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Version du 16 mai 2022 à 03:00

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Torchamp
Informations
Pays Portail-regionalisme-FRA.png    France
Département Blason de l'Orne    Orne
Métropole
Canton Blason en attente.png   61-07   Bagnoles de l'Orne Normandie

Anciens Cantons
Blason en attente.png   61-07   Bagnoles-de-l'Orne (Années 2015 à 2020)
Blason en attente.png   61-27   Passais

Code INSEE 61487
Code postal 61330
Population 297 habitants (2018)
Nom des habitants Torchampois
Superficie 1 469 hectares
Densité 20.22 hab./km²
Altitude Mini: 111 m
Point culminant 262 m
Coordonnées
géographiques
48.546667° / -0.697778° (GoogleMaps) Cassini
Satellite / IGN / Cadastre (Géoportail)
Localisation (avant 2015)
          Arrondissement                 Canton                 Commune      ?
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Histoire.png Histoire de la commune

La Seigneurie de TORCHAMP

Famille de TORCHAMP

Armes de TORCHAMP  : d’argent à la croix fleurdelisée de sable

1 - Hamelin de TORCHAMP en 1198 était capitaine gouverneur du château de Gorron [1]

Galo de TORCHAMP père de Barbe de TORCHAMP vers 1330 vivait encore
Barbe de TORCHAMP en 1295 épousa Éon (ou Léon) ACHARD, fils de Jean ACHARD, auquel elle apporta en dot, moyennant cent sous de rente aux moines de l'abbaye de Savigny, ce qui leur restait de biens à St Auvieu.

2 - Henri de TORCHAMP en 1338 fournit une partie du foin des terres aux haras du Comte d’Artois, seigneur de Domfront, à raison de 15 sols la charretée, non compris le transport. Ces haras étaient situés, l’un dans la forêt de la Brosse, l’autre au Breuil. Henri de Torchamp est aussi cité dans le Livre de Marie d’Espagne et vivait par conséquent en 1346. Il est dit possesseur du fief de Torchamp et de ses dépendances, et l’un des sept sergents fieffés de la forêt de Passais.

Famille de VILLETTE

(d'après une notice écrite par le Dr Joseph Rémon-Beauvais '"Seigneurs et Seigneurie de Villette"', éditée en 1938 à l'Imprimerie Follon de Flers).

La famille de Villette appartenait à la très vieille noblesse appelée noblesse « d’ancienne extraction ». Elle tirait son nom du village de Villette situé près de la gare de Torchamp sur le chemin qui conduit au bourg de Céaucé. Ses armes étaient : « d’azur à six tours d’argent posées trois deux et une ». Elles étaient surmontées d’un casque timbré et garni de son panache de mêmes couleurs. Sa devise : « Toujours Villette, toujours fidèle ».
Dès 1230 cette famille est représentée par Aubert de Villette. De 1340 à 1360, un Jean de Villette est abbé de Saint-Vincent au Mans. An 1447, un Guillaume de Villette, docteur-ès-lois, est recteur de l'Université de Caen.
Les de Villette possédaient le fief de ce nom sans doute depuis fort longtemps. La Seigneurie de Torchamp leur échut au moins dès le commencement du XVe siècle. Dès lors, il s'intitulèrent seigneurs de Torchamp et de Villette. Ils commencent à être vraiment connnus à partir de Jean Ier de Villette.

1ère génération - Jean Ier de VILLETTE le 17 août 1385 est signalé dans un acte . Le 2 septembre 1424 cet écuyer, seigneur de Torchamp et de Villette, nous est connu par une donation de quelques biens qu’il fit le 2 septembre 1424 au recteur de l’église de Torchamp et à ses successeurs pour le recommander chaque dimanche au prône ainsi que sa feue femme et tous ses prédécesseurs. Il eut pour fils et successeur :
2ème génération - Jean II de VILLETTE
Celui-ci s’intitula comme son père « seigneur de Torchamp et de Villette ». Il vivait au commencement du XVe siècle et était fils probable de Jean Ier de Villette. Le 19 janvier 1460, il donna aveu au roy du fief noble de la terre de Torchamp , ainsi que d’autres droits seigneuriaux dépendant de cette terre noble. Le 23 septembre 1490, il donna pareillement son aveu au duc d’Alençon des domaines de Torchamp et de Villette, lesquels domaines il tenait de ce Prince à foy et hommage pour un huitième de fief dans la mouvance de sa seigneurie de Domfront. Dans cet aveu du 23 septembre 1490, le domaine de Torchamp est dit contenir un étang et un moulin.
Il eut d’une alliance inconnue deux fils, et sans doute une fille Françoise qui est dite en 1516 veuve de Robert de Verdun. De ses deux fils, le premier Guillaume de Villette fut seigneur de Torchamp et le second Jacques de Villette fut seigneur de Villette.

+ Guillaume de VILLETTE succéda à son père dans la seigneurie de Torchamp. Noble homme Guillaume de Villette, écuyer, seigneur de Torchamp, et Jacques de Villette, son frère, partagèrent, le 25 avril 1492, les héritages que possédait Jean de Villette, leur père. Guillaume de Villette eut le domaine de Torchamp, et Jacques le lieu et domaine de Villette. Guillaume de Villette donna son aveu au duc d’Alençon comme seigneur de Torchamp le 4 mai 1507 et le 23 avril 1512, du domaine de Torchamp qu’il tenait de ce Prince à foi et hommage pour un huitième de fief de haubert. Il épousa demoiselle Marie Ralluau d’une vieille famille de Saint-Bômer et en eut une fille unique : Suzanne de VILLETTE. Celle-ci épousa Guillaume LESNÉ et lui apporta en dot, le 19 juin 1513, la seigneurie de Torchamp qui ainsi changea de famille.

3ème génération - Jacques Ier de VILLETTE vivant en 1518 épousa demoiselle Jeanne Le Héricé, de la famille des deux célèbres frères Le Héricé, qui prirent par surprise le château et la ville de Domfront en 1574. Celle-ci était encore vivante le 13 avril 1554 et était alors remariée avec noble homme Hector du Coudray.

4ème génération - Jacques II de VILLETTE Noble homme Jacques de Villette (fils de Jacques Ier de Villette et de Jeanne Le Héricé), écuyer, seigneur de Villette en partie, se maria le 1er novembre 1528 avec Dlle Marguerite (ou Madeleine) de Montarguins (ou Monterguin) fille de Jean Monterguin, écuyer. Il rendit aveu au roy le 23 juin 1553 de la moitié du fief de Villette et mourut avant le 31 janvier 1568 ayant eu de son mariage trois enfants :
+ François de VILLETTE qui suivra
+ Siméon de VILLETTE de La Pallu en Saint-Front. Le 16 avril 1568, Siméon de Villette avait acheté à Françoise Lesné veuve de Rolland de Chauvigny, la métairie de la Chopelinière en Lucé (Remembrances). Le 12 janvier 1574, il partagea avec son frère François l’héritage paternel. Il acquit de Jacques et Josselin Achard le 15 mai 1576 pour 74.000 livres le lieu et manoir de la Pallue, avec la métairie de la Cour de la Pallu et la métairie du Passoir (Remembrances de François de Villette), et le 8 juillet suivant pour 1.000 livres, le fief et sieurie noble du dit lieu. Siméon de Villette était encore vivant le 25 juillet 1584, mais décédé avant le 9 novembre 1596. Il eut plusieurs enfants dont aucun n’eut de rapport avec la seigneurie de Villette et dont en conséquence, il ne sera pas ici fait mention.
+ Marguerite de VILLETTE, qui épousa Mainfroy Le Cilleur, écuyer, sieur de Lionnière en Torchamp.

5ème génération- François de VILLETTE né à Torchamp, se dit écuyer, seigneur de Villette, de Gonherays et de Landelinaye. Il devint seigneur de la Pallue après la mort de son frère Siméon de Villette et seigneur de Valaubin en Soucé, par son mariage, avant le 13 décembre 1559 avec Dlle Jeanne Vegeais, fille de Jacques Vegeais, seigneur de Valaubin, et de Jeanne Provost.
Il était âgé d’environ 70 ans le 3 juin 1590, date d’un acte de comparution qu’il fit devant René de Saint-Denys, sieur de Hartray, chevalier de l’ordre du Roi, capitaine de 50 lances pour le service de sa Majesté et gouverneur des ville et château d’Alençon. Cet acte porte que « luy et Pierre de Villette, écuyer, son fils aîné avaient juré qu’ils avaient toujours été très humbles et fidèles serviteurs de leur Majesté et du roi Henri quatrième, roy de France et de Navarre, et voulaient demeurer en son obéissance sans adhérer ne donner ayde ne secours à ceulx de la Ligue, ne aultres ses ennemis et adversaires en quelque manière que ce soit. » Le Seigneur de Hartray ajoute que ledit François de Villette « n’ayant moyen de venir et le suivre à l’armée pour son antiquité, il l’avait retenu, commis et député pour demeurer en cette place d’Alençon et avoir soin de faire travailler les bionniers qui viendraient chaque jour pour besogner aux fortifications et remparts ordonnez être faites en ce château, fossez et environs d’iceluy. » Ledit seigneur de Hartray atteste de plus que « depuis ledit temps, François de Villette s’était toujours continuellement tenu en ce dit lieu, faict tout devoir de bon et fidèle serviteur de Sa Majesté et encore y faisait service alors. »
François de Villette acquit par acte de 1598 de Me François Gillebert, avocat, la moitié de la sergenterie de Domfront.
François de Villette mourut au mois de Mai 1600 et demoiselle Jeanne Vigeais, sa femme, le 19 décembre 1606. De leur mariage étaient issus deux fils Jean et Pierre, qui se partagèrent la Seigneurie de Villette:
6ème génération-1- Jean de VILLETTE
Écuyer, seigneur de Landelinaye et de Villette (en partie), Jean de Villette épousa Jeanne de Logé qui lui apporta en dot la terre de Beauchesne en Cigné. De sa première union, Jeanne avait eu une fille Françoise qui épousa Claude CORMIER, et lui apporta en dot ce que Jean son beau-père possédait à Villette. Né en 1626, Claude Cormier s’intitula plus tard : chevalier, seigneur de la Bindellière, Creuillet et Villette. Son fils Charles CORMIER eut d’une alliance inconnue une fille : Marguerite Antoinette, qui épousa Messire Louis de Quincé, chevalier comte du lieu et du Saint-Empire, maréchal de camp général des carabiniers de France, gouverneur des villes et châteaux de Narbonne et de Domfront, et filleul du roi Louis XIII.
Charles Cormier ne transmit pas à son gendre la seigneurie de Villette. Il l’échangea contre une autre propriété, avec Anne Germont, femme de Henri Lesné, seigneur de Torchamp. C’est ainsi que cette partie de la seigneurie de Villette, qui contenait 50 journaux, après avoir appartenu aux de Villette, puis aux Cormier, fut désormais réunie au Domaine de Torchamp, et, de nos jours, elle est toujours la propriété du châtelain de Torchamp. Mais restait l’autre partie, dont avait hérité Pierre de Villette, fils de François et de Jeanne Vegeais, lors des partages qu’il avait faits avec son frère Jean.

6ème génération-2- Pierre de VILLETTE
Pierre de Villette prit les titres d’écuyer, seigneur de la Pallu, de Valaubin, de Villette et de la sergenterie noble de Domfront et s’unit (contrat du 7 juin 1571), à demoiselle Hardouine des Chapelles , fille aînée de Guillaume des Chapelles, écuyer, seigneur des Chapelles, capitaine de la ville de Domfront, et de Guillemette de Montesson.
Comme son père et suivant la devise de la famille : « Toujours Villette, toujours fidèle », il mit son épée au service du Roi, ainsi que l’atteste un certificat en date du 16 mai 1590, dans lequel Pierre d’Harcourt, baron de Beuvron, chevalier de l’Ordre du Roy et capitaine de 50 hommes d’armes, déclare que Pierre de Villette servit le roi sous sa conduite et qu’il le suivit sans désemparer, depuis le siège de Falaise jusqu’à la bataille de Saint-André et jusqu’à son retour en la ville de Caen. Comme son père aussi, il combattit dans le parti huguenot.
Dans les dernières années de sa vie, il lui fut donné, chose assez étrange, d’assister au baptême de sa femme : « demoiselle Hardouine des Chapelles, épouse de Mr de Villette », qui fut en effet baptisée à la Baroche-sous-Lucé, le 2 avril 1608, par Me François Busson, prêtre, prieur de la Baroche. Née à une époque où le pays était divisé en catholiques et huguenots, ennemis acharnés, il serait tout naturel de penser qu’Hardouine fut élevée dans le protestantisme, mais justement son père et son frère combattirent vaillamment dans les rangs catholiques. Aussi ce baptême tardif reste une énigme. Pierre de Villette eut de son mariage avec Hardouine des Chapelles au moins cinq enfants :

+ Charles de VILLETTE qui suivra
+ Urbain de VILLETTE qui suivra
+ Marie-Jeanne de VILLETTE qui épousa en 1ères noces Pierre Tetrel, écuyer, sieur d'Anès (ou d'Avès) et, en 2èmes noces Robert Le Maître, sieur de la Mancellière.
+ Marguerite de VILLETTE qui épousa Mainfroy le CILLEUR, sieur de Lionnière à Torchamp.
+ François de VILLETTE, écuyer, seigneur de la Pallu, qui épousa Marguerite Gallois et fut l'auteur d'une branche qui quitta le Passais pour habiter la région de Falaise, puis de Caen, et, enfin, le département de l’Oise et Paris. La fortune considérable de cette branche fut, en mars 1763, érigée en marquisat, sous le nom de du Plessis-Villette. Le dernier marquis mourut au milieu du XIXe siècle, sans enfants
7ème génération-1- - Charles de VILLETTE
Écuyer, seigneur de la Pallu, terre qu’il choisit le 22 juillet 1608, dans les partages de la succession de son père, Charles de Villette s’intitula aussi seigneur de la sergenterie noble de Domfront, dont il acquit, le 10 novembre 1623, la moitié que possédait son frère Urbain.
Charles de Villette ne prit pas, semble-t-il, le titre de seigneur de Villette. Cependant en 1618, il possédait 45 acres de terre à Torchamp, tant au lieu de Villette qu’aux Landes. Il est probable qu’il céda ce qu’il possédait à Villette à son frère Urbainde Villette, qui, lui, se fit appeler seigneur de ce lieu.
Il fut maître d’hôtel d’Henry de Bourbon, prince de Condé, suivant une lettre sans date que ce prince écrivit au sieur Viquet, conseiller d’État et avocat général au Parlement de Rouen, pour lui recommander un procès que le dit seigneur de la Pallu avait à cette Cour et par laquelle on voit qu’il était fort considéré de ce prince.
Charles de Villette avait épousé Françoise Germont, fille de feu Me Christophe Germont, écuyer, sieur de la Vente, maître des Eaux et Forêts de la vicomté de Domfront et de Françoise Couppel de l’Épinay. Charles de Villette fut inhumé dans l’église de St Front le 6 octobre 1631 (Registre paroissial de Torchamp).
De l'union avec Françoise Couppel naquirent trois filles :
+ Marie Antoinette de VILLETTE, qui épousa Guillaume de Cairon, sieur du lieu de la Harclaie et de Saint-Vigor, et lui apporta en dot le domaine de la Pallu.
+ Julienne de VILLETTE, qui s’unit en premières noces à Pierre d’Aunay, baron de Saint-Poix, et en deuxièmes noces, à Guy de Héricy, sieur de Dompierre (paroisse de Freville près de Caen), patron de Mesnil-Auger et de Livet, fils de Auguste de Héricy, seigneur de Pompierre, vice-amiral de Normandie.
+ Françoise de VILLETTE, femme, en premières noces, de Charles de Bellée (alias Thomas du Bellay), seigneur du lieu, chevalier, capitaine de gardes, puis gouverneur de Barcelone ; et, en deuxièmes noces, d’Antoine Auber, chevalier, baron d’Aunay et de St-Aignan. De ce second mariage sortit Marie-Françoise Auber, qui s’unit à René de Froulay, comte de Tessé, qui devint maréchal de France, sous le nom de Maréchal de Tessé.
7ème génération-2- - Urbain de VILLETTE
Né du mariage de Pierre de Villette et de Hardouine des Chapelles, Urbain de Villette est dit écuyer, seigneur de Villette, Valaubin et La Poitevinière. Comme son père, il habita le manoir de la Poitevinière, en la Baroche.
Il mourut en 1642 et fut inhumé dans sa paroisse. Il aurait contracté trois alliances : la première avec Claude le Cilleur, fille de noble Arthur le Cilleur , écuyer, sieur de Cheviers et de Marguerite Boispitard, la deuxième avec Françoise Durand de Lorière, la troisième avec Barbe des Chapelles . Le contrat de mariage d’Urbain de Villette et de Claude Le Cilleur fut passé le 23 décembre 1608.
De ses deux mariages eut 5 enfants, mais les dates sur les mères respectives sont contradictoires et il est difficile de retrouver les liens mère-enfant:
+ Brice de VILLETTE , baptisé à la Baroche le 8 octobre 1615 (parrain : noble Brice Couppel, °° écuyer, vicomte de Domfront ; marraine : Dlle Geneviève de Courtarvel, épouse de noble Jehan Millet, sieur de Burllières et de Bon-Renom.
+ Marguerite Françoise de VILLETTE, baptisée à la Baroche en 1617 (parrain : Charles de Villette, sieur de La Pallu).
+ Françoise de VILLETTE, baptisée le 2 juin 1623, qui épousa (contrat du 28 février 1641) Pierre Chardon, sieur de la Brardière, demeurant à la Touche, en Beaulandais, fils de Pierre Chardon, sieur de la Touche et d’Aragonde Fourneau.
+ Antoine de VILLETTE qui fut sieur de Le Chesnay et demeura à la Poitevinière
+ Charles de VILLETTE, baptisé à la Baroche le 24 mars 1612
Dernier enfant d'Urbain de Villette et de Claude Le Cilleur, Charles de Villette était encore, le 15 septembre 1643, mineur et sous la tutelle de sa mère et de François Lesné, seigneur de Torchamp. Il se qualifia de chevalier, seigneur de Villette, de la Poitevinière, du Creux et de la Sirardière (Beaulandais), de la Barillère et de la Rousselière (Saint-Front). Le manoir de la Poitevinière fut sa résidence.
Le 2 août 1671, il présenta au greffe de l'élection de Domfront, les titres de sa noblesse, et, le 7 février 16665, il rendit aveu au Roi:
1°) du lieu et métairie de la Poitevinière
2°) du lieu de la Varillère
3°) de la métairie de la Rousselière.
Le manoir de la Poitevinière dut être construit par Charles de Villette, si l'on tient compte de la date "1677", gravéée sur la pierre qui couronne la porte d'entrée, côté du jardin.
Ce vieux logis existait toujours (en 1938, date de cette notice), bien conservé et a gardé une partie des larges fossés qui l'entouraient. Dans la pièce principale existe une imposante cheminée avec, au fond, une grande plaque de fonte armoriée, dont le blason est supporté par deus lions. De la façade principale partait une large et longue avenue qui traverse aujourd'hui perpendiculairement la route de Domfront à Alençon. Le tracé de cette avenue, dans la partie située au-delà de la route, est bien conservé.
Par contrat du 25 juillet 1665, Charles de Villette avait épousé demoiselle Marie MILLET, fille aînée et principale héritiière de Charles MILLET, écuyer, sieur du Bois-Blondel et du Creux et de demoiselle Barbe du JARRY.
En 1687, les deux époux avaient fondé une chapelle à La Poitevinière et avaient affecté à cette fondation 48 livres de rente à prendre sur la terre de la Poupinière e la Baroche, dotqu'ils augmentèrent un peu plus tard.
Charles de Villette eut de Marie de Millet, deux fils et quatre filles. Ni l'un ni l'autre de ses deux fils ne s'intitula seigneur de Villette.Cette seigneurie de Villette est allée par alliance à la famille CORMIER, puis, par échange dans la maison LESNÉ. Mais aucun LESNÉ, bien qu'étant propriétaire à Villette, ne s'en intitula seigneur. Ce n'était plus que la terre de Villette.
Mr Julien LHOMER, dont le père était déjà, lui aussi fermier à Villette, qui lui-même y a passé toute son existence, me disait, en 1927, qu'il se rappelait fort bien avoir vu dans son enfance et son adolescence, un vieux manoir avec touts et entouré complètement de fossés. Quelques appartements de ce logis étaient encore habités dans son enfance par une vieille dame de la noblesse dont il n'a pu retrouver le nom. Il y avait également dans le voisinage du château, de grands bois de haute futaie, ainsi que des étangs.
Le château a été détruit à une date relativement récente, vers 1875. Les pierres de sa démolition ont servi à constuire les bâtiments actuels de la ferme. Il n'existe plus ni fossés, ni étangs, ni bois. Une douve est le seul souvenir qui reste des étangs, et le village de Sur-le-Bois, voisin immédiat du village de Villette, reste pour rappeler qu'il y avait là autrefois un bois de quelques importance.

D'après l'histoire de cette famille tracée à grands traits, le manoir de Villette dut être habité par des de Villette jusqu’à la fin du XVIe siècle. Depuis cette époque, les de Villette restés dans la région, habitèrent le château de la Pallu, en Saint-Front, et celui de la Poidevinière en la Baroche.

Famille LESNÉ

Les LESNÉ – dont le nom est souvent orthographié « LAÎNÉ » - étaient originaires de Bretagne et d’une noblesse très ancienne. En 1371, nous trouvons Jean Lesné, écuyer, présent à Pontorson à une montre (ou revue militaire) de messire Olivier de Mauny, chevalier banneret. Les Lesné étaient seigneurs de la Motte de Drouges (région de Vitré).
Ils avaient pour devise : « Sine macula unica, uniquam relinquo » (Sans une seule tache, j’en laisse une).

Les armoiries des Lesné étaient :

1. D’après Cauvin : d’azur à la fleur de lys d’or accompagnée de trois mollettes d’argent.

2. D’après le manuscrit du Comté de Mortain, selon Liard et Surville : d’azur au chevron d’or accompagné de deux étoiles du même en chef et d’un croissant d’argent en pointe

3. D’après le Nobiliaire de Normandie et aussi d’après d’Hozier : d’azur au chevron d’argent accompagné en chef de deux étoiles d’or et en pointe d’un croissant de même.

Nous avons vu en étudiant la famille de Villette qu'à la 2ème génération des de Villette, Suzanne de VILLETTE avait épousé le 19 juin 1513 Guillaume LESNÉ et lui avait apporté en dot la Seigneurie de Torchamp. Nous reprenons donc les différentes générations connues issues de ce mariage.

1ère génération - Guillaume LESNÉ
Guillaume LESNÉ né vers 1480 à Drouges en Bretagne et Suzanne de VILLETTE, fille de Guillaume DE VILLETTE et de Marie RALLUAU eurent 4 fils : Ambroise, Roland, François et Cesbron (ou Bertrand). C'est ce dernier qui hérita de la Seigneurie de Torchamp.

2ème génération - Cesbron (ou Bertrand) LESNÉ
Le nouveau seigneur de Torchamp, Cesbron LESNÉ (appelé aussi Bertrand Lesné) épousa, contrat du 20 février 1557, Jeanne de MONTCHAUVEAU dont il eut 4 enfants :

+ Josias LESNÉ qui suivra

1 - Guillaume LESNÉ qui fut seigneur de Champeaux (St Fraimbault) sans descendant

2 - Julien LESNÉ qui remplit la charge de lieutenant du vicomte de Domfront et se trouva comme témoin le 19 octobre 1600 à la prise de possession de la cure de Domfront par François Guyton.

3 - Françoise LESNÉ qui épousa vers 1580 Nicolas de MALFILLASTRE

4 - Louise LESNÉ, qui épousa Richard Le Harivel, écuyer, seigneur de Beaumanoir et de Sourdeval)

3ème génération - Josias LESNÉ
Josias Lesné succéda à son père comme seigneur de Torchamp. Il rendit en 1606 aveu de cette seigneurie. Il épousa Suzanne MAHÉ le 25 juin 1595, qui lui apporta en dot la seigneurie de la Vallée, en Savigny. Suzanne Mahé en 1605 est séparée de biens et obtient à cette date main levée de son fief de la Vallée saisi.
De ce mariage naquirent trois enfants:

1 - François LESNÉ qui suivra
2 - Juienne LESNÉ qui épousa (contrat du 27 septembre 1622) Guillaume de Montreuil, écuyer, seigneur de Mellerai, lequel apporta en se mariant la terre et seigneurie du Temple, en la Baroche Gondouin. De leur union vint un fils marié en 1661 à Françoise Le Faucheux et une fille mariée à François de Mondamer.
3 - Josias (d'après d'Hozier) eut une fille Charlotte qui épousa Claude Poretée ; tous deux vivaient en 1662.

4ème génération - François LESNÉ
François LESNÉ, fils de Josias LESNÉ et de Suzanne MAHÉ, devint seigneur de Torchamp à la mort de son père. Il épousa, le 15 juin 1625, Françoise BARRÉ de JUMILLLY, dame de la Nocherie, fille de François Barré de Jumilly , écuyer, seigneur de Jumilly (Saint-Bômer) et des Hayes (Torchamp), lieutenant général civil et criminel au bailliage de Domfront et de Antoinette Cormier, dame de la Guyardière (Haute-Chapelle).
Les BARRÉ, contrairement à ce que déclarent Surville et d’autres auteurs, n’étaient originaires ni de Domfront, ni de Saint-Front, ni de la Baroche, mais du village des Hayes, en Torchamp. Appartenant alors à la bourgeoisie, ils s’intitulaient sieurs des Hayes. Plus tard, ayant acquis le fief noble de Jumilly (Saint-Bômer) et ayant occupé de hautes fonctions dans la magistrature, ils furent anoblis et prirent pour armes : ‘or à trois trèfles de sinople et une rose de gueules en abîme. Ils supprimèrent le nom de BARRÉ pour se faire appeler « de JUMILLY ». Ils habitèrent le château de Jumilly, mais restèrent propriétaires des deux fermes des Hayes, de la ferme des Noës et de la ferme de la Saulnerie. Cette famille de Jumilly fonda de nombreuses œuvres charitables. Un de ses membres, François Barré, seigneur de Jumilly et des Hayes, conseiller du roy, lieutenant général civil et militaire au bailliage de Domfront et capitaine de la milice, se rendit célèbre en sauvant Domfront du pillage au moment des troubles qui suivirent l’assassinat de Henry IV. Le dernier Barré de Jumilly mourut en 1680.
Suite à des échanges de terres avec Jacques COUPPEl, vicomte de Domfront, François Lesné acquit le fief de Jumilly en Torchamp (à ne pas confondre avec le fief de Jumilly en St Bômer), et s'intitulera désormais seigneur de Torchamp et de Jumilly dans tous les actes retrouvés de cette époque.
François LESNÉ eut de Françoise BARRÉ de Jumilly au moins cinq enfants :

1 - Henri LESNÉ, qui succèdera à son père comme seigneur de Torchamp et de Jumilly, qui suivra;
2 - Antoinette LESNÉ,née à Torchamp le 1er novembre 1627, qui épousera le 10 juillet 1644 à Champsecret Siméon COUPPEL de la GOULANDE , écuyer, sieur de Champsecret, la Goulande et Verdun, conseiller du roy, procureur aux Eaux et Forêts de la Vicomté de Domfront , fils de Guillaume Couppel .
Ce couple eut dix enfants. L’un de ces dix enfants, François de la Goulande eut lui-même quatorze rejetons. Un seul des dix enfants d’Antoinette Lesné et de Siméon de la Goulande intéresse la commune de Torchamp. C’est une fille Marquise de la GOULANDE, qui épousa Pierre DOMER, sieur du Tertre (Torchamp) et de la Piloisière (St-Brice. Ils habitèrent le Tertre. À la mort de son mari (1710), Marquise de la Goulande se retira à la Piloisière, où elle mourut. Elle fut inhumée à Torchamp le 21 août 1724. .
De l'union Pierre DOMER-Marquise de la GOULANDE naquirent cinq enfants, dont Jean-Baptiste DOMER, qui fut curé de Torchamp, et Henri DOMER, sieur du Tertre et de la Piloisière, notaire royal et procureur en la juridiction d’élection de Domfront, demeurant au Tertre qui épousa, en 1718, Catherine Hubert des VILLETTES d’où cinq enfants, dont Catherine Marie DOMER, qui épousa, en 1746, Henri RÉMON, sieur du Domaine, et François Louis Jean DOMER, notaire royal, conseiller du roy, lieutenant du quart-bouillon et des traites foraines de Domfront, syndic de la paroisse de Torchamp , demeurant également au Tertre. Mort sans enfant (1805), sa fortune revint à son neveu, Jean RÉMON, sieur du Domaine.
3 - Françoise LESNÉ baptisée le 10 septembre 1626
4 - Ambroise LESNÉ, baptisé le 9 avril 1629
5 - Isaac LESNÉ, baptisé le 7 août 1632

5ème génération - Henri LESNÉ
Henry Lesné succéda à son père dans la Seigneurie de Torchamp. Il fait suivre son nom des titres suivants : écuyer, chevalier, seigneur de Torchamp, du plein de haubert de la Nocherie, de la Vallée, Jumilly, Le Fougerai et Champeaux. Il épousa Anne GERMONT de la VENTE, dame de Champeaux, fille et seule héritière d’Hector GERMONT , écuyer, sieur de la Vente et de Marie PITARD. (contrat de mariage du 19 novembre 1657)
En 1666, Henry Lesné fut reconnu par de Marle, noble d’ancienne extraction . Il était par son père propriétaire des fiefs nobles de Torchamp, de Jumilly (en Torchamp) , de la Vallée (en Savigny), par sa mère du fief noble de la Nocherie (en St-Bômer). Sa femme lui apporta les fiefs nobles de Villette (en Torchamp), de Champeaux (en Saint-Fraimbault), une maison à la Biherrière (en Torchamp) et une terre à Beaulieu (en Torchamp). Le fief noble de Fougerai (en Saint Bômer) lui était venu en héritage, en 1681, après la mort de son cousin Henri Claude de Jumilly.
À ces fiefs, il convient d’ajouter ce que l’on appelait alors « un fief en l’air » la sergenterie de Torchamp.

La SERGENTERIE de TORCHAMP
Le sergent d’autrefois était à peu près l’équivalent de notre huissier actuel. La sergenterie de Torchamp appartenait au seigneur de Torchamp qui en louait l’exercice et en retirait des revenus appréciables.
Dans une longue énumération des terres qui comprenaient environ les deux tiers de la paroisse de Torchamp trouvée dans un acte du 2 juin 1680: (Extrait des minutes de Henry Domer, tabellion royal, minutes conservées aux Archives Départementales), il faut distinguer deux ordres de fiefs :
Les uns formaient le domaine propre du seigneur qui en était, suivant l’expression actuelle, propriétaire: manoir, église, presbytère, cimetière, les terres du Gage, de la Rivière-Oignet, de la Faverie, des Ardillets, de la Guennepannerie, de la Chauvière, de la Soule, des Lorges, de la Thébaudière, des Loges, de la Boraudière, le moulin de Varenne, et dans la paroisse de Saint-Fraimbault les moulins de Champeaux.
Les autres fiefs, beaucoup plus nombreux, formaient le domaine seigneurial. Le seigneur de Torchamp n’en était pas propriétaire, mais il percevait sur les tenants de ces fiefs des redevances variables suivant les fiefs. Il avait aussi des droits tels que celui de lever des hommes pour la guerre. Il rendait la justice dans les assemblées appelées « pleds ». Le tenant ne pouvait vendre ou céder autrement son fief sans payer au seigneur un droit de vente dit de relief ; et quand le tenant avait vendu son fief, le seigneur pouvait supplanter l’acquéreur en payant le prix que celui-ci avait consenti.
En plus de la seigneurie de Torchamp, Henry Lesné possédait en propre dans la paroisse de ce nom :

Le fief et terre noble de Jumilly, d’une contenance de 40 journaux.

Le fief de Villette, d’une contenance de 50 journaux.
et plusieurs maisons terres et vergers à la Bihérière et à Beaulieu.

