50252 - Hudimesnil - Conférences ecclesiastiques
Conférences ecclésiastiques de 1866 et 1867
Très larges extraits
Source : Archives du département de la Manche, 1 MI 25-37. Manuscrit rédigé par Théodore-François Coulomb, curé d’Hudimesnil. Ces conférences dite de Mgr Bravard (évêque de Coutances 1862-1875) ont été commandées par celui-ci à l’ensemble des prêtres du diocèse.»
Avertissement : Ce texte est un texte dans "l’air du temps" et reflète soit la pensée de l’auteur, soit la pensée de l’auteur de la commande c'est-à-dire l’évêque Monseigneur Bravard. Il est intéressant car il donne de nombreuses indications sur la période ; par exemple, sur la conception du décorum « On donna toute la pompe possible à son inhumation ». Il renvoie aussi l’écho de la lutte sourde que mène l’église, contre la république, une « guerre de 100 ans » pour conserver sa place au sein de la société, qui est en voie de laïcisation. Ceci se traduit, en premier lieu contre les prêtres jureurs ainsi François-Jean Harasse, malgré les dons conséquents de sa famille, porte la trace indélébile de ce serment, « Tous les deux aussi se rétractèrent de leur serment aussitôt que l’autorité ecclésiastique le demanda et je suis persuadé que cette rétractation fut sincère.».
Conférence de 1866
Chapitre 1er
Les prêtres résidant dans la paroisse de Hudimesnil au commencement de la Révolution étaient MM. Ponsardin Jacques, Lecocq Jacques-Richard, Harasse François-Jean, Touroude Pierre-Antoine, Thuillet Ange-Nicolas (né à Regnéville-sur-Mer en 1766, y décédé en 1850 à l’âge de 84 ans…), Lamusse Pancrace (né à Saint-Planchers où il est mort). MM. Harasse né à Hudimesnil le 22 août 1746, mort le 20 du même mois 1821 ; Touroude né aussi à Hudimesnil le 6 octobre 1759, mort dans la même paroisse le 4 mai 1824.
Voici les renseignements que je puis donner sur chacun des ecclésiastiques :
M. Ponsardin, né à Montigny-sur-Meuse (Champagne) était curé de je ne sais quelle paroisse lorsqu’il fut nommé par l’abbé de Savigny à la cure de Hudimesnil dont il prit possession le 28 Sbre 1783. Le 20 février 1791, il prêta serment… exigé par le décret du 27 novembre 1790. Cette faiblesse de la part de ce digne et respectable curé était due, m’a-t-on dit, à l’influence d’un de ses frères voisin en qui il avait mis toute sa confiance ; il ne tarda pas à rentrer … car le 17 avril 1791 il se rétracta publiquement à l’issue de la grand messe en termes qui marquaient sa résolution et son sincère repenti après avoir sincèrement et sérieusement réfléchi devant Dieu… Cette rétractation fut retranscrite sur le registre d’état-civil et fut adressée au district de Coutances… Il quitta Hudimesnil le 13 mai 1791 et alla habiter l’île de Jersey. A son retour, aussitôt qu’il fut permis aux exilés de rentrer, il revint à Hudimesnil où il resta quelques mois, raison que ne lui témoigna pas toute la sympathie à laquelle il s’attendait. Cette raison et celle du refus de l’acquéreur de la petite propriété à laquelle il tenait beaucoup, vendue pendant son absence comme bien d’émigré et qui ne voulut pas lui rendre, le déterminèrent à quitter Hudimesnil pour se rendre dans sa paroisse natale dont il fut nommé curé et dans laquelle il est mort à un âge très avancé (plus de 83 ans).
M. Le Cocq, nommé vicaire de Hudimesnil en 1784, … il prêta serment et se rétracta le même jour que son respectable curé. Mr Le Cocq s’exila pour aller habiter l’île de Jersey. Lors du concordat, il revint en France, il fut nommé curé d’une paroisse de l’arrondissement de Saint-Lô où il est mort.
MM. Harasse et Touroude vivaient de leur fortune et exerçaient dans leur paroisse la fonction du Ministère comme prêtres habitués. Tous les deux prêtèrent le serment civique… Pendant le temps de la tourmente révolutionnaire, ils trouvèrent les moyens de se cacher chez les habitants de leur localité... Depuis le 18 juin 1800 jusqu’au mois de Sbre 1803, après avoir obtenu les pouvoirs nécessaires par le maire et les habitants, ils se chargèrent de desservir leur paroisse et ils le firent à la satisfaction de tous les paroissiens. Tous les deux aussi se rétractèrent de leur serment aussitôt que l’autorité ecclésiastique le demanda et je suis persuadé que cette rétractation fut sincère.
