemins de fer accordent aux militaires français le demi tarif . C’est une compensation relative.Le ciel est voilé d’une brume roussâtre, un vent desséchant nous enveloppe . C’est le ‘’ Khamsin’’, le souffle énervant qui vient du désert non pas pendant 50 jours (Khamsin), heureusement ! mais dont l’action se situe pendant la période de cinquante jours qui avoisinent l’Equinoxe . Comme le Simoun et le Sirocco, le Khamsin règne par périodes de 5, 6, ou 9 jours . Nous sommes parait il au 3ème jour. Demain peut être , l’atmosphère apaisée, nous pourrons voir le ciel bleu, de ce ‘’bleu d’Egypte ‘’ délicieusement doux et pur qui n’est ni celui de Provence, ni celui d’Italie .


Nous montons dans le train et allons de suite nous asseoir à la petite table qui nous a été réservée dans le Wagon Restaurant . C’est le wagon classique, mais approprié à l’énergique radiation du soleil d’Afrique Les fenêtres sont garnies de volets à lamelles serrées qui nous cachent le paysage , les rives du Canal Mamoudich, mais ne masquent pas tout à fait la réverbération étincelante du Lac Mariout .Après un repas rapide et d’ailleurs médiocre, nous regagnons notre compartiment . Les stores ouverts , à travers des glaces surchauffées , je regarde avidement le paysage du Delta ; paysage monotone et plat ou les teintes vertes dominent , au moins dans les premiers plans : vert tendre des jeunes blés, vert bleuté des rizières, vert empourpré des cannes à sucre, verts différents encore des maîs et des sorghos . Tout cela minutieusement, amoureusement cultivé par des fellahs dont nous ne voyons que les dos courbés . Pas plus qu’eux leurs buffles chétifs , loin d’imiter leurs cousins d’Europe , ne regardent passer le train.



Sur les pistes grises qui longent la voie , défilent de magnifiques dromadaires bien plus hauts que ceux que j’ai ‘’fréquentés ‘’ dans le sud Oranais . Mais c’est la même bête aux manières bourrues , ridicules et touchantes, la même mouture grognon, mais courageuse et dévouée, qui marche avec de lourds fardeaux jusqu’à l’heure même de sa mort et dont les carcasses blanchies jalonnent les pistes et les points d’eau du Désert. Parfois, un bel âne , café au lait clair, chargé d’une femme voilée de blanc et de bleu , un petit enfant au sein ; suit un fellah ou un bédoin sous sa Djelabieh loqueteuse. C’est une scène de la ‘’ Fuite en Egypte’’ qui se renouvelle bien des fois , au cours de notre rapide voyage.



De temps en temps, de la plaine basse émerge un monticule de boue grise où s’entassent , grises également , de misérables maisons caressées par l’ombre légère des longues palmes des dattiers . Des corneilles à mantelet argenté picorent dans les tas d’ordure autour de ces villages qui rappellent certains Ksours du Sud Oranais . C’est à peine si je regarde les noms des stations et je laisse de côté les notices historiques du Boeedeker, pour m’emplir les yeux des tableaux de cette Egypte où je ne dois passer que trois jours . Derrière les villages, et comme issues des carrés de cultures qui se prolongent au loin, se profilent parfois les cornes élevées des grandes voiles triangulaires qui semblent glisser étrangement sur la verdure de la plaine . Elles surmontent d’invisibles dahabichs qui sillonnent lentement un des canaux du Delta ou descendent les flots gris –bleuâtres de la Bouche de Rosette



Soudain sur notre droite, dans le lointain voilé de Khamain, trois collines aux arêtes vives dominent l’horizon du couchant . Ce sont les pyramides de Gizeh.




‘’ CAIRO ‘’




Vers 16 heures, nous sommes à la gare du Caire. De jolies victorias parfaitement attelées nous conduisent au Grand Continental Hôtel , à travers de belles rues bâties à l’Européenne, mais avec de nombreux rappels de construction orientale .L’Hôtel précédé par une vaste terrasse à laquelle on accède par des escaliers montants du trottoir, et situés sur une belle place ornée de jardins ou éclate la magnifique exubérance de la végétation tropicale . Dès le bureau de réception, ou nous apprenions avec plaisir que les officiers des nations alliées jouissent des mêmes tarifs réduits que les officiers Anglais, nous avons la joie de constater que tout le monde parle Français : Employés, femmes de Chambre, grands valets Nubiens du plus beau noir dans leur longue tunique blanche .



Rapide installation, puis je sors avec monsieur Gaillard pour aller à la Résidence de France faire visite à notre ministre, monsieur Lefevre- pontalis , que mon compagnon de voyage doit remplacer au Caire . Chemin faisant, je me fais raconter l’histoire de l’Hôtel du ministre de France. C’est une ancienne ‘’ petite maison’’ du Khedive Ismail . Ce vice-roi d’Egypte avait donné carte blanche, pour sa construction, à un gentilhomme Français, qui semble avoir joué à sa cour, le rôle d’ ‘’Arbitre des élégances ‘’ . La maison terminée , Ismail en fit don au créateur , qui put jouir pendant quelques temps de son œuvre charmante. Tout, dans cette construction, rappelle les beautés de l’art oriental le plus pur. Les ferrures des portes, les marbres des dallages, les faïences des revètements du ‘’Patio ‘’ , les verres colorés des rosaces transparentes, tout cela a été pièce à pièce, recueillie dans des démolitions de vieilles mosquées ou d’antiques palais . Chaque détail est à examiner mais nous avons si peu de temps ! Nous nous rendons directement dans les bureaux ou je m’informe des heures de réception de madame Lefevre-Pontalis, qui , en ce moment, est seule au Caire .



Nous allons ensuite au palais d’ Abdine nous inscrire chez sa Hautesse Fouad , Sultan d’Egypte . Retour à l’Hôtel, pour diner dans la Grande salle à manger . Les petites tables sont garnies de nombreux ménages d’officiers Anglais. Excellent repas, cuisiné par un chef Français et servi par les grands Nubiens en robes blanche . Le tarif des vins est prohibitif ; nous nous contentons du ‘’ Whisky and Soda ‘’. Café à la Turque dans le hall. On me présente un jeune ménage Français, retour de Jerusalem où le mari, médecin à trois gallons vient d’assurer le service médical, pendant de longs mois, sans recevoir d’ailleurs ni instructions ni solde.. Le Docteur et madame Chatiniéres se rendent aussi à Beyrouth , par le ‘’Lotus’’, qu’il comptent rejoindrez à port Saîd . Cela va nous faire de charmants compagnons de voyage .En me retirant dans ma confortable chambre, je cherche à me persuader que ce n’est pas un rêve : c’est bien moi qui vais dormir cette première nuit sur la ‘’ Terre des Pharaons ‘’ . . Je déplore seulement que mes souvenirs classiques mettent sous ma plume des clichés aussi désuets !



Le 25 Mars , ce matin , avec le capitaine Jabin et deux autres officiers , visite au musée des antiquités Egyptiennes. Il occupe aujourd’hui , définitivement, espérons le ! un magnifique Palais à Kasr-el –Nim , après avoir débuté dans la modeste et plus intime installation crée par Mariette , à Boulac et avoir attendu, dans le gracieux bâtiment du Musée de Gisey , la construction actuelle digne à tout égards des trésors qu’elle renferme . Avant de pénétrer dan le Musée, nous allons pieusement saluer le sarcophage et la statue de Mariette qui , de 1850 à 1881, a lutté au milieu de difficultés quasi insurmontables pour mener a bien cette œuvre gigantesque.En feuilletant le guide Maspero, que nous avons acheté à la porte , nous sommes découragés à l’avance par notre tâche d’admirateurs de tant de merveilles . Il faudrait des mois pour étudier toutes ces richesses et suivre l’histoire de la civilisation Egyptienne, dans ces salles ou sont catalogués les précieux souvenirs de toutes les dynasties. Allons d’abord faire une visite de Courtoisie à ces momies célèbres que j’admirai autrefois dans les gravures de l’illustration, sans oser, pauvre petit officier d’infanterie sans fortune caresser le rêve insensé de les voir, un jour, au Caire . Salut à toi Ramsès II , grand Sesostris du vieil Hérodote ! mais il ne nous faut jeter qu’à peine un regard en passant, à tes Ancêtres et à tes successeurs .




Décidément, il y a trop de belles choses à voir ! Nous avons hâte d’admirer la salle des bijoux Maspere nous dit : « La collection de bijoux est la plus riche qu’il y ait au monde ….» « Elle constitue une véritable histoire de l’Orfèvrerie et de la Joaillerie Egyptienne, depuis la première Dynastie jusqu’à l’époque Byzantine sur un espace de près de 5000 ans . » . Que de richesses entassées dans cette salle claire où les vitrines exposent aux yeux émerveillés les immortelles créations de Laliques millénaires ! Mais à quoi bon essayer de décrire ce qu’il faut ‘’ voir’’ ? Une délicieuse Egyptienne accompagnée d’un bel enfant aux cheveux bouclés , se penche, elle aussi sur le trésor de la reine Ahhatpou Ier. Le pur ovale de son visage régulier et un peu enfantin, transparait à travers son voile léger comme un nuage, au dessus duquel s’ouvrent des yeux admirables .Sur cette radieuse vision, nous quittons à regret ce Musée unique au monde dont des semaines de visites quotidiennes seraient impuissantes à étudier toutes les beautés .





CHEZ LE MARECHAL ALLEMBY





En sortant du Musée, visite au maréchal Allemby. La résidence est une belle demeure toute blanche, au milieu d’un vaste parc, dont les Gazons très Anglais descendent jusqu’au Nil . Un capitaine de Lanciers du Bengale me conduit au Maréchal qui me reçoit fort aimablement et veut bien m’inviter à déjeuner . A 13h30, je suis introduit au salon ou je suis reçu par une amie de la maison , la Baronne De Lagrange , aimable Française qui s’est occupée pendant la guerre, d’œuvres charitables et voudrait faire maintenant de la propagande Française dans le Proche-Orient. C’est elle qui me présente à Lady Allemby charmante femme à tous égards qui veut bien me faire le meilleur accueil . Elle parle Français comme une parisienne . D’ailleurs, à la résidence, il semble que tout le monde peut s’exprimer dans notre Langue.



Promenade dans le parc , après déjeuner . Le Maréchal va nourrir de sa main deux immenses échassiers à becs formidables qui ressemblent d’une manière frappante ‘’ aux Adjudants’’ qui font la voirie à Calcutta ; si j’en crois du moins Kipling car je ne connais l’Inde qu’à travers les vivants récits de mon auteur de prédilection. Le Maréchal me conduit ensuite dans son bureau. Là en tête à tête , devant des cartes allant de la Mecques à Damas, mon hôte illustre me fait connaître sa pensée sur la situation assez confuse du Proche- Orient .



Je soupçonne que le Haut- Commissaire en Egypte ne serait pas fâché de déposer dans le cerveau d’un Général Français, appelé à devenir un des collaborateurs du Général Gouraud, un peu de bonne semence Anglaise . Quoi d’étonnant à ce que cette éminente personnalité, qui me parait d’ailleurs un franc et loyal soldat, cherche à parler en faveur de son pays et des amis ou des créatures de son pays ? J’avais dit au Maréchal que j’arrivai directement de Strasbourg, sans aucune donnée précise sur la situation actuelle en Syrie . Cela me limitait tout naturellement au rôle d’un auditeur attentif et muet . L’entretien, ou plus exactement la conférence, commença par un exposé très clair et très complet des questions politiques dans le Hedjaz , l’ Iemen et la Région Transjordanienne . Le Maréchal insista sur les liens de réelle vassalité ou d’amicale alliance qui existaient entre les différentes tribus ou grandes familles habitant ces régions et le Roi Hussein et ses fils . Et l’on voyait assez bien à travers ses paroles, cette famille de rois ou de futurs rois, créatures de l’Angleterre, tendant la main à l’Emir Faycal installé par les Anglais à Damas, dans le but plus ou moins avoué de dominer l’Est Syrien et de resserrer de plus en plus les Français dans la zone libanaise . Comme péroraison -- à répéter sans doute à qui de droit -- ‘’ L’Emir Faycal , à la tète des Bédouins de son père, a rendu des services aux alliés pendant l’expédition de Palestine . Il a de légitimes ambitions et il tient à ne pas être déçu dans ses espérances . Il serait sans doute dangereux de le pousser au désespoir . ‘’.



Avant de lever l’audience le Maréchal me charge de ses cordiales amitiés pour le Général Gouraud, qu’il serait heureux de recevoir au Caire . Il compte bien lui voir faire ce voyage et il lui réserve un chaleureux accueil . En rentrant à l’Hôtel , j’apprend que Monsieur Georges Clemenceau ‘’ Notre Tigre’’, retour des Indes vient d’arriver au Caire . Cette nouvelle réjouit tous les officiers présents, car nous n’avons pas encore oublié ce que l’Armée victorieuse doit au glorieux Vieillard . Je m’empresse d’aller me faire inscrire au Shéphéard’s Hôtel ou il est descendu .





LES PYRAMIDES ET LE SPHINX





Une superbe auto vient se ranger devant la terrasse ; elle va nous conduire aux pyramides. A côté du chauffeur, monte un guide fourni par le ‘’Continental ‘’ .. Il se chargera des Bakchichs et nous libèrera de la sollicitude des Bédouins qui exploitent la région du Sphinx .


Les Pyramides ! Un de mes grands désirs va se réaliser ! Nous traversons le magnifique pont de Kasr- el –Nil et nous prenons la route de Gizeh, ornée par deux rangées de superbes Acacias qui ombragent la Chaussée et la voie du Tram Electrique . Bientôt les Pyramides montent à l’horizon , avec un premier plan de lagunes où se reflètent des groupes de palmiers et les murs de boue de pauvres villages . Au bout de cette Avenue de 6 à 7 milles, nous laissons à notre droite les tables de thés , les courts de Tennis et les terrains de Golf de Mena House et notre auto gravit à gauche d’un élan les rampes du plateau qui supporte les pyramides .


Arrêt auprès de Cheops la plus grande des trois . De près l’énorme masse, grâce aux lignes fuyantes de ces parois , parait moins haute . Nous nous taisons, sans doute pour ne pas prononcer des paroles définitives ou des remarques Lapidaires comme en trouvait Monsieur Perrichon devant la mer de glace . En silence , nous passons de Cheops à Chéphrem puis à Mycérinus , en cherchant à nous figurer la splendeur de ces monuments, lorsqu’ils étaient recouverts de plaques de Granit, de Porphyre , de Marbre ou d’Albatre dont l’admirable poli étincelait sous le soleil d’Egypte .


Au Sphinx nous avons environ un demi kilomêtre à faire dans le sable parsemé de fragments de Granit et par conséquent le temps de penser aux questions , que nous allons poser à l’énigmatique colosse , au cours de la classique méditation qu’il est d’usage de faire à ses pieds. Pourra-t-il nous dire le ‘’ Pourquoi ? ‘’ de ces travaux titaniques ? Volney dans son ‘’ Voyage en Egypte et en Syrie ‘’ , fait dériver le mot ‘’ Pyramides ‘’ des vocables orientaux ‘’ Bour a mit ‘’— Caveau du mort . et Bossuet dans le ‘’ Discours sur l’Histoire universelle ‘’ nous dit : ‘’ Quelque effort que fassent les hommes, leur néant parait partout ; ces pyramides étaient des tombeaux ! Encore les Rois qui les ont bâties n’ont-ils pas eu le pouvoir d’y être inhumés et ils n’ont pas joui de leur Sépulcre . ‘’



Il semble en effet que ces luxueuses collines de monstrueux moellons n’aient pas servi de tombeaux . Depuis un certain nombre d’années, des savants ont effectué de minutieuses mensurations de tous les éléments des pyramides, surtout de celle de Cheops . Ils ont étudié attentivement les directions de leurs lignes et ils ne sont pas loin de conclure que ces monuments majestueusement inutiles pourraient bien avoir été construits dans l’intérêt de la science Astronomique, secrets des prêtres Chaldéens ou Egyptiens. Ces réflexions nous ont amenés devant le Sphinx . Méditation prévue . Le beau visage couturé de cicatrices, que les Siècles et surtout les boulets des Mameluks ont cruellement mutilé, gardent quand même l’expression d’une immuable sérénité . Est-ce la réponse attendue à la question toute personnelle que je lui ai posé dans mon cœur ? Est-ce que ce calme inaltérable est l’indice que ‘’ Tout ira bien’’, dans le mystérieux avenir qui m’attend en Syrie ? Inch Allah .



Visite au temple de Granit , découvert par Mariette en 1853 . C’est de ce temple construit en blocs de dimension presque invraisemblable , qu’ont été extraites les six statues énormes du Roi Chephrem que nous avons pu admirer au musée du Caire . Le soleil se couche ; il est temps de partir . Au retour, je m’assied face à l’arrière de la voiture, de manière à voir monter d’abord puis descendre ensuite sur l’horizon les montagnes artificielles que nous venons d’admirer. Insensiblement le ciel de bleu est passé au vert , puis au jaune et les pyramides assurées déjà par la distance, se colorent bientôt d’une sombre teinte de pourpre. Mon rêve s’est réalisé ; la vision que j’ai entrevue, rue de Rivoli, devant de simili-aquarelles des sites d’Orient , je l’ai maintenant devant les yeux . Je regarde passionnément , jusqu’à ce qu’elles disparaissent , les Pyramides violettes sur un ciel d’or . Voilà une journée bien remplie et dont je vais m’empresser de noter les évènements , pendant que mes compagnons de voyage vont jouir , au dehors de cette douce nuit d’Egypte .





LA CITE DES TOMBES CHARMANTES






24 Mars : Ce matin , je suis allé voir une très intéressante collection formée par un Egyptien dont la famille est d’origine Lorraine . Il a recueilli tous les souvenirs se rapportant à ‘’l’Expédition d’Egypte ‘’ dessins, gravures, publications, armes, uniformes , etc … Beaucoup d’objets rappellent Kléber . Je viens de quitter Strasbourg où il est né et me voilà, devant ces reliques, au Caire , où il a été assassiné ! Nous prenons une voiture l’après midi pour aller faire un pélérinage aux tombeaux des Khalifes . J’ai toujours rêvé de cette visite , depuis que j’ai lu la description de M. de Vogue dans ‘’ le Maître de la mer’’. C’est dans ce décor mélancolique que Louis de Tournoël retrouve Madame Pianona.



Traversée des Souks très animés où nous serions heureux de pouvoir flaner quelques heures à fouiller les mystères de ces innombrables boutiques ; puis, nous voilà brusquement en lisière de l’énorme ville, au milieu de hautes dunes de débris millénaires . Enfin nous débouchons dans la ‘’ cité des tombes charmantes ‘’ . Et comme Tournoël , nous pouvons admirer cet ‘’ Assemblage unique des plus gracieux bijoux de pierre que des architectes joailliers aient jamais ciselés . Egrenés sur la plaine, ils sortaient de l’écrin de sable dont ils avaient la teinte de grisaille jaunâtre, au point qu’on les pourrait croire modelés par le vent du Désert avec la poussière ambiante ‘’ . Cette esquisse en camaîeu , signée par le Maître que je relisais hier soir, est d’une vérité qu’aucune description ne pourrait rendre plus exactement Nous montons maintenant, par les pentes de Mokattan , à la Citadelle, pour y admirer la Mosquée d’Albâtre , le tombeau de Mehemet-Ali . Cet albâtre revêtait autrefois une des Pyramides . Quel diamant éblouissant !



La mosquée est très belle, mais ce qu’il y a d’incomparable c’est le panorama visible du haut des remparts : l’énorme ville, hérissée de minarets , les jardins des bords du Nil , Héliopolis, les pyramides de Gizeh et tout autour du tableau un cadre de sables désertiques, semés des ruines de Memphis, de Sakara et de Dachour . Mais il y a tant de choses à voir encore ; le Puits de Joseph , les tombeaux des Mamelouks et les innombrables mosquées dont la fameuse Mosquée Bleue et celle de Kaîd Bay



Visite à Madame Lefevre-Pontalis qui a bien voulu nous faire le plus charmant accueil dans le délicieux salon oriental de la Résidence de France . Diner chez la comtesse de Serionne . Le comte est Président du Canal de Suez , pour le caire et Ismaîliah. J’y retrouve la Baronne de Lagrange et sa nièce , petite-fille du ‘’Grand Français ‘’ . Les plus empressés des hôtes mettent le comble à leur complaisance , en combinant par téléphone une visite à Ismaîlah et la descente du Canal jusqu’à Port Saîd sur le Yacht personnel de la Direction. En rentrant à l’Hôtel , je trouve une invitation à déjeuner chez sa Hautesse le Sultan , déjeuner offert à la Colonie française pour y rencontrer M. Georges Clemenceau.





AU PALAIS ABDINE





Le Palais d’Abdine , où sa Hautesse passe l’hiver, tient tout un côté d’une vaste place . C’est un beau monument, à un seul étage couvert par des terrasses, qui à l’extérieur du moins, n’a rien d’Egyptien. A l’intérieur, au contraire les salons luxueux sont meublés et ornementés dans un style Oriental tempéré par les nécessités du confort moderne . Le Grand Chambellan , qui reçoit les invités me présente d’abord à la Grande Maréchale du Palais , très belle Italienne enguirlandée de perles magnifiques . Le Sultan a terminé ses études en Italie ; aussi aime t’il beaucoup ce pays . Italiens et Italiennes sont personnes ‘’Gratae’’ auprès de sa Hautesse . Je vais saluer le Président Clemenceau qui veut bien se rappeler avoir signé pendant la guerre ma nomination de Général et m’avoir vu , plus récemment à la table de Monsieur Millerand Commissaire Général de la République à Strasbourg.


Entrée de sa Hautesse . jeunes traits réguliers, visage plein orné d’une moustache noire, fez , bien entendu, et redingote . Je lui suis présenté et il m’adresse aimablement quelques questions sur mes commandements pendant la guerre et les motifs de ma présence au caire.


Le Sultan offre son bras à la Grande Maréchale et nous passons dans la salle à manger ; garnie d’une immense table en fer à cheval et d’une armée de valets de pied et de maîtres d’Hôtel . D’après le croquis qui nous a été remis au vestiaire , nous sommes 92 à table et j’occupe le numéro 13 à la droite du Sultan , j’ai comme voisin le Vicomte d’Aumale attaché d’Ambassade auprès du Ministre de France et Mademoiselle de Lagrange avec laquelle j’ai diné hier soir chez les Serionne . Près de nous est un jeune Général de Brigade de l’armée Anglaise , détaché dans les troupes du Sultan, auquel je fais très sincèrement mon compliment sur la belle tenue et l’allure Martiale des détachements de ses soldats que j’ai eu l’occasion de rencontrer Déjeuner exquis , chef d’œuvre d’un cuisinier Français, servi très vite par un personnel supérieurement stylé . Je note ici le menu que je relirai dévotement daéns quelques années, en mangeant le pain sec de la retraite .




Cassolette à la Sultane

Aspic de crevette à l’Ambassadeur


Poussin farci Smitane


Côtelettes d’Agneau à l’ Ecarlate

Chapon glacé à la moderne

Salade de pointes d’Asperges

Petits pois à la crème


Macédoine de fruits au Marasquin


Glace au Moka

Désert



Délicieux café à la Turque ; cigarettes ….. Egyptiennes , naturellement . Je cause avec un des conservateurs du Musée de Kasr-El – Nil et nous parlons de la pérennité des mœurs, des habitudes dans les populations d’origine Arabe ou Sémittique Je lui signale les visions de ‘’Fuite en Egypte’’, le long de la voie férrée entre Alexandrie et le Caire .‘’ La fuite en Egypte ! mais c’était hier ! ‘’ me dit mon interlocuteur . Et je pense en effet que le nouveau Testament est Hier pour ces chercheurs qui flirtent avec les fantômes de la première Dynastie et reculent actuellement l’histoire Egyptienne de nouveaux et nombreux millénaires . A la sortie du Palais d’Abdine, la garde du Sultan rangée en bataille me rend très correctement les honneurs . Hélas ! : Il faut faire ses valises . En attendant l’heure du train, dernière flânerie sur la terrasse du ‘’Continental ‘’ . Une espèce de prestidigitateur, à moitié nu fait paraître et disparaître dans ses mains maigres et dans ses loques peu susceptible de constituer des cachettes, un poussin, deux poussins, puis cinq , puis dix …..D’où sortent ces délicieuces bestioles , petites boules de duvet jaunâtres piquées des perles noires de leurs yeux si vifs ? Je me demande si l’homme ne nous hypnotise pas et ne nous fait pas voir double ou triple ?





ISMAÏLIAH ET LE CANAL




A 18H30 , le Capitaine Jabin et moi, nous quittons le Caire pour Zagazig et Ismaîliah . Il ne fait plus très clair , mais c’est le bon moment pour voir se profiler, en silhouettes bleuâtres sur un ciel mauve et doré, les ‘’plumes ‘’ élégantes des palmiers et les fûts contournés d’acacias et de caroubiers centenaires . Le pays que nous traversons semble couvert de belles cultures. Mais la nuit vient et , après Zagazig , nous ne verrons pas les approches du Désert Arabique dont nous allons traverser les sables . A 21 Heures, Ismaîliah. M. Bahou, ingénieur en chef de la Cie du Canal de Suez , est venu nous prendre à la gare pour nous conduire à la résidence de la Direction



Nous sommes reçus d’une manière chaleureuse par Mme Bahou et ses deux jeunes filles , qui ont connu autrefois ma belle-fille Nous nous trouvons tout à fait à l’aise dans cette accueillante famille . Café Turc parfait, puis visite de la Résidence , qui a été bâtie dans le prolongement de la petite ville où M de Lesseps a habité pendant le percement de l’Isthme J’ai vu avec émotion la chambre si modeste du ‘’ Grand Français ‘’, conservée exactement dans l’état primitif Précieux souvenirs d’un évènement dont les conséquences mondiales ont été incalculables. Après ce pieux pèlerinage, nous allons voir deux beaux cuirassés japonais qui, tous projecteurs allumés, sont en train d’effectuer la traversée du Canal . Etrange spectacle ! De loin, ils ont l’air de glisser sur les dunes du Désert , sous un beau ciel de velours . Bleu foncé, piqué de magnifiques constellations. Nous voilà maintenant dans l’appartement luxueux, réservé aux hôtes de la Cie et dont l’installation confortable n’a rien de commun avec l’austère demeure de Ferdinand de Lesseps



26 Mars : Après un sérieux breakfast , nous commençons notre visite d’Ismaîliah. Le programme est assez chargé pour une matinée :


1) Parcourir l’oasis et voir les différentes installations de la Cie . 2) Naviguer en vedette automobile sur le lac Timsah . 3) Déjeuner à la Résidence 4) S’embarquer sur l’’Aigrette ‘ , Yacht de la Cie qu’on veut bien chauffer exprès pour me conduire à Port Saïd .

Nous montons en auto pour effectuer la première partie du programme .


M. Emile Guimet, celui du Musée des Religions , qui visita les travaux du Canal vers 1867, écrit, dans ses ‘’Croquis Egyptiens ‘’ « Ismaîliah sera fort agréable à voir, quand les arbres des jardins seront un peu plus grands et ne ressembleront pas à des asperges en graine. Ses espoirs se sont réalisés .Dans cet Eden, crée par la volonté et l’énergie d’un homme , les arbres ont maintenant plus d’un demi-siècle . Dans les avenues et dans les jardins, s’ alignent ou se groupent de magnifiques échantillons d’accacias , de caoutchouc , d’eucalyptus , de flamboyante qui n’ont malheureusement pas encore de fleurs, de filaos au feuillage en dentelles légères , d’hibiscus aux étoiles rouges. Les vergers contiennent d’énormes abricotiers et des manguiers de 10 à 12 mètres de hauteur . Mais il est trop tôt pour goûter leurs fruits succulents .

Les villas, séparées par de jolis jardins, sont tapissées de bignonias ou de bougainvilliers aux cimes teintées de violet, de rose ou de jaune. Des massifs de roses de toutes couleurs s’encadrent au milieu des palmiers et des lataniers .Tout cela est sorti du sable, grâce à l’eau bienfaisante du Nil amenée par le canal d’Ysmaîlah


Visite au commandant des forces britanniques Cigarettes et aimable causerie de quelques minutes En sortant des baraquements militaires , l’Ingénieur de la Cie qui nous accompagne me raconte comment le Canal a été sur le point , pendant la guerre , d’être franchi par les forces turco-germaines C’est le commandant d’une petite canonnière francaise qui a donné l’alarme , au moment où le passage commençait , et a bombardé les premières barques Au point de vue purement militaire, j’avoue ne pas comprendre l’étrange disposition tactique qui consiste à prendre pour fossé le canal même dont on veut assurer la défense et l’intégrité ! Brève station à l’hôpital, un vrai ‘’Paradis ‘’, sous la gestion des Sœurs de St Vincent de Paul Ces bonnes françaises se louent de la visite du Président Clémenceau ‘’ Ce ne serait pas difficile de le convertir’’ me dit une vielle sœur ‘’ il est si gentil.’’



Nous embarquons sur la vedette et nous labourons, à toute vitesse l’indigo violet du Lac Timsah qu’encadrent des dunes de sable d’or , sous le ciel d’Egypte d’un bleu si doux . A 80 km , vers le Sud , l’ingénieur nous montre les cimes lilas des montagnes qui dominent Suez . Suez, la route des Indes où nous n’irons jamais !


En attendant le déjeuner, nous parcourons les délicieux jardins de la Résidence . De multiples tubes d’arrosage pulvérisent incessamment des gerbes de rosée , irisées par le soleil, sur une verdure perpétuellement rajeunie . Au bout des parterres , une jolie haie bien fraîche et derrière , tout de suite , le sable de la dune . Nos hôtes nous réunissent, autour de leur table hospitalière , avec deux ingénieurs du Canal , M.M. Schmidt et Saint Pierre. Quelle douceur de trouver ce coin de France , sur cette terre déjà lointaine et qu’il nous est pénible de le quitter , pour commencer une nouvelle étape !


‘’L’Aigrette’’ appareille sous pavillon égyptien et français et bientôt, malgré les sévères règlements de la navigation sur le Canal , c’est à 35 km à l’heure , que nous faisons route vers Port SaÏd .Nous croisons un grand paquebot ‘’ l’Africa’’, sur lequel se trouve le Prince Carol de Roumanie , qui a été comme nous , l’hôte de la Cie. .‘’L’Aigrette’’ dépasse de lourdes tartanes , sous leurs grandes voiles triangulaires , les voiles des dahabiehs du Nil.Un train passe sur la chaussée, à notre gauche, mais bientôt nous nous éloignons de la voie, en traversant le petit lac Ballah par un chenal soigneusement balisé . El Kantarah . enorme camp anglais , tête d’étapes et base de ravitaillement de l’expédition de Palestine, ancien point de passage des caravanes de Syrie. C’est là que se détache la ligne de chemin de fer à Jérusalem . A babord , commence à s’étaler les eaux salées de l’immense Lac Menzaleh , qui communique avec la Méditerannée par de très nombreuses bouches , entre Damiette et Port Said .



Vers 16 heures , nous apercevons le beau palais oriental de la Cie de Suez . Au quai de débarquement, je suis salué par le haut personnel de la Direction du Canal auquel j’adresse de tout cœur mes remerciements émus .



A bord du ‘’Lotus, maintenant ! Appareillage à 17 Heures . Nous passons sur le cimetière où tant de navires ont été coulés par les sous marins allemands ; quelques mats émergent encore Temps superbe . Mer très calme . Et voilà que disparaît lentement , vers le sud , cette terre d’Egypte, où nous venons de passer de si belles heures.


Good bye , fascinating Egypte !





DERNIERE ETAPE




27 Mars . Nuit paisible . A 5h30 , nous mouillons en rade de Jaffa, a 2 km environ de la ville qui étale , en amphithéâtre sur les collines, ses maisons dont beaucoup ont des toits rouges . Ces toits, d’allure européenne , ôtent à ce tableau sa couleur orientale ; on croirait voir Reggio ou une autre ville des côtes calabraises . Quelques minarets cependant , quelques coupoles se détachent sur une couronne de verdure . Il serait fort intéressant de parcourir la vieille colonie phénicienne , de toucher le rocher où la belle Andromède fut délivrée par Persée , ce précurseur des chevaliers errants , de visiter le vieux couvent où furent soignée les pestiférés de l’armée de Bonaparte , de traverser l’immense forêt d’orangers et de citronniers qui sont une des richesses de la ville. Mais le Commandant Guérin me dit que la rade devient , parfois brusquement assez agitée pour interdire toute communication entre la terre et le bateau . Il serait un peu ridicule de voir le ‘’Lotus ‘’ s’éloigner dans la direction de Beyrouth , nous laissant en détresse dans cette localité, où il y a , je crois , plus d’Allemands que de Français . Je renonce donc à quitter le bord.



