Canton de Bréhal (50) - Revue monumentale

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861

Note : Les écrits des érudits du XIX° siècle sont à prendre avec précaution.

Anctoville

< Retour à l'histoire d'Anctoville-sur-Boscq

Anctoville Anquetonvilla, Anquetovilla, Anctovilla

L’église est sans intérêt. On remarque dans le mur méridional une porte cintrée, aujourd’hui bouchée ; C’est le seul souvenir qui reste de l’église primitive, car presque toutes les parties de l’église actuelle sont du XVIIIe siècle.

Les fenêtres du chœur et celles de la nef sont carrées, et datent, les unes de 1732, et les autres d’une époque moins ancienne encore.

Les deux petites chapelles et la tour, placée en dehors de l’église, entre chœur et nef, et terminée par un toit en bâtière, sont de 1760. Une inscription qu’on lit sur un des murs de l’église indique la date de ces constructions, ainsi que le nom du curé d’Anctoville, qui alors était M. Ambroise Bastard. Le chœur et la nef sont voûtés en bois.

La sacristie, construite en 1747, est placée derrière un retable. On peut y accéder par deux portes, l’une à droite, l’autre à gauche de l’autel.

Le fond baptismal se compose d’une simple cuve de forme octogone, reposant sur un édicule orné de tores.

Dans le cimetière, j’ai lu sur des pierres tumulaires les inscriptions suivantes.

CY GIST ROGER ANDRE DE LA MOTTE

ECUYER P. CURE DE CE LIEU

DECEDE LE 6 MARS 1784

P. DIEU POUR LUI

CY GIT HILAIRE GERVAISE

NE A BACILLY LE 29 MARS 1754

CURE DE CE LIEU LE 29 JANVIER 1789

DECEDE LE 11 AVRIL 1821

PRIEZ DIEU POUR LUI

CY GIT M° AMBROISE BASTARD

CURE DE CE LIEU, DOYEN DE SAINT PAIR

DECEDE LE 21 JANVIER 1788

L’église est sous le vocable de Saint-Martin. Elle était taxée à 40 livres de décime. Le curé, dans le XIIIe siècle, avait toutes les dimes ; il avait en plus, dans le siècle suivant, quelques terres aumonées, une habitation, quinze poules et quinze pains. Quindecim gallinas et quindecim paines. Il payait cinq sous pour la chape de l’évêque.

Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Cette église dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint Pair.


FAITS HISTORIQUES : Vers 1654, le fief noble de la Grève Sacquerie était possédé par Hervé de Carbonnel, écuyer, seigneur d’Anctoville. Dans le XVIIIe siècle, Jean-Louis de Carbonnel, baron de Marcey, chevalier de Saint-Louis, était seigneur des fiefs de La Durandière, de la Grande Sacquerie et de la Lièvrerie en Anctoville.

Sommaire


Bréhal

< Retour à l'histoire de Bréhal

Bréhal, Brahal, Breha

Lorsque je visitai l’église de Bréhal, il y a plusieurs années, l’administration la faisait abattre, afin de la remplacer par une autre plus vaste.

Le caractère architectonique de la nouvelle église est roman ; les fenêtres et les portes sont cintrées.

La nef et le portail de l’ancienne église étaient du XI° siècle, et appartenaient à l’architecture romane. Le portail, très curieux, a été impitoyablement détruit, quoique le Conseil Général du département l’eut pris sous sa protection, et l’eut recommandé à la sollicitude du Ministre de l’intérieur.

Le chœur, qu’on a détruit plus tard, était du XIII° siècle. Les arceaux croisés de sa voûte en pierres tombaient sur des colonnes, garnies de chapiteaux à volutes simples. Ses fenêtres à ogive étaient étroites, allongées et sans ornements.

Le mur absidal était droit.

D’après le plan de la nouvelle église, la tour en formera le chevet, et la sacristie sera placée dans l’étage inférieur de cette tour. Le plan primitif de la nouvelle église de Bréhal n’a pas été suivi ; car la tour s’élève vers l’occident, à l’extrémité de la nef.

J’ai relevé sur les cloches les inscriptions suivantes :

L’AN 1831, J’AI ETE BENITE

PAR M. FRANCOIS NOEL, CURE DE CE LIEU,

ET NOMMEE NATALIE LUCIE GENEVIEVE

PAR M. LE BARON BROHON, MAIRE DE BREHAL,

ET MADAME LUCIE MADELAINE LEMONNIER


L’AN 1831, J’AI ETE BENITE

PAR M. FRANCOIS NOEL, CURE DE BREHAL

ET NOMMEE MARIE ELISABETH ESTELLE

PAR M. GALLIEN DUPARC

ET MADEMOISELLE ESTELLE RENAUDEAU

L’église est sous le vocable de Notre-Dame. Elle payait une décime de 34 livres, dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Le patronage appartenait à l’abbaye de Hambye, qui nommait à la cure. Ce fut Foulques Paynel, un des fils du fondateur de l’abbaye, qui la lui donnât avec tout ce qui en dépendait.

On trouve comme seigneurs de ce fief :

Guillaume de Tournebut confirma à l’abbaye de Hambye le patronage de l’église de Bréhal et toutes les dimes de la paroisse, notamment celles de la terre de Foulques de Chanteloup, qu’on appelait le fief au Sénéchal.

Dans le cours du XIII° siècle, et malgré tous les actes confirmatifs qu’avait obtenus l’abbaye, le patronage de l’église de Bréhal lui était contesté. Contentio est de jure patronatus, dicunt quidam quod pertinet ad abbatem de Hambeya, alii negant.

Le curé, dans le XIII° siècle, était seul décimateur. Le casuel appartenanit au vicaire, et lui valait XXXVI livres.

L’abbaye de Hambye dut rester en possession du patronage de l’église de Bréhal, car on lit dans un aveu de l’année 1327 : « L’abbé et couvent de Hambye tient en la paroisse de Bréhal une portion de franc fié qui leur fut donné et ausmoné des seigneurs du lieu dont le revenu vaut bon an mal an XXIV livres et sont les dits religieux patrons de l’église de la dite ville qui vaut au dixiesme 40 livres. »

Jean d'Essey, évêque de Coutances, termina, le vendredi d'avant la fête de la Madelaine de l'an 1263 ou 1264, un procès existant entre l'abbé de Hambye et l'abbé de Savigny, au sujet de la troisième partie d'une portion de dîme qui se percevait sur une terre nommée le domaine du seigneur, en la paroisse de Bréhal. Les religieux de Savigny excipaient des •chartes de donation et de confirmation, concédées en faveur de leur maison, par Vivien, évêque de Coutances. Ceux de Hambye soutenaient au contraire que ce trait de dîmes, et toutes les dîmes de la paroisse, leur appartenaient. L'abbaye de Hambye abandonna ses prétentions, parce que chaque année elle recevrait, le jour Saint-Aubin, dans le mois de mars, dix quartiers de froment, mesure dudit lieu de Bréhal.

Quelque temps avant cet acte, ce même évêque. choisi pour leur arbitre par les religieux de Hambye et le curé de Bréhal, les régla sur des dîmes qui étaient en débat entre eux. Le curé obtint celles qu'il réclamait, en plus huit quartiers de froment, autant d'orge et autant d'avoine, mesure de Villedieu, avec 800 de paille. Le surplus des dîmes restait aux religieux.


FAITS HISTORIQUES : Suivant une ancienne tradition, à l’appui de laquelle je n’ai trouvé aucun fait, il y aurait eu à Bréhal, sur l’emplacement du cimetière actuel, une maison religieuse de femmes. Ce couvent aurait été pillé plusieurs fois par des pirates ou des hommes du Nord, qui débarquaient sur le littoral voisin. Alors, pour le soustraire au pillage, on l’aurait transporté à Hambye, suivant les uns, à Mortain, suivant les autres. Il est vrai qu’on a trouvé dans le cimetière quelques vieilles constructions ; mais elles appartenaient bien plutôt à une ancienne grange de dîme, batie sur cet emplacement, qu’à une maison religieuse remontant au VIII° ou IX° siècle. D’ailleurs, les constructions étaient trop restreintes pour être celles d’une abbaye.

Sur les listes des barons normands qui allèrent à la conquête de l’Angleterre, figure le sire de Bréhal.

On trouve plus tard Richard de Bréhal, Thomas de Bréhal et Jean de Bréhal. Ce dernier fut un des juges chargés par Charles VII de réviser le procès de Jeanne d’Arc, et de réhabiliter la mémoire de cette héroïne.

Dès l’époque des ducs de Normandie, la famille Paynel possédait les seigneuries de Bréhal et de Hambye ; car on lit dans le livre des fiefs du roi Philippe-Auguste : Fulco Paganellus Hambeiam et Brehal tenet de domino regis, et in illis non percipit rex aliud nisi graveriam suam.

Vers l’année 1140, Foulques Paynel donna à l’abbaye de Hambye la dime de la foire de Bréhal : et decimam numinorum meorum de Brehal in foro ejusdem villae. Guillaume Paynel, son fils, aumôna la même abbaye de vingt quartiers de froment à prendre sur ses moulins de Bréhal, dont elle avait déjà toute la dime : vigenti quarteria frumenti in molendinis meis de Brehal.

Foulques Paynel lui donna encore la dime de ses marais de Brehal : totam decimam in marescis meis de Brehal.

Brehal devint le chef-lieu d’une baronnie , et le fief, qui en était le siège, appartenait au duc de Longueville. Dans le cours du XVII° siècle, ce fief s’étendait sur toutes les paroisses de Bréhal, de Bourey et de Hauteville-sur-Mer, et en partie seulement sur celles de Hudimesnil, du Loreur et de Cérences. C’était Olivier Le Bois, conseiller au bailliage présidial de Coutances, qui en était le sénéchal.

Lorsque les trois ordres du bailliage du Cotentin se réunirent, en 1789, le prince de Monaco figura dans cette grande assemblée comme seigneur de Bréhal et des fiefs situés à Hambye, à Bourrey et au Loreur. Il y fut représenté par le chevalier Charles d’Auxais, capitaine d’infanterie.

Bréhal est aujourd’hui le chef-lieu d’un canton, le siège d’une justice de paix, et la résidence d’une brigade de gendarmerie. Il a plusieurs foires annuelles et un marché hebdomadaire. Je n’ai pu me procurer aucun renseignements sur le château de Bréhal. On ne sait pas même d’une manière certaine où était son emplacement.

L’habitation nommée le Mesnil, et qui figure sur la carte de Cassini, appartient à M. le baron Brohon, maire de Bréhal, membre du Conseil-Général, et inspecteur cantonal de l’Association normande. La famille Brohon pourrait être d’origine anglaise, si Brohon et Brown sont le même nom. La terre nommée la Brohonnière, dans la paroisse de Coudeville, et qui a du appartenir à cette famille à une époque fort éloignée, puisqu’elle en a pris le nom, donnerait à penser que peut-être cette terre fut le berceau de la famille Brohon.

Cette famille, d’origine bourgeoise, mais vivant noblement, est établie dans le pays dès le XV° siècle, car le mariage de l’un de ses membres remonte à 1450. Elle a donné plusieurs conseillers du roi au bailliage de Coutances. On trouve dans les siècles suivants :

  • Jean Brohon, médecin et astrologue, qui a publié plusieurs ouvrages, entre autres une Description historique de la ville de Coutances : ce fut lui qui harangua Charles IX, lors du passage de ce prince par Coutances.
  • Paul-François Brohon, sieur de Boisval, lieutenant en la vicomté de Granville.
  • Anne-François Brohon, sieur de Boisval, président à l’élection de Coutances.
  • Jacques Brohon, sieur de Courbeville.
  • Paul-Jacques-René Brohon. Il épousa Guillemette-Françoise Gosselin.
  • Auguste-François Brohon, un de leurs fils, fut lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Cérences, et fit partie du conseil des Cinq-Cents.

Un autre de leurs enfants, Paul-Bernard Brohon, devint baron sous l’Empire. Il est décédé, en 1844, chevalier de la Légion d’Honneur, maire de Bréhal et Conseiller-Général. Il a laissé la réputation d’un homme fort intelligent, et doué par la nature d’une grande finesse d’esprit.

Les armes de la famille Brohon, depuis qu’elle jouit du titre de baron, sont : Coupé : au premier d’or au chevron alesé d’azur ; au deuxième d’azur au pélican d’argent, becqué d’or, sa piété d’argent.

Saint-Martin-le-Vieux

Saint Martin Le Vieux Sanctus Martinus vetus

L’église offre un carré oblong, et appartient au XI° siècle. Les murs, sauf les reprises, sont en arête de poisson, et percées de plusieurs petites fenêtres cintrées, courtes et étroites, ressemblant assez à des meurtrières. Quelques autres fenêtres datent du XV° ou du du XVI° siècle. Il en est même qui sont d’une époque plus moderne.

Au-dessus de l’arcade triomphale, entre chœur et nef, s’élève un petit clocher-arcade à deux baies. Cette église n’a pas de porte occidentale. La porte principale est cintrée, et placée dans le mur méridional de la nef.

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de fronton triangulaire. Il est percé d’une petite fenêtre du XIII° siècle, qui se compose de deux ouvertures lancettes, encadrées dans une plus grande ogive.

Lorsque je visitai cette petite église, je la trouvai abandonnée et tombant en ruines. Chaque jour des herbes sauvages envahissent cette modeste maison de Dieu, et pendent le long de ses murs dégradés. Son petit clocher, triste et silencieux, est privé de sa cloche, qui, pendant des siècles, appela les fidèles à la prière.

Dans le cimetière, pas une pierre, pas un signe annonçant que là reposent les cendres de nombreux chrétiens.

Je rencontrai à la sortie du cimetière, une femme âgée qui, me voyant un livre sous le bras, du papier et un crayon à la main, m’interrogeat avec inquiétude. Elle regrettait beaucoup qu’on laissât l’église dans un état de ruine, et craignait que je fusse venu pour la visiter, mesurer la quantité de pierres qu’elle produirait, l’acheter et la démolir. Je m’empressai de la tranquilliser, et je lui fis voir à quels signes on remarquait que son église avait 7 ou 800 ans. Elle m’affirma qu’en effet elle avait toujours entendu dire, par les anciens de la paroisse, qu’elle avait été bâtie par les anglais. En vain je lui fis observer qu’elle était bien antérieure au séjour des anglais en France, elle me parut s’en tenir à la tradition du pays. Je retrouve cette tradition souvent dans les campagnes, où, en général, les habitants attribuent aux anglais toutes les anciennes constructions. L’église était sous le vocable de Saint-Martin. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Elle payait une décime de 17 livres, dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint-Pair.

La dime se partageait entre le curé et l’abbaye de Hambye. Foulques Paynel, sans doute un des parents du fondateur, avait donné et aumôné à l’abbaye la troisième gerbe de Saint Martin le Vieux de Bréhal. Le curé avait les deux autres gerbes et le casuel.

La paroisse de Saint Martin le Vieux est aujourd’hui réunie à Bréhal pour le spirituel et le temporel.

On lit dans un aveu du XIV° siècle : «  Guillaume de Creully seigneur de Saint-Quentin tient Saint Martin le Vieil en parage de M. Guillaume de Brae chevalier et le tient franchement à gage plège et vaut 60 livres de revenus bon an mal an poy plus poy moins ».

En l’année 1689, il y avait à Saint Martin quatre fiefs nobles.

L’extension du fief de Chanteloup

Le fief de Saint Martin, appartenant à Adrien Gaultier, écuyer, sieur de Saint-Martin. Pierre Gaultier, président de l’élection de Coutances, en était seigneur en 1643.

Une extension appartenant à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Paul-François Brohon en était le sénéchal, et Lemonnier, le greffier.