À Saint-Bômer, il possédait les deux seigneuries de la Nocherie et du Fougeray.
Après l'énumération de tous ces biens, on pourrait penser qu'Henry LESNÉ était riche. Mais un manuscrit du 18 février 1664 nous apprend que son domaine de Torchamp est saisi à la requête du procureur général de la Chambre des Comtes de Rouen (aveux des terres nobles de Jumilly et de Villette Bibliothèque de Domfront). Et un autre manuscrit du 2 décembre 1686 nous apprend que ses fiefs de la Nocherie et de Fougeray sont également saisis.
C’est lui sans doute que Almire Bernard évoque dans ses notes manuscrites quand il écrit : « Les Lesné étaient devenus pauvres et menacés de saisie. Dans nous ne savons quelle maison notable des environs, le seigneur de Torchamp et un bon curé se trouvaient réunis à table, lorsque le premier voulant s’amender aux dépens du dernier, raconta qu’en venant, il avait vu celui-ci qui, dans son chemin, était précédé d’une bande de corbeaux criant : Kouâ, kouâ, kouâ ! ...Et moi, répliqua l’ecclésiastique, j’ai vu à mon tour toute une meute de chiens qui couraient suivis d’un huissier en japant. Les uns criaient : Ham ! Ham ! Ham ! les autres disaient : Ayou ! Ayou ! Ayou ! Et les autres ripostaient : à Torchamp ! à Torchamp ! à Torchamp ! ».
Non seulement Henry Lesné, poursuivi par les huissiers, fut saisi dans ses biens, mais il le fut aussi dans sa personne. Suivant un arrêt de la Cour des Aides (Conseil) en date du 27 juillet 1684, Henry Lesné était accusé d’avoir tenté d’assassiner un nommé Pouchard, procureur-syndic des habitants de Torchamp et d’avoir exigé quantité de deniers et extorqué plusieurs obligations aux habitants eux-mêmes. Emprisonné, il s’était évadé à deux reprises des prisons de Domfront. L’affaire fut portée devant les Élus de Domfront, dont deux sentences, l’une du 31 janvier, l’autre du 15 juin 1682, sont citées dans un arrêt de la Cour des Aides du 21 juillet 1684. Il fut enfin emprisonné à Rouen. Un manuscrit des Archives du notariat de Rouellé, en date du 3 avril 1687, nous apprend qu’il était alors « depuis fort longtemps retenu dans les prisons de la conciergerie de la Cour d’Église à Rouen ». Un second manuscrit nous dit qu’il est en prison « pour cas non civil » ; un troisième, plus explicite et rejetant toute expression voilée, dit qu’il est détenu « pour cas criminel ».
État de fortune de Henry Lesné à son décès : À la mort du seigneur de Torchamp, Anne GERMONT sa veuve, tutrice de leurs enfants mineurs, sachant que son mari était poursuivi par de nombreux créanciers, voulant que ses biens personnels soient mis à l’abri et que ses enfants aient suivant l’usage, le tiers coutumier de la fortune de leur père, fit dresser l’état des biens de son mari au moment de leur mariage. Conclusion : Henry Lesné avait un avoir d’un peu plus de 66.000 livres. Mais en retranchant de cette somme ses dettes et le tiers coutumier, il ne restait qu’un peu plus de 20.000 livres pour payer plus de 23.000 livres de dettes. (Archives départementales d’Alençon).
Il semble bien cependant qu’elle ne fut pas insensible aux malheurs de son peu sympathique conjoint et qu’elle s’efforça au contraire de faire face à l’adversité et de sortir de l’impasse, en luttant de toutes ses forces et en mettant dans la balance ses propres biens restés intacts. Henry Lesné saisi, en prison, n’était-ce pas en effet un déshonneur pour elle sa femme et pour leurs enfants ? Elle semble, dès lors, avoir deux buts : faire libérer son mari et liquider ses dettes.
Le 2 décembre 1686 ; devant Michel Dumesnil, notaire à Domfront, François de Vaufleury, écuyer, sieur d’Ouessey, Julien Pitard, écuyer, sieur de St Jean et de Boudé, et Claude Roque Degouvais, sieur de la Fleurière, veulent bien se porter caution de l’usufruit et revenu des fiefs et terres nobles de la Nocherie et du Fougeray, saisis en décret à la requête de Jacques le Harivel, écuyer, sieur de Saint-Denis. Alors Anne Germont s’engage sur l’universel de tous ses biens meubles et immeubles, à les acquitter et indemniser de cette caution. Elle promet de tenir ou de faire tenir par les fermiers de ces deux fiefs les terres bien peuplées de bestiaux. Elle s’engage à ne toucher elle-même aucune rente seigneuriale, aucuns fermages des terres et moulins, mais de les faire verser à ses cautionneurs. Ce n’est qu’avec leur consentement qu’elle fera sur ces fiefs les réparations qu’ils jugeront nécessaires.
Par ailleurs, elle a demandé à la Cour des Aydes de Normandie l’autorisation de vendre et d'engager une partie de sa dot jusqu’à la somme de trois mille livres pour retirer son mari de la prison. La Cour lui en donne l’autorisation le 14 août 1686. Mais cette permission n’est pas suffisante. Pour aliéner sa dot, il lui faut aussi l’autorisation de sa famille.
C’est pourquoi le 3 avril 1687, devant François Danvel, notaire royal à Saint-Fraimbault-sur-Pisse, à la réquisition de Mme Germond, femme civilement séparée quant aux biens avec Henry Lesné, écuyer , seigneur de Torchamp, se trouvent réunis : Louis Gallery seigneur de la Motte, Siméon de Danvel, , sieur de la Grange, Jean Fleury sieur de la Clergerie, et René Seillery, sieur de la Corbière, lesquels « considérant la nécessité urgente et pressante de retirer le dit sieur de Torchamp des prisons de la Conciergerie de la Cour d’Eglise à Rouen, où il est détenu depuis fort longtemps pour certains intérêts résultant de cas criminel, lesquels intérêts le dit sieur de Torchamp ne peut payer avec ses biens qui sont saisis, sont d’avis et consentants pour les intérêts de la famille du dit sieur et dame de Torchamp, que la dite Anne Germond femme du dit sieur de Torchamp reçoive et ramortisse la somme principale de 40 livres de rente qu’elle a droit de prendre sur le sieur Ruault écuyer sieur de la Vaidière. Fait en présence de Dlle Marie Lesné fille du sieur de Torchamp et de dame Germond sa femme, Brice Rémon sieur des Gages et Pierre Cruchet paroissiens de Torchamp et de St Fraimbault. » (Archives du Notariat à Domfront – Minutes du notariat de Rouellé).

Ces documents suffisent pour nous démontrer que le seigneur de Torchamp était à la tête d’une belle fortune foncière qu’il dilapida rapidement, que tous ses biens propres furent saisis, qu’il fut mis en prison pour cas criminel et que sa femme répara de son mieux les fautes de son mari.
Anne GERMOND réussit-elle à tirer Henry LESNÉ de prison ? Nous ne le savons pas. En tout cas le seigneur de Torchamp mourut peu après, inhumé à l’église le 24 avril 1692. Elle paraît avoir au moins conservé à ses enfants les biens qui lui avaient été saisis ; leurs descendants, en effet, s’intitulèrent comme Henry Lesné seigneurs de Torchamp, de Jumilly, de la Nocherie, du Fougerai et Champeaux, ce qu’ils n’auraient pu faire s’ils avaient été dépossédés de ces fiefs nobles.
De ce mariage Henry LESNÉ-Anne GERMOND naquirent au moins sept enfants.

1 - Marie Henriette LESNÉ, qui épousa le 6 mars 1710 Nicolas de la PALU, écuyer, de la paroisse de Colandon, bourgeois d’Argentan, d’où trois enfants Hélène Henriette Marie (1713), François Nicolas (1718-1803), Françoise Agathe Renée.
2 - Hector LESNÉ qui suivra.
3 - Henri François LESNÉ baptisé le 7 octobre 1672.
4 - Anne LESNÉ qui épousa (contrat du 10 juillet 1700) François de SAINT-GERMAIN , écuyer, seigneur de Granvilliers, fils de François de Saint-Germain, écuyer, seigneur de Collières et de Granvilliers. Ils n’eurent pas d’enfants.
5 - Henri LESNÉ baptisé en novembre 1657 et inhumé en 1693.
6 - Marie-Madeleine LESNÉ baptisée le 4 mai 1662.
7 - Anne LESNÉ baptisée le 24 février 1666 et décédée le 26 février 1666.

6ème génération - Hector Magdeleine François Marie LESNÉ
Hector LESNÉ chevalier, seigneur des terres nobles de Torchamp, de Jumilly (en Torchamp), la Nocherie, Champeaux et autres terres seigneuriales, patron honoraire présentateur de la cure de Torchamp, naquit vers 1684.
Il épousa le 29 juillet 1702 dame Marie-Louise DESLANDES , fille de Robert Deslandes, écuyer, seigneur de Surlandes, Collières, Crève-Cœur, la Renaudière, conseiller du roy, lieutenant général civil et criminel, enquêteur examinateur, maire de Domfront, lieutenant général de police à Domfront, subdélégué de l’Intendant d’Alençon, et de noble Françoise du Merle.
Le futur époux étant mineur, un conseil de famille s’était réuni le 26 juillet 1702, pour autoriser et régler les conditions de son mariage avec la fille unique de Mr de DESLANDES. Les parents délibérants furent : Anne Dupont, de la Pesnière, de Vaufleury, de Malterre, Cousin des Louvellières, de Collibans, Germont de Crinais, Couppel de la Goulande et de Bois d’Arcy. Le contrat de mariage fut passé le 28 juillet 1702. La Dlle DESLANDES apportait en dot 24000 livres (Extrait du registre de la famille du Plessis-Vaidière).
Après la mort d'Hector LESNÉ le 16 juillet 1717 (à l’âge de 33 ans)et son inhumation dans l'église de Torchamp le 17 juillet, Marie-Louise DESLANDES réclame comme lui appartenant à titre de femme séparée quant aux biens, les 2 vaches, tous les meubles, argenterie, vaisselle, literie, lingerie et autres, à la réserve des armes, habits, chevaux du défunt qui lui appartiennent en propre, ainsi que 200 livres qu’il avait à reprendre suivant l’inventaire qui fut fait après la sentence de séparation. Le seigneur de Torchamp n'avait plus rien dans le mobilier du château, tout appartenait à sa veuve.
Cet Hector Lesné fut comme ses ancêtres un personnage peu intéressant, faisant de folles dépenses sans penser à ses enfants. Sa femme au contraire, pieuse économe, simple et bonne, est obligée comme sa belle-mère, pour sauver sa fortune personnelle et celle de ses enfants, de se séparer civilement d’avec son prodigue mari. De l’union Hector LESNÉ - Marie-Louise DESLANDES naquirent neuf enfants.

1 - Françoise Marie LESNÉ, baptisée le 2 mai 1703. Elle épousa, en 1726, avec dispense de bans en date du 30 janvier 1726, Louis de VILLERS, né en 1695, du mariage de Me Jacques de VILLERS, avocat au Parlement et de Claude LEFEUVRE. Les deux futurs époux sont dits alors tous les deux paroissiens de Domfront. Le contrat de mariage avait été rédigé le 21 janvier 1726.
Louis de VILLERS a laissé dans le pays le souvenir d’une initiative aussi bienfaisante que courageuse. Caillebotte, en effet, raconte, dans son Histoire de Domfront, que le sieur Berlan-Dumassu, receveur général du domaine d’Alençon, et ses agents vexèrent et persécutèrent pendant plusieurs années les habitants de la ville et du canton de Domfront, pour leur faire payer un droit d’ensaisissement de leurs titres de propriété depuis le 1er janvier 1702, à quoi ils s’opposèrent, les terres patrimoniales et domaniales de M. le duc d’Orléans en étant exemptes. En 1723, Berlan-Dumassu envoya deux fameux huissiers d’Alençon accompagnés de leurs recors, trois cavaliers de maréchaussée commandés par leur brigadier, qui tombèrent le sabre à la main, dans les villages et firent sur quatorze ou quinze malheureux cultivateurs, en deux jours de travail, des saisies et enlèvements de tous les meubles, hardes, effets, vivres et fourrages qu’ils trouvèrent, sans vouloir accepter aucuns commissaires. M. de Villers, receveur des tailles, prit la défense des habitants et obtint un jugement qui défendait au sieur Berlan, à ses agents et à tous huissiers de faire ou diriger aucunes exécutions, saisies ou vendues de meubles, pour raison du droit d’ensaisissement, à peine de faux, concussion, désobéissance aux ordres du Roy.
Louis de Villers, conseiller du roy, receveur des Tailles à Domfront, mourut en 1762. Françoise Marie Lesné fut inhumée dans l’église de Notre-Dame-sur-l’Eau le 2 mai 1773, à l’âge de 69 ans environ.
2 - Anne LESNÉ née vers 1706 car inhumée en 1786 à lâge de 80 ans. Le 9 janvier 1724, elle obtint une dispense de parenté pour épouser Georges César de VAUFLEURY seigneur de Malterre et des Hayes, paroissien de Torchamp 3 - Marie Louise LESNÉ née vers 1711, car inhumée dans l’église de Torchamp le 10 novembre 1740, à l’âge de 29 ans.
4 - Marie Claire Nicolasse LESNÉ baptisée à Torchamp le 27 mai 1712 eut pour parrain Nicolas de la Palue, écuyer et pour marraine demoiselle Lesné de Torchamp.
5 - Agathe LESNÉ qui fut inhumée dans l’église Notre-Dame de Torchamp le 13 octobre 1726.
6 - Élisabeth LESNÉ Le 3 septembre 1746, est passé un contrat de mariage devant Me Louis Julien Gahery de la Saulnaie, notaire royal à Céaucé. Le 6 octobre 1746 eut lieu à Torchamp son mariage avec messire Nicolas René Emmanuel de PENHARD, écuyer. De leur union ne naquit qu'une fille, Catherine Françoise Élizabeth Renée de Penhard qui épousa, le 31 janvier 1771, Jean René Alexandre du Bois, seigneur de la Prouardière, colonel de régiment, chevalier de Saint-Louis : dont deux filles, la première née le 27 avril 1772, l’autre le 2 septembre 1773. 7 - François Louis Hector Madeleine LESNÉ, qui suivra à la 7ème génération
8 - Louis LESNÉ et sa mère dame Marie Louise Deslandes furent, le 20 mars 1750, à cause de leur seigneurie de la Nocherie, parrain et marraine d’une cloche à Saint-Bômer, cloche qui fut nommée Marie-Louise.
9 - Françoise LESNÉ qui épousa le marquis Louis Henri de Poillé, seigneur de Saint-Hilaire-du-Harcouët, lequel était précédemment veuf, et lui apporta en dot le fief de la Vallée. Son fils unique Louis Henry, comte de Poilley, seigneur de Saint-Hilaire, mourut sans enfants en novembre 1738 et sa terre de la Vallée revint alors au seigneur de Torchamp.

7ème génération - François Louis Hector Magdelaine LESNÉ
François-Louis LESNÉ, quand il aura atteint le faîte de sa fortune, s’intitulera : chevalier, seigneur de Torchamp, Jumilly, la Nocherie, le Breuil, le Fougerai, la Rénaudière (en St Front), la Faverie (en Céaucé), de Collières (en St Front), du Creux et de la Sivardière (en Beaulandais).

Le 8 juin 171, un contrat de mariage est signé entre les deux futurs époux François Louis Hector Magdelaine LESNÉ et Marie Françoise Élisabeth de VILLETTE, paroissienne de la Baroche-sous-Lucé. À l’occasion de ce contrat de mariage, il y eut au château de la Sausserie une très brillante réunion de la plupart des seigneurs, des nobles dames et des gentes damoiselles de la contrée, tous revêtus de leurs plus beaux costumes, de leurs plus chatoyants atours. François Lesné faisait d’ailleurs là un beau mariage. Marie Françoise de Villette avait un frère Jean Jacques de Villette, seigneur de la Poitevinière, mais celui-ci était mort sans alliance avant le mariage de sa sœur. La nouvelle châtelaine de Torchamp, orpheline et seule héritière, jouissait donc immédiatement et en totalité de la fortune de ses parents, fortune consistant en grande partie en terres situées dans les paroisses de la Baroche, Beaulandais et Lucé.
Après une dispense de bans de mariage accordée par l'évêque du Mans le 14 juin 1741, le mariage eut lieu le 20 juin 1741 à La Haute-Chapelle.
François LESNÉ vendit une partie de ses biens et eut un procès retentissant avec l'abbé de Lonlay au sujet du droit de présentation à la cure, qui se termina par la victoire du seigneur de Torchamp et lui accordait un certain nombre de droits : droit de présentation, droit de banc, etc. Mais François Lesné, de 1759 à 1775, eut, comme patron présentateur à la cure de Torchamp, de nombreux démêlés avec la justice ecclésiastique pour imposer ses candidats au bénéfice-cure de Torchamp.
Du mariage François LESNÉ-Marie Françoise de VILLETTE naquirent sept filles et un fils:
1 - Marie Françoise Élisabeth LESNÉ, baptisée à Torchamp le 18 avril 1742 eut pour parrain Jacques Sonnet et pour marraine Marguerite Le Ray.
Elle épous dans la chapelle du château de Torchamp le 16 novembre 1770 Louis Charles François du ROSEL.
2 - Louise Barne LESNÉ baptisée à Torchamp le 8 juin 1743 eut les mêmes parrain et marraine que sa sœur : parrain Jacques Sonnet et marraine Marguerite Le Ray.
3 - Henriette LESNÉ baptisée à Torchamp le 11 février 1745 eut les mêmes parrain et marraine que ses 2 sœurs précédentes : parrain Jacques Sonnet et marraine Marguerite Le Ray. Religieuse aux Ursulines de Caen, elle devint ensuite pensionnaire au Couvent Saint-Antoine à Domfront et fut inhumée dans le chœur intérieur de ce couvent le 11 mars 1770
4 - Adélaïde Lesné, baptisée à Torchamp le 10 septembre 1746 eut pour parrain Jacques Sonnet.
5 - Madeleine Marie LESNÉ baptisée à Torchamp le 27 juin 1748, eut également pour parrain et marraine Jacques Sonnet et Marguerite Le Ray. Son mari René François Jean DOYNEL succèdera comme seigneur de Torchamp à son beau-père François LESNÉ.
6 - Jean François Henry Louis LESNÉ, baptisé à Torchamp le 6 juin 1750, eut pour parrain messire Jean Claude Doynel, chevalier, seigneur du la Sausserie, patron honoraire de la Haute-Chapelle, et pour marraine noble dame Marie Louise Deslandes. Cet enfant ne vécut qu’un mois et fut inhumé dans l’église de Torchamp le 7 juillet 1750. Ce fut le dernier descendant mâle de cette famille Lesné.
7 - Marie Françoise LESNÉ fut baptisée à Torchamp le 2 septembre 1752. Son parrain fut Guy Caillebotte et sa marraine Marguerite Le Ray.
8 - Adélaïde LESNÉ, dernier enfant de François Lesné et de Marie Françoise de Villette, fut baptisée à Torchamp le 14 septembre 1754. Même parrain et même marraine que Marie Françoise. Elle mourut à l’âge de sept mois et fut inhumée dans l’église de Torchamp le 21 avril 1755.

Les LESNÉ n’avaient donc pas d’héritier mâle et la seigneurie de Torchamp allait de nouveau changer de famille. Après les de TORCHAMP et les de VILLETTE, les LESNÉ pendant environ trois siècles avaient plus ou moins honorablement porté le titre de seigneurs de Torchamp. Soit que ses sœurs soient mortes jeunes, soit que mariées elles soient mortes sans enfants, Madeleine Marie LESNÉ restait la seule héritière de la maison LESNÉ. C'est grâce à son mariage avec René François Jean DOYNEL qu'apparaît cette 4ème famille des Seigneurs de Torchamp, la Famille DOYNEL.

Famille DOYNEL

Blason DOYNEL

Quelques lignes sur la famille Doynel tirées de « L’histoire de Domfront » par Liard.
"Aussi distinguée par ses services militaires que par ses alliances avec les plus nobles maisons de France, la famille Doynel ou Doisnel, connue en Normandie depuis le XIe siècle, a constamment joui des privilèges attribués à la noblesse d’extraction chevaleresque. Cette famille descend de N. Doinel, compagnon de Guillaume le Conquérant à la conquête de l’Angleterre en 1066. Elle a été confirmée dans sa noblesse d’ancienne extraction, lors de la recherche de Montfaut en 1463, par divers jugements des années 1540, 1621, 1667 et autres ».
La famille avait pris pour armes : « d’argent à un chevron de gueules accompagné de trois merlettes de sable posées deux en chef et l’autre en pointe »; armes que l’on peut voir encore sur la façade du beau porche de la Sausserie et sur un vitrail de l’église de Torchamp.

Cette famille prétend être venue d’Irlande en Normandie où elle habita d’abord la région de Caen. Robert Doynel figure en 1089 dans une charte de Robert, duc de Normandie, en faveur de l’église Saint-Étienne de Caen. Au XIVe siècle elle se rapprocha de notre contrée. Bertrand Doynel qui vivait en 1391 était seigneur de la Doynellière en Fougerolles. Jean Doynel, son fils, est seigneur du Grand et du Petit Montecot, près du Teilleul, et Jacques Doynel, son petit-fils, par suite de son mariage avec Guillemette de Villaines, devint seigneur de Villaines en St-Front, et du plein fief de Haubert de la Sausserie en la Haute-Chapelle. Vers le milieu du XVIIe siècle, de la souche de la Sausserie se détacha la branche des Doynel de Montecot qui habita le château de Lévaré dans la Mayenne. De cette dernière branche sortit, au commencement du XVIIIe siècle, la branche des Doynel de Quincé et de Saint-Quentin, branche qui habita le château de Quincé, en la Baroche-sous-Lucé, jusqu’à la Révolution.
René François Jean DOYNEL, le nouveau seigneur de Torchamp appartenait à la branche principale, la branche de la Sausserie, qui seule nous intéresse concernant Torchamp. L'arrivée de cette famille à Torchamp est due au mariage de René François Jean DOYNEL avec Madeleine Marie LESNÉ,

Pour les ancêtres de René François Jean DOYNEL, se reporter à

  1. Geneanet[-arbre généalogique BOUILLAT-RÉMON[1]]

ou

  1. Geneanet-Base collaborative Pierfit[[2]]

Pour le manoir de la Saucerie (ou Sausserie), se reporter au Forum de Marie-Antoinette

  1. Le Manoir de la SAUCERIE par Mme de SABRAN[[3]]

1ère génération des DOYNEL de la SAUSSERIE en tant que Seigneurs de Torchamp
René François Jean DOYNEL
René François Jean DOYNEL naquit à la Haure-Chapelle (Orne) le 18 juillet 1739.

Le 20 septembre 1773, messire René François Jean DOYNEL, comte, ancien page de la Dauphine, mestre de camp et premier capitaine au régiment de Noailles, chevalier, seigneur de la Sausserie, Rubesnard et autres lieux, fils de messire Jean Claude de DOUESNEL, chevalier, seigneur de la Sausserie, Rubesnard et autres lieux, et de feu noble dame Catherine Guyonne Jacquine de SALIOU le Chef du Bois ses père et mère de la paroisse de la Haute Chapelle, épousait noble demoiselle Madeleine Marie LESNÉ de Torchamp, fille de messire François Louis Hector Madeleine LESNÉ, chevalier, seigneur et présentateur de la paroisse de Torchamp, seigneur de la Nocherie, de Jumilly, Collières, la Renaudière, la Faverie, le Creux, l’Essivardière et autres lieux, commissaire de la noblesse et lieutenant de MM. Les Maréchaux de France et de Madame Marie Françoise Élizabeth de VILLETTE, ses père et mère de la paroisse de Torchamp.

La bénédiction nuptiale fut donnée aux époux dans la chapelle domestique du Château de Torchamp, suivant la lettre missive de permission d’épouser dans ladite chapelle, adressée par l’évêque du Mans à Monsieur de Torchamp en date du 16 septembre 1773. René François Jean Doynel, le nouveau seigneur de Torchamp appartenait à la branche principale, la branche de la Sausserie, qui seule nous intéressera dans ce récit.

Un an environ après leur union, le 20 novembre 1774, le comte René François Jean Doynel et noble dame Madeleine Lesné, achètent pour 70.000 livres, à messire Jacques Leforestier, chevalier seigneur comte de Vandoeuvre et à Marguerite Françoise Camille de Launay d’Eterville, dame de la Motte d’Egrenne, les fiefs, terres et seigneureries de la Motte d’Égrenne, situés en la paroisse de Saint-Mars-d’Égrenne avec extension en celles de Saint-Gilles-des-Marais et de Saint-Brice (Archives notariales de Domfront).

Jusqu’à la Révolution, le comte et la comtesse Doynel semblent avoir mené la vie banale des seigneurs de l’époque sans que rien de marquant, sauf la naissance de deux enfants, ne vint mettre de relief dans leur existence. Ils habitèrent le château de Torchamp tant que l’ouragan révolutionnaire ne parut pas menacer leurs jours.

Le 16 mars 1789, René François Doynel représenta sa belle-mère à l’assemblée générale tenue à Alençon pour la députation aux États-Généraux. La situation des nobles restés dans le pays devenant de plus en plus critique, le comte et la comtesse Doynel quittèrent le château de Torchamp.
En 1792 ils résident avec leurs enfants à Paris quai Bourbon. Ils restèrent dix mois dans la capitale. Plus tard, René François Jean Doynel ancien maître de camp et ex-premier capitaine au régiment de Nouailles, prit du service dans l’armée vendéenne. Sur ces entrefaites parut la loi du 28 mars 1793 prononçant contre tous les français émigrés le bannissement perpétuel. Les émigrés étaient morts aux yeux de la loi et leurs biens étaient acquis à la République. En outre tout émigré arrêté en France était exécuté. Madame Doynel pour sauver sa vie, ses biens propres et, si possible, les biens de son mari, jugea prudent de ne plus se cacher, afin de ne pas passer pour émigrée. Elle revint en Normandie et résida à Argentan.
Là, malgré toutes les précautions qu’elle dut prendre, elle fut considérée comme suspecte et emprisonnée. On lit, en effet dans l’Histoire du diocèse de Séez, par l’abbé Hommey : « La maison des capucins d’Argentan devint la prison des suspects. Parmi les premiers habitants de cette prison se trouvaient Deshayes-Chiffrotot, Madame Doisnel, Guyon des Dignières, tous noms connus alors dans le pays, Corday d’Armont, père de Charlotte, Guyon-Vauloger et autres qui pouvaient passer pour les plus influents du pays. »

. Le 21 janvier 1793, la citoyenne Madeleine Marie Lesné, se disait veuve de René François Doynel de la Sausserie et présentait la requête suivante au juge de paix de Passais : « Vous expose que les troubles qui ont eu lieu les années dernières, ont forcé son mari et elle à se retirer à Paris où ils ont résidé environ dix mois. Malheureusement le 10 août dernier le sieur Doynel et son fils ont été les effroyables victimes de cette malheureuse journée. Ainsi, en même temps ont péri un père de cinquante-cinq ans et un enfant de douze ans. L’exposante a fait l’impossible pour avoir des nouvelles de l’un et de l’autre, mais ses cruelles et douloureuses recherches ont été absolument infructueuses. Elle s’est retirée à Argentan avec sa fille qui partage sa douleur et qui est mineure. La santé de l’exposante a prodigieusement souffert depuis le malheureux événement ; elle est en même temps sujette à des accidents qui l’empêchent soit d’aller à cheval, soit en voiture ; il est cependant intéressant qu’elle fasse établir un ou plusieurs tuteurs à sa fille mineure. Le domicile de son mari était dans l’étendue de votre tribunal et vous êtes compétent pour recevoir la délibération qui doit avoir lieu à cet effet ; mais comme l’exposante se trouve dans l’impossibilité de s’y rendre, sans courir pour sa vie des dangers, elle vous prie, citoyen juge, vu le certificat du médecin qui l’a traitée depuis son arrivée à Argentan, d’accorder commission rogatoire au juge de paix de cette dernière ville, pour assembler devant lui, les parents et amis de sa fille mineure et du feu citoyen René François Jean Doynel et lui nommer un ou plusieurs tuteurs aux fins d’administrer sa personne et ses biens, etc… » Le juge de paix de Passais s’empressa de faire droit à cette requête. Les craintes de Madame Doynel étaient, du reste, exagérées, car son mari n’était que disparu. M. Doynel, ancien capitaine aux dragons de Noailles, n’était ni mort ni émigré et devait alors servir dans l’armée Vendéenne. Madame Doynel ne l’ignorait peut-être pas, mais ce qu’elle voulait surtout empêcher, c’était la vente du mobilier réparti dans les châteaux de Torchamp et de la Sausserie. À cet effet, et dans les premiers jours de février, elle présentait une nouvelle requête au Directoire de Domfront, pour qu’il fût « provisoirement sursis à la vente du mobilier de son mari qui serait mort dans la journée du 10 août. » Le 9 février le Directoire accordait le sursis sollicité, mais le lendemain, le département annulait son arrêté et ordonnait « qu’il soit passé outre à l’opposition de la dame Doynel et procéda à la vente du mobilier dont il s’agit, à l’exception des effets mobiliers et meubles meublants à l’usage personnel de ladite dame et de sa fille qui sont réservés sous inventaire et leur seront provisoirement délivrés jusqu’à ce que leurs droits aient été liquidés. » En conséquence, aux dates du 11 février et jours suivants, il fut procédé par le ministère de Bazin huissier à Domfront, à la vente aux enchères publiques de tout le mobilier mort et vif du château de Torchamp. Cette vente fut faite en présence du citoyen Sallé, membre du Conseil d’administration du district, Leray, maire de Torchamp, Dupuis, Boissière, Le Roy et Chuquet, gendarmes à Domfront. Les amateurs accoururent nombreux de tous les coins du canton de Passais, Domfront, la Baroche, Lucé et Lonlay. Les bourgeois des environs se partagèrent à des prix assez modiques, les meubles meublants, le linge et la vaisselle. Tout y passa jusqu’aux fientes du pigeonnier qui furent adjugées au citoyen René Ruault, de Torchamp, pour le prix de 30 livres 5 sols. Les mêmes opérations recommencèrent au château de la Sausserie, le 20 mars et les jours suivants en présence des citoyens Sallé, administrateur, et Jean Simon, maire de la Haute-Chapelle. Le produit total des adjudications dépassa 25.000 livres, qui furent payées partie au receveur du district et partie au receveur de la régie. Tous ceux qui s’attendaient à trouver dans ce vieux manoir un mobilier somptueux furent déçus ; il est vrai que les matières d’or et d’argent avaient été réservées et que Madame Doynel avait eu le temps de mettre en lieu sûr ses effets les plus précieux.
Le 26 nivôse an II (15 janvier 1794) eut lieu l’adjudication des immeubles appartenant à René François Jean Doynel de Torchamp considéré comme émigré.
Quelques biens ne furent pas vendus. Restés propriétés de la Nation, ils furent loués. C’étaient le moulin de la Sausserie, une pièce de terre de la Motte, deux de la Pervenche, quatre de La Brasse et plusieurs des Parcs. (Archives de la Recette des Domaines de Domfront). Ainsi le stratagème inventé par Madeleine Marie Lesné, consistant à déclarer que son mari avait été massacré à Paris, et qu’en conséquence il ne pouvait pas être émigré, n’avait pas été pris longtemps au sérieux. Restait à Madeleine Marie LESNÉ sa fortune personnelle, le château de Torchamp et tous les biens qu’elle tenait de ses parents. Mais, quoi qu’elle fut revenue habiter en Normandie et qu’ainsi elle ne pouvait être elle-même considérée comme émigrée, ses biens propres devaient, d’après la loi, être également vendus comme biens nationaux parce que appartenant à une femme d’émigré.
C’est alors, écrit l'auteur Louis Chambay que « pour échapper dans une certaine mesure aux lois terribles édictées contre leurs maris et pour sauver du moins une partie de leur fortune personnelle, plusieurs femmes d’émigrés restées dans le pays, telles que Madame Doynel et Madame du Bailleul, eurent recours à un procédé juridique ingénieux : elles se firent divorcer. Ceux qui les ont blâmées ne se sont pas rendus compte du but généralement poursuivi qui était pourtant bien simple, le divorce permettant à ces infortunées de se faire attribuer en paiement de leurs reprises une partie des biens de leur époux. Elles ne le sollicitèrent que pour cela, car au fond, le moyen devait répugner autant à leur cœur qu’à leurs principes. » D’ailleurs, la révolution passée, il ne fut plus question de divorce pour le ménage Doynel-Lesné.

Il résulta du divorce de Mme Doynel que le « 31 mai 1794, par arrêté du représentant Dubois-Dubays, le séquestre fut levé provisoirement sur les biens de la citoyenne Lesné, épouse divorcée de René François Jean Doynel, reconnue n’avoir participé en rien à l’émigration de son fils. » C’est ainsi que Madame Doynel, parce que divorcée d’avec son mari et parce que reconnue innocente de l’émigration de son fils, put conserver intégralement ses biens personnels.
Le 29 septembre 1795, Madeleine Marie LESNÉ fut mêlée à une affaire connue, dans l’Histoire de la Chouannerie Normande, sous les noms de « Surprise de Torchamp », « Guet-Apens de Torchamp ».

