« 72ème Régiment de Mobiles - 1870-1871 » : différence entre les versions

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*Le 3e bataillon s'est organisé à Sens ; plus heureux, il a touché des fusils à tabatière, des vareuses et des pantalons en drap.
*Le 3e bataillon s'est organisé à Sens ; plus heureux, il a touché des fusils à tabatière, des vareuses et des pantalons en drap.


== A la bataille de Beaugency ==
== A la bataille de Beaugency (7, 8, 9, 10 et 11 Décembre 1870) ==


Il faisait froid, nous ne pouvions faire du feu et nous n’avions rien à manger.<br> Le régiment campa au-dessous de la ferme de Rougemont, face à Beaugency.<br>L’historique contient, au sujet de cette journée, les lignes suivantes : <br>
Il faisait froid, nous ne pouvions faire du feu et nous n’avions rien à manger.<br> Le régiment campa au-dessous de la ferme de Rougemont, face à Beaugency.<br>L’historique contient, au sujet de cette journée, les lignes suivantes : <br>
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''« Le 8 décembre, à 6 heures du matin, un nouvel ordre enjoignait de prende position sur les hauteurs à 600 mètres de la ville. Le canon grondait à l’ouest du côté de Josnes et de Villorceau.<br>« Je formai les deux bataillons, face au nord, et trois compagnies en tirailleurs pour protéger le front. (Il s’agit ici des deux bataillons du Cantal qui se trouvaient à la gauche de la ligne ferrée, séparés du bataillon de l’Yonne par une batterie de mitrailleuses.) <br>« L’action se rapprochait sensiblement, l’ennemi bombardait la ville.<br>« Notre batterie de droite ouvrit son feu, l’ennemi répondit aussitôt ainsi qu’une autre batterie prussienne sur la rive gauche rie la Loire. Nous nous trouvions sous le feu croisé des obus percutants.<br>« Le capitaine de la batterie de droite fut tué. Toutes les troupes qui se trouvaient sur nos derrières furent s’abriter au talus du chemin de fer ; seuls, les bataillons du Cantal restèrent immobiles. <br>« La nuit mit fin au combat, l’ennemi occupait Beaugency. <br>« Abandonnant enfin la position, le 72 e mobiles alla se placer la gauche à la ferme de Rougemont. <br>« Cette nuit se passa sans feu, sans vivres.<br>« Le régiment a perdu dans cette journée : 1 officier tué et 3 blessés (1), 1 officier prisonnier, 26 hommes tués, 61 blessés et cela sans tirer un coup de fusil. »''
''« Le 8 décembre, à 6 heures du matin, un nouvel ordre enjoignait de prende position sur les hauteurs à 600 mètres de la ville. Le canon grondait à l’ouest du côté de Josnes et de Villorceau.<br>« Je formai les deux bataillons, face au nord, et trois compagnies en tirailleurs pour protéger le front. (Il s’agit ici des deux bataillons du Cantal qui se trouvaient à la gauche de la ligne ferrée, séparés du bataillon de l’Yonne par une batterie de mitrailleuses.) <br>« L’action se rapprochait sensiblement, l’ennemi bombardait la ville.<br>« Notre batterie de droite ouvrit son feu, l’ennemi répondit aussitôt ainsi qu’une autre batterie prussienne sur la rive gauche rie la Loire. Nous nous trouvions sous le feu croisé des obus percutants.<br>« Le capitaine de la batterie de droite fut tué. Toutes les troupes qui se trouvaient sur nos derrières furent s’abriter au talus du chemin de fer ; seuls, les bataillons du Cantal restèrent immobiles. <br>« La nuit mit fin au combat, l’ennemi occupait Beaugency. <br>« Abandonnant enfin la position, le 72 e mobiles alla se placer la gauche à la ferme de Rougemont. <br>« Cette nuit se passa sans feu, sans vivres.<br>« Le régiment a perdu dans cette journée : 1 officier tué et 3 blessés (1), 1 officier prisonnier, 26 hommes tués, 61 blessés et cela sans tirer un coup de fusil. »''


