Ordre de Malte

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L'ordre de Malte, un ordre souverain fondé au Moyen Âge par des marchands amalfitains, fût du XIIe siècle au début du XIXe siècle un ordre militaire. À l'époque contemporaine il conserve sa mission religieuse et vient en aide aux populations déshéritées.
Voir aussi le projet "Preuves pour l'ordre de Malte" visant à numériser des fonds généalogiques concernant l’ordre.


Chevalier de Malte.JPG

De Jérusalem à Rhodes

Les origines

L'origine de l'Ordre se trouve au monastère Sainte-Marie-des-Latins fondé à Jérusalem au milieu du XIe siècle par des marchands amalfitains. Le Supérieur, Gérard Tenque, crée vers 1080 à coté de son monastère un « hôpital » (ou hospice) dédié à Saint-Jean. Son rôle est d'accueillir et de soigner les chrétiens venus accomplir un pèlerinage en Terre Sainte, mais en ce temps là, Jérusalem est sous domination musulmane.

Organisation de l'Ordre

Croix de Malte.PNG

Il faudra attendre la première Croisade en 1099 pour que la ville passe sous la domination chrétienne. Cette prise, voulu par le pape Urbain II, renforce de façon important l'insécurité dans la région, et c'est pourquoi, les frères hospitaliers, reconnus comme ordre monastique le 15 février 1113 par le pape Pascal II, deviennent rapidement après leur fondation un ordre militaire, le deuxième en Terre Sainte après les Templiers. Raymond du Puy, Grand Maître de l'Ordre entre 1119 et 1160, se chargea de cette transformation en le structurant en trois classes : les "bellafores" (guerriers) c'est à dire les militaires constituèrent la première classe, les "sacerdotes" (religieux) le second tandis qu'il regroupa les "laboratores" (travailleurs, c'est à dire les autres) au sein d'une troisième classe. L'Église protesta un temps contre la militarisation de l'Ordre en lui rappellant que son premier devoir était de secourir les pauvres et les malades ; mais après la prise de Jérusalem en 1187 par Saladin, on s'accommoda de cette solution. Les membres de l'Ordre prirent comme cri de guerre : Saint-Jean, Saint-Jean !

Sur la demande de Raymond du Puy, le pape Innocent II attribue aux Hospitaliers le drapeau rouge à croix blanche en 1130 pour les différencier des Templiers qui portent la croix rouge sur fond blanc. Mais il faudra attendre la parution en 1496 des princeps de l'Ordre pour que la forme de la croix à quatre branches bifides trouvent une signification spirituelles à travers les huit béatitudes du Christ. Avant cette date, les différentes illustrations montrent une croix pattée, potencée ou encore simple.

Hospitaliers et Templiers jouent alors, et ce jusqu'au XIIIe siècle, un rôle de premier plan sur l'échiquier politique du royaume de Jérusalem. En 1137, ils reçoivent de Foulques Ier, roi de Jérusalem, la garde de la forteresse de Bath-Gibelin ; en 1142 celle du krak des Chevaliers. Leur structure militaire et leurs places fortes ont fait des Hospitaliers une armée très efficace, mais n'hésitant pas à s'ingérer dans la conduite du royaume, formant à la cour un véritable « parti de la guerre ». Parti de la guerre qui s'oppose aux « poulains » ces seigneurs francs nés en Terre Sainte, et plus favorables à une entente avec les musulmans.

La puissance de l'Ordre vient avant tout de ses possessions en Occident. En effet, sa double vocation, militaire et monastique, lui attire les faveurs de l'aristocratie, qui se sent plus proche de ces moines-chevaliers que des institutions ecclésiastiques. Cela est particulièrement frappant dans le Midi de la France et dans la péninsule ibérique. Le roi Alphonse Ier d'Aragon va jusqu'à laisser le tiers de son royaume aux ordres militaires à sa mort en 1134 ! Ces dons qu'ils reçoivent en Occident, les Hospitaliers les organisent en commanderies, elles-mêmes regroupées en prieurés, puis en grands prieurés, dont les chefs, les prieurs, répondent directement au grand-maître, chef suprême de l'Ordre. Ces commanderies, gérées par des frères trop agés pour combattre, envoient en Terre Sainte les subsides nécessaires à la poursuite de la lutte contre les musulmans.