Le GUET-APENS ou La SURPRISE de TORCHAMP

Le meilleur moyen d’exposer cet épisode raconté par plusieurs écrivains, est de fonder en un seul le récit qu’en ont fait dans leurs mémoires, deux officiers qui faisaient partie de l’État-Major du général de Frotté, et avaient assisté en personne à cette affaire. Dans cette occasion, Frotté, malgré sa vigilance et le soin avec lequel il se gardait d’ordinaire faillit être surpris avec tout son État-Major au château de Torchamp.
Le général de Frotté en tournée de révision avec son État-Major dans la région de Domfront, passa par la commune de Torchamp. Madame Doynel, qui, depuis deux jours était revenue habiter son château et dont le mari, ancien capitaine aux dragons de Noailles, servait alors comme officier dans l’armée royale de Vendée, ayant appris la présence de Frotté dans sa paroisse, l’envoya prier de venir avec son détachement souper et coucher chez elle le soir même. Le général chouan, après avoir réfléchi un peu, répondit au commissionnaire de Madame Doynel qu’il allait se rendre à l’invitation de cette dame. Son détachement était composé d’une soixantaine d’hommes, officiers et soldats. Effectivement le général de Frotté se rendit au château après le coucher du soleil, sans avoir dit à ses hommes où il les conduisait. Pour prévenir toute indiscrétion, on poussa la précaution jusqu’à enlever un manouvrier qui s’en retournait de sa journée et que l’on rencontra dans l’avenue du château. La pluie tombait à torrents et le temps était si noir qu’il était impossible de hasarder des patrouilles aux environs. Madame Doynel accueille ses invités avec les démonstrations de la plus vive amitié et fait toutes les offres possibles d’argent et de services. Ils n’ont rien à craindre de la garnison de Domfront, ils peuvent se dispenser de poser des factionnaires, ils pourront même se déshabiller et dormir tous tranquilles cette nuit-là. De grands préparatifs annonçaient un dîner plus somptueux que les chouans n’avaient coutume d’en trouver dans leurs courses fatigantes. Monsieur de Frotté remercie Madame Doynel de ses attentions si délicates, mais il lui dit qu’il ne pouvait dispenser ses soldats de faire la garde comme à l’ordinaire, que ce serait leur donner très mauvais exemple que de leur laisser croire qu’il fût permis même une seule nuit de s’exempter de la garde. Un factionnaire fut donc placé à la grille du château, non pas que le général suspectât la fidélité de Madame Doynel, épouse du ci-devant seigneur de Torchamp et dont le mari était émigré, mais parce qu’il ne voulait rien relâcher de la discipline militaire qu’il ne cessait de recommander à ses soldats. On se met à table. L’hôtesse veut prendre les carabines que tous avaient gardées à table entre leurs jambes suivant l’usage, et les mettre dans un cabinet sous clef. « Madame, déclara le général, nous ne nous séparons jamais de nos armes. Ce sont nos femmes, nous couchons avec elles. » Elle insiste inutilement.
Tout à coup vers dix heures du soir, au moment où l’on était occupé à se divertir, on entend tirer un coup de fusil et crier aux armes ! L’appel vient de Raimbault placé en faction à la grille de la cour. On se demande encore si ce n’est pas une fausse alerte, tant la supposition d’une attaque par la garnison de Domfront paraît invraisemblable. Mme Doynel d’ailleurs, s’efforce à persuader que ce n’est rien, parfaitement rien. Bientôt, un second coup de fusil est tiré par le même factionnaire. La nuit était très obscure, il avait entendu marcher plusieurs personnes qui descendaient l’avenue du château et leur ayant crié trois fois : qui vive ! sans recevoir aucune réponse, il avait tiré son premier coup de fusil en ajustant vers le point où il entendait du bruit. Puis fermant les grilles, il avait rechargé vivement son fusil et tiré un second coup sur la troupe alors qu’elle arrivait au pied de la grille qu’il venait de fermer. Le général Mignotte qui commandait à Domfront et qui avait été prévenu que le général de Frotté soupait au château avec tout son état-major, était venu l’attaquer.
Lorsque le fonctionnaire de garde avait tiré son premier coup de fusil le général Mignotte avait fait battre la charge en descendant l’avenue. Du côté royaliste, un soldat nommé Renouard était allé aussitôt lui-même fermer au verrou les deux portes de chaque côté de la grille. Un officier du général de Frotté, Billard, toujours dispos, s’était précipité dans la cour avec quelques hommes, dès la première alerte. Mais déjà les républicains attaquent à coups de feu et de crosses et crient : Rendez-vous brigands ! Point de prisonniers. Billard et Renouard après avoir brûlé quelques cartouches sur un groupe qu’ils ne distinguaient qu’à la lueur de son propre feu, se rendant compte qu’ils avaient en face d’eux, une troupe de cinq à six cents hommes, prennent le parti de se retirer. Ils rentrent dans le château qui est vide ; tous les chouans se sont évadés de divers côtés par les derrières du château et les issues dérobées. Madame Doynel seule au milieu de la panique générale a gardé une certaine impassibilité. Billard supposant que les issues du château sont maintenant gardées ressort dans la cour. Les portes de la grille n’étaient pas encore enfoncées. La lueur d’un coup de feu lui montre l’ouvrier qu’ils avaient arrêté en arrivant. Cet homme escaladait un mur à l’aide d’un arbre. Il prend le même chemin, tombe dans un jardin, passe dans un autre à l’aide d’un treillage, se jette dans l’étang sans en calculer la profondeur, gagne une chaussée, puis un petit bois et se croit sauvé. Mais la frayeur lui a tourné la tête, à lui si brave et qui vient de montrer tant de sang-froid. Des vaches paissaient dans un champ voisin ; il les prend pour un détachement ennemi.
Une tête se montre au-dessus d’une haie ; il s’enfuit, c’était celle d’un pauvre chien plus effaré encore que lui. Enfin, il tombe dans un groupe d’hommes ; il s’adosse au pied d’un arbre en criant : qui vive ! Il va tirer : une main saisit la sienne, c’est celle de Frotté, et ils s’embrassent en gens qui ont couru risque de ne se revoir jamais. On va aux renseignements, on se concerte. Le trompette qui était rentré du jardin dans la cuisine pour y prendre son instrument oublié et qui venait de franchir les fossés pour la troisième fois en sonnant bravement, raconte que les républicains pénétraient dans le château par une porte au moment où il en sortait par l’autre. Ils ont dû arrêter Madame Doynel. Quelques-uns veulent chevaleresquement essayer de la délivrer. Un soldat, Placène, fait observer que si cette dame vit encore, leur retour va être le signal de son exécution. Frotté se tait, en homme qui n’ose livrer toute sa pensée. La vérité est que Madame Doynel n’eut aucun mal ; elle s’en alla le matin avec les soldats et ne reparut plus dans le pays durant la guerre. Le bruit courut qu’on lui avait pris de l’argenterie, ce qui n’aurait eu rien de surprenant dans un pareil désordre ; on ajouta ensuite qu’elle lui avait été rendue à Domfront. On la poursuivit pour avoir donné volontairement asile aux Chouans dans son château et leur avoir fait servir à boire et à manger. Une décision de non-lieu du 28 novembre, la rendit à la liberté, en relevant particulièrement cette circonstance, que Madame Doynel habitait ordinairement Argentan et qu’elle n’était rentrée à Torchamp que le 27 septembre.

Mignotte avait conduit lui-même ses hommes. L’avertissement qu’il avait pour ainsi dire donné aux Chouans en faisant battre la charge avant d’avoir cerné le château, fit croire à quelques personnes qu’en réalité il n’avait pas voulu les prendre ; ils n’eurent ni un tué, ni un blessé ; les bleus perdirent quelques hommes à la grande porte de la cour. Frotté se retira sur Céaucé. Ce récit qui a servi de base aux appréciations portées dans la suite par les historiens n’accuse pas formellement Madame Doynel de trahison, mais on devine entre les lignes que c’est là pourtant la pensée intime de leurs auteurs.
Commentaire du Dr Joseph RÉMON-BEAUVAIS sur cet épisode au château de Torchamp.
Voyons ce que vaut cette grave accusation ou insinuation. Il est évident que les républicains de Domfront ont été avisés du passage de Frotté par Torchamp. Qui les a avertis ? Des tas de gens à Torchamp savaient la présence du général des chouans dans cette paroisse. C’était un secret de polichinelle. Madame Doynel l’a appris par la rumeur publique ; les républicains de Domfront pouvaient tout aussi bien l’apprendre. Ils n’étaient pas sans avoir des espions qui suivaient autant qu’ils le pouvaient les pérégrinations du chef de la chouannerie Normande. D’ailleurs Torchamp ne manquait pas de gens qui étaient partisans de la Révolution et hostiles à Frotté. Ces gens ont pu d’eux-mêmes prévenir les autorités domfrontaises. Ceux-ci ont pu en conclure que le général souperait au château ce qui était vraisemblable. Il semble cependant qu’il y ait eu dénonciation précise sur ce dernier point ; par qui a-t-elle été faite ? Également par des habitants de Torchamp. Un souper somptueux de 60 couverts qu’il fallait préparer en hâte dans un après-midi, le coucher pour le même nombre d’hommes, tout cela a dû faire un remue-ménage formidable. On a dû forcément réquisitionner toute la main d’œuvre disponible des environs du château. Tout un quartier de Torchamp a su qu’un grand festin était préparé pour le soir au château en l’honneur de Frotté. Pourquoi la dénonciation ne viendrait-elle pas d’une de ces nombreuses personnes au courant de l’évènement ? D’autre part Madame Doynel n’a pu préparer un aussi plantureux repas sans envoyer des commissionnaires chercher à Domfront diverses provisions qu’elle ne pouvait trouver que là : viandes de boucherie, pâtisseries, etc… Il est naturel de supposer que les fournisseurs de Domfront, surpris des grosses commandes aient demandé aux commissionnaires de Madame Doynel, explications que ceux-ci ont pu donner sans y prendre garde, ce qui aurait fait connaître la nouvelle dans la ville où, à cause de son importance, elle se serait rapidement répandue et arrivée aux oreilles des autorités. En somme, on s’explique très bien que le général Mignotte ait appris et la présence de Frotté à Torchamp et son acceptation de souper au château, par d’autres dénonciateurs que Madame Doynel, et cependant la grande majorité des historiens l’a accusée. Personnellement, nous avouons n’avoir aucune sympathie pour la famille Lesné dans son ensemble. Nous n’y avons pas rencontré des personnages emportant l’estime ou l’admiration. Nous y avons en revanche trouvé de tristes sires, tels que le lâche assassin Cesbron Lesné ou le prisonnier pour cas criminel Henry Lesné. En présence de Madeleine Marie Lesné, femme Doynel, notre première pensée a été : encore un triste personnage de plus dans cette famille. Mais la réflexion nous a amenés à juger différemment. Si, comme nous le verrons plus loin, elle a contre elle de sérieuses probabilités, elle a en revanche pour elle toutes les raisons de bon sens. Madeleine Lesné avait tous les motifs pour détester le régime révolutionnaire. La révolution avait supprimé les privilèges de la noblesse, l’avait contrainte de fuir le château de Torchamp, sa demeure familiale et l’avait obligée de se réfugier et de se cacher à Paris avec son mari et ses enfants. Elle avait dû vivre là en proscrite dans des transes continuelles, son arrestation et celle des membres de la famille la conduisant presque sûrement à l’échafaud. Revenue en Normandie, elle était obligée d’y vivre séparée de son mari et de son fils qui combattaient la révolution dans l’armée vendéenne. Son cœur de mère et d’épouse souffrit forcément de ses longues et pénibles séparations, conséquence du nouveau régime. À Argentan, elle connait, grâce à la révolution les rigueurs de la prison des suspects. La révolution a vendu comme biens nationaux tous les biens de son mari. La moitié de la fortune du ménage est ainsi perdue pour les deux époux et leurs enfants. Et l’on admettrait que cette femme qui a été torturée par le régime révolutionnaire a fait une ignoble trahison en faveur de son bourreau ! Si Madame Lesné a toutes les raisons de détester profondément la révolution et ses agents, elle a au contraire tous les motifs d’avoir la plus grande sympathie pour la chouannerie, son chef en Normandie et ses auxiliaires. Frotté est d’abord probablement un ami ; les familles Lesné, Doynel et de Frotté qui habitent la même région ont eu vraisemblablement autrefois de nombreuses relations d’amitié. En tout cas, Frotté, ses officiers et ses hommes sont les compagnons d’armes de son mari et de son fils. Tous combattent pour les mêmes idées dans des lieux différents. Les trahir, c’était trahir des hommes qui risquaient leur vie pour sa cause, pour une cause commune. Mais, en accomplissant une trahison qui apparaît d’un côté si invraisemblable et si ignominieuse, Madeleine Lesné a peut-être en vue des compensations, des avantages considérables. Eh bien non ! la révolution a fait contre elle tout ce qu’elle pouvait faire. Sa situation de divorcée lui valait officiellement la propriété de ses biens propres qui, par ailleurs, se trouvent à l’abri depuis le décret rendu en sa faveur, le 31 mars précédent, décret qui reconnait qu’elle n’a participé en rien à l’émigration de son fils. Elle n’a plus rien à espérer ni à craindre du régime révolutionnaire. En outre, comme l’insinue M. de la Sicotière, dans son livre sur Frotté et les insurrections normandes, elle n’a pas eu le temps de faire le marchandage d’une trahison. Madeleine Lesné n’est revenue à Torchamp que deux jours avant la surprise et elle n’a su la présence de Frotté dans cette paroisse que le jour même où elle l’a invité à souper. Il faut avouer que préparer dans un après-midi souper et coucher pour soixante convives n’a pas dû lui laisser le temps de négocier une trahison de si grande importance. Pourquoi donc les écrivains l’ont-ils considérée la plupart comme un traître, les autres comme suspecte de trahison ? On s’est basé sur les phrases qu’elle a prononcées, que vous avez lues et dont nous rappelons la substance : Général, vous n’avez rien à craindre chez moi, j’ai pris toutes les précautions, inutile de placer des sentinelles, quittez donc vos armes et donnez-les-moi je les mettrai en sûreté dans un cabinet fermé à clef. ; et plus tard, au premier coup de feu tiré par le factionnaire, elle ajoute : ce n’est rien, parfaitement rien. Enfin un soldat de Frotté rentré dans le château la trouve impassible au milieu des soldats républicains. Ces paroles, cette attitude, sont évidemment une charge à son actif et semblent démontrer qu’elle avait tendu une souricière, avec, comme appât, un repas somptueux accompagné d’un accueil charmant. Mais ces paroles, les a-t-elle vraiment prononcées telles qu’on les a citées ? Elles ont été rapportées, c’est vrai, par Michelot Moulin et Billard de Vaux qui assistaient au souper. Mais ces officiers qui tous les deux avaient été comme l’escorte entière de Frotté, fort désappointés de l’aventure de Torchamp, ont-ils exactement répété les paroles de Madeleine Lesné, ou plutôt ne les ont-ils point présentées tel qu’il était bon de les présenter, pour arriver à faire partager par les lecteurs leur propre sentiment, à savoir que Madame Doynel les avait attirés dans un guet-apens. Cependant ces propos eux-mêmes, à les prendre au pire, sont non des preuves mais seulement des probabilités. On ne peut pas en conscience accuser une femme d’odieuse trahison sur des bases aussi fragiles. Combien de malheureux ont été sur des probabilités estimées accablantes, condamnés aux travaux forcés ou à la guillotine, et qui dans la suite ont été reconnus formellement innocents ? Tout au plus peut-on, d’après ces paroles, considérer Madame Doynel comme suspecte. Nous allons plus loin, si, comme le bon sens l’indique, l’attaque de Frotté par le général Mignotte, n’est pas due à la dénonciation de Madeleine Lesné, ces paroles, même telles qu’on nous les a rapportées deviennent toutes naturelles. Le château de Torchamp est bien isolé, l’hôtesse se croit sûre de son entourage et de son voisinage ; Frotté est arrivé chez elle à la nuit noire, personne n’a pu le voir arriver. La garnison de Domfront est loin et ne peut connaître la présence du général ici. D’ailleurs elle n’aurait pas fait son invitation si elle avait supposé que le chef de la chouannerie pût courir dans sa demeure le moindre danger : Allons, dit-elle à ses hôtes, pour une fois reposez-vous bien tranquillement sans penser à des dangers illusoires, vous êtes ici chez la femme d’un bon royaliste, donc, chez vous, mangez et buvez gaîment sans arrière-pensée, pourquoi garder vos carabines entre vos jambes, vous avez l’air grotesque, donnez-les-moi, je vous les garderai en lieu sûr. Toutes ces précautions que vous prenez chez moi gâtent la joie que j’ai de vous recevoir. C’est le raisonnement que tiennent toutes les maîtresses de maison à leurs invités que leur santé oblige à suivre un régime sévère : Allons ! aujourd’hui pas de régime, buvez et mangez sans vous surveiller, un écart de surveillance d’un repas ne peut nuire à votre santé. Demain vous reprendrez toutes vos précautions, mais aujourd’hui soyez tout entiers et sans restriction à la bonne chère que je vous ai préparée, autrement vous me feriez de la peine. Quand éclata le premier coup de feu du factionnaire de garde, Mme Doynel dut avoir évidemment une surprise désagréable, mais persuadée qu’il ne pouvait y avoir de danger possible, elle essaie de rassurer tout le monde et invite les convives à continuer le repas sans tenir compte de ce bruit qui ressemble à un coup de feu, mais ne peut pas être un coup de feu. Les chouans eux-mêmes d’ailleurs croient d’abord à une fausse alerte.

Bref, les paroles de Madame Doynel lui ont été gravement reprochées parce qu’elles ont été suivies de l’attaque des républicains. Mais s’il n’y avait pas eu d’attaque, on lui en aurait fait gloire en louant bien haut sa grande amabilité de bonne hôtesse. On semble également lui reprocher ce fait que les soldats républicains ne lui firent aucun mal et qu’elle ne reparut plus dans le pays durant la guerre. De cela, il n’y a, il nous semble, aucune conclusion à tirer contre elle. Son arrestation se termina par un non-lieu, mais on ne lui rendit sa liberté qu’après deux mois. Comment expliquer cette détention infligée par les républicains, si elle avait été leur complice ?

Monsieur de la Sicotière, dans son Histoire de Louis de Frotté et les insurrections normandes, histoire la plus considérable qu’il ait été écrite sur la chouannerie dans notre région, ne prend parti, ni pour ni contre Madame Doynel et après avoir donné le récit de la surprise de Torchamp, conclut en disant : « les proscrits sont soupçonneux et une fâcheuse coïncidence suffisait peut-être à expliquer sans la justifier l’accusation portée contre la châtelaine de Torchamp. »


Après la Révolution, le comte Doynel qui avait combattu avec les chouans de Vendée, revint à Torchamp. S’il avait pu supposer que pendant son absence, sa femme avait préparé un infâme guet-apens où pouvaient trouver la mort ses frères d’armes, Frotté et ses compagnons, assurément dans sa juste colère, il se fut empressé de ratifier le divorce qu’avait obtenu sa femme et de fuir loin de ce monstre indigne de porter son nom. Or, il n’en fut rien ; le divorce qui avait été demandé dans un intérêt commun fut considéré comme non existant et les deux époux vécurent sous le même toit comme avant la Révolution.
Nous nous sommes peut-être arrêté trop longtemps sur cette surprise de Torchamp et peut-être aussi avons-nous mis trop d’insistance à essayer de démontrer l’innocence, d’après nous à peu près certaine, de Madeleine Lesné, dans cette affaire. Il nous paraissait injuste de laisser entachée la mémoire d’une femme qui, quoi qu’en aient dit la plupart des historiens, ne nous paraissait pas coupable.

De ce mariage René François DOYNEL - Madeleine Marie LESNÉ naquirent deux enfants
1 - François DOYNEL qui suivra
2 - Madeleine Françoise DOYNEL de la Sausserie, née le 21 novembre 1776 et mariée le 7 mai 1801 à Alexandre François Louis de COURTILLOLES d’Angleville dans la chapelle du château de Tertu. Alexandre de Courtilloles d’Angleville demeura n°1, rue des Granges à Alençon. Il eut des enfants dont des descendants vivent encore de nos jours. Marie Madeleine LESNÉ, femme de René François Jean DOYNEL mourut le 1e frimaire an XIII (22 novembre 1804).
Avant sa mort, le 25 Fructidor an XII (12 septembre 1804), elle avait légué par testament à son fils François le tiers de tous ses biens meubles et immeubles. Restaient donc seulement à séparer entre le frère et la sœur les deux autres tiers. Après quelques difficultés soulevées par M. de Courtilloles, le partage définitif fut fait le 11 Brumaire an XIV (2 novembre 1805).


2ème génération des DOYNEL de la SAUSSERIE sur Torchamp
René François DOYNEL
Connu sous le nom de Comte François Doynel de la Sausserie, il fut le premier châtelain de Torchamp qui ne se qualifia plus du titre de « Seigneur de Torchamp », la Révolution ayant aboli les seigneuries. Mais il est le descendant des seigneurs de cette paroisse.
François Doynel naquit le 31 janvier 1780 et fut reçu page du Roy en 1789. Il émigra avec son père en 1791, fut mis au collège en Belgique, puis fut obligé de fuir devant les armées de la République. Il entra à 14 ans dans les chasseurs nobles de l’armée de Condé où il servit jusqu’en 1797. À cette date, il rentra en France et prit part jusqu’en 1800 à la guerre de la Chouannerie Normande.
Parmi les biens que la Révolution avait ravis aux Doynel, une terre leur tenait particulièrement à cœur : la Sausserie qu’ils possédaient depuis la première moitié du XVe siècle, dont ils avaient fait longtemps leur résidence principale et pris le nom comme titre de noblesse. Aussi le 9 Prairial an XI (17 septembre 1803), voyons-nous le citoyen François René Doynel, propriétaire demeurant à Rânes (Orne) représenté par son beau-frère le citoyen Alexandre Courtilloles d’Angleville, racheter au citoyen Bouc-Duval, marchand à Domfront, la terre de la Sausserie telle que ce dernier l’avait acquise par adjudication passée devant les administrateurs du District du 11 Floréal an II (30 avril 1794), et pour le même prix, c’est-à-dire 12.000 francs valeur métallique (Extrait des Archives du notariat de Domfront).
La Révolution passée, il fut contraint de reprendre du service sous l’Empire et fit les campagnes de 1813 et 1814 en qualité de lieutenant aux Gardes d’honneur. Il fut fait chevalier de Saint-Louis le 5 décembre 1821 et reçut du roi Louis XVIII une épée d’honneur en récompense de ses services dans les armées royales et catholiques.
Il avait épousé le 6 avril 1818 mademoiselle Benonie DOYNEL de MONTÉCOT, fille de Jacques Charles Alexandre DOYNEL, marquis de Montécot, colonel, chevalier de Saint-Louis et de dame Jeanne Henriette THIBAULT de la Carte de la Ferté-Senectère. Il fut inhumé à Torchamp. Sur une colonne de marbre située dans l’ancien cimetière entourant l’église on lit : Ici repose le corps de M. le Comte François Doynel de la Sausserie, chevalier de Saint-Louis, mort le 26 mars 1838.

René François DOYNEL laissa trois enfants:
1- Olivier Charles René DOYNEL DE LA SAUSSERIE, qui suivra.
2 - Claudine Marie Doynel de la Sausserie. Ce sont ces descendants de Georges François René, vicomte DOYNEL, qui sont alors propriétaires de la Sausserie.
3 - Alix Marie Françoise DOYNEL, née en janvier 1820, épousa le 24 juin 1845, Médéric FERDINAND, marquis de Chivré.


3ème génération des DOYNEL sur Torchamp

Olivier Charles René DOYNEL comte de la Sausserie, chef de nom et d’armes de la famille, naquit le 26 décembre 1820 et épousa le 19 septembre 1842, demoiselle Constance Marie BABIN de LIGNAC, fille de Monsieur le comte Adrien Babin de Lignac, ancien officier d’État-Major de la Garde Royale, et de dame Apolline ThHIBAULT de la CARTE, de la Ferté-Senectère. Il fut fait chevalier de Pie IX en décembre 1867. C’était un homme intelligent, simple, quoique distingué, charitable, au jugement droit. Les vieux habitants de Torchamp se rappellent sa physionomie sympathique. Sa canne à la main et son inséparable pipe à la bouche, il faisait toujours à pied le chemin qui allait du château à l’église et à la mairie, s’arrêtant pour causer familièrement à ceux qu’il rencontrait. Il mourut le 14 juin 1895 au château de Torchamp, après avoir rempli pendant de nombreuses années et jusqu’à sa mort les fonctions de maire de sa commune 5. Madame DOYNEL, ruinée par les folles dépenses d’un de ses fils, fut obligée de vendre le château de Torchamp avec toutes les fermes qui en dépendaient; Le château et sa retenue, les fermes de la Guennepannerie, des Ardillets, du Gage, de Villette, de la Rivière, le Moulin de Varenne furent achetés par M. Couespel de Boisgency ; les fermes du bourg et de Loirie devinrent la propriété de la famille Leroyer de Torchamp.

Madame DOYNEL alla se retirer au Mans où elle mourut le 12 février 1908. Elle a été inhumée dans le cimetière de Torchamp, ainsi que son mari OlIvier Charles René DOYNEL décédé 13 ans plus tôt.
Du mariage Olivier DOYNEL-Constance Marie BABIN de LIGNAC naquirent six enfants :
1 - Marie Françoise Benoite DOYNEL de la Sausserie qui naquit le 8 septembre 1843 et mourut religieuse le 27 janvier 1877.
2 - Marthe Marie Appoline DOYNEL de la SAUSSERIE naquit le 21 août 1845 et épousa le 27 juin 1871 Monsieur Joseph Marie Dominique CHARDON DU RANQUET, capitaine aux zouaves pontificaux, chevalier de Saint-Sylvestre, décoré des médailles de Montana et « bene merenti ». À la bénédiction nuptiale qui fut donnée dans l’église de Torchamp, assistèrent plusieurs officiers des zouaves pontificaux, notamment le général de Charrette.
De cette union sortirent trois enfants : + Marie Anne Appoline CHARDON DU RANQUET née le 22 août 1872 à Torchamp, qui épousa à Clermont-Ferrand Ernest de VILLELE le 10 décembre 1894 et mourut à Paris le 8 mai 1949. Ils eurent 4 filles : Marie Joseph Raphaël en 1896, Marie Joseph Camille en 1898, Anne Marie Joseph en 1900 et Claire Marie Thérèse en 1902.
+ Marie Renée Marthe Constance Antoinette CHARDON DU RANQUET, née à Clermont-Ferrand le 12 décembre 1874, qui devint religieuse de l’Assomption, décédée à 20 ans le 26 février 1894.
+ Françoise Alix Marie CHARDON DU RANQUET, née à Clermont-Ferrand le 1er novembre 1877, qui épousa à Beaugency le 9 décembre 1908 Joseph Marie BABIN DE LIGNAC, décédée à 41 ans le 17 septembre 1918 à Issoudun.
3 - Paul René Médéric DOYNEL de la SAUSSERIE né le 13 juin 1847, s’engagea dans les zouaves pontificaux pour défendre la cause du pape Pie IX dont les états étaient envahis. Il fut blessé mortellement à la bataille de Mentana (3 novembre 1867) très grièvement d’une balle qui lui fracassa le bras droit ; une seconde balle au flanc droit s’aplatit sur l’épine dorsale ; une troisième balle de revolver, tirée par un garibaldien qu'il avait fait prisonnier, fut reçue au même endroit que la seconde. Et il fut amputé du bras droit. Le docteur Ozanam fit l'extraction des deux balles. Il décéda à Rome dans l’hôpital des Frères de St Jean-de-Dieu le 30 novembre 1867. Sa bravoure lui valut la Croix de Chevalier de Pie IX et la médaille d’or « Bene merenti ». En souvenir de sa mort glorieuse, la famille DOYNEL éleva une belle croix de granit au centre du cimetière de Torchamp.
4 - René François Gabriel DOYNEL de la SAUSSERIE naquit le 17 juin 1849. Devenu vicomte à la mort de son frère Paul, il prit part à la guerre de 1870 comme officier de cavalerie et sa vaillance lui fit décerner la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur. Il épousa le 17 juin 1879 Marie Gabrielle Delphine de GRENAUD de SAINT-CHRISTOPHE. Ses brillantes qualités étaient accompagnées de graves défauts : l’amour du jeu et de la dépense. Il avait hérité personnellement d’une belle fortune. M. Guy de la Roque, en mourant le 13 février 1879, lui avait légué le château de la Raterie avec de belles fermes. Non seulement tout cet héritage fut dilapidé en très peu de temps, mais René Doynel fit en outre de très grosses dettes. Pour les payer, les Doynel furent obligés de vendre tous leurs biens et de quitter, la mort dans l’âme, le château qu’eux ou leurs ancêtres habitaient depuis plusieurs siècles. Après avoir ruiné sa famille, René Doynel mourut le 11 mai 1896, sa femme était décédée en 1890. Tous deux sont inhumés à Torchamp.
Ils laissaient: + Gabrielle Rose Charlotte Marie DOYNEL de la SAUSSERIE, née à Rouen le 3 mai 1885, mariée au Mans le 1er août 1906 à Paul Joseph Marie Le Jariel des Châtelets, docteur en médecine, décédée à Vichy le 15 avril 1916.
+ Olivier Alexandre René Marie DOYNEL de la SAUSSERIE, né à Rouen le 9 février 1887 et mort à Paris le 22 mai 1913.
+ Anne Constance Marie Paul Françoise DOYNEL de la SAUSSERIE, née le 20 avril 1890, mariée le 9 avril 1912 à Émile Victor Adrien Félix Grisez, ingénieur, décédée à Saint-Fargeau-Ponthierry (77407) le 9 mars 1973.
5 - François René DOYNEL de la SAUSSERIE né à Torchamp le 27 août 1856, marié à Monthuchon (Manche) le 1er septembre 1889 à Camille Marie Adélaïde Mathilde Michel de Monthuchon, née à Rennes le 4 décembre 1861, fille de Louis Marie Stanislas Michel de MONTHUCHON et de dame Camille Marie PINCZON du SEL. Ce mariage de François Doynel nous rappelle un souvenir d’enfance. L’arrivée des jeunes mariés à la gare de Torchamp et le court trajet de la gare au manoir familial se fit en grande pompe. Traîné par deux beaux chevaux, le landau du château où avaient pris place François Doynel et sa jeune femme, s’en alla escorté de six cavaliers (six garçons de fermiers ayant servi dans la cavalerie). De ces six cavaliers, droits sur leurs étriers, deux galopaient en avant du landau, deux en arrière et deux de chaque côté. Ce spectacle, de style ancien régime, ne manquait pas d’allure et est resté gravé dans notre mémoire.
François Doynel, à la suite de la mort de son père et de ses frères aînés, décédés sans laisser d’héritier mâle, devint vicomte puis comte.
Quand éclata la guerre de 1914, François Doynel, âgé de 58 ans, mais digne cousin de Guynemer, voulut s’engager, et, comme ses ancêtres, défendre la patrie les armes à la main. On le refusa. L’ayant rencontré par hasard à la fin de la guerre dans une rue du Mans, François Doynel nous racontait le plus simplement du monde la déception que lui avait causé ce refus. « Heureusement, nous disait-il, mon fils aîné, aussitôt que l’âge le lui a permis, s’est engagé, a été accepté et a représenté valeureusement la famille Doynel. »
Le comte François Doynel de la Sausserie est décédé le 14 octobre 1924 au Mans, à l’âge de 65 ans, et a été inhumé dans le tombeau familial du cimetière de Torchamp. Il a laissé deux fils, seuls descendants mâles des Doynel. L’aîné Paul DOYNEL, engagé volontaire pendant la grande guerre a été officier dans l’armée française. Le second Henri René DOYNEL, officier de marine, a été englouti pendant la guerre 1939-40 à bord du fameux sous-marin le Siroco. Madame la comtesse François DOYNEL, née Michel de MONTHUCHON, est décédée au Mans le 22 janvier 1927, et a été également inhumée à Torchamp.
6 - Alix Marie DOYNEL de la SAUSSERIE naquit le 23 décembre 1857 et épousa le 1er août 1882, Ernest AUBIN de la MESSUZIÈRE. De ce mariage sont nés six garçons : Charles (1883-1918), Paul (1886-1973), Olivier (1892-1964), François Xavier (1895-1915), Joseph (1899-1902), Gonzague (1901-1988) et quatre filles, Marthe (1889-1958), Marie Thérèse (1891-1974), Antoinette (1894-1972) et Bernadette (1898-1989). L’aîné, Charles, religieux jésuite, est décédé pendant la guerre d’une maladie contractée aux Armées.

Le CHÂTEAU de TORCHAMP
Construit vraisemblablement par les LESNÉ, agrandi par les DOYNEL (l’aile droite a été construite par ces derniers), ce château avec, en avant, ses majestueuses avenues, les plus belles de la région, son imposante cour d’honneur précédée de la grille et des fossés, limitée harmonieusement sur les côtés par la chapelle et les communs, avec, en son arrière, son orangerie, ses jardins en terrasse descendant jusqu’à l’étang. Ce château, dis-je, forme un ensemble de grande allure et laisse l’impression qu’il fut autrefois habité par des seigneurs d’importance.
Malheureusement les nouveaux propriétaires l'ayant acheté l'ont assez mal entretenu, et son état aujourd'hui est assez déplorable. Mr DELAPLACE, l'actuel propriétaire n'ayant pas de descendant, l'avenir de ce château est assez incertain.

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La Seigneurie de JUMILLY

Emplacement du manoir seigneurial Le fief de Jumilly est de tous les fiefs nobles de Torchamp , le plus ancien et aussi le plus intéressant, tant à cause de sa motte féodale qu’à cause de l’influence déterminante qu’il a eue sur l’emplacement de l’église et en conséquence du bourg.
Le siège de cette seigneurie, située à 400 mètres environ au nord du bourg, était adossé à l’une des trois branches de la rivière La Varenne, à peu près à égale distance entre le village des Planches et ce qu’on nomme la Grande-Rivière, c’est-à-dire la Varenne après la réunion de toutes ses branches et après l’appoint de l’Égrenne. Bien qu’il ne reste en ce lieu aucune trace de construction, il est facile cependant de retrouver l’emplacement exact du manoir seigneurial. Si partant de la 1ère Planche , on descend le cours de la Varenne, on arrive bientôt à un endroit où la rivière tourne brusquement à gauche. C’est dans l’angle ainsi formé que se trouvait le château de Jumilly avec sa motte féodale. Protégés sur deux côtés par la Varenne, le manoir et sa motte étaient défendus sur les deux autres côtés par de larges et profonds fossés partant de la rivière et se rejoignant à angle droit pour former un carré complètement entouré d’eau et ayant 60 mètres de côté environ.
La MOTTE de JUMILLY

Dans l’un des quatre angles de ce grand carré, dans celui qui est borné de deux côtés par la rivière, s’élevait la motte féodale, elle-même protégée sur les deux autres côtés par des fossés qui lui étaient propres et qui partaient également de la rivière pour se rejoindre à angle droit. Il en résultait deux carrés entourés d’eau, le plus petit qui contenait la motte se trouvant inscrit dans l’un des angles du grand, lequel contenait ainsi dans un coin la motte et dans le reste de sa superficie le manoir seigneurial et ses dépendances. Pour atteindre la motte, il fallait donc en venant de Torchamp traverser deux fossés parallèles, le premier protégeant l’ensemble (manoir et motte), le second défendant particulièrement la motte. En venant de Saint-Mars, on devait franchir non seulement le bras de la Varenne qui baignait le pied de la forteresse, mais en outre, suivant la direction, soit la Grande-Rivière, soit deux autres bras de la Varenne, celle-ci se divisant en plusieurs branches quelques centaines de mètres avant cet endroit. Il est vraisemblable qu’un barrage de la rivière, construit en aval, augmentait la hauteur de l’eau et dans la Varenne et dans les fossés, ce qui rendait le château-fort plus difficilement abordable au moment des basses-eaux de l’été.

Qu’étaient les mottes féodales ? C’étaient des fortifications construites au Moyen-Âge, en général bien avant l’an mille, avant l’apparition des donjons en pierres. Pour les établir on élevait un monticule en terre ayant la forme d’un tronc de cône. La terre destinée à former ce monticule était prise à son abord immédiat. Le même travail servait ainsi à creuser les fossés et à élever la motte. Le pied de la butte était entouré d’une fortification en charpente. Le sommet supportait une tour ou donjon à plusieurs étages, également en bois. Le rez-de-chaussée du donjon était obscur et accessible seulement par le 1er étage ; il renfermait des cachots et des magasins de provisions. Le 1er étage était la salle et le retrait du seigneur et de ses serviteurs intimes. Au-dessus logeaient enfants, gardes et serviteurs. Enfin, le haut de la tour avait une terrasse ou des galeries pour la défense. Dans l’enclos accolé à l’enceinte particulière de la motte, se trouvait le manoir où le seigneur habitait en temps de paix. On y voyait aussi les bâtiments où logeaient les serviteurs, les hommes de troupe, ainsi que les écuries, les autres communs et quelquefois la chapelle.