Une autre extension du fief de Villiers était au sieur de Villiers.

Il y avait aussi un moulin à eau et à blé, relevant du fief de Chanteloup, et rapportant 200 livres. Il appartenait à la mare-Brohon.

Lors de la réunion des trois ordres du grand bailliage de Cotentin, André Potier y comparut comme seigneur en partie du fief de Saint-Martin-le-Vieux.

Sommaire


Bréville

Bréville, Breinvilla, Brevilla

L’église de Bréville, qui a la forme d’un parallélogramme rectangle, offre de l’intérêt. Elle est en partie du XIème siècle.

Dans ses murs, qui ont été retouchés, on remarque encore un échantillon de ce mode d’appareil qu’on appelle opus spicatum, c’est à dire des assises de pierre plate, disposées en arête de poisson ou en feuille de fougères. Les murs sont en tapissés de contreforts peu saillants, et la corniche qui les couronne est supportée par des modillons dont les uns sont taillés en forme de biseau, et dont les autres sont à figures grossières ou grimaçantes.

Dans le mur septentrional du chœur, on distingue deux petites fenêtres, cintrées et très étroites, comme on en faisait à l’époque du XIème siècle dans nos campagnes. Les autres qui éclairent l’église sont carrées, et en ont sans doute remplacé qui, elles aussi, étaient petites et du Xième siècle. Le mur de la nef, au nord, est percé, d’une porte à ogive du XIIIème siècle. Son archivolte repose sur des colonnes, et son tympan est orné d’une croix grecque.

On remarque dans le mur méridional de la tour une charmante porte romane avec une archivolte portée sur des colonnes romanes, et ornée d’un double zigzag.

Le chœur parait être du XIV° siècle. Il est voûté en pierres. Ses arceaux croisés, et en forme de tores ou boudins, viennent reposer au centre des murs sur des colonnes avec lesquelles ils semblent faire corps, et aux quatre angles sur des consoles ou modillons figurant des têtes grimaçantes. Les piédestaux qui reçoivent les colonnes sont octogones, et simplement ornés de tores.

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de fronton triangulaire.

La tour, placée entre chœur et nef, est quadrilatère, surmontée d'une flèche octogone, et percée de quatre fenêtres a pinacle. Ses arcades, à l'intérieur, sont à ogives, et soutenues par des colonnes dont les chapiteaux offrent un abaque octogone.

La nef est voûtée en bois . L'un de ses murs est orné d'une crédence du XVIe siècle.

On trouve dans le cimetière plusieurs pierres tombales sur lesquelles l'ai lu les inscriptions suivantes :

ICI – R. P. RENE I - PERREE

… DE GUILLE DE... LE 14 J 1779

ET SON FILS P. N. PERREE

CONSEILLER M°. DES COMPTES

COMMANDr. DE L'ORDRE ROY. D. L. LEGION Dr

MORT A MORTAIN LE 16 NOVEMBRE 1816

ICI INHUME LE 19 DU MEME.


ICI REPOSE GAUD Fois LEMARIE DE PREYLAMBERT

ECUYER MAIRE DE CE LIEU

MORT LE 28 MARS 1804, AGE DE 49 ANS

ET NOBLE DAME THERESE Foise GANNE SON EPOUSE

DECEDEE LE 13 MARS 1822 AGEE DE 63 ANS


A LA MEMOIRE DE M. CHARLES JOUVET

CURE DE CE LIEU, DECEDE LE 30 9bre 1844, AGE DE 42 ANS.

SES PAROISSIENS, SA FAMILLE ET SES AMIS


ICI REPOSE PELAGIE JEANNE LEMARIE DE PREYLAMBERT

EPOUSE DE M. FELIX DESIRE DELAMARE DE PLEMONT

DECEDEE A L’AGE DE 39 ANS A LONGUEVILLE

ET INHUMEE EN CE LIEU LE 11 Xbre 1827

PRIEZ DIEU POUR ELLE

L'église est sous le vocable de Notre Dame ; elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. Elle payait 39 livres de décime. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

Dans le XIIIe siècle, le curé de Bréville avait l’autelage, c’est à dire le casuel, et la troisième gerbe sur le fief de l’abbé du Mont-Saint-Michel ; sur le surplus de la paroisse, il avait toutes les dîmes, ce qui lui valait 40 livres. Ce partage existait encore dans le siècle suivant; cependant l'abbé du Mont-Saint-Michel avait toutes les dîmes sur les fiefs de la Piadère et de la Morandère. L'église avait environ dix vergées de terre aumônée. Le curé payait quinze sous pour la chape de l’évêque.

Bréville, avec son église et les salines, formaient une prébende d'ancienne possession au profit de l'église cathédrale de Coutances. Il parait que ces salines se trouvaient dans un lieu nommé le Petit marais, où la mer autrefois forma un havre.

Avant le XVIe siècle, l'église de Bréville avait appartenu au Mont-Saint-Michel.


FAITS HISTORIQUES. - La famille Bréville figurait en Normandie dès l'époque de la conquête, et elle a joué un rôle distingué en Angleterre aussi bien qu'en Normandie.

On trouve, dans les grands rôles de l'échiquier de Normandie, un Guillaume de Bréville qui rend compte de cinquante sous pour pleige. Il verse vingt sous dans le trésor, et reste débiteur de trente sous. Et de Brevilla redd.compot de 50 sol. Pro eod. (plegio) in thesauro 20 sol et debet 30 sol.

Foulques de Bréville signe comme témoin, en 1190, une charte de donation, faite en l'échiquier à Caen, en Faveur de l'abbaye de Saint-Martin de Troarn.

Pendant l'occupation anglaise, Henri V, roi d'Angleterre, prit sous sa protection Isabelle, épouse de Louis de Bréville, chevalier, du duché de Normandie. Le roi ordonna à tous ses baillis de protéger et de défendre Isabelle, non seulement dans sa personne, mais aussi dans ses biens, d'empêcher qu'elle fut injuriée ou inquiétée, ou qu'elle souffrit aucun dommage.

Rex omnibus ballivis et fidelibus suis ad quos etc. salutem. Sciatis quod suscepimus in protectionem et defensionem nostras Isabellam uxorem Ludowici Breville militis de ducatu nostro Normannie juratam ligeam nostram, homines, terras res, redditus et omnes possessiones ipsius Isabelle. Et idea vobis mandamus quod ipsam Isabellam homines terras res redditus et omnes possessiones suas manutencatis, protegatis et defendatis non inferentes eis vel inferri permittentes injuriam molestiam dampnum aut gravamen. Et si quid eis forisfactum fuerit, id eis sine dilacione faciatis emendari.

Cet acte fut donné par le roi dans l'abbaye de Saint-Etienne apud abbatiam St Stephani, près la royale ville de Caen, juxta villam regiam de Caen in ducatu, le 12 septembre, xii die septembris. Dans le cours du XVIIe siècle, il y avait à Bréville trois fiefs nobles. Le fief de Bréville, avec extension sur Saint-Martin, Coudeville et Longueville. Il appartenait alors à Pierre de Juigny, prêtre, curé, seigneur et patron de la paroisse.

Le fief de Villiers. Le sénéchal de ce fief tenait ses plaids à Coudeville.

Et le fief de Granville, avec extension sur Granville, où le sénéchal du fief tenait ses plaids. Il y avait aussi plusieurs terres qui dépendaient de la baronnie de Saint-Pair, et appartenaient à l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Les habitants de Saint-Pair, de Coudeville et de Granville en nommaient le sénéchal.

A l'époque de 1789, Paul Bernard de Mary, chevalier de Saint-Louis, était seigneur et patron de Bréville. Sa famille était d'ancienne noblesse.

CHATEAU DE BREVILLE. La belle habitation, appelée dans le pays le Chateau de Bréville, est à peu de distance de la route de Coutances à Granville. M. Louis Perrée, décédé directeur du journal le Siècle, en était propriétaire. Il appartient aujourd'hui à sa veuve, Mme Léocadie de Matharel de Fiennes.

Dans un charmant vallon, on trouve une autre jolie habitation, composée d'un corps de bâtiment principal avec deux pavillons, et qui mériterait plutôt le nom de château. Elle appartient à M. du Mesnil-Adelée, maire de Bréville.

La famille du Mesnil-Adelée prit ou donna son nom à son manoir Mansio ou Mesnillum, Mesnil, et par suite à la paroisse dans laquelle il était situé. Je n'ai trouvé son nom sur aucune des listes de la conquête ; mais elle n'en figure pas moins dès la fin du XIe siècle. Ainsi, vers l'année 1100, Anne du Mesnil-Adelée épouse François de Sainte-Marie, dont la mère, Marie Paynel, devait appartenir à la noble et puissante famille des Paynel.

  • Guy du Mesnil-Adelée et son frère Raoul sistent dans un acte de 1169, et s'obligent à payer à Guillaume Servain, chevalier et seigneur de Malherbe, deux deniers tournois de monnaie courante.

Raoul du Mesnil-Adelée figure comme témoin, en 1240, dans une charte en faveur de l'abbaye de Lonlay.

  • Guy ou Guillaume du Mesail-Adelée, chevalier, fit partie de l'ost de Foix en 1271, et comparut à Tours en 1272.
  • Geffroy ou Geoffroy du Mesnil-Adelée consentit, en 1289, à payer aux religieux du Mont-Saint-Michel quinze livres tournois pour fin de relief, à l'acquit de Robert Avenel des Biards.
  • En l'année 1376, Agnés du Mesnil-Adelée épousa Richard de Carbonnel, et lui porta en dot le fief du Mesnil-Adelée, qui, plus tard, échut à la famille des Poilvillain.
  • Guillaume du Mesnil-Adelée, en 1393, rend aveu à Charles VI, roi de France, pour son fief appelé le Bois-Hébert.

Ce fut dans le cours du XVe siècle, vers 1463, que Guillaume du Mesnil-Adelée, dont descend M. du Mesnil-Adelée, maire de Bréville, vint s'établir à Coutances. il fit preuve de son ancienne noblesse lors de la vérification ordonnée par Louis XI.

On trouve après lui Jean du Mesnil-Adelée, Gilles du Mesnil-Adelée et Chnstophe du Mesnil-Adelée, sieur des Forges, qui épousa, vers 1570, Françoise de Juvigny.

  • Guillaume du Mesnil-Adelée, sieur des Forges, fut reconnu d'ancienne noblesse en 1598. Il se maria à Georgine d'Ànjou.
  • François du Mesnil-Adelèe, sieur des Forges, épousa Catherine Le Vannier, noble fille de Jacques Le Vannier, écuyer, sieur de la Patience, et de Louise de Clinchamps.
  • Jean du Mesnil-Adelée, seigneur de Dragueville, se maria à Marie de Pigousse, dont le père était seigneur de Saint-Denis-le-Vêtu. Sa mère était Françoise de Camprond.

Ils eurent plusieurs enfants : Jean-Baptiste fut seigneur de Laune et de Dragueville. Il épousa, en 1683, Suzanne-Françoise Davy du Perron, dont le père, Adrien Davy, était seigneur de Muneville-le-Bingard.

Adrien-François, un de leurs petits enfants, se maria à Victoire-Suzanne Hellouin de Montcuit. Leurs trois enfants furent Jules-Maurice du Mesnil-AdeIée, Bon-André, son frère qui devint officier du génie, chevalier de la Légion-d'Honneur et de l'ordre de Charles III d'Espagne, et M. Adrien-Gustave du Mesnil-Adelée, maire actuel de Bréville, dont les armes sont d’argent à trois chevrons de gueules.

On rencontre près le cimetière, au nord de l'église, une fontaine, nommée la Fontaine Saint-Hélier. Suivant une tradition locale, le corps de saint Hélier fut apporté par la mer, et déposé sur le rivage, enfermé dans un cercueil de plomb. Il fallut avoir recours à des jeunes et à des prières pour l'enlever et le placer sur un chariot. Les chevaux vinrent d'eux-mêmes conduire le chariot près de la fontaine, dans laquelle on lava le corps. Cette légende peut servir à expliquer l'ancienneté de l'église, et sa position près de la fontaine.


Sommaire

Bricqueville près la Mer

Bricqueville, Bricvilla, Brechevilla, Bricquevilla.

On sait que le nom de cette commune se compose du mot Bric ou Brec, nom de famille, augmenté du mot villa, qui signifie demeure, habitation.

L'église de Bricqueville ne présente point d'intérêt. Sa nef a été allongée. Une partie de l'ancienne nef est garnie à l'extérieur d'une corniche qui, sans doute, était soutenue par des modillons ou corbeaux qu'on aura fait disparaître.

On remarque dans le mur septentrional de la nef une porte cintrée qu'on a bouchée.

Les fenêtres de la nef et celles de la chapelle méridionale sont modernes et de forme carrée ; celles du chœur, au sud, sont à ogives, mais sans ornements. Peut-être sont-elles de la fin du XV° siècle.

Le mur absidal est droit, et percé d'une fenêtre à ogives.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois.

La tour, entre chœur et nef, est carrée et massive. Elle est placée en dehors, vers le nord. Son étage inférieur forme une chapelle, et elle est couronnée par un petit dôme à calotte hémisphérique. Celte tour est dépourvue de tout caractère architectonique.

A l'entrée du chœur, sur une pierre tumulaire, on lit :

CY GIST LE CORPS DE M°. ANDRÉ DESMAREST

CAPITAINE. D. C. DÉCÉDÉ LB 10 SEPTEMBRE 1704.

P. DIEV.

L'église est sous le vocable de saint Vigor et de saint Jean. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. La paroisse avait deux portions curiales. L'une et l'autre étaient à la présentation du seigneur, et leur patronage était laïque. La grande portion était taxée à 40 livres, et la petite à 30 livres de décime. Cette division existait encore en l'année 1789. Gallien de Préval était alors curé de la première portion, et Guillaume Lerond de la seconde.

Dans le XIII° siècle, l'archidiacre Paynel avait le patronage de la grande portion. L'Hôtel-Dieu de Coutances avait sur le fief du roi, in feodo régis, deux gerbes, et le curé la troisième avec l'autelage.

La dame de Saint-Price, domina de Sancto Pricio, avait le patronage de l'autre portion. Sur le fief du Comte, in feodo Comitis, le curé avait toutes les dîmes et le casuel.

Dans le siècle suivant, Jean Paynel avait le patronage de la grande portion. Sauf le fief du roi, sur lequel il n'avait qu'une gerbe, le curé dimait le surplus de la paroisse. Il payait quatre sous pour la chape de l'évêque, trois sous et deux deniers pour droit de visite, dix deniers pour le saint chrême. Le prieur el les religieux de l'Hôtel-Dieu de Coutances lui devaient 70 sous à cause des novales qui survenaient. L'abbé de Hambye avait la moitié des gerbes que produisait la dîme d'un certain lieu, nommé les Mareschaux, et le curé l'autre moitié ; et même, sur la part de l'abbé, il avait droit à un quartier de froment, un quartier d'orge et un quartier d'avoine. Les oblations de la chapelle du manoir de Jean Paynel lui appartenaient trois fois par an, aux fêtes de Noël, de Pâques et de l'Ascension, à l'exception de celles que faisaient les personnes qui visitaient la chapelle par dévotion pour saint Eloi, ob devotionem sancti Eligii. Le presbytère avait quinze vergées de terre, et les paroissiens payaient douze sous tournois pour droit de visite.

M. Robert Servain, à cause de Michelle de Chanteloup, sa femme, avait le patronage de la petite portion. Le curé percevait toutes les dîmes, et avait un presbytère avec trois vergées de terre. Il payait quatre sous pour la chape de l'évêque et dix deniers pour le saint chrême. FAITS HISTORIQUES. — A l'extrémité de la commune, sur les bords de la mer, on voit encore quelques ruines du château de Bricqueville-sur-Mer, appelé le Château de Grimaldi, forteresse qui, disait-on, remontait au IX° siècle.

