45258 - Puiseaux (la mairie)

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La Recette (place du Martroi)

La commune était propriétaire depuis la Révolution de la Recette. C’est une administration seigneuriale (donc de Saint-Victor) destinée à percevoir les divers impôts que les paroissiens devaient acquitter. La « Recette » était logée dans un grand bâtiment dont une partie existe et qui borde la partie sud de la Place du Martroi.

Cela devait ressembler à une ferme puisque les impôts étaient souvent payés en nature : gerbes de grains, vin, bétail, volailles, etc… Sur le plan que nous reproduisons ci-dessous, on voit bien à droite deux pressoirs et deux cuves ; au fond, une grange sur la gauche encore un petit pressoir, deux toits à porcs, un poulailler et surtout plusieurs prisons.

N’oublions pas que l’abbé de Saint-Victor avait droit de justice sur la ville.

La Ville avait néanmoins pris soin de conserver le corps de garde dans lequel était installée la Garde Nationale. Ce petit local servira ensuite aux pompiers, puis au régisseur des droits de place sur le marché avant de devenir après la dernière guerre les toilettes publiques.

Le Receveur habitait à gauche du porche, dans ce qui est aujourd’hui un salon de coiffure. La partie à l’extrême gauche a disparu, démolie après la construction de la mairie actuelle. Elle est occupée jusqu’en dans les années 30 par l’Hôtel du Commerce. La grange a aussi disparu pour laisser place à l’ancien garage des pompiers et aujourd’hui remise pour le matériel municipal. Dans la pointe située à droite de la grange se trouve encore une cave qui a dû recevoir le vin de la dîme.

Il est probable que la mairie occupait cet emplacement avant 1834. Mais, en 1830, la Commune vend la Recette. Nous allons donc nous trouver avec quatre ans de battement pendant lesquels il n’y a plus de mairie, à moins que le corps de garde ait été utilisé à cette fin pendant cette période. On peut donc penser que la mairie étant trop étroite et que la commune étant dans l’obligation de la loi de créer une école, le conseil municipal d’alors ait décidé de faire d’une pierre deux coups et d’acheter la maison Demay qui était à vendre pour y installer une école et une mairie.

La Mairie (Rue Lesesne)

Il ne faut plus chercher aujourd’hui les traces de ce que furent les bâtiments de cette époque. Rien ne subsiste, les classes du XIXe siècle et une partie de la mairie ayant été démolies lors de la construction de l’école en 1934, le reste ayant été remplacé par les nouvelles classes construites après la dernière guerre.

La Mairie-Ecole, rue Lesesne, était inscrite sur le plan du cadastre de 1836. lors de nos premières recherches, nous avions supposé que ces bâtiments administratifs appartenaient à la commune depuis très longtemps de par leur situation dans la partie la plus ancienne de la ville. Il n’en était rien et la propriété fut acquise par la ville en 1834. L’acte de vente eut lieu devant Maître Dupont, notaire royal à Puiseaux, le 23 février 1834. Le vendeur, Amédée Pierre Désiré Demay, receveur de l’Enregistrement et des Domaines, demeurant à Paris, était absent et représenté par Charles Pierre Marlin, cordonnier, demeurant à Puiseaux. La commune était représentée par son Maire, Louis Martin Chambon. La commune avait été autorisée à procéder à cette acquisition par ordonnance du Roi signée au Palais des Tuileries le 21 décembre 1833 (on peut rappeler que c’est cette année-là que fut votée un loi obligeant les communes à ouvrir des écoles).

La propriété est très précisément décrite dans l’acte : « 1° - Une maison, située à Puiseaux, rue conduisant de la Place des Chaumes au Jeu de Paume, consistant en ce qui suit : au rez-de-chaussée un vestibule, salon à droite parqueté et boisé, salle à manger à gauche, garnie de placards, cuisine sur la cour ; chambre de domestique au dessus. Au premier étage trois chambres à coucher et deux cabinets de toilette, au second, une salle de bibliothèque, deux cabinets, une salle de bain et cinq chambres à coucher ; à gauche de la salle à manger, un portail ouvrant à grande et petite portes, écuries, buanderie, salle de billard au-dessus, fruitier et petite chambre à côté, greniers sur la maison et plusieurs caves dessous, grande vinée, remise, latrines, poulailler, cour principale, puits à côté de la cuisine, basse-cour.

Les bâtiments couverts en ardoises et tuiles sont garnies en partie de gouttières.