== A la bataille de Vendôme ==
== A la bataille de Vendôme (15 et 16 décembre 1870) ==
Je porte la compagnie au pas gymnastique dans la direction qui m’est indiquée ; nous sommes sur la route au haut des pentes ; c’est là, me dit un artilleur, en montrant du doigt le village de la Tuilerie.<br>
La compagnie s’élance, franchit en quelques minutes, malgré la terre détrempée, la distance qui nous sépare du village et occupe ce dernier. <br>
Mais pas l’ombre de batterie.<br>
J’envoie de tous côtés des éclaireurs qui reviennent n’ayant rien vu ni rien appris. <br>
L’artilleur s’était, paraît-il, trompé de côté. La batterie en question se trouvait dans l’autre chemin creux.<br>
Du point où nous étions, on apercevait dans la vallée, presque aux portes de la ville, un fouillis de voitures, de cavaliers, de piétons ; une troupe prussienne se formait non loin de la gare où s’installait une batterie d’artillerie.<br>
Derrière nous, à la lisière de la forêt, une ligne de chasseurs formait notre soutien.<br>
Je fis exécuter quelques feux de salve sur la gare qui n’était pas à plus de 1.200 mètres, puis ouvrir des feux à volonté ; nos hommes avalent trouvé un excellent abri derrière des murs de jardin. Peu après l’ennemi quitta la place.<br>
Un bon vieillard, dont la belle et énergique tête était ornée d’une barbe et de cheveux d’une blancheur éblouissante, allait de l’un à l’autre, un broc plein d’un vin pétillant à chaque main et encourageant les soldats, leur versait des rasades.<br>
Quel excellent patriote, tout disposé à faire le coup de feu ?


== A la bataille du Mans (10, 11 et 12 janvier 1871) ==
== A la bataille du Mans (10, 11 et 12 janvier 1871) ==

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Présentation

Le 72e régiment de Mobiles est formé de deux bataillons du Cantal et d'un bataillon de l'Yonne.

  • Le 1e bataillon s'est organisé à Aurillac,
  • Le 2e bataillon à Saint-Flour. Ils ont touché des fusils à piston, des sacs recouverts de toile grise et pour tout habillement un képi, une blouse blanche et un pantalon de treillis.
  • Le 3e bataillon s'est organisé à Sens ; plus heureux, il a touché des fusils à tabatière, des vareuses et des pantalons en drap.

A la bataille de Beaugency (7, 8, 9, 10 et 11 Décembre 1870)

Il faisait froid, nous ne pouvions faire du feu et nous n’avions rien à manger.
Le régiment campa au-dessous de la ferme de Rougemont, face à Beaugency.
L’historique contient, au sujet de cette journée, les lignes suivantes :

Commandant Bouscarel.

« Le 72 e mobiles a reçu des chassepots le 29 novembre.
« Le 7 décembre, il perd 1 tué et 3 blessés dans une reconnaissance en avant de Beaugency et le 8, au matin, il est en ligne sous les ordres du général Camô, en arrière de cette ville, la droite à la Loire.
« A 9 heures du matin, il se trouve en butte à des feux croisés d’artillerie venant d’une batterie établie au nord de Beaugency et d’une autre placée sur la rive gauche de la Loire.
« C’est sous les feux croisés de ces deux batteries, dont l’une nous prenait de face, l’autre en écharpe, que nous passâmes notre journée à la garde des mitrailleuses, comme aussi sans pouvoir nous servir avantageusement de nos armes vu la trop grande distance qui nous séparait des masses ennemies. »

Le colonel de Cambefort.

« Le 8 décembre, à 6 heures du matin, un nouvel ordre enjoignait de prende position sur les hauteurs à 600 mètres de la ville. Le canon grondait à l’ouest du côté de Josnes et de Villorceau.
« Je formai les deux bataillons, face au nord, et trois compagnies en tirailleurs pour protéger le front. (Il s’agit ici des deux bataillons du Cantal qui se trouvaient à la gauche de la ligne ferrée, séparés du bataillon de l’Yonne par une batterie de mitrailleuses.)
« L’action se rapprochait sensiblement, l’ennemi bombardait la ville.
« Notre batterie de droite ouvrit son feu, l’ennemi répondit aussitôt ainsi qu’une autre batterie prussienne sur la rive gauche rie la Loire. Nous nous trouvions sous le feu croisé des obus percutants.
« Le capitaine de la batterie de droite fut tué. Toutes les troupes qui se trouvaient sur nos derrières furent s’abriter au talus du chemin de fer ; seuls, les bataillons du Cantal restèrent immobiles.
« La nuit mit fin au combat, l’ennemi occupait Beaugency.
« Abandonnant enfin la position, le 72 e mobiles alla se placer la gauche à la ferme de Rougemont.
« Cette nuit se passa sans feu, sans vivres.
« Le régiment a perdu dans cette journée : 1 officier tué et 3 blessés (1), 1 officier prisonnier, 26 hommes tués, 61 blessés et cela sans tirer un coup de fusil. »

