79267 - Cahier de doléances - Saint-Lin

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Extrait de Département des Deux-Sèvres: Cahier de doléances des sénéchaussées de Niort et de Saint-Maixent, et des communautés et corporations de Niort et Saint-Maixent pour les États généraux de 1789, Léonce Cathelineau , Imprimerie G.Clouzot - Niort , 1912 , 463p.


SAINT-LIN

Dép. : Deux-Sèvres. — Arr. : Parthenay. — Cant. : Mazières-en-Gâtine.

Gén. : Poitiers. — Elect. : Saint Maixent. — Dioc. : Poitiers.

Basse justice ressortissant à Parthenay.

Princip. cult. : blé.

Seigneur en 1750 : de la Moussière.

Seigneur en 1790 : Louis-Jacob-Joseph Janvre de la Bouchetière, seigneur de Ferroux, Pamplie et Saint-Lin, ancien capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis.

Popul. en 1790 : 405 habitants.

Taille : 1.910 L.


PROCÈS-VERBAL

Date : 1er mars 1789.

Président : Pierre Corbin, syndic de la paroisse.

Population : 78 feux.

Comparants : Louis Bordier, Jean Champeau, Louis Perotin. tous composant la municipalité de Saint-Lin, Pierre Bordier, Jean Pasteau, François Naudin, François Allonneau, Jean Dousset, Louis Barges, Pierre-Charles Corbin, Pierre Couturier, Jacques Escalle, Jacques Baubeau, Jacques Terrasson, Louis Moreau.

Députés: Pierre Corbin, et Pierre Bordier.

Suivent 12 signatures.


CAHIER DE DOLÉANCES

État des plaintes, doléances et remontrances de la paroisse de St-Lin, fait en conséquence de la lettre du Roi pour la convocation des États généraux à Versailles le 27 avril 1789 ; du règlement fait par Sa Majesté pour l'exécution des lettres de convocation, le tout eu date du 24 janvier dernier ; de l'ordonnance de monsieur le Grand Sénéchal de Poitou ou de son Lieutenant général de la Sénéchaussée, pour l'exécution des ordres de Sa Majesté en date du 14 février dernier ; de l'ordonnance de M. le Sénéchal ou son Lieutenant général de la Sénéchaussée et siège royal de St-Maixent, relativement à la convocation des États généraux du 21 février dernier et de l'assignation donnée au sieur Pierre Corbin, syndic de ladite paroisse, à la requête de M. le Procureur du Roi de la Sénéchaussée et siège Royal de St-Maixent, en date du 26 février dernier, pour l'exécution des ordres de Sa Majesté, ci-dessus datés, et nommer les députés pour porter le présent état au Cahier et comparaître par-devant mon dit sieur le Sénéchal de St-Maixent le cinq de ce mois.

En conséquence de ce que dessus, et pour y satisfaire, les habitants de ladite paroisse de Saint-Lin se sont assemblés et ont d'un commun accord formé le présent étal ou cahier, par lequel ils ont l'honneur d'observer :

Qu'ils désireraient entrer dans les vues toujours bienfaisantes de leur prince, auquel ils ne manqueront jamais, persuadés que son intention est de les soulager dans leur misère.

Ils ont l'honneur d'observer qu'ils sont fort chargés d'impositions, qu'ils désireraient être diminués, car ils ont assez à faire pour pouvoir les payer ; elles sont si considérables, en tailles, fourrages, capitations, corvées, vingtièmes , francs-fiefs et tous accessoires, les dix sols par livre sur quelques-unes de ces impositions, les droits considérables des contrôles, ceux des aides et autres, [qu'elles] absorbent absolument tous les travaux des pauvres misérables laboureurs et cultivateurs, qui ne travaillent que pour payer, sans avoir la moindre satisfaction, car ils ne sont pas plus tôt sortis d'un bourbier, qu'ils entrent dans un autre.

Que cette paroisse est située dans un mauvais terrain fort aquatique et en pays de bocage; où il ne se ramasse pas la moitié du blé nécessaire pour nourrir les habitants.

Le peu de commerce qui s'y fait est sur les bestiaux, qui sont sujets à beaucoup de maladies et de misères, qui, souvent ruinent les propriétaires tant par la perte d'iceux que par les banqueroutes qu'ils éprouvent journellement, ce qui est arrivé bien souvent et qui a ruiné des familles en entier.

Les pauvres sont en grand nombre et il en vient beaucoup d'ailleurs et même des étrangers qui volent les bestiaux, ce qui cause de grandes pertes.

Pour prévenir ces inconvénients, il serait très à-propos de prendre des mesures nécessaires, car la plupart de ces mendiants qui sont en état de travailler perdent leur temps et écrasent ceux qui ont, un peu plus d'aisance ; il y en a qui ne sont point en état de rien faire, mais on pourrait les soulager et les empêcher de courir de côté et d'autres pour amasser leur vie, si Sa Majesté voulait se prêter et donner des ordres à cet égard.

Que pour pourvoir aux besoins de l'État, s'il est nécessaire, on ne peut mieux s'adresser qu'à messieurs les gros bénéficiaires et gentilshommes qui possèdent tout ce qu'il y a de mieux et ne payent presque rien à Sa Majesté, au lieu que le pauvre Tiers état est surchargé d'impôts de toutes espèces, car s'il possède seulement la moindre chose, il est assez empressé à travailler pour en acquitter les charges.

Nos chemins sont très mauvais et presque impratiticables, l'hiver ; si on voulait accorder la remise de la corvée pendant quelques années pour l'employer dans cette paroisse, cela serait fort nécessaire et mettrait les habitants à même de voyager sans courir les risques de perdre la vie comme ils y sont exposés tous les jours.

Veuille Sa Majesté jeter les yeux sur le pauvre Tiers état qui est accablé par le travail et qui épuise toutes ses forces pour payer les impositions dont il est surchargé ; [ses membres] prient Dieu qu'ils soient soulagés par les vues bienfaisantes de leur prince pour lequel, et le soutien de sa couronne, ils ne cesseront de le prier.

Fait et arrêté en l'assemblée de ladite paroisse de Saint-Lin, ce jourd'hui, premier mars 1789.

(Suivent 12 signatures, celles de : Jacques Beaubeau, greffier ; Pierre Bordier, député ; Pierre Corbin, syndic et député, etc..)