Bagnard, Galérien, Prisonnier transporté

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Prologue

Bagnard - Accouplement de chaine.jpg

Le crime en France fut puni gravement jusqu'en 1956, certains connurent l'ère des galères, où les criminels devaient ramer à longueur de journée aux coups du fouet, ou au prix de tortures. En 1560 est créée la Chiourme : les condamnés aux travaux forcés sont affectés aux Galères.
Louis XV les supprima pour créer les bagnes portuaires. En 1768, on inaugure Rochefort, puis Le Havre, Cherbourg, Lorient et Nice. Ces hommes punis aux travaux forcés, servaient aux plus dures besognes dans les ports, sous le froid, la chaleur.
La Révolution Française avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, crée un nouveau système pénitentiaire : les peines corporelles sont abolies et le gouvernement crée la peine privative de liberté et les travaux forcés, la peine de mort.
La loi du 26 Août 1792, crée la Déportation, celle des prêtres qui ne prêtent pas un serment civique et fidélité à la Nation, à la Constitution et au Roi. Les Réfractaires sont déportés sur des pontons bagnes, d'autres en Guyane à Cayenne.
En 1795 ce sont les ennemis de la Révolution qui sont déportés.
En 1840, la concentration de forçats en France métropolitaine est considérée dangereuse pour la population civile, ce sont des hommes mauvais, contagieux pour les ouvriers libres qui vivent dans les ports, et ceux-ci sont coûteux pour l'État.
Napoléon III décide alors d'exporter ces criminels vers des terres lointaines. Des vaisseaux-prisons les transportent vers la Guyane, la Nouvelle-Calédonie.
La Transportation organise en 1854 les travaux forcés hors de la métropole, pour que ces bandits ne puissent jamais revenir dans la Mère patrie.
Certains bagnes métropolitains restèrent en activité, notamment celui de Toulon qui ne fermera que vers 1874.
Après des témoignages sur les duretés des bagnes, des campagnes de dénonciation menées par la Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen, la loi sur la transportation disparaît du code pénal en 1938.
La seconde guerre mondiale et le gouvernement de Vichy ne permettront pas aux bagnards de revenir dans la métropole.
En 1946 les survivants sont amnistiés et ramenés au pays où ils seront réinsérés grâce à l'Armée du Salut. 100 000 condamnés furent ainsi transportés vers les bagnes dont une centaine de femmes.

Les archives sont nombreuses pour celui qui essaye d'analyser le parcours de son ancêtre bagnard, tant dans les Archives Municipales (les ports), les Archives Départementales, les Archives Nationales, les Archives Militaires, les Archives d'Outre-Mer. Le généalogiste y trouvera des sources à la mesure de sa tâche.

Histoire

Louis XIII créa en 1619 l'Aumônier général des galères : le 1er fut Saint-Vincent de Paul. [1]. Les Galères étaient une peine pour ceux qui avaient été condamnés, ils devaient ainsi ramer sur les bâtiments de la Marine Royale.

En 1688, Louis XIV créa 40 galères.

Les condamnés aux travaux forcés étaient envoyés aux galères, jusqu'en 1748 où le bagne fut créé. Les galères furent réunies à la Marine par une ordonnance de Louis XV du 27 septembre 1748.

Les bagnes furent créés au départ dans les arsenaux en France, le 1er bagne fut celui de Toulon, suivi par Brest en 1750 et Rochefort en 1767.

En 1791, on introduit dans la législation la peine des fers, qui se substitua à celle des galères : les condamnés étaient employés dans des maisons de force, dans des ports et arsenaux, à l'extraction des mines ou à l'assèchement des marais.

Sous la Révolution française, d'autres bagnes furent créés, Lorient, Cherbourg (1803) et Le Havre pour recevoir les déserteurs et les révoltés.

En 1810, on remplaça la peine des fers par celle des travaux forcés. Les condamnés étaient enfermés dans des bagnes établis dans les ports militaires et gardés à vue, enchaînés deux à deux ou tramés à leurs pieds à un boulet, pour faire des travaux les plus pénibles.