Une passerelle amovible jetée sur le fossé de la première enceinte, permettait en temps de paix la communication avec l’extérieur. Le donjon était lui-même mis en relation avec le manoir et les communs par une passerelle également facile à enlever. Cette passerelle franchissait en plan incliné le fossé propre de la motte et s’en allait aboutir à une porte pratiquée, non au rez-de-chaussée, mais au 1er étage du donjon et à laquelle, en conséquence il n’était possible d’arriver que difficilement par escalade, lorsque la passerelle était enlevée. Quand l’ennemi se présentait devant la place, la première passerelle était détruite ou démontée, et lorsqu’il était parvenu à pénétrer dans l’enceinte du manoir et à s’en rendre maître, les défenseurs se réfugiaient avec le seigneur et sa famille dans le donjon dont la passerelle amovible était à son tour supprimée. La citadelle ainsi isolée des autres parties du château, les dominant et les commandant toutes, formait alors un réduit capable de soutenir un nouveau siège . L’histoire de ces mottes féodales est quelquefois accompagnée de légendes. On raconte que celle de Boutemont, commune de Taillebois, canton d’Athis, renferme un trésor qu’y ont enfoui les derniers possesseurs de la motte, pour le soustraire à la rapacité des Anglais devenus maîtres du pays. Dans la même région, la motte de Ste-Honorine-la-Guillaume, cacherait également un trésor consistant en une poule et douze poussins, le tout en or. Des fouilles ont été pratiquées dans quelques mottes de notre contrée. Dans celle de la Lande-Patry, près de Flers, on a trouvé une pendeloque de collier mérovingien en pierre ollaire, des tessons de poterie mérovingienne, un fer de javelot, des fers à cheval, des gonds de porte remontant au XIIIe siècle et des morceaux de plomb. Le tout a été déposé au musée de Vire, de 1865 à 1870. À la Nocherie, en Saint-Bômer, ont été recueillis en 1909, de nombreux tessons qui ont permis de reconstituer une buire de 29 centimètres de hauteur, que l’on croit antérieure à l’an mille. Ce sont des trouvailles de peu de valeur intrinsèque, mais d’un grand intérêt pour les amateurs d’histoire ancienne, car elles servent à dater l’âge de la motte et de ses occupants successifs. Les mottes féodales se font de plus en plus rares dans notre région, leurs propriétaires les ayant fait niveler pour en cultiver l’emplacement. C’est ainsi qu’est disparue celle de Saint-Mars-d’Égrenne . Sont au contraire très bien conservées, les mottes de Lucé et de Sept-Forges et en partie seulement celles de la Nocherie et de la Baroche-sous-Lucé.

À Torchamp, que reste-t-il actuellement tant du manoir seigneurial que de la motte de Jumilly ? Du château il ne subsiste que l’emplacement bien délimité par ses fossés. Le fermier, en labourant le Clozet de la Motte où s’élevaient les bâtiments seigneuriaux a trouvé quelquefois des pierres taillées et c’est tout. Quant à la motte, quoiqu’en partie découronnée, elle est en assez bon état de conservation. Dans la direction des Trois-Planches, pour permettre l’exploitation du Clozet de la Motte et de la Butte ronde (la Motte), les deux fossés parallèles ont été, en bordure de la rivière, comblés sur une petite étendue, mais une légère dépression du sol indique encore nettement la place qu’ils occupaient. La terre nécessaire au remblai a été prise aux dépens de la Motte, sur son versant le plus proche. Il en résulte que celle-ci a perdu notablement de sa hauteur. Sur son versant faisant face aux fossés comblés, elle descend maintenant en pente douce, tandis que sur le reste de son pourtour, elle descend presque perpendiculairement.

Voici quelles sont approximativement de nos jours les dimensions de cette ancienne forteresse féodale. Hauteur au-dessus du niveau de la rivière : trois mètres ; diamètre de la surface supérieure : vingt-cinq mètres ; largeur des fossés : six à sept mètres. Telle qu’elle est aujourd’hui, cette motte n’est certes pas aussi belle que celle de Lucé ou de Sept-Forges, mais en revanche, si l’on considère la motte avec ses fossés propres ainsi que les fosses qui entouraient le manoir seigneurial, on trouve un ensemble en bien meilleur état de conservation.

C’est avec un vif plaisir qu’en 1919, je découvris dans une commune dont l’histoire m’est chère, cette précieuse relique du passé, auparavant complètement ignorée. La lecture de vieux parchemins où étaient cités le Clozet de la Motte, le bois de la Motte, ainsi qu’une vague tradition de Château, arrivée à mes oreilles d’enfant, m’incitèrent à faire des recherches qui furent couronnées de succès. Mais pour un esprit non prévenu, rien ne peut faire actuellement penser qu’il y eut là, jadis, une forteresse moyenâgeuse. Des fossés envahis par les broussailles et en partie comblés par les feuilles et la vase, un petit monticule verdoyant (situé, il est vrai, dans une région parfaitement plate), il n’y a pas là de quoi attirer l’attention du passant.

Pourtant cette motte féodale de Jumilly a dû jouer un grand rôle dans l’histoire ancienne de Torchamp. Située au niveau d’un passage à gué très fréquenté avant la construction du pont du bourg, elle commandait le gué et ainsi défendait l’accès de la région contre les ennemis venant de la direction du Nord. Il en était de même pour la motte de Saint-Mars qui défendait deux passages à gué sur l’Égrenne, l’un au Boulay et l’autre au pont d’Égrenne ; et pour celles de la Nocherie et de Sept-Forges qui remplissaient le même rôle sur les bords de la Varenne et de la Mayenne. Les antiques forteresses, dont celle de Jumilly, ont été certainement les théâtres de sanglants combats.

C’est en outre à cause de cette petite éminence, de cette Butte ronde, comme l’appelle le fermier, que le bourg de Torchamp se trouve là où il est situé, contrairement à tout bon sens, à la limite de la commune. Au Moyen-Âge, les luttes étaient pour ainsi dire continuelles. Aussi l’église, pour être protégée, se rapprochait-elle le plus possible du château-fort. Si l’on considère les mottes de la région, on voit qu’à Lucé, Sept-Forges et La Baroche, elles ont attiré l’église dans leur voisinage immédiat. À Torchamp, motte et sanctuaire ne sont séparés que par 400 mètres environ à vol d’oiseau. À Saint-Mars, l’église, un peu plus éloignée, n’était cependant qu’à 1.500 mètres de sa motte. Et comme à Torchamp, les bourgs de St-Mars et de Sept-Forges, sont ridiculement placés dans un coin de leurs communes.

Importance de la Seigneurie de JUMILLY Les domaines non fieffé et fieffé de Jumilly n’avaient, tout au moins à partir du milieu du XVIe siècle, qu’une importance relativement faible. Les aveux nous apprennent qu’il comptait en 1556 et 1578 pour un sixième de haubert ; en 1610 pour un quart ; en 1682 et 1741 pour un tiers. En 1556, il relevait directement du Roi ; en 1578, du duc d’Anjou et d’Alençon, frère du Roi ; en 1658, 1682 et 1741, à nouveau du Roi, auquel il devait foi et hommage, comparence aux plaids royaux de Domfront et payer ventes, reliefs et autres droits.

Jumilly avait plaids, gaige-plège, cours, juridiction et usages, vassaux, rentes en deniers, œufs et poules, aides coutumières, coutumes, amendes, forfaitures, confiscations, reliefs, droit de pêcherie dans la Varenne, douves, motte à lapins ou garennes.

Le domaine non fieffé, c’est-à-dire appartenant en propre au seigneur de Jumilly, comportait : manoirs, cours, jardins, communs (boulangerie, écurie, grange, étable, colombier), vergers, bois de haute futaie « pour la décoration », terres labourables et préables, le tout contenant suivant les époques de 40 à 70 journaux. Ce terrain, depuis la disparition des bâtiments de Jumilly a formé la plus grande partie de la ferme du Bourg.

Il y avait eu autrefois à Jumilly, un moulin appelé le moulin de la Vollée. Dès le XVIe siècle, il n’en restait plus que l’emplacement. À cette époque ce fief noble possédait le moulin de Varenne, où, suivant l’usage féodal, les vassaux étaient obligés d’apporter leurs grains. Au XVIIe siècle, le domaine fieffé de Jumilly, c’est-à-dire l’ensemble des fiefs qui n’appartenaient pas en propre au seigneur, mais lui devaient comme vassaux : des redevances en argent, corvées, grains, volailles, œufs, ainsi que les devoirs seigneuriaux habituels, comprenait : la Basse-Provostière, l’Écluse, L’Ouche, la Bellière, la Fosse-Loup, la Richerie, la Susière, la Saulnerie (ou Saulnay), la Gonterie, la Petite Gonterie, la Rogerie, la Rairie (Maisonneuve), la Rairie aux Beaudets, la Rairie aux Nellerets, les Rottes, la Petite Soule, la Martellière, la Touche, la Basse-Lorme, la Barre, le Village, les Basses-Hayes, la Petite Haye, tous fiefs situés en Torchamp.

Famille de JUMILLY

Les premiers seigneurs de ce fief noble furent sans doute les « de Jumilly », dont un seul personnage m’est connu : Julien de Jumilly, qui est dit dans deux aveux de la Bibliothèque Nationale, « écuyer, dernier sieur du lieu », sans que soit donné sur lui d’autre renseignement.

Famille PITARD

Les PITARD furent les plus connus des seigneurs de Jumilly. Ils tinrent ce fief pendant plus de 250 ans. Leur famille était originaire d’un lieu appelé « le Bois-Pitard » au comté d’Artois. Robert III, comte d’Artois, beau-frère du roi Philippe VI de Valois, était venu vers 1321 à Domfront, dont il se trouvait être le seigneur, donna à un gentilhomme de sa suite, Mainfroid Pitard, le fief de Jumilly, sis en la paroisse de Torchamp.
1 - ce Mainfroid Ier PITARD était probablement fils de Huet Pitard qui vivait en 1325-1340, fut fauconnier du roi Philippe VI de Valois et est dit en 1301 « garde-jument du comte d’Artois ». Ce titre de fauconnier expliquerait la présence d’un oiseau de proie dans les armes des Pitard. Mainfroy 1er, seigneur de Jumilly, épousa vers 1335 Jeanne de CHAMPEAUX , fille de Hugues, chevalier, qui vivait vers l’an 1300 et fut vraisemblablement le dernier descendant Arthus de Champeaux, bailli de la forêt de Passais et ami de Saint Guillaume Firmat, mort entre 1090 et 1103 . De l’union Pitard-Champeaux, je ne connais qu’un enfant qui suit.
1-2 Robert PITARD, écuyer, seigneur de Jumilly après son père, vivait en 1361. Il épousa Perrine de la BUNACHE (ou Bunèche) , dont il eut au moins un fils.
1-2-1 - Mainfroy II PITARD, qui s’intitule également écuyer, seigneur de Jumilly. Il s’unit à Nicole de CORNILLAU , dame des Loges et de quelques autres terres près d’Ambrières, province du Maine, et mourut vers 1450, laissant cinq fils. Deux entrèrent dans les ordres ; un troisième mourut sans alliance, le quatrième, Mainfroy III fut seigneur de Jumilly et suivra ; le cinquième, Jean, écuyer, seigneur des Loges et de la Rivière, épousa Ysabeau de la JANETIÈRE et fut l’auteur de la branche des PITARD des Loges. Il eut aussi une fille, Guillemette qui épousa Gilles DOYNEL de la Sausserie
1-2-4 . Mainfroy III PITARD succéda à son père comme seigneur de Jumilly. Il prit pour femme, en 1448, Clémente LE MICTIER , fille et héritière de Guillaume LE MICTIER, seigneur et patron des paroisses de Saint-Hilaire près Briouze et de Chênesec, et de Jeanne de SARFAULT. Après son mariage il prit le titre de seigneur de St Hilaire. De l’union Mainfroy III PITARD-Clémence LE MICTIER trois enfants sont connus.
1-2-4-1 Jean PITARD qui suivra, ;
1-2-4-2 Mainfroy IV PITARD sieur du Châtelier qui fut capitaine d’une compagnie de gendarmes et fut tué glorieusement en 1490, en faisant la charge pendant le siège d’Avranches ;
1-2-4-3 Marie PITARD, dame de Saint-Hilaire, qui épousa Jean VAUQUELIN, sieur des Yvetaux, lieutenant général du roi à Falaise, anobli en 1472, d’où de nombreux descendants qui furent seigneurs de Yvetaux, de Sassy, de Nécy, de la Fresnaye, de Meheudin, d’Hermanville, de Vrigny, de la Réauté. Le plus illustre de leurs descendants fut leur arrière-petit-fils, le poète Jean VAUQUELIN de la Fresnaye, auteur de « L’art poétique et des Foresteries »., dont le fils Nicolas, seigneur des Yvetaux est également connu dans l’histoire. Le roi Henri IV, en effet, en fit le précepteur de son fils naturel, le duc de Vendôme, puis du dauphin, le futur Louis XIII.
1-2-4-1 Jean PITARD écuyer, seigneur de Saint-Hilaire, de Jumilly et de Chênesec, épousa Jeanne COUSIN , dame de Boudé en Saint-Gilles-du-Marais, fille et héritiè're de Jean COUSIN, écuyer, et de Jeanne Manvieu. Par son mariage, Jeanne Cousin apporta la seigneurie de Boudé dans la famille Pitard, qui la conserva pendant plus de 250 ans.

Ils eurent cinq enfants :
1-2-4-1-1 Nicolas PITARD, qui fut seigneur de Boudé et de Saint-Hilaire. Il s’unit à Marie du PONT-BELLENGER et en eut une nombreuse descendance. Dans celle-ci je note seulement Julien PITARD, né en 1642, mort en 1714, écuyer, seigneur de St-Jean, Boudé, Jumilly (St-Bômer) et de Lyonnière (Torchamp), bien connu des historiens locaux pour plusieurs ouvrages fort intéressants : « Histoire des seigneurs de Domfront », « Histoire du Comté de Mortain et de la noblesse du Mortennais ». Noter que la seconde union qu’il contracta avec Françoise le CILLEUR, dame de Lyonnière, fut bénie en l’église de Saint-Brice, par le curé de Torchamp.
1-2-4-1-2 Étienne PITARD, seigneur de Chênesec, qui changea son nom de Pitard en celui de Bois-Pitard et épousa Fraimbaulde de la FERRIÈRE. Leur fils François PITARD, né à Domfront en 1533, écuyer seigneur de Cheviers (Lucé), de la Barillère et du Lude (St-Front), était gouverneur au château de Domfront lorsque les deux frères Le Héricé s’en emparèrent par surprise. Il se joignit aux troupes de Matignon qui bientôt le reprirent après le fameux siège de 1574 et la capitulation de Montgommery. Mêlé personnellement à ces importants événements, il les a racontés dans un mémoire très précieux pour l’histoire locale. Il fut ainsi le premier historien de Domfront. La dernière des de BOIS-PITARD s’allia aux LE CILLEUR, seigneurs de Lyonnière (Torchamp).
1-2-4-1-3 Jeanne PITARD, qui épousa Pierre Vauquelin de la Réauté.
1-2-4-1-4 Mainfroy V PITARD qui suivra
1-2-4-1-5 Nicolas François PITARD qui suivra
1-2-4-1-4 - Mainfroy V PITARD
écuyer, avocat du roi à Domfront, succéda à son père Jean, comme seigneur de Jumilly. Suivant l’historien Julien Pitard, il s’unit à Marguerite de MILLET, fille du seigneur d’Auverney . Les archives de Jules Appert, concernant le fief de la Goulande, nous le montrent en 1551, 1552 et 1553, soutenant un procès contre Julien Gillebert. Il est dit alors sieur de Jumilly et tuteur de son neveu François PITARD, fils d’Étienne, sieur de Chênesec. Les partages de sa succession eurent lieu le 22 avril 1557. Il mourut sans doute sans enfants, car la seigneurie de Jumilly passa à son frère, Nicolas-François;
1-2-4-1-5 Nicolas François PITARD
écuyer, lieutenant des Eaux et Forêts de Domfront, rendit aveu de son fief noble de Jumilly en 1556. À ses moments de loisir, il se plaisait à cultiver la poésie. C’est ainsi qu’il composa à l’occasion de la mort glorieuse de Mainfroy IV, sous les murs d’Avranches, un poème de 300 quatrains « pour sagement se conduire au voyage de la vie humaine », poème qu’il fit imprimer en 1593. Saluons à présent l’unique poète connu qu’ait produit la paroisse de Torchamp. Il épousa la marquise de MILLET dont il eut deux enfants connus et un troisième à peu près certain. Les deux premiers sont une fille qui se maria au sieur de RADULPHE et un fils Manfroy VI qui suivra ; le troisième est Jehan PITARD qui suit.
1-2-4-1-5-3 Jehan PITARD
Jehan PITARD fut seigneur de Jumilly après son père Nicolas-François PITARD. Un acte du 15 mars 1558 (archives de M. Jules Appert) apprend en effet qu’à cette date Jacques Pitard, écuyer, ayant un différent à soutenir aux pleds de la seigneurie de la Goulande, eut pour défenseur « noble homme Me Jehan Pitars, écuyer, sieur de Jumilly, advocat pour le roi son conseil, venu exprès pour plaider sa cause ». Après Jehan PITARD, la seigneurie de Jumilly passa à son frère MAINFROY VI.

1-2-4-1-5-2 - Mainfroy VI PITARD
Mainfroy VI PITARD écuyer, seigneur de Jumilly et du Pressoir, fut comme son père, employé aux Eaux et Forêts de Domfront. D’après M. Durand de Saint-Front, ce serait lui et non Manfroy V qui épousa Marguerite de Millet. On lui donne, en tout cas, pour enfants : Jacques, écuyer, sieur de la Goulande, qui, en 1587, était curé de la Haute-Chapelle ; un autre fils qui s’intitula sieur des Pares, épousa Marie BOUDIN, d'où :
d’où Marie Pitard, qui s’unit à Hector GERMOND de la Vente et en eut une fille, Anne GERMOND, dame de Champeaux, devenue femme de Henri LESNÉ, seigneur de Torchamp ; enfin Guillaume PITARD qui suit.
1-2-4-1-5-2-3 - Guillaume PITARD seigneur de Jumilly, du Pressoir et de l’Artour, céda à la fin du XVIe siècle, devant Benoist Couppel, licencié-ès-droits, garde des sceaux de la vicomté de Domfront, le moulin de la Varenne à Bertrand LESNÉ, seigneur de Torchamp, et ce dernier donna en échange au sieur de Jumilly, la terre de la Perelle qui lui avait été apportée en dot par sa femme, Jeanne de MONTCHAUVEAU « dame de la Perelle ».
Ainsi amputé de son moulin, le fief noble de Jumilly perdit beaucoup de sa valeur. En 1578 et 1603, Guillaume Pitard rendit aveu du fief de Jumilly, qui est dit être alors de 1/6 de haubert. Il eut d’une alliance inconnue trois filles :
1-2-4-1-5-2-3-1 L’une épousa Pierre CADIN. De ce mariage naquirent plusieurs enfants, dont trois furent prêtres. L’un d’eux, Jacques CADIN, ancien chapelain du collège de Séez, à Paris fonda en l’église de Saint-Front, un obit ou prestimonie dans la chapelle Notre-Dame des Cordiers. La ruelle Porte-Cadin, à Domfront, doit son nom à ce que l’un des frères Cadin, prêtre, y avait sa demeure.
1-2-4-1-5-2-3-2 La seconde, Jacqueline PITARD épousa N… de MÉZENGE, sieur de la Trocherie, gentilhomme verrier.
1-2-4-1-5-2-3-3 La troisième, Renée PITARD, dame de Jumilly et du Pressoir, s’unit en 1575 à Marin COUPPEL de la Cousinière (Saint-Brice) et lui apporta en dot le fief de Jumilly qui changea ainsi à nouveau de famille pour passer à la famille COUPPEL.

Famille COUPPEL

Les différentes branches
La maison Couppel à laquelle appartenait Marin COUPPLE, le mari de Renée PITARD, se divisait en trois branches principales.
I – La Branche de la Marchandaye (en Lesbois), dont le premier auteur, Guillaume COUPPEL avait épousé en 1517 Renée BAGLION, descendante des fameux BAGLIONI, podestats souverains de Pérouse (Italie), dont un membre compromis dans une conspiration politique, avait dû fuir son pays et était venu habiter en France, dans le Maine.
II – La branche de la RÉNAUDIÈRE (en Saint-Front), dont la noblesse ne fut pas maintenue.
III – la branche de l’ÉPINAY reconnue comme noblesse d’ancienneté et qui fournit pendant longtemps les vicomtes de Domfront. Ses armes étaient : « d’argent au chevron de gueules, accompagné de deux merlettes de sable en chef et d’une rose de gueules en pointe ». Ces trois branches se divisèrent en un grand nombre de rameaux dont les plus connus formèrent les COUPPEL de la Cousinière, de Vaucé, de Belle, du Lude, du Gué-Thibeaut, de la Guéroussière, de Chaponnais, de la Haute-Boudière, de la Bardouillère, de la Goulande, de Saint-Laurent, et de Saint-Front. Les derniers descendants de cette prolifique famille furent dans notre contrée : M. COUPPEL du Lude, préfet de l’Orne, et les demoiselles de Saint-Front, décédées à Domfront, peu avant la guerre de 1914, lesquelles en mourant laissèrent leur titre « de Saint-Front », à leur cousin M. Durand de Fougerolles.
1 - Marin COUPPEL
Marin Couppel, faisant partie de la sous-branche Couppel de la Cousinière, le nouveau seigneur de Jumilly, était fils de Siméon COUPPEL, sieur de l’Épinay et de la Cousinière, et de Françoise FEUVRIER (ou FEBVRIER). Quelques pièces d’archives apprennent que le 9 septembre 1577, il acheta aux moines de l’abbaye de Lonlay, pour 1450 livres, une prairie dépendant de l’Ermitage de la forêt d’Andaine, que le 27 décembre 1579, il se rendit acquéreur du Lude, qu’il avait une propriété à l’Aunay-Hébert;
Marin Couppel décéda le 1er juillet 1586. Après sa mort, sa veuve Renée PITARD rendit au roi l’aveu suivant concernant Jumilly : « Du roy notre sire et souverain seigneur, confesse et advoue tenir Renée Pitard, damoiselle, dame de Jumilly et du Pressoir, veuve de Marin Couppel, escuier, vivant sieur de la Cousinière, eslu en la vicomté de Domfront, le franc-fief et terre noble de Jumilly, acquis de la possession de deffunt Guillaume Pitard, escuier, vivant sieur des dits lieux de Jumilly, le Pressoir et le Retour, mon père, le dit fief de Jumilly étant ¼ de fief de haubert et touchant les héritiers de Bertrand Lesné, sieur de Torchamp. »
De l’union Marin COUPPEL-Renée PITARD, naquirent au moins trois enfants.
2-1 - Siméon COUPPEL
Siméon Couppel, sieur de la Cousinière, avocat du roi prit pour femme Julienne DES MOULINS, dont il n’eut pas d’enfant. Avec lui s’éteignit la branche des COUPPEL de la Cousinière.
2-2 - François COUPPEL
François COUPPEL, né vers 1584, est écédé le 18 octobre 1610 et a été inhumé à St Brice le 19 octobre.
2-3 - Brice COUPPEL
Brice COUPPEL s’intitula écuyer, sieur de l’Épinay et de Jumilly, conseiller du roi et fut vicomte de Domfront. Il épousa en premières noces, en 1607, Marquise LEDIN de la Châlerie (Haute-Chapelle) avec laquelle il eut 5 enfants : Renée COUPPEL (1608-1620) morte à l’âge de 11 ans, et 4 autres enfants morts en bas âge (René à 2 mois, Charles à 10 jours, Magdelaine à 22 jours, et Françoise à 15 mois).
Marquise LEDIN mourut le 28 octobre 1613, et fut inhumée dans l’église de Notre-Dame-sur-l’Eau, où se voit toujours son tombeau avec l’inscription suivante :
« Passant, ce marbre ne regarde,
Ma cendre n’est sous ce tombeau,
Car mon cher mari me la garde
Et son cœur en est le vaisseau »
En novembre 1616, Brice COUPPEL mettait dans son cœur une remplaçante dans la personne de Nicole de MARGUERIT, fille de Jean de Marguerit, avocat général au Parlement de Rouen, et de Marie des Rotours.
En 1610 et 1615, Brice Couppel rendit aveu au roi de son fief de Jumilly.
Du mariage Brice COUPPEL-Nicole de MARGUERIT, naquirent au moins deux enfants :
2-3-1- Siméon Brice François COUPPEL, né le 3 février 1618, mort à 21 ans le 20 octobre 1639 sans postérité, et Jacques, qui suit.

2-3-2- Jacques COUPPEL, le nouveau seigneur de Jumilly, né le 27 mai 1619, s’intitula seigneur de l’Épinay, Jumilly, la Faverie, Bellée, du Lude, seigneur et patron honoraire de Vaucé, conseiller du roy, vicomte de Domfront. Il épousa d’abord le 8 mars 1644 Louise de BEAUREPAIRE fille de messire Siméon de Beaurepaire, seigneur de Peyrière et Couvigny, et en deuxièmes noces, noble dame Suzanne GUÉRIN, veuve de Jacques Avenel, écuyer, seigneur de Nantreil.
En 1666, lors de la vérification des titres de noblesse, dans notre région, par M. de Marle, intendant de la généralité d’Alençon, la branche des COUPPEL de l’Épinay, représentée par Jacques Couppel, fut d’abord condamnée puis rétablie.

Le 24 septembre 1674, par devant Me Thomas Roussel, bachelier licencié-ès-droits, avocat au grand conseil et notaire apostolique, demeurant à Domfront, messire Jacques COUPPEL, vicomte de Domfront et Passais, fonda la chapelle déjà édifiée près et à l’extrémité des cours de l’ancien manoir de Bellée. Cette chapelle dédiée à Saint Jacques, fut dotée de 48 livres de rente annuelle, à prendre sur la métairie de Pont-Bureau, située même paroisse de Vaucé et appartenant au dit sieur de l’Épinay. Cette chapelle fut décrétée le 5 avril 1675.

De Louise de BEAUREPAIRE, Jacques COUPPEL eut 15 enfants, mais aucun d’eux ne fut seigneur de Jumilly.

En 1650, en effet, le sieur de l’Épinay avait cédé par échange, à François LESNÉ le fief noble de Jumilly qui, dès lors, fit partie intégrante de la Seigneurie de Torchamp.

Famille LESNÉ

En ce qui concerne ce fief noble de Jumilly, c’est François LESNÉ qui l’acquit par échange avec Jacques COUPPEL, le 22 octobre 1650, devant le Rée et Husson, tabellions à Domfront, auquel étaient ajoutées pour la circonstance, des maisons et terres à la Bellière, ainsi qu’un pré à la Houardière. François LESNÉ est donc le premier Lesné qui posséda Jumilly en Torchamp. Il en rendit aveu au roi en 1656. Par son mariage avec Françoise BARRÉ de Jumilly (St Bômer), il fit entrer dans sa famille les seigneuries de FOUGERAI et de la NOCHERIE (également en St-Bômer).

Famille DOYNEL

Tous les détails sur les DOYNEL ont été racontées dans les pages précédentes concernant la Seigneurie de Torchamp.
Mais pour résumer ce qui concerne le fief de Jumilly, la Révolution ayant vendu tous les biens propres de René-François DOYNEL, son épouse Madeleine Marie LESNÉ, pour conserver ses biens propres usa d’un subterfuge et divorça. C’est ainsi que Jumilly et la plupart des autres biens des LESNÉ ne furent pas vendus comme biens nationaux. Jumilly resta la propriété des descendants de René-François DOYNEL  : le comte François DOYNEL de la Sausserie (1780-1838) et le comte Olivier DOYNEL de la Sausserie (1820-1895).

Peu d’années après la mort de ce dernier, des revers de fortune obligèrent les DOYNEL à vendre le château de Torchamp avec toutes les fermes qui en dépendaient : Jumilly qui, depuis longtemps était réuni à la ferme du bourg, fut acquis par la famille LEROYER, de Torchamp, qui le possède aujourd’hui.

La Seigneurie de MALTERRE - Les De VAUFLEURY

La terre de Malterre, appelée aussi quelquefois les Hayes de Malterre et aussi les Terres, ne prit le titre de seigneurie qu’à une date relativement récente (seconde moitié du XVIIe siècle). Ce fut un de VAUFLEURY qui en fut le premier seigneur. Il appartenait à une famille bourgeoise de la région du Teilleul, les De VAUFLEURY.
1 - Étienne de VAUFLEURY
C’est cet Étienne de VAUFLEURY qui obtint l’ennoblissement de sa famille, en 1628, en conséquence de l’Édit donné en faveur de la Compagnie du Canada. Il prit pour armes : « d’azur au sautoir d’or cantonné de 4 quintefeuilles (alias 4 roses) de même. »

Blason De Vaufleury.jpg

L’enregistrement de ses lettres de noblesse fut fait à la Cour des Aydes le 9 septembre 1634. Étienne de Vaufleury s’intitula dès lors : écuyer seigneur de la Durandière et du Pouët.
Il épousa Jeanne BARRÉ de Jumilly, dont le père, François de JUMILLY , était seigneur de Jumilly, en Saint-Bômer, seigneur des Hayes en Torchamp, conseiller du roi, lieutenant civil et criminel du bailli d’Alençon à Domfront, et la mère, Antoinette CORMIER, dame de la Guyardière en la Haute-Chapelle. Ce fut grâce à ce mariage que plus tard, en 1680, après la mort sans enfants de Claude de JUMILLY, vinrent par héritage dans la famille de VAUFLEURY, les terres de Malterre, des Hayes, des Noës et de la Saulnaie, que les BARRÉ, originaires de Torchamp, possédaient dans cette paroisse.

De l’union de Étienne de VAUFLEURY-Jeanne BARRÉ naquirent au moins trois fils et une fille :
1-1 Jean de VAUFLEURY, écuyer seigneur de la Durandière et du Pouët qui épousa le 6 octobre 1666 noble dame Françoise le SILLEUR, fille de feu René Le Silleur, écuyer sieur de Sougé et Cheviers et de dame Françoise le Vayer. Leurs descendants s’allièrent avec les familles de Pillervain, Bourget, de Marseul, etc…
1-2 Yvonnne de VAUFLEURY, née avant 1632 qui épousa le 8 janvier 1648 Jean DAVY
1-3 François Julien de VAUFLEURY, seigneur de Saint-Patrie et de Grigny, qui épousa le 20 octobre 1670 Julienne de CHEVERUE, veuve de François d’Estranger, écuyer sieur de Heussey et sœur de François de Chevrüe écuyer sieur de la Haussière, vicomte de Mortain. Leurs descendants s’allièrent aux familles du Bailleul, Pitard, Fortin, Gaudin de Villaine, etc.
1-4 un autre François de VAUFLEURY qui nous intéresse particulièrement, parce qu’il fut le père du premier seigneur de MALTERRE, et se qualifia seigneur d’Oissé. Il épousa Anne VIVIAN, fille de Gilles VIVIAN, seigneur de la Champagne, de Plomp et de Charruel, lieutenant général à Avranches . Ce François de VAUFLEURY, sieur d’Oissé, fut le premier membre de cette famille qui posséda le fief de MALTERRE avec les fermes voisines qui en dépendent, mais je n’ai pas connaissance qu’il ait pris le titre de seigneur de MALTERRE.
Du mariage François de VAUFLEURY-Anne VIVIAN naquirent au moins trois enfants :
1-3-1 César de VAUFLEURY qui suivra.

1-3-2 Gilles de VAUFLEURY, écuyer, sieur d’Oissé, qui épousa Françoise de Vauborel, dame de Saint-Georges et de Notre-Dame-du-Bois, fille de Léonard de Vauborel écuyer. Il mourut en 1705 sans enfant.

1-3-3 René-Joseph de VAUFLEURY, écuyer sieur des Hayes, qui épousa en premières noces Marie Le Royer de la Brizollière en Lucé, et en deuxièmes noces, Marie-Anne de Roussel, fille de Jacques de Roussel, sieur de la Berardière en St-Bômer, conseiller du roi et de demoiselle Jacqueline de Réboulé. Il fut inhumé dans l’église de Torchamp le 6 avril 1694.

1-3-1 César de VAUFLEURY
C’est le premier qui se qualifia « seigneur de Malterre », dont il fit vraisemblablement sa résidence. Il épousa Jeanne LE COURT, dame de Bois-Halé en Saint-Bômer, qui lui apporta en dot le fief de ce nom. La famille LE COURT à laquelle s’allia le seigneur de Malterre était originaire de Bretagne et se rattachait, d’après Surville, à celle d’Abélard, le célèbre amant d’Héloïse . De l’union de César de VAUFLEURY - Jeanne LE COURT naquirent trois filles et trois fils.
1-3-1-1 Jeanne Aimée de VAUFLEURYY qui épousa Charles PAYEN sans descendance connue
1-3-1-2 François Gilles de VAUFLEURY qui épousa Jeanne THEBERT sans descendance connue
1-3-1-3 François Henry de VAUFLEURY
1-3-1-4 Françoise Renée de VAUFLEURY née le 13 mai 1698, qui épousa Louis de VAUBOREL, né en 1677, du mariage de Bertrand de VAUBOREL, seigneur de Saint-Germain et de Suzanne de CHEMILLY et lui apporta en dot la terre de Bois-Hallé.
1-3-1-5 Madeleine Henriette de VAUFLEURY, née vers 1702 et décédée à Tinchebray le 31 décembre 1742
1-3-1-6 Georges César de VAUFLEURY qui succéda à son père dans la seigneurie de Malterre dont il habita le manoir et fit suivre son nom des titres de : chevalier, seigneur de Malterre et des Hayes . Le 9 janvier 1724, il épousa, avec dispense de parenté, noble dame Anne LESNÉ, fille d’Hector LESNÉ, chevalier, seigneur de Torchamp, Jumilly, etc… et de Marie-Louise DESLANDES.
De l'union Georges César de VAUFLEURY - Anne LESNÉ naîtront quatre enfants.
1-3-1-6-1 Louis de VAUFLEURY qui suivra.
1-3-1-6-2 Marie Louise de VAUFLEURY, qui épousa le 7 septembre 1751, Jacques VERRAQUIN, sieur des Bouillons, licencié-ès-lois, fils de Jean VERRAQUIN, sieur d’Avrilly, avocat au Grand Conseil, puis lieutenant général au bailliage de Domfront et de Anne LEMOINE. Le mariage fut célébré à Domfront, en présence de noble dame Marie-Louise Deslandes de Torchamp, grand-mère de l’épouse, de noble dame Anne Lesné de Malterre, sa mère, de demoiselle Anne de Vaufleury, sa sœur, de François-Jacques Verraquin, sieur d’Avrilly, conseiller du roi et son procureur en l’élection de Domfront, de Louis de Villers, sieur de Beauvais, conseiller du roi, receveur des Tailles, et de noble dame Françoise Lesné de Villers, oncle et tante de la future. Du mariage Marie Louise de de VAUFLEURY - Jean VERRAQUIN vint au moins une fille qui mourut en 1752, peu de temps après sa naissance.
1-3-1-6-3 Anne Madeleine de VAUFLEURY naquit en 1733. Le 31 mai 1755 eut lieu le mariage, par permission épiscopale, dans la chapelle du château de Torchamp, de cette demoiselle de VAUFLEURY avec messire Jean-Baptiste de la ROQUE, chevalier, seigneur de Monségré, Granvilliers et autres terres, fils de défunt messire de la Roque et de noble dame Marie-Louise de St-Germain.
Jean-Baptiste de la ROQUE qui était né en 1713, mourut dans son château de la Raterie (St Front) en 1758, laissant de son mariage :
Jean de la ROQUE, qui fut baptisé à Domfront le 31 octobre 1757 et eut pour parrain messire Jacques Le Harivel, seigneur de Rouellé, et pour marraine sa grand-mère, noble dame Anne Lesné de Torchamp,
et Anselme de la ROQUE, baptisé le 21 décembre 1758. Parrain : Jacques Bermond ; marraine : Anne Lolier.

