Bagne de la Polynésie Française

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Situation géographique

Les Îles Marquises
Elles sont au nombre de douze, formant deux groupes distincts :

  • celui du Nord-Ouest renfermant 7 îles, dont la principale est Nouka-Hiva, chef-lieu Taio-Hae;
  • celui du Sud-Est. contenant 5 îles.

Nouka-Hiva (Nou-Hiua, Baux), quadrangulaire, la plus grande de l'archipel, 100 km circuit, 482 km²; à l'Ouest, pays désert; au centre, plateau de Tovii, limité par un cercle de montagnes (1178 m) et arrosé par le Taipivai, qui débouche au Sud, ainsi que les autres principaux cours d'eau, côtes dentelées; au Sud-Est, baie du Contrôleur (B. Humi); plus à l'Ouest, baie de Taio-Hae ou Anna-Maria, le meilleur port de l'archipel, puis celle de Taioha ou Akani, ou de Tchitchagoff; au Nord, baie de Hatiheou;

Histoire

En 1851, Nouka-Hiva fut désignée comme point de déportation pour les insurgés de Lyon; elle n'en reçut que trois, qui furent graciés en 1854.

Louis LANGOMAZINO, Alphonse GENT et Albert ODE, membres de l'association secrète « La Nouvelle-Montagne », sont arrêtés dans le cadre du faux complot de Lyon en octobre 1850, et jugés par le Conseil de guerre en août 1851, sont ainsi déportés à Nuka-Hiva [1]

Louis LANGOMAZINO
(1820-1885)
Ouvrier mécanicien né à Saint-Tropez fut d’abord jusqu’à la fin de la Seconde République, un remarquable organisateur du mouvement ouvrier et populaire tant à l’arsenal de Toulon, dans les années 1840 qu’à Marseille en 1848, et dans les Basses-Alpes où il fut journaliste et militant politique un peu plus tard.

Déporté politique en 1851 aux Iles Marquises, il y refait sa vie et devient dans la seconde moitié de son existence, à Tahiti, un notable de la Polynésie française

Alphonse GENT Né à Roquemaure le 27 octobre 1813 et mort à Paris le 26 janvier 1894, franc-maçon, avocat et homme politique républicain, fut maire d'Avignon, député de Vaucluse, puis sénateur.
Albert ODE avocat, ex-procureur de la République à Uzès
Né le 26 novembre 1811 à Pont-Saint-Esprit (Gard), décédé le 7 février 1868 à Valparaiso Chili, à l'âge de 56 ans

Le grand complot de Lyon

COMPLOT DE LYON. [2]
Les débats de l'affaire désignée sous le nom de grand complot de Lyon,sont commencés. C'est par-devant le 2e conseil de guerre de la 6e division militaire, que comparaissent les 51 accusés, dont 12 sont fugitifs.

1 er Audience. — 5 août.

La foule est grande aux abords et dans l'intérieur du Palais-de-Justice. Il y a surtout un grand nombre d'étrangers venant du midi. L'enceinte de la cour d'assises, où siège le conseil, est très-tranquille. On remarque, au banc de la défense, MM. Michel (de Bourges), Boysset, Madier de Montjau, représentant; Vuillaumé, du barreau de Paris ; Kauffmann, ex-rédacteur du Censeur, et un certain nombre d'avocats de Toulon, de Marseille et d'Aix.
La tribune publique est en partie occupée par des militaires. Les dames sont très-peu nombreuses.
A onze heures et demie les accusés font leur entrée dans la salle. M. Gent entre le premier. La plupart sont en habit noir, plusieurs en gants noirs et cravates blanches, — tous assez élégamment vêtus. Un seul porte un œillet rouge à sa boutonnière ; c'est le Sieur Borel, restaurateur à Lyon.
A onze heures 35 minutes, le conseil entre en séance. Il est présidé par M. le colonel Couston, du 13e de ligne. M. Merle, capitaine au 13e de ligne, substitut du commissaire du gouvernement, occupe le siège du ministère public.
On procède à l'appel des témoins à charge, qui sont au nombre de 105. Il y en a, en outre, 14, appelés à la requête des accusés.
Un contumax se présente au conseil pour être jugé. C'est le nommé Vacheresse fils, cultivateur à Flaviac. IL accepte Me Robin pour défenseur.
M. Gent veut traiter la question de compétence du conseil.
M. le président lui retire la parole.
Le greffier donne lecture des pièces de la procédure. Les accusés sont inculpés de complot contre la sûreté de l'Etat et d'affiliation à des sociétés secrètes.
A midi et demi, commence la lecture du réquisitoire de convocation des accusés, dont voici les noms :