Appareillage à 18 Heures ; avant la tombée de la nuit , nous voyons , par tribord , le promontoire du Carmel . Son phare puissant domine et éclaire violemment la coupole du couvent d’Elie . Vers le Sud , croupe après croupe, s’élève la montagne sacrée , si belle sous son manteau d’éternelle verdure, que le Cantique des Cantiques a pu dire de l’Epouse : ‘’ Ta tête est comme le Carmel et ta chevelure comme le diadème des bois ‘’ .Dernier dîner à bord du ‘’Lotus’’ Demain matin, au jour, nous serons à Beyrouth . D’après ce que l’on m’a dit à Paris et surtout en Egypte, je vais trouver en Syrie une situation assez délicate . Qu’en sortira t’il ? Nous verrons Dans tous les cas , je vais avoir beaucoup à faire et ma besogne quotidienne sera certainement intéressante

Dieu veuille que je m’en tire à mon honneur !


28 Mars Dimanche des Rameaux , à 6h30 , je suis monté sur la passerelle , pour voir notre entrée en rade de Beyrouth . Le tableau est impressionnant : au fond, les montagnes du Liban

couvertes de neige ; au premier plan, la ville étagée sur les collines qui bordent la mer. Derrière des villages curieusement accrochés aux flancs des montagnes , flancs dénudés que sillonnent de loin en loin des ravines où semblent s’être réfugiées l’eau et la verdure . Beaucoup de toits rouges. Ca et là pourtant , les arceaux moresques des maisons à galeries extérieures , quelques dattiers qui balancent leurs palmes dans les jardins , donnent au tableau des détails plus asiatiques. Le temps est couvert malheureusement . Même un violent grain nous assaille à notre entrée dans le port .


Après des adieux émus à notre cher Commandant , la pinasse de la Direction du Port nous met à terre . Une auto me conduit à la Résidence du Général Gouraud et à celle de N.de Quaix, Secrétaire général, chez lesquels je met ma carte . A 10 Heures , messe consulaire où je trouve le Général Gouraud et l’amiral Mornet. A la sortie de l’Eglise , je tombe dans les bras de vieux amis très chers , la famille du Commandant Fumey , ancien capitaine de mon beau 30ème Chasseurs . Le Général Haut-Commissaire m’emmène au Seraî où sont établis ses bureaux qui ont une vue splendide sur la ville et la mer .


En attendant la constitution de la 3ème D.I. j’aurai le commandement de la ‘’Brigade du Littoral ‘’ avec un territoire très étendu . Je dépendrai directement du Général en Chef . Je vais avoir énormément à faire . Mes vacances de touriste sont finies . Au travail maintenant !






L’ECHIQUIER ET LES PIECES DU JEU.





Je débarquai donc à Beyrouth le 28 Mars 1920. Si je rappelle cette date c’est que l’époque de mon arrivée en Syrie m’a permis d’assister à la plupart des faits qui ont rendu évident la duplicité de notre allié l’Emir Faycal , nous mettant , à la fin , devant ce dilemme : ou nous rembarquer , ou prendre Damas et renvoyer à ses bédouins lez fils chéri du roi Hussein .


A ce moment, en effet , l’Emir Faycal est revenu d’Europe grisé par l’encens officiel brûlé devant ‘’ Son Altesse Royale ‘’ . Peut – être, en haut lieu , lui a-t-on prodigué les promesses ? La croix de Commandeur de La Legion d’Honneur lui a été remise solennellement à Strasbourg où , détail piquant, le Général qui devait le chasser de Damas déjeuna deux fois avec lui ! L’ Emir rentre au Levant bien décidé à être Roi de Syrie . Ne pouvant nous expulser par la force il cherchera à nous rendre la vie impossible sur les frontières mal définies de cette longue bande de terrain couverte par le Liban et bordée par la mer . Le moment est bien choisi ; Les I ère et 2ème divisions de l’armée du Levant ont fort à faire en Cilicie contre les bandes , puis les armées de Mustapha-Khémal . Il ne reste, dans la Syrie proprement dite, que trois petites colonnes, au Nord , vers Tartous, à l’Est, à Zahlé , au Sud , à Nabatieh .



Le groupement Nord a détaché une colonne mobile qui opère dans la région des Ansariehs contre Cheik Saleh et a installé un camp fortifié à Sauda, au Nord-est de Tartous, sur le chemin de Kadmus Une petite garnison occupe Lataquieh avec un poste avancé à Babana Une compagnie de la Légion Syrienne est à Tartous avec une poignée de mitrailleurs européens Petit détachement à Djeble et à Banias . Tripoli est couvert vers le Nord-Est par un poste fortifié à Zahle et détache un poste à Mréjat tenant la voie ferrée et la route de Beyrouth ; un Escadron est à Djedeideh, capitale du Merdjaîoun Une petite garnison de la Légion Syrienne, soutenue plus tard par quelques mitrailleurs Français est à Tyr. Le tout constitue la ‘’Brigade mixte du Littoral ‘’ environ deux régiments d’infanterie, un régiment incomplet de cavalerie , quelques batteries de campagne et de montagne, une légion Syrienne en formation . J’en prend le commandement le 28 Mars .



Le territoire que j’ai à protéger contre l’ennemi de l’extérieur et les brigands de l’intérieur , s’étend depuis la frontière de Palestine , au Sud , jusqu’au-delà de Lataquieh , au Nord, soit sur une longueur de côtes d’environ 300 kilomètres et, à vol d’oiseau d’une profondeur moyenne de 40 Kilomètres de terrain montagneux A l’Est notre frontière laisse la Bekaa et les plaines de l’Oronte au domaine Chérifien .


Comme liaison avec les différents points de mon commandement, j’ai le téléphone avec Nabathié-Zhalé-Tripoli, Les communications sont précaires avec Lataquieh , dont le fil est coupé sans cesse à hauteur de Banias En dehors du cheval trop lent pour ces longues distances , j’ai pour me déplacer, des routes utilisables en automobile à l’Est sur Zahle ( la route est doublée par la voie ferrée et ses trains tortue ) au Sud sur Nabatieh avec prolongement jusqu à Djedeideh. Au Nord je pourrai rouler jusqu’à Tripoli , jusqu’à Tartous même (avec quelques difficultés ). Au-delà, vers Banias et Lataquieh , il me faut emprunter ‘’ L’Albatros’’ le Yacht du Général Gouraud ou l’un des bateaux de l’Escadre du Levant.


Voilà je crois situés aussi exactement que possible, les cases de l’échiquier où je suis appelé à opérer et, posés les pions que je vais avoir à déplacer du Nord au Sud, de L’Est à L’Ouest , ou vice versa , pour parer aux incursions ou aux attentats qui vont se multiplier durant 3 mois ½, en attendant la marche sur Damas.




AGRESSIONS ET MALAISE





Avant mon arrivée, les agressions avaient déjà commencé . Un officier se promenant tranquillement et sans armes , avec sa femme et un de ses camarades , à l’Est de Tel-Kala , au pont de la route de Tripoli à Hams , sur le Nahr El Kébir , a été assassiné à coups de fusil à moins de 500 mètres d’un poste Chérifien. Notre poste du pont du Litani, entre Djeideideh et Nabatieh , a été égorgé pendant la nuit. Une agression nocturne s’est également produite contre le poste de Djedeideh . Au début de l’année , une colonne française de répression opérant dans le Merdjaîoun , a été attaquée par des bandes vers le lac du Houlé. Nos jeunes tirailleurs Algériens , à peine instruits, ont tourbillonné sous le feu et ont perdu des hommes et du matériel . Au nord, les bandes de Cheick Saleh ont chassé les Ismailiehs de Kadmus , coupé nos communications avec Banias et Djeble et échangé des coups de fusil avec Tartous .



D’autre part la voie ferrée Rayak-Homs-Hama-Alep qui doit, d’après nos conventions être à notre disposition pour ravitailler les divisons de Cilicie et de la frontière Nord a, pour nos transports, des retards que, seule, la mauvaise volonté de L’Emir peut raisonnablement expliquer . Quoi qu’il en soit, je n’ai pas pour le moment l’impression qu’au Haut-Commissariat l’on considère le rôle de Faycal comme réellement hostile .Aux observations qui lui sont faites par la voie diplomatique l’Emir répond en garantissant sa bonne volonté, en rejetant sur des vagues de bédouins ou sur des bandits de notre propre Syrie , l’odieux des attentats et des massacres . Nos officiers de liaison à Damas , les colonels Toulat et Cousse , séduits, sans doute par l’amabilité de l’Emir, semblent se porter garants de sa bonne foi. Il y a mieux ; lorsque le gouvernement de Damas a ravitaillé en munitions une bande malfaisante et fermé les yeux sur le départ de Damascains allant la rejoindre , l’Emir nous fait prévenir , trop tard, en général, d’une agression possible sur tel ou tel point .


En revanche, d’autres personnalités, parfaitement au courant des affaires orientales et de la mentalité chérifiennes ne partagent pas les mêmes illusions . Je me rappelle avoir, dans le début de mon séjour à Beyrouth , visité le R.P. Ch de la compagnie de jésus Il avait été jadis professeur de mes deux fils , tués à l’ennemi , pendant les premières années de la grande guerre . Le père me fit un exposé lumineux de la question Syrienne et porta d’ailleurs des jugements assez sévères sur les erreurs commises depuis le début de l’exécution de notre mandat , erreurs inhérentes surtout à la situation difficile passée par les Anglais . En l’écoutant, je faisais en mon esprit, la part de la déception éprouvée sans doute par les chrétiens de Syrie en voyant la France, puissance musulmane, s’efforcer de tenir égale la balance de la justice entre les victimes et les Tyrans d’hier . Je n’en fus pas moins vivement frappé par l’argumentation de mon interlocuteur , et plus encore par sa réponse à ma question ‘’ Alors, mon père , quel est le remède ? ‘’

‘’ Occuper Damas immédiatement et renvoyer Faycal à son désert d’Arabie ‘’

Je ne me doutais certes pas à ce moment là que , peu de semaines après, je serai désigné pour exécuter ce programme .



………………..




RECONNAISSANCE ET FËTES






Le mois d’Avril débute par une petite opération de la Colonne de Mabatieh sur Metelé , au Sud du Merdjaîoun . Simple promenade militaire constatant l’abandon du village par les Bédouins qui étaient établis . La nuit précédente , c’est ce qui avait motivé l’expédition, une tentative d’attaque s’était produite sur Djedeideh, attaque facilement repoussée d’ailleurs . Naturellement les agresseurs venaient de la Zone Chérifienne et y sont rentrés après leur coup manqué .

La première quinzaine du mois fut occupée à des revues , des réceptions des cérémonies religieuses des différents cultes , où j’accompagnais le Haut Commissaire lorsqu’il ne me désignait pas pour le représenter . Je prenais ainsi contact avec les personnalités Syriennes les plus éminentes et je faisais connaissance avec Beyrouth , ses établissements civils et militaires, ses Eglises et ses mosquées .


Je noterai plus spécialement une tournée dans le Sud du Liban, faite par le Général Gouraud et à laquelle j’ai pris part . Le 8 Avril, vers 9 heures , ‘’ l’Albatros ‘’ nous débarque devant Saîda, au milieu d’un grand concours d’embarcations dont les bateliers sont vêtus de Djélabiehs roses, mauves ou d’un vert tendre. C’est réellement un charmant tableau, sous le beau ciel de Phénicie sur cette mer Indigne avec de grandes plaques violettes , ‘’ la mer couleur de vin ‘’ du bon Homère. ‘’ L’Albatros ‘’ tire les salves d’honneur Grand enthousiasme qui a l’air très réel Bouquets Discours , nous en entendrons plus de cent pendant notre randonnée triomphale .Premier arrêt des autos à Roum où nous prenons le café chez un notable Libanais .

Voici Djezzin dans un pays pittoresque et bien cultivé , arrosé de ruisseaux , rafraichi par des cascades . Le Général passe en revue 200 volontaires d’une milice que nous avons armée et organisée . Déjeuner au Séraf puis visite aux Ecoles tenues par des sœurs du Sacré –cœur . Il est bien entendu que je passerai dorénavant , sans en parler, sur les bouquets et les discours ; ils sont compris dans la centaine annoncée plus haut .



Le cortège des autos continue sur Mouktara où nous sommes reçus dans un Château plusieurs fois centenaire avec de curieux escaliers extérieurs sans rampes et très hauts. Toutes les terrasses et les escaliers sont couverts de femmes et de jeunes filles aux voiles blancs ou azurés qui forment un cadre aimable au tableau enthousiaste de la réception . L’eau de rose et l’eau de fleurs d’orangers pleuvent sur les visiteurs . Banquet interminable, au cours duquel les maisons s’illuminent les sommets voisins s’empanachent de flammes, des fusées sillonnent cette belle nuit d’Asie .



Départ dans l’obscurité la plus complète pour Beit ed Din . Nous prions Dieu, tout le long de cette route inconnue et dangereuse , semble t’il , dans l’obscurité , de nous amener sains et sauf à notre gite .Excellente nuit, dans le palais construit par l’Emir Béchir, au commencement du 19 ème siècle , dans un site délicieux . Le matin, avant le départ , j’ai le temps de visiter les jardins en terrasses et, dans un bosquet solitaire, la touchante Kouba qui recouvre la tombe de la favorite de l’Emir.


Arrêt à Barouk . La crête qui nous domine montre quelques groupes des fameux cèdres du Liban . Il ne s’agit pas des célèbres ancêtres que l’on visite près d’Edhem, mais ce sont bien de vrais cèdres dont on nous apporte des branches pour décorer nos autos. Déjeuner à Hammann où Lamartine à vécu quelques semaines . La vallée est tout séduisante avec sa verdure fraiche qui repose des sommets dénudés . Le Haut Commissaire visite des couvents et pose la première pierre d’un hospice de filles repenties .Après cette vertueuse et utile cérémonie , nous nous rendons à une importante filature appartenant à la maison Guérin ‘’ Soyeux de Lyon’’ . Retour à Beyrouth pour diner fort tard à la résidence .



Dans la soirée du 11 avril, le Commandant du Groupement Sud, télégraphie qu’une attaque de Bédouins, une attaque de grand style même semble vraisemblablement contre Djeideideh. Je compte, si cela est nécessaire , renforcer le Groupement par un bataillon du 2ème régiment de Tirailleurs Algériens qui est arrivé le 3 Avril, à ma très grande joie d’ailleurs, car c’est dans ce beau Régiment que j’ai débuté comme sous-lieutenant, à ma sortie de St Cyr . Dans ces conditions, je me décide à partir le 12, pour étudier la question sur place , avec l’aide du Lt Colonel d’Anzac, commandant le 2ème R.T.A. et le commandant Lebreton de l’artillerie . Arrêt à Saida, chez le Capitaine Charpentier des services administratifs, qui me met au courant des bruits semblant confirmer la possibilité d’une grosse attaque. Et cependant ce pays a l’air si tranquille ! Il semble impossible qu’il se trame quelque chose contre ce délicieux Eden, dans ce royaume des parfums suaves, où nous voyons défiler paresseusement sous les orangers en fleurs, de nombreux fantômes voilés de soie noire ou bleue , musulmanes invisibles et mystérieuses .Nous poursuivons notre route et nous étudions les positions d’Artillerie à prévoir et les différents renforcements à faire à Nabathié et à Djedeideh.. Le commandant de ce dernier poste, qui a poussé très loin une reconnaissance avec un groupe de cavaliers volontaires , pris parmi ses amis indigènes, m’assure que l’on a eu une fausse alerte et qu’il n’y a rien à craindre pour le moment .




CHEZ ‘’LA PRINCESSE LOINTAINE ‘’





Il faut maintenant visiter la partie Nord de mon commandement . Je pars donc, le 14 Avril, avec le capitaine Jabin et un officier des administratifs . Nous sommes en route, à 7 heures, et pendant bien des kilomètres nous allons relire des chapitres de la Mythologie ou de l’Histoire en voyant :


. Nahr El Kelb et son défilé entre les rochers e la mer qui les ronge, carrefour des peuples, où des inscriptions millénaires ou récentes, égyptiennes, assyriennes, latines, françaises et Anglaises , rappellent les hauts faits des conquérants qui tour à tour , ont posé leurs mains de fer sur la phénicie et la syrie .

. Djounie et sa baie charmante où aboutit la plateforme pavée d’une voie romaine .


. Le Nahr Ibrahim qui dans ses flots rougis parfois a des couches de minerais de fer semble rouler encore le sang d’Adonie.


. L’antique Eyblos , actuellement Djebeil, qui réunit tant de souvenirs , depuis les prêtres de Baal, les Egyptiens et les Grecs , jusqu’aux Croisés et aux Maronites ; Eybles avec son vieux manoir , ses curieuses basiliques et ses vastes nécropoles .



Nous passons Batroun et nous commençons à nous élever par des lacets qui vont nous permettre de franchir les falaises du Ras Chakka , le ‘’ Visage de Dieu’’ des Anciens . Ce promontoire est l’avançèe sur la mer d’une montagne assez boisée où de nombreux couvents mettent des taches blanches.


Tout là bas , bien loin vers le Nord, nous apercevons les maisons d’El Nina , le port de Tripoli. Cette dernière ville nous est encore cachée par le Ras el Natour . On devine pourtant ses jardins d’orangers et des citronniers que nous allons traverser tout à l’heure .Je suis reçu par le Lt Colonel Mensier, commandant le Groupement du Nord et nous allons déjeuner au cercle militaire . J’inspecte les troupes et les différents établissements et je me rends ensuite chez Mustapha Ezzedin, notable Musulman, beau père du Président de la municipalité , qui doit me donner l’hospitalité. Intérieur oriental très riche avec le mélange classique de tapis merveilleux et de bibelots de bazars européens . Réception parfaite à tous égards.



Promenade avec le Colonel, à travers les Souks, par des rues bordées d’arcades . Pèlerinage romantique au Château de la ‘’ Princesse lointaine’’ , dont les ruines sont probablement englobées dans la Citadelle déjà très ancienne . Elle domine la ville et a pour fossé , un ravin profond tapissé d’une végétation exubérante, la plus folle qui puisse naître de l’union d’une eau inépuisable et d’un soleil toujours généreux. Nous avons longuement regardé la mer, Peut-être par la même fenêtre ou s’accoudait Mélissinde pour voir si le vaisseau de Eudel avait hissé ‘’ la voile noire’’ .


Dans la soirée, un télégramme du Capitaine Pichon, qui administre la région de Tel Kala , fait connaître qu’un de ses postes de miliciens est attaqué et demande du secours . Le Lt Colonel Mensier met en route sa section d’Autos-mitrailleuses . Demain matin j’irai moi-même voir ce qu’il en est .


En sortant de Tripoli, le 15, de bonne heure, j’examine les positions de défense de la ville que le Colonel m’a signalées la veille. Nous les traversons , en longeant le bord de la mer , à proximité immédiate de la ligne de chemin de fer de Tripoli à Homs, dont les rails ont été enlevés par les Turco-Germains , au cours de la Grande Guerre. Il nous est permis d’aller lentement et même de flaner un peu, car un télégramme de Tel Kala nous a appris, cette nuit , que les miliciens , qui n’ont d’ailleurs eu que deux blessés, avaient tenu bon et repoussé l’attaque . Aussi nous arrêtons nous en passant à Koubbet-el- Beddaoui, dervicherie qui montre aux visiteurs une source limpide où nagent des poissons sacrés, comme ceux de Salambô. La route, quittant la mer, va rejoindre la vallée du Nahr El Kébir, qui ouvre les communications entre Homs et Hama . Nous gravissons les pentes de la rive droite et nous arrivons à notre destination, vers 11 heures .



Je prends, en passant, le Capitaine Pichon pour aller voir ses miliciens sur le lieu du combat, vers le pont du Mahr el Kébir. Je dis quelques mots d’encouragement à ces pseudo-guerriers qui, à tout prendre ont tenu le coup . Nous ne sommes pas d’ailleurs assez riches en effectifs, pour dédaigner l’appoint des indigènes, qui sont appelée, dans un avenir plus ou moins lointain , à assurer, sous notre direction, la défense d’un territoire où nous ne pourrons pas maintenir des soldats français dont nous pourrons avoir besoin ailleurs. Le poste Chérifien est visible sur une hauteur très voisine . Ainsi donc, une fois de plus, la complicité ou tout au moins la neutralité bienveillante du Gouvernement de la Zone Est me parait démontrée. Les assaillants, venant du territoire de l’Emir, ont passé près du poste , avant l’attaque ; après leur échec , ils ont suivi le même chemin . Les Chérifiens n’ont pas bougé . Alors ?



Au poste de Tel Kala, nous déjeunons à la popote du Commandant Pinchon . Visite du poste fortifié , dont la position a été bien choisie mais dont le tracé laisse à désirer , surtout en ce qui concerne les flanquements qui sont à perfectionner . Je donne des ordres en conséquence . Retour à Tripoli, avec la section d’Autos-mitrailleuses qui, au cours de la route, multiplie les pannes . Ces engins sont indispensables , dans un pays où l’arrivée imprévue de bandes de pillards demande le transport rapide d’éléments puissants ; mais en raison des difficultés du terrain et souvent du mauvais état des routes . Il faut des voitures plus légères, dut-on pour cela diminuer un peu leur protection.



Diner chez le Lt Colonel Mensier, où Mme Mensier et ses trois jeunes filles nous reçoivent en bonnes et charmantes Françaises. Leur fils unique , comme deux des miens , a été tué pendant la guerre , c’est un lien de plus que de pouvoir causer de chers disparus ! Le Colonel me met au courant des nouvelles qu’il a reçues, dans la journée de la Colonne qui opère , au N. E.de Tartous, contre Scheik Saleh . Ce chef de brigands, qui semble s’être arrogé une sorte de mission religieuse et xénophobe et qui certainement doit être ravitaillé et conseillé par le Gouvernement de la Zone Est , terrorise et rançonne les chrétiens de la région côtière entre Tartous et Banias ; il a pillé les Ismaîliehs et les a chassé de Khadmus ; il aspire certainement à régner en maître absolu sur le pays des Ansariehs . Les populations affolées ont émigré à Tartous , abandonnant les récoltes sur pied ; les partisans de Cheik Saleh pourront , le moment venu , les moissonner à l’aise . Il faut absolument aller rassurer tous ces malheureux , j’en profiterai pour inspecter les troupes, et après avoir jugé et discuté sur place, arrêter, d’accord avec le Commandant de la petite colonne de Sanda , les mesures indispensables pour ramener l’ordre .



Le 16 Avril, nous prenons avec nous l’ingénieur chargé de la construction de la route de Tripoli à Tartous ; car c’est , parait-il , un problème fort délicat de trouver son chemin à travers les dunes du bord de mer , où il faut ‘’zigzaguer’’ astucieusement pour ne pas s’enliser dans les sables ou les gués . Quant à la chaussée de la route nouvelle , elle est inutilisable pour le moment , coupée qu’elle est par des travaux d’art en construction . Un guide averti nous est donc indispensable . Le pays n’est pas sûr : Aussi avons-nous dans l’auto un véritable arsenal et les vivres nécessaires pour le cas de panne dans une région désertique . Nous traversons d’abord une vaste plaine à terre noire , qui semble d’une merveilleuse fertilité ; c’est le sol rêvé pour les plantations de coton ; sur notre droite, jusqu’aux collines ; nous voyons des champs de blé ou d’orge encore verte, mais dont les épis sont déjà formés . Déjeuner dans la dune , près des vagues qui déferlent jusqu’à nos pieds, car la mer est très agitée par une sorte de ‘’ mistral’’ glacial .



Après quelques inquiétudes , au passage d’un Nahr, où notre auto s’est enlisée, nous sommes tirés de peine par notre ingénieur . Il parle six ou sept langues ou dialectes, qui mobilise toute la population d’un village heureusement voisin . Bakchichs et salamaleks et nous roulons de nouveau vers le Nord . Nous voici dans la curieuse région d’Amrit, semée de monuments phéniciens encore debout et où l’on peut voir, en s’éloignant un peu de la piste, des tombeaux, des temples, des théâtres même , dont les fondations et les gradins encore bien conservés , sont taillés profondément dans le roc . Mais, nous n’avons que quelques minutes à donner à l’archéologie. A quelques milles, en mer, nous voyons les rochers et les vieilles murailles de l’Ile Rouad , et bientôt nous sommes arrivés .



Toute la popul ation de Tartous, y compris les 7000 chrétiens fuyant la menace des bandits, se trouve aux portes pour saluer le Général Français . Acclamations, ovations, drapeaux aux fenêtres où les couleurs françaises prennent toutes les teintes , bref, accueil enthousiaste que la crainte de Scheick Saleh rend encore plus chaleureuse . La ville est entourée d’antiques murs phéniciens, utilisés et rebâtis par les Croisés qui ont régné à Tartous près de deux siècles . Curieuse église , elle aussi de l’époque des Croisades , en partie ruinée mais pouvant encore abriter une foule de nos réfugiés que j’y vais visiter. La petite garnison est installée au port même, à dix minutes de Tartous ; elle utilise comme ‘’ Mirador’’, un vieux bâtiment juché sur un roc émergeant du sable de la plage . Elle se compose d’une Compagnie Syrienne , de cavaliers Tcherkess et de quelques zouaves mitrailleurs , le tout sous les ordres du Capitaine Faugeron.



J’organise ma visite au camp de Sauda pour le lendemain . Le pays étant parcouru par les bandes de Scheik Saleh , on peut envisager la possibilité d’une attaque à la traversée de Nahr el Kayhié ; un détachement de fantassins occupera donc de bonne heure les environs du gué . Quelques Spahis, qui servent de liaison avec le camp et les Tcherkess encadreront mon petit groupe d’officiers. Dïner pantagruélique , mais exécuté par un Cordon bleu de première valeur, c’est une cuisinière chrétienne, chez notre hôte, Osman Agha, musulman très aimable et très influent, sorte de ‘’ Marquis de Carabas’’ qui possède de magnifiques jardins outillés à la moderne et exploite des terres considérables . Il se conduit d’ailleurs admirablement vis-a-vis des chrétiens qui se sont réfugiés à Tartous . Nous sommes logés et meublés ‘’ à la turque ‘’ mais très confortablement .


17 Avril . Il a plu toute la nuit et il pleuvra sans doute toute la journée . Nous allons être trempés , mais cela empêchera peut-être les ‘’salopards’’ de se mettre en campagne . C’est à souhaiter, car ma petite poignée de cavaliers serait facilement enlevée par une bande un peu nombreuse et la situation d’un général pris ou tué à la tête d’une escouade serait un peu ridicule. Passage du Mahr sans coup férir. Ascension des hauteurs de Sauda par des chemins de chèvres où roulent des pierres de lave colcanique noire . Les spahis flanquent à droite et à gauche et forment une pointe . Les Tcherkess cavalcadent derrière nous. Quelques balles arrivent de très loin. A 11 heures, je suis reçu à quelque distance du camp, par le Commandant Le Boulanger venu à notre rencontre avec un détachement de protection éventuelle .


Visite du Camp, sorte ‘’d’ oppidum’’ très vaste, afin de n’y avoir jamais ni entassement ni encombrement ; bonne précaution contre les balles qui peuvent pleuvoir des quatre points de l’horizon . De là partent les raids brusqués que le commandant de la colonne exécute fréquemment contre les partisans de Cheik Saleh . Une fois de plus, j’acquiers la conviction que ce chef de bandits est ravitaillé en munitions , peut-être même en combattants et en cadres par la Zone Est et cela par ordre ou avec le consentement tacite du Gouvernement de Damas . Il pleut toujours et au retour, la pluie coule jusque dans nos bottes par le collet de nos vêtements .


A Tartous, café et cigarettes avec les notables chrétiens et musulmans . J’annonce aux chefs des localités abandonnées , que j’ai organisé, avec le Commandant Le Boulanger , la protection de leurs villages contre toute attaque nouvelle ; je les incite à montrer un peu plus d’énergie et de courage pour nous aider dans notre tâche ; ils se déclarent enfin décidés à regagner leurs pénates et à faire les moissons . Il est certain que pendant des siècles d’esclavage plus ou moins déguisé, ces malheureux chrétiens ont pris une mentalité de moutons sur le chemin de l’abattoir . On les arme et ils n’osent pas se servir de leurs fusils contre les agresseurs lorsqu’ils sont musulmans . Sous le régime Turc, en effet, même un brigand musulman était ‘’ personne sacrée’’ pour un chrétien , même dans le cas de légitime défense . C’est pour ce motif, que j’ai essayé de leur faire comprendre la situation nouvelle . Nous trouverions non seulement légitime , mais très utile à la cause de l’ordre et de la paix , qu’ils veuillent bien casser la tête aux gredins qui viennent les piller . C’est une éducation à faire . Espérons que les enfants ou les petits enfants auront une éducation plus virile . Luxueux diner chez Abdul Riza Bey , autre musulman aimable et millionnaire . Le temps se remet au beau et le ciel nous allume toutes les étoiles .



18 Avril : Déjeuner chez Osman Agha . Toute la population est sortie de ses demeures pour me saluer au départ , à midi . Nous refaisons sans incident notre voyage de Beyrouth , par tripoli . Diner dans les rochers du Ràs en Natour, devant la mer incandescente sous un ciel d’or rouge . Arrivée à Beyrouth à minuit . Je reviens à temps pour prendre , le 20 Avril , le Commandant Foret, venu comme moi de Strasbourg et qui a été à la fin de la Grande Guerre mon Chef d’Etat-Major lorsque je commandais la 157 ème Division , est nommé Chef d’Etat-Major de la 3ème Division.






BABANA ‘’ SIDI BRAHIM ‘’ DE SYRIE






De mauvaises nouvelles du nord m’attendent .


Notre poste de Bahana, situé dans la région terriblement coupée et difficile du Sahyoun est violemment attaqué depuis plusieurs jours. La garnison ( une trentaine de zouaves et de tirailleurs et un groupe de miliciens ) par bonheur habilement et énergiquement commandée , lutte , comme à Sidi-Brahim à un contre vingt. Le reste de la garnison de Lataquieh, une centaine d’hommes et une demi-batterie de montagne est partie pour tâcher de prendre à revers les agresseurs . Il est nécessaire d’être sur place pour maintenir, s’il le faut, la ville où les musulmans feraient cause commune avec nos ennemis si ces derniers étaient vainqueurs .



Le 21, le Général Gouraud me confie ‘’ L’Ernest-Renan’’ qui me transportera rapidement à Lataquieh . Ses canons maitriseront le cas échéant la ville et ses environs . Sa compagnie de débarquement pourra m’être très utile étant donné la pénurie de nos effectifs . Embarquement à minuit, après un dîner chez l’Amiral Mornet . Le Commandant Morand de l’Etat-major de l’armée . Le beau croiseur de 16000 tonnes, sous les ordres du Commandant Bazire, nous emmène à petite vapeur , pour ne pas user trop de ce charbon que les Anglais nous vendent si cher à Port Saîd . Pendant que nous dormons paisiblement dans nos cabines , aussi stables que des chambres d’Hôtel., nous remontons la Côte jusqu'à Tripoli. Au petit jour, nous passons devant El Mina. Les pentes Nord du Liban s’abaissent toutes roses sous le soleil levant, dominées vers le Sud, par le sommet encore enneigé du Djebel Sanine. Les hauteurs qui vont border le panorama à l’Est appartiennent aux monts Nosaîriens , repère des peu recommandables Ansariehs Ces ‘’ seigneurs de la Montagne’’ , pillent , depuis des siècles, toutes les fois que l’occasion s’en présente , les Allaouîtes , les Ismaîliehs et naturellement les Chrétiens.



Voici Tartous et l’Ile de Rouad que nous voyons, cette fois , sur son autre face . Son vaste château Sarrasin et ses vielles murailles sont encore imposants . Sur une roche escarpée, à quelque km de la Côte s’élèvent de hautes tours de basalte noir C’est une forteresse du Moyen-Age , le Kalaat Markab, qui pourrait abriter, comme garnison, des régiments entiers de cavaliers et de fantassins C’est un refuge presqu’inexpuniable pour les malandrins du pays et nous serons obligés, de nous en occuper un jour ou l’autre . On nous signale Banias, dans une jolie Oasis de verdure ; Djeble bien dégénérée de son importance ancienne, au temps de la puissance de Byzance ; on aperçoit assez distinctement la Mosquée, autrefois église des Croisés , où dort le Sultan Ibrahim.