L'enceinte, de forme carrée, était flanquée de quatre tours circulaires aux quatre angles. Ces tours, dépourvues de créneaux, avaient environ trente pieds de hauteur.

Ce château fut démoli il y a soixante ans environ.

Après la mort de Henri Ier, duc de Normandie, Etienne, comte de Boulogne, neveu de Henri, et petit-fils du Conquérant par Adèle, sa mère, homme entreprenant, s'empara du trône d'Angleterre, et se fit déclarer duc de Normandie. Mathilde, de son côté, fit valoir les volontés de son père, qui l'avait fait reconnaître son héritière par tous les barons normands. Tandis qu'elle se montrait en Angleterre, Geoffroi, comte d'Anjou, son mari, se jeta sur la Normandie. Presque tous les barons se soumirent et lui firent hommage. Raoul de La Haye et son frère Richard tinrent pour la cause d'Etienne. Maîtres de plusieurs châteaux-forts, ils voulurent arrêter Geoffroi dans le cours de ses conquêtes. Ils levèrent des troupes, garnirent leurs forteresses d'hommes et de vivres, et se mirent en campagne ; mais Raoul fut battu, et obligé de rendre les châteaux-forts de Muneville, de Chanteloup et de Bricqueville-sur-Mer.

Le domaine de Bricqueville a appartenu â la puissante famille des Paynel. Ainsi, on voit qu'au commencement du XIII° siècle, Fouques Paynel tenait le fief de Bricqueville-sur-Mer de l'abbaye du Mont-Saint-Michel et devait le service d'un chevalier. Fulco Paganellus tenet de illo (de abbate Montis) Briquevillam per servicium unius militis.

L'état des fiefs de l'élection de Coutances, que le grand bailli de Cotentin rédigea en l'année 1327, nous apprend qu'alors la seigneurie de Bricqueville appartenait à Gilbert de Malesmain. Ainsi, on lit dans un aveu de la même époque que M. Raol de Saucey, clerc, tient un tènement à Bricqueville« sur-la-Mer, de Guillebert Malesmain, escuyer, par hommage, et vaut soixante sous de revenus ou viron, bon an mal an. »

Après Gilbert Malesmain, la seigneurie de Bricqueville, du moins en partie, appartint â Guillaume de Tournebu, car un acte du roi Charles V, dans le cours du XIV° siècle, nous apprend que « en la baronnie de S. Paer il a pluseurs porz de » mer ou il arrive ou peut ariver de jour en jour pluseurs vesseaulx denrées marchandises desqueles les coustumes et autres devoirs appartiennent aux religieulx du Mont Saint-Michel et nientmains Guillaume de Tournebu chevalier sire de Briqueville sur la Mer pour partie et par cause de sa fame laquele terre est tenue par hommage des diz religieux pour cause de leur dite baronnie et assise es metes d'icelle…, en icelle terre de Briqueville avoit un port de mer appelé Lessay de Briqueville enquel maintes denrées et marchandises venanz en neefs et autres vesseaulx de mer arivent ou peuvent ariver et descendre et aussi de la terre charger es diz vesseaulx pour entrer en mer

Cet acte, intéressant par les détails qu'il nous fournit sur le port de Bricqueville-sur-Mer, nous apprend encore que Guillaume de Tournebu avait obtenu, à l'insu des religieux, un marchié au jour du vendredi en la dite ville de Bricqueville et une foire… Mais le roi, sur la réclamation sans doute des religieux du Mont-Saint-Michel, révoqua le privilège, et supprima la foire et le marché. Il paraît que le domaine de Bricqueville redevint la propriété de la famille Paynel ; car Nicolas Paynel, seigneur de Bricqueville, et qui était fils de Fouques Paynel et d'Agnès de Chanteloup, demanda au roi Charles VI la permission de relever son château et d'en rebâtir les tours . Ce Nicolas Paynel épousa Jacqueline de Varenne, veuve de Raoul Tesson, seigneur du Grippon. Leur fils Jean fut aussi seigneur de Bricqueville. Plus tard, un de leurs descendants se maria à Jeanne du Mesnildot.

Nicolas Paynel, qui était encore seigneur de Bricqueville lors de l'occupation anglaise, resta fidèle à la cause de la France. Henri V, roi d'Angleterre, confisqua son château et ses terres, et les donna à Jean Harpeden. Le 28 septembre 1421, le roi chargea Guillaume, comte de Suffolk, et Jean d'Arsheton, son bailli dans le Cotentin, de raser les forteresses de Bricqueville et de Chanteloup.

Après l'expulsion des Anglais, la seigneurie de Bricqueville rentra dans la famille Paynel, qui, plus tard, la porta par un mariage dans celle des de Piennes. Vers la fin du XV° siècle, un des membres de cette famille vendit le domaine de Bricqueville à Elisabeth do Montboucher, veuve de Jean de Montgommery.

Ce domaine resta la propriété des Montgommery pendant plusieurs siècles; mais, en l'année 1769, la marquise de Thiboutot, qui en était devenue propriétaire, le vendit à Pierre Duprey, conseiller du roi, lieutenant ancien civil et criminel au bailliage de Coutances. Une de ses filles, Françoise-Louise-Victoire Duprey, le porta en mariage à Philippe-François-Henri Abaquesney, écuyer, seigneur et patron de Parfouru.

La religion réformée eut ses partisans dans le pays, Ainsi, on vit, en l'année 1567, un curé de Bricqueville-sur-Mer, nommé Pierre Cirou, abjurer la religion catholique et embrasser les nouvelles doctrines. Il ne voulait ni dire la messe, ni administrer les sacrements à ses paroissiens, et cependant il prétendait percevoir les dîmes qu'on refusait de lui payer. L'official de Coutances le fit appeler, et se contentant de le réprimander, il le renvoya gouverner sa paroisse. Cette indifférence de l'autorité religieuse supérieure engagea plusieurs prêtres à adopter la nouvelle religion, qui leur offrait une doctrine plus conforme à leurs penchants.

Pans le cours du XVII° siècle, il y avait à Bricqueville neuf fiefs nobles.

Les fiefs de la grande Sieurie de Bricqueville, Saint Eloy et les Maizieres appartenaient au seigneur de Montgommery.

Les fiefs de la Saucée et d’Annoville étaient au seigneur de Cerisy.

Celui de la Vallée au seigneur de la Bazoche.

Celui de Beaumanoir appartenait au seigneur d'Auxais.

Et celui de la Motte, qui n'était qu'un démembrement de la grande Sieurie, appartenait à Jean-Baptiste Pillon.

On trouve comme seigneurs et patrons de Bricqueville-surMer dans les XVII° et XVIII° siècles : Jean-Charles Michel, chevalier, seigneur aussi de Camprond, Cambernon et gouverneur de Coutances. Sa veuve, Elisabeth de la Vieuville, prenait le titre de châtelaine et patronne de Bricqueville, Sainte-Marguerite et Saint-Martin-le-Vieux.

François-Louis Michel; il épousa Marie-Madeleine de Cauvet.

Pierre Duprey ; il prenait les titres de seigneur, châtelain et patron de Bricqueville, Chanteloup, Cérences, Saint-Martin-le-Vieux et Verge de Sainte-Marguerite.

Bricqueville-sur-Mer est aussi nommé Bricqueville-les-Salines, à cause du sel qu'on y fabrique. Cette industrie, autrefois fort étendue, a perdu toute son importance. On comptait à Bricqueville plus de soixante salines qui aujourd'hui sont réduites à trois. Celle décadence des salines remonte à la fin du XVIII° siècle, époque lors de laquelle on supprima les droits et les règlements. Le sel qu'on fabrique à Bricqueville est fin et blanc, et s'obtient par ébullition.


Sommaire

Sainte-Marguerite

Sainte-Marguerite, Sancta Margareta, Marguerita.

Cette église, qui n'offre aucun intérêt, a la forme d'un carré oblong.

On remarque dans le mur méridional une porte cintrée, aujourd'hui bouchée.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois, et leurs fenêtres sont à simples ogives.

Le mur absidal est droit, et percé de deux lancettes étroites, divisées par un meneau.

La tour, placée à l'entrée de l'église, est carrée, et se termine par un petit toit à double égout. Elle porte la date de 1764.

Cette église tombe en ruines. La paroisse est réunie à Bricqueville-sur-Mer.

L'église était sous le vocable de sainte Marguerite. Elle payait 34 livres de décime, et dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenne de Saint-Pair. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. C'était l'archidiacre Paynel qui en était le patron dans le XIII° siècle. Alors le curé avait toutes les dîmes, ce qui lui valait vingt-cinq livres. Rector percipit totum et valet xxv lib.

Dans le XIV° siècle, le seigneur de Chanteloup, le seigneur Jean Paynel, le seigneur Jean de Beau-Manoir et Nicolas Murdach se présentaient tous comme patrons de Sainte-Marguerite-sur-Mer. Le curé avait encore toutes les dîmes, et un presbytère contenant environ une vergée. Il payait quatre sous tournois pour la chape de l'évêque, trois sous et deux deniers pour droit de visite, et dix deniers pour le saint chrême. Les paroissiens devaient deux sous six deniers pour droit de débite. Parochiani solvunt duos solidos sex denarios pro débita.

La débite était une somme de moins de vingt sous que chaque curé payait annuellement à l’évêque. En 1541, cet impôt était à la charge des fabriques, qui payaient sept sous deux deniers. Pour juger de la valeur de cette somme, il faut savoir qu'alors la cire valait six sous, le suif quatre deniers et l'encens un sou la livre. On voit dans des actes de fabrique que dans ce temps là on donnait, comme aumône, un pain à ceux qui faisaient leurs pâques le jour même de Pâques.

Le dernier curé de Sainte-Marguerite a été l'abbé Le Buffe, qui, à l'assemblée des trois ordres du grand bailliage du Cotentin, en 1789, se fit représenter par Lerond, curé de bricqueville-sur-Mer. Le fief de Sainte-Marguerite avait dépendu du comté de Mortain. On lit dans un aveu de l'année 1327 : « Jehan de Beaumont, chevalier, tient une vavassorie en parage de M. Jehan Tesson à Sainte-Marguerite-sur-la-Mer et vaut de revenus 25 livres tournois. »

Dans le cours du XVII° siècle, les fiefs nobles de Sainte-Marguerite et de Beaumanoir, avec extension sur Bricqueville-près-la-Mer, appartenaient au comte d'Auxais.

Dans le siècle suivant, Anne-Charles Dubois, sieur de Ruault, conseiller, premier avocat du roi au bailliage et siège présidial de Coutances, était patron de Sainte-Marguerite-près-la-Mer.


Sommaire

Cérences

Cérences, Cherence, Ceroences, Cerentiae, Cerensis, Cerentium.

Le mot Cerences indique en langue celtique un lieu voisin de bois et forêts.

L’église de Cérences est de plusieurs époques, et n’offre pas d’intérêt.

La nef, a été refaite en grande partie. Au dessus d’une porte, existant dans le mur méridional, on lit la date de 1757, qui indique l’époque à laquelle la nef a été retouchée. Le mur septentrional offre des fenêtres longues et étroites.

Le chœur est du XIV° siècle, peut-être de la fin du XIII°. Il est voûté en pierres, et les arceaux de la voûte retombent sur des colonnes dont les chapiteaux sont ornés de volutes. Il est éclairé par plusieurs fenêtres longues, étroites et à ogives.

Le mur absidal est droit.

La tour est carrée, et se termine par un petit toit à huit pans, couvert en ardoises. Sa partie basse est plus ancienne que le surplus. On remarque, dans le mur méridional, une porte cintrée dont les archivoltes reposent sur des colonnes. Cette tour a sur chaque façade deux fenêtres, divisées par un meneau, et encadrées dans une plus grande arcade : chaque fenêtre est elle-même divisée par des croisées en pierres. Les arcades de sa voûte sont à ogive.

Sur une pierre, incrustée dans le mur septentrional de la tour, il existe une épitaphe, intitulée :

(Lettres gothiques)

Carmen sur la mort de noble demoiselle Suzanne

Goeslard, fille de ….. Nicolas Goeslard sieur de

Coustainville, advocat pour le ….. à Coustances

Epouse de M. André… lieutenant au bailliage

De Saint-Sauveur-Lendelin en ce lieu de Serences

Laquelle de lage de vingt neuf ans décéda le

28 du mois doctobre 1574

Suivent plusieurs lignes dont je n’ai pu lire que quelques mots. Le temps m’a manqué pour les déchiffrer.


Sur une pierre, près de l’église on lit :

CI-GIT M JUSTIN LE FEBURE

PRETRE NE A CERENCES LE 8 AOUT 1760

DECEDE AU MEME LIEU

LE 1er FEVRIER 1833

PRIEZ DIEU POUR LUI

L’église est sous l’invocation de la sainte Vierge. Le seigneur de ce lieu nommait à la cure, qui payait 88 livres de décime. L’église dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences.

Dans le XIII° siècle, Hugues Carbonnel en était le patron ; il avait deux gerbes sur son fief. Le curé, Maître Pierre de Hauteville avait la troisième gerbe et les autres dîmes. Le prieur de Mortain avait deux gerbes sur le fief de Boscheriorum.

Dans le siècle suivant, ce patronage était exercé par Jean Carbonnel, seigneur de Cérences. La dîme se partageait entre le curé, le chapitre de Coutances et les religieux de Mortain.

Jean de Carbonnel, seigneur de Cérences, fut inhumé dans la chapelle du saint sépulcre, dans la cathédrale. On lisait sur son tombeau l'inscription suivante:

CY GIST ET EST LA REPRESENTATION DE LA SEPULTURE

DE NOBLE ET PUISSANT SEIGNEUR MESSIRE

JEAN CARBONNEL, CHEVALIER, SEIGNEUR DE CERENCES

FONDATEUR DE LA SECONDE PORTION DE CETTE CHAPELLE

DU SEPULCRE, QUI TRESPASSA LE 22 SEPTEMBRE 1414,

PRIES DIEU POUR SON AME. PATER ET AVE.

Il y avait dans la paroisse une chapelle, nommée la chapelle de Guelle, Capella de Guela, dont l’archidiacre Paynel avait été le fondateur, et à laquelle ses propres revenus suffisaient pour être desservie : in dicta parochia est quedam capella vocata capella de Guela cuius fuit fundator dominus archidiaconus Paganellus et de redditibus bene potest deserviri.

Le seigneur de Guelle avait fait une donation à l’église de Cérences parce que le curé rendrait participants la femme et les enfants du donateur aux prières qu’il ferait pour lui dans la chapelle.


VOIE ROMAINE – Une voie romaine importante, appelée Chemin chaussé, traversait les landes de Cérences à un endroit nommé l’Epinay, où existait autrefois un pont en pierres. Elle venait de Coriallum, Cherbourg, arrivait à Cosedia, Coutances, et se rendait à Legedia, Avranches, dans la direction des paroisses du Loreur, de la Meurdraquière, de Folligny, par le Repas, de Repasto. Dans cet endroit, sur le bord de cette voie romaine, on trouva, il y a quelques années, dans un champ où il y avait une très ancienne chapelle sous le vocable de Saint Denis, des poteries et des monnaies romaines, des tuiles rouges à rebord, et des tombeaux qui ne renfermaient plus que des cendres.

La voie romaine qui passait à Cérences est appelée, dans une charte de l'an 1297, le Chemin-Chaussé : In parrochia de Cérences, in feodo de haietes ultra malepalu et jungitur ex uno latere Chemino Chaucie. Au-delà d'Avranches, cette ancienne voie, dans le moyen-âge, s'appelait Cheminum domini Régis, le Chemin du Roi, notre sire, ou Cheminum calciatum, Chemin-Chaussé.