1-3-1-6-1 Louis de VAUFLEURY
Né en 1730, Louis de VAUFLEURY fut seigneur de Malterre après son père et se qualifia : chevalier, marquis, seigneur de Malterre, d’Ouessey, de Poë, Bois-Halé, la Reinière, Chantepie, Courberie, du Bois-Thubœuf, de la Bouverie, de Gland-Sémé, Mebizon, seigneur et patron honoraire des églises et paroisses de Trégé, Saint-Martin, Loup-Fougères, seigneur et châtelain de Lambourg, de Fossé, d’Oisillé, de Vaupicron et autres terres seigneuriales.
Avant Louis de VAUFLEURY, la fortune des de MALTERRE paraissait assez modeste. Mais la longue énumération des seigneuries de Louis de VAUFLEURY, l’érection de ses biens en marquisat indiquent clairement que Louis de VAUFLEURY était devenu un gros propriétaire terrien. Ses fermes de Torchamp ne formaient plus qu’une petite partie de ses revenus. Que s’était-il donc passé ? Nous trouvons bien dans cette liste quelques terres ayant appartenu à la famille de Vaufleury, mais à côté apparaissent de nouvelles et nombreuses seigneuries. Il est à supposer que le marquis de Malterre fit un riche mariage, en épousant en 1744 noble dame Anne-Françoise de PENNART de Chantepie, fille de Anne-Emmanuel de PENNART, seigneur de Monbezon et de Chantepie et de Catherine-Claude de PENNART (sa cousine).
Trois ans avant son mariage, Louis de VAUFLEURY avait quitté son modeste manoir de Malterre, pour aller habiter à Domfront, l’imposant château de Godras, dont il avait acheté une partie le 14 février 1771, à messire Louis-Marie de Vassy, mari de noble dame Henriette Ledin de la Châlerie.
Le marquis de Malterre Louis de VAUFLEURY ne jouit pas longtemps de sa belle situation. Il mourut en pleine force, d’une manière imprévue à Granvilliers en revenant d’un voyage à Paris. Un extrait des registres de la paroisse de Saint-Martin-de-Granvilliers, recopié sur le registre de Domfront, dit, en effet : «  Le 13 janvier 1778, fut inhumé dans le chœur de l’église de Granvilliers, le corps de messire Louis de Vaufleury de Malterre, âgé de 48 ans, chevalier seigneur d’Oissé et autres lieux, résidant dans son hôtel de ville à Domfront, Basse-Normandie, décédé hier dans le presbytère de ce lieu, revenant de Paris ; en présence de haut et puissant seigneur Armand Félicien comte de Banetz, seigneur de Fossé, chevalier de l’Ordre militaire et royal de Saint-Louis, lieutenant de vaisseau de sa majesté, etc… ».
Ainsi mourut tristement loin des siens le « premier marquis de MALTERRE » et aussi le « dernier seigneur de MALTERRE ». Quelques années plus tard, en effet, la Révolution allait supprimer les titres de seigneur et de seigneurie. Cette seigneurie était de peu d’importance et au point de vue féodal était vassale de celle de Torchamp.
Anne-Françoise de PENNART de Chantepie avait donné à Louis de VAUFLEURY, une fille, et était, au moment où elle devenait veuve, enceinte d’un second enfant.
Aussitôt après la mort de son mari, elle revendit le château de Godras. Vint-elle alors habiter le manoir de Malterre ? C’est peu probable. Elle fixa plutôt sa résidence au château de CHANTEPIE (près de Couterne), demeure beaucoup plus importante et située dans un site beaucoup plus agréable. C’est d’ailleurs là que depuis ont habité les de VAUFLEURY ses descendants, toujours possesseurs du domaine de MALTERRE. Anne de Pennart ne se remaria pas, et était encore vivante au moment de la Révolution. Le nom de la Veuve de MALTERRE de VAUFLEURY figure en effet sur la liste des membres de la noblesse, chargés en 1789 d’élire à Alençon les députés à la Constituante.
Il reste à Malterre, comme souvenir des de VAUFLEURY, une petite gentilhommière qu’ils construisirent et habitèrent, et aussi une avenue au milieu de laquelle passe la route qui va du bourg de Torchamp à la route de Domfront-Mayenne.

La Seigneurie de LYONNIÈRE

La terre de Lyonnière (ou Lionnière) située à la limite de la paroisse de Torchamp, avoisinant la paroisse de Saint-Brice-en-Passais, ne garde plus trace de son passé seigneurial. La maison d’habitation actuelle du fermier, relativement récente, a dû être construite, comme à Villette, avec les pierres de l’ancienne gentilhommière. Seule l’étendue de la ferme fait penser qu’elle dut être autrefois une terre noble.
Guy CHAUVIN
Le premier seigneur de Lyonnière qui soit connu, est Guy CHAUVIN, qui fut également seigneur de Saint-Brice. Il vivait à la fin du XVe siècle ou au commencement du XVIe. Il eut une fille qui épousa Robert LE CILLEUR (ou LE SILLEUR), écuyer, seigneur de Rupières, lequel devint par son mariage seigneur de Saint-Brice et de Lyonnière.
1 - Robert LE CILLEUR
Il appartenait à une famille qui tiendra une place assez importante dans la noblesse de Basse-Normandie, aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, pour disparaître ensuite sans laisser de traces, au moins dans notre région. Elle était, d’après l’historien alençonnais Odolant Desnos, originaire de Bretagne et avait pour armes : « d’azur à la bande d’or accostée de trois mollettes d’éperon d’or en chef, et trois coquilles d’argent en pointe ».


'Les origines de cette famille'
D’après le comte de Contades, les Le Cilleur seraient venus du Pays d’Auge, où l’on trouve en 1401, Gaspard le Cilleur, écuyer, seigneur du Bailleul, dans la paroisse de Hottot.
Et peu après, en 1418 un des membres de cette famille, Robin Le CILLEUR fut le héros de la vieille cité de Domfront.En pleine guerre de Cent ans (1337-1453) opposant la dynastie des Plantagenet à celle des Valois les Anglais s'étaient rendus maîtres de presque toute la Normandie. Deux forteresses seulement, dont Domfront, n’avaient pu être prises. En voici un bref récit.
En 1418, les Anglais assiègent Domfront. Celle-ci et son château ont été délaissés par Pierre Ledin qui en est gouverneur pour le duc d’Alençon, Jean II. Les habitants de Domfront se sont réfugiés dans le château et sous l’habile conduite de l’un d’entre eux, Clément Bigot, résistent avec acharnement aux nombreux assauts des Anglais commandés par le comte de Warwick et le célèbre Talbot, à la tête de troupes nombreuses. Clément Bigot attend en vain le secours que lui a promis le duc d’Alençon. Mais les munitions et les vivres se faisant de plus en plus rares et les assauts de plus en plus nombreux, les assiégés à bout de forces, épuisés par la faim et les fatigues, demandent une suspension d’armes. Il fut convenu par un armistice signé le 10 juillet 1418, que la place serait rendue le 22 juillet, si, d’ici-là il ne lui venait pas de secours (secours qui d’ailleurs fit défaut). Pour garantir l’exécution de ce traité, sept défenseurs du château pris parmi les gentilshommes, les bourgeois et autres, se livrèrent courageusement comme otages, confiant leurs personnes et leurs vies au roi d’Angleterre, pour sauver leurs concitoyens. Or, parmi ces braves, se trouvait Robin le CILLEUR.
On a beaucoup exalté, écrit l’historien H. Sauvage, le courage des compagnons d’Eustache de Saint-Pierre qui, à Calais, se livrèrent en 1349 à la merci du roi d’Angleterre Édouard III. Les Domfrontais renouvelèrent l’exemple d’un pareil dévouement, mais leur héroïsme est resté ignoré , tandis que l’action des bourgeois de Calais a été exaltée par tous, chantée par les poètes et portée même sur la scène, au théâtre. Honneur donc aux sept hommes remplis de modestie et de si nobles sentiments, dont les noms ont mérité d’être inscrits en lettres d’or dans les annales de la cité domfrontaise.
Un siècle plus tard, en 1509, nous retrouvons un Jean Le Cilleur, prêtre, fils de Raoul Le Cilleur et de Raoulet Cousin de Jumilly (St-Bômer) qui vend la seigneurie de Jumilly à Jean Hallé, fils de Thomas, écuyer, sieur des Mafardières.
Robert Le Cilleur, seigneur de St-Brice et de Lyonnière eut pour fils ou petit-fils :

1-1 Michel Le Cilleur, écuyer, seigneur de Saint-Brice, qui alla habiter la Chapelle-Moche, où il fut inhumé en 1611, dans l’église, devant l’autel des trois Marie, laissant de nombreux descendants dans cette paroisse.

1-2 Arthur Le Cilleur, seigneur de Cheviers (Lucé) qui épousa en 1590 Marguerite de Boispitard, dame de Sougé-le-Gannelon, et dont les nombreux descendants furent seigneurs de Cheviers, Sougé, Mebezon, Chênesec, la Barillère, Corbuzin, Étrigé.

1-3 Mainfroy Le Cilleur qui fut seigneur de Lyonnière
En plus du fief de Lyonnière, Mainfroy possédait le fief de la Chauvière, en Lucé, où il habita. Il épousa en 1604, Marguerite de Villette, dont il eut au moins cinq enfants.

1-3-1 Sébastien Le Cilleur, seigneur de Lyonnière, qui suivra.

1-3-2 Charles Le Cilleur, écuyer sieur de la Chauvière, qui épousa Jeanne Ballin.

1-3-3 Henri Le Cilleur, écuyer, également sieur de la Chauvière, qui épousa Anne Ruault de la Vaidière.

1-3-4 Jeanne Le Cilleur, femme de Antoine de Maigny, écuyer, sieur du lieu.

1-3-5 Suzanne Le Cilleur, mariée deux fois, dont une avec Robert Dupont, avocat.

1-3-1 Sébastien le Cilleur
Sébastien Le Cilleur se qualifia d’écuyer, seigneur de Lyonnière. Il habita ce village et contracta trois alliances :
1ère union avec Françoise Barré, fille de Jean Barré, sieur de Lande-Parfonde, conseiller du roy et contrôleur des domaines à Domfront. Françoise Barré morte en 1621 laissait au moins deux enfants :
1-3-1-1 Renée Le Cilleur, baptisée le 8 novembre 1619, qui épousa en février 1640 Pierre Pottier (mort en 1693), écuyer, sieur de Fresnay et de Boisevin, anobli en 1654, conseiller du roy et son receveur des traites à Domfront, où il demeura. Les époux Pottier-Le Cilleur vendirent en 1670 à demoiselle Madeleine de Saint-Germain, femme de Mathieu Ledemé, sieur du Lude, mais d’avec elle civilement séparé quant aux biens, la terre du Bois-de-Saint-Brice. En revanche il dut acheter la ferme du Boulay en Torchamp, car ses deux fils s’intitulèrent sieurs de cette terre.
1-3-1-2 Charles Le Cilleur né en 1620.
2ème union avec Marie Couppel, le 21 octobre 1629 à Domfront, veuve de François Dupont, sieur de la Bonnelière. Pas d'enfant connu.
3ème union avec Barbe Gillebert le 15 juin 1646 à Domfront, qui, veuve, se remaria à son tour avec Michel de Maillot, sieur de la Roustière.
Sébastien Le Cilleur eut avec Barbe Gillebert au moins six enfants :
1-3-1-3 Henry Le Cilleur né en 1648
1-3-1-4 Marquise Le Cilleur née ne 1649
1-3-1-5 Joachim Le Cilleur né en 1653
1-3-1-6 Françoise Le Cilleur, née en 1653, qui nous intéresse particulièrement parce que c’est à elle qu’échut le fief de Lyonnière qu’elle porta dans la famille Pitard, par son mariage avec Julien Pitard, qui suit.
1-3-1-7 Marie Le Cilleur née en 1656
1-3-1-8 Joachim Le Cilleur né en 1657
Sébastien Le Cilleur fut inhumé dans l’église de Torchamp le 30 décembre 1661 (Registre paroissial de Torchamp).

1 - Julien Pitard le nouveau seigneur de Lyonnière.
Nous résumons sa biographie longuement donnée par H. Sauvage.
Il appartenait à une famille de vieille noblesse venue de l’Artois dans les contrées de Domfront et Falaise, et dont le premier ascendant connu Huet Pitard, fauconnier du roi Philippe VI de Valois, vivait en 1325. Les Pitard de la région se divisèrent en plusieurs branches, dont une, la branche de Jumilly (Torchamp). Les autres branches principales furent celles de Boispitard et de Boudé. C’est à cette dernière qu’appartenait messire Julien Pitard.
Fils aîné de François Pitard, écuyer, sieur de Boudé (Saint-Gilles) et de Jumilly (Saint-Bômer) et de Adrienne de Saint-Manvieu, dame de St-Jean-du-Corail, il naquit le 18 décembre 1642 à St-Jean-du-Corail, y fut baptisé le 13 janvier 1643 et nommé par Julien de Saint-Manvieu, écuyer, seigneur présentateur de cette paroisse, et par demoiselle marquise de Jumilly. Il se qualifia d’écuyer, seigneur de Boudé, Jumilly, seigneur et patron de St-Jean. Dès l’âge de seize ans, il devint le chef de la famille par la mort de son père, arrivée le 30 novembre 1658. À lui et à sa mère échut ainsi la charge de ses frères et sœurs au nombre de six.
Il épousa en premières noces, le 5 avril 1668, Bertrande Roger, fille de Gabriel Roger, écuyer, seigneur de Bardé et de dame Andrée de la Broise. Bertrande Roger mourut le 5 octobre 1678, lui laissant quatre enfants :
1-1 Marquise Bertranne Pitard qui sera religieuse aux Ursulines de Vire
1-2 Andrée Pitard, qui sera également religieuse aux Ursulines de Vire
1-3 Adrien-Guillaume Pitard, sieur de Boudé, né en 1675, mort en 1706, sans alliance.
1-4 Pierre Pitard, qui mourra étant curé de St-Jean-du-Corail.
Devenu veuf, Julien Pitard se remaria en 1680 avec Françoise Le Cilleur, qui lui apporta le fief seigneurial de Lionnière.
Cette seconde union lui donna cinq enfants :
1-1-5 Jean-François Pitard, seigneur de Lionnière qui suivra
1-1-6 Marie-Henriette Pitard, décédée en 1747.
1-1-7 Marie-Françoise Pitard, qui épousa Jacques-François Hamelon de St-Ouen.
1-1-8 Françoise-Julienne Pitard, morte en 1709.
1-1-9 Julien-Adrien Pitard, né le 5 avril 1685, mort à Avesnes en Hainaut, le 20 octobre 1703, au retour de la campagne de Maëstricht, pendant laquelle il avait été fait prisonnier de guerre, après la capitulation de la citadelle d’Huy.
Julien Pitard produisit ses titres nobiliaires en 1666 et fut maintenu dans la catégorie de la noblesse ancienne. Son blason héraldique fut en même temps reconnu et ainsi décrit : « Champ d’azur à l’épervier d’argent, tenant entre ses griffes une perdrix de même. Cimier : un épervier naissant au vol abaissé d’argent. Supports : deux lions à tête de femme ».
Le 22 juillet 1682, sans doute à l’occasion du mariage en secondes noces de Barbe Gillebert, eurent lieu, devant Belin, notaire à Domfront, les partages en trois lots de la seigneurie de Lyonnière. (Archives notariales de Domfront).
La terre de Galachère formait un lot ; les deux autres lots étaient pris sur la terre de Lionnière, sa voisine. Un de ces lots était donné pour douaire à Barbe Gillebert, au précédent veuve de Sébastien Le Cilleur, les deux autres revenaient à Françoise Le Cilleur, femme de Julien Pitard.

Cet acte de partage, outre qu’il nous apprend que la terre de la Galachère dépendait de cette seigneurie, nous donne la description sommaire de ce qu’était alors le manoir de Lionnière et ses dépendances.
La description en serait trop longue, mais le détail concernant cette maison de maître avec cabinet, laverie et chambres, deux pavillons dont un au-dessus du portail (ce qui laisse supposer que celui-ci était imposant), maison de fermier, pigeonnier, douves, bois, moulin, tout cela, a bien l’allure d’une gentilhommière, dont, hélas ! il ne reste plus de traces.

Julien Pitard, seigneur de Lyonnière, fit, pendant le règne de Louis XIV, deux campagnes dont la première, sous les ordres de l’illustre Turenne. C’était une sorte de tradition dans la famille Pitard, que ses membres maniassent aussi bien la plume que l’épée. Déjà, François Pitard, écuyer, sieur de Chênesec, de la Barillère et du Lude, avait laissé un Journal de la Prise de Domfront par les protestants en 1574.
Un autre, Nicolas Pitard, sieur du Châtelier, avait composé à l’occasion de la mort de son frère, capitaine d’une compagnie de gendarmes, tué devant Avranches en faisant la charge, un poème formé de 300 quatrains.
Nous devons à ce Julien Pitard : une Histoire des Seigneurs de Domfront, un Mémoire historique sur le comté de Mortain, un Nobiliaire du même comté, enfin une Généalogie de la famille Pitard, avec de nombreux dessins : blasons, portraits, châteaux, etc. Le manuscrit original de ce dernier travail, fait partie du Chartrier des Doynel, anciens châtelains de Torchamp.
Cet homme de valeur n’habita sans doute pas la seigneurie de Lyonnière. Il demeura pendant toute sa jeunesse au château de Boudé. Vers 1680, il fit sa résidence au château de St-Jean-du-Corail. Enfin, il mourut à Domfront, le 12 septembre 1714, mais son corps fut inhumé dans l’église de St-Jean-du-Corail.
1-1-5 Jean-François Pitard,
Né le 5 octobre 1681, il fut seigneur de Lyonnière après la mort de son père Julien Pitard. Il s’intitula en outre chevalier, seigneur de Boudé, seigneur et présentateur de St-Jean-du-Corail.
Jean-François Pitard épousa le 16 décembre 1709 Anne-Françoise-Gabrielle de Vassy, fille de messire Claude de Vassy, chevalier, seigneur marquis de Peron, et de dame Marie-Angélique de Motteville, dont il n’eut qu’une fille, Pélagie Pitard, qui apporta la seigneurie de Lyonnière à son mari Gilles de Vaufleury.

TORCHAMP pendant la Révolution

Membres des municipalités

Ceux-ci sont donnéa par M. J. Hamon dans "La vie municipale dans les communes du canton de Passais pendant la Révoltion" et aussi par les "Notes manuscrites" de de M. Louis Chambay sur la Révolution dans la région de Domfront.

Municipalité élue sous l'ancien Régime (septembre 1787 à février 1790)

Cette municipailé a été élue sous l'Ancien Régime mais est restée en fonction pendant les deux ans et 5 mois jusqu'en février 1762.
Membre de droit : Messire Doynel, seigneur.
Président : Ambroise Mottay, curé.
Six membres élus : Lefèvre du Bourg, vicaire ; François Rémon, Jacques Lebossé, Siméon Beaudet, Jean Blanchetière et Jean Rémon du Domaine.
Greffier : Hubert.

Municipalités de la période révolutionnaire à Torchamp

Les membres de droit (le seigneur et le curé) sont supprimés. Désormais tous les composants de la municipalité doivent être élus par leurs concitoyens.
Le syndic disparaît également. Apparaît au contraire le maire qui préside l’assemblée composée d’un procureur, d’officiers municipaux, de notables et d’un secrétaire. Dans ces municipalités, le maire est un personnage surtout honorifique. Le procureur au contraire, n’a pas de voix délibérative, mais joue cependant un rôle très important, chargé qu’il est de défendre les intérêts et de poursuivre les affaires de la commune. C’est lui en somme qui administre.
Plus tard, l’assemblée aura à sa tête non plus un maire et un procureur, mais un agent et un adjoint.

Voici quelques membres des municipalités successives de Torchamp pendat la période révolutionnaire.
1790 - Maire : Mottay, curé
1791 - Maire : Jean Rémon du Domaine. Procureur : Barré. Secrétaire : Blanchetière.
1792-1793 - Maire : François Hubert de la Brosse. Procureur : Guillaume Brosse. Officiers municipaux : G. Leneveu, Jean Pottier, Henri Rémon-Provostière. Secrétaire : Pierre Barré.
1793-1794 - Maire : Julien Le Ray de Malterre. Procureur : Étienne Gobbé. Secrétaire : Pierre Barré.
1794-1795 - Maire : Pierre Jean Guillard-Champinière. Officier : Jacques Sonnet.
1794-1795 (élection de Germinal an IV) - Agent : Louis Bernou. Adjoint : Siméon Beaudet-Beauctière. Sont alors membres de la municipalité : François Hubert, Guillaume Brosse, Siméon Lebossé, Jacques Lebossé, Jean Rémon, François Chauvin, Guillaume Leneveu, Jacques Rémon, François Lebossé. L’agent et l’adjoint démissionnent aussitôt, Louis Bernou le 4 Germinal, et Siméon Beaudet le 9 Germinal. Les membres de la municipalité de Torchamp prient la municipalité cantonale de les maintenir, mais évidemment sans résultat. En effet, Pierre Barré (fils de Jacques) et Pierre Barré (fils de Pierre) se décident à accepter, le premier la fonction d’agent, le second celle d’adjoint.
On trouve à ce moment comme membres de la municipalité : Henri Rémon, François Hubert, Jean Rémon, Leneveu, Jacques Lebossé, F. Vaidis, F. Chauvin et G. Beaudet.
Le 12 juin 1796 (24 Prairial an V), l’agent Pierre Barré démissionne à son tour. Henri Rémon-Provostière est nommé à sa place, mais refuse. La municipalité cantonale nomme alors le 2 messidor an V (20 juin 1797) Jean Rémon du Domaine pour agent et François Chauvin pour adjoint. Jean Rémon démissionne le 9, François Chauvin fait de même et est remplacé le deuxième jour complémentaire an V (18 septembre 1797) par Vaidis.
An VII - La municipalité cantonale, le 4 Floréal (23 avril 1799), nomme l’agent François Vaidis et adjoint Guillaume Brosse. Ils démissionnent le surlendemain le 6 (25 avril). Je ne sais qui les remplaça. En tout cas Pierre Barré est donné comme adjoint le dernier jour de Vendémiaire an VII (21 octobre 1798). 1797-1799 (An IX) - Maire : Pierre Barré.
On remarquera après cette lecture, combien furent fréquents, pendant cette période agitée, les changements dans la municipalité. C’est qu’alors maire ou adjoint, membre de la municipalité ou officier municipal, étaient des postes peu enviables. Agents de l’administration plutôt que représentants de leur commune, ils étaient obligés de négliger leurs propres affaires pour assister à d’incessantes et longues réunions, faire auprès de leurs concitoyens des réquisitions aussi nombreuses qu’impopulaires (grains, chevaux, voitures, porcs, cidre, etc…), répartir et recouvrer les impôts, administrer les biens du clergé et des émigrés, lever, même par force, les jeunes gens destinés aux armées, faire la chasse aux réfractaires et saisir les biens de leurs parents, aller chercher au loin en cas de disette les grains nécessaires et les répartir entre les habitants, maintenir la sûreté de la commune contre les actes de brigandage si fréquents des chouans. Toutes ces fonctions leur étaient imposées par le gouvernement révolutionnaire sous peine d’amendes et même d’emprisonnement . Pour comble de malheur, leur zèle en faisait des victimes désignées des ennemis du régime, des chouans, qui ne se gênaient pas pour commettre des attentats contre leurs biens et leurs personnes. Surchargés ainsi de besognes ingrates, impopulaires et dangereuses, les membres des municipalités se retiraient d’eux-mêmes par démission. Parfois, c’était l’administration qui, sous prétexte d’épuration, abrégeait la durée de leurs fonctions, les jugeant trop ternes ou trop zélés. Aussi est-il facile de comprendre que, dans ces conditions les municipalités n’avaient qu’une vie très éphémère.

Délégués de la paroisse de Torchamp pour l'élection des députés aux États-Généraux (1789)

Les députés aux États-Généraux de 1789 furent nommés séparément par le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État. Le Clergé et la Noblesse ou leurs représentants nommèrent directement leurs députés. Le Tiers-État au contraire nomma les siens par des élections à trois degrés. Les habitants de chaque paroisse réunis le 1er mars en assemblée générale, qu’on appela « Assemblées primaires », établirent leurs cahiers de doléances et nommèrent un ou plusieurs délégués suivant le nombre des habitants. Ces délégués, le 3 mars, se rassemblèrent dans l’église St Julien de Domfront, où ils fondirent en un seul leurs divers cahiers de doléances. Cela fait, ils nommèrent le quart d’entre eux pour porter à Alençon, chef-lieu du bailliage, le cahier de doléances ainsi résumé, et là, le 16 mars, nommèrent leurs députés aux États-Généraux.

Voici maintenant quels furent les délégués pour la paroisse de Torchamp,

Délégué du clergé : Ambroise Mottay, curé de Torchamp qui se fit représenter par le curé de St-Mars-d’Égrenne.

Délégués de la Noblesse
René-François-Jean Doynel de la Sausserie. Marie de Villette, veuve de Messire François-Louis-Hector-Magdeleine Lesné, seigneur de Torchamp, qui se fit représenter par son gendre, Messire François Doynel ci-dessus. Mme veuve Malterre de Vaufleury.

Délégués du Tiers-État
Trois délégués furent nommés par l’Assemblée Générale des habitants, parce que la paroisse comprenait alors plus de deux-cents feux. De ces trois délégués, un seul nous est connu : François-Hubert de la Brosse, fils de Jean-Hubert de la Brosse et d’Angélique du Grangéré du Manoir. (Chambay : Domfront et ses environs pendant la Révolution). D’après J. Hamon (La vie municipale dans le comté de Passais, page 39 note), le seul des trois délégués qui soit connu était Henri Hubert.


Délégués de la paroisse de Torchamp pour l'élection des Députés de la Convention

Cette élection se fit à deux degrés comme actuellement celle de nos sénateurs. Louis Chambay, dans Domfront et ses environs pendant la Révolution, dit que le 26 août 1792, les citoyens des communes de Saint-Mars, Saint-Roch et Torchamp qui avaient droit de vote, se réunirent en Assemblée primaire dans l’église de Saint-Mars. Rémon-Provostière et Hubert de La Brosse de la commune de Torchamp furent au nombre des électeurs désignés pour voter au deuxième degré. Réunis aux délégués de tout le département, ils s’assemblèrent du 2 au 13 septembre suivant, dans l’église Saint-Julien de Domfront., et au milieu de nombreux incidents, nommèrent dix députés à la Convention et leurs suppléants. Le récit de Chambay ne concorde pas entièrement avec ce qu’on lit dans l’Almanach du District de Domfront de cette époque. Celui-ci donne en effet, Rémon du Domaine, Hubert de la Brosse et Rémon du Rocher comme étant du nombre des 16 électeurs du canton de Passais pour l’année 1792.

L'abbé Hubert d'Auvernay

Fils de Jean Hubert, sieur des Villettes et de Anne Dupont, Jean-François Hubert qui se qualifia plus tard « sieur d’Auvernay », naquit à Torchamp en 1752. Il embrassa l’état ecclésiastique à l’exemple d’un de ses grands oncles Guillaume Hubert, bachelier en théologie, licencié-ès-lois, curé de Soucé, à l’exemple aussi d’un de ses cousins issus de germains, un autre Guillaume Hubert qui fut vicaire à Céaucé, puis aumônier à Versailles de la compagnie des gendarmes de la Garde du Roi.
Quand éclata la Révolution, l’abbé Jean-François Hubert était vicaire à Avrilly. Il prêta le serment prescrit par le décret du 27 novembre 1790, mais il le fit avec des restrictions considérées comme inadmissibles par la République. Classé dès lors dans les prêtres réfractaires, il fut obligé de mener une vie errante et cachée, mais n’en continua pas moins à exercer courageusement son ministère autant qu’il le put. Traqué de plus en plus par la police, il se réfugia un jour chez une belle-sœur qui demeurait à Torchamp au village des Villettes. Les révolutionnaires à sa recherche, vinrent perquisitionner chez une de ses sœurs, Françoise, qui habitait la même paroisse au village des Ardillets. Françoise Hubert déclara, ce qui était vrai, que son frère n’était pas chez elle, mais, sous la pression menaçante des inquisiteurs et dans un moment d’affolement, elle laissa clairement entendre que l’abbé, objet de leurs recherches, était caché chez sa belle-sœur des Villettes. Aussitôt la bande se transporta dans ce village. Là, tout fut employé, fouilles minutieuses, menaces, pour découvrir la cachette de l’abbé Hubert. Mais la courageuse femme ne se laissa pas intimider et les révolutionnaires durent s’en aller sans avoir rien trouvé.
La tradition familiale qui a conservé les détails de ces événements, ajoute que, faisant plus tard son testament, le sieur d’Auvernay favorisa sa belle-sœur des Villettes et déshérita sa sœur de Ardillets. Échappé cette fois aux recherches de ses persécuteurs, notre prêtre réfractaire fut, plus tard, découvert dans des circonstances que j’ignore et enfermé dans la prison de Domfront. C’était l’époque où se tenait dans cette ville la réunion de tous les délégués du département chargés d’élire les députés à la Convention (septembre 1792). L’abbé Hubert, qui, jusque-là, avait été un courageux défenseur de la foi, finit par subir l’influence démoralisante ambiante. Affolé par la perspective des supplices et de la mort qui l’attendaient d’une manière à peu près certaine, il se décida, comme d’ailleurs plusieurs de ses confrères, à faire la soumission complète à la Révolution. En conséquence, le 6 septembre 1792, il se présenta pour prêter le serment pur et simple devant l’Assemblée Électorale, réunie dans l’église de Domfront. Voici d’ailleurs à ce sujet l’extrait du procès-verbal de cette réunion, rapporté par Chambay dans son Histoire de la Révolution pour la région de Domfront. On fit alors l’ouverture d’une lettre adressée au président de l’Assemblée par Hubert d’Auvernay, prêtre, en date du 5 septembre 1792, dans laquelle il témoignait les « regrets les plus amers de l’égarement qui l’avait porté à méconnaître les lois de son pays en refusant de prêter le serment, et il implorait la pitié et la miséricorde de l’Assemblée, l’assurant qu’il était entièrement convaincu de son erreurs et la priant de recevoir son serment qu’il promettait d’exécuter de bonne foi. »
Le président consulta l’Assemblée pour savoir si elle devait, malgré l’atrocité des crimes du dit Hubert, le recevoir à résipiscence, en acceptant son serment. L’Assemblée, considérant que les termes dans lesquels est conçue cette lettre annoncent un repentir réel et sincère, considérant d’ailleurs que ce prêtre a, pendant la durée de son égarement, fanatisé les habitants de sa paroisse et un grand nombre de ceux des paroisses voisines, que les termes de sa lettre et l’authenticité de sa rétractation peuvent retirer les mêmes personnes du précipice où il les a plongées que si lui-même est sincèrement converti, comme il l’assure, il s’empressera sans doute de désabuser les fanatiques qu’il a égarés en se servant pour les éclairer des mêmes lumières qui l’ont ramené à son devoir. Arrête que ce prêtre sera reçu à rétracter au milieu d’elle les erreurs qu’il a professées jusqu’à ce jour ; qu’il réitérera les témoignages de repentir exprimés dans sa lettre et y sera reçu à prêter le serment par lui offert ; qu’il sera tenu de réitérer dans toutes les circonstances possibles sa rétractation et de prouver la sincérité de son repentir par la conduite la plus franche et la plus civique ; qu’il sera tenu de se transporter incessamment dans sa paroisse et par toutes celles où il a répandu le poison de ses précédentes erreurs, là, les rétracter, y prêcher l’égalité et la liberté ; de réparer par tous les moyens possibles des maux qu’il a occasionnés. Arrête en outre que copie de sa lettre sera inscrite à la fin du procès-verbal de ses séances, qu’elle sera imprimée avec sa rétractation, et qu’un exemplaire sera remis, à l’ouverture de la séance de cet après-midi, à chaque électeur qui le publiera dans son canton.
À l’ouverture de la séance de l’après-midi du 6 septembre, J.F. Hubert, ci-devant vicaire d’Avrilly, fut introduit. Il réitéra les prières contenues dans sa lettre, lue à la séance du matin, implora la miséricorde de l’Assemblée, en lui rappelant que toutes les fois qu’un pécheur reconnaissait son erreur, il était de l’humanité de lui pardonner et la pria en conséquence de recevoir le serment suivant qu’il prononça avec toute l’onction d’un homme vraiment repentant. « Je déclare qu’à tort j’ai méconnu les lois de mon pays en refusant le serment exigé par la Constitution de tous les fonctionnaires publics, que mon refus n’a été qu’une suite d’un égarement dans lequel j’ai été entraîné par le fanatisme qui m’aveuglait ; que mieux éclairé, ma conscience me reproche mon égarement ; que je me repens et demande pardon de toutes les fautes qu’il m’a fait commettre ; que mon repentir est sincère et véritable. En conséquence, je jure d’être soumis aux lois de mon pays, reconnais qu’aucunes n’ont jamais pu blesser ma conscience, ni être en aucunes manières contraires aux principes de la religion chrétienne que je professe. Je jure en outre d’être fidèle à la nation française et de maintenir l’égalité et la liberté, ou de mourir en les défendant. ».<br L’assemblée en recevant ce serment, protesta qu’elle n’y avait été déterminée que par la douleur et le repentir manifestés par l’ex-vicaire d’Avrilly et plus encore pour prouver à tous les citoyens qui se sont laissés égarer par les prêtres fanatiques, la mauvaise foi de tous les scélérats et les mettre en garde contre toutes leurs suggestions. Elle arrête en outre qu’aucun autre ecclésiastique ne serait admis à faire le même serment, quelques protestations qu’il puisse faire. Il est facile de critiquer la conduite de l’abbé Hubert d’Auvernay, quand on lit le récit de son reniement, bien tranquillement assis au coin du feu, l’Écho de l’Oratoire à la main et une cigarette aux lèvres ; mais lorsqu’on se reporte au temps où se passèrent les événements et qu’on songe au sort qui attendait les malheureux prêtres réfractaires quand ils étaient découverts, on est tout disposé à excuser les défaillances de la pauvre nature humaine. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir l’étoffe d’un martyr. Nous citerons, à ce propos, ci-dessous l’exemple d’un prêtre martyr de la Révolution que de proches liens de famille rattachaient à Torchamp : l’abbé Hervieu
Lorsque l’ouragan révolutionnaire fut passé, l’abbé Hubert d’Auvernay fit sa rétractation et devint curé d’Avrilly. C’est, dit-on, en grande partie, grâce à lui, que fut rétabli la traditionnelle procession de Saint-Ernier, le lundi de la Pentecôte, procession qui, bien entendu, avait été supprimée pendant la Révolution. On raconte qu’après sa mort, l’abbé Hubert, craignant que son reniement n’ait pas été pardonné, arriva tout tremblant à la porte du Paradis, mais que là il trouva saint Ernier qui prit éloquemment sa défense auprès de saint Pierre. Celui-ci se rappelant d’ailleurs son triple reniement, s’empressa d’ouvrir toute grande la porte du Ciel, au curé d’Avrilly.