M. Thuillet succéda à M. Ponsardin comme curé et entra en fonction le 27 mai 1791. Il retourna dans sa paroisse natale au mois de févier 1794 alors que tous les objets servant au culte divin furent portés au district de Coutances, mais son absence ne fut pas de longue durée… Il revint à Hudimesnil, en juillet 1795, pour continuer son ministère d’instruction jusqu’au 19 juin 1800 qu’il fut forcé de quitter la paroisse pour n’y plus paraître. Il avait acquis une certaine influence dans la paroisse et ses offices étaient suivis surtout la première fois qu’il se présenta à Hudimesnil, mais la seconde fois, il n’en allait pas de même. Déjà les habitants commençaient à être éclairés et à reconnaître qu’il n’était pas leur curé légitime. Aussi malgré tous ses efforts pour les endoctriner de ses principes révolutionnaires, ils refusaient de le croire et lui retiraient leur confiance. Il parait qu’il ne déposa pas ses lettres de présence. On ne dit pas non plus que sa conduite fut contraire aux bonnes moeurs.
Au mois de février 1794, une commission composée de quatre individus de Bricqueville et Bréhal, envoyée par le district de Coutances se présenta dans l’église de Hudimesnil. Ces hommes commandèrent à l’autorité municipale de faire porter à Coutances les vases sacrés et les cloches, ce qui fut fidèlement exécuté… Ils procédèrent à la vente de l’autel, des statues et de tout ce qui se trouvait dans l’église fut vendu… Après avoir certifié et signé qu’ils avaient fait disparaître de l’église tous les objets de superstition et l’avoir donné à la commune pour fêter leurs décades qui ne durèrent que peu de temps. Un incident extraordinaire jeta la consternation dans l’esprit des acquéreurs. Un homme de la paroisse passant devant le Christ, le même qui existe aujourd’hui, « En voilà un qui me regarde de travers ». On raconte, et je l’ai constaté moi-même, qu’il perdit la vue avant son arrivée chez lui…
Pendant ce temps malheureux de la révolution, M. Legentil, curé d’Equilly, Fatet, prêtre du Mesnil-Rogues… offraient le sacrifice, baptisaient, donnaient la sainte Communion…
Un nommé Closet qui était officier royaliste, faisait quelque visite dans son lieu natal, lorsque le besoin l’exigeait ou qu’il le croyait nécessaire. Le résultat de ces visites était toujours avantageux pour la religion. M. Thuillet qui le craignait beaucoup et il avait raison le reconnaissait bien. Un jour il reçut une lettre qui lui annonça une visite domiciliaire s’il ne quittait pas la paroisse sous trois jours. En homme prudent et sachant bien à qui il avait à faire, il n’attendit pas la présence de son visiteur pour quitter le logis, il était parti lorsqu’on se présenta au domicile de l’agent municipal chez qui il avait fixé demeure.
Un autre trait du capitaine Closet : ayant appris qu’un nommé Delépine Laurent, ardent partisan de la révolution menaçait de dénoncer quelque personne et de faire prendre les prêtres qui venait dans leur paroisse offrir leur ministère aux personnes qui désiraient les voir, Closet fit placer Laurent au milieu de son village, lui ordonna de se mettre à genoux et en présence de plusieurs personnes ordonna à ses soldats de faire feu. Le mécréant Delépine en fut quitte pour la peur parce qu’on tira volontairement au dessus de la tête. Il n’a dit qu’il promit d’être moins zélé à l’avenir et plus circonspect dans ses paroles. Il servit d’exemple pour plusieurs des révolutionnaires qui redoutaient, à juste titre, la visite du royaliste Closet.
M. Lamusse Pancrace, né à Saint-Planchers où il est mort, fut d’abord vicaire à Bréville où il préta le serment le 27 février 1791. Appelé par les municipaux d’Hudimesnil et M. Thuillet, il reçut le 4 juillet 1791, la lettre de vicaire pour en faire la fonction dans ladite paroisse de Hudimesnil.
