85028 - Cahier de doléances - Bouillé-Courdault

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

< Retour à Bouillé-Courdault

Extrait des Cahiers de doléances pour les paroisses relevant de l'Abbaye de Saint Maixent. : Département des Deux-Sèvres: Cahier de doléances des sénéchaussées de Niort et de Saint-Maixent, et des communautés et corporations de Niort et Saint-Maixent pour les États généraux de 1789, Léonce Cathelineau , Imprimerie G.Clouzot - Niort , 1912 , 463p.


BOUILLÉ-COURDAULT

(Anciennement Bouillé).

Dép. : Vendée. — Arr. : Fontenay-le-Comte. — Cant. : Maillezais.

Génér. : Poitiers. — Elect. : Niort. — Dioc. : La Rochelle.

Haute Justice ressortissant à Benet.

Principale culture : blé, foin.

Seigneur en 1750 : d'Appelvoisin.

Seigneur en 1789 : Louis-Gabriel de Lépinay de Beaumont.

Popul. en 1790: 669 habitants.

Taille: 1.400 L.


PROCÈS-VERBAL

Le procès-verbal de cette paroisse n'a pu être retrouvé. Son cahier de doléances et le procès-verbal de l'assemblée préliminaire du Tiers état, donnent les renseignements suivants :

Date: 2 mars 1789.

Président : Cormasson.

Popul. : 50 feux (1).

(1) 46 feux d'après l'état de population.

Députés : Pierre Raison et Louis Morain.


CAHIER DE DOLÉANCES

Le cahier de doléances, plaintes et remontrances pour la paroisse de Bouillé.

Nous soussignés, tous nés français et habitants de la paroisse de Bouillé pensant que pour payer plus sûrement et plus promptement la dette de l'Etat et y procurer une félicité permanente, il faudrait :

Supprimer la majeure partie des commis qui existent dans le Royaume, dont la solde et l'entretien absorbent les deux tiers des impôts et qui par leurs procès-verbaux multipliés ruinent une infinité de familles.

Supprimer une grande partie des privilèges, du moins les suspendre, jusqu'à la parfaite solution de la dette de l'État.

Rendre la corvée commune à tous ceux qui ont des propriétés, en décharger les cultivateurs, qui seuls y ont contribué jusqu'à présent, quoiqu'elle leur fût moins utile ; il paraîtrait juste que les privilégiés la fissent à leur tour, les pauvres paysans l'ont faite assez longtemps.

Nous prions messieurs les députés qui doivent tenir l'assemblée du Tiers-Etat le six du présent mois à Niort, d'observer que la paroisse de Bouillé est très petite, qu'elle est plus chargée d'impositions que les paroisses voisines qui sont toutes de l'Élection de Fontenay et dont le terrain en est plus fertile; puisque les terres de la paroisse de Bouillé sont arides et venteuses, il s'y [forme] au commencement du printemps des veines souterraines qui, répandant à la racine des blés, les empêchent de croître, ce qui n'arrive point ailleurs, de sorte que souvent au mois d'avril les habitants jouissent de la belle espérance d'une abondante récolte et les dernières semaines du mois de mai, si elles ne sont pas pluvieuses, tout disparaît et s'évanouit; la paroisse ne jouit presque jamais des faveurs du prince, quoique les habitants fassent de fréquentes pertes et des représentations justes et permises de ces mêmes pertes, ils ne sont jamais écoutés, parce que personne ne fait comprendre leurs cris auprès des distributeurs des grâces. Les inondations enlèvent quelques fois la récolte des foins ou la rendent mauvaise ; d'autres fois les inondations privent de la vaine-pâture, qui est la seule ressource des pauvres. La paroisse n'est composée que de cinquante feux dont trente sont des toits ou granges, habités par des veuves qui vivent durement et qui n'ont aucune ressource, et par des journaliers, qui ont peine à gagner leur vie ; il n'y a aucun commerce ni industrie, ces trente feux ne payent chacun que (rente on quarante sols de taille, encore sont-ils trop taxés, de sorte que les impositions ne sont réparties que sur dix ou quinze feux, qui, par là, se trouvent surchargés.

Enfin nous prions messieurs les députés tenant l'assemblée de Niort, d'avoir égard aux cultivateurs, de chercher un moyen d'encourager leurs travaux, d'alléger un peu leur joug et d'en députer quelques-uns de cette classe à l'assemblée de Poitiers qui puissent obtenir que l'agriculture serait encouragée, qu'on accorderait quelques privilèges dont le nombre et l'émulation pourraient par là augmenter. Comme nous ne sommes pas à même d'entrer dans la recherche des autres moyens qui peuvent concourir à la félicité de l'État, nous nous en rapportons à la sagacité et aux lumières de messieurs les députés du Tiers-Etat tenant l'assemblée de Niort.

Fait à Bouillé le 2 mars 1789.

(Suivent douze signatures, celles de : Pierre Raison et Louis Morain, députés ; Durandeau, syndic de la municipalité, etc.).

Paraphé ne varietur.

(Signé : CORMASSON).