MONNAIES – On a trouvé récemment à Cérences, en démolissant une vieille maison, sept pièces en or. L’une est un louis d’or sur lequel on lit : LUDOVICVS XIII D. G. FRANC. ET NAVARR. REX et sur le revers : CHRISTVS REGNAT VINCIT ET IMPERAT. 1631.

Sur une autre : DNS ADIVTOR ET REDEMPVS 1578 LUDOV P . DOMBARVM D. MONTISF . Les armes qui sont sur le revers sont à la bande d’or avec trois fleurs de lys, deux et un.

Des cinq autres, deux sont frustes et coupées. Sur les trois autres on lit : HISPANARVM REX 1607 PHILIPPVS III D.G.


FAITS HISTORIQUES – Dans le XI° siècle, Cérences faisait partie du domaine ducal de Normandie ; car Richard III, duc de Normandie, épousant au mois de janvier 1027, la princesse Adèle, fille de Robert, roi de France, affecta à la dot de sa fiancée plusieurs cours ou domaines, au nombre desquels figure Cérences : concedo quoque super eumden fluvium Senae (la rivière la Sienne) cartem quae appelatur Cerencis .

Le château et la vicomté de Cérences appartenaient autrefois au Comté de Mortain. Aussi, vit-on Robert, comte de Mortain, donner à son église Saint Evrout et aux moines du Rocher la dîme des revenus de son moulin et de sa forêt de Cérences qu’on appelait aussi forêt de Folligny, avec XX livres de rentes sur la recette du même lieu de Cérences. Quand plus tard, il fonda dans sa ville, au château de Mortain, un chapitre de chanoines, il lui donna, entre autres choses, la dîme du marché, du moulin et des anguilles péchées à Cérences : apud cerentias decimam telonei et molendini et anguillarum.

Lorsque Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, vint en Normandie, après la mort d’Henri 1er , pour y défendre les droits de sa femme Mathilde contre les prétentions d’Etienne de Blois, il reprit plusieurs châteaux, au nombre desquels était celui de Cérences : ipse aulem movens exercitum Cerentias venit quo sine ferro recepto ad Bricatim (Avranches) civitatem venit

Après la mort de Philippe, comte de Boulogne, fils de Philippe-Auguste, roi de France, on fit le partage du comté de Mortain : on en composa trois lots. Le second lot qui échut à la comtesse de Boulogne, comprit, entre autres domaines, Cérences, Cerencie ; Montchaton, Mons Catonis et la terre de Richard Leriverenc, sise à Cérences, terra ricardi Leriverenc apud Cerencias. Dans le premier lot figurèrent Coutances, Constancie ; Baudreville, Baudrevilla ; Contrières, Contrerie ; Ancteville, Anquetevilla ; Geffosses, Guinoufosse ; Saint Sauveur, Sanctus Salvator ; Muneville, Munevilla ; Grimouville, Grimouvilla ; Créances, Criencie ; La Feuillie, Foilleia ; Linverville, Livervilla ; Gouville, Goouvilla ; Le Homméel, Hommeel ; Anneville, Anslavilla ; Savigny, Savigneium ; Servigny, Sirvigniacum ; Saussey, Sauceium ; Hudimesnil, Heudoin-mesnillum ; la foire de Muneville, feria de Munevilla. Cet acte précieux pour l’ancienne topographie du pays, fut fait à Rouen à l’échiquier de Pâques, au mois d’avril 1235.

Lorsque Henri II, duc de Normandie, fit rédiger le Livre rouge de l’Echiquier, Hugues de Beauchamp tenait dans la vicomté de Cérences un fief de chevalier, dépendant du roi, sous le comté de Mortain. Deux autres fiefs, situés aussi à Cérences, dépendaient du même comté. Hugues de Carbonnel tenait l’un, et Olivier de Tracy l’autre. Tous les deux devaient le service au château de Mortain. L’un des ancêtres de Hugues de Carbonnel était à la conquête de l’Angleterre avec Guillaume de Falaise.

Plusieurs aveux rendus, dans le XIV° siècle, fournissent sur Cérences quelques faits historiques, et des renseignements sur les revenus des terres, qui ne sont pas sans intérêt. Ainsi, on lit dans un aveu de l’année 1327 que, dans la sergenterie de Cérences, « M° Nicolle Baudre, tient du roy nostre sire un petit franc fieu gage plege qui est appelé fieu de Mons et vaut environ 25 livres de revenu ».

Dans un autre, que « Fouques de Sainte-Marie prestre tient en la paroisse de Cérences du roy nostre sire une vavassorie qui vaut communes années 10 livres et est tenue franchement à gage-plège. » On voit qu’en l’année 1327, «Richard deTorcheboeuf tient du roy notre sire en la paroisse de Cérences un moulin appelé le petit moulin de la chaussiée (Chaussée) avec toute la chaussiée et toute la terre qui appartenoit au vivier au temps qu’il estoit vivier et avec le giste du dict vivier les brecs et escluses par ou l’eau venoit au dict moulin et avec toutes les appartenances au dict moulin de quelle condition qu’en soit pour 25 livres 10 sous de rente rendant la moitié à la Saint-Michel, et l’autre moitié à l’échéance de Pasques et le tient le dict écuyer par lettres du roy nostre sire et vaut au dict Richard chacun an 80 livres ou viron…»

Dans un autre aveu, on lit que « Guillaume Carbonnel, chevalier, seigneur de Sordevast, tient du roy nostre sire, un fief de haubert à Cérences, à Lengronne, à Heugueville, à Tourville, à Orval, à Montchaton, à Renieville, adjoints au dit fieu de Cérences par grâce du prince qui vaut ou peut valloir de revenu bon an mal an 220 livres. Item il tient outre ycelui fieu le patronage de l’église de la dicte ville de Cérences qui rent au dixiesme 200 livres. Item il tient à Cérences la tour de Cérences dont il rent au roy 20 s. à la St Michel et 20 s. à Pasques… Et pour le dict fieu de Cérences il doit services de 53 hommes armés trois jours et trois nuits au pertuis de Saquespée… ».

Ce Guillaume Carbonnel céda à Robert, évêque de Coutances, une partie de la dîme des blés de Cérences ; car on lit dans une charte de l’année 1303 que l’évêque concéda cette portion de dîme pour la fondation d’une chapelle dans la cathédrale : damus et concedimus intuitu charitatis medietatem portionis decime bladorum crescentium in parochia de Cerenciis quamquidem decimam acquisivimus a Guill. Carbonnel armigero.

Dans l’état des fiefs de l’élection de Coutances, on voit qu’en l’année 1327 Allis de Courcy, veuve d’Olivier Paynel, tenait à Cérences, de Guillaume de Montfort, un quart de fief de haubert, appelé le fief de Guelle. A cette époque, le fief principal de Cérences devait encore appartenir à la famille de Carbonnel ; car on trouve que Jean de Carbonnel, chevalier, qui avait épousé Marguerite Le Cointe, et qui mourut en 1414, était alors seigneur de Cérences, et que son fils, Henri de Carbonnel, l’était encore à la fin du siècle.

Dans le cours du XVII° siècle, on comptait à Cérences quatorze fiefs nobles. Trois dépendaient des domaines du roi et des vicomtés de Coutances, Gavray et Cérences, et ils en avaient les vicomtes pour sénéchaux.

Les fiefs le Tourneur, Pirou et le Vallois, dépendant de la baronnie de Bréhal, appartenaient au duc de Longueville. Les tenants devaient comparaître aux plaids de la baronnie.

Les fiefs de la Grande Sieurie, des Grandes Hiettes et de Maupertuis appartenaient à Louis de Montgommery, écuyer, sieur de Chantelou.

Les deux fiefs de Guelle étaient, l’un à Henri-Robert Lecourt, écuyer, sieur de Sainte-Marie, et l’autre au comte de Vezelay.

Les héritiers de Costentin possédaient les fiefs du Mesnil-Vaudon et de la Molière. Raoul du Saucey, seigneur de Gratot dans le XIV° siècle, avait possédé le fief de Mesnil-Vaudon, qui valait alors trente sols. Il le tenait par hommage du seigneur de Saint-Denis.

Robert Tanqueray, conseiller au présidial de Coutances, avait le fief des Petites Hiettes.

Il y avait à Cérences, à la même époque, sept moulins à blé qui marchaient par eau. Les deux moulins de Saint-Nicolas et celui des Etrainville appartenaient au sieur de Chantelou. Leurs revenus étaient de 400 livres.

Le Court de Sainte-Marie avait les trois moulins de Guelle.

Et le moulin de la Chaussée, valant 60 livres de revenu, dépendait du domaine de Périers.

Les grands rôles de l’Echiquier de Normandie, tenus à Caen, en l’année 1180, nous fournissent quelques détails sur les revenus de la ferme de Cérences. On y voit, entre autres, que « le receveur de la ferme de la vicomté de Cérences, s’acquittant des aumônes établies, donne au trésorier de Mortain six livres ; au matriculaire c’est à dire à celui qui tenait les registres de l’église collégiale, 40 sols ; pour le luminaire de la même église, 40 sols ; au doyen, pour sa dîme, 7 livres 4 sols ; pour l’ échange d’Yvrande, 7 livres ; enfin, il fournit encore, à cause de l’aumône devenue coutumière, 8 sols à un garde, forstario castanoarie. » Il est écrit à la suite de ce rôle : Ecclesia de Cerences ex donatione regis de comitatu Moritonii.

Ces grands rôles normands nous apprennent qu’il y avait à Cérences une léproserie, et qu’elle recevait 4 sols 6 deniers de rente sur l’aumône établie.


CHATEAU DE CERENCES : Nous avons vu que, dans le XI° siècle, Cérences avait son château fort. Depuis longtemps cette forteresse a complètement disparu, et il n’en reste plus que le souvenir. Mais où trouver l’emplacement du château de Cérences ? Suivant les uns, il faut aller le chercher sur la route de Cérences à la Haye-Pesnel, dans un lieu nommé la Motte Billard ; suivant d’autres, ce serait près de la rivière, au sud du bourg, à peu de distance du Petit Valencey, sur un tertre nommé le Mont de Souris. Une tradition locale, généralement admise, place le château de Cérences derrière les anciennes halles, à peu de distance de l’église.

Cérences était le siège d’un doyenné, d’un bailliage démembré de celui de Saint-Sauveur-Lendelin, séant à Périers, et d’une vicomté qui dépendait de l’élection de Coutances. Le chef de la famille Avenel des Biards devait à la vicomté de Cérences le service de cinq chevaliers. Sa sergenterie, qui était aussi appelée Sergenterie Sabot, était tenue sous la mouvance du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin.

Il y avait alors à Cérences des marchés et des halles ; car on voit que sur le compte de la vicomté de Coutances, pour l’année 1327, la cohue (les halles) des blés de Cérences y figure pour une somme de 15 livres.

Aujourd’hui, Cérences est un bourg dépendant du canton de Bréhal. Il a plusieurs foires annuelles et un marché hebdomadaire. Ce bourg est cité comme un des plus anciens du pays, et sa vicomté datait du temps des premiers ducs de Normandie.

Dans le cours du XVII° siècle, les populations, dans la Basse Normandie, qui savaient combien la gabelle était odieuse là où elle existait, s’émurent vivement quand elles surent qu’on voulait l’établir dans les contrées qui en avaient été exemptes. Alors, on vit paraître les soldats de l’armée de souffrance, qu’on désigna sous le nom de va-nu-pieds, qui cherchaient à s’opposer à l’exécution des volontés royales. « Les factieux se portèrent à une rébellion entière, firent imprimer des mandements qu’ils envoyèrent par les paroisses avec des lettres par les quelles ils enjoignoient aux curés de les faire publier, et ces mandements portoient qu’ils se pourveussent d’armes et se tinssent pretz à se joindre aux corps, où il leur seroit mandé pour résister aux monopoliers, défendre les privilèges de la province…. Latour, un des chefs, eut Cérences, Villedieu et les paroisses des environs.»

« Le 23 du mois d’octobre (1639) ceulx de Cérences allèrent piller et ravager la maison d’un nommé Adam en la paroisse de Meneville-sur-la-Mer, et ils le mirent, et sa femme nuds en chemise, hors de leur maison, qui, en cet estat se retirèrent à Coustances.»

Le chancelier Séguier, envoyé par le roi pour faire juger et punir les révoltés, fit détruire plusieurs maisons, appartenant aux plus coupables, afin d’intimider les autres. « Par ordre de Mgr le chancelier, il y eut plusieurs aultres maisons démolies à Avranches ; aultres bruslées ; mesme le village de Cérences y avoit esté condamné entièrement, à cause des rebellions souvent réitérées par les habitants de ce lieu ; mais le prévost de l’Isles se contenta d’y en ruiner 7 ou 8, ayant rapporté avoir esté meu de compassion pour le reste, et ne s’en estre pris qu’aux plus coupables… Et les brulementz des 7 ou 8 maisons ont esté faictz au village de Cérance par les gardes dudict Sr Gassion . » Les habitants de Cérences, ainsi qu’on le voit, prirent une grande part à la révolte des Va-nu-pieds ; aussi furent-ils menacés de voir détruire par le feu toutes leurs maisons.

Le Parlement de Rouen eut à juger, dans le cours du même siècle, une question dee préséance qui s’éleva entre le sieur de Costentin, écuyer, et Henri Le Coq, écuyer, lieutenant général à Cérences. Il s’agissait de savoir lequel des deux marcherait le premier à la procession et à l’offertoire. Le sieur de Costentin prétendait à cet honneur, parce que l’église était située dans le bailliage de Coutances, tandis que, suivant Henri Le Coq, elle était placée dans celui de Cérences. Il fut regardé comme constant que les juges gentilshommes devaient avoir la préséance sur les autres gentilshommes dans l’église, située dans ce lieu, siège principal de leur juridiction. Alors le Parlement décida que Henri Le Coq précéderait dans l’église de Cérences le sieur de Costentin, plus âgé que lui, tant à la procession qu’à l’offertoire et marche, pourvu que le lieutenant général fut en habit décent et de magistrature. Basnaye qui rend compte de cette grave affaire, dit qu’elle fut plaidée le jour où le comte de Thorigny, lieutenant général pour le roi en Normandie, prit séance au Parlement.

Au nombre des nobles du bailliage de Cérences qui figurèrent, en 1789, à l’assemblée des trois ordres du grand bailliage du Cotentin, on trouve Georges-Jacques-Robert de Péronne de la Sablonnière, seigneur de Cérences en partie ; Hervé Le Court, sieur de Sainte-Marie, seigneur du fief de Guelles ; et Pierre-Jacques Fremin de Lingreville, écuyer, officier au régiment de Quercy. Il avait épousé Anne-Marie-Sophie Mallet de Castelbajac . La garde nationale de Coutances l’a eu pour chef pendant plusieurs années.


Note : Concernant la voie romaine,Daniel LEVALET remet en cause les interprétations de Renault et autres auteurs du XIXème dans « Le Repas : une station routière gallo-romaine » : in Annales de Normandie Janvier 2006.

Sommaire

Bourey

Bourey, Burrum, Boeriun, Borreium. En langue saxonne Bury, et en langue celtique Bur, Burg, signifient demeure.

Il y a dans la paroisse un bois nommé le bois de Buron.

L'église est d'une construction récente. La tour est carrée, et se termine par une espèce de dôme en forme de calotte. Le font baptismal présente seul quelque intérêt.