Chapître 2
Les prêtres qui ont habité Hudimesnil jusqu'en 1807 furent MM. Guilbert, né à Coutances le 11 juin 1767, Harasse et Touroude, les mêmes dont on a parlé au chapitre 1.
Avant la révolution, M. Guilbert était religieux augustin à l’Hôtel-dieu de Coutances. Il a toujours été fidèle à la foi et à l’église malgré les dangers auquel il a été exposé et l’insistance qu’on a fait auprès de lui pour l’engager à trahir la religion. Lorsque M. Bécherel accompagné des autorités de la ville de Coutances se présenta pour la première fois pour visiter l’établissement des Augustines, M. Guilbert chargé par son prieur de lui répondre, entama avec lui une longue discussion qu’il termina en disant à l’évêque, en présence de tout son cortège, qu’il était un [ ?].
Monseigneur le menaça de la prison…
M. Guilbert répondit qu’il ne craignait rien puisqu’il s’en tenait à la cause de Dieu…
Monseigneur Bécherel se retira fort mécontent en menaçant les religieux de son souvenir.
M. Guilbert ne prêta point serment… Il alla habiter l’île de Jersey où il ne resta que quelques semaines. Après ce bref séjour dans cette île, il repassa en France avec M. Toulorge dont il avait partagé le sort. Débarqué sur la côte de Blainville, il se retira dans la paroisse de Courcy qu’il habitat seulement quelques mois. Il se rendait la nuit à Coutances plusieurs fois par semaine, il y visitait des personnes qui avaient besoin de son ministère. Trouvant sa demeure à Courcy trop dangereuse et par trop pénible… il prit le parti d’aller habiter Cérences chez sa tante. C’est dans cette paroisse qu’il est resté jusqu’en décembre 1802… On lui donna la cure de Hudimesnil dont il prit possession au mois de décembre 1803.
MM. Harasse et Touroude continuèrent d’aider comme prêtres habitués à célébrer l’office divin jusqu’à leur mort et ils confessaient et les personnes qui voulaient bien s’adresser à eux. L’église fut rendue au culte le 19 juin 1800 dans l’état où elle était avant 1794 puisque comme il est dit dans le chapitre premier les acquéreurs des objets qui leur étaient adjugés par la commission commise à ce sujet par le district n’avaient pas été livrés. Ceux des habitants qui avaient chez eux des ornements ne tardèrent pas à les rendre.
15 septembre 1866
Conférence de 1867 : Histoire religieuse depuis le mois d’août 1807 jusqu’au mois d’août 1862
Chapître 1er : Episcopat de Monseigneur Dupont
Article 1 - Etat de la paroisse vers la fin de 1807
Vers la fin de 1807, le clergé de Hudimesnil se composait de M. Guillebert, curé, M. Harasse le Fournel et M. Touroude, tous les deux prêtres habitués. Dans la conférence de 1866, à laquelle on est prié de se reporter, nous avons donné tous les renseignements en notre pouvoir sur certains ecclésiastiques. On trouvera aussi dans la même conférence ce que nous avons pu recueillir du ministère de M. Thuillet.
1) Etat paroissial quant au spirituel
La paroisse a possédé, pendant un temps assez long, trois anti-concordataires qui par leur position de fortune et par leur peu d’instruction n’eurent aucune influence sur les habitants. Sur ce nombre, il y avait deux pères de famille, l’un possédait quatre enfants : un garçon et trois filles, l’autre deux filles seulement. C’est le fils du premier qui adopta la doctrine de son père. Mais ses filles et celles du second demeurèrent fidèles à leur foi et malgré la sollicitation du prêtre, un nommé Fossé, qui venait dans le pays deux fois par an pour y faire des adeptes et aussi malgré les insistantes demandes de leurs parents. En 1824, le fils se rétracta mais son père ne fit de rétractation qu’en 1830 ; leur fidélité à fréquenter l’église et à approcher des sacrements de pénitence et d’eucharistie ne laissa aucun doute sur la sincérité de leur retour à la foi. Le troisième n’eut pas le même bonheur, homme d’une grande simplicité qui refusait de répondre aux questions qu’on lui adressait sur la religion selon la promesse qu’il en avait fait à ce prêtre qui l’avait endoctriné, tomba malade et perdit connaissance. C’est dans cette triste position qu’il fut administré et qu’il est mort. En dehors de son schisme, il était très honnête homme.
