Cathédrale Saint-Gatien de Tours


<Retour aux édifices religieux de Tours
<Retour à la ville de Tours

Cathédrale au début du XXe siècle
CPA J.P. Mélinon

La cathédrale de Tours ne peut pas laisser indifférent.
Car c'est un des fleurons de l'architecture gothique ligérienne[1].
Mais aussi parce qu'elle retrace 1 600 ans d'histoire.

Son histoire

Les premiers édifices

  • À la suite de Saint-Gatien qui parcourut la Touraine au IIIe siècle[2] pour l'évangéliser, saint Lidoire élève au IVe siècle une première église, dédiée à saint Maurice : « C'était la transformation d'une demeure sénatoriale »[3]. Elle est par la suite élevée au rang d'« église Métropole du diocèse »[4].
C'est dans cette église que l'illustre saint Martin s'installe, enseigne, officie et est sacré évêque en l'an 372. Mais ce sanctuaire est victime d'un incendie en 561 ou 569 selon les sources.
  • Saint Grégoire de Tours fait alors construire un nouvel édifice, haut et large, aux grandes ouvertures, décoré de peintures et mosaïques.
Après sa consécration en 590, cette cathédrale perdura plus de cinq siècles et marqua l'histoire, car c'est là que le Pape Alexandre III vint en 1162 ou 1163 célébrer le Concile de Tours : la présence d'ecclésiastiques était si impressionnante que la cité Tourangelle fut surnommée « seconde Rome »[5].
En 1168, un incendie en ravagea une bonne partie.
  • Une troisième construction, romane, commence à s'édifier vers 1170, à l'initiative de l'archevêque Joscion. Avec deux tours, un déambulatoire et cinq chapelles rayonnantes, cette cathédrale constituait un agrandissement des deux précédentes.
L'édifice n'a même pas tenu une centaine d'années, mais de sa « construction en pierres dures d'écorcheveau »[6], il subsiste certains éléments de la façade occidentale, des contreforts ou de voûtes intérieures de style Plantagenêt[7].

La cathédrale actuelle

  • Au premier quart du XIIIe siècle, en effet, une part de l'édifice roman commence à s'écrouler, et l'on reconstruit alors dans un style gothique la cathédrale que nous connaissons actuellement. La construction commence par le chœur, en 1226, puis les campagnes de travaux s'échelonnent jusqu'au XVIe siècle; Il est à noter qu'au XIVe siècle une bulle du Pape Jean XXIII, « datée du 30 décembre 1320 »[8], incite les paroissiens à apporter leur aide en leur promettant des indulgences. Saint Louis lui-même apporte sa généreuse participation. Puis des rajouts ou restaurations ont lieu au XIXe siècle.
  • Le premier vocable était celui de Saint-Maurice et a duré jusqu'à la fin du XVe siècle. Puis la cathédrale a connu les deux vocables en même temps, pour finir de nos jours par Saint-Gatien.
La base Mérimée, attestant que la cathédrale est classée aux Monuments historiques depuis 1862, comporte deux notices, dont une avec le double vocable[9].

Son architecture

Chœur et chevet

Verrière de l'abside
  • C'est par le chœur qu'a commencé la reconstruction gothique, en pierre de Cheillé ayant particulièrement bien résisté au temps. Les travaux se sont étalés de 1225 à 1265 sous la houlette de l'architecte Étienne de Mortagne qui se serait inspiré des dimensions de la Sainte-Chapelle.
Chevet à pans coupés
Photo J.P. Mélinon
Le chœur est constitué de cinq travées lui conférant la forme d'un profond "U" et cerné de seize colonnes encadrant de hauts arcs en ogive. L'ensemble est surmonté d'un triforium de quinze vitraux au remplage trilobé et de quinze fenêtres hautes toutes garnies de vitraux aux couleurs vives. Le tout offre une surface vitrée de « 500 m2[10]. À cela s'ajoute une sobriété dans les ornements : grilles entre colonnes hautes et fines ainsi que chapiteaux non imposants aux sculptures végétales. Il s'y dégage une impression de clarté et d'harmonie.
  • Un vaste déambulatoire circule autour du chœur et dessert cinq chapelles dont certaines abritent les tombeaux d'archevêques tourangeaux.
  • Le chevet, achevé en 1350 est un magnifique témoin du style gothique de l'époque. L'abside reproduit la géométrie du déambulatoire. Les cinq absidioles correspondant aux chapelles présentent chacune trois pans coupés encadrés par les hauts ars-boutants, chaque pan offrant une haute fenêtre en ogive. Quant au toits des chapelles, ils sont « cachés par une balustrade légère »[11].