A 10H45 , nous mouillons devant Lataquieh . Les nouvelles sont bonnes : le poste tient encore ; un avion qui l’a survolé ce matin a signalé : ‘’ Tout va bien au poste.’’ J’ai donc le temps de faire une reconnaissance complète de la ville et de ses abords, de voir les êtres et les choses et de prendre, en toute connaissance de cause , les dispositions utiles pour la sécurité de Lataquieh à l’abri d’un coup de main venant de l’extérieur, quant aux ennemis de l’intérieur , les canons du ‘’ Renan’’ et ceux du ‘’ Jurien de la Gravière’’ , que nous avons trouvé en rade, sont un porte-respect plus que suffisant . Je descend à terre, après avoir donné l’ordre au Commandant Bazire de mettre à terre sa compagnie de débarquement . La reconnaissance rapide des abords de la ville me permet de constater qu’elle est couverte par un ‘’tell’’, vers le Nord et le Nord-Est , ayant d’excellentes vue sur les routes et les chemins . La Compagnie de débarquement et ses petits 65 m/m aura de bons postes à tenir qui donneront à Lataquieh toute sécurité .



23 Avril . Départ à 6h30 pour Babana . Une soixantaine de marins de la Cie du ‘’Renan’, sous le commandement de l’Aspirant de 1ere classe Blanchard , et cinq Spahis m’accompagnent . Nous prendrons l’itinéraire par les crêtes , plus pénible certes, mais qui nous permettra de tenir le haut du pays sans risquer d’avoir des ‘’Salopards ‘’ sur notre tête . Vers 10 heures , la petite colonne traverse à gué le Nahr el Kébir. Les marins, peu habitués à la marche, surtout par une chaleur torride, sont très fatigués . Je cède mon cheval aux moins ingambes ; car je ne veux pas laisser de traînards dans une région aussi troublée. Nous croisons des groupes d’Allaouites, hommes et femmes, qui viennent de piller des Ansariehs . C’est déplorable mais c’est bon signe : cela prouve que l’entreprise montée contre Babana est considérée comme manquée. Dans la direction du poste, on voit, par-dessus les crêtes, des fumées empourprées par la flamme des incendies . Halte au village de Zubur . Mon détachement montre beaucoup d’énergie mais a un grand besoin de repos .



Enfin, à 16 heures, nous sommes au bord d’un ‘’Canon’’ très profond aux parois à pic . Sur l’autre rive , s’étalent ; dans les pentes semées de jardins et de vergers entre des espaces pierreux et arides , les trois villages qui constituent la capitale du Sayoun ; Babana le premier de ces villages , sur un diadème de flammes et de fumée, flotte le drapeau français . Tout va bien . ! Nous commençons une descente ardue dans le ravin . Au fond près des premiers cadavres de Bédouins , je trouve le Capitaine Magrin venu à ma rencontre. Au bout d’une petite heure , nous sommes tous à Babana , où brûlent encore de nombreuses maisons. Quelques morts jonchent les environs du poste ; comme d’usage , les assaillants en ont enlevé le plus qu’ils ont pu.


Le poste situé à une des extrémités du village, est composé d’un certain nombre de maisons à terrasses , séparées par des cours dont plusieurs sont sous le feu des habitations voisines ou des hauteurs environnantes . Sur trois côtés, le champ de tir est suffisant ; la quatrième face malheureusement touche à l’agglomération . L’attaque avait été fort bien montée . Il résulte de mon enquête que les assaillants venaient de la Zone Est et ils étaient certainement bien commandés . Un grand nombre appartenaient à l’Armée Chérifienne . Il est facile de quitter l’uniforme kaki pour se déguiser en Bédouin ! Il est facile aussi de quitter son unité avec une permission régulière pour venir voir des parents ou des amis au Sahyoun . Bref, pour une raison ou pour une autre , les soldats de l’Emir participaient à l’attaque . L’officier commandant le poste m’a affirmé , qu’après le premier assaut infructueux, les femmes musulmanes se moquaient des assaillants en temps que ‘’ guerriers de l’armée de Damas ‘’



Mais revenons à l’opération qui, comme je viens de le dire , avait été fort bien combinée . L’ennemi avait naturellement des complices dans la localité et dans les autres villages de Sahyoun ; c’est donc chez les habitants que les agresseurs se sont cachés en attendant la concentration pour l’attaque . Afin de se donner le bénéfice de la surprise d’une manière absolument complète , le chef des conjurés avait prié un notable d’inviter à une réception cordiale les officiers du poste, afin de laisser la garnison sans chef au moment d’une irruption brutale . Heureusement une sorte de pressentiment , un je ne sais quoi qui troublait l’atmosphère de paix habituelle , avait fait refuser l’invitation . Bien que tout parut calme dans le pays , le service de garde était scrupuleusement exécuté , les dispositions d’alerte bien comprises . Aussi, lorsque l’attaque se produisit, d’une manière très brusque , à une heure diaboliquement choisie parmi celles où l’on ne craint rien, en pleine après-midi, elle trouva immédiatement devant elle une résistance suffisante pour la faire échouer.



Plusieurs assauts ayant été repoussés, l’ennemi commença une sorte de siège régulier, avec progression méthodique à travers les bâtiments du poste qui touchaient le village. Alors s’engagea une lutte pied à pied, au cours de laquelle, le courage, l’énergie et l’habilité professionnelle d’un sous officier, habile lanceur de grenades sut arrêter les tentatives les plus acharnées. Il avait fallu creuser des boyaux de communication dans les cours , établir des masques pour les tireurs sur les terrasses, élever des barricades etc….Bref, toutes ces précautions, l’entrain et la bravoure de la garnison, la vigueur du commandement ont permis à une poignée d’hommes de résister pendant sept jours à un milliers de fanatiques bien armés et bien encadrés .


J’ai félicité de tout cœur chefs et subordonnés et , après une joyeuse soirée , nous avons passé une nuit paisible au milieu d’eux .



24 Avril : Aujourd’hui, le pays étant complètement pacifié, nous pouvons revenir par une route plus courte et moins pénible que celle d’hier. Du reste, comme nous avons avec nous la colonne de Lataquieh qui a réussit à pénétrer le 23, au matin, dans Babana , nos forces sont imposantes : Deux compagnies de Zouaves et Tirailleurs, les marins, une demi-batterie de 65m/m et un peloton de Spahis. Je quitte la colonne au passage du Nahr el Kebir, pour aller au plus vite, recevoir les notables que va me présenter le Commandant de Courson, des services administratifs. Je n’ignorai pas qu’une partie de la population musulmane escomptait une victoire des vaincus de Babana . Le poste pris, les musulmans de L’Ataquieh se seraient soulevés, auraient reçu des secours d’Alep ou d’Hams et , libérés de l’occupation française, auraient arboré le drapeau de l’Emir Faycal. Lataquieh serait devenu le débouché sur la mer rêvé pare le gouvernement de la zone Est . Dans tout cela , il y avait évidemment beaucoup de ‘’mirage oriental ‘’ mais avec un fond de vrai.


Cette réunion de notables est donc, pour moi, une occasion de relever énergiquement le courage déjà défaillant des chrétiens et de ramener les égarés au sens exact des réalités . Le retour de la colonne victorieuse après l’échec honteux d’une attaque à 20 contre 1, les gros canons de ‘’ L’Ernest –Renan ‘’ et du ‘’ Jurien de la Gravière ‘’, tout cela sans doute a été encore plus éloquent que mon discours .


A 18H30, je m’embarque sur le ‘’ Jurien de la gravière’’ . Le commandant Stotz appareille à 19HOO . Mer très belle Nuit paisible .





ALEXANDRETTE




A 7 heures , Dimanche , 25 Avril, nous sommes en rade de Beyrouth mais je ne descend à terre qu’ après avoir entendu la messe et un très joli sermon de l’Aumônier.


Je vais rendre compte des évènements au Général Gouraud qui m’informe

1) Qu’il vient de mettre sous mon commandement le territoire d’Alexandrette et son chef actuel , le Général Aubé .

2) Que nos postes de la région d’Antioche ont subi des attaques sérieuses dont une au moins a eu des résultats désagréables pour nous. Il faut aller là bas pour prendre d’urgence toutes dispositions utiles.



Je vais donc reprendre la mer, ce soir, sur ‘’ L’Albatros ‘’ que je garderai à Alexandrette à ma disposition . Je trouverai , en arrivant, le Lt Colonel d’Anzac qui m’a précédé avec des renforts importants . Nous sommes à bord de ‘’ L’Albatros’’ à 22 heures . J’emmène avec moi le Commandant de Boisse et mon fidèle Jabin. Installation luxueuse ; j’ai une vrai chambre avec un grand lit , le tout tendu de soie mauve et jaune . Dès la sortie de la rade ,’’ l’Albatros’’ roule et tangue violemment . La mer est très houleuse et nous berce un peu rudement toute la nuit. Au jour , la mer est un peu moins forte . Le vent étant favorable , on établit toute la voilure ; le bâtiment mieux appuyé roule moins et la vitesse augmente sensiblement .



Nous revoyons défiler devant nos yeux la côte qui nous est déjà familière jusqu’à Lataquieh. Après cette ville , le rivage est découpé par de nombreuses baies ., ouvertes entre des caps qui prolongent jusque dans la mer les nervures du Djebel Akra (ancien Mons Cassius). Voici l’embouchure de l’Oronte dont la vallée nous ouvrirait la route d’Antioche, si nous avions le temps de faire un pèlerinage mythologique aux lauriers sacrés de Daphné . Il serait plus intéressant encore de visiter les ruines curieuses de Séleucie que nous devinons au pied des flancs boisés du Djebel Mousa, avancée de la masse imposante de l’amanus. Un peu après 18 heures, nous doublons le Ras el Khanzir et sa forêt de beaux pins d’Alep pour pénétrer dans le vaste golfe d’Alexandrette, si bien abrité par une ceinture de montagnes et de collines .



A 20h30 nous mouillons devant la ville d’Alexandre le Grand près de la ‘’ Décidée’’ Commandant Touroude qui a transporté les renforts .


Le Général Aubé monte à bord et m’explique la situation : à Antioche, les montagnards du Djebel Mousa et du Djebel Akra inquiètent la ville. Ils ne pourraient pas s’emparer d’une cité aussi importante , mais ils l’insultent presque quotidiennement et, comme toujours, les chrétiens ont peur. De petits groupes se glissent sur la crête du Mons Silpius ( Habib en Neddjer ) jusqu’aux tours de l’antique muraille et de là envoient des balles à travers les rues et les places de la ville. Cet état de choses , parfaitement ridicule, est de toute façons, intolérable. Il fuat que la garnison puisse se donner de l’air et battre un peu les environs . Un bataillon de renfort partira demain.


A Harim , notre poste violemment attaqué tient encore et tiendra indéfiniment dans le vieux château bâti par les Croisés ( Castrum Harench ) . Il faudrait à l’ennemi des obus de 210 m/m pour inquiéter un peu sérieusement la garnison. Mais un demi-escadron de Spahis , surpris par l’attaque dans le village , a pu, à grand peine se réfugier au château en abandonnant chevaux et harnachements qui ont été de bonne prise . Il faut absolument débloquer Harim et pour relever notre prestige promener dans la région une colonne ‘’ d’assainissement ‘’ bien armée . Nous nous servirons pour cela du Lieutenant Colonel d’Anzac et d’une partie des renforts qu’il a amenés .



Le 27, je débarque à 8 heures pour visiter l’hôpital militaire , très beau bâtiment sur la plage . Je vais ensuite voir l’emplacement du futur camp, sur des rochers en terrasses au Nord de la ville ; situation plus en rapport avec les lois de l’hygiène que l’emplacement actuel entouré de marais plus ou moins desséchés. Il ne faut pas oublier qu’Alexandrette a toujours été réputée pour ses fièvres . Dans l’après- midi , départ en auto, par la route du Col de Baîlan, pour inspecter le Camp de la paix , sanatorium des troupes de la garnison . Café et cigarettes avec d’aimables dames américaines qui y ont organisé un ‘’Foyer du Soldat’’. Je veux surtout assister au départ du Bataillon Lauré, du 2ème R.T.A. qui va renforcer les troupes d’Antioche et dont le premier gite d’étape se trouve en bas des pentes , de l’autre côté du Col entre la montagne et le Lac d’Antioche . La route serpente au milieu d’épais bouquets de chênes verts et de myrtes avec, çà et là , les belles grappes rose-mauve des arbres de Judée. Plus haut la route entaille fortement le roc et nous arrivons à Baîlan , curieux village s’étageant sur les parois d’une gorge profonde , entouré de vignes et de beaux arbres fruitiers . Après avoir passé le Col , tout comme Alexandre le Grand , après la bataille d’Issus , nous découvrons la plaine d’Antioche. Le lac , en cette fin de journée , est délicieusement rose. Comme ce serait bon de pouvoir pousser jusqu’à la célèbre Cité des Séleucides où se confondent les souvenirs des Empereurs romains , de St Jean Chrysos-tome et de la Principauté des Croisés ! mais j’ai tout juste le temps d’assister à l’arrivée à l’étage du Bataillon Lauré et au montage du Camp pour la nuit . Je leur souhaite bonne chance et reprends la route en sens inverse , pour rentrer à bord de ‘’ l’Albatros’’ où la T.S.F. m’aura donné , pendant la soirée, des nouvelles des différents Groupements .



28 Avril . A terre à 8 heures , je monte à cheval avec le Général Aubé pour aller à la Redoute Foch qui commande la ville au Nord – Est . Inspection des troupes , Sénégalais , Tirailleurs et Spahis et des établissements militaires , dépôt de remonte, camp d’aviation, manutention. Dans la journée , sur la route de Baîlan , défilé de départ de la Colonne du Lt Colonel d’Ansac . Très bonne impression . Le Colonel a réussi , avec des moyens de fortune , à atteler deux canons de campagne d’un modèle périmé , mais qui lui permettront d’enfoncer des portes , de démolir une bicoque et en tout cas de faire du bruit . J’emmène le Général dîner à bord de ‘ ’ l’Albatros ‘’ . Exquise soirée sous les étoiles ; les vergers des collines nous envoient, par bouffées , les parfums combinés des orangers et des myrtes, la mer dort .




29 Avril : Bonnes nouvelles d’Antioche et d’Harim. Je peux partir tranquille .




Avant de mettre le cap sur Beyrouth , je voudrais reconnaître un peu les côtes du golfe et, en tout cas, pousser jusqu’à Paîas ( ou Baîas) où se trouve la frontière de Cilicie . L’endroit n’est pas très sur , car il est resté un peu en dehors des rayons d’action respectifs des deux divisions qui, opèrent face au Nord . Nous nous ferons accompagner à terre par la ‘’Compagnie de débarquement ‘’ de ‘’l’Albatros’ , cinq ou six marins bien armés .Appareillage à 13h30 . Nous admirons encore une fois le beau cirque de montagnes qui fait à Alexandrette un séduisant écrin de verdure et nous remontons lentement vers le Nord en nous tenant aussi près de la côte que les sondages nous le permettent .



A 16 Heures, mouillage à quelques encablures du rivage où nous porte un canot rapidement armé . Débarquement sur une plage en miniature au Nord de la petite ville de Paîas. Nous mettons une heure à la visiter avec son castel du Moyen-age, ses fossés et ses ponts-levis , son vaste caravansérail à demi ruiné, sa mosquée ancienne et sa très moderne gare du Bagdad-Bahn. A 17 Heures 30 , nous faisons route vers Beyrouth sur une mer calme qu’anime à peine un léger clapotis.


Du côté du couchant , j’admire toujours sans me lasser, la féérie des couleurs que le soleil d’Orient trouve sur sa palette, le soir comme le matin . Aujourd’hui , le spectacle est particulièrement émouvant. : l’horizon d’occident n’est pas embrumé et l’on peut voir se découper , en noir sur le ciel rouge , la longue ligne des crêtes de l’Ile de Chypre .



30 Avril . A 7h45 nous sommes en vue de l’île de Rouad . Aperçu le ‘’Renan’’ qui suit notre sillage . Sa T.S.F. nous raconte qu’il va procéder au bombardement de certains villages, entre Tartous et Bazias , qui n’ont pas été sages . ‘’ Pare à virer’’ et bientôt ‘’ L‘Albatros ‘’ mouille devant Tartous et je descend à terre pour avoir des nouvelles . Vu le capitaine Faugeron, Osman Agha , Abdallah le Cheik des Ismaîliehs . Il s’agit toujours de Cheik Saleh et de ses bandits ; le petit port de Banias aété pillé . Les lignes télégraphiques Banias- Lataquieh et Tartous-Banias ont été coupées Les villages musulmans des environs ont été complices du Cheick ; c’est sur eux que le ‘’ Renan’’ va lancer quelques obus de semonce .


Le Capitaine Faugeron va partir pour Banias avec une partie de son détachement, rétablira les communications téléphoniques , sous la surveillance bienveillante du ‘’ Renan’’ et nous enverra des nouvelles à Beyrouth où nous serons vers 20 heures .





AU BERCEAU D’ASTARTE





Dans la première quinzaine de Mai, les choses se gâtent du côté Sud . De nombreux bandits venant du Houlé et du Nord de la Palestine ont massacré la population chrétienne du village de Bint Djebail . A Tyr les chrétiens sont affolés par ces nouvelles d’autant plus que la diligence de Saîda a été attaquée et que des habitants de Tyr enlevés dans la voiture ont été égorgés et mutilés odieusement près des grottes d’Astarté . On craint une attaque contre la ville défendue seulement par un détachement de la Légion Syrienne .


J’embarque le 11 sur ‘’l’Albatros ‘’ emmenant une section de mitrailleuses, et quelques équipes de fusils-mitrailleurs pour renforcer matériellement et moralement la petite garnison . Les projecteurs d’un torpilleur, envoyé dès les premieres nouvelles pour surveiller la côte et la ville de Tyr, éclairent complaisamment les récifs à fleur d’eau, dangereux pour ‘’ l’Albatros’’ arrivant au mouillage par une obscurité profonde . Situation stationnaire. Aucune attaque ne s’est produite . Au réveil , Tyr et ses murs moussus qui baignent dans l’eau , ses maisons blanches , la dune d’or de l’isthme encadré des flots d’un bleu de rêve, forme un séduisant tableau , sous le brillant soleil de Mai . Encore une fois, je regrette de n’avoir pas au milieu de sérieuses préoccupations , le temps nécessaire pour faire un peu d’histoire et d’archéologie . Dans cette première visite à l’une de nos plus anciennes villes du monde civilisé ; je n’ai même pas le loisir de rêver aux origines fabuleuses de ce coin de terre .



Où Vénus Astarté, fille de l’Onde amère

Secouait, vierge encor, les larmes de sa mère

Et fécondait le Monde en tordant ses cheveux


Vite au travail ! Le capitaine de la Bassetière , Gouverneur de Tyr, est venu me prendre à bord . Il me met au courant des évènements que je connais déja en partie .Ce sont des Métoualis , vivant à cheval sur la frontière de Palestine , qui sous les ordres d’un brigand du nom de Sadek , se sont rendus coupables des assassinats dont j’ai parlé .Ce sont également des Métalouis qui, avec la complicité des habitants Chiites de Bint Djebaîl , ont massacré les chrétiens , pillé et incendié leurs maisons Dans cette odieuse aventure, la conduite de Kamel Bey Assad , le puissant seigneur de Taîbé , a été tout à fait louche . Il se dit notre ami, tout en recevant , j’en suis sûr, directives, subsides et promesses du Gouvernement de Damas .Il nous faudra évidemment faire une opération de répression dans la région ou Kamel Bey commande , comme un baron féodal . En attendant , occupons nous de Tyr . Après avoir en revue la petite garnison, je vais avec le gouverneur et le commandant des troupes , arrêter sur place les travaux à exécuter pour barrer l’isthme à son point de plus faible largeur . Avec quelques fils de fer et les mitrailleuses utilisées en flanquement , on peut mettre la ville à l’abri de toute insulte , par terre , les Métalouis n’ayant pas d’artillerie ; quant à la mer, nous en sommes incontestablement les maîtres . Il n’y a donc rien à craindre de l’extérieur .


En ci qui concerne l’intérieur, je profite des réceptions officielles, pour rassurer d’abord les chrétiens qui se sont naturellement affolés . Je suis même obligé de réprimer vertement une sortie inconvenante de leur Pasteur et pour inviter très énergiquement les musulmans à se conduire avec sagesse . D’ailleurs, pour plus de sûreté, j’ai fait saisir des otages parmi ces derniers . Ces otages entre les mains du Gouverneur répondront de la fidélité et de la tranquillité de leurs coréligionnaires , sur leur tête. Nous voilà donc plus calmes , du point de vue des complicités possible, dans la ville même.


Retour à Beyrouth dans la nuit . Sur mon compte rendu le Général Gouraud décide une expédition de répression dans la région de Tyr-Tibnin –Bint Djebaîl . Le groupement de cavalerie, d’infanterie et d’artillerie de montagne, organisé par la 3ème Division, sera commandé par le Colonel Nieger . A la fin de Mai la colonne a accompli sa tâche, el calme est revenu dans la région malgré les excitations des émissaires de Faycal . Un poste permanent est installé à Tibnin .





LE JARDIN DES PARFUMS





26 Mai . Me voilà de nouveau sur la route de l’Est . Cette fois, je traverse le Liban avec le Lt Colonel d’Exrienne , commandant de mon Artillerie Divisionnaire car nous allons profiter de cette excursion , plus politique que militaire , pour étudier des emplacements de batteries.

Le côté politique de mon voyage provient de l’invitation de la municipalité de Shalé qui désire me recevoir officiellement . En me transmettant cette invitation , le Lt Colonel Riocreux m’a fait connaître que mon acceptation était nécessaire ; car cette ville habitée surtout par des chrétiens est inquiète en ce moment . De fâcheuses rumeurs se propagent , par ondes successives , de Damas au Liban . Les musulmans des villages de la Bekaa escomptent des projets militaires du Gouvernement de l’Emir . Et Zahlé est sur la frontière ! D’autres part quelques brigands du Liban (ou de l’Anti-Liban) ont fait de mauvais coups dans la montagne au Nord de la ville . Cela rend les gens nerveux . Bref, il serait bon de remettre les choses au point de proférer, à la réception des autorités , des paroles les plus réconfortantes .


Dans cette traversée du Liban , il n’est plus question de froid , de brouillard et de neige ; la montagne a déjà pris la parure d’un jeune été . Sans doute, elle est encore bien dénudée par places . Il y a tant de rocher et de pierrailles ! mais partout où elle le peut, elle expose à mes yeux charmés le sourire de sa verdure et de ses fleurs .Lorsque nous débouchons du Col, c’est un éblouissement devant la brusque révélation de cette ‘’coupe de beauté ‘’ qu’est la Bekaa , en cette fin de printemps .Magique chatoiement de teintes où les verts d’opale de la plaine creuse se marient aux roses et aux jaunes des pentes de l’Anti-Liban, sous la transparence d’un voile couleur de perle qui bleuit aux failles des ravines lointaines .


Arrêt à Mréjat, où j’inspecte un nouveau blockaus . Il met, pour ainsi dire , le verrou à la route et interdit à un ennemi toujours possible, les positions d’où il aurait pu facilement arroser de balles l’intérieur du camp et les abords de la station. A Chtorah, sous la voûte fraîche de beaux arbres,nous baignons dans les parfums . On cultive ici la rose pour la fabrication de l’eau et de l’essence . Aussi passons nous entre deux haies de rosiers , limitant des champs où s’épanouissent les belles roses de Damas. Des bosquets ‘’d’oliviers de Bohème‘’ exhalent une étrange odeur, émouvant mélange des senteurs de la fraise, de l’œillet qui se fane et de la vigne en fleurs . Mais nous voici à Noualakah, petite ville sous la coupe de la Zone Est , mais qui a eu quand même l’amabilité d’arborer des drapeaux français en l’honneur de la visite du Général .



Réception enthousiaste à Zahlé . Toutes les maisons sont pavoisées . Les roses et l’eau de rose et de névoli pleuvent des balcons . Au Séraf je suis accueilli aux accords de la ‘’ Marseillaise ‘’ par les membres de la Municipalité et les principaux notables ; de gentilles filles offrant d’innombrables bouquets de roses magnifiques et la série des discours commence .Elle continue, au déssert d’un somptueux déjeuner, et se termine par des toast ‘’au plus grand Liban’’ .C’est le rattachement de la Bekaa à la zone libanaise que cela veut dire . Néanmoins pour le moment, les ambitions des habitants de Zhalé seraient peut-être satisfaites, si la frontière chérifienne était reportée au Litani qui draine en son milieu , les eaux de la Bekaa ; car nos chrétiens sont inquiets au contact immédiat des postes de l’Emir Faycal, étant donné surtout les intentions agressives qu’on lui prête ici, peut être gratuitement.



Ma réponse est un jeu délicate à faire . Du point de vue diplomatique , je n’ai pas le droit de légitimer par mon approbation officielle les espérances libanaises . Il ne faut pas non plus décourager ces braves gens . En tout cas, je m’efforce de calmer leurs appréhensions que rien ne justifie tant que le Groupement Riocreux sera là . Nous nous quittons très bons amis Avant de reprendre la route du retour, visite des travaux du camp qui ont été très activement poussés et de l’organisation de la défense qui ne laisse plus rien à désirer . L’auto est pleine de roses , comme la voiture d’une étoile de la danse après une représentation à bénéfices . Nous laissons derrière nous un sillage d’odeurs suaves . Elles se mèlent à celles du ‘’Jardin des parfums’’ que nous retraversons à l’heure où la fragance s’exaspère des approches de la nuit chaude . En descendant, rapide crochet par la douce vallée de Hammann . Nous y complétons notre chargement par des gerbes de Rhododendrons Himalayens, dont les larges fleurs mauves tapissent les parois de tous les ravins .






ENCORE CHEICK SALEH





Le 10 Juin je me rends à Tartous pour organiser une nouvelle colonne confiée au Lieutenant Colonel Mensier dans le but de pacifier la montagne des Ansariehs ; de réoccuper Kadmus, de débloquer Banias , de chasser les dissidents qui ont eu l’audace , depuis plusieurs semaines, d’arborer le drapeau Chérifien sur les tours du Kalaat-Markab et d’en finir, si possible avec Cheik Saleh.


La colonne à peine en mouvement, je suis obligé de rentrer à Beyrouth , d’inquiétantes nouvelles arrivant de Djedeideh. Il faut renforcer la défense du sud en expédiant le plus vite possible un bataillon de Nabatieh à Bint Djebaîl et en complétant les garnisons de Nabatieh et de Djedeideh avec des éléments tirés de Zahlé .Il était temps . Le 17 Juin une violente attaque de Bédouins se produit sur Djedeideh et sur le Village Chrétien d’El Klaa . Je m’y rends à la première nouvelle . Le poste de Djedeideh a repoussé les attaques . Le village a été lui-même, un moment, aux mains des assaillants qui ont massacré 20 personnes . Les habitants d’El Klaa , plus courageux, se sont énergiquement défendus et n’ont perdu personne . Ils me montrent avec orgueil de nombreux cadavres abandonnés par l’ennemi ; l’un d’eux porte encore l’uniforme chérifien ! Bonnes nouvelles de la colonne Mensier . Le 19, le drapeau français flottait sur la maison de Cheick Saleh qui a pu s’échapper . Nos troupes marchent sur Kadmus en combattant victorieusement .



Je suis d’autant plus heureux de ce beau résultat que l’organisation de la colonne Mensier a été des plus difficiles . En effet la pauvreté de nos effectifs oblige nos éléments munis d’animaux à d’énormes randonnées le long de la côte , les bateaux ne pouvant les transporter , faute de moyens de débarquement dans les petits ports .

C’était le cas pour les cavaliers, les sections de mitrailleuses et les batteries de montagne . Ceux des éléments destinés à la colonne Mensier avaient été prélevés sur la colonne Nieger après les opérations de Bint Djebaîl . C’est à peine si j’avais pu les arrêter 24 heures à Beyrouth pour renouveler les ferrures ! Ce détail donne une idée des difficultés que nous rencontrions dans l’exécution des ‘’navettes’’ à travers tout le territoire de la Syrie . Après avoir occupé Kadmus , la colonne Mensier a continué à remplir son programme sans laisser derrière elle la garnison prévue pour cette localité . D’autres part la colonne a subi des pertes assez sérieuses . Je sens que le Général Gouraud serait heureux de me voir là bas.






KALAAT MARKAB





Je pars le 26 . La journée du 27 se passe à organiser un convoi de ravitaillement de 30 chameaux . On ne peut prévoir que quelques hommes d’escorte car il est impossible de dégarnir Tartous , notre base. Je me joins au convoi avec trois officiers . Le 28 nous longeons à cheval le bord de la mer et nous parvenons à Dar Safra sans être attaqués : c’est là que la colonne campe depuis 2 jours .




L’opération sur Kalaat Markab et le déblocus de Banias sont fixés au lendemain .Après déjeuner, réunion des officiers sur la terrasse du P.C. du Lt Colonel Mensier, qui peut ainsi leur expliquer comment il comprend la manœuvre à effectuer . Dar Safra, où nous sommes est bâtie au sommet de falaises blanches qui terminent un plateau allongé , de l’Est à l’Ouest , entre deux ravins profonds . Au Nord, nous apercevons un plateau à peu près semblable, à l’extrémité duquel se dresse un éperon couronné par le Kalaat Markab . Ce plateau séparé du nôtre par plusieurs vallées escarpées. .La distance entre Dar Safra et le Kalsat est à peine de quelques Km. à vol d’oiseau ; mais il ne peut être question d’engager la colonne par un itinéraire passant en ‘’ Cross Country ’’ à travers toutes les déchirures du sol. Bien au contraire, le projet du Lt colonel Mensier, que j’approuve entièrement, consiste à remonter vers l’Est le plateau de Dar Safra , pour aller chercher assez loin la crête où tous les ravins qui nous séparent de Kalaat prennent leurs sources La colonne suivra ensuite cette crête pour gagner l’origine du plateau de Kalnat Markab, et elle attaquera en marchant franchement vers l’Ouest .La manœuvre sera longue, mais nous aurons l’avantage de tenir toujours le ‘’ haut du pays ‘’ De plus, lorsque nous attaquerons , nous prendrons les défenseurs de la vieille forteresse entre notre colonne , la mer qui nous appartient et les éléments français et syriens qui tiennent encore Banias .



L’heure H est 21 H . La lune , une lune digne du ciel de la Chaldée, se lève à temps pour faciliter notre marche d’approche . Nous avons quelques guides du pays qui, sérieusement encadrés par des hommes de confiance, vont nous permettre de suivre l’itinéraire prévu, malgré les difficultés inhérentes à toute marche de nuit , sans fâcheux ‘’bafouillage’’. Je marche à pied, à l’avant-garde , la Colonne a été articulée comme on doit le faire en pays hostile , en prévoyant l’attaque en avant, sur les flancs et même derrière. Elle est prête à faire face de n’importe quel côté , sans avoir à modifier son dispositif. Jusqu’à une heure du matin, la marche se poursuit sans incident et nous avons déjà fait de la route . Soudain, une averse de balles s’abat sur l’avant-garde et plusieurs Tirailleurs tombent près de nous . Une certaine émotion se manifeste , c’est fréquent dans les combats de nuit , parmi quelques jeunes tirailleurs et les conducteurs indigènes de nos pièces de montagne . Nous nous y mettons tous et bientôt le calme est rétabli ; la progression de l’avant-garde un instant arrétée recommence , refoulant les éléments ennemis qui ne tiennent que faiblement devant l’ énergie de notre attaque . Deux autres alertes vivement réglées , l’une d’elles sur notre arrière-garde, se produisent encore avant le jour.



Au lever du soleil, l’opération sur kalsat Markab est déclenchée avec entrain, en utilsant l’appui moral d’un tir d’artillerie , plus impressionnant qu’efficace , car nos obus sont absolument impuissants à écorner, même superficiellement le basalte des murailles. A 8 Heures , les défenseurs de la forteresse, inquiétés par mes mouvements qui les menacent d’enveloppement complet, abandonnent leur repaire inexpugnable ; ils fuient à travers les ravins détournés où ils abandonnent quelques cadavres . De notre côté , nous avons eu trois morts et quelques blessés . Sur la plus haute tour de Kalaat Markab , flotte maintenant le drapeau Français .



Les défenseurs de Banias , libérés par l’opération victorieuse de la colonne Mensier , viennent à notre rencontre . A 10 Heures je fais mon entrée dans la ville , pendant que les troupes établissent leur camp à l’Est de la localité , près d’une source merveilleuse qui sort à gros bouillons d’une paroi de rochers . Je me rends chez le Capitaine Terrier , Gouverneur de Banias . Lui et Madame Terrier me font l’accueil le plus empressé et me prodiguent les soins qu’exige mon état , car une crulle dysenterie dont je souffre depuis plusieurs jours m’a un peu mis à bas . Grâce à la sollicitude de cet excellent ménage et à la satisfaction d’avoir réussi, je serai bientôt complètement remis .



En attendant ‘’L’Albatros’’ qui doit venir me prendre ici, je m’occupe activement avec l’aide du Lt Colonel Mensier et du Capitaine Terrier de la nouvelle organisation des postes de surveillance ; du rétablissement des communications téléphoniques et télégraphiques et de la création d’un modus vivendi qui assure la paix à toute la région . Comme récréation, capture d’un jeune requin sur la petite plage qui s’étend sous ma fenêtre ; c’est un ‘’baby’’ qui n’a encore que 1m50 de longueur Madame Terrier, notre aimable hôtesse, qui dirige habilement une jeune cuisinière chrétienne, a essayé de nous faire manger le produit de cette pêche imprévue A l’unanimité nous avons déclaré que ce squale constitue un met bien médiocre .