La cuve est à quatre façades. Six petites arcatures ogivales, surmontées d'un trèfle, gravé en creux, tapissent chaque façade. Elle reposait sur des colonnettes qu'on a brisées ou supprimées, et dont il ne reste plus que la base sur laquelle est déposé le chapiteau.

Ce petit monument, qui existait dans l'ancienne église, a été conservé dans la nouvelle, dont il est le seul ornement. Je le crois du XIV° siècle.

Sur une pierre tumulaire, placée dans le cimetière, on lit :

JACQUES VIBERT nez d'argent

CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR

ANCIEN LIEUTENANT

DE L’HOTEL ROYAL DES INVALIDES

NE A BOURREY LE 2 FEVRIER 1744.

SOLDAT INTREPIDE

IL FIT AVEC ECLAT

LES CAMPAGNES DES ANNEES

III. IV. V. VI. VII. VIII. IX. X.

XI. XII. XIII. XIV. 1806 ET 1807.

TERRE SOIS LUI LEGERE.

Sur une colonne funéraire, j'ai lu :

A LA MEMOIRE

DU MEILLEUR DES PERES

ICI REPOSE EN PAIX

LE CORPS DE JULIEN ODET

LEBOUCHER, AVOCAT

CHEVALIER DE LA LEGION

D’HONNEUR

MAIRE DE BOUREY

DECEDE LE 23 SEPTEMBRE 1826

AGE DE 82 ANS, 3 MOIS, 9 JOURS

L'église est sous le vocable de la sainte Vierge. Elle était taxée à 39 livres de décime, et dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Le curé avait toutes les dîmes. Dans le XIII° siècle, c'était Robert de Chanteloup à qui appartenait le patronage ; alors la cure valait XLII livres.

Il n'y avait à Bourey qu'un fief noble, qui était sous la mouvance de la baronnie de Bréhal, dont il faisait un membre. Il appartenait au duc de Longueville.

Près de l'église, on voit l'habitation de M. Leboucher, maire actuel de Bourey. On y arrive par de belles avenues.

Julien-Odet Leboucher, dont j'ai donné l'inscription tumulaire, naquit à Bourey. Dès sa jeunesse, il montra les plus heureuses dispositions. Il commença ses études au collège de Coutances, et les termina à celui d'Harcourt. Il se livra avec ardeur à l'étude des sciences et des lettres, et fut reçu avocat au parlement de Paris. Devenu l'ami des braves et habiles marins qui avaient soutenu l'honneur du nom français en Amérique, il publia l'histoire de la guerre dans laquelle ils s'étaient distingués. Louis XVI, à qui cet ouvrage fut présenté, le lut, et pour témoigner sa satisfaction à l’auteur, il lui fit don d'une collection d'atlas et de voyages, marqués de ses armes. Plus tard, M. le comte de Lacepède ayant appelé l'attention de Napoléon sur cet ouvrage, M. Leboucher fut nommé membre de la Légion d'Honneur, et ce fut dans sa retraite, à Bourey, qu'il apprit sa nomination.

Sommaire


Chanteloup

Chanteloup, Cantulupus

L’église , petite et sans caractère marqué, n’offre aucun intérêt.

La nef, quoiqu’elle ait subi des reprises, est du XI° ou XII° siècle. On remarque encore dans le mur septentrional de l’ opus spicatum, c’est à dire des pierres disposées en arête de poisson. On y voit aussi une petite fenêtre en forme de meurtrière, comme on en faisait pour les églises de campagne dans les XI° et XII° siècles. Un contrefort peu saillant, de la même époque, existe sur ce mur. Une porte cintrée, aujourd’hui bouchée, se remarque dans le mur méridional.

La charpente de la nef est restée à nu à l’intérieur, et elle est couverte en essente.

Le chœur, avec ses fenêtres et son mur absidal à pans coupés, est du XVIII° siècle.

La tour, placée extérieurement au nord, entre chœur et nef, paraît appartenir au XV° siècle. Elle est quadrilatère dans sa partie inférieure, et se termine par un toit octogone, couvert en ardoise.

L’église est sous le vocable de Saint-Pierre. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure. Elle était taxée à 22 livres pour décime, et dépendait de l’archidiaconné de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair.

Le duc Richard II donna au Mont-Saint-Michel cette église, appelée dans l’acte de donation l’église de Chanteleu.

Dans le XIII° siècle, Robert de Chanteloup avait le patronage de l’église. L’abbé de Hambye avait deux gerbes que Foulques de Chanteloup avait, en l’année 1228, données aux moines avec un emplacement pour y batir une grange . Le curé avait la troisième gerbe et le casuel.

Dans le siècle suivant, Foulques Paynel, seigneur de Hambye, possédait le patronage de l’église de Chanteloup, à cause d’Agnès de Chanteloup, son épouse. Alors, sur les deux gerbes appartenant à l’abbaye de Hambye, le curé avait dix quartiers de froment, autant d’avoine et deux cent de paille. Il y avait, à cette époque, dans l’église, deux autels : l’un dédié à sainte Catherine, et l’autre à saint Etienne. Le curé, pour les desservir, avait, chaque année, 18 quartiers de froment.

FAITS HISTORIQUES : Un seigneur de Chanteloup ou Canteleu alla à la conquête avec Guillaume. Il posséda en Angleterre des fiefs et des domaines nombreux, et sa famille figure parmi les barons anglais jusqu’au commencement du XIV° siècle. Plusieurs Chanteloup, établis en Angleterre, furent inhumés dans le prieuré de Studely, dont ils avaient été les bienfaiteurs.

On cite comme étant allés à la croisade avec Robert dit le Magnifique, lorsqu’il partit avec grand foison de chevaliers, barons et aultres gens de Normandie, Guillaume, Robert et Foulques de Chanteloup.

Guillaume de Chanteloup, attaché au roi Jean Sans-Terre, suivit la fortune de ce prince et, prenant parti pour lui contre ses barons, il abandonna la cause du prince Louis, fils de Philippe-Auguste. Gautier, un de ses fils, devint évêque de Worcester ; et Thomas, son petit-fils, qui fut d’abord chancelier de l’Université d’Oxford, devint ensuite évêque d’Hereford.

A la fin du XIII° siècle, Agnès de Chanteloup épousa Foulques Paynel, troisième du nom, et porta dans cette famille la seigneurie de Chanteloup.

Plus tard, et dans les premières années du XV° siècle, un autre mariage fit passer les grands et les nombreux domaines réunis de Chanteloup et des Paynel dans la famille d’Estouteville.

Lorsque le roi d’Angleterre fut devenu maitre de la Normandie, il confisqua tous les domaines de ceux qui se déclarèrent contre lui. Ce fut à Jean Harpeden, son cher et fidèle chevalier, dilectus et fidelis noster Johannes Harpeden chivaler, que Henri V, roi d'Angleterre, donna, le 26 mars 1418, la tour, c'est-à-dire la forteresse, et le domaine de Chanteloup, qu'il avait confisqués sur Jeanne de Champagne, femme de Nicolas Paynel, pour le récompenser des services qu'il rendait au roi et qu'il lui rendrait à l'avenir : pro bono et acceptabili servicio quod nobis impendit et impendet in futurum dedimus et concessimus ei turrim et dominium de Chantelou… que fuerunt Johanne de Champayn que fuit uxor Nicholai Paignel adhuc absentibus. Celle concession était faite à charge d'hommage et d'une épée à donner chaque année le jour de Noël, habenda et tenenda… per hommagium ac reddendo nobis……. unum gladium ad festum natalis Domini singulis annis.

Le roi, le 28 septembre 1421, ordonna à Guillaume, comte de Suffolk, et à Jean de Assheton, son bailli de Cotentin, de faire démolir les châteaux forts de Chantelou et de Bricqueville : Sciatis quod certis de causis… assignavimus vos ac plenam… damus potestatem et auctoritatem ad castra sive fortalicia de Chantelo et Brikebile… cum celeritate possibili dirrepand. et ad terram prosternand. seu dirrepari et ad terram prosterni faciend.

Il paraît que cet ordre n’aurait pas été exécuté, car elle est citée au nombre de celles que reprirent sur les anglais, en 1449, les troupes du connétable de Richemont. Charles VII rendit le domaine de Chanteloup à Louis d’Estouteville, qui lui était resté fidèle.

Un siècle après, Chanteloup devint la propriété des Bouillé, dont l’un, Regney de Bouillé, fut capitaine de cinquante hommes d’armes de l’ordonnance du roi Louis XIII.

Après la famille des Bouillé, Chanteloup appartint aux Montgommery. Jean de Montgommery possédait cette seigneurie en 1653, et Louis, son fils, en 1691. La marquise de Thiboutot, qui la tenait des Montgommery, la vendit à Pierre Duprey. Cette Chatellerie, dont les revenus étaient alors de 4000 livres, s’étendait sur les paroisses de Coudeville, Saint Martin le Vieux, Sainte Marguerite, Bricqueville sur Mer et Cérences.

Le domaine et le château de Chanteloup appartiennent aujourd’hui à Camille Boudier de la Valleinerie, à cause de sa femme, qui est une demoiselle Henriette-Gabrielle Abaquesney de Parfouru, dont le père avait épousé Françoise-Louise-Victoire Duprey.

CHATEAU DE CHANTELOUP : Le château était entouré de fossés pleins d’eau. Un pont-levis défendait sa porte d’entrée. Une des tours d’enceinte existe encore en partie. En l’année 1594, ce château soutint contre Viques, chef des ligueurs, un siège de plusieurs mois . Nicolas Fortin en était alors le gouverneur. Henri IV, pour le récompenser de sa belle résistance, lui concéda la noblesse . Nicolas Fortin, sieur des Champs, était de la paroisse de Cuves .

On s’explique difficilement, en voyant l’état actuel du château de Chanteloup, comment il a pu soutenir un siège de plusieurs mois. Peut-être ne fut-il pas attaqué bien vivement, ou, depuis, a-t-il perdu quelques-uns de ses moyens de défense.

Ce château, tel qu’on le voit aujourd’hui, sert d’habitation, et offre encore les restes d’une ancienne forteresse féodale. La maison d’habitation, d’après sa façade, est en partie de l’époque de la Renaissance.

Il existait dans l’enceinte du château une chapelle qui subsiste encore, et que je n’ai point visitée, mais qui, vue de loin, m’a paru avoir perdu sa destination primitive. Les fenêtres qui l’éclairent en ont sans doute remplacé d’autres de forme ogivale, et qui étaient longues et étroites comme celles qu’on voit encore en partie. La chapelle, si on la juge d'après le caractère de cette fenêtre, pourrait être du XIII° siècle. Ses revenus furent transférés à l’église paroissiale.


Sommaire

Coudeville

Coudeville Condevilla, Coudevilla

Coudeville est cité comme une des plus anciennes paroisses de la Basse-Normandie.

L’église présente peu d’intérêt. Elle se compose d’un chœur, d’une nef, et de deux petites chapelles sans autels.

Ces deux chapelles forment la partie la plus ancienne de l’église. Leurs murs quoique retouchés, offrent encore des assises bien marquées de pierres disposées en arête de poisson, construction qui annonce, on le sait, le XI° ou le XII° siècle. La corniche des murs repose sur des modillons taillés en forme de biseau.

Les fenêtres sont à ogive et allongées ; elles ont dû être refaites à la fin du XIII°, et en remplacer d’autres qui, sans doute, étant petites, étroites et cintrées, ne donnaient pas assez de lumière.

Chaque chapelle est garnie d’une crédence . Celle de la chapelle méridionale est du XVI° siècle ; l’autre n’a pas de caractère.

La nef est de construction moderne. Elle est voutée en bois, et les fenêtres qui l’éclairent sont carrées.

Le chœur et la tour sont du XIV° siècle. Leurs voûtes sont en pierres. Les arceaux croisés de la voûte du chœur tombent sur des modillons en forme de consoles, ou sur des colonnes à chapiteaux garnis de tores et d’un abaque octogone.

Dans le mur méridional du chœur, on remarque une porte cintrée aujourd’hui bouchée.

Les arcades de la tour, placée entre chœur et nef, viennent s’appuyer sur des pileiers garnis de colonnes, cantonnées en croix. Cette tour est couronnée par un petit toit à double égout.

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de fronton triangulaire.

Les cloches portent les inscriptions suivantes  :

EN L’AN 1819, POUR LA GLOIRE DE DIEU

ET LE SERVICE DE L’EGLISE DE SAINT GEORGES DE COUDEVILLE

J’AI ETE REFONDUE PAR LES SOINS DE

MONSIEUR LE PIGEON DE VIERVILLE, ECUYER,

MAIRE ET PRESIDENT DE LA FABRIQUE DE

CETTE PAROISSE ET DU SIEUR BON FRANCOIS

GIRARD , TRESORIER, ET NOMMEE

MARIE-EDOUARD PAR NOBLE DAME

MARIE MAGDELAINE DE VIERVILLE NEE POSTEL

ET PAR M. F. T. H. LEPIGEON DE VIERVILLE

ECUIER SOUS-COMMISSAIRE DE LA MARINE

ET BENIT PAR M. CHARLES FLEURY,

CURE DESSERVANT DE CE LIEU


EN L’AN 1819, POUR LA GLOIRE DE DIEU

ET LE SERVICE DE L’EGLISE DE SAINT-GEORGES DE COUDEVILLE,

J’AI ETE DONNEE PAR LES HABITANTS

DE CE LIEU ET AUTRES PROPRIETAIRES

ET NOMMEE FLORE-AIMABLE

PAR DEMOISELLE LOUISE NATHALIE DALALANDE

FILLE DE M. J. B. DELALANDE, AVOCAT,

ET PAR M. AIMABLE FRANCOIS DELAMARE PLEMONT

DE LA NUSVILLO, GARDE DU CORPS

DE S.A.R. MONSIEUR, FRERE DU ROI,

ET BENITE PAR M. FLEURY, CURE DESSERVANT,

ASSISTE DE M. ROMMY, VICAIRE DE CETTE PAROISSE

L’église est sous le vocable de Saint-Georges. L’évêque et le seigneur du lieu nommaient alternativement à la cure, qui était taxée à 41 livres de décime. Elle dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint Pair. Dans le XVI° siècle, elle appartenait encore à l’abbaye du Mont Saint-Michel.

Dans le cours du XIII° siècle, l’abbé du Mont-Saint-Michel, qui avait le patronage de Coudeville, prenait la dîme d’une partie des fruits ; le curé avait l’autre partie et l’autelage, c’est à dire le casuel. L’Hotel-Dieu de Coutances prélevait sur un certain fief, in quodam feodo, un quartier de froment. Le chapelain de Mesnil-Seran, capellanus de Mesnillo Seran, avait droit à XXX sols, et un Roger Tortechavate à XXXVI sols. Le curé avait une maison et trois vergées et demie de terres. Il payait quatre sols pour la chape de l’évêque.

En l’année 1287, Eustache 1er évêque de Coutances, régla, par un nouveau partage qu’il fit de la paroisse, les procès continuels qui s’élevaient entre les religieux du Mont-Saint-Michel et le curé de Coudeville.

On comptait à Coudeville, dans le XVII° siècle, quatre fiefs nobles. Une extension du fief de la Baronnie de Saint-Pair appartenait à l’abbé et aux religieux du Mont-Saint-Michel. Paul-François Brohon, sieur de Boisval, était sénéchal de cette baronnie.

Le fief de la verge était à Jacques Gautier, écuyer, seigneur du lieu. La famille Gautier le possédait dès l’année 1619.

La vavassorie noble de la Causserie ou Torsavatte , s’étendait sur Saint-Martin et Bréhal, appartenait au sieur de Montgommery.

Enfin, il y avait la sieurie de Villiers, avec extension sur Saint-Martin, Bréville, Saint-Planchers et Anctoville.