A cette époque de 1807, l’esprit de la population était bas. Il n’était plus question de partisans du curé intrus. Tous les habitants aimaient leur pasteur, le plus grand nombre fréquentaient les sacrements, assistaient fidèlement aux saints offices et sanctifiaient le jour du dimanche en s’abstenant du matériel, s’il y avaient quelques exceptions, c’était le mois d’août pour la récolte des blés, mais encore après avoir entendu la messe. Tous observaient abstinence, mais peu pratiquaient le jeûne sans doute à cause de leur position pénible et laborieuse.
2) Etat paroissial quant au matériel
Jusqu’en 1807, on fit peu de travaux pour la restauration de l’église qui était assez grande pour la population et convenablement blanchie. Sur la demande de M. le curé, grâce à la générosité des habitants, il avait pu se procurer les ornements, les vases sacrés, les linges et la livrée convenable pour la célébration du Saint-Mystère. Le cimetière qui est clos par un mur de superficie d’à peu près dix ares dessus les immeubles appartenant à la fabrique dont le presbytère bâti en 1784. Il est solide et convenable. Le jardin qui touche au presbytère n’est pas grand mais d’une bonne qualité et clos par des murs.
Les rentes et fondations furent reconnues, aussitôt après le concordat, aux conditions portées sur deux anciennes charges que M. le curé avait su se procurer auprès de ses paroissiens. Deux rentes seulement qui avaient été saisies ne purent être reconnues.
Article 2 – Histoire paroissiale depuis 1807 terminée jusqu’à 1822
Le personnel : M. Guillebert continue d’être curé et MM. Harasse et Touroude pour les fonctions de prêtres habitués aidant le ministère pastoral de tout leur pouvoir. Le 21 du mois d’août 1821, la mort vint frapper M. Harasse. Il appartenait à une famille riche et honorable. D’un autre coté, il était aimé et respecté dans la paroisse à cause des services qu’il rendait et des aumônes qu’il versait dans le sein des pauvres. Aussi les habitants voulurent lui donner une dernière marque de leur estime et de leur reconnaissance en assitant en très grand nombre à son inhumation. La belle-sœur de M. Harasse le Fournel née Lebreton, femme d’un noble caractère toute dévouée à la religion donna à l’église les ornements, aubes, linge que possédait son beau-frère avec un calice massif en argent.
Spirituel : Pendant ces quatorze années, M. le curé fut assez heureux pour voir s’attacher à lui toutes personnes qui avait suivi le parti de M. Thuillet. Il bénit les mariages nuls et légitima les premières communions que cet intrus avait fait. Cette grande consolation fut le résultat de ses instructions fréquentes, de son zèle pour les cérémonies religieuses faites avec la plus grande pompe possible et de ses visites du devoir et de politesse auprès de ses paroissiens.
Matériel : Pendant ce temps, on ne fit à l’église que les travaux nécessaires. Mais les fabriciens achetèrent trois petits autels de peu de valeur quant au prix et quant au travail. Le premier fut dédié à Saint-Marcou, le second à Saint-Ortaire et le troisième à Saint-Nicolas. Les statues placées dans la niche de chacun de ces autels étaient les mêmes que celles qui existaient avant la révolution. Le Maitre autel avait été placé dans le chœur longtemps avant 1792, fut peint de nouveau par un peintre tout à fait incapable. La cloche se trouva cassée, il fallut s’occuper de la faire refondre. Pour y parvenir, M. le curé s’adressa aux paroissiens dont il connaissait le cœur, avec leur générosité et ses petites économies bientôt la somme nécessaire pour cette entreprise fut couverte. La cloche fut fondue à Ver, en 1808, par les frères Jourdan. Elle fut bénie par M. Guillebert et nommée par M. Maillard, demeurant à Granville, et Melle Destouches son épouse propriétaire à Hudimesnil d’une terre nommée le Bas Dontot. Il parait que cette cérémonie fut assez brillante. Mr et Mme Maillard, en reconnaissance de l’honneur qu’on leur avait fait, donnèrent à la fabrique une chasuble en soie de couleur rouge.
Article 3 – Histoire paroissiale depuis 1822 jusqu’à avril 1836
Personnel : Pendant cette période de temps, M. Guillebert continua d’être curé jusqu’en 1829. Jusqu’en 1822 seulement M. l’abbé Touroude exerça ses fonctions de vicaire, mais le reste de son existence il ne fut que prêtre habitué.