Le 1er Juillet , au matin, arrive ‘’ l’Albatros ‘’ et je décide le départ pour le soir même. Je profite de la dernière journée pour visiter complètement le kalsat , dont je n’ai fait que longer les murailles , le jour du combat .C’est une énorme masse de blocs de basalte noir, formant des salles , des corridors, des escaliers, des cours , des remparts et des tours, avec des parois d’ une épaisseur de 3 à 5 m.et des fossés profonds taillés dans le roc . A l’intérieur, comme je l’ai déjà dit, on pourrait loger des foules à pied et à cheval . Dans la plus haute tour, l’ancien donjon sans doute , nous visitons la mosquée, ancienne église gothique où les croisés et plus tard les templiers ont entendu la messe. Nous terminons la visite par un tour d’horizon , du haut de la terrasse supérieure qui fera, pour le poste du Kalast , un ‘’ mirador’’ de premier ordre . Rentrée à Beyrouth le 2 Juillet vers 15 heures. Cette fois encore la main de l’Emir Faycal, du nouveau ‘’ Roi de Syrie ‘’ par sa propre volonté , se montrait d’une manière évidente . Il avait copieusement ravitaillé Cheick Saleh qui, après sa défaite s’était réfugié en Zône Est et le drapeau que je rapportais du Kalsat Markab était un drapeau Chérifien !








LA PATIENCE A DES BORNES




Voimà donc rappelés , tantôt avec la sècheresse d’un calendrier parfois d’une manière Plus prolixe, mais toujours avec exactitude , les évènements qui ont marqué les premiers mois de mon commandement .Voyons maintenant en quelques mots l’influence que ces évènements avaient pu avoir sur la situation des esprits en Syrie. Mes longues randonnées à travers le territoire avaient eu pour résultat non seulement de me faire connaître le pays dans toutes ses parties mais encore, par mes stationnements successifs dans tant de localités , de me faciliter de nombreux contacts avec les populations chrétiennes et musulmanes . Les différentes personnalités, je ne les voyais pas au cours de voyages triomphaux, officiellement réglés, au milieu d’un enthousiasme réel ou quelquefois peut être de commande . Je les rencontrais de manière imprévue, dans des circonstances souvent tragiques , après des combats , à coté de cadavres encore chauds . Bien des fonctionnaires ou des officiers ne jugeaient les évènements et les sentiments des populations qu’en fréquentant l’aimable société chrétienne de Beyrouth , le port Levantin par excellence . Il était difficile d’y savoir la vérité . Au contraire , grâce à ma vie de juif errant, le milieu Beyrouthin m’était presque complètement étranger .



A mon avis, basé sur les considérations qui précèdent, l’état des esprits était le suivant aux premiers jours de Juillet 1920 :


Les Chrétiens étaient certainement déçus : après avoir peut être espéré gouverner à leur tour , leurs anciens maîtres les musulmans , ils constataient que nous traitions tout le monde sur le pied d’égalité , sans distinction de race ou de religion . Ils étaient effrayés, car s’ils reconnaissaient que nous étions facilement vainqueurs dans toutes les rencontres , ils voyaient avec terreur que, ne pouvant mettre une escouade en garnison dans chaque village , nous étions dans l’impossibilité matérielle d’empêcher les massacres sur tel ou tel point . En plusieurs endroits, à Djedeideh par exemple j’ai entendu , à côté des corps mutilés de 20 victimes des plaintes et des récriminations bien pénibles à entendre pour une oreille Française ! Il f allait la vue de mon képi de Général pour en réfréner la violence . Dans leurs lamentations affolées, les parents en deuil laissaient percer leur regret de n’ être pas Chérifiens, puisque les Français n’étaient pas capables de les défendre .




A Tyr , au moment des attentats de Djebaîl j’ai dû au cours d’une réception officielle imposer sévèrement silence à Monseigneur Maximes, dont les plaintes véhémentes ne pouvaient être tolérées par un représentant de la France et pourtant ces plaintes étaient en grande partie justifiées.



Parmi les musulmans, les fanatiques appelaient de tous leurs vœux la victoire d’un prince Chérifien Mais les plus raisonnables, les plus intelligents se méfiaient de l’entourage aux mains avides du Bédouin qui voulait se hisser sur le trône de Syrie et y exploiter cette riche proie Ces derniers n’avaient donc pas trop de peine à accepter le mandat de la France victorieuse Ils appréciaient hautement notre sympathie pour les musulmans d’Afrique mais craignaient néanmoins notre préférence pour les chrétiens. D’autre part , nous voyant aux prises avec des difficultés sans cesse renaissantes , sachant notre situation pénible en Cilicie , ils n’avaient guère confiance en notre avenir en Syrie. Bref, nous risquions de perdre tout prestige soit auprès des chrétiens, soit auprès des musulmans Il était grand temps de le reconquérir par notre action énergique mettant fin à la comédie sanglante jouée par notre voisin et allié .



Nous allons voir maintenant se lever le rideau sur le dernier acte : la prise de Damas .




LE ROI FAYCAL




A Damas , l’Emir a pris la couronne royale, il augmente le nombre de ses divisions, il mobilise, il défend l’usage de la monnaie Syrienne, il empêche les blés du Hauran de venir dans notre zone , il gène , par tous les moyens possibles , le commerce entre le Liban et les territoires chérifiens , il met de multiples entraves à mes ravitaillements par la voie ferrée vers le Nord . Bien mieux , enhardi par notre apparente inertie, il achète soit par des promesses, soit par des napoléons , la conscience élastique de personnalités syriennes qui doivent aller en Europe demander du secours en faveur de la Syrie tyrannisée par la France . Cette perfide machination disons- le tout de suite , échoua complètement grâce à l’habileté du service de la sûretè du Haut-commissariat , grâce aussi à la vigilance des postes de la 3 ème division qui arrêtèrent les autres suspects et cueillirent à temps les missionnaires de Faycal .



En haut lieu on envisage la nécessité d’avoir un puissant groupement de forces prêtes à repousser une offensive peu vraisemblable d’ailleurs, malgré les rodomontades Damascaines , soit, plutôt , à porter dans l’Etat la menace de nos obus. C’est une division qui sera éventuellement chargée de ces opérations et nous allons examiner quels seront les moyens mis à ma disposition.





CONCENTRATION DISCRETE




Le 20 Juin avait débarqué à Beyrouth une brigade Sénégalaise commandée par le Général Bordeaux, elle avait servi de suite à compléter à 4 régiments l’Infanterie de la division. Je n’ai pas à faire ici l’éloge de nos troupes noires , elles ont donné, sur tous les champs de bataille, la mesure de leur courage et de leur dévouement . Les régiments qui nous arrivaient étaient composés en majorité de jeunes soldats n’ayant pas fait la Grande Guerre . Relevés en Rhénanie et amenés à Marseille ils avaient protesté assez vivement contre leur embarquement pour la Syrie à l’instant où ils croyaient rentrer dans leurs foyers africains . Le Général commandant le 15 ème Corps et le Général Mangin avaient dû intervenir . Mon premier soin fut de faire discrètement empoigner quelques meneurs, après ce prélèvement nécéssaire, je m’empresse de le dire , ces braves soldats noirs m’ont toujours donné une entière satisfaction.



L’autre brigade de la division était constituée par le 2ème Régiment de tirailleurs algériens Lieutenant Colonel d’Auzac et par le 415 ème régiment d’Infanterie Lieutenant Colonel Riocreux . Elle était commandée par le Colonel Sousselier . La cavalerie comprenait le magnifique régiment de spahis Marocains . 4 Escadrons et une compagnie de mitrailleuses . Lieutenant Colonel Massiet et un Escadron ½ du 1er régiment de Marche de la cavalerie du Levant . L’artillerie sous les ordres du Lieutenant Colonel d’Escrienne comptait 4 batteries de 75 , 2 batteries ½ de 65 , une batterie lourde de 155 court Schneider . Il fallait y ajouter une compagnie du Génie, une compagnie de 15 Chars d’Assaut , une section d’auto-mitrailleuses à 4 voitures.



Comme aviation, je pouvais compter sur une escadrille divisionnaire et sur un groupe de bombardement, ce dernier à la disposition de l’armée . Afin de grouper le plus possible les forces de la division tout en gardant secret le but de nos mouvements , il fut décidé qu’un camp d’instruction serait orgranisé à Ain-Sofar et que la brigade Sénégalaise serait cantonnée soit dans ce camp soit dans les localités voisines. Les autres éléments de la division sauf ceux déjà en place à Mréjat, Saadnafl et Zahlé seraient échelonnés entre Ain Sofar et Beyrouth .La division était donc à cheval sur sa ligne éventuelle de marche, ses avants-postes en bordure de la Bekaa, sur sa tête de colonne prête à Franchir la ligne de faîte du Liban



Naturellement, les postes de Tibnin et de Djedeideh étaient maintenus mais on rappelait de Banias et de Kalaat – Matrkab à Tripoli et à Tel Kala les garnisons laissées par le Lieutenant Colonel Mensier après ses opérations dans les monts Ansariehs . Il était important en effet, en sens de marche vers l’Est de tenir solidement la trouée Tel Kala-Homs pour empêcher une offensive tentante pour l’ennemi sur la ville et le port de Tripoli . La mise en place effectuée il fallait instruire et entraîner les troupes, notamment la brigade Sénégalaise qui nouvellement arrivée et composée surtout de jeunes soldats avait besoin de se former sur marches et opérations dans une région de montagnes arides et escarpées C’est à cet entraînement et à cette active préparation que fut employée la première quinzaine de Juillet .





ETUDES DE TERRAIN




Pendant que les troupes s’entraînaient et s’assimilaient les principes de la guerre en montagne , j’étudiais avec mon Etat Major notre futur théâtre d’opérations. Etude sur le terrain quand je pouvais pousser mes reconnaissances sans violer la frontière chérifienne et sans attirer trop l’attention des espions de Faycal ; étude sur la carte et d’après des renseignements pour la région à parcourir après la première journée d’opérations.



Pour gagner Damas ou du moins pour tenir la ville Sainte sous la menace de nos canons, il fallait traverser d’abord la vaste plaine de la Bekaa, puis franchir l’Anti-Liban dans toute sa largeur . C’était un trajet total, depuis le bas des pentes Est du Liban, de plus de cinquante kilomètres à vol d’oiseau.



Comme moyens de communications nous avions :


1) La Voie ferrée à partir de Rayak par la gorge étroite du Ouadi-yahfoufe, le col de Zerghaya et la vallée du Barada . Il était impossible de songer à cet itinéraire qui, sur une grande partie du trajet forçait à une marche de flanc par rapport à notre objectif et qui d’ailleurs n’était suivi par aucune route carrossable .


2) La route de Beyrouth- Damas qui traverse l’Anti-Liban à une altitude voisine de 1400 mètres C’était évidemment cette route que nous devions choisir comme axe de marche bien qu’elle s’étranglait dangereusement dans les défilés de l’Oued Korn, de Khan Meiseloun et du Barada



La masse de l’Anti-Liban qui domine la Bekaa de son imposante muraille est divisée en un certain nombre de rides parallèles, que la route rencontre à peu près suivant la normale . La première est marquée par la position de Medjel Anjar . La suivante contient les hauteurs de Kafr Yabous et le col où la route de Damas atteint sa côte maximum (1358 mètres). Elle domine le Sahel d’Ain Djedeideh. La troisième ride est formée au Nord , par la crête rocheuse du Djebel Zebdani, se brise , au profond défilé de l’Oued Korn, se continue au Sud par les hauteurs d’Héloua et va se souder aux pentes Nord du Djebel Hermon . L’oued Zorzor jusqu’à EL Tequié et le Litani jusqu’à Zebdani sert de fossé à cette ride ; puis viennent les hauteurs de Khan Meiseiloun celles de Khan Dimes , le plateau désertique du Sahara Ed Dimes , enfin la chaîne du Kalahat el Mezze dominant les portes rocheuses de l’oasis de Damas et se reliant au Nord avec le Djebel kasyum sur les pentes Sud duquel s’étagent les maisons de Salahié , un des faubourgs de la capitale des omiades .



Pentes raides et dénudées, escarpements rocheux, absence d’eau sauf aux sources de Djedaideh et de Khan Meiseloun telles étaient les caractéristiques de la rude région que la troisième Division allait avoir à parcourir sous les brûlantes ardeurs d’un soleil de Juillet, malgré les balles et les obus des divisions chérifiennes . Les instructions de l’armée en date du 2 Juillet 1920 comportaient d’abord l’occupation des hauteurs du Sahara ed Dimès , c'est-à-dire la menace immédiate de Damas . L’opération ayant pour base de départ la Bekaa (partie Ouest ) à cheval sur la route de Damas , devait être menée par surprise et très rapidement .



La Division avait pour mission , par un premier bond d’atteindre avec ses gros le Sahel d’Ain Djedeideh ; un deuxième bond devait le conduire sur le Sahara el Dimès. Pour résoudre ce problème tactique dans de bonnes conditions il importait tout d’abord de gagner assez de ‘’ large’’ en Bekaa pour assurer le débouché de la Division à la descente du Liban et préparer son déploiement éventuel en face des défenses Chérifiennes de l’Anti Liban .



D’autres part il était nécessaire d’installer dans la Bekaa une base d’aviation et de tenir solidement à Rayak les ateliers de la compagnie de chemin de fer D.E.P. . L’occupation de cette localité nous permettait non seulement de protéger les organisations de la compagnie D.E.P. mais surtout de fermer une porte de la Bekaa aux renforts Chérifiens de Chtorah et de Molakah (gare de zahalé) et de reporter notre frontière au Litani En dehors des avantages indiqués plus haut, cette avance de nos avants postes jusqu'au Litani nous donnait la possibilité d’empêcher les destructions de ponts au moins sur le bras Ouest du fleuve .


Disons tout de suite , que ces mesures indispensables purent être prises en temps utile, grâce aux tergiversations et à la mauvaise foi du Gouvernement de Damas . L’occupation de Rayak et de la rive droite du Litani se fit sans coup férir et nous pûmes organiser un bon terrain d’aviation à côté des vergers de Tan Ain L’exploitation agricole des R.P. Jésuites nous fut aussi d’un grand secours pour dissimuler nos premiers rassemblements , presque à pied d’œuvre . Comme gare de ravitaillement et d’évacuation, je choisis la station de Saadnaîl C’était la première gare en plaine depuis Beyrouth, elle avait déjà servi aux Anglais, pour les mêmes buts, pendant leur occupation de la Bekaa Elle représentait des dégagements suffisants et un développement de quais de fortune assez considérable .






PLAN D’OPERATIONS





Articulation de la division pour l’attaque :



1) La colonne de Gauche , sous le commandement du Général Bordeaux, est divisée en deux groupements sous les ordres respectifs du Lt Colonel d’Auzac au Nord et du Lt Colonel Paulet au Sud .


Elle comprend ½ Escadron de cavalerie , ½ Compagnie du Génie , 2 Bataillons de Tirailleurs Algériens , 2 bataillons de Tirailleurs Sénégalais , 2 sections de chars de combat , 2 batteries de 75 m/m , 2 batteries et demi de 65 m/m. Le groupement du Nord, d’Aussac, progressant par Chtorah, Bar Elias Deir Zeinoun, Chalcis, atteindra Kefer Yabous en poussant son avant-garde sur le col et le Piton de Batrouni. Le groupement du Sud (Paulet) passant par El Merdj, Medjel Andjor , Es Soueira , occupera les hauteurs de Soueira et atteindra par son avant- garde Héléo.


2) La colonne de Droite, sous les ordres du Colonel Betrix , commandant le 11 ème R.T.B. comprend 1 Bataillon du 415 ème R.I. . 1 Bataillon de Tirailleurs Sénégalais . 1 Batterie et demi de 75 m/m 1 Batterie de 65 m/m .Elle doit se porter par El Kiara , Douka , sur les hauteurs à l’Est d’Aoîteh et tenir par son Avant-garde le Col d’El Kneisseh



3) Le régiment de Spahis Marocains du Colonel Massiet, liant son mouvement à celui de la Colonne Betrix , couvrira la droite du dispositif de la Division , avec mission de prendre pied sur les hauteurs de Bekka, surveillant les directions de Djeb-Djenin , de Rachaya et de Khan Meiseloun .






Au Nord, un détachement sous les ordres du Lieutenant Colonel Riocreux , Commandant le 415 ème comprenant 1 peloton de cavalerie , 1 Bataillon du 10 ème R. de Tirailleurs Sénégalais , une 1/2 batterie de 75 et une section d’auto-mitrailleuses a pour mission de tenir solidement Rayak et de surveiller les directions d’Homs et de la voie férrée de Damas .



Je garde à ma disposition exclusive : 1 bataillon du 415 ème , 2 bataillons de Sénégalais , 3 pelotons de cavalerie , ½ Compagnie du Génie , une section de Chars d’assaut , la batterie d’artillerie lourde , l’escadrille divisionnaire et le groupe de bombardement dans la région Bar Elias – El Merdj-Tan Aîn . Enfin des troupes d’étapes consistant en cinq compagnies de C.I.D. de la brigade Sénégalaise occupaient les gares d’Aîn Sofar , Kréjat, Saadnaîl ( 2 Cies ) et Rayak .



Les mesures d’exécution prévues étaient les suivantes : Le jour J à partir de l’heure H, les colonnes rompront de leur base de départ en formations largement ouvertes . Elles auront tout d’abord à gagner par un premier bond l’espace nécessaire pour assurer la couverture de la ligne d’artillerie (ligne Bar Elias , Es Stabel , El Kiarah ). L’heure H sera réglée de manière à ce que ce bond soit effectué avant le jour .Seule la batterie de 155 C S sera installée à l’avance de la lisière S. E. de Tan Aîn pour être en mesure de combattre immédiatement toute batterie ennemie qui se révèlerait L’Infanterie utilisera ensuite la préparation d’artillerie pour se rapprocher de ses premiers objectifs et les enlever par une progression continue .


Les chars de combat amenés jusqu’au couvert de Bar Elias accompagneront l’attaque de l’infanterie et s’efforceront de prendre à revers les défenses de la troupe de Medjel Anjar. La colonne d’Auzac, pendant sa progression de Bar Elias sur Kefer Iabous aura pour mission de tenir, par des flancs gardes fixes les hauteurs de Chalois- Kefer Tabous et du col de Betrouni de manière à assurer la sécurité complète de la circulation sur la route de Damas .



En ce qui concerne l’aviation, l’escadrille divisionnaire devait le premier jour effectuer une reconnaissance détaillée de l’Anti-Liban notamment entre la Bekaa et le Sahel de Djedeideh et pousser une reconnaissance à grand rayon pour rechercher les camps et les mouvements de l’ennemi jusqu’à Damas .Le groupe de bombardement participerait à l’attaque et l’accompagnerait en bombardant les objectifs ennemis qui pourraient échapper à l’action de notre artillerie .Je note, en terminant, que pour parer et si besoin était, à la destruction des ponts de Litani (bras Est) par les Chérifiens le matériel de pontage nécessaire devait être envoyé de Beyrouth à la gare de ravitaillement .




ULTIMATUM




Maintenant que les dispositions initiales sont prévues et les ordres prêts à être distribués reprenons le récit des évènements .



Le 14 Juillet le Général Gouraud a renvoyé à l’Emir Faycal un ultimatum énumérant les exigences suivantes :


1) Disposition absolue de la voie férrée de Rayak, Baalbeck, Homs, Hama et Alep surveillée par des commissaires militaires français secondés par un détachement armé destiné à assurer la police des gares et l’occupation de la ville d’Alep, nœud important de communications que nous ne saurions laisser tomber entre les mains des troupes Turques .


2) Abolition de la conscription, le recrutement devant cesser complètement . Les libérations des contingents ramèneront l’Armée aux formations et aux effectifs qu’elle possédait au premier Décembre dernier .


3) Acceptation du mandat francais Le mandat respectera l’indépendance des populations syriennes ; il acceptera le principe du gouvernement par les autorités Syriennes régulièrement investies de leur pouvoir par la volonté populaire. Il ne comportera de la part de la Puissance mandataire qu’un concours apporté sous forme d’aide et de collaboration mais, en aucun cas ne prendra la forme coloniale d’une Annexion ou d’une Administration directe..


4) Acceptation de la monnaie Syrienne . Cette monnaie devenant la monnaie nationale en zône Est , toutes les interdictions ayant atteint jusqu’ici (pour cette zone) la Banque de Syrie sont levées .


5) Châtiment des coupables les plus compromis par leurs actes d’hostilité à la France .


Il faut avouer que le Haut Commissaire faisait preuve d’une grande longanimité en envoyant à Faycal, après tant de preuves de duplicité et de trahison , un ultimatum au lieu d’ordonner immédiatement la marche sur Damas ! Nous tous faisions des vœux pour que ‘’ Le délire des grandeurs ‘’ poussât l’Emir à tergiverser encore ou à répondre carrément : Non !


A l’occasion de la fête Nationale le Général Gouraud passa les troupes en revue successivement au camp d’Aîn Sefar et sur la place des canons à Beyrouth . Ces deux prises d’armes furent très brillantes et de nature à faire sérieusement réfléchir le Gouvernement Chérifien qui recevait au même moment l’ultimatum .


Dans la journée du 15 nos avions survolèrent Damas, Homa, Hama et Alep et y lancèrent une proclamation pour rassurer les populations en les éclairant sur la nature du mandat confié à la Françe pour le bonheur et la prospérité de la Syrie .


Le 19 aucune réponse n’est arrivée . Je quitte Beyrouth avec mon Etat-Major pour coucher à mon P.C. d’Aîn Sofar Les avions vont de nouveau demain survoler les mêmes localités en lançant des proclamations.


Toute la journée du 20 courses en Auto d’un point à un autre d’abord à Alley, où je prends un dernier contact avec l’Etat-Major de l’Armée, puis dans la Bekaa où je vais voir mes chefs de corps à Kab Elias, Malaka – Zahlé . Je n’arrive à mon P.C. chez les pères Jésuites de Tan Aîn , qu’à 21 Heures . Je vais demander à diner à l’hospîtalière popotte de l’aviation où je trouve le Général Garnier Duplessix qui va s’installer à Tain Aîn pendant les opérations . Le terme extrême fixé par le Haut commissaire pour la réponse à l’ultimatum est minuit . Nous attendons avec anxiété.



A minuit le Général Gouraud téléphone : ‘’ Pas de réponse de l’Emir . Le fil télégraphique a été coupé sur le territoire chérifien . La marche sur Damas va commencer le 21, dans les conditions prévues . ‘’


Je donne aussitôt l’ordre d’ exécution .





JOUR J , Heure H




Le 21 Juillet à 4h30, nos troupes commencent à traverser le Litani. Les ponts sont intacts . Les chérifiens ont retiré leurs postes de la rive gauche . Peut être n’est ce qu’un piège ? Aussi la marche continue –t-elle en formation préparatoire de combat . Nous montons à cheval, passons à notre tour le Litani et je reçois bientôt un compte rendu me faisant connaître que la garnison chérifienne de Medjel Anjar ne s’est pas défendue ; on la désarme . Notre premier objectif, la ride de Medjel- Anjar était donc atteint sans coup férir . Comme conséquence, le défilé de l’Oued-el-Harir nous était ouvert . Inutile, dans ces conditions, de perdre du temps à continuer l’opération en formation aussi ouverte . Je donnais donc l’ordre au général Bordeaux de former notre avant-garde sur la route de Damas avec une partie du groupement d’Auzac, le reste de ce groupement continuant sa mission de flanquement sur notre gauche . Le groupement Paulet et toute l’artillerie montée se formait en colonne et continuait sa progression par la grande route . Rien de changé pour les colonnes Bétrix et Massiet qui conservaient leurs itinéraires , leurs objectifs et leurs missions .



Marchant moi-même avec notre Etat-major derrière l’avant-garde, je vis arriver une automobile, venant de la direction de Damas, occupée par le Colonel Cousse de la mission francaise auprès de l’Emir Faycal et plusieurs officiers chérifiens .Le Lieutenant-Colonel était pâle d’émotion et me dit ‘’ Que faites vous , mon général ? Vous avez envahi le territoire Chérifien et cependant l’Emir Faycal s’est incliné devant toutes les exigences du Haut-Commissaire ! ‘’


Je lui repondis simplement : ‘’ J’ai l’ordre du Général Gouraud de marcher sur Damas, j’exécute une mission militaire nettement définie . Voyez à l’arrière pour les questions diplomatiques . ‘’ Et nous continuâmes notre marche pendant que l’auto filait sur Aley .



La matinée s’avançait et , dans ces gorges arides et dénudés , la chaleur devenait réellement effroyable. Les noirs souffraient beaucoup du manque d’eau ; d’autre part les bataillons Sénégalais , comme les tirailleurs du 2ème régiment avaient marché une partie de la nuit pour se mettre face à leurs objectifs d’attaque . Il fallut multiplier les haltes, utiliser jusqu’à la dernière goutte des eaux croupissantes de deux citernes que nous savions exister au bord de la route , regrouper les nombreux traînards .Entre temps, les renseignements donnés par les reconnaissances d’aviation viennent confirmer la retraite des Chérifiens vers Damas . En ce qui nous concerne il s’agit de gagner sans répit le plus de terrain possible vers l’avant . Voyant une colonne arriver par sa tête au faîte de l’Anti-Liban je rejoins le Lieutenant Colonel d’Aussac, qui , vers 17 Heures, après une marche épuisante est parvenu à Aîn Djedeideh .Il vient de grouper ses commandants d’unité pour leur donner l’ordre de camper, mais je fais appel à l’énergie de tous pour obtenir encore un gros effort . Il faut absolument que la ligne de hauteurs qui borde à l’Est le Sahel d’Aîn Djedeiedeh domine le fossé de l’Oued Zorzor et commande dans toute la longueur le défilé de l’Oued Korn, soit fortement tenue par mes avants-postes . Le groupe d’Auzac se remet donc en marche, cédant son emplacement au gros de la colonne et se porte sur la ligne Col de Batrouni-Héloa. Ala tombée de la nuit la division est est couverte contre toute attaque chérifienne et pourra déboucher le lendemain dans la direction de Khan Meiseloun.



J’installe mon P.C. au centre du bivouac de la division dans les bâtiments ruinés du caravansérail d’Aîn Djedeideh Tandis que je prépare mes ordres pour le 22, le régiment de Spahis marocains , ayant atteint la région de Yanta vers 17 Heures, établit sa liaison avec la colonne vers 18 heures . Pas de nouvelles de la colonne Bétrix qui avait reçu comme objectif de fin de journée le col d’El Kneisseh . Disons de suite que, trompée par son guide cette colonne se rabattait pendant la nuit sur la route de Damas et rejoignait le bivouac de la Division à 3 Heures du Matin.



Un incident nous montre que les chérifiens ont l’intention de tenir sur l’Oued Zorzor pour nous interdire le débouché du défilé de l’Oued Korn : Les chars de combat qui marchaient avec l’avant-garde avaient reçu l’ordre de gagner la sortie du défilé vers l’Oued Zorzor afin de tenir ‘’cette porte’’ à notre disposition ; quatre ou cinq obus de 105 les saluèrent à leur débouché et le Lieutenant commandant la section fut obligé d’abriter ses chars .


Le Lieutenant Colonel d’Auzac ayant dû laisser en flanc garde plusieurs de ses compagnies je complétai et je renforçai son avant-garde par un bataillon de Sénégalais (bataillon Gauthier ) et une compagnie du 415 ème ( La compagnie Klepfenstein )






DIPLOMATIE - HESITATIONS – DECISIONS





Dans l’après midi, le Colonel Pettelat , chef d’Etat-major de l’armée accompagnée du Lieutenant-Colonel Goudet, du même Etat-Major , étaient venu nous rejoindre au camp d’Aîn Djedeideh. Il devait, en cas de difficulté d’ordre politique et de rupture de communications avec Aley, représenter auprès de moi la pensée intime du Haut-Commissaire.


Pendant la nuit une mission Chérifienne accompagnée du Colonel Toulat, chef de la mission Française à Damas se présente à mon P.C. pour rappeler que l’Emir Faycal a accepté tous les termes de l’Ultimatum et pour demander un nouveau délai afin de permettre au gouvernement Chérifien d’étudier la situation nouvelle créée par notre marche en avant. Nous examinons la question avec le Colonel Pettelat Le Colonel Toulat nous apprend que la nouvelle de la marche en avant de la colonne a produit , sur la population de Damas, une émotion considérable Il y a eu des échauffourées assez violentes et les consuls étrangers s’inquiètent à la pensée que le massacre des Chrétiens peut-être la conséquence de notre intervention.



En somme, suspendre la marche pendant 24 H présente pour nous les avantages suivants :


1) Accorder à nos troupes un repos bien utile après une nuit sans sommeil et une marche épuisante à travers des montagnes désolées, sans eau, brulées par le soleil.


2) Resserrer les liaisons dans une division rassemblée pour la première fois depuis 24 Heures et où bien des questions avaient besoin d’être mises au point.

3) Faire preuve de bonne volonté vis-à-vis des consuls étrangers qui représentaient à Damas , l’Europe Chrétienne .


En revanche, notre arrêt sur place présentait le grave inconvénient de nous faire perdre le bénéfice de la rapidité de notre opération et de permettre aux Chérifiens de compléter leurs défenses en face du débouché de l’Oued Korn et de parachever, aux points sensibles, le rassemblement de leur personnel et de leur matériel . Nous décidâmes , néanmoins, d’accorder 24 H d’arrêt dans les opérations . En échange le Gouvernement Chérifien concédait à nos troupes la libre disposition de la voie férrée D.E.P. entre Rayak et El Téquié , et la possession de cette dernière gare pour y opérer notre ravitaillement . A cet effet, nous utiliserions librement le chemin de la rive gauche de l’Oued Zorzor, chemin qu’il nous avait été impossible de reconnaître encore.


Nos conditions étant acceptées par la mission Chérifienne, elle continue vers Aley pour conférer avec le Général Gouraud .


Mon premier soin, le lendemain matin ( 22 Juillet) fut de faire reconnaître la viabilité du chemin de la rive gauche de l’Oued Zorzor. Cette reconnaissance permit de constater qu’il était seulement muletier ; or pour transporter la charge d’un train de ravitaillement d’El Tequié à Aîn Djedeideh, il aurait fallu employer tous les mulets de la colonne y compris ceux portant les canons et les mitrailleuses . On ne peut pas songer à désarmer la colonne même pendant quelques heures . La route carrossable utilisable pour nous était celle de la rive droite qui d’El Tequié rejoignait la route de Damas un peu en aval de Khan Meiseloun .



D’autre part le prolongement de notre stationnement dans le Sahel d’Ain Djedeideh nous mettait en présence de deux angoissants problèmes .


D’abord celui de l’eau . En asséchant quotidiennement les cinq sources d’Aîn Djedeideh nous arrivions à peine à nous procurer 20.000 litres d’eau. Or pour abreuver hommes et animaux il m’en fallait 90.000 litres . C’était donc 70 .000 litres d’eau que des citernes automobiles devaient m’apporter chaque jour de la Bekaa. La division était à la merci de panne d’accidents de route sur ce long trajet à travers les dures pentes de l’Anti-Liban. C’est peut-être ‘’ La bataille pour l’eau ‘’ qu’il nous faudrait livrer.


Un autre motif nous interdisait la prolongation de notre stationnement : le Sahel d’Aîn Djedeideh , emplacement millénaire pour les caravanes , était devenu vraisemblablement un de ces ‘’champs maudits ‘’ dont parle Pasteur où le charbon existe à l’état endémique . En effet brusquement dans la matinée, plusieurs animaux, dont le cheval de l’un de nos officiers d’Etat-Major, mouraient, en une heure, de cette terrible maladie.



J’écrivis donc au Général Gouraud pour insister sur la nécessité absolue d’exiger, en cas d’arrêt des opérations sur Damas, le stationnement de la division autour des abondantes sources de Khan Meiseiloun, avec son ravitaillement assuré par la bonne route d’El Téquié et les rails du D.H.P. jusqu’à la Bekaa. Ma demande se croisa avec la copie des dernières conditions que le Général Haut Commissaire mettait à l’arrêt de l’offensive vers l’Est :




1) Publication à Damas d’un document exposant comment la marche de l’armée Française a été entreprise et comment elle a été arrêtée .

2) Maintien de notre colonne dans la région atteinte limitée à l’Est par le ruisseau d’El Téquié .

3) Disposition absolue de la voie férrée Rayak-El Téquié .

4) Retrait des détachements chérifiens placés à l’Ouest et au Nord de l’Oued Zorzor, y compris ceux de la Bekaa.