Selon les recherches sur le bourg de TORCHAMP du Dr Joseph RÉMON-BEAUVAIS (1874-1959) transcrites,corrigées et complétées par Jean-Louis BOUILLAT [2]

Héraldique

Histoire administrative

  • Département - 1801-2024 : Orne
  • Arrondissement - 1801-1926 : Domfront --> 1926-2024 : Alençon
  • Canton - 1801-2015 : Passais [1856, Passais-la-Conception ... Passais] --> 2015-2020 : Bagnoles-de-l'Orne --> 2020-2024 : Bagnoles de l'Orne Normandie
  • Commune - 1801-2024 : Torchamp

Résumé chronologique :

  • 1801-.... :

Patrimoine.png Patrimoine bâti

Église Notre-Dame-de-l'Assomption


Histoire de l'église de Torchamp à partir de 1821

(d'après les recherches du Dr Rémon-Beauvais)
À l'arrivée en janvier 1821 de Me TEMPIER, qui fut le premier après la Révolution à s'intituler "curé de Torchamp", l'aspect de l'église était très différent de ce qu’il est aujourd’hui. L’église Notre-Dame de Torchamp se présentait alors, en coupe horizontale, sous la forme d’un simple rectangle avec chœur à l’est et nef à l’ouest.

Comparaison entre les 2 églises

Sa superficie n’était pas la moitié de l’église nouvelle puisqu’elle ne comprenait que le transept actuel. Le chœur, dans les sanctuaires anciens, était généralement à l’est dans la direction des Lieux-Saints. Cette règle appliquée à Torchamp donnait ce résultat contraire au bon sens de placer la grande porte du côté de Saint-Mars. L’entrée principale ainsi située était très incommode pour la paroisse et ne rendait même pas service à Saint-Mars séparé de Torchamp par la rivière que ne traversait alors aucun pont, celui-ci ayant été construit seulement en 1870.
Cette grande porte en plein cintre, sans aucune ornementation, bien qu’elle soit depuis longtemps fermée par de la maçonnerie, se voit encore à l’extrémité gauche du transept actuel. Les pierres de taille qui la limitaient, se détachent nettement sur ce reste du mur. Une petite porte était ouverte sur la façade méridionale de la nef dans une situation beaucoup plus pratique pour l’entrée des fidèles. L’église était dominée par un clocher qui avait contenu deux cloches avant la Révolution, mais n’en contenait plus qu’une à l’arrivée de M. le curé Tempier . Le bas du clocher communiquait avec l’intérieur de l’église et était lambrissé. Le maître-autel était en bois peint. Un second autel était dédié à la Vierge. Il y avait à l’arrivée du nouveau pasteur une tribune avec stalles et, dans la nef, des bancs et des bancelles.
Les murs tant du chœur que de la nef étaient à l’intérieur simplement crépis à la chaux. Le sol, dans toutes les parties qui ne recouvraient pas les bancs, les autels ou les confessionnaux, était pavé. Accolé à l’église était le cimetière où était enterrée la grande majorité des paroissiens. Il était planté de quelques arbres fruitiers dont la récolte, en 1832, rapporta 3 Fr.50 à la Fabrique.

En 1838 se présentèrent de grosses dépenses concernant cette église. La population de la paroisse augmentant sans cesse (En 1842 la commune compte 1069 habitants), on avait précédemment, pour créer de nouvelles places, édifié une première tribune. Puis en 1830 on avait été obligé de construire une chapelle pour agrandir encore l’église. Et en 1839 notre vieux sanctuaire est devenu à nouveau trop exigu. Que faire ? On décide finalement, par économie, de faire une fois encore un agrandissement provisoire en construisant une deuxième tribune et, pour remédier à l’assombrissement qui en résulte, on perce deux croisées dans le bas de la nef. Le tout coûte 358 francs.

Les Cloches

La grosse cloche de 1839

La grosse cloche de 1839

Une autre dépense plus importante encore est jugée nécessaire : l’acquisition d’une seconde cloche. L’affaire est exécutée et voilà que le clocher, comme avant la Révolution, est munie de deux babillardes, sujet de légitime fierté pour la paroisse. La nouvelle venue plus belle que sa vieille compagne, devient « la grosse cloche » d’alors . Elle fut nommée à son baptême : MARIE, FRANÇOISE, LOUISE par son parrain Louis Hubert et sa marraine Alix Doynel de la Sausserie. La note s’élevait à 925 francs pour le paiement de la cloche, plus 50 francs de fer nécessaire pour reprendre l’ancienne. Heureusement la caisse de la Fabrique vient précisément de recevoir deux dons qui sont de taille : 500 fr. offerts par par M. Le Broc-Malibert et 200 fr. par Mme Doynel pour le « tombage » de son mari. Un troisième don généreux est également, en 1839, fait à la paroisse. Dans son testament dame Anne Appert, épouse du sieur Guillaume-Jean Rémon, demeurant à Passais, lègue à M. le curé de Torchamp une somme de 250 francs par an pendant trois années consécutives, dont 50 francs pour faire tous les ans un service et dire des messes basses, et 200 francs à distribuer aux pauvres qui assisteront aux services. Malheureusement pour la fabrique, ce don intéressant surtout pour les pauvres, ne peut être employé au paiement de la cloche dont une partie reste impayée.
il est décidé que « chacun donnera ce qu’il voudra, mais pourtant raisonnablement et selon ses moyens. Celui qui refusera de se prêter à cette bonne œuvre sera privé de l’usage de la nouvelle cloche aux baptêmes, mariages, sépultures et services et ne pourra réclamer que le son de l’ancienne cloche comme autrefois ».





La grosse cloche de 1871

La grosse cloche de 1871

Cette cloche de 1839 passera au second rang une quarantaine d'années plus tard avec l'achat d'une seconde cloche plus imposante qui fut baptisée solennellement en 1871 avec l'inscription suivante gravée sur son airain :
1871 nommée Marthe, Alice, Amandine
par le comte DOYNEL et Mme Amandine SOHIER, dame RÉMON-BEAUVAIS.
M. Léon FORGET étant curé de Torchamp.

  • Amandine SOHIER, marraine de cette cloche était la mère du Dr Joseph RÉMON-BEAUVAIS, née à Désertines (Mayenne) le 8 juin 1837 et décédée à Torchamp le 19 janvier 1915
  • Le comte DOYNEL était Olivier Charles René DOYNEL de la SAUSSERIE né à Torchamp le 26 décembre 1820 et décédé à Torchamp le 14 juin 1895






La petite cloche de 1964

La cloche de 1964 Liliane-Monique Martine

Une troisième cloche sera installée en 1964 qui a été nommée LILIANE - MONIQUE - MARTINE avec l'inscription suivante :
J’AI ETE NOMMEE LILIANE-MONIQUE-MARTINE PAR M. LOUIS ROTTIER ET MARIE LEROYER JE CHANTE LA GLOIRE DE DIEU

  • Mr Louis ROTTIER était maire de Torchamp
  • Liliane est la fille de Louis ROTTIER et de Paulette ROCHE, épouse de Jean-Claude BOUVET

Les restes de l'ancienne église

Que reste-t-il aujourd’hui de notre ancienne église qui mérite d’être noté ?
D’abord le transept actuel avec, à chaque bout, ses deux belles fenêtres en granit. Celle de droite est haute et étroite avec des ogives géminées en lancette surmontées d’une rose à quatre feuilles; celle de gauche est également haute et étroite avec deux ogives géminées surmontées d’une rose à quatre lobes peu accentués. Dans cette dernière la forme ogivale à peine marquée se rapproche du plein cintre roman. Ces deux fenêtres ont le précieux avantage de donner l’âge de notre ancien sanctuaire qui, suivant mes très modestes connaissances archéologiques, remonterait au moins au XIIIe siècle.
Un autre souvenir de cette vieille église : un bénitier rustique formé d’un bloc rectangulaire de gros granit, sans aucun caractère archéologique, qui a été transporté à droite de l’entrée de la petite chapelle de Notre-Dame de Lourdes, construite par M. le curé Forget, en bordure de la route de la gare. Sur la face de ce bénitier qui regarde la route, on voit une anagramme religieuse et sur la face qui regarde le chemin du Tertre, on lit le mot LEVEQE, qui doit être le nom de celui qui l’avait donné, peut-être un curé de Torchamp avant le XVIe siècle. Enfin, de l’ancienne église sont aussi les deux autels, heureusement conservés et placés dans le transept. Celui de droite possède une belle statue qui, affirme-t-on, est en bois doré et représente la Vierge portant l’enfant Jésus dans ses bras.

C'est M. le curé FORGET qui restera curé de Torchamp pendant 50 ans environ (1840 à 1896) qui sera le constructeur de la nouvelle église actuelle, sans doute vers les années 1850, sinon dans sa totalité, du moins la plus grande partie.
Le chœur et la nef furent bâtis à neuf. On conserva le vieux sanctuaire, dont on fit, après démolition de la chapelle surajoutée en 1830 et de deux affreuses tribunes, le transept de la nouvelle église. On abattit également l'ancien clocher, qui fut remplacé par le clocher actuel. Maître-autel, stalles, bancs, confessionnaux, tribune, statues, vitraux, harmonium, tout cela fut nouveau. Ce fut une œuvre vraiment considérable. Le Chemin de croix fut acheté par M. le curé Forget vers 1890-1895. Les quatorze stations furent payées par les familles notables de la paroisse. Avant que ces stations disparaissent, on lisait encore sous chaque station le nom du donateur qui l'avait offerte.
Plus tard, M. le curé Poupard, successeur de M. Forget, agrandira la sacristie et embellira le maître-autel.

Mr le curé Joseph MONTEMBAULT, curé de Torchamp de 1922 à 1954, fit pendant toute la durée de sa charge, de très importantes réparations au clocher et surtout à cette église dont l'aspect a été très heureusement modifié.
Les vitraux de l'église qui avaient été pulvérisés en 1944, lorsque les Allemands ont fait sauter le pont du bourg ont été remplacés plus tard. Parmi les vitraux détruits, deux des plus beaux avaient été offerts par la famille Doynek, dont on voyait les armes à la partie supérieure de chacun d'eux.

Calvaire

Repère géographique.png Repères géographiques

Démographie.png Démographie

Coup d'oeil sur une partie de l'État-Civil de Torchamp au XVIIIe siècle

(d'après les recherches du Dr Joseph Rémon-Beauvais, publiées dans l'Écho de l'Oratoire de Notre-Dame de Passais de mai à octobre 1949, transcrites et résumées par Jean-Louis Bouillat)

  • Nombreuses NAISSANCES et terrible mortalité infantile
  • Beaux cas de LONGÉVITÉ : trois centenaires

NAISSANCES

"J'ai eu l'occasion de parcourir une cinquantaine d'années de l'état civil de Torchamp au XVIIIe siècle sur les registres de catholicité tenus sous l'ancien régime par nos curés. Cette succession de baptêmes, mariages et inhumations, toute monotone qu'elle soit, m'a révélé cependant des dignes d'être notés, surtout en ce qui concerne les naissances et les décès. Pour bien apprécier le mouvement de la population de Torchamp à cette époque, il est bon de connaître au moins approximativement le nombre de ses habitants.
Le chanoine Lepaige a publié en 1777 une volumineuse Histoire de la Province du Maine, dont faisait partie notre région du Passais. L'érudit chanoine attribue à Torchamp 660 communiants, c'est-à-dire 660 personnes en âge de communier, ce qui d'ailleurs revient au même, car alors, à part de rarissimes exceptions, tous les paroissiens adultes faisaient, dans nos campagnes, au moins leur devoir pascal. Mais de ces 66 communiants ne peut être tiré qu'approximativement le nombre réel des habitants. À cette époque la première communion devait se faire vers 11 ou 12 ans. Or les enfants au-dessous de ces âges étaient alors très nombreux. J'estime donc que la population totale de Torchamp, devait être vers le milieu du XVIIIe siècle d'au moins 850 habitants.
Des renseignements plus précis sont donnés sur ce point par G. Lasseur dans l'Histoire de Domfront. D'après cet auteur, il y avait à Torchamp en 1774 : 209 feux et 950 habitants.
À titre de comparaison, voici quel était, à la même époque dans les autres paroisses du canton de Passais le nombre des communiants, des feux, et des habitants, d'après Lepaige et Lasseur :

  • La Conception : 1750 communiants---463 feux---2099 habitants
  • St Fraimbault : ---??? communiants---459 feux---2129 habitants
  • L'Épinay : --------??? communiants---204 feux---919 habitants
  • Mantilly : --------2200 communiants---522 feux---525 habitants
  • St-Mars-d'Égrenne: 1900 communiants-446 feux-155 habitants

Pour ne pas ennuyer avec des statistiques sur un demi-siècle, j'ai pris au hasard les 10 années qui suivent :
Année 1733 : Baptêmes 45 - Mariages 10 - Inhumations 10
Année 1734 : Baptêmes 45 - Mariages 11 - Inhumations 14
Année 1736 : Baptêmes 51 - Mariages 5 - Inhumations 33
Année 1737 : Baptêmes 44 - Mariages 5 - Inhumations 39
Année 1738 : Baptêmes 41 - Mariages 6 - Inhumations 39
Année 1739 : Baptêmes 29 - Mariages 8 - Inhumations 17
Année 1740 : Baptêmes 41 - Mariages 4 - Inhumations 15
Année 1755 : Baptêmes 39 - Mariages 9 - Inhumations 30
Année 1756 : Baptêmes 40 - Mariages 4 - Inhumations 23
Année 1757 : Baptêmes 39 - Mariages 7 - Inhumations 21

Cela donne une moyenne annuelle de 41 baptêmes, de 7 mariages et de 24 inhumations. On est surtout frappé par le grand nombre de baptêmes. En 1793, il y en eut même jusqu'à 60. Les inhumations sont, elles aussi, fort nombreuses. Pourtant, malgré le peu d'hygiène, de bien-être, malgré le travail pénible sans machines agricoles, et la nourriture très frugale, on vivait alors aussi longtemps qu'aujourd'hui et même plus. Les décès entre 70 et 85 ans sont très fréquents. Pourquoi donc cette mortalité élevée? L’explication en est simple et donnée par le nombre excessif des inhumations d'enfants. L'âge des inhumés étant assez souvent omis sur les actes des registres, je prends quelques exemples dans les années où ces omissions sont nulles ou peu importantes, en remarquant que les autres années ont approximativement la même mortalité infantile.
En 1739, sur 38 décès (avec 3 omissions d'âge) on compte 17 enfants.
En 1757, sur 21 décès on compte 12 enfants En 1768, sur 39 décès (avec une omission d'âge) on compte 22 enfants.
Chez ces petits anges, la mortalité est surtout effrayante dans la première année, dans les premières semaines. Deux exemples seulement :
En 1757, les 12 enfants décédés meurent respectivement à 3 jours, 4 jours, 10 jours, 20 jours, 1 mois, 3 mois, 10 mois, 11 mois, 22 mois, 2 ans et demi, 3 ans.
En 1768, l'âge des enfants inhumés est de 3 jours, 3 jours, 5 jours, 12 jours, 17 jours, 20 jours, 21 jours, 22 jours, un mois, un mois, 5 semaines, 2 mois, 1 an, 13 mois, 18 mois, 2 ans, 2 ans et demi, 4 ans, 6 ans, 9 ans, 9 ans, 9 ans.
Il est bon de remarquer qu'à cette époque se trouvaient à Torchamp, comme d'ailleurs dans les paroisses voisines, beaucoup plus que de nos jours, des enfants mis en nourrice et venant la plupart de Domfront, les uns envoyés par leurs parents, les autres par l'hospice qui plaçait à la campagne les enfants abandonnés et déposés incognito au "tour" de cet établissement, généralement par des filles-mères. Ces deux sortes de nourrissons contribuaient certes à augmenter le nombre des tout-petits sur lesquels s'abattaient si cruellement les maladies mortelles. Mais baptisés à Domfront avant leur départ, ils n'augmentaient pas le nombre des baptêmes de leurs paroisses hospitalières.
Pour une partie ces décès étaient dus à la variole et aux maladies qui s'attaquaient à l'enfance et tout particulièrement la diphtérie, contre laquelle on était alors à peu près désarmé, maladies dont l'éclosion et la propagation étaient favorisées par l'entassement de nombreuses personnes dans de petites chaumières mal aérées, mal ensoleillées où régnait très souvent la misère. Mais une autre partie des décès, très fréquents qui survenaient dans la première année, doit être attribué à une autre cause, vraisemblablement à l'allaitement au biberon avec les pratiques rigoureuses qu'il exige.
Cependant, malgré les trop nombreux décès, il y avait excédent des baptêmes sur les inhumations, de sorte que la paroisse voyait peu à peu augmenter le nombre de ses habitants. Les ménages de 10 ou 12 enfants étaient chose courante et très rares ceux de 1 et 2 enfants.
Avec la diminution des naissances viendra dans la suite la diminution de la population (cf. le tableau des statistiques de l'INSEE ci-dessous).

LONGÉVITÉ

L'implacable mort qui frappait si durement les enfants avait pour conséquence de faire une sorte de sélection. Les malingres disparaissaient, seuls survivaient les forts. Aussi les décès, après 90 ans, étaient fréquents. Torchamp a même eu l'honneur d'avoir, à cette époque, plusieurs centenaires. Nous trouvons dans nos vieux registres:

  • "Le 25 mars 1763 est inhumé par Me Mitivier, vicaire soussigné, le corps de Julien Le Bossé, âgé de 100 ans."
  • "Le 28 janvier 1769 est inhumé par Me Gosselin, curé soussigné, le corps de Guy Gaumer, âgé de 103 ans."
  • "Le 13 février 1770 est inhumé par Me Gosselin, curé soussigné, le corps de Julienne Le Ray, veuve de Michel Galler, âgée de 104 ans."

J'ajoute que trois ans avant le décès de notre premier centenaire, le 25 mars 1760, Louis Rossignol était inhumé à l'âge de 98 ans. En 1769, l'année de notre 2ème centenaire, Renée Le Cellier, veuve de François Sablerie, décédée à la Sauvagère, fut inhumée le 1er mars 1769 à l'âge de 96 ans. Et en 1770, Marie Domer, veuve de M. Henry Marie, sieur de Becuel, avocat, décédée au Tertre, fut inhumée le 2 mai 1770 à l'âge de 96 ans également. Enfin, deux ans après la mort de notre 3ème centenaire, étaient inhumés deux hommes âgés de 92 ans, le premier Jean Lebossé, décédé à la Soule le 12 mai 1772; le second Guillaume Gaumer, décédé au Noyer, le 12 octobre de la même année. Donc, en résumé, de 1760 à 1772, la paroisse de Torchamp compta trois centenaires (2 hommes et une femme), plus un homme de 98 ans, un homme et une femme de 96 ans et enfin deux hommes de 92 ans. Il est remarquable de constater que ces trois centenaires décédèrent dans l'espace d'un peu moins de sept ans et que les deux derniers vivaient en même temps dans une petite paroisse comprenant alors environ 900 habitants.


Année 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
Population 1 034 939 1 029 1 068 1 018 1 082 1 069 1 060 1 126 1 087
Année 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
Population 1 028 1 005 1 005 1 005 961 936 916 852 816 834
Année 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975
Population 767 632 626 584 605 581 511 462 413 379
Année 1982 1990 1999 2006 2011 2016 2021 - - -
Population 368 331 283 279 295 293 - - - -

Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.

Cf. : EHESS - Fiche Cassini , INSEE 2006, 2011, 2016 & 2018.

Illustrations - Photos anciennes.png En photos

Familles notables.png Notables

Les maires

Prénom(s) NOM Mandat Observations
Pierre BARRÉ de La Gonterie 1792-1793  
Julien LERAY de Malterre 1793-1794  
Guillaume CHAMPINIÈRE 1794-1795  
Louis BERNOU 1795-1796  
Guillaume LENEVEU 1796-1797  
Pierre BARRÉ 1797-1799 Maire jusqu'a sa mort en 1807 ?  
Simon LEBOSSÉ 1799-1810  
François Henry HUBERT des VILLETTES 1810-1820  
M. BEAUDET de la Beaucquetière 1820-1830  
M. RÉMON 1830-1853 Pas d'adjoint au maire jusqu'en 1800. De 1800 à 1907, quelques adjoints au Maire sans date précise : Pierre BARRÉ (1800), M. BEAUDET de la Beaucquetière, M. RÉMON de Belle Vue, M. BOISGONTIER de la Basse Martellière, M. Jules LHOMER de Villette  
Comte
Olivier Charles René DOYNEL de LA SAUSSERIE
1853-14 juin 1895 -Père de René François Gabriel DOYNEL de La SAUSSERIE (Voir paragraphe des titulaires de la Légion d'Honneur)
-chevalier de l'Ordre Pontifical de Pie X
-Fils de François Doynel de la Sausserie, et de Bénonie Doynel de Montécot
-né le 26 décembre 1820 à Torchamp (Orne)
-Marié le 17 décembre 1842, à Gehée (Indre), avec Marie Constance BABIN de LIGNAC
-Décédé le 4 juin 1895 à Torchamp (Orne)  
Alexis HUBERT des VILLETTES entre juillet et août 1895-1907  
Louis BERNOU 1907-1919 -Adjoint au maire :Albert BOISGONTIER des Ardillets  
Auguste LEBOSSÉ de la Richerie 1920-1946 Sa fiche Geneanet[3] - Adjoint au maire:Albert BOISGONTIER des Ardillets jusqu'en 1938 et Victor LEROYER de 1938 à 1946  
Victor LEROYER 1946-1961 Né en 1886
Adjoint au maire :Albert DEROUET de la Martinière, puis de 1959 à 1961 : Louis ROTTIER
Décédé en 1961 - Inhumé dans le cimetière communal.  
Louis ROTTIER 1961-1965 Né en 1912
Adjoint au maire : Joseph HUBERT de Malterre
Décédé en 1965 - Inhumé dans le cimetière communal  
Joseph HUBERT de Malterre 1965-1972 Né en 1911
Adjoint au maire : Léon DURAND
Décédé en 1972 - Inhumé dans le cimetière communal  
Léon DURAND 1972-1985 Adjoint au maire : Louis POTTIER puis Raymond GÉRAULT de 1983 à 1985  
Raymond GÉRAULT 1985-2001 Adjoint au maire : Francis GAUDIN  
Didier LAUNAY 2001-2020 3 mandats -Adjoint au maire : Henriette BEAUDET puis Joël ROGER  
Guy AVRIL 2020- novembre 2021 Démission complète du conseil municipal en novembre 2021  
Didier LAUNAY 5 février 2022-(2026) Élections municipales partielles le 23 janvier 2022 - Didier LAUNAY élu pour son 4ème mandat - Adjoints au Maire : Gérard HUBERT et Emmanuel HAVARD  
- -  

Cf. : Mairesgenweb

Les notaires

Prénom(s) NOM Période Observations
- -  
- -  

La cure de Torchamp

Hypothèse sur l'origine de la paroisse et du bourg de Torchamp

Cette paroisse tire son nom du lieudit : Torchamp, qui était primitivement et est toujours le nom du village où se trouve le château actuel. Il est à présumer que le défrichement de la forêt de Passais dans cette région, commença dans cet endroit, qui, à cause de l’irrégularité du terrain fut appelé Torchamp (Tortus campus). Le défrichement s’étendant progressivement, les hameaux nouvellement construits prirent les noms particuliers qu’ils ont gardés ; mais leur groupement prit, au fur et à mesure de son développement, le nom du premier village et forma la paroisse appelée « Torchamp ».

Se fit alors sentir le besoin d’un desservant religieux et l’on construisit une chapelle ou une église. Mais pourquoi, contrairement à tout bon sens, choisit-on pour son emplacement un point excentrique de la paroisse ? À cette époque de luttes perpétuelles, on construisait, quand il était possible, la maison de Dieu près d’une forteresse qui la protégeait. C’est ainsi que dans notre région, les églises de Lucé, Sept-Forges, de la Baroche sont accolées à leurs mottes féodales, que les églises de Saint-Fraimbault, Saint-Mars sont dans le voisinage de leurs mottes disparues. À Torchamp j’ai précisément découvert en 1919, une motte féodale auparavant ignorée et située dans le voisinage de l’ancien village de Jumilly. Quatre cents mètres environ séparent à vol d’oiseau cette motte, du bourg de Torchamp. La forteresse est disparue depuis longtemps, mais l’église, sa voisine, est restée là où elle est, dans un coin de la commune.

Ancienneté de la paroisse de Torchamp

(Extraits de l’Écho de l’Oratoire et du Canton de Passais (décembre 1931 à mai 1932)
Un long procès a eu lieu un peu après le milieu du XVIIe siècle entre deux prétendants à la cure de Torchamp. : Messire André-Pierre Achard et Messire Jacques Gosselin, le premier patronné par l’abbé de Lonlay et la Cour de Rome, le second par François-Louis-Hector Lesné, seigneur de Torchamp, se disant patron présentateur concurremment avec l’abbaye. M. Étienne Leroyer de la Tournerie, dans le Traité des fiefs, paru en 1784, donne page 453 et suivantes, le compte-rendu de ce procès.
Messire Achard, pour soutenir ses droits, prétendit que le patronage de la cure de Torchamp appartenait aux religieux de Lonlay et il prouva par les actes du chartrier de cette abbaye et par les Registres des Insinuations de l’évêché du Mans, que l’abbé de Lonlay était en possession de présenter à la cure de Torchamp depuis le onzième siècle.
Il y avait donc une cure à Torchamp dès cette époque lointaine. L’abbaye de Lonlay ayant été fondée vers l’an 1020, il en résulte que la paroisse de Torchamp a fait son apparition entre 1020 et 1100.

Privilèges des curés de Torchamp dans les forêts de Passais et d'Andaines

Dans un livre rédigé en 1346, Marie d’Espagne, veuve de Charles II, comte d’Alençon, relate en détail les privilèges dont jouissaient certains personnages dans les forêts de Passais et d’Andaine. On lit que « des curés, recteurs de l’archidiaconé de Passais (donc le curé de Torchamp), avaient droit de prendre en franchise dans ces deux forêts, le bois brisé et volé (c’est-à-dire emporté par le vent), droit aussi de panage (c’est-à-dire de conduire les porcs à la glandée) et d’herbage pour leurs bêtes. En redevance de ces privilèges, les curés et recteurs devaient chaque année, le mercredi d’après la Pentecôte, aller faire au Mans une procession commencée à l’église de la Couture où était enterré Élie, ancien seigneur de Domfront. De là la procession devait se rendre à l’église Saint-Nicolas et enfin à l’église Saint-Jean. »

Quelques renseignements antérieurs au 17ème siècle

  • Raoul de BAZEILLE

Ce prêtre fut curé de Torchamp à une date très lointaine (milieu du XIIe siècle). Surville, dans une « Histoire de Saint-Front », restée manuscrite dont une copie a été communiquée au Dr Rémon-Beauvais, raconte « qu’un Raoul de Bazeille, dont on trouve le testament dans le cartulaire de Beaulieu, fut curé de Torchamp vers 1158 ». Sa famille tirait son nom du village de Bazeille en Lucé ou plus probablement en Saint-Front et Saint-Brice. L’Histoire de Domfront de G. Lasserre, signale un autre Raoul de Bazeille chevalier, qui à la fin du XIIe siècle, fut pris plusieurs fois en délit de braconnage dans les forêts de Passais et fut de ce fait puni par le comte d’Artois, alors seigneur de Domfront. La même Histoire rapporte qu’en 1435 un Geoffroy de Bazeille possédait des biens dans notre région. Cela suffit au moins pour amener tout au moins la conviction que notre pasteur appartenait à une vieille famille noble du Passais Normand et que suivant l’usage du temps, il s’était fait nommer dans une paroisse voisine de la résidence de sa famille.

  • Philippe SUZANNE

Ce prêtre était recteur de Torchamp en 1424, au moment de la donation faite à l’église par Jehan de Villette.

  • Siméon LE BER

En 1459, il est fait mention d'une donation aux Assises de Domfront en qualité de « prêtre curé de Torchamp ». Cet ecclésiastique appartenait à une famille notable de Passais. En 1461, 1463, 1470, c’est-à-dire à l’époque où vivait notre curé de Torchamp, un Jehan Le Ber était receveur du Domaine. En 1486, un Julien Le Ber comptait parmi les officiers du duc René d’Alençon et était garde des sceaux.

  • Jehan de QUINCÉ

Ce prêtre est, lui aussi, cité en 1562 à propos de la fameuse donation de Jehan de Villette comme « curé de Torchamp ». Il ne dut pas rester à la tête de la paroisse longtemps après cette date. En effet, en 1565, fut faite une résignation du Prieuré de l Ferté-Macé en faveur d’un Jehan de Quincé, dit alors chanoine du Mans et ayant passé la cinquantaine. À son tour il résigna le Prieuré de la Ferté-Macé en 1575 (extrait d’une Notice manuscrite de l’abbé Lemoine, curé du Perrou). Jehan de Quincé appartenait à une famille de vieille noblesse, qui tirait son nom du fief de cette appellation en la Baroche-sous-Lucé. Deux membres de cette maison, Joachim et Louis de Quincé, bien connus dans l’histoire locale, furent, au XVIIe siècle, en même temps que d’insignes bienfaiteurs de Domfront, d’illustres ambassadeurs et chefs militaires.