Monsieur le curé sentant ses forces s’affaiblir et surtout ne pouvant plus marcher que difficilement comprit le besoin d’un vicaire. C’est pourquoi il forma une demande auprès de l’autorité supérieure qui lui donna pour adjoint Théodore François Coulomb, né à Bréhal le 29 xbre 1798, fait prêtre le 22 mai 1822 et nommé vicaire de Hudimesnil quelques jours après. M. le curé, à partir de la fin de mai 1823, ne fit plus de ministère extérieur, mais à l’église il remplissait ses fonctions toujours avec beaucoup de zèle. Vers la fin de 1828, il fut frappé d’une attaque de paralysie qui alla toujours en augmentant jusqu’à sa mort qui arriva le 2 septembre 1829.
On donna toute la pompe possible à son inhumation, les prêtres du canton et tous les habitants furent invités à y assister. Les uns et les autres répondirent à cette invitation, le service qu’il avait rendu à la religion pendant la révolution comme prêtre fidèle à la foi, ayant exposé sa vie bien des fois pour le salut des âmes et les peines qu’il s’était donné pour la paroisse de Hudimesnil qui alors avait 1836 habitants et qu’il a administré presque tout seul pendant vingt-six ans avec zèle et dévouement lui avait bien mérité cette dernière preuve d’estime et de reconnaissance.
A la suite d’une fluxion de poitrine, M. Touroude mourut à la fin du mois de mai 1824. M. le curé lui rendit les honneurs de la sépulture comme à un confrère qu’il aimait et auquel il voulait donner une preuve de reconnaissance pour les services qu’il avait rendu à la paroisse. Un certain nombre de prêtres furent priés d’assister à l’inhumation. Beaucoup de paroissiens se firent un devoir de se rendre à cette cérémonie funèbre et donnèrent par là l’assurance qu’ils affectionnaient M. l’abbé Touroude.
Au mois de mars 1829, M. Guillebert sentant sa fin prochaine et craignant que le bien de sa paroisse ne fut trop en souffrance de sa maladie, surtout à cause de la difficulté où on était d’assurer une première messe tous les dimanches, se fit un devoir de donner sa démission. Il la fit présenter par M. le Maire et M. l’adjoint de Hudimesnil en leur recommandant de prier sa Grandeur pour lui de vouloir bien lui donner son vicaire comme successeur.
Monseigneur nomma l’abbé Coulomb à la cure de Hudimesnil, le 19 mars 1829, de laquelle il prit possession quelques jours après. M. Guillebert vécut avec le nouveau curé jusqu’à son décès.
Matériel : Pendant le temps qui s’écoula depuis 1822 jusqu’à 1836, on ne fit que maintenir en bon état l’extérieur de l’église mais on s’occupa de l’intérieur qui fut blanchi en totalité. En 1826, des stalles furent placées de manière à diviser le chœur de la nef en laissant seulement un rayon de deux mètres de largeur. Une année plus tard, en 1827, M. le maire et M. le vicaire, du consentement de son curé, conçurent le besoin d’avoir une seconde cloche pour distinguer plus facilement les offices de l’église. La chose était difficile n’ayant point de fonds à leur disposition ; mais le zèle vainquit la difficulté, on fit une quête chez tous les habitants et chez les propriétaires étrangers qui monta à la somme de 1800 F. Ce fut alors qu’on traita avec les frères Lefrant demeurant à Ver, successeurs des frères Jourdan leurs oncles, pour une deuxième cloche qui fut placée dans la tour de Hudimesnil ; mais qui ne répondant pas aux conditions d’achat fut refusée. Les vendeurs furent obligés de la reprendre pour leur compte, on s’adressa à un autre fondeur, M. Havard de Villedieu, qui donna une cloche convenable mais qui ne dura que quelques années. Elle se trouva cassée probablement en sonnant. Pour la refondre de nouveau, il fallut de nouveau sacrifier et la fabrique n’était pas plus riche. La première quête avait bien réussi, on en tenta une deuxième qui donna pour résultat la somme de 500 F. Alors on traita avec les frères Grente de Hambye pour fournir une cloche solide et en harmonie autant que possible dans la tour de Hudimesnil. Ces fondeurs ont rempli leur engagement, ils ont fondu et livré une cloche admissible, celle qui existe dans ce moment comme seconde et qui est de poids de 1348 kilos.