Le 4 mai 1848, les représentants du peuple élus au suffrage universel et issus des élections du 23 avril se réunissent pour former l'assemblée constituante et proclamer la naissance de la 2e république.

Le 21 juin 1848, la commission exécutive ordonne la fermeture des ateliers nationaux, ce qui provoque un mouvement insurrectionnel à Paris. Une répression sanglante fut alors menée contre les insurgés parisiens entre le 23 et le 26 du même mois. 12 000 insurgés et 1 460 militaires furent tués, 11 671 individus furent interpellés.

Le 27 juin 1848, un décret prévoit que ceux-ci seront soumis à la transportation, dans les possessions d'Outre-Mer, autres que celles de la Méditerranée. Ce décret ne fut pas appliqué. M. de MONTROL a saisi l'Assemblée Nationale sur une proposition d'une transportation en Algérie [2]

La loi du 24 janvier 1850 désigna l'Algérie comme lieu de transportation. Le 31 janvier 1850 prévoyait la construction d'un site pénitentiaire à Lambessa. En attendant celle-ci, 500 insurgés furent enfermés à la Casbah de Bône pendant 2 ans. Le transport vers l’Algérie eut lieu avec les frégates Le Gomer et l’Asmodée.

Les bagnes coloniaux, comme "terres de la Grande Punition", furent créés par la loi de Napoléon III du 30 mai 1854. Les départs pour Cayenne avaient commencé avec les décrets du 8 décembre 1851 (4 jours après l’Insurrection) et de mars 1852.

De 1852 à 1938, la population des bagnes coloniaux se monta à environ 100 000 personnes :

  • 52 000 « transportés » et 16 000 « relégués » pour la Guyane,
  • 20 000 « transportés », 10 000 « relégués » et environ 3300 « déportés » pour la Nouvelle-Calédonie.

