Citadelle du Château-d'Oléron

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Pont dormant vers la Porte Royale Photo B.ohland

Historique

Contexte global

Sous le règne de Louis XIV, son ministre Jean-Baptiste COLBERT décide en 1666 de construire le grand arsenal militaire de Rochefort. Afin de le protéger, il va ensuite faire ériger de nombreuses fortifications sur les îles et côtes avoisinantes, constituant un véritable "mur fortifié" :
- la citadelle de Saint-Martin-de-Ré en 1685 pour protéger l'accès au Pertuis Breton,
- le renforcement de la citadelle du Château-d'Oléron la même année et le Fort Louvois, à Bourcefranc-le-Chapus, en 1691, pour verrouiller le Pertuis de Maumusson,
- le Fort de Fouras en 1689, le Fort de la Rade sur l'Île d'Aix, en 1692, et celui de l'Île-Madame en 1702, pour contrôler le Pertuis d'Antioche,
- d'autres forts comme Boyard en pleine mer, Enet et Liédot, au début du XIXe siècle

Du site d'origine à la citadelle

Implantation de la citadelle par rapport à la ville en 1734
  • Cette extrémité de l'île a très vite été considérée comme une position stratégique pour surveiller les allées-venues. Les Romains étaient déjà présents à cet endroit et ont fondé un port axé sur le commerce du sel. Une première agglomération se constitue, composée de quelques maisons en bois, deux fossés, un rempart venant s'appuyer sur une ceinture naturelle de rochers. Au XIe siècle les fortifications sont renforcées. Au siècle suivant un château plus élaboré, avec donjon et deux tours rondes, abrite les ducs d'Aquitaine et la célèbre Aliénor. Ce château médiéval est démoli vers 1625.
Sous le règne de Louis XIII, commence alors sur ce même site la construction de la citadelle.
  • C'est en 1630 que l'ingénieur Pierre de Conty d'Argencourt (1575-1655) est mandaté pour démarrer le chantier. Ce dernier est peut-être terminé vers 1641, comme le laissent supposer les armoiries de Richelieu ornant le fronton de la Porte Royale. Le maître d'œuvre suivant, le chevalier de Clerville, consolide l'enceinte par des courtines et des redans.
À partir de 1685, cette place forte est modifiée et agrandie par le spécialiste en ce domaine : Sébastien LE PRESTRE de VAUBAN. Des demi-lunes sont rajoutées, créant un ouvrage "à cornes", et les glacis sont terminés vers 1695. Ce remaniement important a obligé les habitants à se replier en contrebas, et le bourg de Château-d'Oléron prend naissance selon un schéma militaire en quadrillage. La citadelle est ceinturée de nouveaux remparts.
  • Au XVIIIe siècle, le pont dormant est retravaillé, puis la façade de la Porte royale.
  • En 1929, la citadelle est classée aux Monuments historiques[1].


Présentation de la citadelle

Accès principal et site

Alignement des piles creuses du pont
Photo B.ohland
Porte Royale et ses armoiries


L'accès à la citadelle se fait par un chemin montant à la demi-lune royale (côté ville) qui date du temps de Pierre d'Argencourt. Puis il faut emprunter le pont dormant dont les hautes piles enjambant les douves sont toutes pourvues d'ouvertures parfaitement alignées.
La porte monumentale, dans l'épaisseur des remparts, est ornée côté extérieur d'armoiries entourées de faisceaux. Du côté de la cour intérieure, le blason s'est effacé au cours du temps.
La cour intérieure présente une forme plus ou moins triangulaire et deux bâtiments majeurs, la poudrière, sur la gauche de l'entrée, et l'arsenal, tout en longueur, devant la courtine de la mer.
Subsistent également des casemates et des passages dans les talus donnant accès à une grande salle souterraine d'environ 100 m de long.
Enfin, l'arbre de Richelieu, situé autrefois à l'entrée du port pour servir d'amer aux bateaux. Coupé durant la guerre pour y installer une pièce d'artillerie, il a été remplacé par un nouveau en 1889.

Bastions

Il existe deux bastions coté ville, le bastion Saint-Nicolas et le bastion des Quatre Vents.
Le chevalier de Clerville, à la suite d'Argencourt, a fait bastionner le front de mer : le bastion de la Brèche, à l'ouest, est séparé de son jumeau le bastion Royal, à l'est, par la courtine royale longue d'une centaine de mètres et la place d'armes.
- le bastion de la Brèche a connu une double vocation : il a contenu de très grandes citernes d'eau douce, et a servi de prison à de nombreux prisonniers.
- le bastion Royal totalise 77 m de remparts sur une hauteur de 24 m. Sa façade donnant sur la mer a été restaurée.


Arsenal

Arsenal côté ville Photo A. Viala-Balp


D'une longueur de 160 mètres sur une largeur de 12 m, l'arsenal date du XVIIe siècle.
Il présentait trois composantes :
- une salle d'armes et les magasins, au nord
- un lieu de culte grâce à une chapelle, au centre
- les appartements des gouverneurs, dont le premier fut Urbain de Maillé (1598-1650) qui a participé au siège de La Rochelle et est devenu maréchal de France.
L'escalier de la chapelle présentait des marches inclinées, recouvertes d'un plancher dont la première partie étais amovible, donnant ainsi accès à une ouverture sur la mer et permettant l'acheminement des cargaisons à l'intérieur du site.
L'arsenal est le seul bâtiment qui a été épargné par les bombardements de 1945.

Poudrière

La poudrière est nichée dans une combe formée par le bastion Saint-Nicolas. Elle a été construite en 1780, à la place d'un ancien prieuré.
Elle est renforcée sur les côtés par des contreforts. Toutes les précautions étaient prises à l'époque pour éviter une éventuelle explosion : sas d'entrée et aérations en chicanes.
Sa grande salle voûtée abrite un plan en relief daté de 1703, représentant la citadelle et la bourgade attenante.

La citadelle au fil du temps

En hommage aux restaurateurs

La citadelle a connu différentes affectations : prison pour civils et prêtres déportés à la Révolution, prison pour les soldats allemands en 1870, puis garnison, forteresse disciplinaire après la Grande guerre, quartier de l'armée allemande durant l'occupation.
Le bombardement allié décidé par le général Larminat le 17 avril 1945 est terrible, et, en une heure de temps, détruit 95% du site.
Une rénovation commence en 1959 et dure une dizaine d'années. Mais, laissée à l'abandon, la citadelle est peu à peu envahie par la végétation.
À partir de 1987 commence une restauration à laquelle prend part la 22e Compagnie du 21e Régiment du Génie d'Angers.
Ouvert à la visite, le site est devenu un lieu culturel, l'arsenal ayant été transformé en grande salle d'exposition ou de spectacle, achevée en 2015.

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  • Guides touristiques

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