A l’occasion de la bénédiction de cette cloche, on fit une brillante cérémonie à laquelle assistèrent plusieurs confrères et presque tous les habitants. Il s’y trouva beaucoup d’étrangers. Un certain nombre des assistants avaient été invités à se présenter au presbytère après la cérémonie pour y prendre part à un dîner convenablement servi, il ne pouvait en être autrement on s’était montré généreux. M. Harasse, négociant à Granville, et sa grand-mère qui donnèrent près de 300 F. Par reconnaissance, M. Harasse, ancien notaire, négociant et adjoint au maire de Granville, fut invité d’être le parrain de cette cloche et marraine madame Bourey Vaumesnil née Gardin qui s’était aussi montrée fort généreuse pour cette entreprise. Tous les deux firent à l’église pour plus de 1200 F. de cadeaux : une aube, un chasuble, deux lumignons, lampe argentée, 8 chandeliers avec leur souche pour le Maitre autel. La mémoire de M. Harasse, de Mme Veuve Bourey Vaumesnil et surtout de celle de Mme veuve Harasse le Fournel née Lebreton vivra longtemps dans la paroisse de Hudimesnil. Déjà en 1823, M. Guillebert et son vicaire avaient visité les habitants et dans cette visite, ils avaient fait appel à leur cœur pour les besoins de l’église. L’offre des paroissiens monta à la somme de 400 F. qui fut employée en achats d’ornements. Ainsi depuis 1827 fut convenablement disposé l’intérieur de l’église surtout sur le rapport de la propreté et les ornements pour la célébration des Saint-Mystères étaient convenables et en nombre suffisant.
Chapître 2ème : Episcopat de Monseigneur Robiou, depuis avril 1836 jusqu’à juin 1853
Personnel : Pendant ce temps, les prêtres qui ont exercé le saint ministère dans la paroisse de Hudimesnil sont : en qualité de curé Théodore François Coulomb, comme vicaire M. François Loison mort curé de Juilley remplacé par M. Jean-Baptiste Duchemin en 1836 qui a rempli les fonctions de vicaire à Hudimesnil jusqu’en 1850, époque où il fut nommé curé de Servigny et eut pour successeur M. Isabet au mois de janvier 1850.
Matériel : En 1837, la nef de l’église qui était très vieille, devenue peu solide, ayant ses poutres passées sur les deux côtières, très peu éclairée, couverte en chaume fut détruite et remplacée la même année par celle qui existe aujourd’hui qui fut bâtie d’après un [dessin] et sur l’autorisation de l’autorité compétente. Le transport des pierres se fit par les habitants. On vota un impôt extraordinaire, le gouvernement lui-même donna une certaine somme d’argent. Malgré tout cette construction quoique solidement bâtie et avec de bonnes pierres laisse beaucoup à désirer sous le rapport du style qui diffère complètement de celui du chœur. La bénédiction de la première pierre se fit le plus solennellement possible ; mais une fois terminée, les supérieurs jugèrent que la bénédiction de cette nouvelle nef n’était pas nécessaire.
A la fin de ce récit, on trouve ce qui regarde le spirituel.
Chapître 3ème : Episcopat de Monseigneur Daniel, depuis juin 1853 jusqu’à août 1862
Personnel : C’est M. Coulomb qui exerce les fonctions de curé et M. Isabet celle de vicaire mais ce dernier fut nommé à la cure de la Croix-Hague au mois de mai 1855 et immédiatement remplacé par M. Désiré Leroux en qualité de vicaire.
Matériel : En 1858, l’autel du chœur qui était très ancien fut détruit et un autre autel plus convenable fut mis à sa place. Le corps de cet autel est d’un seul morceau en marbre d’Italie, le tabernacle en marbre blanc, les degrés ainsi que les cotés sont en marbre de différentes espèces et de couleur variée (en marbre du pays). C’est l’artiste Desmoulins de Coutances qui l’a fait.
Les anciennes statues qui étaient là et de très mauvais goût sont remplacées par d’autres qui ont été achetées à Paris. Elles sont posées sur les supports de la sacristie, l’une représente Saint-Joseph et l’autre la Sainte-Vierge. C’est toujours l’ancien retable mais il a été peint et doré en 1861. On a aussi peint sur la muraille un manteau. Le tout fait tout à fait un bon effet. Le tableau qui est au milieu de l’autel représente l’assomption de la Sainte-Vierge a été fait en 1825 par M. d’Annoville. Les deux petits autels posés contre le pignon couchant à la tour, sans aucun mérite ont été remplacés par deux autres en marbre en 1862. Ces autels massifs en marbre avec leur retable qui est bien doré et dans lequel sont enchâssées deux statues dont l’une représente Saint-sébastien et l’autre Notre-Dame-des-Douleurs sont très convenables…
Les statues ont été vendues par Danguy de Coutances et les autels ont été faits par un nommé [[Chenalait] de Granville.