5) Cessation immédiate de l’appui donné par le gouvernement de Damas aux bandes opérant en Zone Ouest et notament celles de Cheik Saleh .

6) Remise en magasin des armes des soldats libérés et désarmement progressif de la population .

7) Installation à Damas d’une mission française opérant comme commission de contrôle de l’exécution des conditions imposées et comme centre d’études et de collaboration pour l’organisation et le fonctionnement , sous le mandat de la France, en Zone est , des départements ministériels et services publics .




En cas de non éxécution d’une de ces clauses ou d’hostilité contre les troupes françaises en quelque point que ce fut, la colonne devait reprendre toute sa liberté d’action. Les exigences nouvelles dont j’avais démontré la nécessité ne pouvaient que rendre plus difficile leur acceptation par l’Emir .Aussi ne fûmes nous pas étonnés de voir , dans la nuit, le Colonel Toulat apporter une réponse négative au nouvel ultimatum du Haut Commissaire .



Nous apprimes d’ailleurs qu’une agression chérifienne injustifiable s’était produite dans la journée du 22 sur la route de Homs à Tripoli au poste de Tel Kala.Un détachement de 400 Réguliers munis de 2 canons et de mitrailleuses avait attaqué brusquement les avant- postes du Lieutenant Colonel Mensier qui leur avait infligé un sanglant échec . Je verrai toujours la scène impressionnante qui se joue dans le réduit à peine couvert qui me servait de bureau . Le Colonel Toulat prit le téléphone pour communiquer avec le Général Gouraud et lui rendre compte de la réponse négative de l’ Emir Faycal . Répondant , sans doute , à des objections formulées par le Général , le Colonel Toulat ne lui cacha pas qu’un arrêt dans notre marche sur Damas serait la fin de notre prestige au Levant . Immédiatement après le Haut Commissaire me téléphonait l’ordre de continuer mon mouvement .





LA SCENE ET LES ACTEURS DU DRAME





Avant de passer au réçit de la journée du 24 qui devait être celle de la victoire de Khan Meiseloun il semble indispensable d’essayer de faire un croquis du terrain où nous allions combattre et de faire connaître les ordres donnés à l’avance en vue de la reprise des hostilités . Seuls le jour J et l’heure H restaient à notifier aus éxécutants . Comme nous l’avions dit plus haut le Sahel d’Aîn Djedeideh est dominé à l’Est par la haute chaine du Djebel Zebdani qui se prolonge vers le sud , jusqu’aux pentes nord de l’Hermon, par les hauteurs d’Héloa et d’El Kneisseh . C’est une des régions les plus abruptes de l’Anti Liban , les crêtes sont déchiquetées , les pentes profondément ravinées et semées de tours et de clochetons rocheux .



Dans la partie qui nous intéresse cette bordure montagneuse est perçée :



1) Au Nord , à l’extrémité sud du Djebel Zebdani , par le sentier du col de Batrouni qui fait communiquer le sahel d’Aîn Djedeideh avec la vallée du Barada, à El Tequié

2) Au centre, par le défilé de l’Oued Korn, suivi par la route de Damas durant 6 kilometres 3) Au sud par le passage d’El Kneissèh permettant de gagner Khan Meiseloun par Deir el Achaîr . 4) Plus au sud , un sentier de crêtes permettant de se rendre de Kiefer Kouch, vallée du Rachaya , vers la route de Damas au-delà de Dinès .


Les communications 1.2.4. étaient des sentiers muletiers Le passage 5 seul était accessible à notre artillerie de campagne et à nos trains, mais son débouché était maîtrisé par la position Chérifienne dont nos observateurs apercevaient les canons et les tranchées sur les hauteurs de la rive droite de l’ Oued Zorzor Il n’était donc utilisable qu’après la prise de ces hauteurs c'est-à-dire après une première victoire . D’autre part les reconnaissances faites par mon ordre avaient permis de constater qu’il était possible de trouver, en dehors des passages indiqués ci-dessus, des cheminements à travers les pentes utilisables par nos fantassins et même, avec quelques précautions, par notre artillerie de montagne . Il résulte de ce qui précède qu’il nous était impossible de faire participer toute notre artillerie à la rupture de la première ligne chérifienne .


L’artillerie de campagne, moins une batterie utilisable à la rigueur vers le débouché de l’Oued Korn en prenant, certes, de grandes précautions de défilement , devait attendre pour entrer en action le couronnement des crêtes de la rive droite . Nous pourrions nous servir, au cours du premier engagement , de toutes nos batteries de montagne et , heureusement , dès que l’ordre en serait donné , de notre puissante batterie de 155 court Schneider . De son emplacement du Sahel Djedeideh elle pouvait battre avec succès les organisations ennemies . Un excellent observatoire , relié par téléphone à la Batterie (P.C.de combat qui devait me servir dans le début de l’action) avait été organisé dès notre arrivée au bivouac . Cet observatoire nous permettait de voir 2 batteries ennemies . Vraisemblablement d’autres batteries étaient installées sur le revers Sud-Est de la position Chérifienne.


Nos avions nous avaient signalé de nombreux mouvements de troupes venant de Damas et s’installant autour de Khan Meiseloun Quelques unités sans doute armées de canons se voyaient vers Zebdani.. Les troupes Chérifiennes qui nous étaient opposées comprenaient plusieurs milliers de réguliers de toutes armes encadrés par des officiers issus de l’école militaire de Constantinople qui pour la plupart avaient fait la Grande Guerre , dans les rangs turcs ou allemands Il fallait y joindre un grand nombre d’irréguliers (principalement de Bédouins) et des volontaires fanatisés par les excitations officielles contre les Français .

Cette armée était commandée par le Ministre de la Guerre Chérifien, le Colonel Youssef Azme Bey Cet ancien aide de camp d’Enver Pacha, intelligent et très ambitieux, comme son ancien patron , était à la tète des extrémistes de la zone Est et notre irréconciliable ennemi . Il s’était attaché avec beaucoup d’activité et de ténacité à la tache d’organiser l’armée Chérifienne Ce n’était, certes pas , un adversaire à dédaigner . La reconnaissance du terrain des attaques , les renseignements obtenus par divers moyens , les organisations de l’ennemi m’avaient amené à l’idée de manœuvre suivante :


Attaquer de Front avec une puissante avant-garde, les hauteurs de la rive droite de l’Oued Zorzor, à cheval sur la route de Damas en s’efforçant de débarquer la gauche ennemie par le sud de Deir el Achair , avec le régiment de spahis marocains , dont les escadrons composés de vieux spahis étaient habitués à combattre à pied avec l’appui d’une excellente compagnie de mitrailleuses. Cette manœuvre permettra de gagner les hauts de terrain par rapport à la position ennemie et de se porter sur sa ligne de communication avec Damas

Le lieutenant Colonel Massiet devra lier constamment sa manœuvre à l’attaque du Lieutenant-Colonel d’Auzac La batterie de 155 C/S de la position qu’elle occupe à l’entrée du défilé de l’Oued Korn combattra l’artillerie ennemie et brisera les obstacles qui s’opposent à la marche de l’avant-garde. L’heure d’attaque est fixée à 5 heures .




KHAN MEISELOUN





Au moment où va se produire l’attaque les emplacements de la division sont les suivants :


1) Troupes d’attaques sous le commandement du Lieutenant Colonel d’Auzac

a) La compagnie Guilerme (Bataillon About du 2eme Tirailleurs Algériens ) est au débouché même du défilé sur l’Oued Zorzor. b) La section de chars de combat Dievard, accompagnée par la Cîe Klopfenstein du 415 éme et par la demi Cie du génie Mauboussin sur la route de Damas prête à déboucher . c) Le Bataillon Paoletti du 2ème Tirailleur Algériens au Nord de la route sur les crêtes et les pentes de la rive gauche d) Le Bataillon Meignan ( 10 ème Sénégalais ) sur les hauteurs d’Héloa avec une demi Bie de 65 . e) Le Bataillon Gauthier (11 ème Sénégalais ) au col d’El Kneisseh avec une ½ Bie de 65 . f) La Bie de 75 Robert en batterie au débouché Est du défilé . g) La Bie de 155 C/S en batterie au débouché Ouest du défilé . N.B. Personnellement je me tiendrai près du Lieutenant Colonel d’Aussac , dès que j’aurai vu le commencement de l’engagement du haut du P.C. de combat que j’ai fait organiser avec téléphone vers l’observatoire de l’artillerie lourde, au piton de Batrouni .

2) Mission spéciale Le régiment de Spahis Marocains dans la région Sud du col d’El Kneisseh .

3) Troupes réservées sous les ordres du Général Bordeaux (l’Escadron de cavalerie , ½ Compagnie du Génie , 1 Bataillon du 415 ème , 1 Bataillon du 11 ème Sénégalais, 2 Bies de 75 ) rassemblées au camp d’Aîa Djedeideh prêtes à serrer sur l’entrée Ouest du défilé (mouvement effectué à 5h30 .) 4) Convoi et arrière – garde ( 1 Bataillon de Sénégalais ) rassemblés au Camp d’Aîn Djedeideh , sous les ordres du Colonel Béatrix, prêts à suivre le mouvement de la colonne . 5) Postes fixes ) Le Piton et le col de Batrouni restent tenus par un flanc-garde fixe d’une compagnie .Une compagnie et une compagnie de mitrailleuses flanquent à Klefer Iabous, le rassemblement de la division . 6 ) L’aviation prendra l’air au petit jour, reconnaîtra les mouvements et les nouveaux travaux de l’ennemi, bombardera ses rassemblements et aidera, le cas échéant, l’artillerie à écraser les défenses Chérifiennes .


Au camp les hommes se réveillent . Certains ont dormi leur dernière nuit, pourtant pas un ne songe au danger prochain, tous sont joyeux, car l’ordre tant attendu est arrivé, enfin le jour qui commence sera un jour de bataille ! Tous le yeux sont tournés vers l’Orient où, sous le soleil qui se lève sur son opulente oasis, s’éveille Damas-la Sainte, Damas la Mystérieuse, dont nous rêvons depuis tant de jours . Je me rends à cheval avec l’un des officiers et quelques cavaliers d’escorte à l’observatoire de l’artillerie lourde au piton sud de Batrouni , d’où je compte suivre les premières phases de l’engagement . Nous nous hâtons , car je veus être sur place au premier coup de canon . Au bout d’un quart d’heure d’une montée rapide nous mettons pied à terre ; nos chevaux commençant à se profiler sur la crête, d’ailleurs notre poste, occupé déjà par nos téléphonistes est tout proche .


Non loin de là le Capitaine Mamessier, commandant la Batterie de 155 C/S, est à son observatoire et s’assure du bon fonctionnement de sa ligne téléphonique . La merveilleuse lumière d’un matin d’Orient éclaire le paysage Les teintes transparentes d’une délicieuse aquarelle étaient à l’horizon les fraîches irisations de gigantesques nacres A nos pieds, les clochetons rocheux du ravin de l’Oued Korn précisent leurs détails et profilent leurs bizarres silhouettes entre lesquelles commencent à se glisser les petites colonnes du Lieutenant Colonel d’Aussac


Sur les crêtes Ouest de l’Oued Zorzor, les tranchées ennemies dissimulées dans les pentes rocheuses ne décèlent aucun mouvement Nous apercevons assez nettement les deux batteries signalées par l’aviation, d’autres se cachent, sans doute, sur les pentes descendant vers Khan Meiseiloun . Des coups de feu et le ‘’ Tac–tac-tac ‘’ des mitrailleuses se mettent à crépiter vers le point où la routez traverse l’Oued Zorzor . Nous savons par nos reconnaissances que les chérifiens ont organisé une sorte de blockhaus dans une maison en ruines, qui , sur la rive étroite de l’Oued complètement desséché, domine le passage ; c’est là que se produit le premier engagement .


Bientôt la batterie de 75 Robert qui s’est placée dans un élargissement de la gorge de l’Oued Korn, au nord de la route , ouvre le feu pour appuyer la marche de l’infanterie . Elle est immédiatement prise à partie par le canon Chérifien : il lui fait subir des pertes sensibles . Elle continue néanmoins son tir , appuyé bientôt par une ½ batterie de 75 qui réussit à s’installer au Sud de la route, dans une position beaucoup mieux défilée Disons de suite, à la décharge du Capitaine Robert qu’il a dû se mettre en batterie pendant la nuit ce qui rendait difficile d’assurer totalement le défilement de ses pièces et de son personnel .


Notre batterie de 155 C/S prenant pour objectif successivement chacune des 2 batteries ennemies déjà dévoilées commence un tir parfaitement réglé par le Capitaine Maymessier et leur impose silence , au moins pour le moment . Vers l’extrème droite, j’aperçois , sur les flancs du bassin supérieur de l’Oued Zorzor , des patrouilles de cavalerie qui indiquent que le mouvement prescrit au Colonel Massiet s’exécute dans de bonnes conditions . A gauche des éléments du 2ème R.T.A. ont franchi l’Oued Zorzor et se mettent à gravir les pentes de la position ennemi sous des feux très denses de fusils et de mitrailleuses . Au centre, enfin, aidé par les sapeurs du Capitaine Mauboussin et les fantassins du 415ème (Compagnie Klopfenstein) les chars de combat du lieutenant Diévard ont pu traverser l’Oued et la coupure fortifiée organisée sur la route par les chérifiens. Ils s’avancent en mitraillant les tranchées ennemies échelonnées à droite et à gauche de la chaussée, appuyant ainsi la marche du bataillon About qui se manifeste à notre gauche .

Je suis très étonné d’apercevoir encore un campement sur les hauteurs d’Héloa où le bataillon Meigna a passé la nuit . Ce bataillon devrait être déjà dans le lit de l’Oued Zorzor, leur progression est à peine sensible .

Très loin , à droite de Deir el Achnaîr uen violente fusillade indique le combat mené par le Bataillon Gauthier .

Il y a un trou au milieu de notre ligne de bataille. Il devrait être rempli par le Bataillon Meignan ; qui chose incompréhensible n’a pas encore débouché . Nous menons deux batailles séparées, c’est incontestable . Quelqu’en soit le motif, il est urgent de prendre une décision : j’envoie de suite à un Bataillon de la réserve (Bataillon Fourcade du 11ème R.T.S ) l’ordre de se porter en avant et d’opérer à droite des chars de combat en liaison avec leur attaque ; je fais venir le Colonel Paulet du 11 ème RT.S. et lui prescrit avec quelques cavaliers rejoindre le Bataillon Meignan et Gauthier et de se souder, le plus tôt possible , à l’attaque du Lt Colonel d’Aussac . Le Lieutenant Colonel Paulet est au courant de visu de la situation, il est donc à même d’intervenir en toute connaissance de cause. Mais quand ? Je compte beaucoup sur l’action immédiate du Bataillon Fourcade qui, je l’espère, sera décisive . En ce moment nous mordons à belles dents dans l’armée de Faycal , mais ‘’l’os n’a pas encore craqué ‘’ .

A 10 Heures 30 les Tirailleurs Sénégalais du Capitaine Fourcade débouchent enfin du défilé . Sous le feu très vif des fusils et des mitrailleuses , le Bataillon se déploie d’une manière parfaite, comme à la manœuvre . Les unités sont échelonnées vers la droite pour parer à toute éventualité d’agression sur le flanc de l’attaque . Le spectacle de cette progression effectuée avec tant d’ordre et de régularité est réellement impressionnant .Les chars de combat manoeuvrent en zigzag au sommet des pentes . Ils ont l’air de gros scarabées s’agitant au milieu de fourmis affairées .


L’entrée en ligne de nouveaux éléments ne tarde d’ailleurs pas à se faire sentir, les groupes de combat des bataillons Paoletti et About bien appuyés maintenant à leur droite gravissent à leur tour les ressauts successifs des rochers supérieurs et les tireurs ennemis ne tardent pas à évacuer la première crête ; la deuxième est enlevée à son tour à la baïonnette .


Le commandant en chef de l’armée Chérifienne Colonel Youssef Asme Bey vient d’être tué à son poste de commandement , sans doute par un obus lancé par un des chars de combat . Cette fois ‘’l’os a craqué’’ .L’ennemi lâche pied, abandonnant sur le terrain canons et mitrailleuses et fuit dans la direction de Damas , harcelé par nos avions , notre canon et les détachements avancés d’une nouvelle avant-garde rapidement constituée .Je suis arrivé à cheval, avec mon état major , sur la position conquise. Aussitôt nous prenons toutes les dispositions pour poursuivre l’ennemi et occuper, dès que possible le point d’eau de Khan Meiseiloun . C’est une question vitale car c’est bien ‘’ Le combat pour l’eau’’ que nous venons de livrer . Il fait une chaleur torride . Sous un soleil implacable nos hommes ruissellent de sueur et les bidons sont vides depuis longtemps .


En conséquence les ordres suivants sont donnés : Continuer la marche sur Damas avec 2 Bataillons en première ligne à droite et à gauche de la route . 1 Bataillon en réserve immédiate sur la première crête de à l’Ouest de Khan Meiseloun . Artillerie déployée . 2 batteries de 75 encadrées par 2 batteries de 65 sur la crête à 500 m de la source de Khan Meiseloun . Le gros et les convois suivant à leur distance .


Sur la première position enlevée, nous avons trouvé 5 canons et de nombreuses mitrailleuses, une grande quantité de munitions . Le terrain est semé de cadavres parmi lesquels nous trouvons celui du Colonel Asme Bey , près de son P.C. d’où les fils téléphoniques rayonnent sur tout le champ de bataille .


Pendant que le mouvement continue sur Khan Meiseloun , des renseignements nous arrivent sur les actions engagées à notre droite . Le Bataillon Gauthier s’est mis en marche à l’heure prescrite de la région d’El Kneisseh dans la direction de Deir El Achaîr . A son débouché sur le ravin de l’Oued Zorzor son avant-garde est accueillie par un feu violent de mousqueteries et de mitrailleuses^partant des crêtes escarpées de la rive droite . Toute progression devenant bientôt impossible le Capitaine Gauthier fait appel à sa ½ batterie de 65 , celle-ci prise sous un feu très dense, perd rapidement une partie des ses mulets et n’arrive pas à mettre ses pièces en batterie . Après avoir , en vain , cherché la liaison avec le bataillon Meignan et le régiment de Spahis, le Capitaine Gauthier, réduit à ses propres forces , progresse lentement, par infiltration de petits éléments jusqu’à 10 heures 30 , heure à laquelle les Chérifiens attaqués au sud par les spahis marocains, commencent à fléchir et à céder le terrain .


Le Bataillon peut, enfin gagner les hauteurs à l’Ouest de Khan Meiseloun , au contact avec les autres unités d’attaque de la Division .

Le régiment de Spahis marocains a quitté son bivouac à 2 heures 45 . Après une marche à pied sur une piste très difficile, il débouche à 5 H dans l’Oued Zorzor à 2 Kilomètres au sud du village de Mezrat. Un peloton est envoyé sans succès pour faire la liaison avec le Bataillon Gauthier . Arrêtée devant les hauteurs de Deir el Achaîr , vers 6 Heures, l’avant-garde escarmouche avec des groupes de cavaliers chérifiens et prend bientôt sous le feu des ses mitrailleuses une nombreuse troupe de méharistes qui essaie un mouvement tournant sur notre droite . Les méharistes culbutés fuient en désordre vers Khan Meiseloun . Bientôt un escadron et une ½ C.M. prennent pied sur le mouvement de terrain dominant, au sud de Deîr el Achaîr . Entre 9 et 10 heures le régiment tout entier à pris pied sur la rive droite de l’Oued Zorzor et cherche par une pénible ascension à gagner les hauteurs où l’Oued Meiseloun prend sa source, tournant ainsi la gauche de la position chérifienne

Ce mouvement est terminé à midi, trop tard malheureusement pour couper la direction de Damas aux troupe de Faycal s’écoulant sur la route en une retraite désordonnée Les spahis ne font que quelques prisonniers sur les crêtes qui dominent Khan Meiseloun .



REVRENONS A L’ATTAQUE DU CENTRE :



A partir de 12 heures l’avant-garde de la division entame la poursuite des forces chérifiennes . Nulle part on ne trouve de résistance . Une centaine de prisonniers restent entre nos mains . Un matériel considérable demeure abandonné par sur la 2ème position et, plus en arrière , 15 canons, une soixantaine de mitrailleuses, une grande quantité de munitions d’infanterie et d’artillerie, du matériel d’ambulance .


Le gros de la division est arrêtée dans la région de Khan Meiseloun couvert par l’avant-garde qui pousse ses unités jusque sur les crêtes au Nord et au Sud de la route à hauteur de Dimès .Vers 15 Heures le Lieutenant-Colonel Massiet me rend compte qu’il est en liaison avec notre avant-garde et qu’il va bivouaquer sur les pentes supérieures du Sahara-ed-Dimès, à 5 Kilomètres au Sud de la route . De ce point le régiment de Spahis surveillera facilement le vaste plateau désert qui nous sépare de l’oasis de Damas et couvrira le flanc droit de la division contre les entreprises possibles des montagnards du Djebel-Hermon. Les belle fontaines de Khan Meiseloun ont permis de désaltérer largement hommes et animaux . Il était temps d’arriver à l’eau ; les chevaux et mulets encore attelés se ruaient vers les abreuvoirs en dépit des efforts de leurs conducteurs !


Les quelques maisons composant le Khan étaient bondées d’approvisionnements de toute espèce. Nos hommes y trouvèrent , notamment, à leur grande joie, d’énormes rouleaux de pâte d’Abricot, une des spécialités de Damas. Une simple distribution put en être faite et contribua à rafraîchir agréablement tous les gosiers altérés .


A 16h30 le Lieutenant- Colonel Chef de la mission Française à Damas Accompagné d’un Colonel Chérifien, franchit les Avant-Postes et vient se présenter à moi. Le gouvernement Chérifien se rend à discrétion Nous ne trouverons plus de résistance organisée Ce qui reste de l’armée Chérifienne s’est retiré à 15 Kilomètres au Sud de la ville . J’exige le ravitaillement de la colonne par le Gouvernement de Damas , pendant trois jours ; l’entrée de la Division dans la ville et le défilé des troupes victorieuses dans les principaux quartiers, le lendemain du 25 Juillet . De plus ceux de nos blessés qui n’ont pas encore été évacués vers l’Armée seront dirigés ce soir même sur l’Hôpital Français de Damas où ils recevront plus vite les soins nécessaires . Toutes ces conditions sont acceptées . Reste à régler les détails du stationnement pour la nuit et de la marche du lendemain .



L’avant-garde sous les ordres du Lieutenant-Colonel d’Auzac (2 Bataillons de tirailleurs Algériens -1 Bataillon de Tirailleurs Sénégalais , 2 batteries de 75 , la batterie de 155 C/S, ½ Escadron occupe la région de Dimès –Col de Dimès ) de manière à assurer le lendemain le débouché de la division sur le plateau du Sahara ed Dimès. Le gros de la division sur les ordres du Général Bordeaux bivouaque à Khan Meiseloun .

Le convoi s’installera à Khan Meiseloun à l’Ouest du point d’eau . Les camps de Dimès et de Khan Meiseloun seront couverts par un dispositif de sûreté très complet sur toutes les crêtes avoisinantes . Le Bataillon de Lesdains du 2ème Tirailleurs arrivé de Djedeideh est chargé de recueillir le matériel ennemi et de procéder au nettoyage du champ de bataille .

Je monte en automobile pour refaire en sens inverse la route que nous avons parcourue le matin en combattant . Le soleil se couche dans la pourpre et l’or . C’est un vrai décor de victoire . En arrivant au haut des pentes qui dominent la rive droite de l’Oued Zorzor , près du P.C. du Colonel Asme Bey J’ai sous les yeux le panorama du terrain de l’attaque Les ombres bleues du soir qui tombe dessinent nettement les différents plissements et font ressortir avec vigueur les escarpements et les ravins . Tous les points de passage des hauteurs d’Keleoa et de Batrouni et, surtout, le débouché du défilé de l’Oued Korn , sont surveillés et puissamment commandés par la crête que j’occupe en ce moment ; je puis me rendre compte des difficultés que nous avons eues à surmonter et de l’excellence de la position défensive choisie par l’armée de Faycal .

Je visite au passage quelques blessés, qui, après un premier pansement attendent le passage des automobiles sanitaires . Je fais charger devant moi sur des camions de ravitaillement retournant à vide vers l’armée, les corps de nos glorieux morts tombés à proximité de la route . Malgré la surveillance exercée sur le champ de bataille, je crains, dans ce pays hostile , pour ces pauvres dépouilles, la nuit propice aux profanations et aux mutilations . Au débouché du défilé de l’Oued Korn, je trouve le Colonel Bétrix, avec l’arrière-garde poussant devant elle le convoi qui s’achemine vers le gros de la division . Le Colonel me rend compte des évènements de la journée à l’arrière de la colonne et des dispositions prises pour le ravitaillement et les évacuations . L’auto me ramène à mon P.C. de Khan Meiseloun .



LA VILLE DES MILLE ET UNE NUITS




Ce matin, après tant de journées de fatigue et de nuits sans sommeil, j’ai fait un peu la grasse matinée. J’ai l’intention en effet de laisser s’écouler la division, partie à 4h30, et son lourd convoi et de remonter en automobile la longue colonne pour rejoindre, avant l’entrée à Damas , le régiment de Spahis Marocains qui a pris la tête .Le soleil est donc déjà haut dans un ciel implacablement pur. Lorsque nous nous préparons à quitter Khan Meiseiloun , J’y laisse les éléments nécessaires pour continuer le nettoyage du champ de bataille et tenir le point d’eau si important sur nos communications avec la Bekaa et Beyrouth.

A quelques centaines de mètres du P.C. que nous abandonnons, la route traverse un étranglement rocheux et tout de suite après, sur une hauteur à gauche, nous apercevons la petite oasis de Dimès et son village en terrasses superposées A défaut de drapeaux français, les habitants ont hissés sur leurs toits, en signe de soumission , de nombreux fanions blancs .De grands lacets dans un territoire blanchâtre et pulvérulent nous amène sur la lisière ouest dun Sahara ed Dimès C’est bien le désert brûlé par un ardent soleil, que nous comptions rencontrer Les rares blanc Jaunâtres comme tout le paysage , jusqu’à l’horizon où les pentes des montagnes se dégradent dans toute la gamme infinie des bleus et des roses . A notre droite le sommet lointain de l’hermon montre encore dans ses ravins des mouchetures de neige.

La neige ! Nous en sommes loin dans le Sahara de Dimès ! Bien que la matinée soit peu avançée , nos hommes ruissellent de sueur sous leur masque de poussière mais ils supportent gaiement la soif et la fatigue en songeant que Damas ‘’ La perle enchassée dans l’émeraude ‘’ est au bout de cette dure étape. Au bord de la route, à chaque pas, on trouve du matériel abandonné par les chérifiens dans leur fuite précipitée . Des cadavres d’animaux éventrés par les obus ou les bombes d’avions , pendant la poursuite , jonchent par endroits le sol. De grands vautours perchés sur ces charognes déjà gonflées par la chaleur ne dégagent à peine un passage de la colonne..

Bien que retardés par de nombreux arrêts auprès des chefs de corps et de détachements, nous finissons pourtant par dépasser le gros de la colonne puis l’avant-garde . Nous sommes maintenant au bord du plateau, la route plonge soudain dans une déchirure de terrain au tournant de laquelle nous apercevons de la verdure . C’est l’extrémité d’une ‘tentacule ‘ de végétation que l’oasis de Damas , la fertile ‘’ Ghoûta’’ pousse le long du Barada, dont nous voyons bientôt couler les eaux limpides sous l’obscurité fraîche des premiers arbres que nous rencontrons depuis la Bekaa .


Nous traversons la voie ferrée et nous sommes bientôt au premier village, où nous trouvons le Lieutenant-Colonel Massiet et ses Spahis Marocains Nous dépassons le régiment, ne gardant devant nous qu’une pointe de cavalerie Les arbres deviennent de plus en plus nombreux, nous voyageons à l’ombre, A l’ombre ! Cela me semble invraisemblable après tant de jours sans voir un brin d’herbe ; C’est la végétation de France qui nous entoure , peupliers, noyers arbres fruitiers très vigoureux ; certains troncs d’abricotiers sont de la taille de ceux des noyers .

Nous voici à Doumar où les riches Damascains ont des villas d’été . Beaucoup de fleurs. Les belles roses de Damas forment d’épais buissons au milieu des orangers chargés de fruits . Encore quelques Kilomêtres, puis la route franchit une brèche dans la muraille rocheuse qui nous sépare de la plaine de Damas, muraille qui traverse aussi à différentes hauteurs les sept bras formés par le Barada .

Par-dessus les beaux arbres de l’avenue qui longe, la rive gauche, le quai du bras principal du Barada nous apercevons de nombreux minarets parmi lesquels ceux de la grande Mosquée des Omniades dont la coupole domine le centre de Damas. Sur la rive droite, au-delà d’un vaste champ de manœuvre, sur une falaise de conglomérat argile rocheux , s’élèvent les vastes bâtîments de la caserne turque Hamidié . A notre gauche , le Djebel Kasyum échelonne sur ses pentes inférieures les terrasses étagées du faubourg de Salahya .

A 11h30 , le Gouverneur de la place , Général Noury Pacha, vient se présenter à moi, se mettre à notre disposition et régler les conditions de l’entrée des troupes dans la ville. L’étape ayant été très longue et très pénible, je décide d’accorder un long repos aux troupes qui s’installeront sur le champ de manœuvre au fur et à mesure de leur arrivée. L’entrée et le défilé dans la ville auront lieu l’après midi, entre 16 et 17 heures .En attendant, nous déjeunons dans une annexe de l’Arsenal . Les régiments arrivent peu à peu et se placent en formation de rassemblement sur les prairies de la rive droite du Barada . Tous ces mouvements s’exécutent dans un ordre parfait.


Les comptes rendus des pertes subies sur le champ de bataille de Khan Meiseiloun sont fournis par les différents corps et services . Notre victoire nous a couté 52 tués et environ 200 blessés dont trois officiers . Ceux de nos blessés évacués la veille au soir sur l’Hôpital Français de Damas y sont parvenus à bon port . En traversant le quartier chrétien les voitures ont été littéralement couvertes de roses !


A 16H45 , précédé d’une pointe de cavalerie et suivi par mon état Major je prends la tête de la colonne pour le défilé . J’étais seul entre le groupe de cavaliers et celui des officiers qui m’accompagnaient à la distance règlementaire Je me disais qu’avec mon brillant Képi de Général , j’étais une cible bien tentante pour un patriote damascain exaspéré par notre victoire Rien de plus facile que de tirer d’une terrasse ou de derrière un de ces moucharabiés qui aveuglent les fenêtres des maisons Musulmanes Il faut croire que notre coup de force de Khan Meiseloun avait calmé les nationalistes arabes ; il faut croire aussi que notre entrée dans la ville Sainte et la chute du régime Chérifien n’était peut être pas si mal vu de la population que nous pouvions le supposer ! Dans tous les cas aucun incident ne se produisit, aucune manifestation hostile n’eut lieu pendant toute la durée de la cérémonie Les visages des habitants qui nous regardaient passer indiquaient plus la curiosité que la haine.

Les troupes venant du terrain de manœuvre débouchaient sur le quai de la rive gauche par le pont de la Mosquée d’El Tequieh dont les élégants minarets s’élançaient dans le ciel doré .Après avoir tourné devant l’hôtel Victoria , où un groupe d’Européens nous saluent respectueusement , la tête de colonne s’engage sur un nouveau pont celui de l’avenue de la gare du Hedjas ( avenue à laquelle les Damascains devaient, plus tard, donner mon nom ). Nous longeons ensuite le quai de la rive droite , gagnons la place du Séraf, celle du Mouchirieh , où se dresse la bizarre colonne, monument commémoratif de l’ouverture de la ligne télégraphique entre Constantinople et la Mecque . Nous passons ensuite à l’entrée des bazars et nous nous engageons dans la belle avenue Djemal-Pacha qui nous fait longer la façade monumentale de la gare du Hedjaz et nous conduit vers la grille de la caserne Turque , où je m’arrête pour voir défiler devant moi toute la colonne .

Les troupes gagnent alors les emplacements qui leur ont été fixés de manière à tenir solidement la ville, tout en évitant de les disperser et de les mettre trop en contact avec l'énorme population qui grouille dans Damas. A cet effet, les cavaliers installent leur bivouac sur le champ de manoeuvres entre les casernes et le Barada,. Le 415 ème occupe les casernes turques, une partie de l'artillerie est à l'arsenal, le reste des troupes bivouaquent sur le terrain de l'ancien camp Anglais, vers le village Nezeh. Un bataillon et une batterie occupent la sortie sud du long Faubourg de Meidan, face au Hauran et à la région des bédouins.