On trouve comme seigneurs de ce fief :

Jacques Morain ; - François Morain ; il portait d’argent à trois palmes de sinople posées en pal, dont la première et la deuxième sont adossées ; - Claude Morain ; - messire Jacques-Alexandre Morain, écuyer , seigneur de Villiers ; - Catherine-Perrine-Jacqueline de BOUHON, veuve de Louis-Alexandre Lechevalier.

Ce domaine, vendu à M. Delalande, décédé juge au tribunal civil de Coutances, appartient à son gendre, M. Edouard Grandin .

Lors de la réunion des trois ordres du grand bailliage de Cotentin, en 1789, Mme Gautier de Bussy figura dans cette Assemblée comme dame et pâtronne de Coudeville et de Donville. Elle y fut représentée par Messire André Potier, seigneur en partie de Saint Martin le Vieux. Le château ou manoir, appartenant à la famille de Bussy, n’existe plus.

Suivant une ancienne tradition, il y aurait eu à Coudeville un établissement de druidesses ; un lieu nommé la Chesnaye est peut-être le seul vestige qui puisse se rattacher à cet établissement.

Sommaire


Équilly

Equilly, Aquilie, Æquilies, Helquilly, Esquileyum.

Le nom d’Equilly paraît dériver du mot latin aqua, ex aquis, et indiquer un lieu entouré d'eaux. L'église est insignifiante. Elle appartient à la période moderne, et peut remonter à un siècle et demi. Les fenêtres qui l'éclairent sont rondes et sans caractère.

La tour est placée à l'extérieur, vers le nord, entre chœur et nef. Terminée en bâtière, on a eu le mauvais goût d'élever au-dessus une petite flèche.

Le chœur, la nef et les deux chapelles sont voûtés en bois. Un porche à plusieurs ouvertures cintrées précède l'église.

Sur deux pierres tumulaires, près de l'autel, on lit :

CY - GIT – M°. -

THOMAS - LETOURNEUR -

Ptre - CURÉ - DE - CE

LIEU - LE - 17

AVRIL - 1735.


CY - GIT – M°. -

JEAN - LETOURNEUR -

Ptre - DE – CETTE - PAROISSE

DECEDE - …….

1755.

L'église d'Equilly n'était pas anciennement où nous la voyons aujourd'hui. Elle a été construite pour remplacer la chapelle qui existait dans un endroit voisin, nommé le Clos Campin.

Elle est sous le vocable de sainte Anne. Elle était taxée à 30 livres pour décime, et dépendait de l'archidiaconé du Val-de-Vire et du doyenné de Gavray.

Le patronage de l'église, d'après le Livre noir et le Livre blanc, appartenait au doyen de Mortain,; patronus decanus de Moretonio; mais suivant l'état des paroisses, dressé en l'année 1665, il appartenait au baron d'Aspre, seigneur d'Equilly. Dans le XIII° siècle, le doyen de Mortain prenait deux gerbes : percipit duas garbas, mais sans le consentement du chapitre, sine confirmatione capituli ; le curé avait la troisième et l'autelage, c'est-à-dire le casuel : rector percipit terciam garbam cum altalagio ; ce qui valait au curé 28 livres, et au prieur 32 livres.

FAITS HISTORIQUES. — Lorsque Robert, comte de Mortain fonda dans sa ville un chapitre de chanoines, il donna à cet établissement religieux la dîme de sa forêt d'Equilly, et decimam foreste de Esquileyo ; la dîme aussi de sa châtaigneraie, de ses vacheries et de ses porcheries, et dec imam castanearie vaccariarum et porcariarum ; deux parts de la dîme de ses fermes, duas partes decime villanorum ; sa chapelle d'Equilly, et capellam de Esquileio, avec la dîme de ses domaines, cum décima dominiorum.

Des aveux, rendus au roi dans les XIV° et XV° siècles, nous prouvent aussi que les fiefs d'Equilly, ainsi que ceux de Folligny et de Beauchamps, dépendaient de l'ancien comté de Mortain. On lit dans des actes de 1327 que « Raol de Sainte-Marie, tient du roy nostre sire en la comté de Mortaing à Esquilly une vavassorie franche a court et usage qui vaut bon au mal an 75 liv. ou viron. »

A la même époque, que « M. Ollivier de Champeaus tient son fief d'Equilly de M. Guille. Charbonnel seigneur de Bronges et en rent une livre de poyvre de foy et hommage et vaut de revenu 50 liv. tournois ou viron. »

Eu l'année 1421.il y eut une « reveue de messire Guillaume des Biards chevalier banneret faicte au Mont-Saint-Michel. » On y voit figurer le seigneur d'Esquilly.

Au nombre des 119 gentilshommes qui, en 1423, défendirent le Mont-Saint-Michel contre les Anglais, on trouve G. de Helquilly et J. d'Esquilly.

Dans le cours du XVII° siècle, il n'y avait dans la paroisse d'Equilly qu'un fief noble, nommé le Fief d'Equilly, consistant en manoir seigneurial, cour, étang, colombier et moulin banal. Il appartenait alors à Michel d'Este, seigneur du lieu.

De Sainte-Mariè-d'Aspre possédait le moulin d'Equilly, qui relevait du fief, et valait 80 livres de revenu.

Après Michel d'Este, on voit figurer messire Julien-Joseph de Sainte-Marie, chevalier, seigneur et marquis d'Auvers, seigneur et patron d'Equilly, Champeaux et autres lieux. Le fief de Champeaux dépendait de celui d'Equilly.

Dans le XVIII° siècle, on trouve Michel de Sainte-Marie d'Aspre, comme seigneur et patron d'Equilly, Avenay et Champeaux. Sa veuve, Marie de la Belinaye, mourut en 1761.

Le fief d'Equilly passa ensuite par héritage à messire Jacques Morin, chevalier, seigneur de la Rivière, seigneur et patron de plusieurs paroisses.

Jacques Morin vendit le château ou manoir d'Equilly à Gille Vasse.

M. Hauduc, ancien inspecteur des domaines, est aujourd'hui propriétaire du manoir et du domaine d'Equilly.

Le manoir d'Equilly se compose d'une maison d'habitation avec deux pavillons. On y arrive par de belles avenues.

On remarque dans le jardin, où existe une grande pièce d'eau, un cadran solaire et lunaire en pierre, en forme de sphère : il porte la date de 1671 et le nom de Sainte-Marie, qui est celui de l'un des anciens propriétaires du fief d'Equilly ; M. Hauduc le conserve avec soin.

En l'année 1741, Julien-Joseph de Sainte-Marie donna aux curé, syndic, trésorier et paroissiens d'Equilly une pièce de terre, nommée le Clozet, afin d'y bâtir une maison pour deux sœurs de charité, dites Sœurs grises, chargées de soigner les pauvres malades de la paroisse, et de tenir une école gratuite et de charité pour les filles. Il donna en outre, en faveur de cette institution, une rente de 300 livres à prendre sur le fief, seigneurie, château et domaine d'Avenay. Il concéda encore une autre pièce de terre, appelée les Basnieres, pour y construire une maison d'école de garçons, et il constitua une rente de 150 livres au profit du maître d'école. La commune d'Equilly jouit encore de ces actes de bienfaisance.

Note : En 1854, Equilly faisait partie du canton de Bréhal. Sommaire

Hudimesnil

Hudimesnil, Heudoinmesnillum, Heudin-Mesnillum, Heudimesnillum.

Ce mot signifie demeure, habitation des Eudes.

L’église présente peu d’intérêt. Le chœur est du XIV° siècle. Il est voûté en pierres, et ses arceaux, les uns croisés, les autres parallèles, retombent sur des colonnes dont quelques unes ont été coupées au dessous du chapiteau.

On remarque, dans le mur méridional, une porte cintrée, ornée de simples colonettes. Aujourd’hui elle est bouchée. Les fenêtres ouvertes dans ce mur sont à ogives et étroites.

Les murs du chœur, dans la partie la plus voisine de l’autel, offrent deux oculus, simples et sans moulures. Le mur septentrional n’est même percé que par un de ces oculus.

Les contreforts qui tapissent les murs du chœur ont peu de saillie. La tour, placée entre chœur et nef, est aussi du XIV° siècle. Elle e st pareillement voûtée en pierres, et ses arceaux croisés tombent sur des colonnes engagées. Ses arcades sont ogivales. Elle est couronnée par un petit toit à double égout, muni à chaque angle d’une gargouille sans caractère.

La nef n’est pas voûtée, et sa charpente est à nu. Cette partie de l’église est de construction récente, comme l’indique l’inscription suivante, placée à l’intérieur, au dessus de la porte principale :

NEF RECONSTRUITE EN 1837

M. TAPIN MAIRE, M. HARASSE ADJOINT, M. COULOMB CURE

La petit chapelle dans laquelle est placée l’escalier qui conduit dans la tour est du XV° ou XVI° siècle. Les contreforts, placés sur les angles, annoncent cette époque.

On remarque dans les murs du chœur et de la nef des crédences sans aucun style.

La sacristie s’accède par deux portes, placées l’une à droite, l’autre à gauche de l’autel. Ses murs sont à pan coupés.

Dans le cimetière sur une pierre tombale, j’ai lu l’inscription suivante :

ICI REPOSE

LE CORPS

DE M. ANDRE LEONOR

POTIER DE LA VARDE

ECUYER

MAIRE

DE CETTE COMMUNE

DECEDE

LE 2 SEPTEMBRE 1827

AGE DE 50 ANS

PRIEZ DIEU

POUR LE REPOS

DE SON AME

L’église est sous le vocable de Notre-Dame. L’abbaye de Savigny en avait le patronage, qui lui avait été adjugé le 12 septembre 1300, aux assises de Coutances, par Dreu-pelerin, grand bailli du Cotentin. Elle nommait à la cure, taxait à 50 livres pour décime, et qui dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint-Pair.

Dans le XIII° siècle, le curé n’avait que le casuel, et encore devait-il donner un marc d’argent à l’abbé de Savigny, qui prélevait une gerbe. Les deux autres gerbes appartenaient à l’abbé et au prieur de Fougères. On voit que dans le siècle suivant le curé avait la dime des novales, une habitation avec cinq vergées de terre. Il payait seize sous pour la chape de l’évêque : solvit sexdecim solidos pro capa Episcopi.

Il existait dans cette paroisse, à peu de distances de l’église, une chapelle qui, aujourd’hui, tombe en ruines. Elle était sous le vocable de Sainte Suzanne.

FAITS HISTORIQUES : Hudimesnil relevait du comté de Mortain. Ainsi, dans un accord conclu entre Raoul de Fougères et Gui Mauvoisin, au sujet de l’héritage du comte Eude, confirmé par Saint-Louis, Raoul cède ses droits sur Hudimesnil, qui dépendait de Mortain. Cette paroisse figure encore sous le nom de Heudoinmesnil dans l’acte de partage du comté de Mortain qui se fit après la mort de Philippe, comte de Boulogne.

Un acte de 1327 nous fait connaître quel était alors le revenu de Hudimesnil. On y lit : « Fouques de Chanteloup tient du roy nostre sire Hudimesnil et vaut de revenu 220 livres ou environ. Item il tient du roy le fieu aux Vallées en la Messarderie et vaut de revenu soixante sous ou viron. » Dans le XVII° siècle, on comptait deux fiefs nobles à Hudimesnil. L’un, le fief de Savigny, appartenait à l’abbé et aux religieux de Savigny.

L’autre, le fief de Fougères, était celui de l’abbé et des religieux de Fougères. Paul-François Brohon, lieutenant en la vicomté de Granville, en était le sénéchal. Ce fief leur avait été donné par les seigneurs de Fougères, ainsi que le prouve un aveu de l’an 1327, dans lequel on lit : « L’abbé et le couvent de Rille de Saint Père de Fougères au diocèse de Rennes tiennent un tenement en la vicomté de Coustances assiz es paroisses de Hudimesnil de Coudeville et de Bréville et y ont gage plège et usage du don des seigneurs de Fougères et vaut de rente bon an mal an sauves leurs dixmes douze livres ou viron. »

Les autres terres de la paroisse relevaient de la baronnie de Bréhal, et appartenaient au duc de Longueville.

Il y avait aussi deux moulins à eau et à blé. L’un nommé le Moulin Dupont, appartenait au sieur de la Bretonniere des Iles. Il relevait de la sieurie d’Hudimesnil, que possédait alors la duchesse de Longueville, et il valait 150 livres. L’autre, le Moulin de Parquet, d’un revenu de 100 livres, appartenait à Jacques Payen, sieur de la Gavauderie.

Hudimesnil avait une prévôté qui dépendait du duché de Longueville. En l’année 1571, Guillaume Philippe en était le fermier .

On remarque vis-à-vis de l’église de Hudimesnil une maison du XVI° siècle. Sa porte principale est cintrée, et une de ses fenêtres offre un linteau avec une accolade. Au dessus de la porte, il existe une petite guérite, soutenue par trois consoles, et qui est éclairée de chaque coté par une petite ouverture en forme de meurtrière. L’escalier est placé dans une tourelle dont une fenêtre annonce aussi le XVI° siècle. Les murs sont percés de petites ouvertures qui permettaient de voir ce qui se passait à l’extérieur.


Sommaire


Longueville

Longueville, Longvilla, Longuevilla, Longavilla.

L'église ne présente pas d'intérêt. La partie la plus ancienne est du XVe siècle. C'est à cette époque qu'appartiennent les deux petites chapelles et la tour, placée entre chœur et nef, et que termine un petit toit à double égout.

La nef et le chœur, dont le mur absidal est droit, ont été voûtés en bois en l'année 1774. Les fenêtres du chœur, qui sont rondes, et celles de la nef, carrées, sont aussi de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Dans le cimetière, j'ai lu les inscriptions suivantes :

CI GIT ANNE ANTOINE DE MARY DE LONGUEVILLE

ECUYER, DECEDE LE 7 JUIN 1831 A L AGE DE 50 ANS.

DE PROFUNDIS


CI GIST NOBLE DAME A. H. DUCHEMIN DE LA VAUCELLE

Ve. DE MESSIRE DE MARY DE LONGUEVILLE, CAPITAINE DE CAVALERIE.

NEE EN 1750 ET DECEDEE LE 16 AVRIL 1825.


ICI REPOSE JACQUES CHARLES RABASSE

PRETRE, NE LE 18 JUIN 1752, DECEDE LE 31 Xbre 1837.

IL FUT MAIRE DE LONGUEVILLE DEPUIS LE 19 JUIN 1800 AU 22 Sbre 1804.

DE PROFUNDIS.


FRANÇOISE ROSE LONGUEVILLE DE BEAUFOUGERAY

DECEDEE LE 26 JUILLET 1830


JULIENNE Foise RENÉE LONGUEVILLE BEAUFOUGERAY

DÉCÉDÉE LE 26 MARS 1835


PIERRE JACOUES LEROND

ECUYER, CHEVALIER DE LA LEGION D HONNEUR, NÉGOCIANT

NE A GRANVILLLE LE 11 JUIN 1760

OU IL EST DÉCÉDÉ LE 3 JANVIER 1841.

L'église de Longueville est sous le vocable de saint Pierre Cette paroisse était taxée à 23 livres de décime, et elle dépendait de l’archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

Dans le XIIIe siècle, le curé avait l'autelage et la troisième gerbe; le chapitre de Coutances avait les deux autres gerbes. C'était Jean d'Essey qui les lui avait données : in ecclesia de Longavilla duas garbas.

