17218 - Les assemblées de paroisses à Marans avant 1789 p3

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MESDAMES , MESSIEURS

J'ai accepté la mission de vous parler des assemblées d'habitants de la paroisse de Marans avant 1789 ; je vous ai exprimé en toute sincérité mes craintes, mon appréhension. Laissez-moi solliciter avec la même franchise, votre bienveillante attention, toute votre indulgence.
Le sujet, et je suis le premier à le regretter, n'est malheureusement ni très gai, ni très plaisant ; il n'a qu'un mérite, c'est d'être nouveau.

Jusqu'ici les grandes communes, comme celle de la Rochelle, ont été surtout l'objet d'études aussi nombreuses que savantes.
L'an dernier , le comité des travaux historiques de France, a appelé l'attention du ministère de l'Instruction publique sur l'institution des assemblées de communautés d'habitants.

De ces communautés sont sorties nos communes actuelles. — C'est dire tout l'intérêt qui s'y rattache, c'est aussi montrer l'immense travail qui doit se faire par tous les points de la France pour constituer une monographie de chaque communauté individuelle avant 1789.

L'histoire des assemblées d'habitants de la paroisse de Marans sera une très petite pierre, dans ce grand édifice de reconstitution : — L'histoire des communautés de France, c'est-à-dire de ceux qui formaient à proprement parler le corps de la nation.


Avant d'entrer dans le vif de mon sujet, laissez-moi, je vous prie, vous présenter Marans ; non celui d'aujourd'hui qui importe peu dans cette circonstance, mais bien le Marans d'il y a quelque deux cents ans. Vous penserez comme moi, que pour juger avec fruit, la valeur des institutions pratiquées dans un pays, à une époque déjà éloignée de nous, et dont le souvenir a pour ainsi dire disparu , il n'est pas inutile de connaître ce pays lui-même, son origine, ses conditions d'existence, son importance commerciale, ses ressources, et tant soit peu l'esprit de ses habitants,
Je vais donc, dans cet ordre d'idées, esquisser rapidement l'histoire du bourg de Marans.

L'occasion est bonne, et je la saisis je l'avoue avec plaisir, pour revendiquer avec votre érudit compatriote Jourdan, une réforme dans l'orthographe du nom de Marans, que je voudrais voir écrire avec un t et non avec un s.

Du Xe au XVIIe siècle, presque tous les textes portent le nom de Marans écrit avec un t ; bien près de nous, en 1631, je retrouve dans nos registres du greffe de la justice seigneuriale, et dans les actes de baptême de la paroisse, Marans terminé par un t, que tôt ou tard, j'aime à l'espérer, il reprendra pour ne plus l'abandonner.

Quoi qu'il en soit de son nom, Marant était il y quelque deux mille ou trois mille ans, une île, la plus grande, du golfe des Pictons, habitée dès la première époque de l'invasion gauloise. La population de l'île de Marant devait être forte et vigoureuse, industrieuse à n'en pas douter depuis que nous avons trouvé les traces indiscutables d'usines de potiers, longtemps en activité. — Les gallo-romains se fixèrent dans l'île, nous avons retrouvé il y a peu de jours encore plusieurs de leurs sépultures, — et il n'est pas douteux qu'ils formèrent comme en bien d'autres points du golfe des Pictons, la souche de la population dont nous sommes aujourd'hui les descendants.

Au XIe siècle Marant avait déjà son église sous le vocable de Saint-Étienne, son château, qui devait être sûrement construit en bois et servir d'amer aux bateaux du commerce de Niort, en même temps qu'il les protégeait. contre les incursions des barbares.

Autour de l'église et du château que baignait la Sèvre, dont le cours venait de se dessiner, dans cet immense golfe de plus de 200 kilomètres de tour ; les habitants se groupèrent. Le bourg de Marant était constitué.

La terre de Marant appartenait au XIIIe siècle â la famille des seigneurs de Précigny, elle passa successivement dans celle des vicomtes de Thouars, des seigneurs d'Amboise, de la Tremoille , des comtes de Sancerre, de Bueil et de Mesgrigny.

En 1720, Messire Fois Marie Fargès devint acquéreur de la terre de Marant, qui passa après sa mort entre les mains de Messire Etienne Claude d'Aligre.

En 1777, Louis XVI érigeait en Marquisat la terre de Marant, dont il changeait en même temps le nom. (1)
Marant s'appela alors d'Aligre jusqu'en 1789.

(1) Pièces justificatives. - Note I.

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