Lois & décrets

  • 14 Janvier 1557 : Edit d’Henri II sur la transportation des criminels en Corse.
  • 1561 : Ordonnance de Charles IX instituant la Chiourme.
  • 1685 : Edit de Fontainebleau qui révoque l'Edit de Nantes : il prévoyait une peine de Galères pour les protestants tentant de sortir du royaume, ou pratiquant le culte réformé.
  • 8 Janvier 1719 : Déclaration royale concernant la déportation des bannis.
  • 10 Mars et 3 mai 1720 : Ordonnances relatives à l’arrestation des mendiants destinés à être déportés.
  • 27 septembre 1740 : Ordonnance de Louis XV pour la suppression du corps des galères, réunion de ce corps à la Marine, [3]
  • 25 septembre/6 octobre 1791
  • Art 1. Les peines qui seront prononcées contre les accusés désignés coupables par le jury, sont la peine de mort, les fers, la réclusion dans la maison de force, la gêne, la détention, la déportation, la dégradation civique, le carcan.
  • Art 6. Les condamnés à la peine des fers, seront employés à des travaux forcés au profit de l'État, soit dans l'intérieur des maisons de force, soit dans les ports et arsenaux, soit pour l'extraction des mines, soit pour le dessèchement des marais, soit enfin pour tous autres ouvrages pénibles, qui, sur la demande des départements, pourront être déterminés par le corps législatif.
  • Art 7. Les condamnés à la peine des fers, traîneront à l'un des pieds un boulet attaché avec une chaîne de fer.
  • Art 8. La peine des fers ne pourra en aucun cas être perpétuelle.
  • Art 9. Dans le cas où la loi prononce la peine des fers pour un certain nombre d'années, si c'est une femme ou une fille qui est convaincue de s'être rendue coupable desdits crimes, ladite femme ou fille sera condamnée pour le même nombre d'années, à la peine de la réclusion dans la maison de force.
  • Art 28. Quiconque aura été condamné à l'une des peines des fers, de la réclusion dans la maison de force, de la gêne, de la détention, avant de subir sa peine, sera préalablement conduit sur la place publique de la ville où le jury d'accusation aura été convoqué. Il y sera attaché à un poteau placé sur un échafaud, et il y demeurera exposé aux regards du peuple, pendant six heures s'il est condamné aux peines des fers ou de la réclusion dans la maison de force ; pendant quatre heures s'il est condamné à la peine de la gêne ; pendant deux heures s'il est condamné à la détention. Au-dessus de sa tête, sur un écriteau, seront inscrits en gros caractères ses noms, sa profession, son domicile, la cause de sa condamnation, et le jugement rendu contre lui.
  • 27 Septembre 1748 : * Ordonnance de Louis XV qui supprime le corps des galères.
  • 26 Août 1792 : Loi sur la déportation à la Guyane des prêtres réfractaires.
  • 24 Vendémiaire An II(15 octobre 1793) : Loi sur la transportation des mendiants récidivistes, envoi à Madagascar.
  • 19 ventôse An IV (9 mars 1796) : Loi sur la déportation des fonctionnaires qui ont refusé de prêter serment de haine envers la royauté.
  • 28 Nivôse An VII (17 janvier 1799) : Loi désignant l’île d’Oléron comme lieu provisoire de déportation.
  • 2 Avril 1817 : Ordonnance désignant le Mont-Saint-Michel comme lieu provisoire d’affectation des condamnés à la déportation. En 1833 ce fut un lieu d'exécution de la déportation.
  • 9 Septembre 1835 : Loi réformant le Code Pénal, introduction de la déportation dans une prison hors du territoire continental.
  • 2 Octobre 1836 : L'ordonnance royale supprime les chaînes de forçats.
  • 27 Juin 1848 : Décret sur la transportation des insurgés de Juin 1848.
  • 24 janvier 1850/30 janvier 1850
  • Art 1. Tous les individus détenus à Belle-Isle seront transférés en Algérie.
  • Art 2. Les individus transportés seront réunis sur les terres du domaine de l'État et y formeront un établissement disciplinaire spécial.
  • Art 3. Les transportés seront assujettis au travail sur l'établissement, leur droit politique sera suspendu, ils seront soumis à la juridiction militaire.
  • Art 4. 10 ans après la promulgation de cette loi, la transportation cessera de plein droit.
  • Art 4. 3 années après le débarquement en Algérie, ceux qui justifient d'une bonne conduite pourront obtenir à titre provisoire, la concession d'une habitation et d'un lot de terre sur l'établissement.
  • 31 janvier 1850 : Le site de Lambessa (Algérie) fut choisi comme futur pénitencier à construire.
  • 27 mars 1852 : Décret qui établit des bagnes à Cayenne (Guyane).
  • 30 Mai 1854 : Loi sur l’exécution de la peine des travaux forcés : la déportation vers l'Outre-Mer est instituée, particulièrement en Guyane.
  • 2 Septembre 1863 : Décret affectant la Nouvelle-Calédonie comme lieu d’exécution de la peine des travaux forcés.
  • 21 octobre 1863 : Ordonnance qui prescrivait que tout forçat qui se serait estropié ou rendu invalide, serait mis au conseil de guerre et condamné à mort...
  • 27 mai 1885 : Loi sur la relégation des récidivistes, qui envoya au bagne des délinquants et des criminels récidivistes.
  • 3 mars et 3 octobre 1886 : Décrets créant à Obock des établissements pour l’exécution de la peine des travaux forcés destinés aux forçats d’origine arabe, indienne ou africaine.
  • 19 juillet 1907 : Loi qui supprime l'envoi des femmes au bagne.
  • Décembre 1938 : Décret du Front-Populaire qui fait disparaître du Code Pénal français la Transportation.
  • 6 Juin 1960 : Ordonnance supprimant les travaux forcés.