A la bataille de Vendôme (15 et 16 décembre 1870)

Je porte la compagnie au pas gymnastique dans la direction qui m’est indiquée ; nous sommes sur la route au haut des pentes ; c’est là, me dit un artilleur, en montrant du doigt le village de la Tuilerie.
La compagnie s’élance, franchit en quelques minutes, malgré la terre détrempée, la distance qui nous sépare du village et occupe ce dernier.
Mais pas l’ombre de batterie.
J’envoie de tous côtés des éclaireurs qui reviennent n’ayant rien vu ni rien appris.
L’artilleur s’était, paraît-il, trompé de côté. La batterie en question se trouvait dans l’autre chemin creux.
Du point où nous étions, on apercevait dans la vallée, presque aux portes de la ville, un fouillis de voitures, de cavaliers, de piétons ; une troupe prussienne se formait non loin de la gare où s’installait une batterie d’artillerie.
Derrière nous, à la lisière de la forêt, une ligne de chasseurs formait notre soutien.
Je fis exécuter quelques feux de salve sur la gare qui n’était pas à plus de 1.200 mètres, puis ouvrir des feux à volonté ; nos hommes avalent trouvé un excellent abri derrière des murs de jardin. Peu après l’ennemi quitta la place.
Un bon vieillard, dont la belle et énergique tête était ornée d’une barbe et de cheveux d’une blancheur éblouissante, allait de l’un à l’autre, un broc plein d’un vin pétillant à chaque main et encourageant les soldats, leur versait des rasades.
Quel excellent patriote, tout disposé à faire le coup de feu ?

A la bataille du Mans (10, 11 et 12 janvier 1871)

Le régiment est à l'a Milesse depuis une quinzaine environ. Les soldats, hâves et déguenillés à leur arrivée, ont déjà oublié leurs fatigues.
Cantonnés pour la plupart, ils campent en petit nombre, faute de place, dans les fossés de la route ou dans les champs avoisinants ; mais les tentes regorgent de paille, ils ne sont pas à plaindre.
Le 8 janvier, ils touchent l’habillement : képi, capote et pantalon ; on leur donne des chaussures. Ils ont, dès lors, fort bonne mine, ne paraissent plus les mêmes et manifestent par des chansons, par des rires, leur joie d’être proprement vêtus...
... Chaque bataillon de notre régiment se fait couvrir à 1.200 mètres environ par une ligne de tirailleurs.
La 1re et la 2e compagnie du 2e bataillon se déploient en tirailleurs avec les soutiens réglementaires.
Nos hommes sont embusqués dans les fossés profonds qui, dans cette région, sillonnent la campagne et séparent les propriétés, courant les uns parallèlement, les autres perpendiculaire ment à la lisière du bois de sapins que nous occupons...
Dès le début de l’action, deux éclats d’obus étaient venus frapper l’arbre à côté duquel j’échangeais quelques mots avec Francis Charmes, capitaine au 1er bataillon, dont la compagnie se trouvait placée à la droite de la mienne. Ramassant ces éclats, j’en offris un à Charmes ; je ne sais s’il a gardé ce souvenir du 10 janvier, mais je possède encore le mien...
La nuit du 10 au 11 fut pénible. La neige tombait à gros flocons.

Récit du sous-lieutenant Froment

Le 11 janvier, vers une heure et demie, sur l’ordre du commandant Basset, ma compagnie, la 7e du 2 e bataillon du 72 e mobiles, capitaine Estieu, se porta en avant suivie de la 6» compagnie, capitaine Delort du même bataillon ; elle se plaça derrière une ligne de tirailleurs du 43 e régiment de marche et la 6» compagnie prit position à environ 300 mètres en arrière.
Nous faisions face à un grand bois occupé par les Prussiens qui nous criblaient de balles sans que nous puissions y répondre, nos assaillants étant invisibles.
A peine étions-nous arrivés que notre ami le capitaine Estieu, se trouvant à ce moment derrière la première file de sa compagnie, reçut une balle au front et tomba raide mort.
Je pris le commandement de la compagnie et la portai déployée, avec l’assentiment du capitaine du 43* régiment, sur la ligne de ses tirailleurs et à leur suite.
Nous tiraillâmes ensemble pendant une demi-heure environ ; puis, nous reçûmes l’ordre de nous replier sur le gros du bataillon, ce que nous fîmes.
Deux heures après, le commandant porta les cinq compagnies qui formaient le bataillon vers l’ennemi ; c’est en dirigeant avec vigueur cette marche en avant que cet officier énergique et aimé tomba frappé de trois balles, au milieu du chemin de Changé, qu’il avait déjà fait franchir à une portion du bataillon. La dernière escouade de ma compagnie venait de pénétrer dans un bois de jeunes sapins dont les balles ou les obus tranchaient les pointes et les branches qui retombaient sur nous en nous couvrant de neige.