Chapelles

Chapelle et autel

Les cinq chapelles bordent l'extérieur du déambulatoire et présentent une double architecture : semi circulaire en partie basse et à pans coupés en partie haute.
Le saint patron qu'elles honorent est annoncé par la clé du doubleau d'entrée.
Elles sont dédiées à :
- saint Martin au moment du partage de son manteau
- saint Pierre
- saint Michel
- saint Jean l'évangéliste
- la Vierge Marie et son Enfant

Transept et ses roses

Transept Nord et autel St-Martin
CPA J.P. Mélinon
Transept Sud et son orgue
  • Élevé au XIVe siècle, le bras Nord du transept n'offre pas une régularité parfaite car il épouse les bases de l'ancien édifice roman. Le chœur étant déjà grandiose, il ne fallait pas le gâcher ! Et l'architecte rêve d'égaler le bras Nord du transept de Notre-Dame de Paris. Il crée une rose particulière car «inscrite dans un immense carré sans écoinçon de pierre »[12]. Il a ensuite été nécessaire de la consolider par une épine en pierre.
La rose offre une harmonie de teintes similaire à celle du chœur, mais les galeries qui la soutiennent, du XVe siècle, n'offrent pas la même homogénéité.
Sous cette verrière trône un autel dédié à saint Martin.
  • Le bras Sud du transept repose aussi sur la base romane, mais il est plus long que son vis-à-vis. Une colonne datant du XIIe siècle y est insérée. Pour la rose, l'architecte abandonne cette fois l'idée du carré et opte pour un arc en tiers point. L'harmonie de teinte reste douce et prend parfois une tonalité violacée.
  • Sous cette verrière méridionale se dresse un orgue majestueux avec des tourelles à coupoles. Il serait dû à « l'Archevêque Martin de Beaune le fils du surintendant »[13].
  • Enfin repose dans cette partie du transept le tombeau des enfants de Charles VIII et d'Anne de Bretagne, surnommés "enfants de France" et tous deux décédés à la fin du XVe siècle. Réalisée en 1505, la cuve du tombeau en marbre italien adopte un décor Renaissance.


Nef

Nef

Son élévation sur un plan en croix latine s'est étalée sur trois périodes, couvrant les XIV et XVe siècles.
Avec ses huit travées, elle atteint une longueur de 100 m. Plus étroite que le chœur et d'une hauteur de 30 m, l'effet d'élancement est marqué.
Contrairement à l'unité de fenestrage du chœur, les ouvertures présentent ici des disparités, autant au niveau du triforium que des fenêtres hautes dont certaines sont même aveugles.
Au faîte des voûtes barlongues, les clés sont garnies des armoiries des bienfaiteurs.
La nef est encadrée de deux collatéraux.

Façade occidentale et grande rose

Vue totale sur la façade ouest
Rose Ouest vue de la nef
Photo J.P. Mélinon
  • Trois architectes se sont associés pour créer une œuvre typique du gothique flamboyant : Jean Dammartin, Jean Papin, Jean Durand. Délimités par quatre contreforts romans, trois porches profonds donnent accès à l'édifice. Le porche central, appelé aussi portail royal (époque de Charles VII) est plus grand et doté d'un trumeau mettant saint Gatien en valeur. Les tympans et gâbles de ces trois porches laissent libre cours à la finesse de dentelles ou guirlandes végétales.
Les quatre contreforts circulaires offrent une succession de tronçons alternant sculptures et niches. Autrefois une centaine de statues ornaient la façade, mais, comme à Toul, elles ont été victimes des tourments révolutionnaires.
La galerie au-dessus de la rose propose un décrochement en hauteur, soit pour éviter un effet de barre horizontale, soit pour mettre davantage en valeur la verrière.
  • Cette verrière se compose d'une rosace soutenue par une galerie de lancettes.
La rose, inscrite dans un arc en tiers point, donne l'impression d'une fleur à six pétales. Elle représente « La Jérusalem céleste ayant au centre l'agneau de l'Apocalypse »[14] et laisse une large part à des anges de toutes sortes. Sa gamme de couleurs, plutôt froide, offre des changements de tonalités au gré de l'ensoleillement.
En-dessous, huit lancettes de hauteurs différentes servent de cartouches pour représenter des évêques accompagnés de leurs armoiries.


Tours nord et sud

Les tours au-dessus des toits de la ville
Photo J.P. Mélinon
Coupole de la tour nord
CPA J.P. Mélinon

Les tours ont été surélevées au fil du temps et atteignent maintenant une hauteur de 69 et 70 mètres.
Tout en ayant la même allure : fenêtres hautes et fines, nombreux pinacles, élégants contreforts, décorations trilobées, elles présentent néanmoins quelques différences.
En 1507 la tour nord est rehaussée de trois niveaux : tambour, coupole ovalisée en hauteur, lanternon, le tout dans un style italianisant.
Quarante ans plus tard, la tour sud subit le même sort avec cette fois-ci des décorations typiquement Renaissance.

Cloître

Galeries et tour d'angle
CPA J.P. Mélinon

Au nord de la cathédrale un cloître a vu le jour au XIIe siècle à la place d'un simple appentis. En 1450, côté ouest, a été rajoutée la Librairie, reliée à la cathédrale. Au XVIe siècle le cloître a été agrandi d'une salle des Archives positionnée en équerre, puis d'une galerie vers l'Est appelée cloître de Septentrion.
dans un angle s'élève un escalier à vis italien.
Le cloître, souvent restauré, porte maintenant le nom de cloître de la Psalette.