  • Gent (Alphonse), avocat, demeurant à Lyon, détenu
  • Borel (Jean-Claude) lraitc\ir à Lyon, détenu;
  • Bellisccr (Sébaslien-Lazare), cartonnier à Lyon, détenu:
  • Chevassus (Kléonor), fabricant à Lyon, détenu;
  • Delescluze (Henri-Louis), homme de lettres à Paris, détenu
  • De St-Prix, propriétaire à Valence, fugitif;
  • Roy (Antoine), commis-négociant à Valence, fugitif;
  • Bouvier (Antoine,),instituteur à Crest, détenu
  • Dupont (Alexandre), agent d'assil ncs à Valence,détenu
  • Lamorlhe (Henri), avocat à Die, fugitif;
  • ftlontégut Caïus Gracchus), chef d'une association ouvrière à Mîmes, détenu
  • Carrière (Gaston), clerc d'avoué à Nîmes
  • Saillant (Auguste-Cvprien), sans profession à Aljis, fugitif;
  • Ode (Albert), avocat, ex-procureur de la République à Ijzès détenu
  • Carie(Joseph-Léonard), propriétaire à Bagnols, détenu
  • Giill (Samuel), quincailler à Nîmes, détenu
  • Tléiidot (Michel), cordonnier à Montpellier, détenu
  • Nouïs (Henri), menuisier au Grand-Galargue, détenu
  • Chamard (Pierre-Florent>, terrassier à Alais, détenu
  • Anriol (Louis), ancien journaliste à Montpellier, détenu;
  • Montanier, ancien quincaillier à Avignon, fugitif
  • Gent (Isidore), ex-négociant à Luisan, non détenu;
  • Daillan, officier de santé à Bédarides, détenu;
  • Louis (Jean), régleur de papiers à Marseille, détenu
  • Jouvonne, négociant à Marseille, détenu
  • Damnas, portefaix à Toulon, détenu;
  • Marescot (Eugène), commis libraire à Ais,fugitif;
  • Thouret (Albin), avocat à Aix, détenu;
  • Longomazino (Louis-Joseph), journaliste à Digne
  • Bouvie (Alexandre), sans profession à Champteicier, détenu,
  • Sauve (Julien), avocat à Digne, détenu;
  • Robert, tailleur à Sau, détenu;
  • Mai<tre (Paul), ex-clerc de notaire à Cluny, détenu
  • Do'm (Joseph), marchand de meules à Chalon, détenu
  • Froment, ex-agent voyer à Privas, fugitif
  • Mallevai (Pierre), limonadier à Privas, détenu
  • Mnriou (Jean-Louis), mineur à Privas, détenu;
  • Pinot (Louis), cultivateur à Flaviac, détenu
  • Mallevat (Alcibiade), cultivateur à Flaviac, détenu;
  • Vacheresse fils, cultivateur à Flaviac;
  • Rerthomieu (Prosper-Philippe), commis-négociant à Voiron (Isere);
  • Bonsirvel (Camille) commis-voyageur à Voiron, fugitif
  • Caussauel (Louis), marchand à Villefranche, détenu
  • Pasla, à Nîmes, non détenu —
  • Pétibon, à Avignon, détenu
  • Mérie, confiseur à Luc (Var), détenu
  • Salabelle , marchand de vin à Valence, fugitif;
  • Kstéoulle, à Flaviac, fugitif
  • Charpentier (Charles), en Suisse, fugitif.

A deux heures, la lecture du rapport sur les faits qui résultent de l'instruction est interrompue, et la séance est suspendue pendant dix minutes. A trois henres un quart la lecture de ce rapport est de nouveau suspendue. Elle durera ainsi pendant plusieurs audiences.
La séance est levée à 5 heures et renvoyée au lendemain, onze heures.

Audience du 28 Août. PRÉSIDENCE DE M. COUSTON, COLONEL DU 13 DE LIGNE.

JUGEMENT. [3] A six heures cinq minutes, un coup de sonnette se fait entendre. Toutes les troupes portent les armes? Quelques minutes s’écoulent ; enfin, le conseil fait son entrée. Al. le président lient entre ses mains la sentence du conseil. Le commandant et deux capitaines portent les Codes sur la barre du conseil.
M. ltuggieri occupe le parquet avec AI. Merle. M. le président donne lecture du jugement suivant : « Au nom du peuple Français (la garde présente de nouveau les armes); » Cejourd’hui, 28 août, le 2e conseil de guerre de la 6e division militaire, créé en vertu des lois du 13 brumaire an 5, du décret du 13 juin 1849, de l’arrêté du président de la République du 15 juin 1849 , et de la loi sur l' état de siège du , composée de :