Toute la colonne se trouve donc en rassemblement articulé dans la partie Sud-ouest de l'oasis, prête à agir, le cas échéant, dans n'importe quelle direction . Notre artillerie lourde, en batterie au pied du Klaat Mezeh, tient sous son canon la ville aux 243 mosquées. Les chars d'assaut, les auto mitrailleuses sont prêtes à évoluer dans les rues et les Bazars. Nous pourrons dormir tranquille notre première nuit Damascaine. Je vais m'installer dans la maison occupée jusqu'ici par l'Emir ZEID, le frêre de l'Emir Faycal. Mon état major est dans une maison voisine ; nous sommes entre les casernes et le camp Anglais par conséquent très bien placés par rapport aux différents groupements de la Division .


Après être allé, au- delà du village d'El Mezeh, voir l'ancien camp Anglais ou une partie des troupes de la Division organise leur bivouac, je songe à gagner le haut quartier D'Es-Salayeh, sur les pentes inférieures du Djebel Kasyun De là nous aurons une vue d'ensemble de Damas et de son oasis. C'est d'ailleurs, en ce point que Guillaume II, durant son célèbre voyage en orient, a été conduit pour admirer le panorama de la ville sainte . Notre suite traverse à nouveau le Barada et remonte la longue rue de Salaya . Nous y remarquons l'höpital militaire , les consulats des diverses nations, la maison où s'était installé l'Emir Faycal . Nous parvenons bientôt aux dernieres constructions et , laissant l'auto nous gagnons à pied le sommet d'une partie basse de terrain collée sur les flancs du Djebel Kasyum .


L'oasis de Damas s'étale devant nous . Dans la blonde transparence de cette soirée d'été, les milliers de toits en terrasse, les innombrables minarets se teintent d'un rose doré, sous les derniers rayons du soleil qui se couche derrière nous. Tout autour, sur des kilomètres de profondeur, c'est l'infini moutonnement de sombres frondaisons des fertiles jardins qui font à la "perle de l'orient" la "ceinture d'émeraude "chantée par les poètes arabes . Vers le Sud , une chaîne de collines teintées de toutes les nuances du bleu, limite notre vue du côté du Hauran; vers l'est, l'horizon plus lointain s'estompe vers les avancées du désert de SYRIE, dans une brume transparente ou dominent les violets exquis et des mauves délicats . Nous restons muets devant la beauté du spectacle et nous jouissons avec ferveur du calme impressionnant qui nous entoure.


Il semble invraisemblable qu'hier encore ce fut la rude journée de combat , l'assaut forcené des lignes chérifiennes, la sanglante victoire de Khan Meiseloun.. Nous nous réunissons pour dîner à mon nouveau P.C. . Pendant le repas je reçois un envoyé de l'Emir Faycal. Le vaincu d'hier, qui après une bataille, s'est réfugié dans un train de la ligne du Hedjaz, demande l'autorisation de rentrer à Damas .Aussi bien sa déchéance ne doit être proclamée que demain matin; je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'il vienne passer une dernière nuit dans son ancienne capitale. J'aime autant d'ailleurs l'avoir sous la main pour le cas ou le Haut Commissaire me donnerait l'ordre de m'assurer de sa personne pour l'envoyer à Beyrouth, j’autorise donc sa rentrée discrète.

Après avoir reçu les derniers comptes-rendus concernant l'installation des troupes, je me prépare, à mon tour, à passer ma première nuit dans cette ville de rêve dont je viens d'admirer l’éblouissante splendeur.



FIN DE REGNE


Le 26 Juillet sera aussi une journée historique : elle marquera officiellement la fin du règne chérifien .

A 9 Heures du matin, en tenue de campagne, suivi des officiers de mon Etat-Major, je me rends à la mission Française où doivent m’être présentés les membres du nouveau gouvernement de Damas et où, au nom du Haut Commissaire de la République, je dois prononcer la déchéance de l’Emir Faycal comme chef du gouvernement de la zône Est de la Syrie, c'est-à-dire des territoires d’Alep, d’Homs, de Hama, de Damas et du Hauran .

Le nouveau gouvernement se compose d’un président du Conseil et de ministres qui se sont partagés les portefeuilles de l’Intérieur , des Finances , de l’Instruction publique , de la justice, des travaux publics et de la guerre. Ce sont de notables Damascains, appartenant à de vielles familles du pays , grands propriétaires pour la plupart et ayant tous une situation personnelle qui facilitera grandement leur rôle de gouvernants.

Ce qu’il y a de plus intéressant pour nous c’est que ce sont des ‘’ gens de bonne volonté’’ désireux de travailler loyalement avec la France pour donner à leur pays la prospérité dans la paix . La cérémonie, quelque très simple, ne manque pas de grandeur . J’écoute attentivement les protestations de dévouement des Membres du Gouvernement puis je lis la déclaration suivante que j’ai rédigée d’après les directives adressées par le Haut Commissaire de la République Française, et c’est en son nom que je parle .


‘’L’Emir Faycal a conduit son pays à deux doigts de sa perte . Sa responsabilité est trop grande et trop évidente dans tous les troubles sanglants dont la Syrie est le théâtre depuis ces derniers mois pour qu’il puisse continuer à gouverner .Le nouveau gouvernement que vous représentez et qui accepte de collaborer loyalement, sous le mandat français, à l’organisation de la Syrie, aura notre confiance et trouvera en nous le plus ferme appui avec le respect des libertés Syriennes .En assumant les responsabilités de l’heure présente, votre nouveau gouvernement ne peut rejeter celles d’un passé qui représente trop de ruines et trop de sang répandu .Nous aurons donc, tout d’abord, à réparer . Vous aurez à y contribuer pour une somme de 200.000 dinars Or qui sont destinés à indemniser les familles Syriennes ruinées ou décimées .

Nous aurons aussi à punir les principaux coupables , les chefs de bande qui, sous prétexte de patriotisme ont mis leur pays en coupe réglée et ceux qui les ont aidés de leur influence et de leur argent . La liste vous en sera soumise et ils devront être arrêtés et jugés conformément aux lois . S’ils sont en fuite ils seront prescrits et verront leurs biens confisqués .Votre nouveau gouvernement continuera à fonctionner avec ses organismes locaux comme par le passé . Toutes les questions intéressant les populations ou présentant un intérêt pour l’avenir du pays seront étudiés par vous de concert avec le Colonel Toulat, chef de la mission Française , et me seront soumises .


L’armée Chérifienne doit être réduite au rôle de forces de police destinées à maintenir le bon ordre indispensable à la prospérité du pays Tout le matériel de guerre doit être réuni et remis à l’autorité militaire Les questions soulevées par cette nouvelle organisation seront du ressort du Colonel Pettelat , chef d’Etat- Major de l’armée du Levant , qui les règlera avec votre ministre de la guerre. Vous pouvez et vous devez rassurer les populations de Damas qui pour une très grande majorité , ne comprend que des éléments laborieux et sages, auxquels vous vous appuierez . Cette population ne sera molestée en rien. Les ordres les plus sévères seront donnés pour éviter tout incident du fait des troupes . En revanche , il faut qu’aucune manifestation , aucune agitation ne vienne troubler l’ordre public . Tout acte d’hostilité sera réprimé avec la dernière rigueur . La responsabilité de la ville est collective, vous devez donc choisir , dans chaque quartier des personnalités influentes qui seront regardées comme responsables . Le désarmement de la population sera effectué progressivement et commencé immédiatement .Vous avez pu juger par le défilé d’une partie des troupes de ma division, que nous avons les moyens d’imposer au besoin la paix à ce pays qui en a tant besoin. ‘’.

Tout espoir d’être maintenu à Damas, sous notre surveillance est donc enlevé à l’Emir Faycal qui est autorisé à emprunter le chemin de fer du Hedjaz pour se rendre soit auprès de son père le roi Hussein , soit plutôt en Europe où il ira, sans doute, chercher auprès des Anglais, une compensation à la porte de sa royauté syrienne .

Quant à nous, qui avons enfin trouvé notre ‘’ Chemin de Damas ‘’ il ne nous reste qu’à nous organiser dans cette belle contrée qui peut et doit être heureuse et prospère sous le généreux mandat de la France.



ORDRE GENERAL N° 22



Dans le courrier de l’Armée, je trouve , en rentrant chez moi l’Ordre Général N° 22 qui peut servir d’épilogue à cette histoire de la colonne de Damas .

‘’ Le Général est profondément heureux d’adresser ses félicitations au général Goybet et aux vaillantes troupes : 415 ème de ligne , 2ème Tirailleurs Algériens, 11ème et 10 ème Tirailleurs Sénégalais , Chasseurs d’Afrique , Régiment de Spahis Marocains , Batteries des groupes d’Afrique, Batterie de 155 , 314 ème Compagnie de Chars d’Assaut, Groupe de Bombardement et Escadrille 8 , qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l’ennemi qui nous défiait depuis huit mois .

Elles ont inscrit une glorieuse page à l’histoire de la France et de la Syrie .‘’


Aley, le 24 Juillet 1920.

Signé : Gouraud




Je suis à Damas ! Ce nom représentant pour moi quelque chose de fabuleux et de chimérique lorsque, encore enfant, je le lisais dans les archives de ma famille.


Jean Montgolfier, lointain ancêtre de ma grand - mêre paternelle , Louise de Montgolfier , fut fait prisonnier , au cours de la deuxième Croisade, en 1147, et conduit précisément à Damas . Il comptait sans doute parmi ‘’ Les gens de pied ‘’ ; aussi les Sarrasins n’eurent ils pas pour lui les égards réservés aux brillants Chevaliers. Les Damascains du temps en firent tout bonnement un esclave , pour travailler dans une manufacture où l’on fabriquait du papier de coton . Le pauvre Jean y travailla trois ans, durement, s’évada et rejoignit enfin l’armée des Croisés, à travers mille périls .

Rentré dans son pays natal , après dix ans d’absence, il installe le premier moulin à papier connu en Europe.

N’est ce pas ‘’la justice immanente ‘’ qui a permis, au descendant de l’esclave des Croisades , d’entrer en vainqueur dans la ville Sainte ?


…………………


La rédaction de ce récit , c’a été comme du temps où j’étais Lieutenant ‘’Mon travail d’Hiver ‘’ . Hiver ! Peut- on prononcer ce nom sous ce ciel toujours transparent , sous ce soleil toujours jeune ardent qui semble, chaque matin, bondir d’un seul élan au dessus de l’horizon lointain où se cache Palmyre ?

Et cependant, aujourd’hui, d’étincelantes blancheurs poudrent les boules d’or de mes orangers , sous l’œil étonné de trois Autruches et de deux gazelles . C’est étrange et charmant , cette neige à Damas . Elle est tombée cette nuit et pendant une heure à peine elle mettra sa miraculeuse poudre au front de la ville des Mille et une nuit . Je relis sur place les récits des conteurs Arabes et surtout leurs poésies si admirablement traduites par le Docteur Mardrus.


‘’ A Damas , j’ai passé un jour et une nuit . Damas ! Son créateur a juré que jamais plus il ne pourrait faire une œuvre pareille . ‘’

‘’ La nuit couvre Damas de ses ailes, amoureusement. Et le matin étand sur elle l’ombrage des arbres touffus . ‘’

‘’ La rose sur les branches de ses arbres n’est point rosée , mais perles, perles neigeant au gré de la brise qui les secoue ‘’.

‘’ Là dans les bosquets c’est la Nature qui fait tout : l’oiseau fait sa lecture matinale ; l’eau vive c’est la page blanche ouverte ; la brise répond et écrit sous la dictée de l’oiseau et les blancs nuages font pleuvoir leurs gouttes pour l’écriture ‘’


C’est ces gouttes qu’il m’aurait fallu pour rendre exactement mon impression profonde devant les formes, les couleurs , les mirages de la divine Oasis d’Ech Cham.



DAMAS DECEMBRE 1920



Signé GOYBET










LE CONTRE AMIRAL PIERRE GOYBET (vu par Henriette ma grand mère )




Tiré de son courrier de Mai 1986 à Henri Goybet.



Tu m’as demandé des détails sur la carrière de ton Grand Père dans la marine , j’en suis très touchée !

Reçu à l’Ecole Navale 45 ème sur 511 présentés, il est resté à Brest à l’Ecole d’Application plusieurs mois . La guerre de 14-18 est arrivée alors . Il y a a perdu ses deux frères Adrien avec les Marocains et Frederic avec les Alpins . Il a demandé à partir sur le front dans les Canoniers Marins à Verdun . On si battait durement mais cela ne lui faisait pas peur . Son père, ton grand père Mariano était déjà sur le front ainsi que ses deux frères Victor et Henry .


Ensuite , une fois la guerre terminée , cela a été des embarquements sur différents bateaux Nous étions mariés et la séparation n’était pas drôle Il a donc cherché un poste ou il pouvait m’emmener Il était en Orient à Constantinople et il apprend par hasard que l’on cherche un officier pour faire du 2eme Bureau (Espionnage ). Il a été pris tout de suite et est venu me chercher à Toulon ou j’étais chez mes parents .

Nous partons par le train car il n’y avait pas de ligne ‘’ Toulon – La Turquie ‘’ et ton grand père Henri commandait la marine à Tarente en Italie ( père d’Henriette ) Très beau voyage par le train avec arrêts dans les principales villes ( Rome, etc…).

De Tarente nous embarquons : Colosse de Rodes , canal de Corinthe en Grèce puis arrivée à Constantinople le soir au coucher du soleil avec la vision de Sainte Sophie , la Corne d’Or et le début du Bosphore , que de merveilles à admirer . . 2 ans de Constantinople ou tante Guitou est née . Sur un croiseur jusqu’à Beyrouth ou étaient mes parents et retour en France .



Entre temps notre 1er Fils Dady . Ton grand père part perfectionner son Anglais dans le but de devenir interprète dans la marine. Ce qui l’a je crois le plus intéréssé , c’est le commandement d’un Aviso qui passait 5 mois l’été sur les Bans de Terre Neuve avec à bord un médecin et un aumonier, qui le cas échéant portaient secours aux pécheurs de morues. Ensuite, il est allé au Canada ou il a beaucoup reçu et été reçu très gentiment car à l’époque les Canadiens étaient très Français de cœur et de langage , et il était recommandé aux gens de bons marins de parler Français aux Français ! Les Canadiens qui sont venus en France pendant la guerre de 14 se sont battus comme des lions …..



Ensuite cela a été le centre d’Etudes ou l’on faisait des expériences de lancement de torpilles Il fut nommé professeur à l’Ecole des torpilles. La guerre de 40 arrive : Nomination d’abord à Gibraltar pour faire la liaison avec les Anglais Puis vint le commandement du Primauguet : Quelle responsabilité pour le commandant. 700 Hommes et plus de 50 Officiers , mais il savait se faire aimer , estimer de toutes les façons . Il adorait son bateau et tout l’équipage qu’il voulait heureux . Chaque matin, il passait dans la cuisine pour savoir ce qu’il y avait pour le déjeuner et au besoin donner des conseils ce que le Cdt ne faisait souvent pas . Il a quitté la France allant rejoindre le Primauguet à Lorient ou je suis allée , voulant le voir avant le départ et laissant mes enfants chez des Cousines pour quelques jours .



C‘était en plein hiver et il y avait beaucoup de neige . La traversée de la France dans un train pas chauffé a été pénible . Il devait appareiller à une certaine date et le traitre Perdonnet a dit à la radio « Le croiseur Primauguet qui doit appareiller sera torpillé à sa sortie de Lorient . »

Papa apprenant ça a téléphoné à Brest à l’Amiral dont il dépendait qui lui a dit : « Ne changez pas votre date de départ , on vous enverra un escorteur et un avion qui surveillera le bateau . »


Donc voilà le Primauguet , parti pour ou ? . Le Commandant le sait que quand le bateau a déjà appareillé . C’est le règlement dans la Marine . C’est en ouvrant l’enveloppe qu’il voit qu’il doit faire route sur Bordeaux avec son chargement soit l’or de la Belgique et les bijoux de la couronne Belge et de plus des officiers et soldats Français bien heureux de ne pas être pris par les Allemands dont les chars avançaient rapidement . Donc les voici à Bordeaux ainsi que l’or de Belgique qu’il devaient emporter en lieu sur .

De plus il devait emmener le gouvernement : Le Maréchal Pétain et Monsieur Laval .

Ils se sont refusés à quitter la Françe en disant ‘’ Cela n’est pas en quittant son pays qu’on le sert ! C’était tout à leur honneur . Le vieux maréchal que les Français auraient voulu sauver en l’emmenant en Afrique du Nord .



Quelle responsabilité pour le Commandant du bateau que ce refus mais il n’avait qu’à l’accepter . Pendant ces quelques heures passées à Bordeaux, le Primauguet a été bombardé par les Allemands mais heureusement pas atteint . Il eu le temps de prendre la mer .



Le lendemain, l’appel du General De Gaulle , etant en Angleterre , disait que tous les bateaux devaient rallier ou l’Angleterre ou le port Français le plus proche . Il a fait route sur le Maroc qui était sous protectorat Français mais le Cdt a trouvé plus prudent d’aller jusqu’à Dakar ou le précieux chargement était encore plus en sureté . Dès l’accostage du bateau , sont arrivés des Sénégalais pour débarquer les caissettes d’or mais que ne fut pas la stupéfaction du Cdt du Primauguet et du Colonel des Sénégalais en se retrouvant 2 Savoyards très amis depuis toujours . Le Colonel Pasquier et le Cdt Goybet Quelle Coincïdence vraiment ahurissante et pas commune dans la vie …..Les porteurs des caissettes ne se doutaient certes pas de ce qu’elles contenaient de précieux . On les a envoyé de suite dans un Wagon à l’intérieur du Pays .



Le Primauguet est alors venu s’ancrer dans le port de Casa ou il y avait déjà le cuirassé Jean Bart , des avisos, des sous marins, des bateaux de la marine marchande .


J’étais à Toulon avec les enfants ou le ravitaillement était vraiment difficile : les rotis remplaçés par des tartes à la viande hachée. Quand j’avais la chance d’avoir un poulet , on faisait la soupe pendant plusieurs jours avec les os pour faire du ‘’ bouillon ‘’, du pain sec à 4 . Dans certaines familles de nos amis , les enfants se battaient pour un morceau de pain .J’allais au marché à l’aube pour être la première , mais tout était déjà retenu. J’esperai à Toulon avoir au moins du poisson, mais pas de Mazout pour aller le chercher . Je recevais de maman de Yenne des petits paquets contenant un morceau de gruyère , quelques chataignes , 4 ou 5 pommes de terres . C’était touchant mais vraiment pas suffisant pour les enfants à l’age ou les appétits sont solides . D’ailleurs les Allemands avaient dit ‘’ Les Français mangeront dans leurs poubelles ‘’ On ne peut pas l’oublier . !


Quand Bon papa a su que nous étions si pressés, il a demandé à l’Amiral d’ Arcourt qui commandait la marine , au moins l’autorisation de nous faire venir .



Quel soulagement et quelle joie pour nous 5 . Les valises ont été vite faites et nous prenions le bateau à Marseille. Et pendant que l’or Belge était en sécurité à Dakar, le cuirassé Emile Bertin faisait route sur les Antilles pour y emmener celui de la Banque de France . Missions accomplies . Tous les 5 , nous partions donc pour Casa par le train via Oran car nos alliés et amis Anglais nous interdisaient Gibraltar à cause de refus de leur donner un bateau de guerre qui a provoqué le drane de Mers El Kébir quelques mois avant.



Mais revenons au Primauguet qui reçoit l’ordre de partir avec un escorteur sur la cote d’Afrique en mission à Freetown Mais il aperçoit un grand cuirassé Anglais qui lui intime de faire demi tour , donc de rentrer à Casa . Le commandant du Primauguet répond qu’il a une mission à accomplir et que des ordres lui ont été donnés à ce sujet et qu’il va demander à la marine. L’amiral de Casa lui dit de faire demi tour car le bateau Anglais était trop gros et très puissant Le Primauguet rentre donc à sa base à Casa Que de responsabilités peut rencontrer un Cdt de bateau surtout durant la guerre !



Mais son commandement étant terminé, , ton grand père est nommé Cdt du port de Casablanca sous les ordres de l’Amiral Michelier qu’il estimait beaucoup avec juste raison et avait été son second sur le Contre Torpilleur le Chacal avant la guerre. Les années de Primauguet s’étaient bien passées et il en était heureux . LE Cdt Mercier prenait la suite ‘’ J’espère que vous aurez la même chance que moi ‘’. Mais hélas l’avenir a prouvé le contraire . !



Naturellement c’était le Cdt du Port qui était au courant de tout ce que l’on alertait à la moindre chose .Au milieu de la nuit , coup de téléphone de la Marine disant que des avions survolaient Casa , mais quelques minutes après , nouveau coup de fil disant ‘’ Alerte finie ‘’. Tout va bien. C’était des avions étrangers Espagnols peut être qui faisaient des exercices de nuit ??


Mais une certaine nuit, il en a été tout autrement Le téléphone sonne et cela ne finissait pas Très étonnée, je demande ce qui se passe ‘’ C’est bien toujours la marine mais cela à l’air plus sérieux que d’habitude , une voiture vient me chercher et je te laisse mon portefeuille , de l’argent, etc…’’.. Je ne pose pas des questions bien sur et essaie de me rendormir. De bonne heure , vers 8 heures une voisine sonne et me montre des tracts envoyés par les Américains disant qu’ils débarquaient en Afrique du Nord mais à présent il faut savoir ce qui se passait sur le port .



Une voiture Américaine arrive avec un drapeau blanc , c’est le Commandant du port , ton grand père , qui les reçoit et qui leur dit : « Cela m’étonnerait que l’Amiral vous reçoive car il a l’ordre de son gouvernement à Vichy de se défendre contre tout agresseur. » Les Américains partent et commencent à bombarder le port , les bateaux de guerre et marchands . Les sous marins français plongeaient et allaient vers Dakar . Il ya eu quelques bateaux coulés dont le Primauguet . Dady et Claudy ainsi que d’autres scouts faisaient les brancardiers . L’amiral Michelier a demandé des ordres à Vichy qui a dit de tout cesser . Et ce baroud d’honneur fini , les Américains se sont dispersés en ville et ont très bien compris .


Le Général Paton qui les commandait dit ‘’ Nous aurions fait la même chose . on obéit aux ordres ‘’. Ensuite on les a beaucoup vus car ils parlaient français et nous parlions Anglais …. Ensuite, ils sont partis par la Tunisie, l’Italie, la Françe et arrivés jusqu’à Berlin .


Après le Commandement du port de Casablanca , cela a été la Direction des Œuvres de la Marine . Les Etoiles sont arrivées à ce moment là , puis commandeur de la légion d’ honneur . Tout ça couronnait et compensait une carrière bien remplie pendant presque un demi siècle ! Pendant 2 guerres celle de 14-18 et celle de 40.



Certains de ses camarades eurent moins de chance que lui . Il faut croire que la vierge Marie patronne des marins l’a protégé .






LES DANGEREUSES AVENTURES DE LA VILLE D’YS.



« Dans la brume et parmi les glaces »



En 1934-35 Pierre Goybet faisait de la surveillance Cotière Auprès des Terra Neuva. Avec son Aviso Escorteur la Ville D’YS .

Il avait de fréquents rapports avec Canadiens et Américains . En Septembre 1935 le Capitaine de Frégate Pierre Goybet, futur Contre Amiral (1942) , fut fait Lieutenant Colonel Honoraire du célèbre 22 eme Régiment Canadien .

Ci-joint extraits de l’Article du 9 Aout 1946 retraçant « les dangereuses aventures de la VILLE D’YS. dans la brume et parmi les glaces ». par Pierre Goybet



LA ‘VILLE D’YS’


Le bateau dont il était question se nommait la Ville D’YS . Il comptait déjà dix sept ans de bons et loyaux services dans les pays des Bancs . C’était un ancien Aviso dont un certain nombre de frères avaient fait le tour par chavirement . On l’avait amélioré en supprimant les deux « baignoires » avant et arrière et en construisant un pont continu qui augmentait de beaucoup son franc-Bord et lui donnait une stabilité rare J’ignore qui l’avait baptisé En vérité, donner à un bateau le nom d’une ville qui s’est engloutie dans la mer, c’est pour le moins la preuve d’une absence totale de superstition. Mais le marin est superstitieux . J’aurai préféré que le bateau s’appelât autrement. Néanmoins, tel quel, ce batiment de 1200 Tonnes avec ses chaudières à grand volume d’eau, qu’il fallait allumer 48 heures avant l’appareillage sous peine de leur donner un tour de reins, son unique machine, sa seule hélice, et sa vitesse à tout casser qui ne dépassait pas les 11 Nœuds , avait prouvé ce dont il est capable .

Après une sortie d’une journée, au cours de laquelle j’avais essayé de voir quelle était son inertie, comment il répondait à la barre, quelle était sa position d’équilibre stoppée et de quel ordre de grandeur était sa dérive en fonction du vent, nous primes le coffre qui à Cherbourb, se trouve à la sortie de l’arsenal.

Ce coffre c’est un peu comme comme les fils télégraphiques ou se rassemblent les hirondelles avant leur migration ; on n’y reste jamais longtemps . En effet, quarante- huit heures plus tard le 2 Avril, nous appareillâmes en route directe sur les Açores par le chemin que suivent les voiliers qui, éventuellement, auraient pu avor besoin de nous.


QUARANTE HUIT HEURES DANS LA TEMPËTE


Au départ, tout alla bien, le bateau roulait un peu , ce qui nous permit de vérifier l’accorage et l’arrimage de tout ce qu’il y avait de mobile à bord. Mais le lendemain , les choses commencèrent à se gater : le baromètre se mit à baisser, la mer à se creuser.

Deux jours plus tard, il faisait tellement mauvais qu’il n’était plus question d’avancer. Nous étions à la cape et notre seule ambition était de continuer à flotter . J’étais sur la passerelle que je ne devais pas quitter un instant pendant quarante heures.

Je fis appeler mon second :


- Vous veillerez à ce que personne ne paraisse sur le pont sans ordres . Faites crocher les hamacs pour que l’équipage se repose. Rondes continues dans les fonds . Ayez sous la main tout ce qu’il faut pour accorer solidement un point faible de la coque qui fatiguerait ; surtout faites confectionner par le charpentier des chevilles de bois pour remplacer les rîvets . qui pourraient sauter. Envoyez moi les matelots sans spécialité X et Y qui prendront la barre sous la surveillance du gabier de quart.

Ces deux jeunes matelots agés de 18 ans au plus, étaient tous deux de vieux loups de mer . Ils avaient commençé à naviguer à 12 ans et ils en étaient à leur sixième campagne . L’un était fils d’un capitaine de Bancs , l’autre d’un matelot de Terre Neuve. - Tiens toi, prend la barre, tu vas gouverner à la lame. Tu garderas le bateau entre 6 et 7 quarts de la mer . Veille la 3ème et la 7ème lame : quand tu les vois arriver, tu lofes un peu, mais d’avance. Pas de coups de barre ; elle fatigue assez comme ça .

déjà pendant le jour c’était une rude tension d’esprit . Mais la nuit ! c’est à peine si l’on devinait dans le noir d’encre, la crète déferlante de la lame qui nous arrivait par Bâbord et qu’il fallait franchir avant qu’elle ne s’abattit sur la plage avant.

A l’anémomètre, le vent soufflait à 112 kilomètres à l’heure. Les paquets d’embruns se succédaient sans arrêt et nous étions réduits à l’état d’éponges ruisselantes. Mes deux petits s’en tirèrent si bien que deux fois seulement en 40 heures, nous débarquames quelque 100 Tonnes d’eau. Pénible impression !

Le bateau qui tenait la cage par bâbord donnait toujours un peu de gite par tribord ; c’était comme s’il avait voulu se protéger en augmentant son franc-bord du côtê de la lame. Mais quand l’eau déferlait sur le pont, il donnait brusquement de la bande sur bâbord ; il tremblait de toutes ses membrures. Quand on put enfin se rendre sans trop de danger sur la plage avant on constata que plusieurs montants de rembardes étaient tordus en tire-bouchons. On ne sait pas, chez les terriens que l’eau de la vague déferlante est sensiblement aussi malléable que l’acier.

« Pas pour cette fois »

Enfin un beau matin , on eut l’impression que le cauchemar allait prendre fin. Le ciel laissait apercevoir certains reliefs qui ressemblaient à des nuages . Le baromètre ne montait pas encore mais le thermomêtre enregistreur tombait verticalement . Or cette indication était précieuse. Cela prouvait que nous avions franchi le seuil qui sépare l’air équatorial de l’air polaire et que les vents allaient remonter vers le Nord.

Malgré la mer énorme encore, les figures se détendent . On parle, alors que pendant toute la période de tension, pas un mot inutile n’a été échangé . On a l’impression bien nette que ‘ ça n’est pas encore pour cette fois çi. ». Et alors la fatigue vous tombe sur les épaules comme une chape de plomb. Tous les efforts que l’on a fait sans y penser, se payent maintenant par de terribles courbatures. Le sommeil, contre lequel on a même pas eu à lutter, contre-attaque et le cerveau est vide. Si ça « beausit » encore, on va pouvoir aller dormir.

On fit un vague point ( mais nous n'étions pas à 20 miles près). Nous avions terriblement dérivés dans le Nord-Est, loin des routes battues en cette partie de l'atlantique. Nous n'avions vu aucun bateau . Seul un S.O.S. provenant d'une centaine de milles dans l'Est , nous avait appris que nous n'étions pas les seuls à nous mesurer avec la mer. Ce S.O.S. avait été repété trois fois et puis était tombé le grand silence évocateur qui marque la fin de l'aventure pour un bateau et son équipage ...

On arriva enfin aux Açores sous un beau ciel bleu. Le commandant, les officiers, l'équipage et le bateau formaient à présent un tout homogène. Une confiance mutuelle régnait après l'épreuve et l'avenir de la campagne se présentait bien.


LA BRUME

Depuis 24 heures, de petits "bouchons " de brume, glissaient lentement vers nous. On aurait dit de ces "soufflons" qui, au début de l'automne, courent au ras des prés, transportant dans un terrain neuf la graine qui fera germer une nouvelle plante . Pëu à peu, le nombre de "bouchons "allait en augmentant et, bientôt, on n'apercevait plus la lune presque pleine , que pendant des fractions de seconde. Puis tous ces "bouchons" s'agglomérèrent et l'on fut dans la brume pour tout de bon. Il fallait s'y attendre. Nous n'étions pas très loin de l'accore des Bancs et nous rencontrions le courant froid du Labrador qui suit toute la côte Est des Etats-Unis .

Il était encore trop tôt dans la saison pour avoir à craindre les icebergs , mais nous allions incessamment couper la route des grands paquebots qui vont d'Allemagne, de Françe ou d'Angleterre à New York. Ils avaient tellement fait de dégats parmi le goélettes mouillées sur les Bancs que maintenant on les avait forçés, non sans peine à contourner ceux-ci, quittes à allonger leur route de quelques milles. Il nous fallait donc franchir leur parcours le plus perpendiculairement possible et tabler sur la chance. La nature de la mer changeait . L’eau sentait le poisson, comme vous pouvez le constater également si vous allez de Casablanca à Dakar lorsque vous passez près du banc D’ Arguin. Et puis apparaissent les oiseaux qui s’éloignent des bancs et qui de plus en plus nombreux, venaient à notre rencontre comme pour nous montrer le chemin. On mit le sondeur ultra-acoustique en marche et bientôt un fond s’inscrivit : 900 Mètres. Moins d’une heure après , nous étions sur les bancs par des fonds de 200 Mètres. Les Bancs Ne sont qu’une partie du continent qui s’est éffondrée , comme le Plateau Continental qui borde le littoral atlantique de la Françe. J’avais un pilote : le Père Yvon, aumônier des Bancs qui n’ayant pu appareiller avec la « Sainte Jeanne –d’Arc » en réparations, avait bien voulu prendre passage à mon bord. - Dites donc père Yvon, à cette époque où sont les voiliers ? Les chalutiers ont la T.S.F. et quand ils voudront me voir ils me le diront . Pour eux ça n’est pas pressé…..

_ Voici mon avis , Commandant . Actuellement ils pèchent dans le Sud . Ils remonteront dans le Nord lorsque l’eau se réchauffera, car vous savez que la morue se tient avec prèçision entre les températures plus 2 et plus 4.

En fin de saison, ils pousseront jusqu’au Groenland pour trouver des eaux froides . Je crois que le mieux serait de faire route sur le « N » .( le N de terre neuve se trouve sur toutes les cartes au même point .)…………… C’est le meilleur endroit actuellement pour trouver des bullots qui serviront de boette pour les lignes .


Vous verrez que c’est un bon tuyau et que nous y trouverons plusieurs bateaux en pêche . Et ce fut vrai, nous marchions lentement, 6 nœuds environ . La brume était toujours épaisse et c’est à peine si l’on voyait à 50 mètres devant l’étrave.