Dans le siècle suivant, Foulques Paynel exerçait le droit de patronage. La dîme se partageait comme dans le siècle précédent; mais le curé avait en plus quatorze vergées de terre aumônée, une habitation, environ trois quartiers de froment, quatre poules, deux deniers et vingt œufs. Il payait trois sous pour la chape de l’évêque. Rector percipit terciam garbam decime per totam parrochiam et capitulumConstanciense percipit aliam partem. Rector possidet pro elemosina quatuor decim virgatas terre cum manerio vel cocirca cum tribus quateriis fromenti et quatuor gallinis, duobus denariis et vigenti ova. Rector predictus solvit pro capa domini Episcopa tres solidos.

La commune du chapître de Coutances avait à Longueville un fief appelé la Prévoté du Chapître. Un d'Arundel, qui, sans doute, appartenait à l'une des familles d'Arundel qui, après la conquête, jouèrent un grand rôle en Normandie et en Angleterre, a possédé les fiefs de Longueville et de Donville, dépendant de la baronnie de Saint-Pair, appartenant à l'abbaye du Mont-Saint-Michel ; car, dans la liste des barons qui rendirent hommage à Robert, abbé de Mont-Saint-Michel, en l'année 1158, ou lit : In honore Sancti Paterni, comes de Arundel est vavassor de Longavilla et de Dunvilla. On trouve comme seigneurs el patrons de Longueville, dans les XVIIe et XVIIIe siècles, Claude de Mary, écuyer, et Paul-Bernard de Mary, chevalier de Saint-Louis.

CHATEAU. - Le château de Longueville n'offre rien de remarquable. Il est précédé de belles avenues. En l'année 1825, il était encore habité par Anne-Henriette Duchemin de la Vaucelle, fille de Jean-Baptiste Duchemin de la Vaucelle écuyer, et de Jacqueline de Saint-Gilles. Elle avait épousé Anne-Bon de Mary de Longueville, écuyer, capitaine de cavalerie.

On trouve à Longueville, à peu de distance de la grande route de Coutances à Granville, une pierre druidique. Elle est debout et longue. C'est un menhir, et peut-être une pierre tumulaire, placée sur la tombe de quelque grand personnage.


Sommaire


Le Loreur

Le Loreur, Loreour, Loreor

L’église n’offre rien d’intéressant. Elle a été refaite pendant la période moderne. Ses fenêtres sont de forme carrée ; le chœur et la nef sont voutées en bois. La tour est carrée, et est terminée par un toit en bâtière.

Le mur absidal est droit, et la sacristie, qu’on y a adossée, est à pans coupés. On remarque dans le cimetière un bel If.

L’église est sous le vocable de Notre Dame. Elle était taxée à 35 livres de décime, et dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. Le seigneur du lieu présentait à la cure.

Dans le XIIIe siècle, Roger MURDAC avait le patronage. Le curé avait tout le casuel et toutes les dîmes sur le fief de Geoffroy MURDAC ; mais, sur celui de G. de BRENVILLE, il n’y avait qu’une gerbe. Les deux autres appartenaient à l’abbé du Mont-Saint-Michel : abbas de Monte duas garbas in isto feodo.

On lit dans un aveu de l’an 1327 : « Fouques de Beauchamps, escuyer tient en la paroisse du Loreour une vavassorie qui est tenue par M. Ricart de Courcy et aussi en tient une acre en la paroisse de La Meurdraquière qui est tenue par M. Guillaume de BRAE et valent les deux de revenus 4 livres ».

Un Jean Le Loreur donne au trésor de l’église de Saint Etienne le Vieil, à Caen, en 1390, une rente à prendre sur une maison et un jardin, situés dans cette ville, rue à l’escrivain, pour avoir sa sépulture, ainsi que celle de sa femme, dans la chapelle Sainte-Catherine de cette église.

Sous le règne de Louis XIV, on comptait au Loreur 4 fiefs nobles : le fief de Gastigny, le fief de la Beslière, le fief du Poirier et une extension du fief de la baronnie de Bréhal qui appartenait au duc de Longueville.

Le fief de Gastigny ou Glatigny dont jouissait noble dame NEEL, dame de la Morandière. Le fief de la Beslière.

Le fief du Poirier. Ce dernier appartenait aux religieux du Mont Saint-Michel, et était une extension de leur baronnie de Saint-Pair. François BROHON de BOISVAL, contrôleur du roi, et lieutenant en la vicomté de Granville en était le sénéchal.

On trouve comme seigneurs et patrons du Loreur au XVIIIe siècle : Denis du Breuil, écuyer. Il était le fils de Pierre du Breuil, sieur de la Réauté.

Jean-André Le Boucher de Gastigny, vicomte de Granville. Et Luc-François Le Boucher de Vallefleur seigneur du fief de la Beslière.

Jean-Baptiste Asselin, chevalier de Saint-Louis était aussi seigneur en partie du Loreur. » Après lui ce fut son fils, qui était capitaine de Cavalerie, gendarme de la garde du roi et chevallier de Saint-Louis.

Sommaire


Le Mesnil-Aubert

Le Mesnil-Auberl, Mesnillum Osberti.

L'église a la forme d'un carré oblong, et se compose du chœur et de la nef. Elle date, sauf les retouches, du XI° siècle. Les murs, quoique refaits, ont conservé leurs contreforts peu saillants. La corniche repose sur des modillons, affectant généralement la forme de simples corbeaux On remarque dans les murs plusieurs petites fenêtres cintrées, étroites, et ressemblant assez à des meurtrières. Les autres fenêtres sont modernes, carrées, et en ont remplacé qui dataient du XI° siècle, mais qu'on a supprimées, parce qu'elles ne donnaient pas assez de jour.

La porte principale existe dans le mur méridional de la nef. Elle est cintrée, et son archivolte, ornée d'un triple zigzag, repose sur de simples colonnes. Elle est précédée d'un petit porche. Une autre porte, aussi cintrée, mais bouchée, existe dans le mur de la nef, vers le nord.

Le mur occidental n'est percé que de deux petites fenêtres, pareilles à celles que j'ai signalées dans les autres parties de l'église. Elles sont, l'une à droite, l'autre à gauche d'un contrefort central, peu saillant.

La tour, carrée et massive, date en partie du XI° siècle. Elle est placée entre chœur et nef. Sa voûte est en pierres ; ses arceaux croisés sont d'une date postérieure, et ses arcades cintrées tombent sur des pilastres qui n'ont pour chapiteau qu'une petite tablette octogone en forme d'abaque. L'un des murs de cette tour est aussi percé de petites fenêtres, pareilles à celles de la nef et du mur occidental.

Son étage supérieur se termine par un petit toit en bâtière, et peut dater du XVI° siècle.

Le chœur est voûté en pierres avec arceaux croisés. Le mur absidal est percé d'une fenêtre du XIV° siècle, dérobée à la vue, à l'intérieur, par un contre-retable sans mérite.

La voûte de la nef est en bois. Le toit du chœur et celui de la nef ont été plus élevés qu'on ne les voit aujourd'hui, comme le prouve l'arête qui existe au-dessus du toit actuel.

On remarque dans le chœur, à droite , une arcade bouchée, mais qui, avant de l'être, mettait cette partie de l'église en communication avec une chapelle, aujourd'hui à usage de sacristie. Cette chapelle, voûtée en pierres avec arceaux croisés, date de la fin du XV° siècle. Les contreforts sont appliqués sur les angles des murs. Une fenêtre ogivale à deux baies, divisées par un meneau, existe dans le mur septentrional. Sa sommité entre les deux ouvertures est remplie de compartiments ressemblant à des cœurs allongés. Cette fenêtre est surmontée d'un fronton en accolade, garni de crochets en forme de feuilles frisées, et couronné par un bouquet. De chaque côté, s'élève une petite aiguille, aussi garnie de crochets. Dans le mur absidal de cette chapelle, on voit une fenêtre à ogive qui encadre deux ouvertures, et dont la sommité est ornée de compartiments trèflés. Il y a dans l'un des murs une crédence dont l'arcade est en accolade.

Cette chapelle était sans doute la chapelle seigneuriale, dont depuis, et alors qu'elle n'a plus rempli sa destination première, on a fait une sacristie.

Avant la révolution de 1789, .on lisait dans le chœur l'épitaphe suivante :

(Lettres gothiques.)

Cy gist noble et puissant

messire Jean du Saussey

seigneur et baron

de Gouville du Mesnil-Aubert et de Lengronne de son tems

vn des gentils hommes des roys de france

Louis XI et Charles VIII —

qui le fist par ses vaillances chevalier a la journée de Fournone

et en après fut envoié en

embassade aux Vénitiens où il a

acquis grand honneur et biens aussi

de Louis XII décédé et de François

présent régnant qui l'entretint

comme loyal servant des anciens roys

cy devant nommés lequel en son

an 60ème finit ses jours lan

de grâce 1523 le 15 daout —

Dieu lui fasse pardon

et a tous ceux qui diront

pater noster et ave maria

a son nom .

J'ai relevé sur la cloche l'inscription qui suit :

L'AN 1821, J'AI ETE NOMMEE

FRANÇOISE JOSEPHINE:

PAR M. FRANÇOIS MARIE DANICAN

JUGE DE PAIX DU CANTON DU TORIGNY

ET PAR MADAME LOUVEL DE CONTRIERES

NEE JOSEPHINE LEMAITRE D'ANNOVILLE,

ET BENITE PAR M. DENIS MANCEL.

CURE DE CE LIEU ,

EN PRÉSENCE DE

M. FRANÇOIS LEFEVRE

ADJOINT DE CETTE PAROISSE.

LES FRÈRES JOURDAN DE VER M'ONT FAITE.

Dans le cimetière, près du mur méridional de la nef, une pierre tumulaire porte cette inscription :

ICY—REPOSE—LE—CORPS —

DE—NOBLE—ET—DISCRETE—PERSONNE —

MAITRE—GUILLAUME—LEMAITRE.—

Pre—CURÉ—ET—PATRON—DE—CETTE—PAROISSE—

LE—QUEL—A—VOULU—ESTRE—INHUMÉ—

EN—CE—LIEU— DÉCÉDÉ— LE—19—JUIN —1702.—

Sur une autre, on lit :

ICI REPOSE J. M. LOUVEL DE CONTRIÈRES

PRÊTRE ET ANCIEN RELIGIEUX

DÉCÉDÉ LE 27 JANVIER 1842.

Trois ifs, dont l'un a sept mètres cinquante centimètres de circonférence, couvrent de leur ombrage les cendres de ceux qui furent inhumés dans ce cimetière. C'est auprès des églises des XI° ou XII° siècles qu'on voit les plus beaux ifs.

L'église est sons le vocable de saint Pierre. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Elle était taxée à 34 livres de décime. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

Dans les XIII° et XIV° siècles, l'évêque de Coutances avait eu le patronage de l'église. Le curé avait la troisième gerbe et le casuel. Le scolastique de Coutances prenait les deux autres gerbes. En sus de sa dîme, le curé avait encore environ trois vergées de terre aumônée, deux boisseaux de froment, deux poules, quatre deniers, deux sous et quatre poulets. Il payait quatre sous pour la chape de l'évêque.

FAITS HISTORIQUES. — On lit dans un aveu de 1327 que « Robert Descorchebœuf tient du roy nostre sire par hommage une vavassorie assise es paroisses du Mesnil Obert et de Lengronne à gage plège et y prent le roy nostre sire 9 sous et un quartier daveine chacun an qui vont par les mains de Guillaume Pierre sergent du lieu et des provots de Cérences et vaut bien ce que le dict Richard a au dict fief 60 liv. de revenus an pour autre. »

Un autre aveu de la même époque nous apprend que l'un des fiefs du Mesnil-Aubert devait le service au château de Mortain et à la foire de Montmartin-sur-Mer.

« Ricart Carbonnel tient par hommage du roy nostre sire en Mesnil Ober et en Lengronne le quart d'un fieu de haubert et en est tenu à garder une des portes du chastel de Mortaing a ses dépens une nuict et un jour si guerre y avoit et luy fust notifié suffisamment et aussy prent le roy au dict fieu 9 sous el un quartier daveine à la mesure du lieu et des prevost de Cérences et gardent les hommes du dict fieu les foires de Montmartin et par ce sont quittes es foires et es marchés du roy et vaut ce que le dict Ricart a au dict fieu 70 liv. de revenu bon an mal an ou environ. »

Dans le XII° siècle, on comptait dans la paroisse du Mesnil-Aubert trois fiefs nobles.

Le fief du Mesnil-Aubert, avec extension sur Lengronne. Il était alors à Elisabeth Prodhomme, veuve du sieur du Mesnil-Aubert.

Le fief d'Annoville, avec extension sur Lengronne, appartenait à Hervé Lemaitre, seigneur et patron de la paroisse. Sur ce fief, il y avait un moulin à eau et à blé, banal, et valant 80 livres de revenus.

Le fief de Maufras, s'étendant aussi sur Lengronne et Trelly, était possédé par Toussaint Escouland, écuyer, sieur de Hainneville.

Le manoir du Mesnil-Aubert est placé près de l'église. Il n'offre aucun intérêt. Il y a sur la terre du manoir du MesnilAubert un colombier, une pièce d'eau dite l’Etang du Manoir, et un bois appelé le Bois du Manoir.

On trouve comme seigneurs et patrons du Mesnil-Aubert :

Jean-François Hue, écuyer.

Jacques-François Lemaitre, chevalier, seigneur du fief d'Annoville. Cette famille Lemaitre fut anoblie en l'année 1594. Elle portait de sable à trois fasces d'argent, avec une fleur de lys d'argent brochant sur le tout.

Guillaume-Denis Lemaitre, conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage et siège présidial du Cotentin. Il mourut en l'année 1757.

Charles Lemaitre, en l'année 1789, fit partie, comme seigneur et patron du Mesnil-Aubert, de l’assemblée des trois états du grand bailliage du Cotentin.

Sommaire

La Meurdraquière

La Meurdraquière. Mur ou Meurdraqueria, Meurdracheria.

L’église est en grande partie du XIV° siècle, peut-être même de la fin du XIII°. Toutes les fenêtres sont à ogives, longues et étroites.

La nef et le chœur sont voutés en bois.

Le mur occidental est percé d’une belle fenêtre, placée entre deux contreforts qui vont en s’amoindrissant. Elle est à trois baies, divisées par des meneaux, et encadrées dans une plus grande ogive. Le centre de l’arcade présente plusieurs compartiments en forme de quatre feuilles ou de rosaces.

On remarque dans les murs du chœur et de la nef des portes cintrées qui, aujourd’hui, sont bouchées.

Le mur absidal est droit, et se termine en forme de fronton triangulaire. Il est percé d’une fenêtre à ogive et à trois baies, sans ornements.

La tour, placée entre chœur et nef, est carrée dans sa partie inférieure, ensuite à pans coupés, et se termine par un petit toit pointu, couvert en ardoises. Sa voûte est en pierre, et ses arcades sont à ogive. La plus grande partie de cette tour est du XIV° siècle.

L’autel est décoré d’un rétable d’assez mauvais goût, derrière lequel est placée la sacristie, qu’on accède par deux portes l’une à droite et l’autre à gauche de l’autel.

Sur la cloche, j’ai relevé avec peine l’inscription suivante :

EN 1781, J’AI ETE BENITE PAR MESSIRE

LOUIS BAPTISTE MANCEUL, CURE DE CE LIEU,

ET NOMME LOUISE PAR ……………………………………………..

ET LOUIS CLAUDE ELISABETH D’HALWIN

MARQUIS DE PIENNES, SEIGNEUR ET PATRON

DE LA MEURDRAQUIERE, REGNEVILLE ET

AUTRES LIEUX, ANCIEN MOUSQUETAIRE

DE LA GARDE DU ROI, ET ANCIEN GOUVERNEUR

DE PONTORSON

Devant le mur occidental de l’église, est placée une pierre tumulaire sur laquelle on lit :

CI-GIT – LE CORPS DE – M°

JULLIEN CAMBERNON - -

CURE DE CE LIEU – NATIF DE

TOURNEVILLE – DECEDE LE

…. JOUR …………16..