  1. MM. Couston, colonel du 13e de ligne, président;
  2. Veuiens, chef d’escadron au 4e d’artillerie ; »
  3. Delarantière, capitaine au 2e dragons ; »
  4. Trilhard, capitaine au 5e léger ; *
  5. Baillioz, lieutenant au 70e de ligne; »
  6. Ardillon, sous-lieutenant au 71e de ligne ; >
  7. Muzard, sergent-major au 71e de ligne ; »

Tous nommés par le général Castellane, commandant la division, assisté du greffier Alorel ;

» Le conseil, convoqué par ordre du commandant, s’est réuni dans ta salle des assises du département du Rhône., à l’effet de juger les dénommés ci-après, prévenus de complot et de société secrète ;

  • La séance du 5 août ayant été ouverte en présence de tous les accusés présents et des conseils par eux choisis , le président a fait apporter par le greffier et déposer devant lui sur le bureau le texte des lois, et a demandé ensuite au rapporteur la lecture du procès-verbal d’information et de toutes les pièces tant à charge qu’à décharge envers les accusés ;

$ Après avoir donné connaissance aux accusés des faits à leur charge, leur avoir fait prêter interrogatoire par l’organe du président ; avoir entendu séparément les témoins tant à charge qu’à décharge et représenté toutes les pièces de conviction aux inculpés; » Ouï le rapporteur dans son rapport et ses conclusions, et après avoir invité chacun des avocats désignés d’office à présenter la défense cl demandé aux accusés s’ils n’avaient l ien à dire pour leur défense ;
» Le président a demandé aux membres du conseil s’ils avaient des observations à faire ; sur leur réponse négative, il a ordonné qu'il en serait sur-le-champ délibéré en cham bre du conseil et sans désemparer ,
» Le conseil délibérant à huis-clos, le président a posé les questions ainsi qu’il suit :

  1. L’accusé Alphonse Gent est-il coupable d’avoir pris part à un complot formé à Lyon, ayant pour but de détruire ou de changer le gouvernement de la République ?
  2. Ce complot a-t-il été suivi d’un acte commis ou com mencé pour en préparer l’exécution?
  3. Le même accusé est-il coupable d’avoir pris part à un complot formé à Lyon, et ayant pour but d’exciter la guerre civile , en armant ou portant les citoyens à s’armer les lins contre les autres ?
  4. . Le complot a-t-il été suivi d’un acte commis ou commencé pour en préparer l’exécution ?
  5. Le même accusé est-il coupable d’avoir fait partie d’une société secrète ?
  6. Le même est-il coupable d’avoir été le chef d’une société secrète ?

» Toutes ces questions, à l’exception de la sixième, relative à l’accusé Gent, sont successivement reproduites pour tous les autres accusés.
» Les voix recueillies, en commençant par le grade inférieur, le président ayant émis son opinion le dernier »

Après ce préambule, M. le président fait successivement connaître les réponses du conseil à chacune des questions posées.
En voici le résultat :
Sont acquittés les accusés : Bellisccr, Henri Nouis, Anriol, Daillan, Marion, Pinet, Alcibiade Mallevai, Vacheresse, Pasta, Caussonel, André, Estéoule.
Sont condamnés, par application des articles 87, 89 et 91 du Code pénal, 13 du décret du 28 juillet 1848 sur les sociétés secrètes , lesdits articles modifiés à l’égard de quelques-uns des accusés par l’article 463 du Code pénal, 1e> et 2 de la loi de germinal an 7, savoir :

A la peine de la déportation. — Alphonse Gent, Albert Ode, Longornazino, de Saint-Prix, contumace ; Antoine Rey, id. ; Carrière, id. ; Saillant, id.
A quinze années de détention. — Montégut.
A dix années de détention.— Dclcseluze, Ilenri-Louisc; Bouvier, Antoine ; Barbut ; Daumas ; Marescot, contumace ; Salabelle, id. ; Lamorthe, id. ; Morlanicr, id.
A cinq années de détention. — Jean-Claude Borcl, Eiéonor Clievassus, Samuel Grill, Chamard, .Isidore Gent, Louis Jean, Froment, contumace ; Robert, Paul Maistre, Pierre Mal le val.
A cinq ans de prison , cinq ans de privation de droits cipiques et 100 fr. d’amende : Bérkîot, Michel, Jouvenne, Pe lion.
A un an de prison, 100 fr. d’amende, deux ans d’interdiction des droits civiques : Sauve, Bonsirven, contumace, Charpentier, idem.
A un an de prison et 100 francs d’amende : Ttiourel, à la minorité de faveur.

Référence.png Notes et références

  1. Source: Archives du Morbihan : La Concorde du Morbihan 1851/09/04 Edité en 1851
  2. Source: Lectura Plus : Le Journal de l'Ain 1851/08/08 Edité en 1851
  3. Source: Gallica : Le Phare 1851/09/03 Edité en 1851