17218 - Quelques épisodes de l'histoire de la Réforme à Marans p4
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L'amende de 3.000 livres, encourue par les contrevenantes à l'ordonnance royale, est prononcée contre elle, « au paiement, » de laquelle, dit la sentence, elle sera contrainte par emprisonnement ». Conduite a la concièrgerie, la femme Flastron y resta pendant quatre mois, et elle fut si mal traitée qu'elle serait morte de faim sans l'assistance de ses coreligionnaires, qui lui portaient quelques aliments.
Le 19 avril, elle adressa une supplique au sénéchal pour lui exposer qu'elle était dans l'impossibilité de payer l'amende, et de subvenir à ses besoins. Son élargissement fut signé, mais elle resta condamnée aux dépens.
Par une déclaration du 30 août 1682, le Roy avait fait défense à ceux de la religion prétendue réformée de ne s'assembler, sous prétexte de prières publiques, de lectures et autres actes d'exercice de leur religion, même dans les lieux où l'exercice était permis, que dans les Temples, et en présence seulement du ministre qui leur aurait été donné par un synode ou choisi par un collège autorisé de Sa Majesté.
Cette déclaration avait pour but d'empêcher les assemblées de ceux de la religion, qui n'avaient pas de ministre ou de ceux qui étaient éloignés du lieu de leur exercice, et non pas des réformés dont les ministres étaient sur les lieux et faisaient leurs fonctions. Sa Majesté s'en était expliquée par l'intermédiaire de monseigneur de Châteauneuf, et le député général l'avait fait savoir dans tous les pays où l'exercice de la Religion était permis 1.
1 Mémoire pour ceux de la R.P.R. du lieu de Marans en Aunise (Archives nationales, dossier R. P. TT. 247). Copie faite par M. Cappon. |
Sans rechercher l'esprit de la déclaration et s'en tenant à la lettre, le procureur du roy avait, le 2 mars 1684, lancé des décrets de prise de corps contre huit anciens du Consistoire de Marans, accusés de ne s'être pas conformés aux ordres du roy. C'étaient Pierre Geffré, Jean Burgaud, André Mariolles, Élie Boudinot, Pierre Vigoureux, Simon Pinson, Jean Brizard, et François Lillois. On les avait incarcérés dans les prisons de La Rochelle, où ils restèrent jusqu'au 21 mars, époque à laquelle une sentence d'élargissement fût rendue en leur faveur. Ils furent mis en liberté sous caution, avec ordre de se présenter à la prison toutes les fois qu'ils en seraient requis, et défense de faire pendant le procès aucune fonction de lecteur ou d'ancien de la Religion prétendue réformée 1.
Jean Brizard, Pierre Geffré et Elie Boudinot furent interrogés par le lieutenant général criminel de La Rochelle, sur les faits qui leur étaient reprochés. Tous les trois répondirent à peu près dans les mêmes termes, que s'il leur était arrivé plusieurs fois de lire la Bible ou de chanter des psaumes avant l'arrivée du ministre, cela tenait à ce que ce dernier, habitant à côté du Temple, se promenait souvent dans le Jardin, pour méditer son sermon pendant quelques instants, mais ils alléguèrent qu'ils connaissaient depuis peu de temps seulement la déclaration du Roy, et qu'ils ne se rappelaient pas, si à partir de ce moment, ils s'étaient rendus coupables du délit qu'on leur reprochait.
Le pasteur Amian avait été, pour le même fait, jugé par arrêt du Parlement de Paris qui l'avait interdit pour six semaines.
Ce procès indigna les réformés qui s'en plaignirent à Monseigneur le marquis de Châteauneuf, prétendant que l'intention de sa majesté étant que le ministre assistât aux cérémonies, peu importait qu'il fût le premier ou le dernier. M. de Châteauneuf s'intéressa à leur cause, fit surseoir aux poursuites, mais, l'interdiction prononcée contre les anciens. et les consistoires arrêtant les exercices, on s'adressa encore lui pour y pourvoir 2.
L'arrêt du Conseil d'Etat du 11 décembre 1684 qui ordonnait aux ministres, anciens et sindic de la R.P.R. de rendre un compte exact des sommes qu'ils prélevaient sur eux-mêmes, depuis vingt-neuf ans, de leur propre autorité, pour subvenir aux besoins de leur Religion, fut publié Marans, le 22 janvier 1685.
L'exercice du culte réformé venait d'être interdit dans le pays, le ministre était absent et, conformément à l'arrêt de l'intendant, les habitants de la R.P.R. avaient été convoqués au son du tambour, et invités à se trouver dans l'après-midi au parquet et auditoire de Marans, pour représenter les originaux des états d'imposition, les comptes qui en avaient été rendus avec pièces justificaives h l'appui, registres, délibérations ci, tous autres actes.
1 Archives nationales TT. 247, copie faire par M. Cappon. |
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