Pour plus de détail, consulter le site suivant : Cloître de la Psalette

Cartes postales anciennes

Quelques évêques

44 évêques se sont succédé des environs de 250 jusqu'en 815.
Voici les premiers.

Prénom(s) NOM Période Observations
saint Gatien ca 251 - ca 300 Les auteurs et historiens ne s'accordent pas sur les dates ; celles mentionnées ici sont issues du livre de saint Grégoire de Tours.
Le Pape Fabien aurait envoyé sept évêques pour évangéliser la Gaule, dont saint Gatien pour la Touraine. il aurait été mal accueilli et se serait caché dans des abris troglodytiques.  
saint Lidoire ca 338 - 371 Il est à l'origine de la construction de la première église chrétienne, dédiée à Saint-Maurice, qui deviendra la cathédrale. Et dans le premier cimetière, tout à côté, il se fait construire une petite basilique « pour lui servir de tombeau »[15].  
saint Martin de Tours 371 - 397 Il serait né en 316. Il est très connu pour sa modestie et sa Charité à Amiens lorsqu'il partage son manteau avec un pauvre, ce qui lui a valu le surnom de "Martin le miséricordieux". il est à l'origine de la fondation du monastère de Marmoutier en 372. Il meurt à Candes le 8 novembre 397.  
saint Brice 397 - 442 Né vers 377. Il fait élever en 412 une chapelle sur le tombeau de saint Martin, laquelle deviendra plus tard la basilique saint-Martin. Il est aussi à l'origine d'une autre église dédiée à saint Pierre. Il décède en 444 à Tours  
saint Eustoche 443 - 459 Il fait ériger une chapelle sous le vocable Saint-Gervais et Saint-Protais. Il sera inhumé dans la basilique.  
saint Perpet 460 - 490 Il est peut-être le neveu du précédent. En 472 il transforme en basilique Saint-Martin la chapelle élevée par saint Brice. Il est aussi à l'origine d'une autre église, dédiée à saint Pierre et saint Paul. Il aurait aussi institué la coutume du jeûne en Touraine, de la fête de la Saint-Martin à Noël.  
saint Volusien 491 - 496 Au temps où la religion était menacée par les Visigoths, il « appela de tous ses vœux la venue de Clovis et des Francs »[16]. Il fut alors exilé à Toulouse par Alaric II et vraisemblablement assassiné.  
- -  
saint Grégoire de Tours 573 - 593 Né vers 538. Il est le 19e évêque. Victime de fausses accusations, il est innocenté lors d'un synode en août 580. il intervient alors pour empêcher son détracteur d'être condamné à mort. Cela lui attire aussitôt la sympathie des Tourangeaux. Malgré les tensions entre les souverains aux mœurs parfois barbares, « il resta fidèle à ses pensées de paix et de conciliation »[17].

Il consigne de nombreux écrits dans Dix livres d'Histoire qui est d'abord tourné vers l'histoire religieuse, puis raconte la vie quotidienne au temps des mérivongiens, induisant le nouveau titre de Histoire des Francs. C'est grâce à ce livre que la liste des 18 premiers évêques est connue.

Il décède à Tours le 17 novembre 594.  

En 815, Tours devient un archevêché et ce sont alors 93 archevêques qui se succèdent depuis le premier : Landran Ier, jusqu'à Bernard-Nicolas AUBERTIN dont l'épiscopat a commencé en 2005 et est encore en cours en 2018.
Pour plus de détails, merci de consulter : Liste des évêques et archevêques de Tours

Nuvola apps bookcase.png Bibliographie

  • Collectif d'auteurs, Tours, mémoires d'une ville, Saint-Avertin, Éditions Alan Sutton, 2013, 221 pages, ISBN 978-2-8138-0596-6
  • Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  • Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages

Logo internet.png Liens utiles (externes)

Voir aussi.png Voir aussi (sur Geneawiki)

Référence.png Notes et références

  1. De la Loire
  2. Époque approximative, certains auteurs ou historiens mentionnant le IIe ou IVe siècle.
  3. Page 1, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  4. Page 26, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  5. Page 67, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  6. Page 3, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  7. Appelé aussi gothique angevin, ce style se caractérise par des clés de voûtes rondes vers lesquelles convergent huit nervures toriques dont le profil offre un bombé plus prononcé que dans les voûtes classiques. Ce style est très fréquent en Anjou et Touraine.
  8. Page 111, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  9. Notice de la base Mérimée
  10. Page 12, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  11. Page 36, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  12. Page 23, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  13. Page 25, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  14. Page 31, in Robert FIOT, Cathédrale de Tours, Lyon, Imprimerie Lescuyer, 45 pages
  15. Page 26, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  16. Page 29, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6
  17. Page 35, in Docteur Eugène GIRAUDET, Histoire de la ville de Tours, Tome Ier, "Des origines au XVIe siècle", Roubaix, Éditions des Régionalismes de Cressé, 2015, 214 pages, ISBN 978-2-8240-0538-6


Medaille geneawiki.png
Cet article a été mis en avant pour sa qualité dans la rubrique "Article de la semaine" sur l’encyclopédie Geneawiki.