Le tout tenant ensemble d’un long à la dite rue, d’autre long occident, au fossé de la commune dudit Puiseaux, actuellement en jardin fruitier, dont la jouissance donnée à titre de bail emphytéotique par la dite commune auteurs de M. Demay, fera partie de la présente cession, d’un bout nord aux héritiers Pierre Parfond, décédé à Puiseaux.

Font également partie de la présente vente toutes les glaces garnissant le salon, la salle à manger et plusieurs des autres pièces dépendant de ladite maison, ainsi que le pressoir et les cuves étant dans la vinée et tous les autres objets réputés immeubles par destination.

2° - Un jardin devant ladite maison, de l’autre côté de la Rue, contenant environ huit ares quatorze centiares (ou vingt perches), entouré de murs, garni d’espaliers et tenant d’un long au midi aux héritiers de Louis Gillet, d’autre long au nord à M. Rabatté, d’un bout et d’autre bout à la rue conduisant de la Place des Chaumes au Jeu de Paume. Droit de passage par une ruelle communiquant dudit jardin à la rue dite de la Porte d’en Haut. »

A la lecture de cet acte, on peut constater qu’il s’agissent d’un hôtel particulier assez important, une maison bourgeoise comme on disait à l’époque, qui comportait quand même treize pièces et plusieurs cabinets de toilette et salle de bain. La désignation du jardin permet également de confirmer la valeur de la perche qui était à Puiseaux de 42 m².

La commune va donc transformer la maison principale sur la rue en Mairie, tribunal de Justice de Paix, logements pour les instituteurs en magasin pour les pompes à incendie. On se rend compte qu’à l’époque la mairie ne comportait que deux pièces. Le secrétariat était alors assuré par le directeur d’école qui fut longtemps M. Lesesne dont la rue porte son nom.

La mairie restera la jusqu’en 1884 date à laquelle elle sera transférer au prieuré.

La Mairie actuelle

Dans les années 20, la Mairie est située au même endroit qu’aujourd’hui. Il s’agit d’un édifice tout en longueur comportant une grange (ancienne grange aux dîmes), puis un bâtiment du XVIIe siècle prolongé lui-même par une aile basse du XVIIIe siècle. Cet ensemble immobilier fut autrefois la demeure du prieur de l’Abbaye de Saint-Victor jusqu’à la période révolutionnaire.

En attendant sa vente comme bien national, le domaine est administré par la Recette de Puiseaux jusqu’au 17 mai 1791, date à laquelle il est acheté par Pierre Ingrain pour la somme de 10000 livres. A sa mort, la propriété passe à sa veuve et à ses six enfants encore vivants par un partage du 12 frimaire an 8. Deux jours plus tard, le 14, Monsieur et Madame Etienne Devilliers achètent l’ancien prieuré pour 6000 francs (Etienne Devilliers était avocat, notaire et juge de paix du canton de Puiseaux ; il fut maire à partir de 1792). Après le décès des époux Devilliers, la maison passe à leur fille, Louise Félicité Devilliers, épouse Galisset, le 14 novembre 1849. le 21 janvier 1861, Louise Galisset meurt et transmet son domaine à son fils Armand Galisset. Ce dernier meurt célibataire et sans postérité à Boulogne-sur-Mer où il était de passage le 27 juillet 1862. Le prieuré retourne donc à son père, Charles Michel Galisset, veuf de Louise Galisset qui le gardera jusqu’à sa mort le 14 mai 1865. Charles Galisset était ancien président du tribunal civil de première instance de Pithiviers, ancien avocat à la Cour de Cassation et au Conseil du Roi, et ancien commissaire du gouvernement provisoire remplissant les fonctions de préfet du département de la Somme. Son fils Armand Galisset était procureur impérial près le tribunal civil de première instance de Bourganeuf (Creuse). A sa mort, Charles Galisset, qui n’avait pas d’autre descendant, lègue par testament sa propriété à sa cousine, Irma Langlois, veuve Heuze. Cette dernière vend l’ancien prieuré à la commune de Puiseaux, représentée par son Maire, Antoine Jules Dumesnil, sénateur, vice-président du Conseil général, le 3 mai 1884 pour la somme de 37000 francs. La commune y installera la mairie et l’école. N’oublions pas que nous sommes en 1884, au moment où Jules Ferry institue l’école laïque, gratuite et obligatoire et où paraît la loi sur l’organisation municipale.

Comment s’est passée la construction ?