Il faudra attendre 1206 pour que paraissent les premiers statuts officiels et connus de l'Ordre : en accord avec la division en trois ordres de la société médiévale, ils fixèrent sur le papier les trois classes suivantes :

  1. ceux qui combattent, chevaliers nobles et sergents roturiers.
  2. ceux qui prient, les chapelains
  3. ceux qui travaillent, les frères servants

C'est évidemment parmi les chevaliers que se recrutent les responsables de l'Ordre, commandeurs, prieurs et grand-maître. Tous ces frères sont soumis aux vœux religieux à la différence des confrères, chevaliers qui se joignent temporairement à l'Ordre ou font promesse de s'y joindre à l'article de la mort, pour bénéficier ainsi de sa protection spirituelle tout en menant une vie laïque. Les Hospitaliers doivent, en plus de leur action militaire, se consacrer également aux soins des malades, entretenir des hôpitaux en Terre Sainte et en Occident et accueillir les pèlerins. Dans les périodes mouvementées des XIIe siècle et XIIIe siècle, c'est pourtant la fonction militaire qui prend le dessus, au moins pour la Terre Sainte.

France

  • Grand-Prieuré de France
  • Bailliage de la Morée
  • Chef-Lieu : Commanderie de Saint-Jean-de-Latran à Paris
  • Bailliage de la Trésorerie

Chypre

L'Ordre suit les vicissitudes des États latins de Terre Sainte et leur recul progressif vers la côte. En 1291 la dernière ville chrétienne de Terre Sainte, Acre, défendue par les Templiers et les Hospitaliers, tombe. Le maître Hospitalier, Guillaume de Villiers est gravement blessé lors de la bataille. À la différence du Temple, qui se réorganise en Occident, l'Ordre se replie vers Chypre où se trouve le roi titulaire de Jérusalem, Henri II de Lusignan, qui voit d'ailleurs d'un mauvais œil venir s'installer en son royaume une organisation aussi puissante. Là, l'Ordre se réorganise en 1301 en instaurant une structure élaborée pour ses possessions en Occident: les Langues. Ces Langues sont des groupements régionaux de grand prieurés, eux-mêmes regroupements de commanderies. Elles sont au nombre de huit :

  • Provence : tout le midi de la France en plus de la Provence, avec deux grands prieurés, Toulouse et Saint-Gilles ;
  • Auvergne : tout le centre de la France, un seul grand prieuré, celui de Bourganeuf ;
  • France : le seul nord de la France, avec les grands prieurés d'Aquitaine (siège à Poitiers), de Champagne et de France ;
  • Espagne : toute la péninsule ibérique, avec les grands prieurés d'Amposta ou d'Aragon, de Catalogne, de Castille et León, de Navarre et de Portugal, subdivisés en 1462 en Langue d'Aragon avec Amposta, la Catalogne et la Navarre, et en Langue de Castille avec la Castille et León et le Portugal ;
  • Italie : avec les grands prieurés de Messine, de Barletta, de Capoue, de Rome, de Pise, de Lombardie et de Venise ;
  • Angleterre : toutes les Îles britanniques avec les grands prieurés d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande ;
  • Allemagne avec les grands prieurés de Bohême, de Danemark, de Haute-Germanie, de Basse-Germanie, de Hongrie, de Pologne et de Suède.

Chacune est dirigée par un pilier, plus tard appelé bailli, qui possède également un des grands offices de l'Ordre. Ainsi, le pilier de Provence est grand commandeur, second du grand-maître, celui d'Auvergne maréchal, commandant l'armée, celui de France, grand hospitalier, gérant les activités charitables de l'Ordre, celui d'Espagne (après 1462, celui d'Aragon) est drapier, ayant la charge des vêtements pour les frères et les malades, celui d'Italie, amiral de la flotte et celui d'Angleterre turcopolier, c'est-à-dire commandant des troupes légères. Le pilier d'Allemagne n'a pas de grand office. Après 1462, le pilier de Castille est grand chancelier. Cette administration, exemplaire pour l'époque, permet à l'Ordre de tirer un grand profit de ses possessions en Occident et d'entretenir l'espoir d'une reconquête de la Terre Sainte.