Spécificités en fonction des époques

Jusqu'au 19e siècle

  • La condamnation s'effectuait par :
  1. Envoi aux galères à : ♦ Bordeaux ♦ Brest ♦ Dunkerque ♦ Marseille ♦ Rochefort ♦ Saint-Malo
  2. Envoi aux bagnes portuaires à : ♦ Brest ♦ Cherbourg ♦ Le Havre (remplacé par Cherbourg) ♦ LorientRochefortToulon
  • Sous Napoléon Ier, on envoyait les condamnés sur certains ports français ou étrangers à : ♦ Bagne de Civitavecchia ♦ Gêne ♦ La Spezia ♦ Nice
La condamnation aux galères est supprimée sous Napoléon Ier,

Elle est remplacée par les Travaux forcés avec

  1. Envoi aux bagnes (entre 1814-1854) de : ♦ Bagne de Nice ♦ Villefranche-sur-Mer

19e siècle au 20e siècle

Les condamnés le sont pour : Travaux forcés, Transportation, Déportation, Relégation

  • Ils sont envoyés dans :
  1. Les Bagnes coloniaux, créés en 1851, et qui existeront jusqu'en 1952 : ♦ GuyaneNouvelle-CalédoniePolynésie FrançaiseIndochine
  2. Les Bagnes Algériens , Condamnés civils (déportés particulièrement) : ♦ Bagne de l'Armée Française ♦ Bataillon disciplinaire ♦ Établissement pénitencier
  3. Les Bagnes en Afrique : ♦ Afrique centrale ♦ Bagnes en Afrique équatoriale ♦ Bagnes en Afrique de l'Ouest
  4. Les Pénitenciers corses.

Galères - Galériens

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Les premières condamnations datent de 1522. Sous Louis XIV il existera jusqu'à quarante galères, dont 34 sont basées à Marseille. [4].
Les rameurs sont attachés jour et nuit à leur banc sur l'unique pont non abrité de la galère, de chaque côté d'une coursive, le long d'une longue rame de 12 mètres de long, pendant un service de mer de deux à trois mois. Passé ce service, ils restent dans les bagnes portuaires.
Il existait 3 sortes de Galères :
  • Galère ordinaire
  • Galère réale
  • Galère patronne

Galère ordinaire : Il faut 260 rameurs sur une galère ordinaire.

Galère Réale : Il fallait 450 rameurs, sur cette galère qui portait pavillon du roi.

Les Galères

  • La Belle
  • La Brave
  • La Couronne
  • La Favorite
  • La Ferme
  • La Fidèle
  • La Fleur de Lys
  • La Fortune
  • La France
  • La Forte
  • La Galante
  • La Hardie
  • La Madame
  • La Perle
  • La Princesse
  • La Reine
  • La Saint-Louis
  • La Souveraine
  • La Valeur
  • -

Les Galériens

Sont principalement des : Soldats déserteurs, Contrebandiers du sel, Protestants qui pratiquent la confession de l'église réformée, Condamnés de droit commun (assassins, voleurs...)

Bagnes - Bagnards

Les prisonniers envoyés au bagne étaient condamnés à 5 peines :

  • Travaux forcés
  • Détention de longue durée
  • Déportation
  • Relégation
  • Réclusion

1. / Travaux forcés

"Les Travaux forcés sont des peines afflictives et infamantes. Les condamnés aux travaux forcés doivent traîner à leur pied un boulet ou être attachés à deux par une chaîne". Ils sont toute leur vie sous la surveillance de la Haute Police d'État[5]. Sont punis aux travaux forcés les condamnés pour :

  • 1er, 2ème Crime,
  • Contrefaçon de la monnaie publique française et étrangère
  • Faux en écriture de l'administration publique ou contre des privés
  • Crime de viol sur un enfant de - 15 ans
  • Séquestration de plus d'un mois d'une personne
  • Banqueroute frauduleuse
  • Pillage de marchandises
  • Libertinage
  • Non paiement des impôts
  • Braconnage
  • La Religion protestante

2. / Détention de longue durée

Les condamnés à de longues peines (+ de 10 ans), furent envoyés à Brest ou Rochefort. C'était généralement des faussaires, des voleurs, des incendiaires, et des contrebandiers de sel.