Malgré de nombreuses réparations après la guerre, la Mairie montrait des signes de vieillesse. Déjà, au début du siècle on avait dû évacuer l’école pour des raisons de sécurité. En août 1924, une réparation coûte 3238 francs (subventionnée à hauteur de 1400 francs). En décembre 1924, il fallut revoir la toiture, ce qui entraîna une dépense de 1175 francs (entrepreneur M. Garnier). En 1926, une nouvelle remise en état de la toiture est nécessaire. Une délibération de cette époque signale que les vitres ne tiennent plus aux fenêtres. On rappelle à ce moment-là que la construction d’une nouvelle mairie avait déjà été envisagée avant la guerre. Le 8 juillet 1928, nouvelle délibération qui fait mention de la décrépitude de la mairie et de l’obligation d’en construire une autre. Monsieur Emile Tinet est alors Maire de la ville. Le 21 décembre 1928, après une intervention de Monsieur Festeau, conseiller municipal, la décision est prise. Le conseil municipal met à l’étude un projet de mairie accompagnée d’une salle des fêtes sur le terrain du prieuré, ce qui nécessitera la démolition des ancniens bâtiments trop vétustes pour être réparés.

En juillet 1929, l’Hôtel du Commerce qui appartient à Monsieur Pellier et qui jouxte la mairie est mis en vente pour 120000 francs. La mairie est intéressé pour agrandir le terrain de la mairie, mais le prix fait reculer le conseil municipal qui ne donne pas suite.

La construction de la Mairie sur un terrain située près de l’usine à gaz (actuel collège) est un moment envisagée puis repoussée. Finalement la solution primitive près de l’église est retenue. Le conseil demande que des dossiers soient établis. Le 29 mars 1932, le dossier de l’architecte départemental, Monsieur Coursimault, est retenu à cause de l’aspect médiéval de l’édifice qui s’intègre bien dans le contexte de l’église toute proche, et son coût est évalué à 999743 francs. Un autre projet de Monsieur Roux, architecte à Puiseaux, avait été proposé et repoussé par le conseil municipal (son aspect général rappelait l’Hôtel de ville de Malesherbes). Le même jour, le conseil municipal décide de contracter un emprunt pour payer la totalité de la dépense. En mai 1932, le conseil se décide à acheter l’Hôtel du Commerce pour 115000 francs. Une indemnité sera versée au locataire, Monsieur Boyenval.

En août, l’emplacement de la future mairie est déterminé et la décision est prise de la construire en pierres de taille et d’abattre quelques arbres du jardin. Par contre, la salle des fêtes a disparu complètement du projet. En septembre, la construction commence et se terminera en 1934. L’ancienne mairie est démolie au fur et à mesure des besoins. Les réunions du conseil municipal et les mariages ont lieu provisoirement à l’école des garçons, rue Lesesne.

Le registre des délibérations est muet sur cette édification.

Seules quelques précisions sont apportées à propos du chauffage central, du perron (en pierres de Souppes), de l’égout, ou de la cheminée de la salle des mariages (en pierres de taille). Le 10 octobre 1933, le conseil municipal fixe l’inauguration de la mairie en 1934 et demande qu’un festival de musique soit organisé à cette occasion. En mars 1934, on décide de munir de vitraux les fenêtres de la façade principale.

L’inauguration de la mairie aura lieu le dimanche 15 juillet 1934 en présence de Monsieur Henri Queuille, Ministre de l’Agriculture, du Préfet du Loiret, des Députés et Sénateurs, des Maires du canton et toute la population.

En Septembre 1934, une grille est installée devant la mairie qui fait l’objet d’un nouveau contrat d’assurance. Heureusement, car en 1935, la grande cheminée de la salle des mariages est abattue par un ouragan.

La construction de la mairie pris donc deux années pendant lesquelles les polémiques, les attaques ne manquèrent pas, mais rien ne fit faiblir la détermination du conseil municipal de l’époque qui conduisit son projet jusqu’à son terme.

Cet édifice, que ses détracteurs de l’époque jugeaient trop somptueux et sans commune mesure avec l’importance de la commune, est aujourd’hui trop petit. Pourtant la mairie n’a pas coûté cher aux contribuables. En effet, un emprunt de 999743 francs sur 30 ans à 5,20% avait été contracté, comme nous l’avons dit, auprès du Crédit Foncier. L’annuité était de 66173 francs en 1934. Elle était toujours de 66173 centimes en 1964, le prix d’un beau vélo !