Soudain , il nous sembla entendre une détonation éloignée. Elle se répétait toutes les 5 minutes environ. - Qu’est ce que c’est père Yvon ? - C’est un bateau mouillé. Il tire du canon pour que ses Doris qui sont à caler les lignes de fond , peut être à dix milles de lui, puissent retrouver la goêlette avant la nuit . - Et maintenant c’est un cornet à bouquin qui chevrotte dans la brume . - Oui, c’est pour diriger les doris quand ils sont près . Veillez au grain, car nous ne sommes plus loin.

On réduisit la vitesse au minimum et on avança sur l’eau calme et grise en suivant les sons, Jusqu’à ce qu’une silhouette se détachât dans la brume . Nous n’en étions pas à 100 mètres . On fit le tour , on s’éloigna un peu, et on mouilla exactement par 43 mètres. A peine ètions nous mouillés qu’un Doris se détacha de la silhouette proche. Il y avait à bord le capitaine et quatre matelots. Je laissai les matelots à l’équipage et j’entraînai le Capitaine dans ma cabine avec le père Yvon, bien entendu. Avant que le capitaine ait pu ouvrir la bouche, le père Yvon l’entretenait - Mais c’est toi Kermadec ? Figures toi que j’ai passé chez toi avant de m’embarquer sur la Ville d’YS . Quand es tu parti, ta femme attendait un petit . Elle l’a eu . C’est un Garçon épatant qui pesait bien ses 4 Kilos à la naissance . La mère et l’enfant se portent bien. Tiens voilà une lettre de ta femme qui te raconte l’évènement..

Jamais le capitaine n’aurait lu la lettre devant nous. Alors on commença à boire et à parler de la pèche . - ça rend cette année ? - C’est pas mal , mais actuellement on ne pêche qu’avec des « buleaux » et ce sera meilleur dans un mois quand on verra descendre les seiches et les encornés. Mais tout de même il n’y a pas à se plaindre . - Vous avez un bon saleur ? - La meilleure des Bancs et c’est pas lui qui nous donnera de la morue rouge. - Pas de malades ou de blessés à bord ? - Si j’ai deux types qui ont attrapé des panaris en se piquant avec les hameçons. Ils ont de grosses boules sous les bras et ils souffrent tant qu’ils ne peuvent pas dormir , mais ils pèchent tout de même. - Envoyez les à bord , on leur ouvrira ça . - Bien dit le père Yvon , je vais avec le capitaine et je verrai un peu son équipage . J’ai des lettres et des journaux qui, même un peu vieux, leur feront plaisir . - Ne rentrez pas trop tard . Dans tous les cas nous restons ici la nuit, et je vous attends pour diner.


L’AIR DE FRANCE

Le lendemain, la brume s’était levée. La mer était d’un bleu Meditteranéen . Vers le Suroi on distinguait des silhouettes de goélettes en pêche .

Nous allions de l’une à l’autre, nous arrêtant quelquefois une heure , quelquefois plus longtemps . Mais nous ne pouvions nous attarder car le charbon baissait dans les soutes et nous devions en prendre à St – Pierre ( st Pierre et Miquelon ) libre de glaces. Puis ce fût la tournée au cours de laquelle nous primes contact avec les autorités canadiennes et Américaines : Halifax , Boston, Portland, St Jean du Nouveau , Brunswick au fond de la Baie de Fundy connue pour ses terribles courants et la hauteur extraordinaire de ses marées. La ville d’Ys devait se débrouiller le long de ces côtes semées de plus d’écueils que les côtes de la Bretagne amis en revanche, tellement bien jalonnées de bouées à sifflet, de postes de radio-gonio qui donnent la position exacte moins de cinq minutes après la demande . Et puis, en dehors de la ceinture de récifs, les courbes des fonds sont régulières , et nos sondeurs marchaient admirablement .

Le vrai danger, c’était les bateaux que nous croisions dans la nuit . De véritables dialogues s’engageaient à coups de sirène . Mais les indications ainsi échangées sont d’une imprécision qui engendre, des deux côtés , la prudence. Quand tout le monde aura le « radar » qui n’était pas inventé à cette époque, la navigation deviendra d’une facilité enfantine . Partout nous étions reçus en amis . Le commandant avait changé ainsi que la moitié des officiers , mais c’était toujours cette vielle Ville d’YS , qui revenait chaque année avec la précision des oiseaux migrateurs apportant avec elle un peu d’air de France , qu’Américains et surtout Canadiens respiraient avec joie . Car la Françe est toujours aimée même si parfois critiquée.


DANS LES GLACES.

Nous remontons la côte de Nouvelle Ecosse pour rentrer dans le golfe du St Laurent et charbonner à Sydney-Cap Breton qu’on nous avait affirmé libre de glaces.

La mer était calme et une lune pleine l’éclairait de façon féerique. Cette nuit là j’avais enfin l’impression que je pourrai dormir sans arrière pensée . Vers minuit je fus réveillé par une série de chocs sur la coque. Je sentis qu’on avait diminué de vitesse. Je bondis en pyjama sur la passerelle qui était juste au-dessus de mes appartements Un spectacle inoubliable m’attendait .

D’un bout à l’autre de l’horizon s’étendait une véritable banquise qui devait avoir au moins deux à trois milles de large, formée de blocs de glace de toutes tailles. - Dites donc Midship, êtes vous complètement cinglé pour être entré dans ce chaos ? - Mais commandant , ce n’est que petit à petit que les blocs se sont rapprochés : il n’y a encore qu’un moment il y avait entre eux de larges chenaux . - Et vous pensiez faire du gymkana entre les blocs pendant 3 milles . Quand vous voudrez bien faire une imbécillité de ce genre la prochaine fois, vous serez bien gentil de me prévenir. Et maintenant, il faut que je nous sorte de là sans faire un trou dans le papier peint qui nous sert de coque et sans fausser une pale d’hélice....

On mit une heure à faire demi tour , avec des manœuvres incessantes de machine. On appuyait l’épaule contre un bloc avec le moins d’erre possible ; puis mettait en avant avec la barre toute à droite et on écartait poliment la glace. Si vous n’avez jamais essayé de tourner de 180 degrés avec un bateau sans vitesse dans un « ice park » vous ne vous rendez pas compte de ce qu’est ce problème. Une fois sorti , il fallut faire un détour de 20 miles en suivant de loin le bord exterieur, du champ de glace pour en trouver enfin le bout. Mais je ne me recouchai pas , cette nuit là…. S’il y avait eu la moindre brise ou le moindre clapot, la coque n’aurait jamais résisté. Nous avions rencontré la décharge des glaces du St Laurent qui, en dérivant lentement vers le Sud dans le courant du Labrador, avait constitué cette agglomération sous forme d’un vaste croissant orienté sensiblement Est Ouest.




LE DEBARQUEMENT D’ARUBA ET PROTECTION DE LA ‘ SHELL ‘(Mai 1940)





De Pierre Goybet Contre Amiral


  • Il était alors Capitaine de Vaisseau du Croiseur Primauguet ( le plus rapide de la flotte)



…………. - Tu as vu le type du troisième bureau ? - Oui , j’en sors, il paraît que nous allons relever le bateau Anglais qui fait la surveillance autour de Curaçao et d’Aruba .

- C’est notre tour d’assurer la garde. L’Anglais te passera les derniers renseignements . Tu sais que là-bas, il y a huit ou dix bateaux Allemands réfugiés dans les eaux hollandaises et qu’il ne faut pas qu’ils s’échappent . Je te signale particulièrement « Las Antillas à Aruba . Si on pouvait le saisir, ce serait une bonne affaire. …………….

- Tu peux compter sur nous pour cela. …. Tu sais qu’en allant de Casa aux Antilles, j’ai saisi et expédié sur le Marocun magnifique pétrolier norvégien qui travaillait pour les Boches. Tu te rends compte ! 20 000 Tonnes de combustible liquide, sans parler de la de la valeur du Bateau ! Nous serions riches à bord ! « D’ autant plus que ça valait bien ça . Il jouait à cache- cache avec nous autour des Canaries, et nous l’avons eu à 2 heures du matin, par vent frais clapot et nuit assez noire .

Ma baleinière a eu de la peine à l’accoster . « Je dois dire que le capitaine a été épatant . Il a dit à peu près en Anglais : « Je suis fait comme un rat . Fortune de guerre, Mais vous devez avoir froid , mouillés comme vous êtes ? Venez au salon , on va vous réchauffer . Que diriez vous de quelques Œufs au Bacon et d’un peu de Schnick-Maison ? » « Tu parles si mes types ne se sont pas fait prier ….. Nous avons signalé la prise à Casa et le D’Entrecasteaux . » est venu pour la prendre en charge, Puis nous avons mis le cap sur la Martinique, et je crois que nous avons pas mal travaillé depuis que nous sommes là ? - Le patron est enchanté. Il dit qu’en un mois vous avez fait plus que la « Jeanne D’Arc » dans ses trois derniers mois . Mais elle, elle commençait à en avoir assez de croiser sans jamais trouver rien d’intéressant, et il était temps qu’elle aille se faire caréner en France, bateau et équipage…. Es–tu paré pour ta mission et quand peux-tu partir ? - Dès que tu voudras , je fais toujours mon plein de Mazout et de vivres en rentrant de croisière . Il nous faut trois heures pour pousser les feux et réchauffer les turbines . …………



LE PRIMAUGUET



Cette conversation se tenait entre moi, Commandant du « Primauguet » et mon vieux camarade du « Bazar Louis » , Chomereau- Lamotte, contre-amiral, chef d’Etat Major de ’Amiral Robert , grand patron des Antilles Françaises sur mer comme sur terre.

. Croiseur commandé par Pierre Goybet Presentation par lui même

" Le Primauguet croiseur de 8000 Tonnes "washington" ce qui lui en faisait bien 11500, 120000 chevaux, quatre hélices, 32 noeuds , 8 canons de 155 en tourelles doubles, merveilleux batiment de mer, avait un état major que j'aurai choisi, si j'en avais eu le droit, et équipage hors série qui avait toujours le sourire et qui ne demandait qu'à avoir l'occasion de se bagarrer. Un bateau comme ça , ça se commande tout seul. De plus ce bateau béni n'était embrigadé dans aucune escadre, dans aucune division et naviguait toujours "à la part" . On le prétait de casa, Fort de France, ou à Dakar."


Donc il n’y avait pas d’Amiral à Bord , …. Un Amiral peut être charmant personnellement ; mais être capitaine de pavillon c’est un peu comme habiter chez ses parents lorsque l’on a déjà femme et enfant . D’abord il relègue le commandant dans des appartements restreints qui, sur le « Primauguet » particulièrement étaient tellement chauds qu’il avait fallu construire un plancher de bois pour que le dit commandant ne meure prématurément d’un coup de chaleur. Si l’amiral était seul, ça pouvait encore aller, mais il amène avec lui un état major important , composé généralement d’officiers très bien , sortant de l’Ecole Supérieure , qui délogent également un certain nombre d’officiers du bord . Et puis il y a les fourriers du bureau- major et les « musiciens ». Ces derniers sont des braves types comme beaucoup d’artistes, mais au tempérament assez bohème, et leur poste généralement à coté de k’infirmerie, fait le désespoir du Commandant. En second chargé de la bonne tenue du bord. Enfin le commandant qui n’est pas faché au fond d’être le « maître après Dieu. ». , se voit reléguer au rôle de chauffeur de l’Amiral , ce n’est pas drôle tous les jours. Evidemment , sa carrière est faite, si en plus de qualités qui l’ont fait choisir il fait preuve de quelque souplesse. Mais c’est n’est pas à la portée de tout le monde


EN SURVEILLANCE.


Donc, le 4 Mai 1940, à la fin de la matinée , nous appareillâmes , cap au suroît, route sur Bonnaire . A 5 heures du matin. Le 6 , nous étions par le travers de Curaçao, ou le « Dundee » que nous relevions, nous passait les consignes de surveillance et les derniers renseignements . …………….. Rien de nouveau dans le secteur . Il y avait toujours les 7 Bateaux Allemands dans la Baie de Caracas à Curaçao , surveillés par le croiseur Hollandais « Van Kinsbergen » et « Las Antillas », mouillé dans la Baie du Nord - Ouest à Aruba . Ils fumaient bien de temps à temps , mais aucune véritable tentative de fuite ne s’était produite. Alors notre faction commença . On était un peu comme la sentinelle devant le quartier général . : 20 pas à gauche, 20 pas à droite.

De jour, nous croisions à une dizaine de milles de Curaçao, en faisant des routes diverses pour qu’un sous- marin éventuel ne puisse pas se mettre à l’affût De nuit, nous nous rapprochions à distance de vue des bateaux allemands et, comme les nuits étaient claires, aucun d’entre eux n’aurait pu bouger sans que nous nous en soyons aperçus immédiatement La nuit, la mer entre la cote du Venezuela et Curaçao, c’était comme les grands boulevards en temps de paix Un va -et –vient continu de petits « Tankers » faisant la navette entre l’Amerique du Sud et l’île. Ces petits tankers de 1000 à 1200 tonnes, naviguaient feux clairs , bien entendu . chaque fois nous leur signalions « What ship », pour le principe, ils nous répondaient par un numéro……………..



9 Mai , 17 Heures. Nous venons de contourner Aruba par le Nord . Dans la baie du Nord Ouest , il y a bien un bateau tout près de terre . Du linge finit de sécher sur les cartahus de la plage Avant .. Cela fait famille et innocent . Ce qui l’est moins, c’est que le bateau fume. Il a l’air d’allumer les feux .

Deux solutions . Est- ce que n’ayant pas vu le bateau de surveillance pendant quatre jours , il espère avoir encore quelques jours devant lui pour jouer la « fille de l’air » ? Ou bien a-t-il décidé de nous fixer devant Aruba , pendant que sept acolytes de Curaçao appareilleront ? ……….. Nous croisons au large de la baie du Nord ouest La nuit est calme et le ciel étoilé. Aux jumelles, on aperçoit « Las Antillas » qui fume de plus en plus. Vers 6 heures du matin, le 10 Mai , l’aspect de « Las Antillas » est curieux . Il fumait toujours et il donnait de la bande sur bâbord . La fumée sort même de la coque . Il y a certainement un incendie à bord .

Une embarcation à moteur montée par des marins Hollandais en uniformes, tourne autour du bateau Allemand , Ce bateau m’a tout l’air de se saborder .

A 8 Huit heures, l’explication arrive. On m’apporte sur la passerelle le cahier de Brouillon de la T.S.F.. La Belgique et la Hollande viennent d’être envahies ….. Il n’y a pas à hésiter. Je rappelle aux postes de combat et je pénètre dans les eaux territoriales. Hollandaises . Evidemment, cela ne cadre pas avec mes instructions mais il y a des moments dans la vie maritime ou il faut tout seul. Maintenant, l’Antillas donne 30 degrés de bande , et tout à coup , une explosion, certainement d’un engin à retardement , fait jaillir d’énormes flammes . Il n’y a pas à hésiter . Je rappelle aux postes de Combat et je pénètre dans les eaux territoriales Hollandaises. Evidemment, cela ne cadre pas avec mes instructions , mais il y a des moments dans la vie Maritime ou il faut se décider tout seul.

Maintenant, l’Antillas donne 30 degrés de bande, et tout à coup , une explosion, certainement d’un engin à retardement , fait jaillir d’ énormes flammes . Il n’y a plus aucun espoir de s’en emparer. ………………………


UNE DECISION


Car je venais de prendre une décision qui pouvait avoir des suites militaires ou diplomatiques.

Aruba est pratiquement un parc à essence et à Mazout.

Dans le Nord , il y a les raffineries de la Shell , et dans le Sud celles de la Standard. Pour vous donner une idée de l’importance de ces parcs , je citerai seulement les chiffres de 1937 qui, en 1940, n’avaient fait probablement qu’augmenter . Standard : Production journalière 3 00 000 Barils ; -Stocks d’essence :2 000 000 de barils ; - Stock de mazout : 1.500 000 de barils Shell : Réserve d’essence d’Avion 1.200 000 barils Le tout à la merci de quelques bombes incendiaires lancées par des civils pro- allemands venant du Venezuela sur des avions de transport , sans appareil de visée .

Si pour des raisons diverses , le ravitaillement des Alliés , via la Roumanie, Syrie ou Golfe Persique , venait à se tarir ( et l’Amérique n’ était pas en guerre ) , la perte d’Arubia serait une catastrophe. D’autre part , sous prétexte de défendre la Standard , on pouvait voir d’une minute à l’autre arriver une Division Américaine qui mettrait l’embargo sur l’île tout entière, et la fourniture aux Alliés serait aussi compromise .

Il fallait donc « mettre les pieds » dans le plat .sans hésiter , quitte à être désavoué après. J’avais donc décidé d’envoyer ma compagnie de débarquement à terre, et de prendre pratiquement possession de l’île pour le compte des Alliés

- Planton , tu diras au capitaine F de venir me parler sur la passerelle . Le lieutenant de Vaisseau F était chef de la compagnie de débarquement . Il avait été enseigne de Vaisseau avec moi .sur le « Contre torpilleur Chacal », lorsque j’en était second : j’avais en lui une confiance absolue qu’il méritait et sa haute taille en imposerait aux Autorités de l’Ile .

- Mon grand, vous allez être content . On débarque …Pendant que nous échangerons des messages chiffrés, par l’intermédiaire de l’O 15 avec le gouverneur d’Aruba et celui de Cura çao. , vous allez faire en sorte que tout votre matériel, vivres, munitions soit paré sur le pont .


« Le gouverneur d’Aruba n’ose pas prendre sur lui d’autoriser notre débarquement ; il se retranche derrière celui de Curaçao, son chef qui ne me parait pas vouloir non plus s’engager D’autres part , il faut qu’avant midi , vous soyez en place Un sabotage est facile, et l’équipage de « Las Antillas ». qui, d’après la façon dont il s’est sabordé , ne doit pas manquer de bombes à retardement , est peut- être en train de préparer le coup .

« Je ne puis vous donner aucune instruction précise , mais il faut que vous preniez toute dispositions pour empécher ce sabotage à tout prix, par tous les moyens, même les plus brutaux . « Dès votre arrivée, à terre, vous verrez le Directeur de la Shell ; c’est un Anglais . Vous lui direz que vous venez l’aider à défendre ses usines et ses stocks . Par lui vous pourrez téléphoner de ma part au Gouverneur d’Aruba que, vu son absence de décision, notre compagnie de débarquement, est à terre. Devant le fait accompli, il sera bien forçé de s’incliner . Je ne pense pas qu’il essaye de vous rejeter à la mer., mais on ne sait jamais. Faîtes comme si vous risquiez d’être attaqué et prenez votre formation en conséquence . D’autant plus que vous allez là un peu en enfant perdu . Dès que vous serez à terre et que vous aurez hissé les embarcations , je m’éloignerai . Vous savez qu’il y a deux batteries de côté dont l’une est prête à tirer. Je ne puis pas risquer un mauvais coup pour le « Primauguet » qui croisera au large , paré à réagir contre les batteries. Si elles ouvraient le feu. « Avant midi, vous m’enverrez un message par votre projecteur de campagne, dès que vous serez en place » .

- Bien Commandant, tout sera paré avant midi.


MOBILISATION


L’annonce du débarquement faisait briller de joie les yeux des 150, de ceux que l’on appelle faussement dans les comptes rendus de prise d’armes « Les fusillers marins ». car il y a bien dans la compagnie tous les fusiliers de bord , mais il y a aussi des canonniers , des torpilleurs, des électriciens, des timoniers, des gabiers, des chauffeurs et des mécaniciens, et même des matelots sans aucune spécialité . Elle forme un tour savamment dosé pour que d’abord, elle puisse se débrouiller dans toute les conjonctures, et qu’ensuite son absence .ne désorganise que le moins possible le « poste de combat » du bâtiment qui doit conserver tous ses moyens d’attaque et de défense .

Comme le « Primauguet » était un bateau ou l’ordre régnait, ou chaque chose avait une place, ou chaque chose était à sa place,. et entretenue avec soin, le débarquement se passa dans un temps record . Avec F., j’étais sur que rien n’avait été oublié et que quelques minutes après son arrivée à terre, il pourrait , si besoin était, se servir de toutes ses armes. Dès que les embarcations furent revenues et hissées à bord , je remis en route et je m’éloignais.

J’ai su plus tard, par le rapport de F., que tout s’était bien passé, que la réception de la Shell avait été enthousiaste, et que celle de la population locale avait « dépassé les limites de la tolérance et même de la courtoisie . »

Bien avant midi, F.m’avait rendu compte par projecteur qu’il était en place et à midi juste l’O. 15 nous signalait que le Gouverneur d’Aruba faisait savoir que le gouverneur de Caraçao « acceptait avec plaisir la présence de 150 marins Français pour défendre Aruba ». S’il est toujours mauvais d’enfoncer brutalement les portes, il est souvent politique de les pousser poliment, mais fermement , jusqu’a ce qu’elle s’ouvrent.

Au début de l’après- midi, on aperçut à l’horizon une division de croiseurs Américains. Un de ses avions , tout en restant hors des eaux territoriales et sans nous survoler ( ce qui eut constitué un acte d’hostilité caractérisé),nous identifia, constata que le drapeau Français flottait sur l’appontement de la Shell, fit demi tour , rendit compte, et la Division Américaine s’éloigna. Dieu sait quelles implications se seraient produites s’il avait débarqué avant nous au Sud de l’Ile ou se trouvent les installations de la Standard Américaine …

Peu après, ce fut le tour du « Dundee » qui venait aux nouvelles . Quand je lui dis que ma compagnie de débarquement était à terre, il me signala « well done ! ». et continua sa route. On a beau être alliés sincères, il y a une certaine satisfaction à devancer son collaborateur.


VISITE AU GOUVERNEUR


Le 12 nous mouillâmes enfin au Nord Ouest de l’appontement de la Shell, n’ayant plus rien à craindre des réactions éventuelles à terre. J’allais remercier le directeur de la Shell de tout ce qu’il avait fait pour nos marins, qui vivaient comme des coqs en pâte, gavés de produits laitiers, de bière Hollandaise, invités dans les familles et qui ne demandaient plus qu’une chose, c’est que ces grandes vacances continuâssent le plus longtemps possible .

Il me donna ensuite une auto pour aller rendre visite au Gouverneur à Orangestadt, dans le centre de l’île Nous nous congratulâmes d’abord sur les résultats de notre mise à terre. Il me fit les plus grandes éloges sur la tenue des marins, leur correction envers les civils, leur discrétion dans toutes les questions d’approvisionnement Je profitai de l’ouverture pour lui annoncer que nous allions être relevés - Par des troupes Françaises ? - Oui ce sont des compagnies appartenant au Régiment d’Infanterie Coloniale de Fort de France - Mais ce ne sont pas des blancs ? - Non mais ils sont citoyens Français tout de même. - C’est un point de vue ….. français . Mais vous savez que sur ce sujet , nous n’avons pas du tout les mêmes idées. Je me demande comment le Gouverneur de Caraçao va prendre ça ….. A force d’insister, je lui fis comprendre qu’il fallait s’y résoudre , ce qu’il fit d’assez mauvaises grâce. Mais quand je lui avouais qu’il s’agissait maintenant de 450 hommes, il refusa carrément, alléguant que le télégramme originel de Curaçao ne parlait que de 150 marins, qu’il voulait bien l’interpréter en « 150 hommes » , mais qu’il ne pouvait aller plus loin dans la voie des concessions . Comme à mon avis c’était des armes de DCA qu’il fallait plutôt que des fantassins, je lui promis de faire accepter son point de vue par l’Amiral des Antilles.


LE COCKTAIL A LA SHELL


Le soir du 13 Mai, je suis invité à un cocktail chez le Directeur de la Shell. Des hommes et des femmes, tous parlant Anglais , tous charmants . On me présente le Directeur de la Standard. Après avoir tourné assez longtemps autour du pot , il m’explique qu’il aimerait bien avoir des marins du « Primauguet » pour défendre St Nicolas . Oui , mais la Standard est une compagnie américaine . Alors je ne marcherai que lorsqu’il Y aura eu une demande officielle du gouvernement d’Aruba . Comme il doit venir demain à Bord , j’attendrai qu’il m’en parle. J’ai retrouvé un ancien élève D’Oxford , ou j’ai eu moi-même l’honneur de passer un an comme élève libre en 1922., lorsque je préparai mon brevet d’interprète d’anglais . Nous parlons de Market Street, du café Cadéna, de Magdalen , de Corpus Christi, de St John, des Dons, des Tuteurs , de Mésopotamia, des courses sur la Tamise Nous sommes tous les deux « dark blues » et nous avons le plus grand mépris pour Cambridge. On ne devrait pas recevoir à l’Ecole Navale élève qui ne parle pas Anglais couramment. Demain à 10 Heures, le Gouvernement viendra en visite officielle et je le saluerai de 11 coups de canon. S’il n’a droit qu’à 9 , ça lui fera d’autant plus plaisir.


RELEVE.


Le « Barfleur est arrivé avec ses 450 hommes de troupe. Le gouvernement monte à bord à 10 heures 30. Il est accompagné du Directeur de la Shell, qui m’à tout l’air d’être un ministre sans portefeuille . Le gouverneur me demande d’assurer la défense de Saint Nicolas et de la Standard. C’est un petit succès diplomatique.

Je donne alors au « Barfleur » l’ordre de débarquer deux mitrailleuses Contre-Avion de 8 m/m, et un canon de 37 C.A. On les montera sur camions . Ce n’est pas l’essence qui manque.. L’après midi , j’apprends que deux avions de transport d’une Compagnie Colombienne viennent d’être volés. par des Allemands. La menace aérienne se précise.

Je fais alors débarquer deux mitrailleuses CA de 13.2 du « Primauguet » qu’on montera sur socle en béton à Saint-Nicolas. Et j’envoie un télégramme à l’amiral Antilles pour demander l’envoi d’une batterie de 75 C.A.

Les compagnies du régiment d’Infanterie Coloniale de la Martinique vont prendre notre place à terre Nos marins qui ont déjà des liaisons rembarquent le cœur gros. Le dicton Anglais « wife in every port ! » . Ils sont reçus par le reste de l’équipage comme des resquilleurs .


RETOUR A FORT DE FRANCE


Dans l’après midi du 18 mai, un communiqué d’inspiration allemande annonce l’entrée en guerre de l’Italie . Immédiatement , je demande des instructions à Amiral Antilles sur la conduite à tenir en cas de rencontre avec des Bâtiment Italiens. IL nous répond de les arraisonner normalement . Un télégramme des Forces Maritimes Françaises donne le même son de cloche.

………..

La nuit se fait, les étoiles ez s’allument et le seul bruit, c’est celui de notre sillage car il n’y a plus besoin de ménager le Mazout et la Martinique nous attend .

Je sais que l’Amiral Antilles est satisfait de notre action. Mais qu‘en pense l’Amiral Darlan, Grand Chef de la Marine ? Je ne l’ai su que sept mois après par un témoignage officiel de satisfaction pour les « Hautes qualités dont il a fait preuve pendant le séjour de son bâtiment sur le théatre de l’Atlantique Ouest, et en Particulier , pour l’esprit de décision qu’il a montré dans l’opération délicate de l’occupation d’Aruba ».

J’aurai pu aussi bien être démonté de mon commandement. Dans la vie du marin, c’est pile ou face….Mais il y a des cas ou il faut jouer, surtout quand on ne joue pas pour soi, mais pour son pays.


Pierre Goybet Contre Amiral

18 Octobre 1946





LES CHASSEURS RESCAPES DE NARVICK ’17 Juin 1940'





Article de Pierre Goybet Contre Amiral


17 Juin 1940, le « Primauguet » est mouillé sur la rive droite de la Gironde, en face de la pointe de Graves, un peu en aval du Verdon. Sur un banc de sable, un pétrolier achève de brûler ; en amont , un gros cargo vient de sauter sur une mine magnétique . Par centaines des bateaux de tout genre et de toute taille remontent le fleuve, chargés à couler bas de soldats sans armes , de civils des deux sexes, d’enfants et même quelquefois de pièces de mobilier . Mon équipage regarde navré l’ampleur de cette déroute , de cette fuite panique dont nous , qui arrivons de Dakar après deux mois dans les Antilles, ne pouvions nous faire aucune idée . Nous sentons que tout est perdu…..


Sans avoir d’instructions précises, je sais que le « Primauguet » a été mis sous les ordres directs de l’Amiral Darlan et nous pensons tous que nous sommes là pour embarquer le Gouvernement et l’emmener hors de France ; en Afrique du Nord ? en Angleterre ? Le canon tonne du côté de Royan ; il va falloir que le gouvernement prenne une décision rapide , car le « Primauguet » a été mis sous les ordres directs de l’Amiral Darlan et nous pensons tous que le nous sommes là pour embarquer le Gouvernement et l’emmener hors de France ; en Afrique du Nord ? en Angleterre ? . Le canon tonne du coté de Royan ; il va falloir que le gouvernement prenne une décision rapide , car le « Primauguet » ne pourra pas rester là mouillé longtemps, cible trop tentante pour les avions et les canons à longue portée.


DE NARVICK AU VERDON .

Vers 17 heures, un grand « Douarnenez » à moteur s’approche de nous, demande l’autorisation de nous accoster par bâbord . Sur son pont sont rangés des soldats , en tenue et en armes . Ils portent la tenue des Chasseurs alpins de Narvick . On amène une échelle de pilote et deux officiers montent à bord , un lieutenant et un Sous-Lieutenant qui me racontent leur odyssée. Depuis Narvick, par toutes sortes de moyens de transports ils ont défilé le long des côtes. de France . Dans chaque port on leur dit : « Allez plus au Sud , les Boches arrivent et nos troupes sont déjà en retraite ». Finalement les voilà au Verdon……….

Le lieutenant me dit « Je suis Lieutenant de réserve et Dominicain dans le civil. Mon sous lieutenant est frais émoulu de St Cyr . La centaine d’hommes que vous voyez là , c’est tout ce qui reste de notre groupe . Jusqu’à maintenant , ils veulent s’arrêter là ou il existe une ligne de résistance française et SE BATTRE. Nous avons nos armes, nos munitions et si, vous pouvez nous donner quelques vivres de réserve , nous allons essayer de rejoindre les troupes qui semblent se battre du côté de Royan Dans tous les cas, nous aimerions que vous descendiez sur le « Douarnenez » dire quelques mots à nos hommes , sur lesquels votre âge et votre grade, et le fait que vous êtes encore du bon coté de la ligne de feu, feront certainement impression ».



CONVAINCRE ET NON COMMANDER


Je descendis au milieu des chasseurs. Ils avaient cet air un peu buté qu’ont toutes les troupes du monde quand ça ne va pas. Il fallait convaincre et non commander. Je commençai par leur dire que moi aussi, j’étais Chasseur Alpin ….Honoraire ,…que j’avais fait souvent les manœuvres d’ été et les marches d’hiver à ski avec le 30 ème BCA que commandait mon père. Que je connaissais leur mentalité aussi bien que celle de nos matelots et que je savais qu’ils aimaient comprendre au lieu d’ exécuter passivement

Je leur fis un tableau de la situation, telle que mes renseignements me permettaient de le brosser . Il ne fallait pas qu’ils comptent sur une ligne de défense organisée . Que lorsqu’ils auraient épuisé leurs munitions , ce qui ne serait pas long, ils n’avaient à compter sur aucun ravitaillement . Débarqué pour aller se faire prendre à Royan serait un véritable suicide . Une retraite en ordre comme la leur n’était pas une fuite .

L’armistice qui était dans l’air, n’était plus qu’une question d’heures et il fallait absolument qu’ils restassent du bon coté de la ligne de démarcation, car la France aurait besoin d’avoir là le plus d’hommes d’élite possible, car elle en aurait bien besoin.


CONTINUER LA LUTTE


- J’espère bien qu’on va continuer la lutte en Afrique du Nord ; Embarquez-nous sur le « Primauguet » et mettez-nous à terre en Algérie ou au Maroc, dit alors un des portes-paroles . - Malheureusement, répondis je ne sais pas du tout quel port on nous fera rallier ; cela peut être en Angleterre, aux Antilles , comme au Maroc . Si au contraire, vous avez confiance en moi, et en vos chefs, je me fais fort de vous faire rapatrier sur Grenoble ou se trouvent votre dépôt , vos amis , sans doute plusieurs de vos familles , et je vous donne ma parole que personne ne vous traitera d’embusqués et que c’est le plus grand service que vous puissiez rendre au pays Vous vous êtes déjà sacrifiés pour lui à Narvick et ailleurs, sacrifiez-vous encore une fois »

C’était « Touch and Go » comme disent les Anglais, mais le bon sens prévalut Je remontai à bord , fis envoyer aux chasseurs toutes les bonnes choses à manger, à boire et à fumer que l’on put dénicher à la cambuse et à la coopérative Mes hommes l’avaient déjà presque pillée et lançaient des paquets de cigarettes et du chocolat aux chasseurs restés sur le « Douarnenez » . Il fallait maintenant que le patron du dit bateau acceptât de les conduire à Arcachon et cette fois –ci , il n’était plus question de convaincre mais d’ordonner .