3. / Déportés

La déportation fut créée par la loi de 1810 : elle consistait à une transportation et à demeurer à perpétuité dans un lieu déterminé par la loi, hors du territoire continental de la République :

  • Déportation dans une enceinte fortifiée
  • Déportation simple, condamnation à l'exil

Les déportés sont des opposants politiques (Révolutionnaires de 1848, Communards de 1871). Ils sont condamnés à la déportation, en Algérie, ou en Guyane (Iles du Salut, dont l'Ile du diable)

4. / Relégués

Les relégués dits "Pied-de-Biche" sont des petits délinquants qui ont été plusieurs fois condamnés à la prison pour des petits délits et qui ont récidivé. Ils sont condamnés à vivre en Guyane toute leur vie au camp de Saint-Jean du Maroni. La Loi sur la relégation concerne les hommes comme les femmes. Entre 1885 et 1907, 2000 femmes seront envoyées en Guyane.

La loi du 27 mai 1885, décide l'envoi de récidivistes coupables de petits délits qui auront encouru deux condamnations dans un intervalle de moins de 10 ans.

Les relégués sont condamnés pour :

  • Escroquerie
  • Infanticide
  • Ivresse
  • Outrage à la pudeur
  • Rébellion
  • Vols de récolte

Le régime de relégation est divisé ainsi :

  • Relégué individuel :
Délinquants qui disposent de moyens financiers pour se prendre en charge sur place et classés correctement en détention normale. Ils pouvaient travailler sur place dans une concession agricole ou industrielle, ils étaient libres de leurs faits et gestes.
  • Relégué collectif :
Les autres délinquants : ils dépendent de l'État qui doit pourvoir à leur entretien ; en échange ils doivent travailler pour l'État. Ils sont internés dans un dépôt de travail où ils doivent effectuer des travaux forcés encadrés par des surveillants militaires. Ce travail effectué est payé et lorsqu'ils ont assez d'argent ils passent en relégation individuelle.

5. / Transportés

Les individus à la transportation sont condamnés à de lourdes peine, de travaux forcés à perpétuité. Ils sont obligés de travailler toute la journée sous la surveillance de gardiens, au défrichement des chemins, à la construction des routes, au ramassage des ordures. Ils ont droit à un vêtement, un gobelet, une gamelle, une cuillère et une couverture. Les transportés qui avaient fini leur peine étaient appelés les Libérés, :

  • Si le condamné était puni à - de 8 ans de bagne, il devait rester le même temps dans le pays du bagne
  • Si le condamné était puni à + de 8 ans de bagne, il devait rester à vie dans le pays du bagne

Vie au bagne

Les galériens, étaient marqués au fer rouge sur l'épaule des lettres GAL.

Le bagnard était marqué au fer rouge de deux lettres, soit

  • TF : travaux forcés
  • TP : travaux à perpétuité

Au début, le forçat devait servir pour les travaux lourds des arsenaux, puis aux durs travaux dans les bagnes coloniaux.

À son arrivée, le prisonnier est conduit dans une salle ou l'on s'assure de son identité, il est mis à nu, lavé rasé et tondu, puis habillé en forçat. Ses habits sont composés d'une robe en moui rouge, un pantalon de moui jaune, une chemise en grosse toile écrue, de gros souliers ferrés et sa tête rasée reçoit un bonnet en laine vert ou rouge suivant l'indication de sa condamnation. Le médecin du bagne l'examine : s'il est considéré comme valide, il est rivé avec un autre forçat, s'il est malade, il est porté à l'hôpital ou il reçoit les secours que son état exige, jusqu'à sa guérison. Les forçats étaient rivés avec un autre forçat par une manille de fer à laquelle est attachée une chaîne en fer composée de 18 maillons qui pesaient 7 kg. Le forçat avec qui il est rivé, lui est totalement inconnu, différent de caractère et de langage [6]

Le matin, le canon de diane sonne à 6 heures du matin en hiver, à 5 heures du matin en été, les porte-clés ouvrent les cellules pour que les bagnards fassent leur toilette. Ensuite vient le défilé et le départ pour les corvées, ils reviennent vers 11 heures pour le premier repas, puis le travail reprend jusqu'à 17h30 où les bagnards sont enfermés dans les cases.

La nourriture du forçat se compose d'une ration de pain ou de biscuit, de légumes cuits à l'huile ou au beurre et lard, de fromage et d'un peu de vin.

20 à 30 % des condamnés meurent au bagne.