Rhodes

Entre 1307 et 1310 l'Ordre, dont la rivalité avec le roi de Chypre ne cesse de s'accentuer, conquiert l'île de Rhodes, nominalement byzantine, qui devient son nouveau siège. De leur position insulaire, les Hospitaliers développent une grande flotte, qui fait leur réputation. Leur richesse s'accroît encore par le transfert des biens des Templiers en 1312. L'Ordre, qu'on commence à appeler « de Rhodes » transforme son action militaire vers la guerre de course, alors peu différente de la piraterie, attaquant même des bateaux chrétiens et pratiquant l'esclavage. Signe d'un enrichissement de l'Ordre en même temps que d'une conquête de souveraineté, les grands maîtres se mettent à battre monnaie à leur effigie.

Mais, parallèlement à ce contrôle maritime qu'exercent les chevaliers de Rhodes sur la mer Égée, la dynastie ottomane prend peu à peu le dessus sur l'empire agonisant de Byzance et les États latins de Grèce nés de la quatrième Croisade. En 1396, une Croisade soutenue par l'Ordre essuie un échec sanglant à Nicopolis. Après cet épisode, le sultan Bajazet Ier a les mains libres dans les Balkans. Seule sa défaite de 1402 face aux Mongols de Tamerlan sauve Rhodes. Pour l'Ordre, avec l'échec de Nicopolis, le rêve de reconquête terrestre des Lieux Saints est définitivement perdu. Les chevaliers ne peuvent plus agir que par la guerre de course en Méditerranée. En 1453 le sultan Mahomet II s'empare de Constantinople ; le grand maître Jean de Lastic se prépare à un siège. Celui-ci n'arrive pourtant qu'en 1480 et le grand maître Pierre d'Aubusson repousse à trois reprises l'assaut des troupes du pacha Misach, ancien prince byzantin converti à l'Islam, grâce à des secours en provenance de France, conduits par le propre frère du grand maître, Antoine d'Aubusson. Le siège décisif a lieu en 1522. Le sultan Soliman le Magnifique assiège pendant cinq mois la ville de Rhodes avec 200 000 hommes et ne parvient à la prendre qu'à la suite de la trahison du grand chancelier d'Amaral. Impressionné par la résistance héroïque du grand maître Philippe de Villiers de L'Isle-Adam, il accorde libre passage aux chevaliers rescapés. Emportant dans trente navires leur trésor, leurs archives et leurs reliques, dont la précieuse icône de Philerme, l'un des symboles de l'Ordre, les chevaliers quittent définitivement la Méditerranée orientale et la proximité avec le monde musulman.

L'Ordre à Malte

L'installation dans l'archipel

Les Hospitaliers entament en 1522 une errance de sept années qui les conduit de Crète à Nice. C'est le pape Clément VII, ancien Hospitalier, qui les héberge à Viterbe en 1529. L'empereur Charles Quint, comprenant bien l'utilité que peut avoir un ordre militaire en Méditerranée face aux avancées ottomanes (Alger) est conquis par le célèbre Barberousse en 1529), confie à l'Ordre l'archipel de Malte, dépendance du royaume de Sicile, par un acte du 24 mars 1530.
L'Ordre se retrouve aux avant-postes de la Chrétienté, mais le grand maître de Villiers de l'Isle-Adam entretient toujours l'espoir de reprendre pied à Rhodes. Ce n'est qu'à sa mort en 1534 que les Hospitaliers renoncent définitivement à l'Orient.
Face aux progrès ottomans (Tunis est pris en 1534), le borgho, principale ville de l'archipel, est fortifié.
Parallèlement aux menaces sur le nouveau siège de l'Ordre, la Réforme porte en Europe du Nord un grand coup aux possessions des Hospitaliers. Un grand nombre de commanderies sont sécularisées et certains grands prieurés cessent purement et simplement d'exister, comme ceux de Suède et de Danemark.
En 1540 le roi d'Angleterre Henri VIII supprime de facto la Langue d'Angleterre. C'est dans ce contexte difficile que l'Ordre doit faire face à la plus grande épreuve de son histoire : le « grand siège » de 1565

Le « grand siège »

La flotte turque qui se présente le 18 mai 1565 devant Malte compte plus de 160 galères et 30 000 hommes, face aux 800 chevaliers et 1450 soldats que le grand maître Jean Parisot de La Valette a convoqué.
Trois forts défendent la baie et le borgo :
Celui de Saint-Elme tombe le 23 juin, deux cent chevaliers y trouvent la mort. Pour démoraliser les chevaliers, le commandant ottoman, Mustapha pacha, lance dans la rade des radeaux portant les corps crucifiés de défenseurs du fort.La Valette réplique en faisant bombarder dans le camp turc les têtes des Turcs prisonniers.
Les deux autres forts, Saint-Ange et Saint-Michel, tiennent bon, ainsi que l'enceinte du borgo. Les Turcs arrivent à faire une entrée dans ce dernier le 7 juin, mais sont repoussés.
La situation de l'Ordre est critique quand arrive le 7 septembre le « grand Secours », armée espagnole en provenance de Sicile.
Les Turcs sont repoussés.