Le patron grimpa à l’échelle de pilote et poussa les hauts cris à l’idée qu’il fallait aller encore plus au Sud . Bien entendu , il n’avait presque plus de gazoil, plus de vivres, etc….Je lui tins à peu près ce langage :

« Je suis Commandant Supérieur sur rade (comme j’étais seul, cela ne pouvait faire de doute) On va vous donner quelques barils de Gazoil, des vivres, une carte à grande échelle et …des ordres écrits, vous appareillerez demain au lever du jour et vous avez moins de 100 milles de route . Le lieutenant des Chasseurs vous donnera à l’arrivée une attestation des services rendus par vous, tous les bons de réquisition que vous voudrez , mais il faut absolument que vous arriviez avant que les Boches soient à Bordeaux . »

Nous préparâmes les ordres ; en plus de ceux du patron, il y en avait pour le lieutenant qui devait rallier Grenoble par les moyens les plus rapides . Enfin sous la forme la plus technique, nous requérions le Maire d’Arcachon dans le cas ou il n’y aurait pas d’autorité militaire que nous rendions responsable de l’exécution des ordres du lieutenant ., Je ne sais quelle valeur avait cette réquisition mais on la couvrit de tant de cachets impressionnants que nous sûmes plus tard qu’elle avait fait son petit effet.

Au point du jour le « Douarnenez » décolla ; on échangea des hourras, des souhaits de bonne chance . Quelques heures plus tard, nous fûmes attaqués par des avions et si le « Douarnenez avait été accosté, cela nous aurait rendu plus difficile un appareillage , seule défense possible en l’occurrence contre des attaques .

Plus tard, je reçus au Maroc une carte du Commandant du bataillon, datée de Grenoble me remerçiant de l’aide apportée à ses chasseurs et des décisions que j’avais prises….

Ainsi, le Maroc a de nouveau des chasseurs à pied . Leur passé dans ce pays leur l’accueil qu’on leur y fera. Qu’ils permettent à un retraité de joindre sa modeste bienvenue ; elle aura plus de poids s’ils comprennent bien qu’elle vient d’un cœur qui a conservé en lui un petit morceau de passepoil jonquille, qui lui vaut le temps ou il vécut parmi eux , en paix et en Guerre du temps des canonniers marins de 14-18.


Pierre Goybet Contre- Amiral du cadre de réserve.




SUR LA ROUTE DE DAKAR ou Pierre Goybet combatif.




Extraits du livre : La flotte convoitée écrit par Anthony Heckstall-Smith presse de la cite 1964.

Darlan à Vichy avait répété qu'aucun bateau ne tomberait aux mains des Allemands........

l'Operation "menace"

Dakar! Prendre Dakar , a dit Churchill, constituait un objectif de valeur, rallier l'empire colonial français, un objectif de plus grande valeur encore. Ses plans pour etablir le general De Gaulle et les français libres à Casablanca n'ayant pas abouti, il fut conduit à regarder plus au sud, vers la capitale de l'Afrique occidentale Française..........

Le 18 septembre 1940 à 13h20, Churchil fit partir un télégramme autorisant la poursuite de l'expédition.

Dès lors cette curieuse opération menace prit un développement encore plus curieux !

Dans la nuit du 18 Septembre, Bourragé, ignorant complètement la présence de la force M sur sa route, appareilla de Dakar pour Libreville avec ses trois croiseurs; les contre torpilleurs restèrent au port à cause de l'insuffisance de leur rayon d'action. le lendemain matin, l'amiral constata qu'il était suivi à vue par les croiseurs Cumberland et Australia, mais résolut de continuer. Dans l'après midi, il reçut un messuge du croiseur Primauguet qui, à un millier de milles plus au sud, escortait le pétrolier Tarn. Les croiseurs Delhi et Cornwall, signalait-il lui barraient la route dans le golfe de Guinée.

En fait ces croiseurs avaient arreté le Primauguet et remis à son commandant, le capitaine de vaisseau Goybet, une note l'avertissant qu'ils avaient l'ordre d'empecher tout navire de guerre Français d'entrer dans un port de l'Afrique Occidentale.

Goybet était disposé à combattre, mais Bourragé lui ordonna d'éviter à tout prix un engagement avec les Britanniques. A contre coeur, Goybet se dirigea sur Casablanca avec le pétrolier. La route etant bloquée devant lui et ne pouvant compter sur du Mazout à Libreville, Bourragé maintient son cap jusqu'a la nuit, puis il fit demi tour et se dirigea vers Dakar à toute vitesse, laissant le Cumberland et l'Australia derriere lui. Mais le Gloire eut des ennuis de machine et , l'australia l'ayant rattrapée, consentit à retourner à Casablanca.

Le Montcalm et le Georges Leygues arrivèrent à Dakar le 22 Septembre. Le malheureux Bourragé y apprit qu'il avait fortement déplu à Darlan en ordonnant A Goybet de ne pas engager le combat. En conséquence , il était relevé de son commandement et remplacé par le vice Amiral Lacroix, de la 3eme escadre de croiseurs déja parti de Toulon en avion.

Plus en détail dans echec à DAKAR de john A.WASTON Robert Laffont.

Le C.V. Goybet comprenant que le combat serait inutile et aurait de serieuses repercussions politiques , demanda et obtint qu'on lui laissat jusqu'à 17 heures pour communiquer avec son chef . C'est ainsi qu'à 16 heures l'amiral Bourragué reçut à bord du georges Leygues le télégramma en clair suivant.

Amiral Georges Leygue de Primauguet n°643, un ultimatum de Cornwall et de croiseur type Delhi nous oblige à combattre ou à faire route sur Casablanca à partir de 17 HEURES GMT. Vu importance internationale , décision à prendre, demande instructions précises 15h45 19/9/40."

A la résolution de la crise voici le message du general de Gaulle.

general de Gaulle à Commandant Primauguet .

Suis informé de votre attitude et votre situation. je tiens à vous dire que si vous desirez vous rendre à freetown pour vous ravitailler ou pour toute autre cause, vous pourrez le faire à votre gré . Dans ce cas je vous accorde ma parole d'honneur que vous et vos equipages resteront librement à bord de votre navire et que vous pourrez ensuite si vous le désirez, regagner Casablanca (20/08/40).

Dans un pavillon sans tache de Alex WASSILIEF l'evenement est encore relaté.

Avant ceci, Pierre GOYBET avait transporté l'or de la banque de France, l'or BELGE et les joyaux de la couronne BELGE Pour ne pas qu'ils tombent aux mains des Allemands.

Le livre " LA Bataille de l'or retrace cette épopée. "


Au début des hostilités avec l'Allemagne le PRIMAUGUET avait été désigné pour faire evacuer le gouvernement en cas de besoin. Preuve de la qualité de son navire et des capacités de son commandant. Le Primauguet est prévu pour transporter le Président de la republique et sa suite en Algerie, en cas d'echec des pourparlers d'armistice.

Le 8 NOVEMBRE 1942, Pierre Goybet, est encore au coeur de l'action avec le debarquement Americain à Casablanca. Il est commandant du port et négocie avec les Americains. Il reçoit chez lui les generaux Patton , kees et Wilberg pour traiter la cessation des hostilités . Ses etudes à OXFORD et la sympathie de la famille pour les Americains et les Anglais a du être bien utile dans ces heures difficiles ou la marine Française est demeurée " un pavillon sans tache ".

IL est nommé Contre Amiral





ADRIEN GOYBET ET LA COLONIALE



il nait le 29 Juin 1922 A Ecully (Rhone), fait ses études successivement aux maristes de la Seyne / mer (var), au Lycée de Toulon et au Lycée Lyautey à Casablanca ( Maroc). Etant en classe de préparation à St Cyr , est appelé sous les drapeaux après le débarquement Américain à Casablanca en Novembre 1942, suit les cours de l'école d'éleves officiers de Médionna- Sorti Aspirant le 10 Mai 1943.

Affecté successivement aux - 4eme RTS à Mostaganen (Algérie) 6° RTS à Aboukir ( Algérie) - Corps leger d'interventio en E.O. à Djidjelli (algerie)

- Dirigé sur les Indes Anglaises via l'Egypte pour faire partie du détachement des Indes sous les ordres du commandant Crevecoeur et suivre les stages de mission spéciales ( commando, parachute, renseignement, demolition, missions marines) de Mai 1944 à Novembre 1944.

- Dirigé sur l'Australie en NOVEMBRE 1944 pour y subir l'entrainement spécial des missions marines avec la force 136 ( sous les ordres de l'Amiral Mountbatten, Commandant en chef dans le Sud Est Asiatique .)

- Quitte l'Australie pour les Indes ( Calcutta) en Juin 1945 pour être parachuté en mission spéciale au Cambodge encore occupé par les Japonais . Il prépare le débarquement des troupes du General Leclerc. Parachutage en "Blind" d'un petit groupe de 6, sans comité de réception au sol en territoire occupé par l'ennemi. Promu Sous Lieutenant de réserve le 25 Juin 1945.

- Rentré d'indochine en fin de mission en Fevrier 1946. Affecté au Maroc, se fait intégrer dans l'armée Active à compter du 25 Decembre 1946.

- Désigné pour l'Afrique occidentale Française . Arrivé dans la colonie le 7 juillet 1947 , est affecté à Kankan (Guinée) ou il restera jusqu'au mois de mai 1950 . Nommé lieutenant le 1er Decembre 1948.

- De retour de Guinée est affecté au MAROC (Casablanca) et partira pour l'indochine (Tonkin) en Octobre 1951. Sera d'abord officier de renseignements du secteur de Phu-Ly (20 mois). Il participe à toutes les opérations de ce secteur , le plus exposé du Tonkin à la tête des unités qu'il renseigne . Il sera ensuite adjoint du chef du 2eme Bureau de la zone Sud à Nam-Dinh.

- De retour en France en Mars 1954, est affecté au 110 eme R.C.I.à Constance en Allemagne. Après quatre mois de séjour en Allemagne, est affecté au bataillon de marche N° 2 " Blizzard" qui est dirigé sur la Tunisie en Novembre 1954. Il arrive à Gapsa pour étouffer la rébéllion Tunisienne.

- Le bataillon de Tunisie, fait mouvement sur les Aures(constantinois) en Mars 1955 ou vient d'éclater la rébéllion Algérienne, pendant 3 mois , le lieutenant Goybet sera chef du 4 eme bureau de la zone opérationnelle Sud- constantinois à Batna, puis sera désigné pour un nouveau séjour Outre-mer, l'A.E.F. ou du 16 Decembre 1955 au 17 Juin 1958, il sera successivement Commandant de la Compagnie de Transit et de Garnison et commandant de l'Escadron Blindé de Pointe-Noire (congo). Capitaine en Avril 1956.

- Nouveau séjour en algérie d'Octobre 1958 à Mars 1961 au sein du 16 Eme Rima ou il est successivement Commandant des sous quartiers isolés (Rokmia et Lannoy) dans les montagnes du constantinois ( Region de Jemmapes) et Officier adjoint et opérationnel du Commandant de Bataillon à Jemmapes 2/16 Eme RIMA.(quartier du constantinois).

Il s'est pazrticulièrement distingué le 7 Mars 1959 ou sa compagnie à accroché et donné l'assaut à deux reprises à une bande rebelle invincible depuis plus de 4 ans et s'est retrouvé par la force des choses commandant de l'opération que des parachutistes demandés à Constantine étaient venus renforcer.

- Affecté au centre d'instruction du service du matériel à Montluçon (allier) de Mars 1961 à Juin 1962. Désigné pour le pacifique ou il débarque le 27 Juillet 1962 à Nouméa . Affecté à l'etat-major du General Commandant Superieur des troupes du Pacifique . Il est chef du détachement de sécurité militaire du General commandant les troupes du pacifique.

- Affecté à l'école d'applicationde l'infanterie ( st cyriens) de St Maixent , en qualité de Directeur de l'enseignement de l'Anglais à l'E.A.I.



ADRIEN GOYBET ET LA FORCE 136






Adrien suit le stage des missions spéciales avec cette force 136, placée sous les ordres de l’Amiral Mountbatten Commandant en chef dans le Sud Est Asiatique, dont un commando a inspiré le « célèbre Pont de la rivière Kwai » . Il suit cet entraînement en Indes Anglaises et parfait son stage avec l’entraînement des missions marines. en Australie


Nommé Aspirant le 26-04-44 , Adrien Goybet débarque aux indes à New –Delhi le 17-05-44 servant dans la force 136 . Il est en stage à Poona (proche Bombay) et à Harnay.

Il est désigné pour suivre un entraînement spécial en Australie.. Il embarque le 03-11-44 et débarque le 17-11-44. à Melbourne. Il suit un stage à l’ile Frasen dans le Queensland, puis à Ringwood (Victoria). Stage de parachute à Richmond (New South Wales). Il quitte l’Australie pour Calcutta , son stage fini, en Juin 1945, pour être parachuté en mission spéciale au Cambodge.


« Extraits de causeries du lieutenant Adrien Goybet sur la force 136 en Extrême Orient et l’apprentissage des opérations Commando . » à Kankan en Guinée en 1948.


La force 136 daterait du début de la campagne de Birmanie en 1942. . Centres d’entraînement aux Indes et Australie . Cette organisation était apparentée à l’Intelligence Service. Ce corps cosmopolite, composé de tous les pays ayant un intérêt en Extrème Orient, y était représenté. C’était un outil très précieux de Guerre pour l’action menée contre « l’insaisisable Japonais. ». La création d’une force spéciale était nécessaire pour annihiler les arrières Japonais. Des agents furent parachutés en tout point des territoires pour contre-carrer la propagande Japonaise. Des missions d’action , d’autre part étaient envoyées pour neutraliser les centres industriels et briser le moral de la troupe Japonaise (et surtout celui des officiers) par des actions de guérillas contre les convois de ravitaillement en vivres et munitions . En plus de ces opérations, les agents de renseignements étaient souvent recrutés sur place, soit parachutés ou amenés par tout autre moyen en Pays Ennemi avec postes radio. L’opération de démolition n’était possible que si l’on possédait des renseignements très précis sur l’objectif à détruire, un moyen très sur et très secret pour y accéder. permettant ainsi la surprise et partant, le succès.


L’ENTRAINEMENT DE LA FORCE 136


L’EASTERN WARFARE SCHOOL (Ecole de guerre extrême orientale). EN INDE.


Cadre magnifique de montagnes avec un lac artificiel pour permettre l’entraînement marin des élèves. L’entraînement des élèves comprenait un stage de démolition ( le plus important ), un stage à la mer , l’étude de l’armement , la topographie (marches à la boussole, relevés d’itinéraires, étude des cartes, activités diverses (nœuds de bateaux, etc..) ).

- ‘Le parcours du risque ‘ Tirs réels. Charges d’explosifs commandés à distance sautaient à la volonté du directeur de l’exercice. Il fallait se familiariser avec les détonations de combat et tous les obstacles possibles. Deux facteurs essentiels dans la préparation des combats de commandos « Rapidité qui permet d’effectuer la mission avant que l’ennemi contre attaque et apprendre enfin à utiliser ses armes en tirant instinctivement sur des objectifs plus ou moins camouflés dans les conditions de combat.


- ‘Le ‘Silent Killing’ ou meurtre silencieux ‘ Pratiqué sur des mannequins . Les objectifs à détruire étaient toujours gardés par des sentinelles . Le meurtre silencieux de la sentinelle permettait d’agir et le temps d’être déjà loin avant que l’éveil soit donné par l’explosion à retardement.

- ‘Les opérations de démolition’ 2 fois par semaine dans les environ du Camp . Missions de démolition , attaque de convois, attaque de bateaux avec comme moyens : Marche à pieds ou sur l’eau en Kayaks . Se rendre en Kayaks jusqu'à 20 Km de l’objectif , se camoufler , effectuer la démolition et retour sur mer . Objectif , faire tout ceci dans le silence le plus absolu.


-L’étude détaillée de l’armée Japonaise Un musée Japonais avait été aménagé ( bateaux, aviation, uniformes, etc..).

- Photographie aérienne : Relief de terrain ou structure des batîments

- Stage de parachute dans le Kashmire . 3 sauts obligatoires dont un de nuit .


- Stage de la mer dans un petit village de pêcheur sur la côte Ouest des Indes à la hauteur de Goa. Pendant 15 jours il fallait apprendre à manier le Kayak par tous les temps. C’était un moyen de transport pour opérer de nuit, soit dans les ports, soit sur la cote ou le long des fleuves. Des sorties de 50 miles dans la nuit n’était pas extraordinaires. « On apprenait à embarquer les kayaks dans un sous-marin après les avoir démontés et le contraire évidemment . Emerger de l’eau de nuit en sous marin, sauter sur le pont et remonter le kayak en toute hâte pour permettre au Sous Marin de ne pas se faire repérer en disparaissant le plus vite possible. Le kayak était un moyen discret pour tous types d’opérations ».


- Le stage de jungle A cent kilomètres de Harnai dans la vraie Jungle Hindoue. Le but était de mettre en contact l’élève avec la vie de la jungle et se débrouiller à vivre ( pèche, chasse, cueillette, soins par les plantes,…). Et en plus un caractère Tactique ( Progression, embuscades, marches à la boussole, installation de postes ).

- Le dernier stage ‘ Le plus amusant’ c’était celui d’Agent. On y apprenait le Contre Espionnage , le vol de documents, l’établissement de plans, la propagande, la photographie , le maquillage.


Pour achever la formation, il y avait des visites d’usines, centrales électriques , dépôts d’essence , gares, ponts, barrages, étaient destinés à montrer aux élèves d’une façon pratique quelles étaient les parties vitales des dispositifs , de façon à les rendre inutilisables dans les meilleurs délais avec un minimum d’explosifs



LA FRASER COMMANDE SCHOOL EN AUSTRALIE


En Australie , entraînement équivalent à quelques différences. L’entraînement de la ‘Fraser Commande School ‘ était destiné plus spécialement aux missions de démolitions marines .


L’ île Fraser était une île déserte à 10 Miles de la cote Nord de Brisbane . On apprenait à naviguer un Dundee de 70 Tonneaux environ à voile et à moteur.

Le but de la force 136 était la destruction par un petit nombre d’individus bien entrainés d’objectifs très importants menaçant la vie de l’armée ennemie.

Opération qui devait être étudiée avec minutie ( maquettes et chazges explosives préparées à l’avance ). Entreprise tentée qu’ avec 99 % de chance de réussite . Le secret est indispensable dans toutes ces opérations . Le petit commando s’attaque toujours à un colosse, et pour le tuer, il faut une action brutale contre ses parties vitales sans qu’il s’y attende.

Un commando de la force 136 a inspiré le célèbre « Pont de la rivière Kwai. ».


Adrien Goybet, suite à son entraînement dans les forces spéciales se déclare volontaire pour une mission en Indochine occupée par les Japonais.





LA MISSION « INSTEEP »





Le Général Japonais commandant le Cambodge ne respectait pas le cessez le feu officiel entre les Alliés et le Japon du 15 Aout 1945.

La mission de renseignement « Insteep » est envoyée par la section .de liaison en Extrème Orient , SLFEO (DGER). Elle est composée de 3 Officiers dont le Commandant Gajau allias « Gallois » , de son adjoint le lieutenant Goybet, d’un radio et de .3 Sous Officiers .

Le commandant ‘Gallois’ était représentant du gouvernement provisoire de la République Française.


Ce groupe est parachuté en mission de guerre le 31 Aout 1945 à Kompong Speu . (Cambodge) en pays occupé par les Japonais et sans comité de réception au sol, en « Blind ». comme disent les Anglais . « Nous avons sauté dans l’inconnu le plus absolu. Nous avions 9 chances sur 10 de nous faire capturer par l’ennemi . Le commandant avait sa tête mise à prix 20000 Piastres et moi-même 10000 . Il s’agit des sommes promises pour la suppression des ‘ principaux Hommes Parapluie.’ Comme l’ont appelé la presse locale. »


Témoignage de satisfaction pour les opérations de renseignement par le Haut Commissaire Amiral Dargenlieu et General Leclerc commandant en chef. « Haute estime et félicitations de votre action 13. 09.45, vous remerçie vivement pour vos importants renseignements , vous demande de continuer grande activité que vous et votre équipe déployez. »

Citation à l’ordre du régiment , accordée par l’Amiral Dargenlieu le 23 Avril 1946.

« Volontaire pour une mission en Indochine, a été parachuté le 31 Aout 1945 sans comité de réception au sol, dans la région de Pnomh Penh. A fait preuve de courage et de sang froid dans des conditions difficiles et particulièrement dangereuses. »

Adrien Goybet obtint le brevet de parachutiste et la croix de combattant volontaire ‘barette ‘ Indochine’.

« D’autres missions n’ont pas eu la même chance et ont été capturées et ses membres, nos camarades, torturés à mort. »

La mission obtint la reddition sans conditions du Général Japonais , commandant la Zone de Pnom Penh. Les opérations de renseignements stratégiques ont préparé le débarquement des troupes du Général « Leclerc ».




2 EME GUERRE D’INDOCHINE : FAITS DE GUERRE.


D’ADRIEN



Le Général de Corps d’Armée de Linares, Commandant des Forces Terrestres du Nord Vietnam.

O.G. N° 2095 du 23 Novembre 1952. Citation à l’ordre de la Division.

Goybet Pierre Marie Adrien. Lieutenant section de Cdt secteur de Phu Ly. « Officier de valeur qui exerce depuis 9 mois les fonctions d’O.R. du secteur de Phu Ly. ( N-V-M). Ayant pris une succession difficile , à su grâce à son travail, son intelligence et son sens de l’organisation , mettre sur pied un S. R. actif, efficace, dans une région particulièrement délicate. N’a pas hésité , à plusieurs reprises à se rendre personnellement dans une zone non controlée afin de mieux diriger les fouilles de villages et arrestations de suspects, faisant preuve de courage et d’une grande conscience professionnelle, en particulier , au cours de l’opération du KHE NON ( N.V.N.) du 18 au 26 Septembre 1952, a permis aux troupes mobiles , grâce à sa présence et à la précision de ses renseignements, de découvrir des sous- terrains importants, récupérer des armes et d’importants approvisionnements, a ainsi contribué pour une large part au succès de l’opération . Cette citation comporte l’attribution de la croix de guerre des T.O.E. aux étoiles d’Argent « Théatre d’Opérations Exterieures ».


Le General de Brigade (CR), Pierre Denat , exerçant en 1952-53 comme Chef de Bataillon, Commandant le secteur de Phu Ly (Nord Vietnam) atteste que le Chef de Bataillon , Goybet a servi sous ses ordres comme Lieutenant Officier de Renseignements du secteur

A ce titre, déployant une activité incessante pour fournir aux unités en opération , des renseignements efficaces pour la destruction de l’ennemi, et n’hésitant pas à payer de sa personne pour appuyer ces actions sur le terrain, s’est révélé être un remarquable exécutant , d’un courage et d’un sens tactique très affirmé. Parmi les opérations au succès desquelles il a fortement contribué, il convient de citer :


1) L’évacuation du poste de PHU- KHE

L’ évacuation de ce poste très menaçé ayant été décidée par le Commandant, le Lieutenant Goybet , à la tête du peloton de Half-Tracks, a mené à bien cette opération, réussissant malgré le harcèlement constant de l’ennemi à ramener intacts personnels et matériels du poste, tout en infligeant des pertes à l’adversaire.


2) Dégagement de l’embuscade de KESO.

Un élémént motorisé étant tombé dans une embuscade au carrefour de Keso , au cours de laquelle le Chef de Bataillon Perceval trouva la mort, la rapidité d’intervention des secours déclarée à l’initiative du Lieutenant Goybet , permit la mise en fuite des auteurs de l’embuscade et l’arrestation des complices, qui furent par la suite, déférés devant le tribunal militaire d’Hanoï .

3) Actions contre les trahisons dans les postes isolés.

Les garnisons de supplétifs étant soumises à la propagande Viet . Minh dans les postes isolés, le Lieutenant Goybet , par une action préventive du renseignement, contribua au sauvetage de plusieurs d’entre eux, notamment la cote 63 et KY CAU , qui sans son intervention , seraient tombés par trahison entre les mains de l’ennemi

4) Sauvetage du poste de THUONG – KHE. 5) Ayant appris, sur renseignements que ce poste devait être l’objet d’une attaque imminante par un bataillon Vietminh et ayant pu localiser l’emplacement de celui çi, le lieutenant Goybet fut à l’origine de sa destruction partielle , par bombardement aérien et tirs d’artillerie, sauvant ce poste d’une destruction certaine. L’intervention préventive de l’orientation et l’artillerie , laisse plus de 200 morts sur le terrain du Bataillon Vietminh et celui-ci perdit son potentiel de combat pour de nombreux mois.

Signé General Denat


Note du chef de bataillon Goybet sur le secteur de PHU LY le « Merdier du Tonkin ». « J’ai été officier de renseignements dans ce secteur de Février 1951 à Novembre 1953, sur le terrain chef de commando, etc….soit près de 20 mois . Le Général O’Daniel envoyé spécial du Général Eisenhower, President des U.S.A., que j’ai reçu une heure dans mon bureau « Bunker » m’a dit : ‘ Un officier Américain, on ne l’aurait pas laissé 6 mois à PHU LY. ‘ »

Lettre du Général Bigeard du 14/01/95. qui aurait été renseigné par le Lieutenant Goybet à l’époque. « Cher ami, cher Para , de tout cœur merçi. A vous les vôtres…l’affection de votre vieux soldat …….. qui aura 20 ans demain et vous souhaite tout le bonheur possible dans notre France de 1995 à la recherche de sa véritable Identité….Espérons . En souvenir de ce coin pourri de PHU LY Au Tonkin ou en qualité d’officier de Renseignement vous avez donné le meilleur de vous-même.

Si fidèlement

Signé : Bigeard



Lette du Géneral Pierre Denat 03.01.79


Parmi la vingtaine des secteurs du Tonkin, PHU LY était l’un des deux ou trois les plus gangrenés et les plus difficiles à tenir.


Les succès y étaient rares et les revers nombreux . C’est à dire le courage et l’opiniatreté dont ses défenseurs devaient faire preuve pour accomplir leur mission. Les pertes subies, environ 1500 hommes , si j’ai bonne mémoire ( 6 officiers sur 12 en 15 jours) , sont là pour en témoigner. Dans cette guerre d’usure, l’officier de renseignement est toujours en éveil, et ne connaissant pas de répit, avait un rôle essentiel à jouer .

De la rapidité et de la précision de ses informations dépendait souvent l’efficacité d’une riposte permettant de préserver la vie des combattants.

Vous avez parfaitement exerçé ces fonctions grâce à votre expérience et à vos qualités intellectuelles et j’ai été très content de vous avoir à mes cotés pendant 9 mois de Commandement du secteur.

Signé General Denat


O.G. N° 2643 du 15-08-53 du Général de Division DI COGNY, commandant les forces terrestres du Nord Vietnam. Cité à l’ordre de la Division :

Goybet Pierre Marie Adrien, Lieutenant « Officier de renseignement particulièrement dynamique et perspicace , qui a su , Grâce à son activité et à l’efficacité du Reseau qu’il a crée, obtenir des informations de premier Ordre.

A contribué pour une large part au succès des opérations de nettoyage à caractère local menées dans le KIM BANG et le THANH- LIEM par le 6 ème B.V.N. en Fevrier et Mars 1953 et personnellement dirigé deux raids en zone non contrôlée le 23-01-1953. à THIN CHAU et LAT SON (Nord Vietnam) et le 21-03-1953 à TRACH-TO, ramenant de ces deux opérations plusieurs fusils, des prisonniers importants et de nombreux documents


Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. avec Etoile d’Argent.

(Ces textes sur Adrien Goybet sont dédiés à Adrien Aureille, arriere petit fils de celui çi).


LA PEINTURE D'ADRIEN GOYBET



lette du 14 MAI 1989 A L'AMBASSADE DES ETATS UNIS.

Mesdames, Messieurs,


Je suis artiste peintre, petit-fils du général Goybet qui a eu le grand honneur de commander la 157 eme division en 1917 et début 1918 dont faisait partie la 371 ST. Infantry US.( Cf "Negro troops" in the World war by chester D.HEYWOOD).

Moi même, j'ai interrompu ma carriere comme chef de bataillon d'infanterie de marine (Marines) et j'ai beaucoup voyagé et combattu (parachuté en indochine en 1945 "Blind"- Indochine de 1951 à 1954 - Six ans d'Afrique Noire - plus 3 ans dans le pacifique, sans parler de mes nombreuseses années dans le "Djebel" en Algérie.

Mon père, le Contre Amiral Goybet a eu l'occasion de connaitre les U.S.A. au cours des campagnes de protection des Terres-Neuves dont était chargée la ville D'ys (campagne 34 et 35).

J'espere que vous allez pouvoir me donner votre appui pour faire exposer mes oeuvres dans votre beau pays. En résumé, j'aimerais exposer quelques tableaux à New York ou ailleurs aux U.S.A. et donc avoir quelques adresses de galeries. (1)

Mon style figuratif et tant soit peu naif ressemble à celui des impressionnistes. Je suis moi même, n'imitant personne. Je n'ai jamais été influencé, heureusement, par un quelconque courant, une mode et n'ai pas été, à mon avis déformé par une école de beaux-arts ou un maître artiste peintre. Je ne suis aucun conseil. J'ai quand même pas mal d'admirateurs et admiratrices.

Je ne peins que lorsque me vient l'inspiration. Dans mes sujets, en dehors des paysages, il y a de la tendresse et de la beauté, un peu d'érotisme et surtout de la sensualité; j'essaye de fixer sur la toile ou les dessins, les jeunes femmes de notre époque, et gràce à mon sens de l'observation, j'arrive à les "photographier" et à les immortaliser sur une toile. Comme disait François Boucher, le peintre de Louis XV, je peins avec mon imagination et ma mémoire" Tous mes modeles, je les ai vus, ou même chose, incroyable, je les verrai après avoir fait le tableau . Cela m'est déja arrivé plusieurs fois.

................

J'ai exposé quelques peintures à Ramatuelle Saint Tropez), à Clermont- Ferrand, au Puy en Velay (expo internationale ), à nouméa (expo internationale) ou mon tableau est à vie au musée;fondation Paul Ricard à Lyon; j'ai été sollicité par Pusan (Corée du Sud) mais n'y ai pu exposer, vu les conditions d'age, etc....

je ne crois pas vous decevoir .

Adrien Goybet


Felicitations d'un admirateur diplomé de l'etude des beaux arts de Cracovie.

" C'est du Gauguin ! un cri spontané d'un étranger à la vue des tableaux d'Adrien Goybet............ d'un étranger qui n'arrive pas à exprimer en Français l'exotisme, la surprise, la chaleur des tropiques, l'érotisme des beautés métissées que cette peinture éveille en nous au milieu des murs froids d'une grande ville européenne.......

Bonandierich


Poemes



Les ailes de la création

I

La tendre muse dans les nues m'appelle Dans les champs celestes, elle folatrait Parmi les epis scintillants, elle musardait Du firmament, cueillait les noires airelles

II

Chuchotements entre les fibres de mes rêves Bruissements de l'écume sur la grève Clameur du vent qui se lève

III

Mon coeur est lourd et mes ailes pesantes. Il n'a pas refermé ses plaies Le cristal de mon ame, jamais plus ne chante Les mots se sont tus, pareils à des spirales de craie

IV

Des illusions ephémeres, tu enfanteras dans la douleur Tes ailes te porteront dans l'ivresse des profondeurs. Ma tendresse t'accompagnera vers cet apre bonheur.

H.G.


Our Friendship

Bloody sky in the rising sun Sweet milky way in the emptiness Even the storm has it's hope rays And the Rainbow cross the crying days

Chrysalis will become butterfly If we leaves our child's heart, fly Real feelings without lies Tenderness dance in our eyes

H.G.


Le chemin des Dames

I

Le cœur vaillant et le pas assuré , Serti d’un pantalon feu et de guêtres noires La fleur au fusil, ta belle a muré Dans la promesse d’un lumineux espoir

II

Dans un vacarme assourdissant, ont retenti les canons de la Ruhr. La poudre a envahi tes naseaux Du fond de ta porcherie , tu ne voyais plus le jour Tes tripes, vomissait, quand vint l’assaut

III

Un homme est couché là , dans l’herbe tendre Parmi des bouquets de violettes, A travers le feuillage, un rayon de cendres, Vient caresser l’ivoire de ses pommettes

IV

Un papillon déploie ses ailes multicolores Sur son front à jamais indolore Deux coquelicots, sa poitrine, colorent S’il n’y avait ce sourire qui dort

H. G.


In the Twilight

Flying up the city lights Going through bloody clouds Through sky darkness Among web Milky Way I found an Angel A bright star’s dew pearl In my heart child’s tears She is my earthly paradise In this crazy world

H.G.