Relevé d'actes de décès de gardes mobiles du 72ème régiment, dans l'Yonne


Nom Prénom Grade Lieu d'Inhumation Année de décès
Monuments au morts
(fiche Geneawiki)
Commentaires
MARTIN Jean Garde - 1870 - °1869 † 30 décembre 1870 Ambulance centrale [1]
-
ROUX Barthélémy Garde - 24 octobre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 1er bataillon, 2ème compagnie - Originaire de Sansac-de-Marmiesse
PIERRE Jean-Pierre Garde - 24 octobre 1870 - Âgé de 23 ans - célibataire - 1er bataillon, 5éme compagnie - Originaire de Parlan
LAGUARRIGUE Jean-Antoine Garde - 25 octobre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 1er bataillon, 4éme compagnie - Originaire de Maurs
SERYSOL Jean Garde - 29 octobre 1870 - Âgé de 25 ans - célibataire - 1er bataillon, 3éme compagnie - Originaire de Cros-de-Montvert
MALGRAT Antoine Garde - 30 octobre 1870 - Âgé de 22 ans - célibataire - 1er bataillon, 1er compagnie - Originaire de Thiézac
TOURTOULOU Antoine Garde - 3 novembre 1870 - Âgé de 24 ans - célibataire - 1er bataillon, 2ème compagnie - Originaire de Leucamp
PUECH Auguste Garde - 4 novembre 1870 - Âgé de 22 ans - célibataire - 1er bataillon, 5ème compagnie - Originaire de Marcolès
BOUQUIER Jean Garde - 10 novembre 1870 - Âgé de 25 ans - célibataire - 1er bataillon, 4ème compagnie - Originaire de Leynhac
CASTAGNIER Charles Garde - 20 novembre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 1er bataillon, 5ème compagnie - Originaire de Prunet
CLERMONT Jean-Baptiste Garde - 26 novembre 1870 - Âgé de 26 ans - célibataire - 1er bataillon, 3ème compagnie - Originaire de Saint-Santin Cantalès
CHALVIGNAC Pierre Garde - 29 octobre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 2ème bataillon, 1ère compagnie - Originaire de Riom-ès-Montagnes
JINISTOU Pierre Garde - 14 novembre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 2ème bataillon, 1ère compagnie - Originaire de inconnu
JUILLARD Jean Garde - 16 novembre 1870 - Âgé de 25 ans - célibataire - 2ème bataillon, 1ère compagnie - Originaire de Bouilleu ou Boilly (?)
CHALLIER Pierre Garde - 19 octobre 1870 - Âgé de 22 ans - célibataire - 2ème bataillon, Originaire de Valjouze
ROUX Jean Garde - 22 octobre 1870 - Âgé de 22 ans - célibataire - Originaire de Chanet (Allanche)
APCHER Jean Garde - 19 octobre 1870 - Âgé de 24 ans - célibataire - Originaire de Challiers
BEAL Antoine Garde - 25 octobre 1870 - Âgé de 24 ans - célibataire - Originaire de Antignac
CHAPPE Antoine Garde - 28 octobre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - Originaire de Collandres
CHABAUD Antoine Garde - 29 octobre 1870 - Âgé de 21 ans - célibataire - 2ème bataillon, Originaire de Montboudif
HUGNON Louis Garde - 19 octobre 1870 - Âgé de 24 ans - célibataire - 3ème bataillon, 7ème compagnie - Originaire de Lorcières
AMAGAT Edouard Capitaine - 3 novembre - Âgé de 41 ans - célibataire - Originaire de Saint-Flour Capitaine

Sources

  1. AM de Lorient - Registre des décès - 1870