Lépante et la mainmise de l'Ordre sur la Méditerranée occidentale

Après l'échec du siège, l'Ordre se retrouve au centre des attentions des puissances catholiques européennes. En 1571, les Hospitaliers s'illustrent à la bataille de Lépante, où la flotte de la sainte Ligue, commandée par don Juan d'Autriche, détruit la flotte ottomane. Après Lépante, le danger en Méditerranée ne vient plus de la flotte de guerre ottomane mais des corsaires « barbaresques » d'Afrique du Nord. L'Ordre se lance alors dans le corso, la guerre de course, qui de contre-attaque qu'elle était à l'origine, devient vite un moyen pour les chevaliers de Malte de s'enrichir par l'arraisonnement des cargaisons mais surtout par le commerce d'esclaves, dont La Valette devient le premier centre chrétien. L'Ordre entre alors dans une période de singulières mutations : les chevaliers novices doivent à l'ordre de faire quatre « caravanes », quatre expéditions de course lors de quatre années consécutives à Malte, mais reçoivent souvent par la suite la permission de servir leur souverain d'origine. Les institutions centrales du grand magistère s'enrichissent de la course et transforment les commanderies européennes en un système de bénéfices qui permet à l'aristocratie de placer ses fils cadets, qu'elle fait souvent admettre dans l'ordre dès l'enfance afin qu'ils soient mieux placés dans la « course aux commanderies ». Ainsi, on trouve peu de chevaliers accomplissant toute leur carrière dans l'ordre, mais au contraire une rotation importante de novices venus accomplir leurs « caravanes » mais qui une fois munis d'une commanderie s'en vont servir leur roi, surtout d'ailleurs dans la marine. Les grands amiraux français des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, comme Coëtlogon, d'Estrées ou Suffren, sont tous des chevaliers de Malte.

La Révolution française

En 1792, la Révolution française confisque les biens français de l'ordre de Malte, comme ceux de tous les autres ordres religieux.
L'ordre perd alors les trois quarts de ses revenus.
Suite aux triomphes de Napoléon Bonaparte en Italie, le grand maître Ferdinand de Hompesch demande au Tsar de Russie de devenir le protecteur de l'ordre.
Cela ne suffit pas à protéger l'île de l'invasion française en 1798 : l'ordre est chassé et la souveraineté de Malte revient à la République française.

En 1834, l'ordre de Saint-Jean s'installe à Rome, et ce n'est qu'en 1999 que l'Ordre de Malte remet les pieds sur l'île, où la République de Malte a mis à sa disposition le fort Saint-Ange.

Dignités et grades

  • Grand-Prieur
  • Bailliage
  • Bailli : chevalier revêtu d'une dignité qui le met au-dessus des Commandeurs, & qui lui donne le privilège de porter la Grand Croix. Il existe deux sortes de baillis :
  • Bailli conventuel, il loge dans le couvent de la religion de Malte
  • Bailli capitulaire, dans les chapîtres provinciaux, ils ont séances, tout de suite après le grand prieur
  • Chevaliers

L'ordre de Malte à l'époque contemporaine

Depuis le XIXe siècle, il y a trois grades pour les chevaliers :

  • D'honneur et de dévotion (les 4 grands-parents doivent être d'origine noble ou la famille noble depuis au moins l'an 1400, sauf dispense)
  • De grâce et de dévotion (200 ans de preuves de noblesse, sauf dispense)
  • De grâce magistrale (pas de preuves de noblesse)

L'ordre de Malte est, de nos jours, un ordre laïc et séculier. Il exerce principalement des missions humanitaires auprès des populations déshéritées.

Toutes les classes de la société sont désormais représentées au sein de cet Ordre qui n'exige plus de preuves de noblesse pour être admis[1] depuis 1805, officialisé en 1864.

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