La cure de Torchamp du XVIIe siècle à la fin de la Révolution

Sources de cette notice indiquées par le Dr Joseph Rémon-Beauvais concernant la cure et les curés de Torchamp :

  • Notes prises à la mairie de Torchamp et aux Archivesdu du Notariat de Domfront.
  • Ouvrage manuscrit d'Almire Bernard, notaire à Ambrières vers la moitié du XIXe siècle : (Notes sur des communes et des personnages du Passais Normand)
  • Ouvrage manuscrit de Chambay, avocat à Domfront (Notes et document sur Domfront et ses environs pendant la Révolution)
  • Thèse de doctorat de H. Hamon, conseiller général et maire de Passais (La vie municipale dans les communes du canton de Passais pendant la Révolution)

Généralités sur le clergé
Le clergé se recrutait à peu près uniquement dans la noblesse et la bourgeoisie, sans doute parce que ces classes fortunées étaient seules capables de subvenir aux frais d’instruction et d’entretien du futur prêtre, qui, jusqu’à ce qu’il fut arrivé à la prêtrise et quelquefois après, ne gagnait rien , et qu’aussi seules elles pouvaient lui donner ce qu’on appelait un « titre sacerdotal », sorte de dot que le père ou le tuteur fournissaient au clerc tonsuré et qui consistait généralement dans le revenu d’une terre.
Remarquons qu’à cette époque (tout au moins pendant une grande partie du XVIIe siècle) les clercs, faute de séminaires qui n’existaient pas, ou s’ils existaient ne fonctionnaient pas comme aujourd’hui, continuaient à résider chez leurs parents et recevaient leur instruction chez des prêtres de leur voisinage, lesquels transmettaient tant bien que mal à leurs élèves la science religieuse nécessaire pour recevoir la prêtrise.
Quand le jeune clerc avait reçu l’ordination sacerdotale, il n’était pas pour cela, comme de nos jours, pourvu aussitôt d’un poste rémunérateur.
Il y avait certes de nombreuses paroisses à fournir de vicaires ou de curés, de nombreuses chapelles à fournir de chapelains, mais la proportion des prêtres à placer était alors encore plus grande. Aussi voyait-on dans toutes les paroisses plusieurs prêtres habitués ou prêtres libres quelquefois vieux mais souvent jeunes qui demeuraient sur leurs terres où ils avaient une retenue ou petite faisance valoir. Empêchés par leurs occupations ou séparés de l’église par des chemins trop longs ou pitoyables, ces prêtres libres ne disaient parfois leur messe que le dimanche.
Sous l’Ancien Régime l’instruction des enfants n’était pas, comme actuellement, obligatoire et donnée par des instituteurs et institutrices. Le plus souvent l’école était faite par le Clergé, généralement par un prêtre libre habitant la paroisse. Si le prêtre libre ou prêtre habitué restait souvent sans fonction rétribuée, en revanche le même prêtre curé ou vicaire était quelquefois titulaire de deux postes rémunérateurs. Il était par exemple curé et chapelain, accumulant alors les revenus attachés aux deux bénéfices. Le vicaire était choisi par le curé qui le payait, le chapelain par le fondateur de la chapelle ou ses héritiers, le plus souvent des laïques nobles ou bourgeois. Le prêtre titulaire d’une chapelle touchait de ce fait un revenu net en argent ou le revenu d’une terre affectée à la fondation. Pendant la durée de ses fonctions il choisissait le fermier, faisait les baux à sa guise, mais était tenu de faire les réparations aux bâtiments de la ferme qu’il devait laisser en bon état à son successeur. Un prêtre pouvait être nommé chapelain ou curé sans avoir été préalablement vicaire. Le curé était tantôt nommé directement par l’évêque, tantôt nommé après présentation par le patron présentateur de la cure qui était un seigneur (ordinairement le seigneur du lieu) ou un abbé, souvent un abbé commendataire tel que l’abbé de Lonlay.
Lorsqu’une cure à présentation devenait vacante, le patron dont dépendait l’église présentait à l’évêque un candidat pour le bénéfice ecclésiastique devenu libre. L’évêque avait simplement un contrôle canonique sur la capacité du présentateur et à plus forte raison sur celle du clerc, mais il était tenu de faire la nomination et d’accorder le bénéfice, c’est-à-dire dans la circonstance la cure, au candidat présenté par le patron, pourvu que la présentation fut régulière et que le prêtre fut reconnu idoine, c’est-à-dire propre à la fonction. Le pape lui-même, comme nous le verrons à propos d’un curé de Torchamp, était obligé de retirer son candidat devant le candidat du patron présentateur.
Ce choix des curés et des chapelains par les patrons présentateurs et le choix des vicaires par les curés explique ce fait que curés, chapelains et vicaires étaient le plus souvent des prêtres de la région ou même de leur paroisse natale et aussi qu’ils étaient souvent du nombre des parents, des amis du patron et du curé. Parenté, amitié, voisinage étaient des titres qui primaient le mérite. Le curé une fois pourvu de sa cure, quels étaient ses moyens d’existence, la source de ses bénéfices ? C’étaient comme aujourd’hui : les messes, le casuel (mariages, inhumations, etc…) mais aussi le revenu de la fabrique et des bancs et surtout de la dîme. Cette rétribution, payée par les paroissiens, était au début égale au dixième des récoltes, des salaires, etc… Mais à l’époque qui nous occupe elle était devenue bien inférieure au dixième et correspondait plutôt au vingtième, tenant malgré cela la place la plus importante dans les revenus des curés. En somme, comme de nos jours, les besoins de la cure étaient couverts en grande partie par les dons des paroissiens. La dîme d’alors était un denier du culte non volontaire mais imposé. Le logement des dîmes nécessitait un important bâtiment. La grange dimeresse de Torchamp était l’importante construction qui sert actuellement d’étable et écurie à la ferme du bourg. En dehors de ces revenus que j’appellerai « ecclésiastiques », rien n’empêchait d’ailleurs le curé, pour augmenter ses moyens d’existence, d’avoir une petite faisance valoir. À côté des revenus, le curé avait des charges inhérentes à sa fonction. Nous avons vu qu’il payait son ou ses vicaires que bien entendu il nourrissait aussi. Il était tenu de faire à ses frais les réparations au presbytère et aux divers logements presbytéraux. Il avait des impositions, des frais de récolte, des frais de maison. Ses déplacements par des chemins impraticables l’obligeaient à avoir un cheval. C’est en selle, en effet, qu’il allait administrer les sacrements aux malades. Il ne faut pas oublier enfin que les pauvres étaient très nombreux à cette époque et qu’alors la mendicité n’était pas interdite. Le presbytère de tout temps a été la maison du pauvre. Les aumônes certainement comptaient pour une part importante dans les dépenses du curé
Bref, sous l’Ancien Régime, comme de nos jours, le Clergé des campagnes n’était pas riche. Il jalousait bien un peu le haut Clergé : prélats, abbés, gros bénéficiaires, et ce fut la raison pour laquelle le bas Clergé vit dans son ensemble avec plaisir l’évènement de la Révolution qui promettait l’abolition de tous les privilèges.
Les fonctions des curés aux XVIIe et XVIIIe siècles étaient au point de vue religieux les mêmes qu’aujourd’hui. Au point de vue administratif, ils tenaient aussi, comme de nos jours, des registres où ils notaient ou faisaient noter par leurs vicaires, les baptêmes, mariages et inhumations de leurs paroissiens, registres qui sont d’un grand intérêt pour les chercheurs. Les registres d’état civil des mairies n’ont en effet commencé leur apparition qu’à la Révolution. Sans les précieux registres tenus par le Clergé, nous ne saurions rien des baptêmes, mariages et inhumations de l’ancien régime et ce serait là une immense lacune heureusement comblée par les curés et leurs vicaires.
Ces registres pour la paroisse de Torchamp commencent en 1612, mais malheureusement souvent rédigés avec une peu trop de brièveté, tels ce quelques exemples recopiés sur ces premiers registres.

  • Mois de Mai 1612 : Marguerite, fille d'André DOMER et de Michelle PERRIER a été baptisée par nous vicaire l 21 du dit mois et an. Parrain: Jean Domer le Tertre, marraine: Guillemine Beaudet
  • Année 1612 - Ernier DOMER a été mis en sépulture dans le cimetière de Torchamp le 29 mai.
  • Année 1612 - Jeanne RÉMON vivant femme de François du Boullay a été inhumée dans l'église de Torchamp le 4 novembre.
  • Année 1622 - Jean DOMER et Jeanne POUCHARD ont été épousés le 3 octobre.

À mesure qu'on approche de la Révolution, les registres donneront de plus en plus de détails : l'âge, le lieu d'habitation, les noms des père et mère des baptisés, des mariés, des inhumés, ainsi que les noms des témoins.
Dans mes manuscrits de famille, je retrouve deux testaments, l'un de 1642 fait devant Maître Louis Duval, prêtre curé de Torchamp, l'autre de 1731 devant Me Jean-Baptiste Combray également curé de Torchamp. Il en résulte que les curés avaient alors le droit, comme de nos jours les notaires, de recevoir les testaments de leurs paroissiens. (ces manuscrits sont parvenus jusqu'à nous).
Cette charge de curé était inamovible. et lui appartenait s’il le voulait jusqu’à sa mort. Il ne la quittait que de son plein gré, de sa seule initiative :sa démission, par acte notarié, était faite au patron présentateur. Il résiliait sa fonction pour raison de santé, de vieillesse, et le plus souvent pour se faire présenter à un autre bénéfice qu’il jugeait plus intéressant pour lui. Dans sa résiliation, il désignait quelquefois son successeur, mais le candidat désigné n’était pas obligatoirement le candidat présenté par le patron dont le choix primait celui du curé démissionnaire.

Curés, vicaires et prêtres habitués de la paroisse de Torchamp de 1600 à la Révolution Le premier curé actuellement connu de la paroisse de Torchamp fut:

  • Guillaume BRÉARD, qui consentit en 1607 la résignation de son bénéfice au profit de
  • Jehan BEAUDET, que nous voyons le 16 juin 1607 (alors qu’il n’était encore que successeur désigné de Guillaume Bréard) assister à la prise de possession de la cure de Domfront par Guillaume Merel. Jehan Beaudet ne prit lui-même possession de la cure de Torchamp (de Torto Campo) que le 15 juillet 1607. On peut supposer qu’il était membre d’une famille Beaudet qui à cette époque habitait en Torchamp le village de la Pouplinaie.
  • Louis DUVAL est curé de Torchamp de 1612 là 1651.

Inhumé dans léglise le 8 mars 1651, on not ce qu'il a écrit au début de cette année dans le registre paroissial : « au mois d’août 1629, j’ai fait remaçonner le pignon de ma grange dîmeresse » et au mois de septembre 1641 « prolongation a été donnée par Monseigneur du Mans, pour célébrer la première messe dans la chapelle de la maison de Torchamp . »
Il s’agit là évidemment de la chapelle du château, lieu alors connu sous le nom de « fief de Torchamp » ou simplement de « Torchamp ». Cette dernière note de Louis Duval ne manque pas d’intérêt en montrant que, pendant une période peut-être longue, une messe fut célébrée dans cette chapelle, sinon chaque jour, du moins les dimanches et fêtes. Les châtelains et aussi tous les paroissiens âgés ou infirmes, dont les villages se trouvaient au-delà du château, pouvaient ainsi, à leur grande satisfaction, éviter les 1500 mètres de mauvais chemins qui les séparaient encore du bourg. C’était là une chose appréciable en tous temps, mais surtout pendant l’hiver.. Il eut pour successeur :

  • François DUVAL , sans doute parent du précédent qui est dit curé de Torchamp en 1655, 1658.

Pendant la durée des fonctions de Louis et François Duval, nous trouvons comme prêtres habitués :
Jacques LE MAIGNY, vicaire. Une famille de ce nom habitait Torchamp ou une paroisse voisine.
Mathurin BARRÉ, sans doute de la famille Barré des Hautes-Hayés, en Torchamp.
Julien LE SAULNIER
Guillaume VILLETTE qui est dit sous-diacre en 1644. Une famille Villette demeurait alors en Torchamp au village de la Bêlière.
À François Duval succéda :

  • François DUPONT qui se qualifiait « sieur de la Bonnelière » est dit curé de Torchamp dès 1659 jusqu'en 1688 et sans doute plus tard.

François Dupont était, par sa mère, cousin d’Anne Germont, femme de Henri Laîné, seigneur de la paroisse. Depuis longtemps les familles Dupont et Laîné vivaient en très mauvaise intelligence et déjà Henri Laîné, très connu pour son caractère violent, en était venu aux mains avec son parent Anne Dupont, à propos d’un héritage. De son côté François Dupont avait, comme curé de Torchamp, des raisons particulières de brouille avec la famille Laîné. Celle-ci, en effet, refusait de payer à l’Église une rente de la donation qu’avait faite autrefois Jehan de Villette, dont Anne Germont était héritière en partie.
Un jour, le 26 septembre 1690, le curé rencontrant la femme et la fille d’Henri Laîné, eut avec elles une grave altercation « les outragea odieusement et les blessa sérieusement ». Bien entendu, le batailleur Henri Laîné prit la défense des deux victimes, « se porta aux dernières insolences envers le curé et lui rendit avec usure les coups qu’il avait distribués à la femme et à sa fille, et comme les prêtres ne se battaient pas en duel, le sieur de Torchamp intenta à François Dupont un procès criminel ». Il résulta de cette affaire qu’Henri Laîné fut envoyé réfléchir à l’ombre de la prison ecclésiastique de Rouen (renseignements dus à l’amabilité de M. A. Lafontaine).

  • René VERRAQUIN

René Verraquin est signalé comme « Curé de Torchamp » en 1672. Il ne semble pas avoir rempli longtemps cette fonction. Il a François Dupont comme prédécesseur et comme successeur, de sorte qu’il parait avoir tenu la cure seulement pendant une absence de ce dernier.

Guy POTTIER originaire de Torchamp, fils de Jean Pottier et de Julienne Le Cellier qui possédaient des biens à la Fosse-Louve et à la Sauvagère.
Jean COURTEILLE, qui, après avoir été prêtre à Torchamp, fut chapelain de la Prestimonie Cadin à Saint-Front, enfin prieur-curé de Saint Front. Ce prêtre dévoué fonda un hospice et une école à Saint-Front, et aussi de petites écoles à Passais. Enfin, en collaboration avec Me Pierre Bidois, prêtre, licencié ès-droits, il fonda le collège de Domfront.
Jean BARRÉ, sans doute un parent de Mathurin Barré que nous avons vu plus haut.
Louis BEAUDET, peut-être parent lui aussi de Jehan Beaudet, le second curé de Torchamp.
Julien LE VANNIER, prêtre habitué.

  • Siméon RÉMON et annexe sur ses importantes missions

(bien qu'il n'ait pas été curé de Torchamp, mais seulement prêtre habitué, il est important de décrire ici l'importance des missions remplies par lui dans le doyenné de Passais) Siméon RÉMON, originaire de Torchamp où il fut baptisé le 7 septembre 1646, était fils de Noël Rémon, sieur du Domaine, et de Marguerite Douyet, son père et sa mère faisant partie de la bourgeoisie rurale.
En 1668, il est dit sous-diacre et demeurant au Domaine en Torchamp. Devenu prêtre, il est vicaire à la Haute-Chapelle, où nous le trouvons en 1681 et 1684. Tout en étant vicaire de cette paroisse, il est chapelain de l’obit ou prestimonie Cadin, fondé en l’église de Saint-Front. Enfin il est nommé au bénéfice-cure de Rouellé dans la première moitié de 1685.
Tout d’abord il s’occupe de l’instruction des fidèles par les missions, se met en campagne, trouve l’argent nécessaire et, en 1683, alors qu’il était simple vicaire de la Haute-Chapelle et modeste chapelain de la Prestimonie Cadin à Saint-Front, il fonde une mission qui devait être prêchée tous les ans dans le Doyenné du Passais à dix lieues à la ronde de Domfront, mission qui ne pouvait être faite par moins de 6 prêtres à la fois et devait durer sept à huit semaines. Une rente annuelle de 300 livres (grosse rente pour l’époque) était affectée à cette œuvre d’évangélisation populaire.
À la même époque Siméon Rémon obtenait à Domfront la cession d’un pavillon à usage de cabaret sur le coteau de la Brière, pour faire de ce pavillon une chapelle destinée à ses missionnaires, chapelle qui fut la plus ancienne du diocèse du Mans dédiée au Sacré-Cœur.
C’est dans cette dernière fonction qu’il décéda âgé seulement de 41 ans fin de 1687 ou commencement de 1688.

Après François Dupont, la cure de Torchamp fut occupée par :

  • Jean-Baptiste COMBRAY. Ce prêtre prit possession de sa charge en 1694. Il fut inhumé à Torchamp le 9 avril 1738, dans le chœur de l’église, âgé de 75 ans après avoir été curé de Torchamp pendant 44 ans. Pendant son ministère nous constatons encore dans la paroisse la présence de nombreux prêtres.

Pendant son ministère nous constatons encore dans la paroisse la présence de nombreux prêtres.

Jean-Baptiste DOMER, originaire de Torchamp, y est prêtre habitué en 1719.
Guy-Michel Rémon, également originaire de Torchamp, né au Domaine en 1673 du mariage de Guillaume Rémon, sieur du Domaine et de Jeanne Pottier. Guy-Michel Rémon fut d’abord vicaire à Cigné où nous le trouvons en 1707 et 1709. De 1713 à 1723 il est à Torchamp soit comme vicaire soit comme prêtre habitué. Il est encore dit prêtre habitué en 1717 et vicaire de Torchamp en octobre 1730. Il fut inhumé à Torchamp en 1733.
Jean LEBOSSÉ est dit vicaire à Torchamp en 1711 et 1713.
Julien MAIGNAN, en 1711 et 1713 est dit procureur de la Fabrique
Julien VAIDIE fut prêtre habitué en 1711-1713 puis vicaire de Torchamp au moins de 1717 à 1724 et fut inhumé à Torchamp le 2 janvier 1733 à 55 ans.
Louis GERMONT est dit vicaire de Torchamp en 1733, 1734.
Jacques DESLANDES est dit prêtre à Torchamp en 1726.
Jean LEVESQUE est dit prêtre à Torchamp en 1734.
Michel ROMAIGNÉ fut vicaire à la fin du ministère de Jean-Baptiste Combray et continua son vicariat sous son successeur.
À Me Jean-Baptiste Combray succéda comme curé de Torchamp :

  • Jean-Baptiste DOMER, fils de Pierre Domer, sieur du Tertre, avocat, procureur en la juridiction de Domfront et de Marquise de la Goulande, né au village du Tertre et baptisé le 8 octobre 1688, en 1710 est donné comme clerc habitant à Torchamp. En 1719 il était prêtre habitué dans sa paroisse natale. En 1737 il est chapelain de la Prestimonie Cadin à Saint-Front. C'est en 1738 qu’il succéda à J.B Combray dans la cure de Torchamp, ce qui ne l’empêcha pas de rester jusqu’à sa mort chapelain de la Prestimonie Cadin, cumulant ainsi les bénéfices d’une cure et d’une chapelle. Malgré le cumul de ses deux bénéfices, auxquels s’ajoutait sa fortune personnelle, Jean-Baptiste Domer ne s’enrichit pas. En 1759, âgé de plus de 70 ans, perclus par la goutte, il est au lit grabataire et aussi, hélas ! couvert de dettes. Se sentant dans l’impossibilité de remplir désormais les fonctions de son bénéfice-cure, il passe le 10 août 1759 devant Guillaume Hedou, notaire royal et apostolique, demeurant à Domfront, une procuration à l’effet de résigner sa cure en faveur de M André-Pierre Achard, sieur des Hautes-Noës, paroisse de Saint-Mars-d’Egrenne, sous la réserve d’une rente annuelle de 400 livres.

le 10 avril 1760 a lieu l’inventaire au presbytère de Torchamp où le pauvre curé « est détenu au lit par la goutte et accablé d’infirmités ». On constate alors que J.B. Domer ne dispose que de 170 livres provenant tant du grain qu’il a fait vendre que de ce qu’il pouvait posséder auparavant, laquelle somme est trouvée dans l’armoire de la cuisine et dans la poche de sa culotte. Ces 170 livres sont bien insuffisantes pour payer les créanciers au nombre desquels se trouvent : Me la Brière, son vicaire, son grand domestique Jean Maignan, à qui il est dû 67 livres pour trois années de gages, sa servante Marie Lehec, son petit domestique Jacques Dupont et un nommé Siméon Villette, rouëttier.
François Domer, son neveu, sera donc obligé de vendre les meubles, grains et effets qui se trouvent appartenir à son oncle au dit presbytère et parmi lesquels il y a deux vaches dans l’étable et deux selles dans l’écurie (le cheval est depuis longtemps vendu). Seront exceptés de la vente : le lit en tombeau sur lequel le dit sieur Domer est couché, tous ses draps au nombre de 27. Sa servante Marie Lehec déclare d’ailleurs qu’ils sont presque tous pourris par les infirmités du malheureux grabataire qui a besoin d’être changé cinq à six fois par jour. Seront exceptées également les serviettes, au nombre de 120, jugées nécessaires aux soins du malade, ainsi que ses chemises au nombre de 27. L’inventaire a lieu en présence de messire André-Pierre Achard, curé actuel du dit Torchamp, de Me Pierre-Paul Crué, vicaire et de Louis-Augustin Lebossé, prêtre de la paroisse de Saint-Fraimbault.
Le curé de Torchamp se trouvait ainsi pour les dernières semaines de son existence dans la plus pitoyable des situations. Sa santé et sa fortune étaient complètement effondrées et il allait finir misérablement ses jours à la charge de son neveu. Il ne tarda pas, d’ailleurs, à mourir au Tertre, et fut inhumé à Torchamp le 17 avril 1760.

Pendant la durée des fonctions de Me Jean-Baptiste Domer, nous voyons comme vicaires ou prêtres habitués de Torchamp : Michel ROMAIGNÉ, déjà vicaire sous le précédent curé. Il cesse de signer en avril 1741.
Guy-Henri RÉMON, qui, fils de Henri Rémon, sieur du Domaine et de Anne Cousin, naquit au Domaine, paroisse de Torchamp, en 1713. Il était neveu de Me Guy-Michel Rémon et de Me Guy Pottier, que nous avons vu plus haut. Guy-Henri Rémon mourut jeune, à 30 ans, en 1743.
BOISGONTIER est vicaire à partir de 1741. Il l’est encore en 1751.
Georges FOUQUÉ est vicaire de 1751 à 1757.
Brice PIERRE, de Pailpré. La famille Pierre appartenait à la bourgeoisie de Champsecret. Elle habitait le village de Pailpré, dont elle avait pris le titre. Brice Pierre, après avoir été le vicaire de Me Jean-Baptiste Domer, lui succéda comme chapelain de la Prestimonie Cadin, à Saint-Front.
LA BRIÈRE est également cité au nombre des vicaires en même temps que les créanciers de J.B. Domer. La Brière est le même que Pierre-Paul Crué sieur de la Brière, dit vicaire en avril 1763.
POTTIER, vicaire en 1758.

  • André Pierre ACHARD, écuyer, sieur des Landes et des Hautes-Noës

Ce prêtre naquit à Saint-Mars-d’Égrenne du mariage de Jacques-Louis Achard, seigneur des Hautes-Noës et de la Regellerie, garde du roi, et de demoiselle François-Louise du Bailleul. Il fut tonsuré au Mans l’an 1755 et reçut de son père son titre sacerdotal le 7 décembre 1757, devant Me Guillaume Hedou, notaire à Domfront. Il occupa d’abord la cure de Torchamp, puis celle de Saint-Ellier-du-Maine, enfin la cure de Saint-Mars-d’Égrenne.
Lutte d'influence entre sa désignation par Jean-Baptiste Domer et le Seigneur de Torchamp.
Après sa désignation par Jean-Baptiste Domer comme nouveau curé de Torchamp passée devant notaire le 10 août 1759, désignation approuvée par la Cour de Rome, André Pierre Achard se croyait bien solidement établi dans la cure Notre-Dame de Torchamp. Mais il avait compté sans le patron présentateur. Le 21 décembre 1759, par acte au rapport du même notaire, messire François-Louis-Hector-Magdeleine LESNÉ, chevalier, seigneur de Torchamp, Jumilly, Champeaux, etc…, demeurant en son château de Torchamp, vu que la cure de Torchamp est devenue vacante par la résiliation qu’en aurait faite Me Jean-Baptiste Domer, en faveur du sieur Achard, au mépris des droits du seigneur patron, lequel Achard aurait pris depuis possession du dit bénéfice, déclare présenter à l’évêque du Mans la personne de Me Jacques Gosselin, prêtre, vicaire de Domfront.
Et le 12 janvier 1760, toujours devant le notaire Hedou, Jacques Gosselin prend possession de la cure de Torchamp dont il a été pourvu par l’évêque diocésain, en présence de Me Charles Le Tourneur, sieur de la Vannerie, curé de Domfront, promoteur de l’officialité du Mans, de Jean-Baptiste Gosselin, frère du dit Jacques Gosselin, et Henri Pottier, sieur du Noyer.
Lorsque Me Jean-Baptiste Domer fut décédé, messire Lesné, de Torchamp, fit une nouvelle présentation de ladite cure à Gosselin le 27 juillet 1760, ce qui fit suivi d’une prise de possession nouvelle à la date du 30 juillet de la même année. Messire Achard forma opposition aux deux prises de possession de Jacques Gosselin. Il avait, comme curé de Torchamp, commencé à signer les registres de la paroisse dès le mois d’octobre 1759. En 1760 et 1761, il s’intitule toujours curé de Torchamp, mais ce fut Me Gosselin qui définitivement garda la cure, disputée d’ailleurs jusqu’à son décès.
Pendant le peu de temps que messire Achard exerça les fonctions de curé de Notre-Dame de Torchamp nous trouvons comme vicaires :

Pierre-Paul CRUÉ, qui, présent à une inhumation à St Roch le 17 avril 1763, est dit sieur de la Brière et vicaire de Torchamp.
MÉTIVIER vicaire fin 1762 et commencement 1763.

  • Jacques GOSSELIN

Ce prêtre, ancien vicaire de Domfront, qui avait vu son titre de curé de Torchamp, disputé pendant toute la durée de ses fonctions, mourut en 1775. Il eut pour vicaires :
A. GUILLOT de la MOTTE, qui fut vicaire quelques mois
GOSIN déjà vicaire sous le précédent curé.

  • René Jean de MILLET

Ancien vicaire de Saint-Pierre-des-Nid, René-Jean de Millet fut présenté à l’évêque du Mans le 27 octobre 1775, par messire François Lesné, chevalier seigneur patron de Torchamp, seigneur de Jumilly, etc… en réitération d’une présentation déjà faite devant Michel-François de Beauvaix, notaire royal à Neuilly, Domfront n’ayant pas alors de notaire apostolique.

René-Jean de Millet prit possession le 11 janvier 1776 devant Guillaume Hedou, notaire à Domfront, de la cure de Notre-Dame de Torchamp, vacante par le décès de Me Jacques Gosselin, en présence de Me Michel-François Romaigné, prêtre vicaire de la paroisse, du sieur Jean-Baptiste Jouanne de la Croix, chirurgien à Domfront, de Siméon Deslandes et de Jean Lebossé, paroissiens de Torchamp. Le nouveau curé appartenait lui aussi à une famille des environs, la famille de Millet du Bois-Blondel, en la Baroche-sous-Lucé.

Le 1er août 1788, au château de Torchamp, devant Guillaume Hedou, notaire royal et apostolique pour la résidence de Domfront, Me René-Jean de Millet, prêtre et curé de Torchamp et y demeurant, déclara donner sa démission de la cure de cette paroisse sous l’invocation de Notre-Dame, dont la présentation appartenait , depuis la mort de François-Louis-Hector Lesné, à son gendre, messire René-François-Jean comte Doynel, chevalier seigneur de Torchamp, la Sausserie, Rubesnard, la Nocherie, Saint-Gilles-des-Marais, Saint-Mars-d’Égrenne, patron honoraire de la Haute-Chapelle, chevalier de Saint Louis, maître de camp de cavalerie et premier capitaine du régiment de Noailles, lequel avait épousé le 20 septembre 1773 noble dame Madeleine-Marie Lesné. Cette démission avait été donnée par messire de Millet, attendu qu’il avait été présenté au seigneur évêque du Mans, pour la cure de Madré devenue vacante, par messire Louis-Gabriel Pitard, chevalier seigneur de la Brisolière, Sept-Forges, Loré, de Housseau, Bretignolles, patron présentateur de ladite cure de Madré alternativement avec le chapitre de la Cathédrale du Mans, lequel chapitre avait présenté Me Laumonier dernier curé. L’acte de démission fut fait en présence de Me François Domer, conseiller du roy, lieutenant du quart bouillon, notaire royal de Torchamp, et de François Hurel, tous deux paroissiens du dit lieu.
René-Jean de Millet était toujours curé de Madré au moment où éclata la Révolution. Il fut chargé en mars 1789 de participer à la rédaction du cahier des doléances du Clergé à l’Assemblée des Trois-Ordres qui se réunit à Alençon le 16 mars 1789.
Il refusa de prêter le serment pur et simple appelé « serment schismatique » décrété le 27 novembre 1790. Dès lors catalogué comme prêtre réfractaire, il fut en partie la cause involontaire de l’odieux assassinat, à la Chapelle-Moche, de son frère Gaspard de Millet, par de sauvages révolutionnaires.

Pendant son ministère à Torchamp il eut pour vicaires :
Michel-François ROMAIGNÉ, déjà vicaire de de Me Jacques Gosselin. Il fut inhumé à Torchamp le 18 janvier 1785.
Julien BIDARD qui était vicaire en 1785.
GOSSELIN déjà vicaire sous le précédent curé.
OUTIN

  • Ambroise MOTTAY

Ambroise Mottay, prêtre habitué à Domfront, qui succéda à René-Jean de Millet, fut présenté à l’évêque du Mans le 2 août 1778 par messire René-François-Jean comte Doynel, suivant acte devant Guillaume Hedou, notaire à Domfront, passé en présence du sieur Roland Gaupuceau, contrôleur des actes, et du sieur Antoine Burel, marchand bourgeois de Domfront. Il prit possession de la cure le 11 août 1788 suivant procès-verbal dressé par le même notaire.
Il dut donner sa démission peu de temps après, car le 18 octobre 1788, suivant acte toujours passé devant le même notaire, messire René-François-Jean Doynel présenta au seigneur évêque du Mans pour la cure de Torchamp, vacante par démission, la personne de Me André-François Navet, prêtre du diocèse d’Avranches, demeurant à Saint-Brice. Mais Ambroise Mottay dut presque aussitôt retirer sa démission, car en 1790 il était de nouveau curé de Torchamp alors que Me Navet était curé de Saint-Gilles-des-Marais.

En 1789, Ambroise Mottay fut au nombre des députés du clergé chargés de porter le cahier des doléances à l’Assemblée d’Alençon et de nommer les députés aux États-Généraux. Mais il ne s’acquitta point de son mandat et se fit remplacer par Nicolas Hardy, curé de Saint-Mars-d’Égrenne. Il parait certain que Me Ambroise Mottay, comme d’ailleurs un nombre important de la petite noblesse et du bas clergé et la plupart des membres de la bourgeoisie, se montra partisan, au moins au début, du mouvement révolutionnaire. En effet, lorsque la Constituante par loi du 14 décembre 1789 eut aboli les anciennes assemblées municipales et les remplaça par des municipalités fondées sur de nouvelles bases, Me Mottay, aux élections du 6 février 1790, se laissa élire maire et fut ainsi le premier maire de Torchamp. Mais, dès la fin de l’année, voyant les événements révolutionnaires prendre une tournure de plus en plus avancée, il donna sa démission et fut remplacé par François Rémon du Domaine.

Il restait cependant encore partisan de la Révolution, car il prêta serment pur et simple, appelé « serment schismatique ». Ajoutons à son éloge qu’il ne tarda pas à se rétracter.
Monsieur Hamon, dans son ouvrage La vie municipale dans les Communes du Canton de Passais pendant la Révolution, donne les revenus de la cure de Torchamp en 1790, revenus qui furent vérifiés le 14 janvier 1791 par le commissaire du gouvernement et estimés à 1819 livres.
Pendant les fonctions d’Ambroise Mottay, nous trouvons pour le clergé de la paroisse :
P.C.F. OUTIN, déjà vicaire sous Jean de Millet
LEFÈVRE du bourg, qui était vicaire en 1787 et fut élu en 1790 membre de la municipalité dont son curé était maire.
DELAUNAY qui est dit simplement prêtre à Torchamp. Il refusa de prêter le serment schismatique. Il se rétracta dans la suite.
LE ROYER qui était vicaire en 1790 et prêta, comme Ambroise Mottay, le serment schismatique.
Jacques LEBOSSÉ, vicaire en 1792, originaire de Saint-Mars-d’Égrenne, qui prêta le serment schismatique et fut élu le 22 mars 1792 curé constitutionnel de la Croiseille. Ayant refusé ce poste, il accepta un peu plus tard la cure de Couesmes. Malgré une vive opposition, il put se maintenir dans ce poste jusqu’en 1793. Il se qualifiait alors d’officier public. Il revint à Saint-Mars-d’Égrenne le 29 novembre 1794. Il y résidait encore en 1801.

  • Michel MAUNOURY
    , curé schismatique de Torchamp

Ambroise Mottay ayant rétracté son serment ne pouvait plus être toléré par le régime révolutionnaire. Il dut, d’après Chambay, avoir pour successeur l’abbé Maunoury, qui prêta non seulement le serment schismatique, mais aussi le « serment de haine » et obtint l’autorisation d’exercer le culte dans la paroisse de Torchamp.
Des renseignements puisés dans l’Histoire de la paroisse de Saint-Bômer, par l’abbé Mauviel, permettent de donner la biographie de ce curé assermenté, de la paroisse de Torchamp.
Michel Maunoury était originaire de la paroisse de Saint-Bômer où il naquit vers 1756. Lorsqu’il reçut l’ordination sacerdotale, il fut pris pour vicaire en 1788 par son compatriote Charles-Bonaventure Barbotte, qui était curé d’Aron (Mayenne).
Quand survint la Révolution, le curé et le vicaire prêtèrent le serment constitutionnel sans restriction. L’abbé Maunoury prononça même en cette circonstance le discours suivant :
« Le moment est arrivé où chacun doit s’énoncer clairement. Périsse le respect humain ; que la conscience seule en présence du Juge des vivants et des morts parle et s’explique ! La Loi exige aujourd’hui que, dans le temple et en qualité de fonctionnaire public, je prononce le serment civique décrété et prononcé par elle. Nulles considérations extérieures et redoutables ne m’en détournent. Mon cœur seul dit que je le puis, et que par conséquent, je le dois. La suite m’apprendra si mon cœur se trompe. Quoi qu’il arrive, je ne puis croire que je me repente un jour d’avoir franchi le pas, n’ayant en vue que mon devoir, la gloire de Dieu et la réforme des abus. Je suis catholique et le serai jusqu’à la mort. Je n’ai jamais étudié que l’Évangile et je tâche de pratiquer ses maximes ; j’aime la paix, je hais la dispute et l’ai en horreur. J’aime la Sainte Église de toute mon âme et je désire son triomphe. Me sauver moi-même et sauver mes frères par la méditation et la pratique de la loi de Dieu, voilà tout mon attrait, voilà tout mon but. Du reste je ne juge personne, je ne condamne personne. Me juge qui voudra et comme il le voudra, peu m’importe ! J’en appelle à Dieu qui connaît jusqu’aux plus secrètes pensées de nos cœurs. En conséquence, pour satisfaire au décret du 27 décembre dernier, je jure de remplir mes fonctions avec exactitude ; d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et sanctionnée par le Roi. »
L’abbé Maunoury curé intrus de Torchamp, prête le 4 juin 1798 le 3ème serment imposé aux prêtres le 29 septembre 1795 :

« Le 16 Prairial an VI de la République Française, devant nous agent et adjoint municipal de la commune de Torchamp, est comparu le citoyen Michel Manoury membre du culte catholique, lequel fait la déclaration dont la teneur suit : je reconnais que l’universalité des citoyens français est la souveraine et je promets soumission et obéissance aux lois de la République. Nous lui avons donné acte de son serment et de ce qu’il entendait exercer ses fonctions dans l’église de Torchamp.
Délivré par nous le dernier jour de Vendémiaire an VII. Signé : P. Barré, adjoint. (Registre du Tribunal de police correctionnelle de Domfront).