Savoir.jpg À savoir

Les bagnards transportés ont un uniforme rayé blanc et rouge.

Lieux de déportation, de relégation

Métropole

  • Doullens (déportation)
  • Ile d'Oléron (déportation provisoire)
  • Mont-St-Michel (déportation)

Outre-Mer

  • Baie de Prony (Nouvelle-Calédonie, relégation collective)
  • Ducos (Martinique, déportation en enceinte fortifiée)
  • Iles du Salut (Guyane, déportation en enceinte fortifiée)
  • Ile de Nou (Nouvelle-Calédonie, déportation simple)
  • Ile des pins (Nouvelle-Calédonie, relégation collective)

Noms de navire transportant des condamnés

  • L'Allier
  • La Bayonnaise
  • La Charente
  • La Vaillante
  • La Martinière (Bagne flottant)
Martinière.png
Bateau La Martinière [8]

Bateau de commerce, qui fut affrêté par l'administration pénitentiaire pour le voyage vers le bagne en Guyane.
Dans les cales, des cages/cellules y furent installées.
Elles accueillaient chacune 100 condamnés.
La Martinière possède 4 cachots de fer pour les mauvaises têtes.
Les forçats relégués sont enfermés à l'arrière du navire, ils étaient enfermés au Pénitencier de Saint-Martin de Ré, étaient tondus et rasés.
Les autres forçats sont à l'avant.

Recherches généalogiques

Méthodologie

I. Chercher la procédure de jugement
II. Chercher les dossiers des peines purgées

  • Travaux forcés
  • Transportation
  • Déportation
  • Relégation

Jusqu'au 19e siècle

  • Dossiers (matricule) de peines concernent :
  • Les Galères
  • Les Bagnes portuaires
  • Dossiers des bagnes

Du 19e siècle au 20e siècle

  • Archives des bagnes coloniaux (Guyane, Nouvelle-Calédonie)
  • Archives des bagnes algériens et Africains,
  • Archives du pénitencier de Corse,

Recherches en France

Archives Départementales

  • Dans le cas d'une condamnation civile, il faut chercher les dossiers aux AD du lieu de condamnation.
  • Les condamnations relevant du pénitencier de Corse, se trouvent aux AD (Corse Nord et Sud)
  • Série Y

Archives nationales

  • Fonds de la Marine : Fonds ancien
  • Série D - Matériel
  • D5 - Chiourmes
  1. N° de matricule du condamné
  2. État civil du condamné
  3. Noms des parents
  4. Situation familiale
  5. Signalement du condamné
  6. Lieu et raison du délit
  7. Date d'entrée et sortie du bagne
  8. Particularités : mort, libération, évasion
  • Série F
  • Sous-série F16 : Chaînes : 466 à 507
  • Bagnes :
  1. Toulon : 117, 48A à 473B, 525, 554, 654
  2. Rochefort : 222, 478A à 479B, 486, 497
  3. Brest : 106, 474A à 477, 488-490, 491-493, 662
  4. Lorient : 1015, 106, 494
  5. Anvers : 116, 118, 267, 482B, 549

Archives d'Outre-Mer

  • Base de dossiers individuels - Anom
  • Fonds du ministère des Colonies : Série H
  • Fonds du gouvernement général de l'Algérie (lacunaire) : Sous-série 10G
  • Fonds de la préfecture d'Oran (lacunaire)
  • Fonds Administration pénitentiaire centrale : Afrique, Vietnam : cote : FR ANOM COL/H2026

Archives du Service de la Défense

  • Dans le cas d'une condamnation militaire avant 1918, les dossiers de procédure sont au service de la Défense.
  • Les dossiers des galères du Ponant (Ports de l'Atlantique et nord de la France) ont disparu.
  • Les dossiers des bagnes (avant 19ème siècle) peuvent se trouver aussi dans les ports militaires ( Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort et Toulon), en série O.
  • Dossier pour condamnation disciplinaire et pénitentiaire : Fonds de la Guerre et de l'armée de Terre
Service historique de Vincennes
  • Fonds du ministère de la Marine : Sous-série DD5
Service Historique de Toulon
  • Matricule des galères de Marseille. : Série O
  • Archives des bagnes de Nice et de Villefranche : Série R