F. D. P. LYYY. P. A.

L’église est sous le vocable de Saint-Martin. Elle était taxée à 120 livres de décimes et dépendait de l’archidiaconé du Val de Vire et du doyenné de Gavray. Le patronage était laique, et la présentation de la cure appartenait au seigneur. Il paraît que dans un temps elle avait un autre patron que Saint-Martin ; car on voit Richard-Turstin-Halduc ou Turstin Haldup donner, dans le XI° siècle, à l’abbaye de Lessay, une portion de l’église de Sainte-Marie de la Meurdraquière. Peut-être aussi y avait-il alors deux églises; mais je pense que l’église se partageait plutôt en deux parties ; car, dans le XIII° siècle, on voit que Raoul de Beauchamps avait le patronage d’une partie de l’église, et Robert Murdrac celui de l’autre partie ; le curé avait toutes les dîmes et environ vingt six acres de terres aumônées. Ecclesia de la Murdraquiere patronus Rad. De Bello-Campo pro med. Robertus Murdac patronus de allera med. Rector percipit totum et est ibi terra elemosine circa XXVI acras.

FAITS HISTORIQUES – La paroisse de La Meurdraquière tire son nom de la famille Meurdrac ou Murdrac dont sans doute elle fut le berceau. Cette famille avait en Angleterre et en Normandie des domaines très étendus. Ainsi, elle a possédé les seigneuries de Trelly, de Lingreville, de Saint-Denis-Le-Gast, de Contrières, de Tribehou, de Beauchamps et de plusieurs autres lieux.

Elle existait dès l’époque de la conquête. On voit que Robert, fils de Murdrac, souscrivit à l’acte de confirmation, des donations que Guillaume le Conquérant fit à l’abbaye de Saint-Evrout, et qu’il donna à celle de La Luzerne la dîme de son moulin de la Meurdraquière. Apud Murdracheriam decimam molendini ex dono Roberti Murdrac.

Henri Murdrac, disciple et compagnon de Saint-Bernard, devint archevêque d’York, et mourut avec cette dignité en 1153.

Michel Meurdrac, dans les premières années du XIII° siècle donna à l’abbaye du Vœu (de Voto) la moitié du patronage et des revenus de l’église des Pieux.

Robert Meurdrac reconnaît, en présence du Vicomte de Caen, en 1322, qu’il doit au doyen et archiprêtre du Saint-Sépulcre 35 livres 18 sols 11 tournois, pour les arrérages d’une rente pendant les années 1320 et 1321 ; et, pour le paiement de cette rente, Robert – « oblige son corps à tenir en prison et mets tous ses biens en la main du roi pour être vendus s’il ne paye pas ».

On lit dans les aveux de 1327 : « Richart Meurdrac tient par hommage en La Meurdraquière une franche vavassorie à gage plège de M. Eustace de Pirou chevalier démembré de son fief de haubert de Montpinchon et vaut bon an mal an trente livres, »

« Colin de Mesnilgrente tient par hommage en La Meurdraquière une franche vavassorie à gage plège de M. Eustace de Pirou chevalier démémbré de son fief de haubert de Montpinchon et vaut 40 livres de reenus bon an, mal an  ».

Henri Meurdrac est cité comme écuyer figurant dans une revue de la garnison du Mont-Saint-Michel qui se fit en l’année 1424.

La branche de la famille Meurdrac établie en Normandie portait « de sable à la fasce d’argent, chargée d’une rose de gueules, et accompagnée de six merlettes d’argent, trois et trois ».

Celle établie en Angleterre portait « de gueules au lion d’or ».

Dans le cours du XVII° siècle, on comptait trois fiefs nobles à La Meurdraquière.

Le fief de La Meurdraquière appartenait à noble dame Catherine d’Espiney, veuve du seigneur d’Aspre.

Le fief de la Garanterie ou de la Houssaye était à Jacques Le Campion, écuyer, Sieur de la Garanterie. Jacques Le Campion de la Meurdraquière prouva, en 1666, que sa famille était d’ancienne noblesse.

Le fief de la Datinière appartenait à Louis de Malherbe, écuyer, Sieur de la Datinière.

On trouve dans le XVII° et XVIII° siècles, à la Meurdraquière :

  • Suzanne de Piennes, elle épousa Messire Jacques Potier, écuyer, seigneur de Leville.
  • Thomas-Henri d’Alwin de Piennes, chevalier de Piennes.
  • Michel de Piennes.
  • Antoine de Piennes, fils de Michel.
  • Claude-Bonaventure d’Alwin, marquis de Piennes de la Meurdraquière. Il était fils d'Antoine de Piennes, et il épousa Marie-Jeanne-Louise de Collardin.
  • Thomas-Henri d'Halwin, marquis de Piennes, épousa Victoire-Charlotte Hue de Maufras.

Un de leurs fils Henri-Victor d’Alwin, marquis de Piennes, habite Periers.

Les armes de cette ancienne famille sont « d’argent à trois lions de sable, armés, lampassés et couronnés d’or ».


Sommaire


Muneville

Muneville, Mulevilla, Muevilla, Munevilla.

L'église, qui présente un carré oblong, est un mélange d'architecture romane et d'architecture à ogive.

La nef est en partie du XI° ou XII° siècle. Le mur septentrional était percé de petites fenêtres cintrées, qu'on a bouchées. Aujourd'hui la nef, vers le nord, n'est pas éclairée.

Tous les contreforts tapissant les murs, à part ceux de la tour, ont peu de saillie, et vont en s'amoindrissant vers leur sommet.

Les murs ont dû être couronnés par une corniche que soutenaient des modillons à figures grimaçantes, car on en voit encore qu'on a conservés et placés dans le mur méridional de la tour, au-dessus d'une petite porte cintrée.

La porte occidentale est cintrée, et son archivolte, sans moulures, repose sur de simples colonnes. Au-dessus s'élève une fenêtre à ogive, à deux baies, divisées par un meneau, et qui est bien postérieure à la porte.

Les autres parties de l'église sont du XIV° siècle.

Le mur absidal, qui se termine en forme de fronton triangulaire, est percé de trois lancettes, partagées par des meneaux, et encadrées dans une plus grande ogive.

Le chœur et la nef sont voûtés en bois, en forme de carène de navire. Leur voûte primitive a été abaissée, et on remarque encore le point jusqu'où elle s'élevait. On peut penser que le chœur a été voûté en pierres, car il y a dans les murs des consoles qui sans doute recevaient les arceaux de cette voûte. Il est éclairé par des fenêtres à ogive, sans colonnes ni moulures.

La tour, placée entre chœur et nef, est carrée, lourde et massive. Elle est soutenue à l'intérieur par des arcades ogivales. Sa partie supérieure est garnie de corbeaux au nord et au sud, et munie de gargouilles. Elle se termine par un petit toit à double égout. Cette partie ne doit pas être antérieure à la fin du XVI° siècle. Des fenêtres que divisent des pierres en croix éclairent la tour sur chaque façade.

L'église est sous le vocable de saint Pierre. Elle payait 45 livres de décime, et dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Le chanoine prébendé nommait à la cure. Cette paroisse avait dans un temps deux curés ; mais les deux portions étaient réunies bien avant 1789.

Dans le XIII° siècle, l'abbaye de Sainte-Marie-de-Grestain, dans le diocèse de Lisieux, avait le patronage d'une portion de la paroisse de Muneville, et sur cette portion elle prélevait deux gerbes ; le curé avait la troisième et tout le casuel, ainsi que la moitié de la dîme sur le fief de Beaumont. Les chanoines prébendés de Coutances prenaient sur leurs fiefs les grosses dîmes : le curé avait tout l'autelage et l'autre moitié des dîmes du fief de Beaumont.

La moitié de Muneville-sur-Mer et la moitié de son église avaient formé dans un temps, au profit de la cathédrale, une prébende d'ancienne possession ; mais, plus tard, le chapitre eut deux prébendes : la première consistait en un fief et dans des dîmes inféodées ; la seconde, dite le Château pair, consistait aussi en un fief et une partie de dîmes.

FAITS HISTORIQUES — Les seigneurs de la Haye-Paynel, qui étaient très puissants parmi les seigneurs normands dès le commencement du XI° siècle, possédaient, entre autres châteaux, celui de Muneville-près-la-Mer, qui n'a jamais dû être un château fort.

Les archives nationales nous apprennent que dans le partage du comté de Mortain, en l'année 1235, la foire de Muneville échut au roi.

Etienne Martel de Basqueville, évêque de Coutances, donna, en 1558, la prébende de Muneville à Buchanan, qui, bientôt après, fit publiquement sa profession d'hérésie, et conserva cependant sa prébende.

Buchanan naquit en Ecosse, en l'année 1506, d'une ancienne famille. Sa santé le força de quitter le métier des armes, et alors il se livra à l'étude. Il embrassa les principes de Luther, moins par conviction peut-être que par amour pour la nouveauté. « II estoit, dit Brantôme, l'un des doctes et scavans personnages de nostre temps. » Avant son changement de religion, le maréchal de Brissac le donna pour maître à son fils Timoléon, qui, ajoute Brantôme, « estoit en asge d'estudier et d'apprendre. » Ce fut ainsi, à la demande de la famille de l'un de ses prédécesseurs, Philippe de Cossé de Brissac, qu'Etienne Martel donna à Buchanan la prébende de Muneville.

On comptait à Muneville-sur-Mer, en 1686, quatre fiefs nobles. Le fief du Tanu et celui de Château pair appartenaient au chanoine prébendé de la cathédrale.

Adrien, écuyer, sieur de Tourneville, avait le fief de Grestain.

Le fief de Muneville appartenait à Bernard Escouland, écuyer, sieur de Muneville.

Le fief et le château de Muneville passèrent dans la famille Le Courtois de Sainte-Colombe. Ainsi, on trouve :

  • Charles-Bernard Le Courtois, chevalier, seigneur de Sainte-Colombe et de Muneville. Il épousa noble dame Marie-JeanneThérèse Belin.
  • Jean-Baptiste Le Courtois de Sainte-Colombe se maria à Léonore-Ambroisine-Henriette de la Houssaye-d'Ourville.

Ils eurent un fils et deux filles.

  • Charles Le Courtois de Sainte-Colombe devint officier dans le régiment des dragons de la-Reine.
  • Anne-Gabrielle-Hyacinthe épousa le chevalier du Mesnildot.
  • Jeanne-Henriette se maria à M. Frémin du Mesnil.

Les armes de ces deux familles sont : pour la famille du Mesnil, d'azur à la fasce d'or, accompagnée en chef de trois étoiles rangées en fasce, et en pointe d'une fourmi, le tout d’argent; et pour la famille de Sainte-Colombe, d'azur à trois merlettes d'argent, deux en chef et une en pointe.

Le fief noble de Muneville passa de la famille Le Courtois de Sainte-Colombe dans celle des Leforestier de Mobecq. Charles-Antoine-Alexandre Leforestier, seigneur de Muneville, fit partie, en cette qualité, de l'assemblée des trois ordres du bailliage du Cotentin en l'année 1789. A sa mort, il laissa le domaine de Muneville à sa femme Louise-Hléonore-Henrietle de Gascoing, qui était fille de Guillaume-Leonor de Gascoing et de Louise-Françoise-Anne-Suzanne Le Trésor. Mme de Muneville le donna à sa nièce, Marie-Angélique-Victoire Leforestier de Mobecq, qui épousa M. Florent d'Annoville.

Sommaire

Saint-Sauveur-la-Pommeraye

Saint-Sauveur-la-Pommeraye, Sanctus Salvator de Pomaria, Pomeria, Pommeria

L’église n’offre aucun intérêt. Toutes les fenêtres sont rondes. Le mur absidial est droit, et se termine en forme de triangle.

Le chœur, la nef et les deux chapelles sont voutés en bois.

Au dessus de la porte occidentale on lit date de 1771. Je suppose qu’il s’agit de la date de cette porte, qui paraît être aussi celle des fenêtres et de la plus grande partie de l’église.

La tour est carrée, et couverte par un petit toit en bâtière.

L’autel est décoré d’un retable du plus mauvais goût. La sacristie, placée derrière, s’accède par deux portes, l’une à droite, l’autre à gauche de l’autel.

L’église est sous le vocable de Saint-Sauveur. Elle dépendait de l’archidiaconé de la Chrétienté et du doyenné de Saint-Pair. Le patronage appartenait à l’Hôtel-Dieu de Coutances, qui faisait desservir l’église par un de ses religieux. C’était Hugues de Morville qui, en l’année 1221, lui avait donné cette église avec l’exercice du droit de patronage.

La dîme se parteageait ainsi : Le prieur de l’Hôtel-Dieu avait deux gerbes, et le curé la troisième. L’abbaye du Mont-Saint-Michel et celle de la Luzerne prélevaient sur la part du prieur. La première trente-un quartiers de froment, et l’autre neuf quartiers. Le curé, qui avait une habitation dans le cimetierre, payait quatre sous pour la chape de l’évêque. La débite de la paroisse valait sept sous.

FAITS HISTORIQUES : Sous le Conquérant, les Pommeroys avaient en Angleterre plus de cinquante fiefs, et pendant long-temps, ils occupèrent en Angleterre et en Normandie un rang très distingué.

Sur les listes des barons normands qui allèrent avec Guillaume de Falaise faire la conquête de l’Angleterre, on trouve le sieur de Pommereul ou de Pomeraye. Guillaume de la Pommeraye obtint de grandes concessions dans le comté de Devon.

En l’année 1180, on voit cités Philippe et Raoul de la Pommeraye.

Sous Henri II, duc de Normandie et roi d’Angleterre, cette famille existait encore ; car, dans le Livre rouge de l’Echiquier, on voit qu’elle possédait un château de la Pommeraye : Henricus de Pomaria terciam partem militis de feodo de vado et tenet castrum de Pomaria… de rege. Ce château dépendait de l’honneur de Mortain, de honore Moritonie, et du bailliage de la Heuze, et de Bailliva de Hosa.

On voit qu’en l’année 1607 « noble homme Pierre Louvel, sieur de Pont-Roger, de la Cour du Bois et des sieuries de Saint-Sauveur-la-Pommeraye et de Saint-Jehan des Champs fait tenir les pleds de la seigneurie de Saint-Sauveur-la-Pommeraye comme engagiste de la dite seigneurie. Le receveur du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin s’oppose à la tenue des dits pleds attendu que tous les droits de la dite seigneurie faisoient partie de ceux cédés par le roy à M. le duc de Virtemberg engagiste du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, au moyen de la réunion générale ci devant faite par sa Majesté des parties engagées de son dit domaine ».

« Le 8 juillet 1625 engagement fut fait à Jean Payen escuyer sieur de la Galantière ou Garanderie par les commissaires du roy des droits plège cour usage juridiction reliefs 13° et autres droits seigneuriaux appartenant à S. M. au domaine de la Bidelière. Dans les paroisses de Saint-Sauveur la Pommeraie et Saint-Jean-des-Champs dont étoit ci-devant engagiste le sieur Louvel de Pont-Roger. » Deux fiefs nobles existaient à Saint-Sauveur-la-Pommeraye dans le XVII° siècle : le Franc Fief et le Fief Bidel. Tous les deux appartenaient à Charles Payen, écuyer, seigneur de la paroisse. Ce fut ensuite messire Jean Payen, aussi seigneur du lieu qui les posséda.

Robert du Breuil de Saint-Sauveur-la-Pommeraye prouva en 1666, que sa famille était d’une ancienne noblesse.

Sommaire