Michel Maunoury fut d’abord curé constitutionnel de Dompierre, où il exerça aussi des fonctions civiles, puis de Torchamp, sans qu’il soit possible de dire combien de temps il resta curé schismatique de cette paroisse. Peu de temps sans doute, car c’est seulement le 4 juin 1793 qu’il obtint l’autorisation d’exercer le culte à Torchamp, culte que la Révolution allait bientôt supprimer complètement. En tout cas, la crainte des chouans qui l’avaient menacé lui fit abandonner l’isolement de la campagne. Il se retira à Domfront et plus tard au logis de Montpatry (St-Bômer)., où Thomas-Jacques de Roussel et Renée de Bois Parcys son épouse lui donnèrent une bienveillante et studieuse hospitalité, le chargeant de compulser et classer les abondants parchemins de leur chartrier.

Me Maunoury curé constitutionnel jusqu’à la fermeture des églises, enseigna à lire et à écrire aux enfants. Il fut nommé professeur au collège de Domfront. En 1806, il professait la cinquième et la sixième (Pays.Bas.Normand – 19ème année N°1 p 73-74).

La Révolution passée, Michel Maunoury rétracta ses serments schismatiques, car il devint curé de Saint-Rigomer-des-Bois, où il mourut le 24 novembre 1834, âgé de 78 ans.

La cure de Torchamp après la Révolution

En 1794 la révolution balaya les curés intrus eux-mêmes et ne reconnut plus que le culte de la Raison. On abandonna églises et presbytères. L’argenterie, les ornements, tous les objets de quelque valeur furent, par ordre, transférés à Domfront. Les cloches furent dépendues et fondues pour en faire des canons. On dévasta, on profana les églises. Les presbytères furent loués puis vendus au profit de la nation ainsi que les fabriques. La religion catholique en France n’était plus qu’un souvenir et il semblait bien qu’elle était anéantie pour toujours.
Le presbytère de Torchamp fut d’abors, d’après l’abbé Boissey (Histoire de Passais-la-Conception), loué pour la somme dérisoire de 30 sous. Le 1er nivôse an III (21 décembre 1694) Guillard-Champenière loua pour 25 francs par an le presbytère et son jardin (archives de la Recette des Domaines). Il s’y passa alors un événement tout à fait imprévu pour un presbytère. On lit, en effet, dans les registres de l’état civil de Torchamp que le 12 Floréal an IV (1er mai 1796), Marie Gaumer, âgée de 34 ans, femme de Guillaume Rémon, journalier domicilié au presbytère, y donna naissance à une fille qui reçut le nom de Françoise.
Quelques mois plus tard, le 8 Fructidor an IV (25 août 1796), le presbytère de Torchamp et ses dépendances étaient mis en vente par le département de l’Orne. Cette vente comprenait la maison ci-devant presbytérale, grange, étable, four, fournil, cour et jardin à légumes, plus une portion de terre en pré sise aux environs de la Houardière, le tout situé en la commune de Torchamp et tel et tout ainsi qu’ils appartenaient aux cy-devants curés. Le tout fut acheté par le citoyen Pierre-jean Guillard-Champinière, propriétaire demeurant en la commune de Domfront au prix de 2090 francs.
Quelques jours après, le 19 Fructidor an IV (5 septembre 1796), devant Hedou notaire, le citoyen Guillard-Champinière revendait tout ce qu’il venait d’acheter. Il le revendait pour le prix de 1150 livres, payables en monnaie métallique, au citoyen Henri Rémon-Provostière, demeurant en la commune de Torchamp.
Le 1er Brumaire an V (22 octobre 1796), devant le même Hedou notaire, le citoyen Henri Rémon-Provostière cédait au citoyen Siméon Rémon du Rocher son frère, demeurant à Torchamp, la moitié de la maison ci-devant presbytérale, la moitié de la grange et étable, le four, fournil, cour, jardin à légumes, plus la moitié de la portion de pré de la Houardière. Cette vente était faite moyennant le prix de 600 livres présentement payée en écus de six livres, monnaie métallique.
Enfin, le 13 août 1808, Henri Rémon-Provostière, propriétaire à Torchamp, vendait à François Vaidie fils Guillaume, une grange et une écurie formant mêlés le corps de bâtiment, l’aire au-devant, une boulangerie, un toit à porcs, un jardin à légumes derrière le presbytère de Torchamp, enfin une portion de pré séparée par une haie d’avec celle appartenant au sieur Siméon Rémon du Rocher dans le pré de la Houardière, le tout pour le prix de 324 francs. L’acquéreur était tenu de souffrir le passage à toute nécessité dans l’aire ci-dessus près le mur du cimetière pour accéder à la maison dite le ci-devant presbytère de Torchamp. Les bâtiments dont il est question ici, paraissent être les bâtiments de la ferme du Bourg, actuellement séparés par la route.
Ainsi, en France, non seulement il n’y avait plus de clergé (sinon les prêtres qui, au péril de leur vie, exerçaient leur ministère en cachette), mais les presbytères eux-mêmes et leurs dépendances étaient aliénés et réduits à l’état de demeures quelconques. Quant aux églises, après avoir été dévastées, elles servaient de lieux de réunions publiques, de magasins ou étaient purement et simplement abandonnées.
Mais Le 15 juillet 1801, le premier consul Bonaparte signait avec le pape un concordat qui reconnaissait la religion catholique, apostolique et romaine comme la religion de la majorité des Français, assurait son libre exercice et la publicité de son culte.

La cure de Torchamp de la fin de la Révolution' à 1840

(cf. L'Écho de l'Oratoire de N.D. de Passais - mars à décembre 1947)

La tourmente révolutionnaire avait laissé après elle, dans toutes nos paroisses, de grands dégâts tant spirituels que matériels. Grâce au zèle des prêtres qui, au péril de leur vie, avaient, en se cachant, célébré la messe, prêché et administré les sacrements, grâce aussi à ce que la foi était profondément enracinée dans nos campagnes, la religion n’avait pas été anéantie, comme la Révolution l’avait espéré, la foi était même restée très vive chez un grand nombre. Pourtant la masse de la population qui, pendant plusieurs années, n’avait pu profiter des bienfaits de la religion ou n’avait pu le faire qu’irrégulièrement, était devenue peu à peu indifférente. Quelques-uns même, séduits par les théories anti-chrétiennes abondamment répandues autour d’eux, étaient franchement hostiles. Par ailleurs, les presbytères avaient été vendus comme biens nationaux ; les églises, profanées et restées sans entretien, étaient dans un lamentable état de délabrement ; les ornements et vases sacrés le plus souvent n’existaient plus ; une ou plusieurs cloches avaient été descendues des clochers et fondues pour faire des canons ; les autels, les statues, les confessionnaux, les stalles, les bancs avaient été plus ou moins endommagés, quelquefois détruits.
En ce qui concerne la paroisse de Torchamp, nous ne savons presque rien sur le rôle spirituel du clergé après la Révolution. Mais un document malheureusement trop tardif (il ne commence qu’en 1820) et aussi trop court (il finit dès 1839), le Registre du Conseil de Fabrique aimablement communiqué par l'abbé Montembault, curé de Torchamp, donne une idée de ce que fut l’importance de la tâche matérielle accomplie par nos prêtres desservants ou curés ainsi que par nos conseillers de fabrique.

  • Me Julien FOURREAU et Me DAVID

De 1801 à 1820, deux desservants se succédèrent à la cure de Torchamp :
Me Julien Fourreau, de janvier 1801 à août 1810, et Me David, ancien vicaire de Saint-Front, de 1812 à 1820. Il y eut entre leurs deux ministères un intervalle d’un an et demi, pendant lequel l’administration des sacrements fut faite par les prêtres des paroisses voisines.
Le 4 avril 1813, on procéda à la désignation des membres du Conseil de Fabrique. Furent nommés : François Hubert, président ; François-Jean Rémon, secrétaire, François Chauvin, trésorier, Henri Rémon, membre ordinaire, et Hubert la Brosse, membre de droit en sa qualité de maire ; le desservant était alors Me David, aussi membre de droit.
Pendant cette longue période qui va de 1802 à 1820, on n’a pas de détails sur ce qui fut fait. On apprend seulement que le sieur Chauvin, trésorier, avança les fonds pour les réparations de l’église, réparations qu’on ne précise pas, et aussi avança quatre années de location du presbytère (la paroisse n’avait donc pas alors de presbytère lui appartenant). Il en coûta en tout au sieur Chauvin 1286 francs, somme qui, en tenant compte des prix de l’époque, suppose des réparations très importantes.
Durant la Révolution, beaucoup de baptêmes avaient été donnés en cachette par des prêtres zélés et courageux . De nombreux mariages avaient été bénis dans les mêmes conditions. Le registre des baptêmes et mariages montre que Mes Fourreau et David, en plus de leurs fonctions ordinaires, s’employèrent à réhabiliter les mariages et à baptiser sans condition tous ceux qui ne purent prouver d’une façon suffisante qu’ils l’avaient été. Ainsi fut régularisée la situation religieuse d’un bon nombre de paroissiens.

  • Me TEMPIER

Ce prêtre fut le premier depuis la Révolution à s’intituler « curé » de Torchamp, ses deux prédécesseurs étant désignés sous le nom de « desservants ». Il exerça son ministère de janvier 1821 à septembre 1833.
Au commencement de 1822, M. le curé Tempier et ses marguilliers achetèrent un presbytère et y firent les réparations nécessaires. Ce fut sans doute l’ancien presbytère qui, pendant la Révolution, avait été vendu comme bien national. Concernant l'église, une moitié de la charpente fut refaite et l’autre moitié réparée. En 1823 on réforma divers abus touchant les sonneries des inhumations. Chacun, paraît-il, usait de la cloche gratuitement et aussi longtemps qu’il le voulait. C’était là un reste de l’anarchie révolutionnaire, un abus qu’il y avait lieu évidemment de supprimer. Il fut donc arrêté que désormais il ne serait accordé qu’une heure et demie de sonnnerie pour chaque décès, savoir : une demi-heure d’avertissement ou d’agonie, une autre demi-heure, douze heures après la mort et une dernière demi-heure lors de l’inhumation. Un supplément d’argent devait être payé par ceux qui useraient plus longtemps de la cloche. En revanche, le sacristain, pour les pauvres, sonnait et creusait les fosses gratuitement.
Vu la pénurie de prêtres, MM Fourreau et David desservirent seuls la paroisse. Le premier vicaire n’apparut que dans la seconde moitié de 1824. Chose nouvelle : le vicaire qui, autrefois, était à la charge de son curé fut désormais à la charge de la Fabrique. Payer son traitement fut dès lors une grosse affaire pour la caisse paroissiale.
Aussi, en 1825, le Conseil des Marguilliers reconnait qu’il lui est impossible de prendre sur les fonds dont il dispose et qui sont déjà totalement absorbés par les dépenses ordinaires, l’argent nécessaire pour payer le vicaire et décide d’en informer le Maire ainsi que le Conseil municipal, après que, si possible, la commune soit imposée pour venir en aide à la fabrique.
En 1826, les Marguilliers décident, pour l’église, de refaire à neuf ou réparer des bancs, pour le presbytère de paver la cuisine et de mettre un plancher à la salle à manger et au cabinet avoisinant.
En 1830, toujours des réparations à l’église. Le Conseil de Fabrique déclare « qu’elles sont urgentes, l’édifice étant dans le plus triste état, que les différer serait exposer la paroisse à ne plus avoir d’offices, attendu qu’il y aurait danger à y assister ». On refait à neuf la couverture du clocher ainsi que les lambris de sa charpente. On refait également le tombeau au tabernacle du maître-autel dont il y a lieu par ailleurs de raccorder et repeindre la boiserie. La nef et le chœur doivent être recrépis et blanchis à la chaux. Enfin, chose plus importante, la grandeur de l’église ne correspondant plus au nombre des paroissiens, la construction d’une chapelle est reconnue indispensable.
En 1831 on dote l’église d’une chaire neuve.

Toutes ces dépenses, auxquelles s’ajoutait toujours le traitement du vicaire, ne purent être couvertes par les recettes de la Fabrique. On dut encore demander à la commune de faire une imposition spéciale et au ministère des Affaires Ecclésiastiques d’accorder un secours. À ces gros frais s’en ajoutèrent en fin d’année de moins imposants comme la réfection du plancher de la sacristie, réparations aux fonts baptismaux, réparation au pavage de l’église autour des fonts, devant l’autel de la Vierge et à l’entrée du chœur, réparations aux croisées aux marches d’un escalier, enfin réparations au presbytère.
M. le curé Tempier signe pour la dernière fois la délibération du Conseil de Fabrique le 24 septembre 1833 et, à côté de sa signature, apparait la signature de son successeur, M. Lhermitte. Le Conseil est alors composé de Charles Rémon, président, Pierre Vaidie, secrétaire, ; J. Leneveu, trésorier ; F. Vaidie, L. Hubert et F. Hubert maire.

  • Me LHERMITTE

Le nouveau curé, en prenant ses fonctions, bénéficia de toutes les dépenses faites par son prédécesseur et n’eut d’abord à faire que des travaux et des acquisitions relativement modiques. En 1834 façon d’un escalier et d’une entrée de chambre au presbytère. En 1835 et 1836, acquisition d’ornements. En 1837, acquisition d’un Chemin de Croix dont l’érection fut faite par M. le Curé de Saint-Gilles. Il s’agit du Chemin de Croix très simple qu’on voyait encore il y a une cinquantaine d’années mais qui sera remplacé par Lle Chemin de Croix actuel, acheté par M. le curé Forget vers 1890-1895. Les quatorze stations furent payées par les familles notables de la paroisse.
En 1838 se présentèrent à nouveau de grosses dépenses. La population de la paroisse augmentant sans cesse (En 1842 la commune compte 1069 habitants), on avait précédemment, pour créer de nouvelles places, édifié une première tribune). Puis en 1830 on avait été obligé de construire une chapelle pour agrandir encore l’église. Et en 1839 notre vieux sanctuaire est devenu à nouveau trop exigu. Que faire ? On décide finalement, par économie, de faire une fois encore un agrandissement provisoire en construisant une deuxième tribune et, pour remédier à l’assombrissement qui en résulte, on perce deux croisées dans le bas de la nef. Le tout coûte 358 francs.

Une autre dépense plus importante encore est jugée nécessaire : l’acquisition d’une seconde cloche. L’affaire est exécutée et voilà que le clocher, comme avant la Révolution, est munie de deux babillardes, sujet de légitime fierté pour la paroisse. La nouvelle venue plus belle que sa vieille compagne, devient « la grosse cloche » d’alors . Elle fut nommée à son baptême : MARIE, FRANÇOISE, LOUISE par son parrain Louis Hubert et sa marraine Alix Doynel de la Sausserie. La note s’élevait à 925 francs pour le paiement de la cloche, plus 50 francs de fer nécessaire pour reprendre l’ancienne. Heureusement la caisse de la Fabrique vient précisément de recevoir deux dons qui sont de taille : 500 fr. offerts par par M. Le Broc-Malibert et 200 fr. par Mme Doynel pour le « tombage » de son mari. Un troisième don généreux est également, en 1839, fait à la paroisse. Dans son testament dame Anne Appert, épouse du sieur Guillaume-Jean Rémon, demeurant à Passais, lègue à M. le curé de Torchamp une somme de 250 francs par an pendant trois années consécutives, dont 50 francs pour faire tous les ans un service et dire des messes basses, et 200 francs à distribuer aux pauvres qui assisteront aux services. Malheureusement pour la fabrique, ce don intéressant surtout pour les pauvres, ne peut être employé au paiement de la cloche dont une partie reste impayée.
il est décidé que « chacun donnera ce qu’il voudra, mais pourtant raisonnablement et selon ses moyens. Celui qui refusera de se prêter à cette bonne œuvre sera privé de l’usage de la nouvelle cloche aux baptêmes, mariages, sépultures et services et ne pourra réclamer que le son de l’ancienne cloche comme autrefois ».
Mais la méthode ne donna pas le résultat escompté. Le Conseil de Fabrique, malgré sa répugnance à le faire, en fut réduit encore une fois à recourir à la commune.

La cure de Torchamp après 1840

M. FORGET
Ce prêtre qui restera curé de Torchamp pendant 50 ans environ (1840 à 1896) sera le constructeur de la nouvelle église actuelle, sans doute vers les années 1850, sinon dans sa totalité, du moins la plus grande partie.
Le chœur et la nef furent bâtis à neuf. On conserva le vieux sanctuaire, dont on fit, après démolition de la chapelle surajoutée en 1830 et de deux affreuses tribunes, le transept de la nouvelle église. On abattit également l'ancien clocher, qui fut remplacé par le clocher actuel. Maître-autel, stalles, bancs, confessionnaux, tribune, statues, vitraux, harmonium, tout cela fut nouveau. Ce fut une œuvre vraiment considérable. Le Chemin de croix fut acheté par M. le curé Forget vers 1890-1895. Les quatorze stations furent payées par les familles notables de la paroisse. Avant que ces stations disparaissent, on lisait encore sous chaque station le nom du donateur qui l'avait offerte.
Plus tard, M. le curé Poupard, successeur de M. Forget, agrandira la sacristie et embellira le maître-autel.

Les Curés et Vicaires de Torchamp : tableau récapitulatif jusqu'à la Révolution


Prénom(s) NOM Période Observations
Raoul de BAZEILLE vers 1158  
Philippe SUZANNE 1424  
Siméon LE BER 1446-1459 -Relevé Généanet AD61 1J857 - Torchamp (Orne, France) - Autres  
Jehan de QUINCÉ 1562  
Guillaume BRÉARD avant 1607  
Louis du VAL ou DUVAL 1612-1651 Prêtre curé de Torchamp inhumé dans l'église le 8 mars 1651  
Jacques Le MAIGNÉ 1612-1614 Vicaire  
Jean de la MOTTE - Prêtre inhumé dans l'église le 25 janvier 1614  
Mathurin BARRÉ 1625 Prêtre habitué en 1625, puis vicaire en 1631  
André BARRÉ 1641 Prêtre inhumé dans l'église le 2 juin 1641  
Guillaume VILLETTE 1644 Sous-diacre  
René VERRAQUIN 1666-1672 Prêtre curé de Torchamp  
Julien LE SAULNIER 1669 Vicaire, inhumé dans l'église le 12 mai 1669  
Julien LE SAULNIER (neveu du précédent) 1672 Prêtre habitué  
Pierre LE CELLIER 1669 Prêtre  
Marin LE CELLIER 1669 Prêtre  
Guy POTTIER 1669 Prêtre  
Jean BARRÉ 1669 Prêtre  
Siméon RÉMON 1669 Diacre  
Jean COURTEILLE 1669 et 1672 Prêtre  
Louis BARRÉ 1671 Prêtre  
Guy POTTIER 1672 Prêtre  
Guillaume BRICHARD 1672 Sous-diacre  
François DUPONT 1673-1694 Prêtre curé de Torchamp inhumé dans l'église le 27 novembre 1694  
Siméon RÉMON 1673-1694 Prêtre qui dessert l’église de Torchamp en l'absence de François DUPONT  
Jean BARRÉ 1673-1694 Prêtre qui dessert l'église de Torchamp en l'absence de Franço1s DUPONT, comme Siméon RÉMON  
Jean LE BOSSÉ 1680 Prêtre  
Jean-Baptiste COMBRAY 1694-1738 Prêtre curé de Torchamp, inhumé dans l’église le 9 avril 1738 à l'âge de 75 ans  
Charles CHERAULT- 1712 Prêtre  
Jean LEBOSSÉ 1711, 1713 Vicaire  
Guy Michel RÉMON 1713 à 1723 Vicaire, puis prêtre habitué après 1723  
Guy RÉMON 1725, 1730 Vicaire  
Jean ou Julien VAIDIE 1724 Prêtre habitué, décédé en 1733 à 55 ans  
Jean LEVESQUE 1734 Prêtre  
Michel ROMAIGNÉ 1937jusqu'à avril 1741 Vicaire  
Jean Baptiste DOMER mai 1738 à mai 1759 Prêtre curé de Torchamp, inhumé le 11 mai 1759  
N... BOISGONTIER 171 à 1751 Vicaire  
N.. FRÉMONT 1749 Vicaire  
Georges FOUQUÉ 1751 à 1757 Vicaire  
N... FAVERIE 1755 Vicaire  
Brice Pierre DE PAILPRÉ 1756 à 1758 Vicaire  
N... POTTIER 1758 Vicaire  
Paul CRUÉ-LA-BRIÈRE 1759 à 1763 Vicaire  
Pierre MONTAUFRAY 1755 Clerc tonsuré  
Nicolas POTTIER 1756 Clerc tonsuré  
André Pierre ACHARD des Hautes Noës 1759 à 1761 Prêtre curé de Torchamp  
Jacques GOSSELIN 1761 à 1775 Prêtre curé de Torchamp, inhumé dans l’église le 14 octobre 1775  
MÉTIVIER fin 1762 et courant 1763 Vicaire  
A. GUILLOT DE LA MOTTE 1763- Vicaire après MÉTIVIER  
Michel François ROMAIGNÉ 1776 à 1785 Vicaire après A. Guillot de la Motte, décédé le 18 janvier 1785  
René Jean de MILLET 1175 à août 1788 Prêtre curé de Torchamp  
GOSSELIN 1776 Vicaire  
Julien BIDARD 1785-1786 Vicaire  
G.C.F. OUTIN 1786 Vicaire  
LE ROYER 1790 Vicaire  
Jacques LEBOSSÉ 1792 Vicaire  
Michel MAUNOURY Prêtre schismatique  

Curés et Vicaires de Torchamp après la Révolution, à partir de 1801 - Tableau récapitulatif

Prénom(s) NOM Période Observations
Julien FOURREAU 1801 à 1810 Prêtre curé de Torchamp sans vicaire  
DAVID 1812 à 1820 Prêtre curé de Torchamp sans vicaire  
LHERMITTE 1833... Prêtre curé de Torchamp avec des vicaires se succédant (un seul à la fois)  
Léon FORGET ... à 1896 Prêtre curé de Torchamp avec des vicaires se succédant (un seul à la fois)  
Mr BEAUDOUIN 1874 à 1880 Vicaire  
Mr LEMARIE vers 1880 Vicaire  
Mr Auguste BIDARD vers 1884 Vicaire à Torchamp et curé de La Courbe  
Mr Ambroise MADELINE vers 1888 Vicaire, mort de typhoïde à Torchamp  
Mr Auguste GOUJARD vers 1895 jusque vers 1919 Vicaire puis curé de Loré  
Émile POUPARD 1896 à 1922 curé desservant/ né en 1846, mort fou- Pas de vicaire dans les dernières années de Mr Poupard  
Joseph MONTEMBAUT 1922 à 1954 Prêtre curé de Torchamp sans Vicaire  
Gustave CHRISTOPHE 1954 à 1960 Prêtre curé de Torchamp. Après 1960, l'abbé CHRISTOPHE a été nommé curé à La Chapelle d'Andaine  
Georges BAYER 1960 à 1977 à partir de 1977, plus de curé à Torchamp. Le presbytère a été loué par la commune à des particuliers jusqu'à ce jour.  
Charles LEBRUN de 1977 à 1982 L'abbé LEBRUN est venu régulièrement à Torchamp pour assurer les messes dominicales et les autres célébrations : baptêmes, mariages, sépultures }. Jusqu'en 1982, il résidait à Saint-Front, puis fut nommé curé à St Bômer-les-Forges.  
Louis GAHÉRY jusqu'en 2013 Prêtre curé de St Mars d'Égrenne, St Roch-sur-Égrenne St Jean-des-Bois. Il résidait à St Mars d'Égrenne  
Plus de messe dominicale depuis 1983 Une seule messe dominicale deux fois par an, lorsque le mois de l'année comporte 5 dimanches  

Selon les recherches sur le bourg de TORCHAMP du Dr Joseph RÉMON-BEAUVAIS (1874-1959) transcrit par Jean-Louis BOUILLAT [4]

Les titulaires de la Légion d'honneur

Médaille - Légion d'honneur.png
Prénom(s) NOM Naissance Décès Observations
René François Gabriel
DOYNEL de La SAUSSERIE
11 juin 1849
Torchamp (Orne)
12 mai 1896
Léhon (Côtes-d-Armor)
Ancienne commune
a fusionné avec Dinan (Côte-d'Armor) en 2018

-Fils de Olivier Charles René DOYNEL de LA SAUSSERIE et de Constance Marie BABIN de LIGNAC
-Marié le 19 septembre 1842 à Gehée (Indre) avec Marie Gabrielle Delphine de GRENAUD de SAINT CHRISTOPHE
-Dossier - Capitaine au 4e bataillon de la garde mobile de la Manche - Maréchal des logis au 6e régiment de chasseurs
-Inhumé dans le cimetière communal de Torchamp, avec son épouse.  
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Les titulaires de la Légion d'honneur liés à la commune

Médaille - Légion d'honneur.png
Prénom(s) NOM Naissance Décès Observations
Christian Georges DELAPLACE 6 février 1897
Paris (7e)
13 Août 1944
Torchamp (Orne)
-Fils de Georges Alphonse DELAPLACE et de Jeanne Mathilde FIAULT
-Capitaine
-Décorations: Légion d'Honneur (1932) - Médaille militaire (16/06/1920) - Croix de guerre - Médaille coloniale agrafe Maroc 1925 - Médaille d'Orient - engagé volontaire pour la durée de la guerre le 18/10/1914 à Argentan (61) - Campagne contre l'Allemagne jusqu'au 23/10/1919 - Haute-Silésie du 01//03/1922 au 31/07/1922 - Au Maroc en guerre du 12/09/1925 au 31/08/1926 - Diverses opérations au Maroc, en Tunisie et en mer jusqu'en 1932 - Lieutenant au 18ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais en 1932[5]
-Fiche des Personnels de l'aéronautique militaire - ✞
-Fiche victime civil
-relevé Mémorial GenWeb
-Décoré de la Légion d'Honneur - Dossier Léonore aux Archives Nationales
-Son nom figure sur le monument aux morts de Torchamp en tant que victime civile en 1944  
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Soldats nés dans la commune et ayant servis dans les armées de Napoléon 1er de 1802 a 1815

Prénom(s) NOM Naissance Décès Observations
François BERNOU 28 mai 1792 - -Domestique
-Fils de Michel BERNOU et de Jeanne BARRÉ
-Fiche - Matricule n°8111 - Fusilier au 39e régiment d'infanterie de ligne  
Pierre BRODIN 1790 30 juin 1811
Hôpital de l'évéché de Pampelune (Espagne)
-Fils de Jean BRODIN et de Julienne LEFEVRE
-Fiche - Matricule n°5483 - Fusilier au 44e régiment d'infanterie de ligne - Mort des suites de fièvres  
Mathieu CHAMPAIN 9 mars 1790 9 février 1810
Malines (Escault)
Mechelen, Antwerpen (Belgique)
-Fis de Louis CHAMPAIN et d'Anne POITIER
- Fiche - Matricule n°5481 - Fusilier au 44e régiment d'infanterie de ligne - Mort des suites de fièvres
-entré à l'hôpital de Malines le 5 décembre 1809, décédé le 9 février 1810
-Extrait militaire mortuaire émanant de l'hôpital miltaire temporaire de Malines (Escault) en Belgique  
Simon DESLANDES 7 novembre 1791 - -Domestique
-Fils de Simon DESLANDES et de Jeanne POTIER
-Conscrit de l'an 1811
- Fiche - Matricule n°10399 - Fusilier au 25e régiment d'infanterie de ligne
-Présumé prisonnier en Russie en 1812.  
Siméon HÉRY 11 janvier 1792 - -Laboureur
-Fils de Jean HÉRY et de Marie MARÉCHAL
-Fiche n°1 Matricule 8109 - Fusilier au 39e régiment d'infanterie de ligne
- Fiche n°2 Matricule n°777 - Voltigeur au 37e régiment d'infanterie de ligne  
Julien François JARDIN 28 septembre 1767 - -Fils de Jean JARDIN et de Julienne LECHEVALIER
-Fiche - Matricule n°142 - Fusilier au 60e régiment d'infanterie de ligne  
Julien LEBLANC 8 novembre 1790
Ceaucé (Orne)
11 janvier 1868
Ceaucé (Orne)
Laboureur
-Noté sur le registre militaire, né à Torchamp, en réalité il est né à Ceaucé (Orne), le 8 novembre 1790, Dernier domicile avant la conscription de 1814, hameau de "La Briardière", commune de Torchamp
-Marié le 24 janvier 1821, à Ceaucé, avec Jeanne Perrine Anne LELANDAIS
-Fils de Julien LEBLANC et de Geneviève " Julienne " LETISSIER
Fiche - Matricule N°1242 - Fusilier au 59e régiment d'infanterie de ligne (ex 63e régiment d'infanterie de ligne)  
François LEROUX 16 juin 1777 - -Fils de François LEROUX et de Françoise TOUCHE
-Fiche - Matricule n°878 - Fusilier à la 70e demi-brigade de ligne  
Mathieu MAIGNAN 5 mars 1788 - -Fils de Jean MAIGNAN et de Françoise MARTEL
- Fiche - Matricule n°4576 - Fusilier au 46e régiment d'infanterie de ligne
-Passé au 120e régiment d'infanterie de ligne le 1er juillet 1808.  
François MAIGNEN 5 février 1792 - -Domestique
-Fils de François MAIGNEN et de Marie BERNOULT
-Fiche - Matricule n°1842 au 138e régiment d'infanterie de ligne
-Fait prisonnier le 21 mai 1813 au cours de la bataille de Bautzen (Allemagne)  
André MARTEL 29 juin 1792 11 février 1813
Dantzig (Pologne)
-Fiche - Matricule n°8074
-Décédé par suite de pernicieuse (le typhus), au cours du Siège de Dantzig (aujourd'hui Gdansk)  
Jean François MAIGNAN 20 janvier 1790[6] 17 juillet 1810
-Fils de Jean MAIGNAN, laboureur, et de Jeanne MAIGNAN
- Fiche - Fusilier au 47e régiment d'infanterie de ligne, 4e bataillon, 4e compagnie, sous le matricule n°6741.
-Entré à l'hôpital de San Félice et Grande (Portugal), le 16 juillet 1810, et décédé le lendemain
-Extrait mortuaire émanant de l'hôpital de San Félice et Grande (Portugal)  
Julien MEIGNAN 18 août 1787 2 août 1809
Vienne (Autriche)
-Domestique
Fils de Charles MEIGNAN et de Marie MORTIER
- Fiche - Matricule n°6051 - Conscrit de l'an 1807, arrivé au 21e régiment d'infanterie de ligne le 14 mars 1807, a fait les campagnes des années 1807, 1808 et 1809
-A été blessé à la bataille de Wagram[7] (village à 15 km au nord de Vienne), le 6 juillet 1809, et est décédé à l'hôpital militaire de Vienne (Autriche), le 2 août 1809.  
Pierre MOTTIER 28 février 1791 - -Domestique
-Fils de Michel MOTTIER et de Jeanne MARTEL
- Fiche - Matricule n°2154
-Prisonnier à la Bataille de Lützen, le 2 mai 1813 - (au sud-ouest de Leipzig, en Allemagne)[8] (aussi appelée par les historiens allemands bataille de Großgörschen).  
Jacques PREL 9 juin 1788 - -Fils de Julien PREL et de Marie MASSEREAU
- Fiche - Matricule n°4721 - Fusilier au 46e régiment d'infanterie de ligne
-Présumé fait prisonnier de guerre, égaré ou décédé, par suite de la campagne de 1812. (Campagne de Russie)[9]  
Julien PREL 25 août 1791 - -Fils de Pierre PREL et de Françoise DELANDE
- Fiche - Matricule n°1744 - Soldat
-Arrivé au corps le 22 février 1813, a fait la campagne de Saxe, prisonnier de guerre le 24 mai 1813, en Saxe, rayé des contrôles le 31 décembre 1813  
Joseph Constant REMOND 28 février 1790 25 décembre 1809
Hôpital civil
de l'Ile-d'Aix
(Charente-Maritime)
-Fils de Guillaume REMOND et de Marie GAUME
- Fiche - Matricule n°5476 - Fusilier au 44e régiment d'infanterie de ligne
-Entré à l'hôpital civil de l'Ile-d'Aix (Charente-Maritime), le 17 novembre 1809 ou il y est décédé le 25 décembre 1809 [10] des suites de ??  
François ROGER 16 Juillet 1793[11] 19 mai 1814
Hôpital
de Rouen (Seine-Maritime)
-Noté etre né le 15 septmebre 1793 sur son registre militaire
-Laboureur
-Fils de François ROGER et de Françoise CHAUVIN
-Fiche - Matricule n°8644 - Fusilier au 121e régiment d'infanterie de ligne - Arrivé au corps le 22 novembre 1813
-Entré à l'hôpital de l'humanité civil et militaire de Rouen, le 4 mai 1814, il y est décédé, des suites de fièvres, le 19 mai 1814.[12]  
- - - - Fiche  


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Cimetières

Liste alphabétique des tombes de Torchamp (vous pouvez télécharger le fichier en cliquant sur ce lien)

Suite à des photos de toutes les tombes du cimetière communal de Torchamp prises en août 2019, photos que j'ai triées et améliorées, j'ai dressé une liste alphabétique par nom de famille de toutes les tombes présentes au cimetière de Torchamp en août 2019, liste que vous trouverez ci-dessus.

Dans ce fichier PDF de 94 pages (3 photos par page) que vous pouvez télécharger, vous trouverez

+ à gauche : les transcriptions des inscriptions

+ à droite : les photos correspondantes des tombes ou des inscriptions.

Ne sont pas transcrits dans la liste quelques personnes ayant déjà gravé leur nom avant leur décès, ces personnes étant encore en vie, bien que leur nom soit visible sur la photo.

Quelques noms dans cette liste apparaissent en rouge, les photos ne m'ayant pas permis une précision suffisante.
Je les vérifierai lors d'un prochain passage dans ce cimetière et corrigerai la liste au fur et à mesure.

Signé : Jean-Louis Bouiilat


Informations pratiques

Horaires d'ouverture de la mairie

Horaires Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
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Mairie
Adresse : - 61330 TORCHAMP

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