Archives de la Justice Militaire

  • Dans le cas d'une condamnation militaire après 1918, les dossiers de procédure sont à chercher :

Dépôt central des archives de la justice militaire
54,rue de la Guignière,
BP214,
36300 Le Blanc

Recherches à l'étranger

Algérie

  • Les Archives des tribunaux de l'Algérie Française sont restées en Algérie

Recherches dans les journaux relatant des bagnes et bagnards

Lexique

  • Accouplement : fait d’enchaîner les bagnards deux par deux
  • AP : Administration pénitentiaire, c'est aussi la tentiaire pour les bagnards
  • Argousin : gardien chargé du ferrement des bagnards.
  • Bagne : lieu où l'on tenait les forçats à la chaîne
  • Bagnard : personne condamnée au bagne, forçat
  • Bat-flanc : plancher en bois ou en béton, en hauteur, servant de lit
  • Belle : dans l'argot des bagnards, c'est l'évasion, de 1922 à 1936, 1310 condamnés réussissent à s'évader sans être repris
  • Carcéral : relatif à la prison, aux établissements pénitentiaires
  • Chiourme : la troupe des forçats d'une galère
  • Déportation : C'est une peine qui est consécutive à un crime politique ; elle s'appliquera à partir de 1851 suite à la révolution de 1848, puis ensuite aux communards en 1871.
  • Doublage : obligation de résidence à la fin de la condamnation pour un temps égal à celui des travaux forcés pour une peine de plus de huit ans.
  • Garçon de famille : c'est le bagnard élevé à la dignité de domestique
  • Galériens : criminels condamnés à ramer sur les bateaux de la Marine royale
  • Inco : est un incorrigible, dans l'argot des bagnards
  • Manège : machine actionnée par les forçats punis, qui tournaient autour d'un axe central
  • Pertuisanier : gardien chargé de la conduite et de la surveillance des galériens quand ils sont à terre
  • Transportation : système pénal qui condamnait les individus au transport dans un lieu lointain, peu peuplé et souvent insalubre, en vue soit d'y subir leur peine, soit d'y résider.

Nuvola apps bookcase.png Bibliographie

  • Mémoires pour servir à l'histoire de la ville et du port de Rochefort, Pierre Philippe Urbain Thomas - Faye, 1828
  • Gazette Tribunaux du 7 Septembre 1848 - 3ème page
  • De Colons à Bagnards : La rélégation des récidivistes en Guyane Française. Cahier d'études pénitenciaires et criminologiques - Jean-Lucien Sanchez - Octobre 2013 - N°39
  • A travers le monde - Hachette (Paris. 1895)
  • Itinéraire historique et descriptif de l'Algérie, avec un vocabulaire français-arabe des mots les plus usités et un résumé historique des guerres d'Afrique - Jean Barbier - L. Hachette Paris 1855
  • Le Figaro 1880
  • Revue académique d'histoire et de géographie - Les sociétés coloniales du 17ème siècle au 20ème siècle - Pastel La Revue - Académie de Toulouse
  • Réimpression de l'ancien Moniteur: Directoire exécutif - H. Plon, 1863

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Référence.png Notes et références

  1. La Guienne historique et monumentale - Alexandre Ducourneau - Ec. Coudert 1842
  2. Transportation des insurgés de juin, Gazette des tribunaux, 7 septembre 1848.
  3. Annuaire de Brest et du Finistère - Come fils ainé, 1837
  4. La condamnation aux galères - Musée du Protestantisme
  5. Corps de droit Français, civil, commercial et criminel, contenant les Codes Napoléon - Louis Rondonneau - Garnery, 1810
  6. Annales maritimes et coloniales, Volume 2, Partie 1 - Imprimerie Royale - 1840
  7. Nouvelles en trois lignes, 1906, Félix Fénéon, éditeur Libella, collection Libretto, Paris, 2019, 162 pages (ISBN: 978-2-36914-446-5)
  8. Le Petit Parisien : journal quotidien du soir - 4 Novembre 1929


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