L’intérieur de l’église est bien, les murailles sont parfaitement blanchies ainsi que le plafond du chœur comme de la nef. Le cimetière, peut-être un peu petit quoiqu’il faille 15 à 16 [ ??] pour en faire le tour, est bien tenu et entouré de murets. L’église possède des linges et ornements convenables pour la célébration du saint-Mystère et en nombre suffisant. Elle est aussi pourvue de calices et d’ostensoirs : d’un calice en argent, au autre argenté, un ostensoir argenté et un autre doré. Le ciboire a la coupe en argent et le pied est argenté…. La sacristie qui est à la suite de l’église est grande et bien éclairée.
Rentes foncières reconnues par le contrôle :
Ces rentes sont au nombre de dix-huit dont seize en argent et deux en nature. Les seize rentes en argent forment un total de 72F. 75 c. ; les deux en nature : 10 demeaux de froment, 2 chapons et 2 poulets. Il parait, selon M. Guillebert, que plusieurs dossiers de rentes, à défaut de titres suffisants, ne peuvent être reconnues.
Depuis 1819, neuf parties de rentes ont été crées montant ensembles à 496 F. par an puisque toutes ou parties de rentes ont été amorties…, selon le désir de Monseigneur par M. l’abbé Lebrun, vicaire général, tant pour ce qui revient à la Fabrique que pour les obits.
Le chemin de Croix… a été érigé, dans l’église de Hudimesnil, avec toutes les formations et cérémonies requises par M. Maudouit, curé de Granville, le 15 septembre 1839.
La confrérie du Sacré-Cœur de Jésus a été canoniquement érigée dans l’église de Hudimesnil, par Théodore François Coulomb curé du lieu, le 30 septembre 1839.
Le dit curé a aussi établi dans son église canoniquement la confrérie du Saint-Scapulaire le 13 août 1856.
Depuis 1807, on a fait plusieurs processions… dans la paroisse… à l’ouverture d’une mission ou d’un jubilé, quelques fois pour aller à Saint-Pair implorer la protection de Saint-Pair qui est en grande vénération… Les fidèles ont toujours assisté en grand nombre et avec piété et recueillement.
En 1857, Monseigneur Daniel donna la confirmation dans l’église de Hudimesnil aux personnes qui n’avaient pas été confirmées, à celles de la paroisse de Coudeville et à celles de Longueville. Dans cette circonstance, on fit tout pour donner au prélat les marques de respect et de vénération à sa haute dignité. Presque tous les habitants, le cœur plein de joie et de reconnaissance, vinrent aux pieds de leur évêque vénéré recevoir la bénédiction.
Vers la fin de la même année 1857, M. Harel, vicaire général, sur la demande du curé, ayant avec lui M. le père Verdier de la compagnie de Jésus, donnèrent tous les deux une mission qui dura trois semaines. Leurs efforts pour la gloire de Dieu furent couronnés d’heureux résultats. Tous les habitants, sauf quelques messieurs, se rapprochèrent du sacrement de pénitence et d’eucharistie. Parmi eux, il se trouva quelques uns qui depuis plusieurs années avaient négligé l’affaire importante de leur salut.
Dans le temps du jubilé, on faisait avant la communion générale une retraite pendant laquelle on pratiquait matin et soir les exercices de piété. Chaque jour, il y avait sermon par un confrère étranger, il en était de même pour l’adoration perpétuelle toutes les fois où elle a eu lieu. Dans la paroisse dans toutes ces circonstances particulières les habitants ont donné des preuves de leur foi en assistant en grand nombre aux cérémonies et en approchant des sacrements.
Depuis 1807, la religion dans cette paroisse a toujours été honorée et respectée surtout à partir de 1822 jusqu’à ce jour. Tous les habitants fréquentent l’église et y viennent avec le plus grand recueillement. Plus des cinq/sixième font leurs Pâques, aux fêtes de Noël, de la Toussaint on donne la sainte communion à plus de 300 personnes…